La nuit était déjà tombé sur Magnolia Cresent depuis un bon moment et tout les habitants devaient être en train de roupiller à l'heure qu'il est. Tout le monde,sauf moi. Affalé sur mon lit en train de bouquiner,je n'avais pas vu l'heure passé,quand je m'en rendis compte,il était déjà 2h du matin. C'est fou de voir à quel vitesse passe le temps dans cette petite ville,pire qu'une grande ville...

Toute la maison était calme,la seule chose qui pouvait briser ce calme absolue,c'était le bruit que j'étais en train de faire en tournant les pages de mon livre.

Le livre en question n'était pas très intéressant,je ne lisais qu'un mot sur deux pour m'occuper le temps que je tombe dans les bras de Morphée. Au bout d'un moment,Morphée vint finalement faire irruption dans ma chambre,mes yeux commençaient à se fermer peu à peu et les mots du livres commençaient à ressembler à un mélange d'encre sans aucun sens sur des pages blanches.

Posant mon livre sur ma commode,je me mise en position confortable dans mon lit pour m'envoler dans le pays du subconscient. Il ne me fallut pas longtemps pour atteindre la destination souhaité, en moins de 10 minutes,j'étais déjà en train de laisser mon esprit vagabonder je ne sais où.

Il y avait dans ma tête un flot de choses incompréhensibles mais d'une beauté inégalable. Je pouvais voir des papillons,des arc-en-ciels et même des lutins au pied des arc-en-ciel avec à coté d'eux un chaudron de pièce d'or.

Décidément mon esprit avait décidé de m'envoyer très loin du quartier que je connaissais comme ma poche. A un moment on aurait dit un remake de Blanche-Neige avec pour seuls amies les animaux,sauf que moi j'étais entourés d'animaux et de lutins.

Cela ressemblait à un univers calme et si je pouvais y vivre,je n'hésiterais pas une seconde. Malheureusement,ce qui me fit redescendre sur terre,fut l'affreux bruit de vibreur de mon téléphone que j'avais envie de balancer à travers la pièce. Ne cherchant même pas pourquoi il avait vibré,j'enlevai la batterie de l'appareil et le fourra dans le tiroir de ma commode pour ensuite allé replonger dans mon rêve si parfait.

*Réveille matin 3 heure jme réveille comme une fleur* Il faisait toujours nuit. Mon réveil venait tout juste de sonner. Je me levai d'un coup pour ne pas me rendormir. Je filai sous la douche avant de revenir pour enfiler un pantacour militaire et un marcel noir. Je prenais ensuite le sac militaire prévu à l'avance avec tout ce dont j'aurai besoin pour la journée. Enfin, je pu sortir de la maison. Je ralentissais devant la porte de la chambre de mon frère, hésitant à jeter un coup d’œil à l'intérieur de la pièce. Histoire de capter l'atmosphère du couple le plus heureux du monde. Je poursuivais finalement, descendant lentement les marches de l’escalier.
Je m'adossai tranquillement au buffet de la cuisine en croquant dans une pomme attrapée sur la table. J'étais en avance. La lune disparaissait tranquillement au dehors. Bientôt le soleil entamerai lui aussi sa course folle jusqu'à mourir une nouvelle fois. Mouais, je n'avais jamais aimé le soleil de toute façon. Je une fois calé, je quittai la cuisine pour les entrailles de la maison. Arrivé au garage, j'hésitai une nouvelle fois à prendre ma moto. Nan, si elle était fatiguée, je préférais la savoir à coté, plutôt que derrière prête à me lâcher au cas où Morphée désirerai la rapatrier dans son jardin. A contre-cœur, j'entrai dans la porsche cayenne noire. Déposant le sac sur la banquette arrière avant de démarrer.

J'arrivais rapidement devant la maison des Spencer. Coupant le moteur, j'appelais Lizzie. A ma grande surprise, l'appel fut coupé, elle avait donc raccroché. Je réessayai, tombant immédiatement sur le répondeur. Là elle l'avait coupé! Je soupirai un moment. Heureusement que j'avais envisagé cette éventualité. Je sortais de la voiture, avant de pénétrer discrètement l"enceinte de la maison. Personne en vue ce qui n'était en soi pas étonnant vu l'heure matinale. Je faisais le tour, car la fenêtre de Lizzie donnait sur le coté de la maison. A présent, deux solutions s'offraient à moi: lancer des caillou ou escalader. En bon grimpeur que j'étais, je choisissais la deuxième option.
J'avisai d'une gouttière a peu près solide. Mouais, on croise les doigts. Ce n'était pas la première fois que je tentais cette expérience, la dernière s'étant couronnée de succès, j'y allais avec moins d’appréhension. Je saisissais la gouttière des deux mains, avant d’apposer mes pieds aux murs et de pousser mon poids en arrière. Je progressai ainsi lentement, jusqu'à atteindre le rebord. Je m'y asseyais, soufflant calmement pour récupérer de l'effort sans me mettre trop en danger. Puis m'étant stabilisé, autant intérieurement qu'extérieurement, j'attrapai les de bouts en forme de tube qui dépassaient du volet et forçant, soulever ce dernier. La fenêtre dévoilée, j'y toquai bruyamment en appelant un peu plus doucement:

"Lizzie! Hé Lizzie! Elizabeth!!"

