- C’était pas Monsieur Mayfield ?

- Si… !

Répondit Jesse dans un rire avant de prolonger le baiser enflammer avec son partenaire de la soirée. Monter dans sa chambre ? Ils allaient y venir bien sur, mais passé le cadre de la porte, l’adolescent n’avait pas résisté longtemps à prendre les choses en main au plus vite. Le charmant garçon de ce soir se nommait James Andrews et cela faisait déjà un bon moment qu’il programmait de le mettre dans son lit. Elève à l’université, ce fils a papa au visage angélique lui avait tapé dans l’œil, et rien ce soir, maintenant qu’il avait enfin attiré ses faveurs, n’allait l’arrêter dans sa démarche. Ou presque…

- Tu m’avais pas dit que c’était lui le frère de ton colloc !

Jesse arqua un sourcil interrogateur. Ce n’était pas le genre de phrase qu’il s’attendait à entendre en pleins préliminaires, et il ne voyait foutrement pas l’intérêt de dire que Peter Mayfield était son logeur, alors que l’angelot l’excuse. Ce détail cependant semblait profondément rendre James mal à l’aise et l’étudiant se défi de l’emprise en rattrapant le seul vêtement que Jesse aurais réussi à lui ôter ce soir : Sa veste.

- On peux savoir se que tu fais ?

- C’est mon prof, c’est vraiment la honte j’espère qu’il m’a pas remarqué.

Rire amer. Quelle blague. L’angelot était décemment trop bête. Il ne voulait pas ternir son image hein ? Sa belle image aux yeux de son prof et des autres ? Image qui de toute évidence comptait plus que lui. Le garçon ne chercha même pas à rattraper sa proie, a partir du moment ou ‘la honte’ de l’autre avait été évoqué, il n’avait plus tant la volonté de le ramener dans ses filets. Ce n’était pas une question de pouvoir car si il en avait eu la volonté James n’aurait pas repasser si vite le cadre de la porte de la maison trente six, mais la, il n’en avait même pas envie.

La porte était maintenant claquée et Jesse se retrouvait seul dans le salon. Enfouissant ses mains dans les poches il fit quelque pas aux hasard tentant de calmer en vain sa frustration. Il pouvait toujours tenter de rendre visite à Julian King… Plus tard peut être, avant ça il avait une autre idée.

C’est ainsi que Jesse ouvrit la porte du bureau, attrapant un bouquin dans la bibliothèque sous le regard interrogateur de Peter tandis qu’il alla prendre place dans le petit fauteuil qui se trouvait dans le coin de la pièce. Peter continuait de le fixer, en guise de réponse le jeune homme se contenta de lancer amèrement.

- Tu viens de pourrir ma soirée, je viens pourrir la tienne.

Et voilà qu’il soupirait. Jesse jeta un coup d’œil au professeur avant de ne baisser les yeux vers le livre dont il s’était saisi et de l’ouvrir à la page ou il avait arrêté sa dernière lecture. La vérité c’est qu’il ne voulait pas tant ‘pourrir’ la soirée de son logeur, il n’avait simplement pas envie de rester seul et Peter était de bonne compagnie. Certes une partie de lui lui en voulait, mais il en tenait plus rigueur à James Andrews qu’à monsieur Mayfield dans le fond. Alors que son doigts se baladait entre les lignes pour retrouver le passage qui l’intéressait, il ne pu s’empêcher de relever les yeux vers l’homme assis à son bureau. Il fallait maintenant rajouter une chose pour être honnête, si Peter était de bonne compagnie c’était aussi parce qu’il était particulièrement séduisant et il était loin de laisser Jesse indifférent. Bien que cet histoire ne dépasserait sûrement pas le cadre du fantasme, non pas qu’il doute qu’il puisse l’avoir mais plutôt parce que c’était une mission délicate de s’attaquer au frère de son meilleur ami, Jesse ne s’empêchait pas d’observer les moindres gestes de Peter. Le pire, c’est que cet homme n’avait aucunement conscience qu’il dégageait un charme fou, se qui était aussi touchant qu’agaçant. C’est à ce moment la qu’il choisit de répondre à la repartie cinglante lancé plus tôt.

