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I think I've killed someone [Julia]

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MessageSujet: I think I've killed someone [Julia] I think I've killed someone [Julia] Icon_minitimeDim 23 Fév - 19:05


I think I've killed someone

Je n'y connais pas grand chose à tout ça mais ne dit-on pas que votre meilleure amie est celle qui est prête à vous aider à cacher le corps ?
Julia & Minnie

Je suis à une soirée plus ou moins louche dans un entrepôt. Ça c'était fait à la dernière minute. On avait transformé ce truc en rave party complètement délirante. C'est toujours un peu la même histoire : musique à fond, cris dans tous les sens et, surtout, tellement de drogue qui tourne dans tous les sens que personne n'est tout à fait sûr de ce qu'il a pris ou n'a pas pris. Moi-même, je ne suis qu'à peu prés certaine  de m'être piquée de l'héroïne. Tout ce que j'ai pris après, je ne peux que le soupçonner en analysant les réactions de mon corps et les visions plus ou moins détraquée que je me tape. De toute façon, je vais vous dire : j'en ai rien à foutre. Je suis au septième ciel, je suis heureuse, très heureuse. Le genre d'extase que tout le monde ne connait pas. Le secret ? Je pense qu'on ne peut pas atteindre ce genre de sensations sans une petite aide de substances illégales. D'ailleurs, si elles sont illégales c'est parce que les gens qui connaissent ce secrets en sont trop jaloux pour le partager. Et puis si tout le monde allait bien tout le temps, le gouvernement ne serait pas heureux. Allez savoir pourquoi. Ça me prend la tête moi tout ces trucs là. Tout ce que je sais c'est qu'on essaye de nous empêcher de vivre notre vie à fond. Il doit y avoir une bonne raison mais jamais, jamais, ils ne nous laisseront la connaître. Alors tout ce qu'on peut faire c'est les envoyer se faire foutre pendant qu'on se balance leur secret dans les veines et qu'on atteins enfin ce bonheur que toutes les publicités nous promettent. Forte de cette réflexion, je pose un carton imprégné de LSD sur ma  langue. Je frissonne. Mon coeur accélère déjà, d’excitation. Le trip sera intense avec toutes ses lumières qui clignotent dans tous les sens. C'est alors que j'entend : « LES FLICS ! CASSEZ VOUS TOUS Y A LES FLICS ! ». Merde. Putain ! Mais pourquoi ?! Pourquoi maintenant ? Pourquoi aujourd'hui ? Et surtout : pourquoi moi ?! J'ai pourtant bien mérité de me détendre un peu. Connard de flics. Ce n'est pas parce que votre vie c'est de la merde que vous devez faire en sorte que la mienne le devienne aussi. Bref, il faut que je bouge. Si je me fais choper dans cet état, c'est la prison direct. Surtout avec mes antécédents. Ha mais parce que je suis une véritable petite star dans les commissariats de police de la ville. Tout le monde se bouscule. Je suis traversée par la pensée que je vais avoir encore plus de bleus que je n'en ai déjà. C'est stupide, je ne sais pas pourquoi je pense à ça et, surtout, je ne sais pas pourquoi ça m’énerve. Avec toute cette agitation, c'est le bad trip qui menace. Je crois une fois ou deux voir des loups - ou des masses noires, avec un centre de gravité trop bas pour être des humains - courir avec nous, en choper quelques uns dans les jambes. Ils s'effondrent en criant - ils sont peut-être simplement tombés tous seuls, comme des autistes - mais je ne peux rien faire pour eux, il faut que je me casse.

Finalement, j'arrive à ma voiture. Sans me poser de question, j'entre, met le contact et démarre à fond. Ma respiration est trop rapide, mon coeur menace de lâcher et je transpire à grosses goûtes. Fuck. Voilà qu'en plus, comme pour me faciliter la tâche, un lourd de rideau de pluie s'abat soudainement sur la route. Je ne vois presque plus rien et je ne suis même pas sûre que ce que je vois est réel. Bordel, si ces connards de poulets étaient arrivés une seconde plus tôt, je n'aurais pas pris de LSD et ça me ferait déjà ça en moins. Je suis fascinée par la pluie parce que ce n'est pas de la pluie. Ce sont des petites fées qui tombent du ciel et qui viennent s'écraser sur le pare-brise de ma voiture, laissant des traces de leur sang transparent et pailleté sur la vitre, m'empêchant de distinguer la route. C'est triste. Au bord des larmes, je ferme les yeux pour faire partir les images de ces petits corps de fées sans vie. Tout d'un coup, j'entend quelqu'un hurler. Bruit qui est rapidement suivis d'un autre, plus mate, plus sourd. Toute la voiture tremble. Je hurle. Est-ce que j'ai percuté quelqu'un ? Je freine, envoyant de grandes gerbes de sang de fée dans tous les sens. Une fois à l'arrêt, j'essaye de retrouver mes esprits. J'ai percuté quelqu'un. Bon sang, j'ai peut-être même tué quelqu'un ! J'hyperventile, je passe une main dans mes cheveux, je tire dessus pour me faire mal et me ramener à la réalité. Je ne sais pas quoi faire, je suis complètement perdue. Putain, putain, putain, putain, j'ai tué quelqu'un. Je redémarre à fond de balle. Au bout de quelques minutes, je suis contrainte de m'arrêter à nouveau mais cette fois-ci je perd tout à fait le contrôle de la voiture et je me retrouve dans le bas côté, de travers. Je sors de la voiture et suis instantanément trempée. Je hurle à la lune, de toute mes forces. D'abord parce que j'ai peur mais, pour finir, je me retrouve à l'engueuler, cette connasse qui me fait la morale. J'ai alors la première bonne idée de la soirée : appeler quelqu'un à l'aide. La seule personne que je puisse appeler, la seule qui pourra m'aider sans me dénoncer directement à la police c'est Julia. Je vais à quatre pattes dans la voiture et retourne tout pour trouver mon portable. Heureusement, Julia est dans les numéros pré-enregistrés. Je ne sais pas quelle heure il est, je ne sais pas si je vais la réveiller. Quand elle décroche, je ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit et lui assène :

- Julia ! Julia, je pense que j'ai tué quelqu'un. Enfin, non, bien sûr que non, enfin,... je sais pas. Mais, je pense. Je, écoute, j'étais...

Merde, on dirait que j'ai perdu la faculté de langage. J'essaye de reprendre :

- J'ai percuté quelqu'un. Je ne sais pas quoi faire, je suis un peu en dehors de la ville, à quelques minutes de Justice Street. Viens me chercher, j'ai planté la voiture.