La belle au bois dormant se leva péniblement d'aller allumer la lumière d'un pas déséquilibré par le manque de sommeil.*Chouette elle va m'ouvrir!* Je pu la voir plus nettement, effectivement elle ne semblait ni en forme ni de bonne humeur. Elle vînt dans ma direction ou celle de la fenêtre avant de stopper net à mi-chemin. *Loupé mec! Elle va te laisser là!* Je la scrutai avec horreur faisant taire ma confiance qui mine de rien se foutait de ma gueule. Elle repartait, s'éloigner, me laissai choir là. Je me retînt vivement de fracasser le carreau, avisant la hauteur en bas avec consternation. Si monter était un pari assez simple, descendre constituait le plus difficile. Je déglutit avant de me tourner à nouveau vers la fenêtre. Je la revît entrer pour se poser sur le fauteuil face à la fenêtre avant de se lever, après un temps qui me parut interminable, et de l'ouvrir en soupirant.
Je laissai mes muscles se relâcher quand le carreau finit de ma séparer de la chambre, avec son sol et sa sécurité. J'esquissai un mouvement pour entre avant de capter que Lizzie elle ne se poussait pas d'un poil pour que je passe. Elle se frotta les yeux avec son pyjama-pull avant de planter ses yeux dans les miens. Elle semblait totalement éteinte, du moins c'est ce que son regard me renvoyais. Je commençais à me demander si elle n'était en état de somnambulisme quand elle commença a parler:

"J'ignore ce que tu fais ici,mais j'espère pour toi que tu as une bonne raison ou alors je n'hésiterai pas à te pousser du rebord de ma fenêtre !"

Je laissai glisser mon corps à l'intérieur de la pièce avec un petit sourire. La faisant reculer un peu à cause du fait que mon corps vînt la frotter doucement au passage. Je respectai la distance qu'elle venait de mettre avant de lui poser la main sur l'épaule dans une petite tape amicale, voulant par là être sur qu'elle était bien réveillée. Puis notant une petite réaction corporelle, je remettais ma main dans ma poche avant de lui répondre amusé:

"Je suis venu te chercher pour voir l'arc-en-ciel!"

Je mettais glissé à l'intérieur par la petite ouverture qu'était sa fenêtre, frôlant doucement son corps du mien avant qu'elle ne se pousse véritablement. Elle me demandais ce que je foutais là. C'est tout naturellement que je lui dis que j'étais ici pour l'emmener voir le fameux arc-en-ciel dont nous avions parlé par facebook. Elle se passa une main dans les cheveux en laissant ses yeux se refermés. Je pris son visage entre mes mains, passantes pouces sur ses joues en disant:

"Non, non... ne vous fermez pas...

-Holden..."

Elle soupira mon prénom. Je la lâchai une minute pour fermer la fenêtre histoire qu'elle chope pas froid. Je l'entendis à nouveau soupirer avant de me retourner pour la voir venir rapidement vers moi. Elle sauta dans mes bras, posant sa tête sur mon épaule avant de passer ses bras autour de mon cou. Nous avions presque la même taille, je refermai mes bras autour d'elle. Elle respira lentement, comme pour me humer ce qui me fit me sentir comme c'est pauvresses de Twilight dont le vampire vient les sentir avec saveur. Après quelques instants elle parla enfin:

"Je pense que c'est une très mauvaise idée qu'on aille voir l'arc-en-ciel."

Mon corps se raidit alors qu'elle me fit comprendre qu'elle n'avait pas l'intentions de venir. Elle rompit notre étreinte matinale en déposant un bisou sur ma joue. Puis elle se dirigea vers son lit avant de s'y recoucher dans un torrent de couvertures., me disant bonne nuit et que je pouvais sortir par la par la porte ou la fenêtre, selon mon bon vouloir. Je restai là penaud me demandant ce qu'il se passai. Sa respiration devient régulière, elle s'était endormie. Il était hors de question que j'eus fait tout ce chemin pour rien. Je laissai passer encore deux minutes avant de l'enrouler dans sa couette et de la placer sur mon épaule. Une chance qu'elle soit pas trop lourde! Sinon je n'aurai pas pu bouger de là. N'empêche c'était vraiment pas léger! J'avançai avec mon poids mort sur l'épaule, puis ouvris la porte avant de descendre à pas lourds les escaliers et de sortir de la maison. Je priai que personne ne me voit ainsi de peur d'être accusé de meurtre vu le cadavre que je transportai. Je la déposai sur le siège avant après un combat mortel avec la portière. Je l'attachai ensuite après avoir repris ma respiration comme un gros bœuf. Je fis enfin le tour de la voiture et m'installai sur mon siège pour m'attacher avant de lancer le moteur et de filer hors de MC.

Il ne me fallut pas longtemps pour retrouver le sommeil. En moins de 10 minutes,je me retrouvais de nouveau dans mon beau rêve en train de courir avec mes petits lapin dans ma belle forêt. Sans que je ne comprenne pourquoi,je senti comme si mon corps quittait le sol - ou du moins mon lit - et était en train de flotter dans les airs. En temps normal je me serais déjà levé en sursaut ou au pire tombée de mon lit,mais là j'étais tellement épuisée que je laissais faire,de toute façon j'étais dans ma chambre,il ne pouvait pas m'arriver grand chose.

Cette sensation de flottement n'était pas tellement désagréable et mon subconscient a bien comprit que j'aimais ça et m'a donc fait décoller pour voler dans les airs. Dans mon rêve,j'étais en train de voler sur un nuage,comme Aladin sur un tapis volant. Ce qui me fit ramener à la réalité,fit le soudain froid qui s'empara de moi. J'étais parfaitement consciente d'être couverte,mais disons que c'était comme une brise qui passait à vous en faire frisonner plus d'un.

Sans que je ne comprenne quoi que ce soit,la brise prit fin,même si il y avait toujours cette idée de fraîcheur dans l'air,mais un peu moins brusque bien sur. Tout ceci était étrange,un peu trop même,j'avais envie d'ouvrir les yeux pour voir ce qu'il se passait autour de moi,mais à chaque fois que je tentais de dire à mes yeux de s'ouvrir,ils ne m'obéissaient pas. Ils étaient probablement trop lourd à cause de toute la fatigue emmagasiné toute la journée.