Les règles de cette maison ? C’était bien un professeur… Il avait été jeune lui aussi, non ? Quoi que Jesse quelques fois se permettait d’en douter. Jesse ne pouvait pas s’empêcher de croire que Peter avait toujours été d’un sérieux exemplaire et qu’il n’avait pas dépassé grande limite dans sa vie. Bryan lui avait toujours dit qu’il avait été un élève exemplaire et qu’il avait marché tout droit vers son destin de professeur à l’université sans jamais reculer. Et puis lors de cette route il avait écrit un livre, un livre passionnant par ailleurs, et il se demandait bien pourquoi il s’était contenté que de cet unique succès.

Quand au « tu devrais être content que j'accepte que tes petits copains viennent ici. » il ne su si c’était une attaque directe sur le fait que se soit des hommes, ou si ce n’était que parce que cela perturbait monsieur de savoir que Jesse avait une vie sexuelle active. Perturbait dans le sens ou les murs était fins, en plus de ne pas être solide selon les dires du professeur puisque celui-ci prétendait qu’il pouvait en casser quelques uns. Pitié… Jesse ne pu s’empêcher d’en tirer un sourire en coin assez moqueur qu’il ne tenta pas vraiment de dissimuler à celui qui l’avait provoqué.

- Si c’est le cas ce n’est pas mes fréquentations qui sont à revoir monsieur, mais plutôt l’état de votre maison…

Le garçon s’enfonça un peu dans son fauteuil sans quitter sa mine amuser tout en fixant son interlocuteur. Qu’il n’aille pas s’y méprendre par ailleurs, Jesse lui était réellement reconnaissant d’avoir accepter de les loger. Quand au "monsieur", il aimait quelque fois souligner ce fait. Oui Peter était son professeur et il était son élève, mais pas un élève comme les autres.

- De toute manière je ne ferais plus d’entré aussi fracassante, je risquerais d’attirer ta colère, se qui te ferait venir vers nous et faire fuir mes pauvres amis qui prennent peur en se rendant compte que je vit dans la maison du professeur de Français…

Et tant pis si il balançait le pauvre James au cas ou Peter n’ai pas remarqué qu’il s’agissait d’un de ses élèves. De toute manière, il devait s’en moquer totalement, se qui agaçait d’autant plus Jesse. Le départ du garçon devenait encore moins justifiable.

« Tu vois qui tu veux Jesse. » Ca il n’avait pas entendu de l’entendre pour l’appliquer. Quand bien même on le lui aurait interdit, il l’aurait fait. Quitte à se retrouver sans toit même, car il si il y avait bien une chose qu’on ne lui retirerait pas c’est sa liberté de choisir avec qui il voulait être. Il avait déjà eu assez de difficulté, jeune, à défendre son homosexualité, maintenant qu’il la revendiquait et l’acceptait totalement il n’allait pas laisser dire untel ou untel qu’il n’avait pas le droit de fréquenter cette personne la ou une autre.

De toute manière Peter avait l’air d’être quelqu’un d’ouvert. A vrai dire il n’avait jamais fait de remarque sur le fait qu’il était gay, même pas glissé une de ces phrases qui pourrait passer inaperçu à l’oreille d’un inattentif mais qui était bourré de sous entendu. Non il n’y avait pas à dire, son logeur n’avait pas de soucis avec ses préférences mais plutôt avec ses manières de procédé. Et puis d’où sortait il ces lois de la maison d’ailleurs ? A moins qu’il en ai parlé et que Jesse était occupé à autre chose, mais il était pourtant de nature attentive… Peut être en avait lui en avait il touché deux mots quand lui avait eu un moment d’égarement en matant très sérieusement le professeur. Et puis quand même, ce n’était pas comme si il ramenait un garçon par soir… Certes il avait des relations, mais il ne fallait pas non plus pousser. De toute manière, Jesse préférait de loin ne pas disposer tout de suite de la personne sur qui il avait des vues. La ‘chasse’ c’était tout un art, et il aimait les défis. Avoir des ‘coup d’un soir’ qui acceptait l’offre sans poser de questions, c’était sympa mais ce n’était pas vraiment son idéal, il aimait avoir travailler dur pour obtenir les faveurs de quelqu’un. Bien sur ses histoires ne duraient jamais longtemps… « On s’ennuie de tout, c’est la loi de la nature » Si bien que si Jesse avait désiré avec la plus grand ferveur une personne, quand il l’avait, quand il sortait avec, il perdait petit à petit cet volonté folle d’être tout pour lui. Il avait ainsi par se dire que l’amour ne devait finalement pas exister, que c’était une belle idée mais qu’elle n’était elle aussi qu’un fantasme. Jusqu’au jour ou, peut être, ça lui tomberait dessus… En attendant il se satisfaisait totalement de sa situation.