Il se peut qu'elle entende à ma voix que je suis complètement perdue. Il ne me vient même pas à l'esprit de lui dire qu'il faut retrouver ma victime pour appeler les secours. Tout ça, dans l'état où je suis, ça me passe tout à fait au dessus de la tête. Il faut dire aussi que, c'est officiel, je suis en plein bad trip. J'ai peur des ombres. Je sais qu'elles m'observent, j'espère juste qu'elles vont me laisser tranquille. Est-ce que quelqu'un a vu ce que je venais de faire ? Oh mon dieu, je suis tellement dans la merde. J'ai pas envie d'aller en prison et je n'ai certainement pas envie d'aller en enfer. Est-il trop tard pour moi ? Je t'en supplie Julia, aide moi.
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MessageSujet: Re: I think I've killed someone [Julia] I think I've killed someone [Julia] Icon_minitimeJeu 27 Fév - 0:15

Julia lâcha son crayon dans un grognement, se passant une main sur le visage, des prémices de fatigue et de lassitude se faisant grandement ressentir. Elle n'arrivait à rien, ce soir. Seulement à quelques gribouillis informes, vite raturés et froissés, jetés par-dessus son épaule avant d'atterrir avec un bruit mat sur le sol de sa chambre, déjà jonché par la pagaille. Sa patience avait atteint ses limites et elle préférait arrêter là avant de péter un plomb seule sur ses feuilles blanches. Avant de tout déchirer et tout foirer. Poussant un soupir elle éloigna ses feuilles d'elle. L'inspiration lui manquait ces temps-ci, et ce n'était pas pour lui plaire. Elle ne savait pas s'il y avait un quelconque dieu pour ça, l'inspiration, ou simplement si le vieil homme barbu tout là-haut avait décidé de lui faire voir de nouvelles couleurs en l'empêchant de travailler, mais peu importe qui était derrière l'inefficacité de son crayon, elle le maudissait. Fouillant dans ses poches elle en sortit un paquet de clopes, en alluma une qu'elle porta à ses lèvres, avant d'observer la fumée qui montait lentement au plafond. Elle plissa les yeux, faisant des cercles avec sa bouche. Elle devait se trouver un projet. Un but, une destination, il était peut-être là le problème, c'était ça qui la bloquait, d'avancer sans raison, de pas savoir où elle allait. Elle se contentait de se lever le matin, d'essayer de faire ce qu'elle avait à  faire, reportant le reste à plus tard, délaissant ce qui n'avait pas assez d'intérêt pour qu'elle se penche sur la question. La plupart du temps elle agissait mécaniquement, un peu à l'ouest, très à l'ouest en réalité.
Oui c'était de ça dont elle avait besoin. Quelque chose qui capte toute son attention, ses pensées, son temps. Ou quelqu'un. Mais elle voyait mal qui – personne. Ces derniers temps elle s'était déconnectée de la réalité, et si elle n'avait de cesse de rentrer dans des états souvent peu glorieux, elle s'était comme renfermée sur elle même. Inconsciemment. Elle voyait des gens, pourtant, ce n'était pas ça le problème, il y avait toujours un tas de monde aux soirées où elle se rendait. Mais depuis combien de temps n'avait-elle pas vu ses amis ? Carl par exemple, ou Julian à quand remontait la dernière fois qu'elle avait croisé ses cheveux en bataille à celui-là. Même Minnie s'était peu à peu éloignée de sa vie. C'était dur à croire, pourtant les choses étaient telles qu'elles étaient. Julia jeta un oeil à l'heure; il était dans les trois heures du matin. Son amie devait être en pleine débauche, certainement ivre. Elle hésitait à appeler quelqu'un. Qui ? Katya ? Elle ne voulait pas la réveiller. Carl ? Elle ne voulait pas se retrouver avec un type saoul et complètement barge qui sortiraient des bêtises sans fond, des défis débiles et des gazouillis incompréhensibles. Il finirait par s'endormir sur son lit avant même qu'elle ait pu l'insulter. Merci bien.
Elle resta sans rien faire, sachant pertinemment que ce n'était pas en laissant le temps filer que les choses changeraient. Les gens n'attendent pas, contrairement à ce que l'on croit. Alors vas-y, Julia, bouge-toi, appelle quelqu'un parce que personne ne t'appellera. La sonnerie de son téléphone choisit ce moment-là pour retentir, la faisant sursauter sur sa chaise. Elle reconnut rapidement Minnie, à la chanson débile qui se lançait dès que celle-ci essayait de la joindre. Se saisissant de l'appareil, elle ne répondit pas tout de suite, prenant une dernière taffe. Comme quoi, les gens l'attendaient. « Qu'est-ce qui t'arrive ma belle ? » La voix de la McCormick lui parvint, différente. Paniquée. Bégayant. Sur ses gardes, Julia se redressa, enleva ses pieds de son bureau, déjà prête à prendre son manteau et à partir à la rescousse de la jeune femme. Ce n'était pas bon signe, le ton qu'elle prenait. Julia la connaissait assez pour le savoir. Elle ne fut pas déçue de la suite. « je pense que j'ai tué quelqu'un. » Julia ouvrit la bouche, ne sachant trop que dire. « Tu déconnes ? » C'était bien tout ce qu'elle avait à demander. Si c'était une farce, une caméra cachée ou quoique ce soit, elle aurait autant préféré le savoir tout de suite. Après tout Minnie en était bien capable, lui faire peur l'amuserait au plus haut point. Mais sa voix indiquait le contraire. La suite vint d'elle même, son interlocutrice lui faisant un rapide point de sa situation. « Et je viens te chercher comment, à pieds ? Minnie j'ai pas de voiture, tu veux que je t'embarque sur ma bicyclette toi avec trois grammes d'alcool à l'arrière ? » Elle se passa une main sur le visage, soupira. Il ne manquait plus que ça. De tous les coups que Minnie lui avait fait, elle était bonne pour battre son record. « Bon, je vais trouver une solution. Bouge pas. » Elle raccrocha. Elle se ne savait pas ce qu'elle allait faire, elle n'en avait pas la moindre idée, mais il fallait qu'elle fasse quelque chose. Ne dit-on pas qu'un ami, un vrai est celui qui est prêt à vous aider à cacher un corps ? Julia redoutait ce qu'elle allait découvrir en arrivant, mais pour son amie elle devait s'y rendre. Elle se leva, descendit au salon, enfila sa veste et chercha. Les clés, évidemment elles n'étaient pas dans l'assiette prévue à leur effet. Elle les trouva dans l'une des poches du manteau de son père, y fouillant sans vergogne. Elle n'avait jamais eu de voiture lui appartenant, Minnie devait bien le savoir. Pourtant Julia devait trouver une solution, et elle venait d'en trouver une. Elle ne faisait qu'emprunter, après tout, et ramènerait l'auto sans que son paternel se doute de quoique ce soit. Elle l'avait fait des tas de fois. Elle sortit, s'engouffra dans la voiture et démarra. À vrai dire ça faisait déjà quelques années qu'elle ne l'avait pas utilisée, et craignait que le bruit de pétarades qui retentissait ne réveille Henry. Tant pis, aux grands maux les grands remèdes. Elle conduisit à toute allure dans la ville, et c'était une chance que les rues soient désertes parce qu'elle faisait si peu attention aux feux rouges et aux embranchements qu'elle aurait très bien pu avoir un accident, là. Elle dépassa rapidement Justice Street, suivant les indications de Minnie. Et puis quelques mètres plus loin, ses phares éclairèrent la silhouette de la jeune fille, attendant au bord de la route. Julia alla se garer un peu plus loin, délaissant la voiture plus qu'elle ne la garait véritablement. Elle fit claquer la portière, regarda partout, derrière, devant, sur les côtés, près de Minnie. Elle ne voyait rien, hormis le visage paniqué de son amie. « tu te fous de moi ? » la vérité c'est qu'il n'y avait aucun corps. Personne, ni blessé ni mort ni quoique ce soit. Juste disparu. Ou inventé.
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MessageSujet: Re: I think I've killed someone [Julia] I think I've killed someone [Julia] Icon_minitimeJeu 27 Fév - 19:55