Ce fut un bon moment plus tard que je me levai enfin,quand au lieu de me retourner dans mon,je me cognai légèrement la tête contre une vitre. J'ouvris les yeux lentement,et quelle fut ma surprise en me rendant compte de l'endroit où j'étais !? Dans la position où j'étais,je pouvais voir le paysage nocturne de Magnolia Cresent défiler,en temps normal,j'aurais trouvé ça beau tout ce paysage en pleine nuit,mais là,la situation n'était pas la même.

Il me fallut encore quelques instant pour réaliser où j'étais exactement. Je baissai légèrement les yeux sans trop me forcer,et reconnu l'intérieur de la voiture d'Holden. Holden..J'aurais dû m'en douter...

Gigotant sur mon siège,j'arrivais à me tourner vers le conducteur et tout en essayant de rester réveillé,j'ouvris la bouche mais aucun son n'en sortait. Mes yeux me brûlaient à cause de la fatigue et même si ça paraissait stupide,je sens que j'aurais pu pleurer sous le coup de la fatigue. Décidément quand il avait une idée dans la tête,il ne l'avait pas autre part.

-Holden...réussis-je à articuler. Dormir...Lit...Ramènes...Frapper...Fort...Douleur...10..

J'étais en train de balbutier des mots sans aucun sens,dans ma tête c'était pourtant clair ! J'avais envie de lui dire " Holden j'ai envie de dormir et de retrouver mon lit,si tu ne me ramènes pas,je vais te frapper tellement fort que tu en ressentiras encore la douleur dans 10 ans." Mais au lieu de ça,je ne réussis qu'à me fatiguer plus que je ne l'étais déjà et en plus à sortir des bêtises,c'est quand même fou de voir tout ce qu'on peut sortir quand on est sous l'emprise de la fatigue.

Je conduisais tranquillement souriant lorsque ma belle aux bois dormants bougeait dans son sommeil surement tapissé de rêves. La voiture progressais rapidement et je pris la sortie suivante pour gagner l'autoroute. Ça faisait longtemps que je n'avais plus était en voiture, préférant ma moto. Ce n'était vraiment pas les mêmes sensations, la voiture donnait plus l'impression d'une promenade longue et monotone sans compter la ceinture qu'il fallait se coltiner, enfin l'absence du casque. Je me sentais un eu perdu dans l'habitacle trop vaste, trop confortable et trop sécurisant de la voiture.
Ma belle Lizzie commença d'un coup à bouger un peu trop pour un simple rêve, j'en conclut qu'elle venait de quitter le monde du sommeil. Je l’accueillis gentiment chez les vivants avec un large sourire contrastant avec la gueule de zombie qu'elle tirait. Je me retins de rire, craignant les représailles de la jeune demoiselle. La phrase qu'elle prononça ou plutôt articula ensuite colla merveilleusement bien à son état:

"Holden... Dormir... Lit... Ramènes... Frapper... Fort... Douleur... 10.."

Je n'avait pas tout compris mais l'essentiel me sauta néanmoins aux yeux, elle allait me déchirer. Il fallait que je trouve un moyen de canaliser ses pulsions meurtrières naissantes. Généralement, les filles qui m'en voulaient, je les embrassai. Ce remède avait toujours eu l'effet escompté, calmer les gentes meurtrières pourtant, je sentais que Lizzie, en plus de rester énervée, le prendrai mal et risquerai de m'infliger un peu plus de souffrances avant de m'achever. Je ne savait pas comment faire pour m'en sortir, tout cela s'annonçait rudement compliqué... Je tachai néanmoins de rester concentré sur la route avant de répondre posément à la jeune fille:

"T’inquiètes pas Lizzie, tu dormiras mieux ce soir!"

Me débattant tant bien que mal pour me redresser,lorsque j'y arrivai,la première chose que je vis,fut Holden,le sourire aux lèvres.

-T’inquiètes pas Lizzie, tu dormiras mieux ce soir!

Décidément ce garçon avait le chic pour me mettre de mauvaise humeur et cette fois,il venait de battre un record : en moins de une heure,il était parvenu à me faire passer de l'envie de cogner,à l'envie de tuer en moins de 30 minutes.

J'avais envie de lui cogner la tête contre la vitre ou même d'ouvrir sa portière pendant qu'il conduisant,tant mon envie de dormir était grande. Je ne demandais pourtant pas grand chose !

Me redressant comme il le fallait sur le siège où j'étais assise,je me frottai les yeux et me tournai vers mon très cher ami ici présent.

- Holden Turner ! J'espère pour toi que tu as une bonne assurance parce que,dés que j'en aurais fini avec toi,il va falloir te faire un traitement spécial pour que tu guérisse !

Ma voix paraissait bien petite et couverte par ma fatigue qui se faisait sentir. Je ne savais même pas pourquoi je me fatiguais vu que,en connaissant Holden,j'allais rester avec lui jusqu'à la fin,de grès ou de force.

Cette réfection était tellement véridique,que je ne pu m'empêcher de lâcher un gros soupir d'agacement.

- Quitte à rester en ta compagnie contre ma volonté,mieux vaut en tirer le meilleur... Mais sache que je te merde Turner !

Une fois cela dit,je posai ma tête contre la vitre en tentant de profiter du paysage malgré ma mauvaise humeur qui - je le sens - allait s'amplifier petit à petit.