La dernière réflexion de Peter, alors qu’il rangeait ses feuilles, laisse un instant Jesse sans voix. Bien sur il n’avait pas tord, mais l’entendre de sa bouche était surprenant, il n’aurait su bien expliquer pourquoi. C’était comme le début d’une conversation sérieuse et qui pourrait durer, se qu’ils n’avaient jamais encore vraiment fait. En effet a part s’échanger des banalités, bavarder à trois avec Bryan, on ne pouvait pas dire que Peter et Jesse savait déjà tout l’un de l’autre, au contraire.

- C’est se que je pensais aussi oui…C’est pour ça que je ne l’ai pas rattrapé d’ailleurs.

Mais il ne voulait pas vraiment parler de l'incident de ce soir, si on partait du principe qu'il était venu ici pour se changer les idées... D'ailleurs il rangeait son travail, surement par ça faute et vrai dire il s'en fichait un peu, il aimait monopoliser l'attention, et si il avait continuer a corriger ses copies alors qu'il lui parlait il l'aurait surement mal pris.

- Par curiosité, comme ça, tu es déjà tombé amoureux Peter?

Question pour le moins... Surprenante, et qui tombait la sans qu'on ai rien demandé, mais pourtant Jesse était très sérieux et attendait patiemment d'avoir sa réponse, sans sourire amusé ni un brin de moquerie se qui était assez rare.

Aussi étrange que celui puisse paraître le fait que Jesse n'ai pas cherché à rattraper son compagnon de ce soir n'étonne pas Peter. L'adolescent ne devait pas être ce genre de personne à courir après leur proie qui se dérobait pour des choses futiles que d'apprendre des choses même pas spectaculaires.

Si Jesse voulait ne pas s'ennuyer il n'avait qu'à lire le bouquin que leur avait demandé de bouquiner le célèbre écrivain, « Antigone » de Jean Anouilh, une œuvre inspiré d'un mythe antique que Peter aimait beaucoup. Cependant ce dernier avait bien remarqué que ses élèves étaient plus branchés bandes dessines et autres dérivés que roman ou pièces de théâtre, à sa grande desespérance.
Il jeta un oeil à Jesse qui n'avait toujours pas bougé de son fauteuil.

Je vois.

En fait il ne voyait pas du tout mais c'était le genre de phrase composé d'un sujet et d'un verbe qui voulait tout dire et rien en même temps. Par contre la question qui suivit fit hausser les sourcils du plus âgé de la maison tellement il n'y attendait pas.

Pourquoi ? Tu es amoureux ?

Il fallait qu'il arrête de regarder des films. Chaque fois que les personnages posaient ce genre de questions à quelqu'un qui avait de l'expérience c'était parce que c'était son propre cas. Il ne voyait pas du tout l'adolescent éprouver ce genre de sentiment. De toute façon si c'était le cas, il s'adressait à la mauvaise personne. Peter n'avait eu qu'une seule copine dans sa vie et il l'avait quitté pour se consacrer à son livre. Alors niveau conseil c'était mort. Avant que Jesse puisse répondre il rajouta :

- Enfin, non, pas vraiment...et puis c'est quoi l'amour au fond ? C'est juste un nom donné à un sentiment non défini. Chaque personne à sa vision de l'amour. Pour moi, c'est un sentiment qui amène toujours vers la souffrance.

- Moi amoureux ?

Répéta t’il cette fois bel et bien amusé.