I think I killed someone

Je n'y connais pas grand chose à tout ça mais ne dit-on pas que votre meilleure amie est celle qui est prête à vous aider à cacher le corps ?
Julia & Minnie

« Et je viens te chercher comment, à pieds ? ». Bordel, bien sûr que Julia n'a pas de voiture ! Comment est-ce que j'ai pu oublier ça ? Il faut dire que je ne suis pas en état de penser à grand chose en ce moment. Ou plutôt, je pense à tellement de choses en même temps que je n'arrive pas à penser droit. J'ai l'impression de voir mes pensées danser dans ma tête, prendre des tournures complètements folles. Les mots se fondent les uns dans les autres, ça ne veut plus rien dire. Je pense à la personne que j'ai percutée quelques secondes plutôt. Etait-ce un homme ou une femme ? Pour ce que j'en sais, c'était peut-être un monstre. Un de ceux qui restent normalement dans les ombres, à vous guetter et qui attendent que vous soyez faible pour venir vous attaquer, pour sucer votre énergie vitale lentement mais sûrement. Oui, c'est peut-être un monstre que j'ai écrasé. Un qui aurait vu que j'avais les yeux fermés et en aurait profité pour traverser rapidement, certain que je ne le verrais pas. Dangereux, très dangereux. Les monstres n'ont-ils pas de parents pour leur apprendre à ne pas faire ça ? Si c'était un réellement un monstre que j'avais tué, ce serait une bonne chose n'est-ce pas ? A moins que les autres ne cherchent à se venger. Nerveusement, je regarde autour de moi, sur les bords de la route, là où il fait trop noir pour discerner quoi que ce soit. Sont-ils tous là à attendre le moment opportun pour me sauter dessus et me tuer ? Une partie de moi sait que c'est impossible, que je suis toute seule sur le bord de cette route. Malheureusement, cette partie ne parle pas assez fort et n'arrive pas à faire taire celle qui est persuadée que je suis en ce moment en danger de mort. En cette seconde, Julia ne fait rien pour diminuer mon stress. J'ai envie de lui crier dessus parce qu'elle me prend la tête avec sa bicyclette. Je préfèrerais mille fois faire un tour dessus que rester ici. Et puis elle me fait chier à prendre ses airs comme ça. C'est la crise d'angoisse qui parle, bien sûr. D'ailleurs, alors que je suis sur le point d'exploser et de hurler dans le téléphone, elle a la présence d'esprit de dire enfin quelque chose qui me calme un peu : « Bon, je vais trouver une solution. Bouge pas.  ». Je soupire de soulagement. « Merci », je lui glisse à mi voix juste avant qu'elle ne raccroche. J'essaye de me concentrer sur ma respiration et je me répète l'ordre encore et encore. Ne pas bouger. Ne pas bouger. Ça devrait être dans mes cordes. Tout ce que j'ai à faire c'est rester là en attendant qu'elle arrive et puis, tout finira par s'arranger. Je ne sais même pas ce qu'il faudrait faire pour que « tout s'arrange » mais je sais que rester ici, debout sur le bord de la route sans bouger, je suis capable de le faire. On va y aller étapes par étapes.

Cette pluie me frigorifie. Si je le sens malgré tout l'alcool que j'ai ingéré c'est qu'il fait vraiment froid. Je croise les bras sous ma poitrine pour essayer de me tenir chaud. Sauf qu'alors j'ai trop chaud donc j'écarte les bras. Le geste, pas bien contrôlé, trop ample, me ferait presque mal. J'ai l'impression que des sueurs froides coulent le long de mon dos. Mais c'est peut-être tout simplement de la pluie. La pluie a cette fâcheuse tendance à s'insinuer partout. Comme le sable. La pluie et le sable, ça fait du sable mouillé. Cette remarque est complètement débile du coup je me sens demeurée, tout à fait à côté de la plaque. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça mais ça s'avère être une bonne idée, en fait. Penser au sable mouillé, ça me fait directement penser aux vacances à la mer, quand on faisait des châteaux de sable. Avec du sable mouillé. Je ferme les yeux et je nous imagine, ma soeur et moi, en vacances à la plage. C'est toujours mieux que de penser à tout le reste. A la personne, que dis-je, au monstre, qui est peut-être mort quelque part un peu plus loin, entrain de se vider de son sang. Le sang et la pluie, c'est étrange comme combinaison. Décidément, je préfère le sable et la pluie. C'est mieux. Oui voilà, ma soeur et moi, le sable mouillé, les châteaux de sable, les éclats de rire. Tout ça me ferait presque oublier où je suis. Mon corps le sait toujours, lui, et ne cesse de me le rappeler en tremblant. J'ai l'impression que plus les secondes passent, plus je tremble fort. C'est probablement simplement dans ma tête. Tout comme cette histoire de monstre. Et la personne que j'ai tuée, c'est dans ma tête aussi ça ? J'espère que non. Je m'en veux de penser comme ça mais de mon point de vue, si ce n'est pas vrai ça voudrait dire que j'ai mentis à Julia, que je l'ai fait bouger pour rien. Combien de temps pourra t-elle encore me supporter si je lui mens comme ça ? J'ai l'impression de ne lui apporter que des ennuis. Elle aussi je la tire vers le bas. Comment peut-elle être amie avec moi ? Ces pensées me déchirent les entrailles, je suis à deux doigts de pleurer. Ou peut-être que je pleure, je ne sais pas avec cette pluie. Je déteste mes pensées, je déteste ce qui se passe en ce moment. Je me déteste. Putain, comment est-il possible que je sois dans cet état maintenant alors que quelques minutes plus tôt j'étais la femme la plus heureuse de la terre ?! Je devrais peut-être me faire un rail de coke. Mais j'ai promis à Julia de ne pas bouger.