Écartant la possibilité d'embrasser la jeune femme pour qu'elle se calme, j'atisai un peu plus les flammes de sa violence en lui offrant un grande sourire avant de lui dire qu'elle dormirait mieux le soir. Suicidaire? Non disons simplement que repousser les limites est un de mes principaux jeux en ce bas monde. Mon sourire s'étira avec ma fierté tandis que Lizzie se redressait en se flottant les yeux. La menace ne tarda pas à tomber. Elle se tourna vers moi m'annonçant implicitement qu'elle allait me tuer. Je tournai la tête vers elle, l'observant amusé avec un air qui disait "mais oui c'est ça ma grande jte crois". Je me retournai à nouveau vers la route avec mon sourire insolent collé aux lèvres. Qu'est-ce que j'aimais la faire tourner en bourrique! N'ayant pas poussé le bouchon assez loin, je lachais finalement:

"Vas y doucement Lizzie à t'énerver comme ça tu vas finir par t'épuiser!"

Et paf! Je creusai un peu plus ma tombe. Cependant elle comme moi savions que quoi que je décidai, je finissai toujours par l'obtenir. À bout de lutte ma vieille amie de quartier soupirer et se laissa aller contre la vitre. Je la laissai à l'observation du paysage, montant le son de la radio sur une musique entraînante genre la vie est merveilleuse et tout va pour le mieux sous le haut soleil d'été. Je me mis donc de bon humeur à chantoner par dessus la musique. Nous ne devrions plus tarder, il s'en fallait de peu car déjà la nuit noire commençait à virer au bleu marine.

La voiture quitta l'autoroute pour une petite route à flanc de montagne. Je voulais prudemment, tandis que notre ascension arrivait presque à sa fin. Sur les pents escarpés s'élevaient des arbres annonçant la forêt imminente. La voiture gagna enfin le plateau et je pu l'engager ensuite dans le sentier arborescent qui débouchait sur un immense panorama. Je coupai le contact, et rester la dans le silence quelques instants avant de me tourner vers la passagère en imitant mon gps:

"Vous êtes arrivé à destination"

J'essayais tant bien que mal de me calmer pour ne pas rendre ce moment plus insupportable qu'il ne l'était déjà pour moi. Apparemment,si j'essayais de faire des efforts,ce n'était pas le cas de Holden,bien au contraire. J'ignore si c'était à cause de ma mauvaise humeur matinale ou si c'était à cause d'Holden simplement,mais j'avais une irrésistible envie d'envoyer mes cinq beaux doigts dans le petit visage d'Holden. Et à vrai dire,je ne savais pas ce qui me déconcertait le plus,qu'il fasse tout pour alimenter ma colère,ou qu'il se fiche de moi de la sorte.

- Tu sais Turner,ce moment aurait pu être nettement plus agréable si tu pouvais te taire !

Il était en train de chanter à tue-tête des chansons qui passait à la radio,tous des " tubes de l'été" comme ils le disaient si bien ayant tous le même message : la vie est belle,profitons-en,c'est l'été,il y a du soleil. Était-ce une ironie de la vie qui voulait me faire passer un message ? Ou un simple hasard !?

Par chance,ce petit show improvisé ne dura que le temps de 6 chansons et pas plus,lorsque que nous fûmes arrivé à destination,pour je ne sais quel raison,Holden se mit à imiter un GPS. Je ne pu m'empêcher de tourner un regard vers lui et de sourire malgré moi.

- T'es bête quand tu veux,lui dis-je en me redressant un peu.

Ce fut le premier sourire de la journée,en espérant pour lui qu'il continue sur cette voix et que ce ne soit pas le dernier car si c'était le cas,car sinon,il avait du souci à se faire le pauvre.

- Bon,j'espère pour toi que ça en vaut la peine,sinon je... Je ne sais pas ce que je ferais,mais je le ferais,dis-je sur un ton sérieux en m'étirant.

En effet,il fallait mieux pour lui qu'il n'avait pas cassé mon sommeil pour rien,car sinon j'allais devoir mettre mes menaces à exécution.

Je continuais de m'amuser avec la jeune femme, la piquant chaque fois un peu plus au vif, histoire d’attiser sa colère. J'étais d'un naturel trop joueur pour laisser filer une telle occasion. Je lui lançai une nouvelle plaisanterie, lui conseillant de rester calme pour ne pas se fatiguer, gros foutage de gueule. Elle me signalait en toute réponse que cela serait bien plus agréable si je me taisais, oui ou non. Bref, histoire de suivre ses envies, je me mis à chanter à tue-tête des tubes de l'été, accompagné par la radio de a voiture. Ma petite impro' ne dura cependant pas bien longtemps car nous arrivions face au panorama, destination de notre voyage. Je lui apprenais notre arrivée façon GPS, ce qui eu la vertu de lui décrocher un sourire amusé, elle donnait le change en me qualifiant de "bête", mais dans le fond nous savions elle est moi qu'il s'agissait ici d'un surnom affectif. Ma belle demoiselle s'étira ensuite en me mettant en garde: Il y avait intérêt à ce que cela en vaille la peine sinon je risquai de prendre cher. Je souris, attendri par sa volonté à garder une petite pointe de colère, malgré le fait qu'au fond, elle devait être de meilleure humeur que plus tôt. Je coupai le contact avant de lui dire d'un ton calme:

"T'en fais pas ça te plaira! Bouge pas, je vais prépare le terrain."

Je détachai ma ceinture et sorti de la voiture avant de récupérer le sac militaire sur la plage arrière. Je claquai ensuite la portière avant de m'éloigner. Arrivé au bord de la falaise, je reculais de 3 pas et déplier une couverture, sortie du sac, sur le sol. Ce serait parfait comme endroit. Je déposai le sac à coté, vérifiant rapidement le contenu, parapluies, couverture, p’tit dej’, appareil photo, lampe torche. Je retournai vers la voiture. Autour de nous le paysage était encore sombre, surtout depuis que j'avais coupé les fards de ma voiture. Je m'approchai coté passager, ouvrant la portière de Lizzie, je lui demandai d'un ton doux:

"Si mademoiselle veut bien me le permettre..."