- Pas amoureux, curieux.

Corrigea t’il tout de suite avec un léger sourire en pianotant ses doigts sur le livre qu’il avait en main. L’amour… C’était un sujet bien vaste, et il n’était clairement jamais tombé sous son emprise. Parce qu’il doutait que le fort désir qu’il ressentais souvent pouvait être assimilé à l’amour, ce n’était pas celui qui rendait fou la plupart des héros désespérant de romans ou les jeunes filles dans tout bon films américains qui se respecte. Si cependant l’amour existait bien il ne devait pas durer, et pourtant, même des personnages comme Valmont a qui il aimait s’assimiler (oui Jesse voyait bien haut quelques fois…) finissait par tomber dans le piège. Alors oui, il était curieux de savoir se que c’était mais pas non plus impatient.

- C’est d’un optimisme…

Souffla Jesse, entendant la réponse du professeur en haussant les sourcils et en rouvrant la page de son livre. Car cette réflexion lui avait rappelé un passage qui l’avait justement intrigué dans l'œuvre qu’il tenait entre les mains. Alors oui, il avait très subtilement dirigé la conversation, mais de la à dire que tout était programmé, c’était faux. Cependant l’occasion était trop belle et il avait clairement envie d’attirer l’attention de Peter, c’est dans cet optique que le garçon se leva en prononçant en français ce texte sur lequel il avait porté ses interrogations l’autre soir.

- « On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois; mais j’ai aimé. C’est moi qui est vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »

Maintenant, le garçon était juste en face de Peter et il referma le livre en levant les yeux vers lui, sourire en coin.

- Alfred de Musset, mais je ne vous apprend rien n’est ce pas monsieur le professeur de Français ?

Jesse colla alors le bouquin contre la poitrine de Peter en gardant sa main posée sur la couverture. A quoi il jouait ? Il ne savait pas particulièrement non plus, mais il s’amusait c’était certain. Le professeur était trop séduisant pour qu’il n’arrive à se priver de ça, après tout il ne faisait rien de mal.

- Alors ? Est se qu’on ne se sent pas plus vivant que jamais quand on est amoureux ? Je ne sais pas se que c'est, je ne sais même pas si il existe vraiment. Mais même si cela apporte de la souffrance justement je ne veux pas l'éviter… Se sont finalement peut être les lâches qui décide de ne pas tomber dans ce piège.

Lui en tout cas, luttait contre la terrible envie d’embrasser l’homme qui lui faisait face. Il n’y avait que quelque centimètre qui les séparait et vue d’ici le regard perdu de Peter était d’autant plus saisissant.

- Et tu n’es pas un lâche n’est ce pas ?

Il avait envie de rire. Pas par moquerie, c’est juste cette réaction étrange qu’avait eu Peter qui lui-même ne semblait pas trop savoir pourquoi il s’était levé. Ils se retrouvaient maintenant face à face et visiblement le professeur ne savait pas vraiment ou se mettre, si bien qu’il finit par rendre le livre que Jesse lui avait donné plus tôt dans un geste un peu hasardeux. En continuant de le fixer, le garçon livre en main, croisa ses mains derrière son dos en regardant Peter se défaire légèrement de cette mesure qui lui était propre. Il avait toujours l’air tellement calme alors le voir perdre ses moyens même si il gérait encore totalement la situation, il fallait avouer, était un spectacle assez plaisant…

Jesse attendait donc avec impatience que le professeur reprenne la parole, et il ne s’étonna guère de comprendre qu’il allait y parvenir en se rattrapant à la branche « devoir et étude ». Presque trop prévisible… Le garçon soupira et avança de quelque pas pour s’éloigner un peu de Peter avant se tourner vers lui.

- Je sais oui, Antigone d’Anouilh, je l’ai finis le soir même ou tu as demandé de le lire.

Jesse détourna le regard un instant, levant les yeux vers le plafond l’air songeur avant de reprendre en partant du principe qu'ils était redevenus le professeur et l'élève.