La voilà d'ailleurs qui arrive, je reconnais la voiture d'Henry. Je me sens coupable de l'avoir forcée à commettre ce larcin. Ces deux là n'ont pas besoin que je vienne mettre mon grain de sel dans leur relation, elle est déjà bien assez bancale comme ça. Enfin, peut-être pas beaucoup plus que celle entre n'importe quel père et sa fille. En cette seconde, alors que je regarde mon amie « garer » la voiture de son père, je me demande qui je serais si le mien était encore en vie. C'est une question qui n'a pas de réponse, je le sais. Pourtant me voilà, sous la pluie, tremblante comme une feuille mais en même temps immobile, à imaginer qui je serais si mon père n'était pas mort. Mon cerveau, noyé dans toutes ces substances, me joue à nouveau un tour, il fait passer la silhouette de Juls pour celle de mon père alors que les deux n'ont rien à voir. Alors que cette chimère qui est à la fois ma meilleure amie et mon défunt paternel cherche partout un corps, qui prouverait que je n'ai pas inventé toute cette histoire, je suis toujours incapable de bouger. Les yeux écarquillés, je suis fascinée par mon hallucination, j'en oublie ce que je fais là. Quand j'entend la voix de Julia, je suis à la fois incroyablement soulagée et désespérément déçue. « Tu te fous de moi ? » me demande t-elle. C'est assez pour me sortir de ma léthargie. J'avance vers elle. Je dois avoir une putain de sale gueule, maquillage qui coule en mode yeux de pandas et tout le toutim.

- Bien sûr que non ! Tu crois que ça m'amuse de t'appeler en pleine nuit pour ça ?! Tu penses que ça m'amuse de croire que j'ai tué quelqu'un ?! Putain Julia, je n'en suis pas au point d'inventer une histoire de meurtre juste pour te voir !

Mon ton est agressif mais, après tout, c'est souvent comme ça entre nous. Pour le coup, c'est un peu ma façon de lui faire savoir qu'elle m'a manquée. D'ailleurs, dans le secret de mes pensées silencieuses, j'en viens à me demander si je n'ai pas effectivement inventé tout ça pour avoir une excuse pour la faire venir, pour la voir. Mon esprit torturé en est capable, c'est certain. Après tout, je ne l'ai plus vue depuis trop longtemps à mon goût. Je dois dire que j'ai eu la désagréable impression qu'elle me fuyait comme s'il se passait quelque chose dans sa vie dont elle n'avait pas envie de me parler alors que nous avons la caractéristique de tout nous dire. Absolument tout. La preuve : quand je pense avoir tué quelqu'un, c'est à elle que je le dis. Je ne me risque pas à tirer de conclusion maintenant. Je sais que je suis en pleine angoisse et que mes pensées sont délirantes. En parlant de délire, je me rappelle soudainement de quelque chose :

- C'est normal qu'il n'y aie personne ici, j'ai eu tellement peur que j'ai continué à rouler après le choc.

J'ai tellement honte de mon comportement que je regarde ailleurs. Parce que non seulement j'ai tué quelqu'un mais en plus j'ai fuis comme une lâche, laissant le corps de cette personne sur le bas côté, ne lui offrant même pas le privilège de mourir dans une position digne. L'angoisse me tord l'estomac si fort que pendant quelques secondes je suis persuadée que je vais vomir – avec une classe folle – l'intégralité de ce qu'il contient. Mes jambes sont ankylosées. Si j'essaye de marcher, elles vont résister, je le sais. Pourtant, il le faut. Il faut que nous retrouvions cette personne. Ou pourrions nous rentrer à la maison maintenant ? Nier tout ça et partir nous réchauffer quelque part. C'est vraiment tentant mais ce n'est pas éthique. C'est mal. J'ai le sentiment désagréable que si je partais maintenant, je franchirais un nouveau point de non retour sur l'échelle du mal et je tiens à préserver tout ce qui peux encore l'être de mon âme. Alors on va trouver cette personne, un point c'est tout.

- T'as pas une lampe torche ? On va marcher le long de la route, dans cette direction. On finira bien par la retrouver.

Je n'évoque plus la possibilité que cette collision sorte tout droit de mon imagination. Ce n'est pas pour autant que l'hypothèse est écartée. Ce qu'il y a c'est que je dois déjà avoir l'air complètement à l'ouest. Si je ne veux pas que ma meilleure amie me fasse entrer de force dans un hôpital psychiatrique, il faut que j'aie l'air au moins un peu sûre de moi. Quoi que les fous ont toujours l'air d'être certains que leurs délires sont vrais. Du coup, peut-être que je m'enfonce en agissant comme ça, je ne sais pas.

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MessageSujet: Re: I think I've killed someone [Julia] I think I've killed someone [Julia] Icon_minitimeDim 20 Avr - 15:01