Je la saisis dans mes bras, elle et sa couverture. Il faut dire que telle que je l'avais sortie de son lit, elle n'avait pas de chaussures. Je la tins fermement dans mes bras comme une princesse et refermai la porte de la voiture en m'y adossant. Je me dirigeai ensuite vers a couette à terre, à quelques mètres de là, et la déposai doucement dessus. Puis enlevant mes chaussures, je m'assis à coté d'elle...

La voiture venait à peine de s'arrêter et Holden venait de sortir pour aller installer ses trucs pour qu'on puisse profiter du levé du soleil,enfin,c'est ce qu'il me semblait. J'avais envie de profiter de ce court instant pour sommeiller,j'aurais aimé qu'il prenne son temps mais malheureusement pour moi,cela ne dura que quelques minutes,j'eus à peine le temps de fermer les yeux et de poser ma tête contre le dossier du siège. Il me prit dans ses bras pour me porter jusque l'installation.

J'essayai d'ouvrir les yeux pur admirer le paysage autour de moi,mais cela semblait être un effort surnaturel pour moi,mes yeux étaient lourds et avaient du mal à rester ouvert. Je profitais d'être dans ses bras pour poser ma tête sur son épaule et tentait de dormir un petit peu,mais une fois de plus,l'instant ne fut que de courte durée. Je sentis lorsqu'il me déposai sur la couette - qui était un peu trop froide à mon gout - et m'enveloppait dans ma couverture.

Lorsqu'il se posa à coté de moi,je tournai la tête légèrement pour le dévisager,bizarrement,il n'avait pas l'air du tout fatigué,au contraire,il me semblait qu'il était plus en forme que jamais. Poussant un soupir,je me redressai et me passai une main dans les cheveux histoire de m'arranger un peu pour sortir de ma fatigue.

- Bon,voyons si ça en vaut vraiment la peine ! Explique moi encore ce qu'on fou là s'il te plait,et d'ailleurs il est quel heure là ?

Je savais très bien que quoi que je fasse,nous allions rester ici et ça pour un bon moment,autant y mettre du sien pour que ce soit plus agréable,de toute façon,il sait très bien que si il m'avait fait venir ici pour rien,il allait amèrement le regretter,du moins,lui faire passer l'envie de recommencer.

Nous étions donc enfin arrivés, j'avais pris deux minutes à installer notre douillé, laissant Lizzie seule dans la voiture. Je me hâtai cependant car, à présent que les fars était coupés, nous nous trouvions seuls en pleine forêt de nuit. Ça ne me dérangeait pas plus que ça personnellement, j'avais beaucoup campé dans ma jeunesse et avais vécu assez de trucs flippant pour être immunisé à ce genre d'ambiance. Non, si je me dépêchais, c'était parce que Lizzie étaie toute seule, je ne savais pas si elle était encore du genre à flipper. La seule chose que je savais était que lorsque nous étions petits, on l'avait une fois effrayée avec des histoires de fantôme Adrian et moi. Une fois ma préparation achevée, je retournais donc rapidement à ma voiture et la sortie en la portant contre moi. Je retournais alors vers notre couverture-lit et l'y déposai délicatement avant d’ôter mes chaussures pour l'y rejoindre. La jeune fille se tourna alors vers moi, se passant une main dans les cheveux avant de me redemander des explications quant à notre présence, voir si cela en valait vraiment la peine ainsi que l'heure qu'il était. Je souris, le sommeil lui faisait vraiment perdre la mémoire! Je lâchai un petit rire avant de lui répondre après avoir jeté un rapide coup d’œil à ma montre:

"Tu te souviens plus? Hier on a parlé de voir un arc-en-ciel ensemble, j'avais dis que je t'en offrirai un, c'est ce que je compte faire. Et il est 5h30 du matin."

Je souris dans le noir, l'heure devait lui donner le vertige, elle était si fatiguée. Mais rien à faire, quand j'avais une idée derrière la tête je ne l’avais pas ailleurs et je comptais lui montrer l'arc-en-ciel. Comme je n'étais cependant pas un monstre, je roulais une couverture, lui donnant un aspect de coussin avant de la poser sur mes cuisses. Puis sans retenu ou quelconque gêne, je tirai mon amie d'enfance vers moi, l'allongeant la tête posée sur ce coussin de fortune fait expressément pour elle. Je savais que j'avais oublié un truc, et c'était ça, un coussin! Je ne re-commettrai plus cette erreur. Imperturbable, dans mon soucis de bien faire pour elle, je réajustai sa couverture sur elle, la bordant pour ne pas qu'elle ait froid. Ceci fait je levais la tête vers le ciel. Loin de la ville, les étoiles était totalement visibles et offrait un spectacle majestueux.

Même avec tout l'enthousiaste que j'y mettais,rien n'y faire,je n'avais qu'une seule envie : dormir ! J'aurais tout aussi bien pu le frapper jusqu'à ce qu'il accepte de me ramener chez moi,mais je pense que dans l'état dans lequel j'étais,j'aurais été à peine capable de faire mal à une mouche.

"Tu te souviens plus? Hier on a parlé de voir un arc-en-ciel ensemble, j'avais dis que je t'en offrirai un, c'est ce que je compte faire. Et il est 5h30 du matin."

Je ne sais pas si c'était à cause de mon esprit fatiguée ou si j'étais Alzheimer précoce,mais j'avais du mal à me souvenir de cette conversation,ou du moins, de sa totalité. Je me rappelle en effet avoir évoqué un arc-en-ciel,mais je ne pensais pas qu'il allait prendre ça au sérieux !

Me tirant de ma réflexion,il me tira vers lui et me fit poser ma tête sur l'espèce de chose qu'il avait roulé en boule pour servir de coussin et,même si il n'était pas aussi confortable que mon oreiller,c'était toujours mieux que rien. Lorsqu'il réajusta ma couverture,je n'avais qu'une envie,celle du départ,dormir !

