Autrefois, froide et distante, Scarlett a depuis bien longtemps déjà quitté les pages de son journal intime pour s’ouvrir plus au monde. Il faut dire que faire partie de la famille Spencer éveille déjà un mystère intriguant, il existe d’ailleurs toujours un décalage entre la plupart des habitants du quartier et eux. Néanmoins devenue plus sociable avec le temps, Scarlett se mélange désormais mieux à ceux qui l’entourent. Moins introvertie qu’auparavant, son caractère a bien changé : plus affirmée avec le temps, la jeune femme reste discrète mais ne se laisse pas marcher sur les pieds. Sous couvert de son regard espiègle, certains n’ignorent pas qu’elle est très intelligente et pose souvent les bonnes questions. Drôle et amusante, elle ne manque jamais une bonne occasion de délirer. Facile à vivre en général, c’est aussi quelqu’un sur qui on peut compter et qui essaie d’être là pour ses proches, en particulier dans les situations difficiles. Par contre, quand elle a une idée en tête, il est difficile de lui faire changer d’avis. Têtue et bornée, elle peut se montrer impulsive, surtout dans ses sentiments. Si elle s’attache à une personne, c’est généralement inconditionnel. Généreuse, elle peut donner beaucoup à une personne ou en faire beaucoup pour quelqu’un. En revanche, Scarlett n’apprécie pas les mensonges et ne supporte pas la trahison. De nature rancunière, elle peut mettre longtemps à pardonner si elle a été déçue ou blessée. La plupart du temps, elle essaie tout de même d’éviter les conflits et de régler ce qui ne va pas calmement. Après tout, personne n’est parfait. Elle non plus. Malgré son franc-parler, elle ne manque pas de tact et de diplomatie quand la situation l’exige  D’autres traits de caractère qui ne manqueront pas d’être relevés et d’attirer la sympathie envers Scarlett sont son impatience digne d’une enfant de cinq ans quand on lui réserve une surprise et sa maladresse légendaire qui la rend plutôt « cute ». Pour le reste, c’est à découvrir.

Scarlett a une famille assez difficile à cerner. Aux yeux des habitants du quartier, ils sont une petite famille modèle et unie, mystérieuse tout au plus. Bien des gens penseraient autrement s’ils savaient les secrets qui la bercent. Thomas Spencer tient la morgue de la ville. Des morts, il en a vu. La relation père-fille n’est pas catastrophique mais elle n’est plus au beau fixe en raison des tensions qui règnent dans la famille depuis plus d’un an déjà. Autrefois proche de lui, Scarlett s’en est plutôt éloignée. L’assistante de Thomas, Arsinoé Spencer, a accouché de Scarlett sur son lieu de travail. La mère et la fille ont toujours eu une relation plutôt fusionnelle et rarement conflictuelle, même si la plus jeune des sœurs Spencer a souvent eu du mal à s’ouvrir à elle. Vu tous les mystères qu’incombent la profession de ses parents, la jeune femme a le sentiment qu’ils n’ont pas pu sortir intacts de cette existence décalée. Pourtant, ils font tous pour les trois enfants Spencer. Elisabeth, Carl et elle sont bien entourés. C’est sans doute ce qui rend cette famille unie aux regards extérieurs. Façade ou pas ? Scarlett ne pourrait plus dire ce qu’il en est. Malgré les tensions qui règnent dans la famille, elle reste très attachée à son frère et sa sœur. Distante de nature, elle ne leur montre pas souvent cet attachement. D’ailleurs, ils ne se comprennent pas toujours entre eux mais ils restent tout de même présents et soudés les uns pour les autres en cas de problème. C’est le plus important à ses yeux.

Quand ils étaient petits, Carl a eu sa période où il voulait devenir apprenti coiffeur. Mais comme c’était un garçon, il n’avait pas de poupée sur lesquelles il pouvait s’exercer. Alors comme Scarlett avait de longs cheveux, elle a proposé qu’il essaie sur elle. Son frère a bien commencé à couper au début, mais Elisabeth a débarqué dans la pièce et s’est mise à rire. Elle a tellement rigolé que Carl s’est mis a rire aussi et qu’il a loupé les cheveux de Scarlett en la coupant. Elle avait un côté super court et l’autre très long. Il a fallu rectifier ça… Au final, elle s’est retrouvée avec une coupe à la garçonne pendant des mois. Horrible ! Scarlett en rit aujourd’hui, mais à ce moment-là, ça a été désagréable et épouvantable. Elle a refusé d’aller à l’école les premiers jours, puis ses parents ont bien dû la forcer. Scarlett a porté un bonnet tous les jours pendant deux moins au moins pour se cacher. C’est pourquoi Carl n’est pas coiffeur aujourd’hui ; ce qui n’est pas plus mal pour les parents Spencer, puisqu’à part leur fils, personne ne veut reprendre l’affaire familiale qui n’est autre que cette morgue lugubre et glauque. Cette histoire a tellement traumatisé Scarlett que c’est sans doute une des raisons qui expliquent qu'elle a de si longs cheveux aujourd’hui…