Son sang ne fit qu'un tour. Était-ce une mauvaise blague ? Julia aurait voulu poser la question à Minnie, mais elle osait espérer que ça n'en était pas une. Et puis elle était trop concentrée à chercher le corps pour lui demander. Elle continuait de chercher, tentant tant bien que mal de percer l'obscurité de la nuit. Mais il n'y avait rien, elle l'aurait parié. Un corps, ça se voit facilement, non ? Et pourtant elle ne voyait rien. Seulement Minnie, qui restait plantée là, face à elle, sans rien dire. Julia avait envie de la secouer, de lui donner un bon coup pour la réveiller, mais elle était trop occupée à chercher le corps, et puis elle voyait bien que Minnie ne riait pas, elle n'avait pas envie de la brusquer encore plus. Elle essayait de réfléchir en même temps à ce qu'elles feraient ensuite, une fois qu'elles l'auraient trouvé. Elle n'en avait aucune idée. Mais encore fallait-il le trouver. Finalement ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose s'il était introuvable. Et Minnie ne bougeait pas, elle restait simplement là, les bras ballants, à contempler la scène, à attendre que ça se passe, que Julia trouve une solution. Mais Julia n'avait aucune solution. Julia croyait halluciné; il était près de trois heures du matin et elle avait l'infime impression de s'être déplacée pour rien. Ça ne l'aurait pas étonné que Minnie ait imaginé tout ça, avec tout ces trucs qu'elle prenait, et si Julia était d'accord pour l'aider lorsqu'elle était en mauvaise posture, elle ne voulait pas devenir responsable de ses conneries.
Finalement Minnie sembla se réveiller, elle s'écria qu'elle n'avait rien inventé, qu'il y avait bien quelqu'un, quelque part, et plus que tout que tout ça ne l'amusait pas. La Fitz ne savait pas. Pour le moment elle devait trouver ce corps, qu'est-ce qu'elle ferait, s'il était là dans un coin, que le type était mort, qu'est-ce qu'elle devait faire, elle ? Elle pensait à Minnie, et puis aux flics. L'une comme l'autre s'était déjà retrouvées de nombreuses fois en cellule, certes pour des raisons moins graves que la mort d'une personne mais leur casier judiciaire ne méritait pas d'être plus chargé qu'il ne l'était déjà. Julia ne répondit rien. C'était un accident, bien sûr, mais Minnie était saoule, peut-être même défoncée, et elle n'était pas sûre que dans ce cas-là elle ne soit pas jugée fautive. Prenant en compte les paroles de son amie, elle s'éloigna de la voiture en suivant la route, sortant son téléphone qu'elle mit sur l'option lampe torche. Elle se mit alors à balayer les environs de la lumière, un peu trop hâtivement, la main tremblante. C'était pas possible, bon sang, elle avait déjà assez de soucis comme ça, et de même pour Minnie. Et puis d'abord, pourquoi fallait-il toujours qu'elle cherche les ennuis ? Elle avait cette manie de toujours se fourrer dans le pétrin, et voilà que désormais elle embarquait Julia avec elle. Mais maintenant qu'elle était là, la blonde ne pouvait pas faire demi-tour. Malgré tous les coups que la McCormick lui avait fait, elle restait son amie et elle se devait de l'aider. De toute manière elle n'avait pas trop le choix, s'il y avait bien eu un accident et qu'elle prenait la fuite elle serait considérée comme complice.
Elle parcourut quelques mètres de plus, se retourna et jugea de la distance. Une bonne vingtaine de mètres. Et toujours rien. Elle osait espérer que tout ceci ne soit que le fruit de l'imagination de Minnie, mais elle n'était toujours pas très rassurée. Elle se tourna vers la jeune femme, qui scrutait elle aussi les alentours, un peu en retrait. « Y a rien. » elle soupira. Elle hésitait ; dans la pénombre elles n'y voyaient pas grand chose, et puis Minnie était en état de choc, sale et fatiguée, quant à Julia elle n'arrivait plus à réfléchir clairement, or c'était à elle de décider de ce qu'elles devaient faire ensuite. « T'as du rêver. » ou du moins elle l'espérait sincèrement. Elles seraient dans de beaux draps si au petit matin ledit corps était retrouvé, alors qu'elles le pensaient inexistant, et que les recherches des flics les menaient jusqu'à elles. Résignée à prouver que Minnie avait toujours imaginé – pour ne pas dire inventé – Julia fit encore quelques pas, éclairant la route et le fossé. C'était surtout une manière de se rassurer elle-même, parce que si Minnie n'avait pas été là à quelques mètres d'elle elle se serait sûrement laissée glisser à terre, toute tremblante qu'elle était, et aurait laissé ses émotions la submerger. Autant dire qu'elle serait restée là jusqu'à ce qu'on la trouve et qu'on la mette en prison, une fois le mort retrouvé. Mais pour le coup elle ne pouvait pas laissé Minnie en plan, alors elle fit un effort, ravala les larmes qui lui montaient aux yeux et dit, sans pour autant se retourner vers la jeune fille. « Tu vois, y a rien. On ferait mieux de rentrer. » d'un coup l'obscurité qui les entourait fit frissonner Julia et elle s'empêcha de penser à ce qui pouvait se cacher là, pas loin, attendant certainement le bon moment pour leur sauter dessus. Deux filles seules sur le bord de la route, un simple portable à la main, non seulement c'était bizarre du point de vue de quelqu'un d'extérieur à la situation, mais en plus ça ne respirait pas la sécurité du point de vue de la Fitz. Maintenant qu'elles étaient sûres qu'il n'y avait ni mort ni blessé, elle avait hâte de retrouver la chaleur de son lit. Mais elle n'en avait pas encore fini avec la McCormick, qui restait plantée là sur le bord de la route, à attendre que les choses bougent d'elles-mêmes. Débraillée, les cheveux en pagaille, le maquillage qui coulait, elle semblait totalement à l'ouest. Julia ne pouvait définitivement pas la laisser là, et un simple coup d'oeil suffit à ranimer sa colère envers la jeune fille. Elle avait tout de même réussi à imaginer qu'un type se tenait au milieu de la route et qu'elle l'avait renversé, peut-être même tué. Alors Julia fit volteface, se dirigea vers elle et laissa les mots s'écouler. « Et puis qu'est-ce que tu fichais là d'abord ? T'as pris quoi encore, hein ? Coke, LSD, extasy ? Tu joues à quoi au juste Minnie, tu fous quoi avec ta vie, là ? La prochaine fois ce sera p't'être pas qu'une hallucination, tu vois, et moi je serais p't'être pas là pour t'aider, j'cacherais pas d'autres corps t'as compris, c'est pas pour moi ça, j'veux pas être impliquée là-dedans, merde j'ai rien demandé. » elle se pinça l'arrête du nez et se détourna pour se cacher de la vue de Minnie. C'était aller trop loin. De la petite colère Julia en était à déverser toutes ses pensées et voilà qu'elle en avait trop dit à Minnie qui était là, droite comme un i, et qui ne devait pas avoir bien compris ce qu'on venait de lui dire, sinon qu'elle se faisait salement engueulée au beau milieu de nulle part et par une personne pas si bien placée pour donner des leçons. Respirant un coup, Julia essaya de se calmer mais c'était plus simple à dire qu'à faire. Dans le tourbillon de ses pensées elle chercha quelque chose d'autre à ajouter, pour appuyer ses paroles, mais elle sentait le regard de Minnie qui lui brûlait le dos et elle en perdait ses mots.
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MessageSujet: Re: I think I've killed someone [Julia] I think I've killed someone [Julia] Icon_minitimeMar 6 Mai - 18:18


I think I killed someone

Je n'y connais pas grand chose à tout ça mais ne dit-on pas que votre meilleure amie est celle qui est prête à vous aider à cacher le corps ?
Julia & Minnie