- Holden... Ramène moi chez moi... S'il te plaît,soit gentil...,le suppliai-je presque.

Je savais qu'il n'allait jamais accepté,mais ça ne coutait rien d'essayer... De plus,il voulait qu'on ailler voir un arc-en-ciel. Un arc-en-ciel ? Aujourd'hui ? Avec le temps qu'il annonçait ? Certes,avec la fatigue je ne savais pas quel temps il faisait,mais ce qui était sûr c'était que nous n'allions pas voir d'arc-en-ciel ! Du moins,je l'espère,comme ça au moins il me ramènera chez moi,et une fois bien réveillé,je pourrais lui faire bouffer le truc qu'il se sert pour poser ma tête dessus !

- Dis donc toi ! Qui te dis qu'on va voir un arc-en-ciel aujourd'hui ? Hein ? T'es devenu devin ? dis-je en levant la tête pour le regarder dans les yeux.

Nous étions posés sur la couette, tandis que je racontais mes raisons à Lizzie, raisons qu'elle était supposée connaître puisque nous étions là suite à une discussion avec elle sur facebook. Elle ne semblait plus voir ce dont je parlais. Ah la la, les ravages du sommeil, il nous transformait en zombie amnésique! A moins que ce ne soit justement le manque de sommeil? A méditer. Je la bordai sr moi, avant d'observer les étoiles fasciné. C'est alors que sa voix me pénétra, plaintive, suppliante, de la ramener dans son lit, dans son sommeil, je l'observais, ressentant une pointe de regret, peut être n'aurais-je pas du aller la réveiller. Mes motivations ne pesaient plus beaucoup face à ses supplications.
D'un autre coté, elle pouvait dormir tous les jours, un de moins n'allait pas la tuer, sans compter qu'elle était allongée sous la voute céleste qui brillait de milles feu et qu'un bon petit déjeuner l'attendait à l'issu de l'observation. J'étais quand même son sauveur d'une certaine manière! Qui l’emmènerait voir un tel spectacle si ce n'est moi? J'avais galérer à dénicher ce coin, je n'étais pas certain que beaucoup le connaisse. Bref, je me renfrognai, j'irai jusqu'au bout, je n'avais pas fait tout ça pour rien! Elle le verrait et elle serait éblouie! Je souris avant de lui souffler en guise de réponse:

"Promis je te ramènerai chez toi tout à l'heure..."

La jeune fille tourna alors ses yeux, en même temps que sa tête vers moi, elle avait du avoir une réflexion poussée parce qu’elle prit cet air, comme si elle m'avait piégé en trouvant la faille dans mon raisonnement. Elle me demandait donc vivement si je n'étais pas devin, car sinon comment j'aurais pu savoir qu'il y aurait un arc-en-ciel? J'éclatais de rire, elle allait être déçue que j’aie une explication totalement logique! Je décidais avant cela de la faire un peu marcher lui confiant sur un ton de celui qui était pris à son propre-jeu:

"Ok t'as gagné, je suis devin... Mais mes prédictions ne sont pas toujours justes, alors peut être qu'il n'y aura pas d'arc-en-ciel..."

Ce serait le comble ça qu'elle soit venue pour rien! N'est-ce pas?

Ma pique avait fonctionné, Lizzie pété un plomb et se relevait de mes confortables genoux. Elle me réclamait de ne plus me ficher d'elle, ses désirs étaient des ordres. Elle posait ensuite sa tête sur mon épaule, je ne dis rien. Tout cela me replongeait dans des souvenirs d'enfances bien lointains. Elle attrapait ma main, je regardais vers le ciel, la caressant de mon pouce. Cela faisait vraiment longtemps, longtemps que l'on ne c'était pas retrouvés. Cet instant idyllique ne dura cependant pas, la jeune femme, qui écrasait de plus en plus ma main, précisa un peu plus ses intentions. Je devais la ramener immédiatement chez elle ou elle me broyait les doigts, je souris amusé avant de lui souffler:

"Eh bien broie les moi, je n'attends que ça."

Elle poussa un grand soupir, repoussa ma main, et déclencha mon hilarité. Elle était tellement mignonne. Elle enfoui alors sa tête dans mon cou en grognant. Je l'attrapai en la serrant contre moi. Depuis le début de notre escapade je ne l'avais pas trouvée aussi complice qu'auparavant. Là je la retrouvai avec ses bêtises. Elle finit par lâcher mon cou et je lui ébouriffai les cheveux. Lui lançant avec malice:

"J'avais oublié à quelle point ma vampiresse pouvait être affamée lorsqu'elle est fatiguée."

Je lui souris franchement, elle avait l'air bien plus réveillée qu'avant. Allait-on pouvoir enfin s'amuser? Je parlais un peu vite, elle me mettait une dernière fois en garde, me rappelant d'ancien souvenir, un jour, j'avais dépassé les bornes. Je m'étais comporté comme un con, mais un vrai con. La jeune fille m'avait donné un coup de poing en pleine poire. Mon beau visage avait été marqué durant plus d'une semaine, un vrai calvaire. Alors non, je ne souhaitais pas que ça recommence. Il fallait donc que je lui dise la vérité, que je ne me moquais pas d'elle. Je levai alors les bras, en signe de paix, relâchant mon étreinte sur elle:

"Ok ok t'as gagné, je suis pas devin, il va y avoir un arc-en-ciel tout simplement parce que la rosée du matin tombe tous les matins et parce que le soleil se lève chaque jour, c'est juste que notre emplacement est super propice pour voir la conjugaison des deux."