Scarlett releva les yeux vers Nathanaël quand il lui demanda ce qu’elle avait pensé sur eux. La jolie brune ne savait pas quoi lui répondre, sachant que si elle lui avouait ce qui lui était vraiment passé par l’esprit, cette table ne serait déjà plus entre eux. « Beaucoup de choses. Tu sais bien que ça a toujours été le grand bordel dans ma tête. » Expliqua-t-elle brièvement, d’une réponse qui n’engageait à rien. Bordélique. C’était le bon mot pour représenter leur relation en dent de scie et encore plus son éternelle indécision bien que dernièrement, celle-ci s’estompait de plus en plus. Scarlett se reconcentra sur les desserts que venait de leur apporter la serveuse asiatique. Ils ne partaient pas vraiment en Chine pour leur dernier ‘plat’, mais la jeune femme était bien contente de retrouver des saveurs connues. Nathanaël n’avait pas l’air très attiré par les fruits mélangés, en revanche, il s’attaqua vivement à sa dame blanche tout en proposant à la Spencer d’en mélanger avec son propre dessert si elle en voulait. Par petite gourmandise, Scarlett lui chipa une cuillère de vanille et de chocolat fondu avant de se rendre compte que Nate en avait mis sur le côté de son visage. La jeune femme avait beau essayer de lui indiquer l’endroit, il n’arrivait pas à le trouver. Amusée, elle avança alors la main pour la lui retirer de son visage avant de retrouver sa place. Mais c’était sans compter sur la ‘maladresse’ de Nathanaël qui quelques bouchées plus tard en remit une couche. « T’en manges décidément moins que tu n’en laisses sur le côté. » Dit-elle en souriant, avant d’avancer à nouveau la main. Toutefois, l’Evans lui empêcha de les bouger en les lui serrant légèrement contre la table. « Qu’est-ce que tu fais ? » Elle le regarda interloquée… avant de comprendre l’intention. Scarlett n’aurait pas droit à l’option « mains » pour s’exécuter. Il n’en restait pas beaucoup d’autres. La jeune femme n’hésita pas une seconde supplémentaire. Nathanaël lui donnait une énième occasion d’un rapprochement alors qu’elle en avait déjà évité plusieurs depuis le début de leur soirée. Elle n’en avait plus envie. C’était trop dur. La jolie brune avança instinctivement son visage du sien, mais s’arrêta à quelques millimètres, faisant durer le moment quelques secondes de plus. Elle se mordait la lèvre inférieure, signe de son idée en tête. Scarlett aurait encore pu trouver une parade, attraper une serviette avec ses dents et la lui tendre pour se jouer de lui, mais elle n’en avait pas envie, ce qu’elle voulait c’était… lui. Tout simplement. La jeune femme posa sa bouche à l’endroit exact où il restait de la glace sur le visage de Nathanaël pour l’en débarrasser avant que leurs lèvres ne se trouvent naturellement. Elle ferma les yeux pour profiter pleinement de ce baiser doux et tendre tout d’abord, puis un peu plus intense et passionné, si bien que la température dans le corps de Scarlett grimpa instantanément de quelques degrés. Au bout de plusieurs secondes, la jeune femme reprit son souffle et plongea de nouveau son regard – brûlant – dans celui de l’homme qui faisait battre son organe à un rythme endiablé en cet instant précis. La jolie brune n’avait plus ressenti quelque chose d’aussi ‘euphorique’ depuis le Nouvel An. L’explication était encore une fois évidente. N’y tenant plus, Scarlett abandonna sa salade de fruits et se leva doucement pour contourner cette table qui les séparait et se retrouver derrière la chaise de Nathanaël. Elle se pencha alors légèrement en avant, ses bras s’enlaçant autour de son cou, sa tête se situant à hauteur de son épaule et de son oreille. Elle non plus ne serait pas la reine de la subtilité ce soir. Non, Scarlett avait décidé de peser chacun de ses mots et d’assumer absolument tout après cet échange révélateur pour elle. La jolie brune n’avait plus envie de rien lui cacher de ce qu’elle pensait… avant qu’il ne soit peut-être trop tard que ce soit pour cette histoire d’accident qui pouvait à nouveau les séparer ou pour leurs sentiments qui revenaient à la charge et ne devaient pas disparaître définitivement. « Tu sais à quoi je pensais tout à l’heure ? » Revint la jeune femme sur ce qui lui était précisément passé par la tête. Ce qu’elle allait faire n’était pas bien, elle le savait et elle se détestait de ne plus savoir y résister, mais le meilleur moyen d’arrêter de blesser les gens autour d’elle était de cesser de se voiler la face. « J’aimerais… qu’on soit ensemble. » Ajouta-t-elle encore plus bas en déposant ses lèvres près de son oreille. Son cœur battait à nouveau à coups redoublés. Scarlett avait laissé Nate prendre encore un peu plus possession de son corps, de son âme, le laissant s’agripper à son organe battant. Quitte à parler franchise, autant tout lui dire ce soir. Lui offrir tout ce qu’elle pouvait encore, parce que tout lui appartenait d’ores et déjà. La jolie brune se détacha ensuite et fit mine de s’éloigner pour s’éclipser et ne pas avoir à affronter son regard et encore moins sa réaction après ce qu’elle venait de lui dire, mais il ne lui en laissa pas vraiment l’occasion. ‘Gardée’ près de lui, Scarlett redoutait terriblement sa réponse. La peur lui nouait littéralement le ventre de l’intérieur. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour le dire, dans ce restaurant bondé, au lieu d'un endroit romantique et privé, mais elle n'avait plus su retenir ce qu'elle ressentait. C’était connu. Se mettre à nu par des mots avait toujours été bien plus difficile que tout autre chose.