Nous marchons toutes les deux sur le bord de la route dans l'inquiétude de trouver le corps de la personne que j'ai possiblement écrasée. Je ne pense pas l'avoir imaginé. Je ne suis pas folle à ce point là. Je ne suis pas une droguée à ce point là. C'est ce que j'ai envie – besoin – de croire. Il faut que j'aie raison, il faut que tout ça soit vrai et ne sorte pas de mon imagination. Sinon qu'est-ce que ça ferait de moi ? Je n'ai pas envie d'y penser. C'est trop difficile, ça soulève trop de questions. Sur le pourquoi, principalement. Ce pourquoi qui me hante et que j'essaye de faire taire en même temps que tout le reste en buvant toujours plus, déconnant encore et encore. Mais combien de temps pourrais-je continuer à faire croire que je suis juste « jeune et conne » ? Mentir aux autres et me mentir à moi-même, ça devient de plus en plus difficile. Alors que mes cheveux détrempées tombent sur mon visage et s'y plaquent, amoindrissant ma vue, je fixe Julia. Ma meilleure amie. Je pense que je n'aurais pas dû l'appeler. Regardez là, à chercher après un cadavre, pour moi. J'ai dépassé une limite, c'est certain. J'ai l'impression de ne même plus pouvoir dire « il faut que j'arrête de l'embarquer dans ma folie, parce que ce serait quoi la prochaine étape ? Cacher un cadavre ?! ». Parce que voilà, cette « prochaine étape », on y est déjà : on est là, toutes les deux, à chercher un putain de cadavre. Et tout est de ma faute. Je l'entraine vers le bas, je casse tout ce que je touche. Je m'arrête de marcher comme si ces pensées méritaient qu'on s'arrête pour elles, qu'on prenne le temps d'en apprécier la gravité et les conséquences. Presque métaphoriquement, Julia, elle, continue à marcher et à s'éloigner de moi, la cause du problème. Perdue dans mon auto-flagellation, je la laisse faire.

Je croise à nouveau les bras, dans un réflexe archaïque de protection. Contre quoi ? Le monde extérieur et sa froideur, peut-être. Contre mes propres pensées, aussi, qui sont si douloureuses et qui ne font pas vraiment sens. Je ne suis pas en état de philosopher, je le sais. Mon esprit dérive dans des arabesques tantôt colorées, tantôt sombres. Mon humeur n'est déjà pas égale quand je suis clean alors bourrée et défoncée, je ne vous raconte pas. J'ai vraiment envie de fumer, ça me détendrait. Je n'ai pas besoin de faire le moindre effort pour sentir la faible pression du joint entre mes doigts puis contre mes lèvres. La sensation de la fumée trop chaude, brulante, me manque déjà. J'aimerais pouvoir m'y abandonner, accueillir cette sensation de déchirure comme une punition et un soulagement. Sans compter qu'avec le temps qu'il fait, la perspective de quelque chose de chaud n'est pas déplaisante. Dans l'état où je suis, je ne sais pas si j'ai envie que mon esprit se clarifie enfin ou, au contraire, qu'il ne le soit plus jamais. Face à quoi me retrouverais-je si je recommence à réfléchir réellement ?

Julia se retourne vers moi sans me voir, elle regarde par delà moi, vers la voiture. Sûrement pour vérifier si elle a beaucoup marché. Je ne sais pas quelles sont ses conclusions. A mon sens nous sommes déjà beaucoup trop loin. Mon idée de marcher pour chercher ce corps me semble subitement complètement stupide et irrationnelle, nouvelle preuve si besoin en était, de la versatilité de mon esprit. On aurait jamais dû s'éloigner de la voiture, c'est beaucoup trop dangereux. Si on trouve la personne que j'ai renversée, dans le meilleur des cas, il se sera transformé en zombi et voudra nous bouffer. Dans le pire... je n'arrive même pas à le formuler en phrases correctes. Juste en images. Des images de corps démantelés, affreux, blessés, monstrueux, morts. Je ferme les yeux avec force pour chasser ses images. Succès mitigé : elles ne s'effacent pas, se fadent à peine, me laissant un puissant arrière goût d'angoisse dans la bouche. A moins que ce ne soit mon estomac qui me remonte dans la gorge, voulant se débarrasser de tous les poisons que je l'ai forcé à ingérer ?

Quand je ré-ouvre les yeux, c'est pour constater que ceux de Julia sont posés, enfin, sur moi. Mon ventre se tord violemment. La sentence tombe alors « Y a rien... T'as du rêver ». Des sentiments paradoxaux se bousculent en moi : du soulagement et du désespoir. Il semblerait que je n'ai tué personne. Ce serait plutôt une très bonne nouvelle si ça ne me faisait pas me sentir complètement à côté de mes pompes. Si je n'ai tué personne, ça veut dire que je l'ai imaginé. Que j'aie des hallucinations n'est pas surprenant du tout, ce n'est même pas la première fois que ça m'arrive. Sauf que, cette fois-ci, c'est la fois de trop. Celle qui me donne envie de réagir, de me reprendre en main. C'est ce que je ferais si ce n'était pas si difficile. Si je n'était pas une lâche qui, depuis toujours, choisit la facilité. Qu'on me laisse tranquille ! Que le monde entiers disparaisse, foute le camp, me laisse tourner en rond dans mon coin. Les muscles de mon corps semble me tirer vers le bas. J'ai envie de me laisser tomber sur le bord de la route et laisser la pluie me délaver jusqu'à ce que je ne sois plus que le souvenir de Minnie. Je l'aurais fais depuis longtemps si je n'avais pas été en compagnie de Julia, sans me douter une seule seconde que cette dernière avait envie de faire exactement la même chose.

Ma meilleure amie se détourne à nouveau et reporte son attention sur le bas côté, une dernière fois. C'est seulement alors que je me rend compte que je m'étais arrêtée de respirer. Je passe mes deux mains dans mes cheveux et prend une grande inspiration. Il est étrange qu'on fasse toujours ça pour se clarifier l'esprit, comme si, tout d'un coup, une grande inspiration allait apporter un coup de fouet d'oxygène à notre cerveau. Le mien est trop étouffé par la fumée pour respirer alors je peux prendre toutes les inspirations que je veux, je sais que ça n'y changera rien. « Tu vois, y a rien. On ferait mieux de rentrer ». Oui, elle a raison. M'enfermer à la maison, pendant plusieurs jours s'il le faut, me semble être la solution. Encore une fois, il s'agit de fuir. Ça semble être tout ce dont je suis capable. Fuir et me plaindre. Il semble que Julia soit du même avis parce qu'elle se retourne alors et s’énerve. C'est soudain mais pas inattendu. Je pense qu'une partie de moi savait dès le début qu'on en arriverait là. J'espérait quand même que ce ne soit pas le cas. Bêtement, je pensais qu'elle pourrait me comprendre. Je pensais qu'elle était la seule à m'aimer inconditionnellement, quoi que je fasse, quoi je dise. Je ne comprend pas que c'est justement parce qu'elle m'aime qu'elle me hurle dessus de cette façon, dans un premier temps, en tout cas. Comme elle parle vite et que, moi, je fonctionne au ralentit, je ne saisis que quelques mots. J'ose croire qu'ils s'agit des plus importants.