Mon explication déclencha un nouveau soupire de sa part. Je l'exaspérais, pourtant cette fois je disais la vérité! Elle voulait me frapper, de temps en temps. Mais dès qu'elle me voyait, elle ne pouvait pas. Je ne savais pas trop comment le prendre. Devais-je être inquiet qu'elle veuille me frapper, ou soulagé qu'elle n'y parvienne pas? Elle ajoutait que la raison était peut-être du fait qu’elle ne m’avait déjà pas assez torturé durant mon enfance. C'est vrai que Lizzie avait réussi à me traumatiser dans ma tendre jeunesse. Après cela, j'avais grandis, l'adolescence! Je n'étais plus ce petit garçon fragile, non. J'étais devenu un 'homme'. J'avais tout laissé couler derrière moi. Juste pris un nouveau souffle, une nouvelle porte, une nouvelle strate. Je tentai de revisiter ces souvenirs. C'en était presque douloureux, ce passage. Lizzie se blottit contre moi, je relevai la tête vers elle. Je cessais de m'appuyer sur mon bras gauche, me penchant vers Elizabeth à ma droite pour dégager les mèches qui glissaient sur sa joue. Il faisait encore nuit, et je me laissais totalement fasciné et emporté par mes souvenirs. Lizzie en faisait partie, plus que d'autres. Elle sourit alors, me demandant si je me souvenais comment on était devenu aussi proche. Je retirai mes doigts de sa peau, douce et froide, reprenant appuis sur mon bras alors que je reprenais une posture droite. Je laissais me regard se perdre dans la voute céleste, lui répondant tranquillement:

"Oui, je m'en souviens, même si ça remonte à loin maintenant. Toi, moi et Carl. Les inséparables. Tu m'as pas mal torturé je dois dire, mais on te le rendait bien! Je pense que d'une certaine façon, on a toujours été proches. Quand on est enfant, ce n’est pas trop dur, après ça devient plus compliqué. Enfin, je sais pas si tu te souviens, quand tu m'as appris à embrasser une fille...?"

Véridique. Je grandissais et un soir, je lui avais demandé, comme un service, entre amis. Ou plus? Je ne saurai plus le dire à présent, j’espérais qu'elle ne l'ait pas oublié. Je risquai un regard vers elle, avant de me détourner à nouveau.

Il avait dit ça avec tellement de réticence qu'on aurait cru qu'il appréhendait ce que j'allais dire, comme si j'allais nier ou quelque chose dans le genre. Pourtant, depuis le temps il devrait me connaître plus que ça et savoir que je n'oubliais pas aussi facilement et encore moins quand il s'agissait de ce genre de choses.

Nous étions encore bête et jeune et on grandissait et je me souviens, c'était un soir comme les autres, j'étais allé squatter chez lui parce que je m'ennuyais chez moi. On était allongé sur le lit et comme à mon habitude, je prenais toute la place tandis que lui était obligé de se coller contre moi pour pouvoir avoir ne serait-ce qu'une petite place sur son lit; en fait, nous étions exactement dans cette position. Et là, il m'avait posé la question avec la même hésitation qu'aujourd'hui.

Levant la tête vers lui, je ne pu m'empêcher de sourire quand je vis son expression gênée.

" Comment oublier ? En plus, c'était notre premier baiser à tout les deux je te rappelles ! !"

Eh oui; j'avais moi aussi échangé mon premier baiser avec lui et d'ailleurs, c'était tant mieux pour moi, au moins si on ratait notre premier baiser ça aurait été moins désastreux qu'avec un inconnu.

"On était jeune, bête et on voulait déjà être des adultes. Et regarde aujourd'hui, la plupart du temps, on fait tout pour se raccrocher à l'enfance. Ahlala, la vie est bizarre parfois..." dis-je en me blottissant un peu plus contre lui.

Pour ma part, même si j'étais bien contente d'être sortie du monde de l'enfance et de l'adolescence, je le regrette parfois, surtout quand je vois les difficultés auxquels je dois faire face. Mais par chance, j'ai des amis comme Holden sur qui je peux compter quand ça va mal.

Je fus soulagé, elle n'avait pas oublié, pas le moins du monde. Je me grattais la joue avec l'index, regardant droit devant moi. En y repensant j'étais un peu gêné moi le grand Holden Turner. Les mécanismes de l'enfance qui revenaient. Avec Lizzie c'était logique en même temps. Si je n'avais pas passé autant de temps avec elle et Carl dans ma jeunesse ça ne serait pas pareil. Là je ne pouvais pas me cacher, elle savait exactement qui j'étais et c'était réciproque. Pas de secrets, enfin presque, moi il y avait certaines choses que je ne lui avais pas dites. Et que je ne lui dirai surement pas. Je pouvais pas, je n'avais tout simplement pas le droit. J'étais fini si ça s'apprenait. Je la regardais alors, elle me sourit. Comment aurait-elle pu oublier notre tout premier baiser dans tous les sens du terme. C'est vrai que c'était le premier, le second était avec ma première petite amie, London. J'avais étais tellement amoureux d'elle. Mais ça aussi c'était du passé. C'est fou comme tout avait pu changer dans ma vie! Je ne me reconnaissais plus, si on m'avait dit que je serai là aujourd'hui, je ne l'aurai pas cru. Il me restait quoi aujourd'hui? L'amour de ma mère? Oui, mais je craignais de le voir disparaître quand elle apprendrait que j'étais... Non, n'y pensons pas. J'avais encore l'amour de beaucoup de mes amis, certains ne me fréquentaient plus, mais en y regardant bien, les premiers que j'avais eus, étaient encore présents dans ma vie. Lizzie, elle était toujours là, et Carl aussi. Que demandait de plus? Peut-être le... Non! Non! Non! Je réglerai ça seul à ma manière!
Lizzie continuait de relater les faits. Nous étions alors jeunes et bêtes. Et maintenant, nous faisions tout pour nous rattacher à ces restes de passé. Étrange oui elle avait bien raison. Elle se blottit alors contre moi. Je relâchais cette fois mon autre bras, allant caresser les cheveux de mon amie, en collant mon menton à son front. Elle sentait toujours aussi bon. Ça me rappelait toutes ces fois où nous dormions ensemble tous les 3. Je fermai les yeux un instants avant de reprendre:

"Tu regrettes notre enfance Lizzie?"