« ... tu fous quoi avec ta vie, là ? ». Les larmes me montent aux yeux, ma gorge se serre. Je ne peux pas répondre à cette question. Ce que je fous de ma vie, c'est clairement pas ce qu'on attend de moi ni même de n'importe qui. Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je vais. Je sais à peine d'où je viens. De quelque part où je ne veux pas retourner. Je fuis, peut-être pas vers l'avant, mais je fuis. Je fuis à tous les temps. Au passé, au présent, au futur. C'est le présent qui pré-occupe Julia, on dirait. Elle n'est pas du genre à préparer sa vie et faire des plans élaborés pour le futur, je pense. Heureusement parce que si elle me parlait du futur, je serais encore plus embêtée. Le futur, c'est impossible à mentaliser pour moi. A croire que je ne peux pas m'imaginer encore en vie dans le « futur ». Alors, parlons du présent. Qu'est-ce que je fous avec ma vie, là, maintenant ? Les idées noires du Bad Trip m'encerclent, m'étouffent, et une petite voix me souffle : « Tu fais passer le temps en attendant la mort ». Ça ne peux pas être vrai. Ce n'est pas moi, ça. Cette voix ment. Pour autant, je ne trouve pas de meilleure réponse à la question de Julia. Du coup, je préfère ne pas répondre.

D'autres mots m'interpellent « pas d'autres corps ». Le monde bascule si fort et subitement que je me sens tomber. J'esquisse un mouvement pour écarter les bras comme si je cherchais à me rattraper à quelque chose et je fais un pas en arrière dans le but  de changer mon centre de gravité pour ne pas tomber. Ces gestes ne servent à rien et je me heurte à un sol qui ne bouge pas, ce qui, paradoxalement, me déstabilise. Déjà, alors que Julia a à peine fini de parler et me tourne de nouveau le dos, je ne se sais plus si j'ai bien entendu ces mots ou si je les ais rêvés. Je ne suis pas conne, « d'autres corps », ça voudrait dire qu'elle  en a déjà cachés, vus, touchés, plus tôt dans sa vie. Ce n'est pourtant pas possible. Egoïstement, la première raison qui me traverse l'esprit et pour laquelle « ce n'est pas possible » c'est que, si c'était vrai, elle m'en aurait parlé. Du haut de je ne sais quelle autorité, de je ne sais quel droit que j'aurais sur elle, je suis persuadée qu'une chose aussi grave, elle m'en aurait parlé. J'aurais été la première, si pas la seule, au courant. Ensuite seulement, je me dis que c'est impossible parce que ça ne fait pas partie de qui elle est. Sans comprendre pourquoi, je me met à pleurer. Peut-être parce que quelque chose de la fragilité de mon amie a fait le chemin jusqu'à mon âme, à réussis à me toucher malgré l'état dans lequel je suis. Il y a tellement de raisons pour lesquelles je pourrais être de pleurer en cette seconde que, finalement, je ne comprend plus rien.

J'ai envie de m'approcher d'elle, de la prendre dans mes bras et de lui mentir. Lui dire que le monde est beau, que la vie est belle, que personne ne meurt jamais, qu'on sera heureuses. Diable, j'ai même envie de lui « avouer » que j'ai inventé tout ça pour la faire venir. Elle m'en voudrait à mort, c'est sûr. Toutefois, ce mensonge pourrait peut-être la soulager. C'est tout ce que j'ai envie maintenant : la soulager. C'est tout ce qui importe. On oublie tout, on reprend à zéro, on a pas de passé, ni l'une ni l'autre. Sauf que ce serait oublier que je suis en grande partie responsable de sa détresse actuelle. Elle ne me laissera sûrement pas la toucher si je m'approche. Elle est très certainement entrain d'utiliser l'intégralité de son Self Control pour ne pas m'en coller une. Qui sait ce qui se passera si je pousse le bouchon trop loin. Donc, je ne peux pas la serrer contre moi. Je ne peux pas lui mentir non plus. Ce serait une insulte à notre relation. On ne s'en relèverait pas. Mentir à Julia, ça me paraît plus grave que tuer quelqu'un. Je suis dans une impasse. Il me semble qu'il n'y a rien que je puisse faire.

Tout d'un coup, un tourbillon de révolte se lève en moi. Je peux – je veux – faire quelque chose. Je ne dois pas me laisser faire, pas baisser les bras. Il y a trop de gens proches de moi, trop de gens que je risque d'entrainer dans ma chute si je lâche complètement les rennes. Je l'ai bien vu, ces dernières semaines. Plus que jamais j'ai abusé des sorties et de toutes les substances et ça m'a mené ici. A travers la brume de mon esprit, je peux le comprendre : ce sont les drogues la base du problème. Je ne peux peut-être rien faire pour soulager ma meilleure amie dans l'immédiat mais je le pourrais si je n'étais pas défoncée. Je pourrais remplir mon rôle d'amie et la protéger contre cette histoire de corps à cacher. Qu'ils soient réels ou imaginaires, je veux l'en protéger. Ces pensées me donnent la force de me re-saisir. Pour combien de temps ? Impossible à dire mais là, je suis persuadée que je veux faire un effort. Si pas pour moi, au moins pour elle. Je tend la main et lui effleure l'épaule, furtivement.

- Hey... Ne me ferme pas la porte au nez. Je veux m'en sortir. Je me ferai aider. Je suis désolée de te faire subir tout ça. Je dois quand même te demander de ne pas fermer cette putain porte, j'ai besoin de toi.

Je suis pas tout à fait sûre de faire sens. Je pense quand même que j'ai réussis à exprimer ma pensée. Je ne m'excuse jamais, d'habitude. Encore moins n'ai-je pour coutume d'avouer ma fragilité et mon besoin de quelqu'un. Je me sens extrêmement fragile en ce moment. En fait, je suis fortement fissurée dans tous les sens et je viens de donner à Julia le pouvoir de terminer de me casser entièrement. Quelque part, c'est ça la vraie amitié : s'exposer et prendre des risques. Elle pourrait très bien me repousser, me laisser tomber. A vrai dire, ce serait peut-être mieux pour elle. Il est certain que ce ne serait pas bon du tout pour moi. Parce que je suis entrain d'accepter que j'ai un problème, je suis sur la brèche, au moment où je peux tomber d'un côté ou de l'autre. J'ai peur de tomber dans la sentimentalité alors j'ajoute, rapidement :

- Ramène moi à la maison, on parlera quand je serai clean.