Toujours blottit dans ses bras, je profitais de l'instant présent, nous étions en train de vivre comme un moment de de retrouvailles, et ni moi; ni lui ne savent quand nous pourrons nous retrouver encore, comme avant...

" Très franchement, oui, des fois. " dis-je accompagné d'un soupir. "J'veux dire, tout était beaucoup plus simple quand nos seules préoccupations était de savoir de quel couleur on allait colorier notre dessin ou encore, qu'est-ce qu'on allait manger quand on rentrait à la maison après l'école.... Ça me manque tout ça... Tu n'as jamais rêvé de vouloir remonter le temps ? "

Je faisais ces réflexions à voie haute plus pour moi que pour lui. J'adorais passer du temps avec Holden, nous nous connaissons depuis déjà de nombreuses années et nous n'avons jamais été aussi proches que ces dernières années. Mais est-ce que cela va durer quand il va savoir la vérité à mon sujet ? Va-t-il me juger pour ce que j'ai fais ou va-t-il se comporter comme un ami en l'acceptant malgré ce que j'ai fais... ?

Prenant la main d'Holden dans la mienne, j'enlaçais mes doigts entre les siens et regardais nos mains jointes. Même si au début j'avais voulu rentrer chez moi à tout prix à cause de la fatigue, je ne regrettais vraiment pas qu'il soit venu me chercher - m'embarquer de force dans le cas présent - pour qu'on puisse être ensemble une fois de plus.

Me levant un peu, je lui déposai un bisous sur la joue et me blottit de nouveau contre lui.

" Je t'aime toi, tu sais ? "

Il lui arrivait donc bien elle aussi de regretter l'enfance. Elle donnait quelques exemples de la simplicité des choses à cette époque. Oui c'est vrai, à présent je me sentais corrompu jusque au plus profond de moi-même, j'avais perdu l’innocence, celle que je tentai néanmoins de revoir à travers des gestes habituels comme dévorer des tonnes de bonbons ou me réfugier dans ma pièce secrète ou juste de m'allonger dans l'herbe pour observer les nuages. Tout cela me manquait, nos meilleurs moments, là où tout semblait vrai et possible, là où la corruption ne trouvait jamais sa place. J'avais cette impression qu'au fur et à mesure où je grandissais, la part de noirceur de Magnolia se faisait de plus en plus présente, y contribuais-je? Un monde de fou. Tout ce cadre délabré pour entourer le tableau dépravé de ma vie.
Elle me demandait alors si je n'avais jamais souhaité remonter le temps. Si bien sûr, mais seul ça semblait bel et bien impossible. Je ne le pouvais qu'auprès d'elle ou de Carl. Retraverser des moments de notre vécu. Sa main se glissait dans la mienne alors qu'elle mêlait ses doigts au mien. Je l'observais. L'embrasser par exemple. Revivre notre premier baiser? Non, elle me frapperait si je m'approchais à des distances non respectables et puis je ne voulais pas risquer de gâcher ce moment à ses côtés. Elle se redressait alors, déposant un bisou sur ma joue. Je souris. Elle me l’avait donné. Gentiment, simplement, je me sentais de plus en plus attaché à elle. Elle se re-blottit contre moi, me permettant d'appuyer doucement ma tête contre la sienne, simplement, comme des enfants qui se repose mutuellement l'un contre l'autre en attendant de voir le jour se lever...
Le noir tendait à présent vers le bleu foncé, de mon côté je laissais mes souvenirs me ramener dans le temps, un souffle doux et chaud, la pluie contre la vitre, et soudain l'enfance qui s'en allait...

Il y eu un silence qui s'installa entre nous, mais pas un silence lourd et pesant, c'était plutôt un silence calme, doux et agréable. C'était ce que j'aimais entre nous & Holden, c'était que nous pouvions passer du bon temps parfois en ne faisant rien de bien particulier, comme là, enfin, vu comment on en était arrivé là et l'endroit où on était, on ne pouvait pas qualifier ça de banal, mais bref, l'idée était bien là.

Levant légèrement la tête, je vis qu'il était perdu dans ses pensées à regarder au loin. Il devait penser à quelque chose d'intéressant vu l'expression qu'il affichait, il avait l'air calme et tranquille, ce qui le connaissant, pouvait changer de d'habitude.

J'enfouis ma tête dans son cou et fermai les yeux. Ce moment de calme et de complicité - même dans le silence - était si bon, que je n'avais pas envie de tout gâcher par des paroles futiles. Alors, je me contentai de fermer les yeux et d'essayer de faire une micro-sieste, mais au lieu de ça, il n'y avait que des fragments de souvenirs qui me venaient en tête, tous en rapport avec moi & Holden, et parfois même Carl, mais ça c'était rare.

Je nous revoyais jouant, nous amusant, en train de rire de tout et de rien, mais surtout, notre premier baiser. Je n'avais pas oublié ce qui c'était passé entre nous cette nuit là, mais ça faisait quand même un moment que je ne m'en étais pas souvenu. Je revoyais nos expressions ainsi de ce que j'avais ressenti ce soir là, et dire que j'étais en ce moment-même avec le garçon que j'avais embrasser quelques années plus tôt... Pensé comme ça, ça pouvait paraître étrange, mais pas pour nous, du moins, pas pour moi...