Tout ça sonne très égoïste, comme si c'était autour de moi, en entier. Pourtant non, c'est parce que j'ai envie de parler d'elle que j'ai envie d'être clean. Pour pouvoir l'écouter et mettre au clair cette histoire d'autre corps. Il y a cependant un risque qu'une fois dessoûlée, je ne m'en rappelle pas ou me rende compte qu'elle n'a pas prononcé ces mots angoissants. Une partie de moi se demande à quel point mes propres paroles sont sincères ou sont des paroles d'ivrognes. Est-ce que j'aurai la force de réellement me faire aider ? Tout ce dont je suis sûre pour l'instant c'est que je vais passer les prochains jours à la maison en alternant sommeil, douche, jogging, douche, sommeil. Je me ferai porter pâle auprès de mes parents pour qu'ils me foutent la paix. Seule Julia saura ce qui se passe réellement... si elle n'en décide pas autrement.
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MessageSujet: Re: I think I've killed someone [Julia] I think I've killed someone [Julia] Icon_minitimeJeu 29 Mai - 18:09

Minnie se mit à pleurer. Ça, Julia s'en rendait à peine compte. Pas seulement parce qu'il faisait sombre, et que le visage de la jeune femme n'était pas éclairé, mais surtout parce qu'elle était occupée à déverser tout ce qu'elle avait à dire. À crier à Minnie son grand ras le bol. Alors elle se déchainait, elle engueulait littéralement sur Minnie alors qu'il ne faisait aucune doute qu'elle n'était pas la meilleure pour donner des leçons. Et Minnie s'était mise à pleurer et ça, Julia ne le voyait pas. Quand elle eut fini, elle réalisa, trop tard, qu'elle en avait trop dit. Que dans ses paroles qu'elle avait jetées sans faire attention, il y avait des choses qui n'auraient pas dû y être. Elle se détourna de la McCormick, persuadée que, de toute manière, elle ne l'avait pas entendue, sûrement même pas écouté. Elle le savait bien, que ce qui la préoccupait ne devait pas beaucoup inquiéter Minnie, mais elle avait ressenti ce besoin de l'extérioriser. Et maintenant que c'était fait, elle était là, lui tournant le dos, encore écumante de rage, à soupirer pour faire passer le coup. Elle aurait voulu reprendre sa voiture, démarrer, et rentrer à la maison, mais elle ne pouvait pas, parce que Minnie n'était pas en état de conduire. Il fallait bien que quelqu'un la ramène chez elle. Aussi en colère Julia pouvait-elle être contre son amie, elle ne pouvait se résoudre à la laisser là. C'était ça, finalement, elles deux. Elles avaient beau se crêper le chignon et se disputer, elles auraient été bien incapable de s'abandonner. Minnie était probablement la seule à la comprendre, par ici. Oh bien sûr il n'y avait pas qu'elle. Mais c'était la seule avec qui Julia n'était pas en froid, ou qui ne l'énervait pas de trop. Alors Julia ne pouvait pas la laisser, pas même penser à l'oublier dans un coin. Parce qu'elle était tout ce qui lui restait, et que si elles se fuyaient l'une l'autre, elles seraient définitivement perdue. C'était presque avec soulagement que la Fitz sentit la main de Minnie se poser sur son épaule, avec soulagement qu'elle apprenait qu'elle ne l'avait pas seulement entendue, mais aussi écouté, cette fois. Sa poigne était douce et si, habituellement, Julia l'aurait repoussé, cette fois elle n'en fit rien. Elle avait trop peur de sa réaction, si elle se dégageait. Alors elle ne bougea pas, se contentant de fixer un point au loin dans le noir, et d'attendre, tendue, se demandant ce que Minnie allait bien trouver à répondre. À sa grande surprise, sa voix fut douce, ses mots lents, comme pour qu'elle s'imprègne de chacune de ses paroles et les assimile. Alors Minnie souffla des choses que Julia n'aurait jamais pensé entendre. Elle avait besoin d'elle, elle se ferait aider, elle était désolée, mais elle avait besoin d'elle. Julia ne bougea pas. Comment être sûre qu'elle pensait tout ce qu'elle disait ? Après tout, ce n'était que des mots. Elle la connaissait assez pour savoir qu'elle était capable de dire un tas de choses, mais qu'au final, rien ne l'obligeait à tenir parole. Elle ne connaissait que trop bien cette bonne vieille technique de rassurer quelqu'un par les mots sur l'instant, mais tout oublier la seconde d'après. Combien de fois l'avait-elle elle-même utilisé. Alors elle laissa filer quelques secondes, réfléchissant à ce qu'elle venait d'entendre. « Tu seras jamais clean. » Elle ne la croyait pas. Elle la connaissait assez pour être sûre qu'elle tenait trop à ce genre de choses, les fêtes, les drogues, l'alcool. Elle-même y tenait. Elle-même ne pouvait s'en passer. Alors comment osait-elle lui demander de se faire aider ? Julia réalisa soudain la portée de ses paroles. Elle était franchement culottée, pour dire ça. « Laisse tomber, Minnie. » elle essuya une larme qui coulait sur sa joue, se retourna et s'efforça de faire un petit sourire lorsque leurs regards se croisèrent. Puis elle lui prit la main, et l'entraina vers la voiture. Elles parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de l'auto en silence, puis Julia s'installa à la place du conducteur, crispée. Elle mit les mains sur le volant, mais ne démarra pas; elle avait l'infime impression que ce n'était pas fini. Qu'il ne fallait pas qu'elles laissent couler ça, comme si de rien n'était, qu'il ne fallait pas qu'elle le taise. Réduisant le son de la radio au minimum, coupant le moteur, elle posa le front contre le volant et soupira. Elle resta ainsi quelques secondes, les yeux fermés, à se demander si Minnie l'avait suivie à l'intérieur, tant le silence était complet. Et puis elle murmura, sans bouger. « Combien de temps ça va durer, tout ça ? » Il y avait tellement de choses auxquelles elle faisait allusion qu'elle espérai que Minnie lisait dans ses pensées pour qu'elle n'ait pas à s'expliquer. Il y avait tellement de trucs qui duraient depuis trop longtemps, et dont elle n'en pouvait plus. Tellement de choses dont elle ne parlait pas, mais dont elle aurait juré que Minnie était au courant. Parce que Minnie savait tout, tout d'elle. Ou presque.
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