- D’ailleurs, pour moi Antigone à beau défendre l’idée qu’elle agis pour son frère, on vois bien que quand elle est à cours d’arguments sur ce propos elle trouve encore à relancer la machine… Alors que Créon s’accorde à lui laisser la chance de s’échapper, elle ne la prend jamais. Tout ça pour dire que pour moi Antigone, dans cette réécriture tout du moins, est juste trop lâche pour se donner la mort elle-même, alors elle pousse à bout son oncle pour que se soit lui qui la lui offre, jusqu’à se rendre compte du vide de son entreprise… Du moins c’est mon interprétation. Bref tout ça sera développé dans ma copie monsieur.

Conclut il avait un léger sourire satisfait. Oui Jesse était un bon élève, du moins il était curieux et intéressé, un bon duo de qualités pour un étudiant. Il n’était pas aussi rigoureux dans toute les matières, mais s’étant spécialisé dans un cursus de lettre, justement parce qu’il en était passionné facilitait plutôt la chose. Et il fallait dire qu’il était plutôt bien tombé avec Peter comme professeur de Français vu qu’il leur faisait étudier des œuvres vraiment intéressante.

Bref, il n’avait pas non plus envie de tirer la carte de l’intello. Dommage qu’il n’ai pas plus de lacune d’ailleurs, il aurait pu en profiter pour obtenir des cours privé de Peter, mais bon n’exagérons pas les choses… Quoi qu’en y pensant…Il pourrait toujours lui demander des cours d’écriture, le conseiller un temps sois peu. Peter était écrivain après tout, et lui-même avait toujours aimé écrire bien qu’il ne pensait pas spécialement à une carrière d’écrivain mais plutôt quelque chose dans le domaine de la traduction. C’était une idée.

Jesse décroisa ses mains et jeta un coup d’œil au livre que lui avait rendu Peter en passant par la main qu’il avait serré un peu plus tôt. Il savait pertinemment qu’il n’y avait rien d’ambigu dans ce geste, mais il n’était pas innocent pour autant. Le garçon rangea la pièce de Musset dans la bibliothèque avant de ne se retourner vers son interlocuteur.

- Tu rattaches toujours les conversation un temps sois peu sérieuses ou qui mettent mal à l'aise aux études ? C’est plutôt habile comme manière de s'en sortir.

Pas du tout, vraiment ? Eh bien il voulait bien y croire, mais il n’était pas non plus certain d’être en tord. Il retenterait l’expérience, histoire de vérifier. Mais si Antigone elle avait toujours des arguments pour tenter de faire céder de Créon, Peter lui semblait avoir toujours des sujets pour se sauver d’affaire. Ce n’était peut être qu’une impression après tout, mais il avait tout de même la certitude que c’était un homme qui évitait toujours les conflits. Non qu’il soit lâche, non pas du tout… C’était tout à fait concevable, mais quelque fois il fallait tout de même s’expliquer. La évidemment, c’était autre chose, Jesse abordait un sujet que de toute évidence l’autre ne maîtrisait pas et à vrai dire il ne faisait rien pour le mettre à l’aise. Il aurait juste aimer savoir jusqu’ou les aurait mener cette discussion mais Peter l’avait habilement avorté. D’un côté ce n’était pas plus mal, le garçon comme ça apprenait à voir les réactions que pouvait avoir le professeur lors d’une discussion et très sérieusement, ça lui plaisait beaucoup.

Sans l’annoncer, Peter quitta les lieux, tasse en main et se dirigea vers la cuisine. Jesse le suivit du regard avant de jeter un coup d’œil au bureau maintenant déserté pour finalement suivre les pas son logeur et aller s’appuyer au cadran de la porte en le regardant s’activer à sa tache. A priori ce dernier avait une certaine importance, puisque qu’il n’aurait su expliquer pourquoi mais l’homme prenait un certain soin à la nettoyant. Sûrement un cadeau, ou un souvenir de voyage, quelque chose de ce genre…

- C’était l’impression que j’avais.

Se contenta t’il de répondre après quelques secondes de silence. Du bruit se fit entendre à l’étage, sûrement Bryan, mais bizarrement ce soir c’était avec l’aîné des Mayfield qu’il voulait continuer la conversation.

- Avoue que tu évites les conflits Peter, avec les autres et avec toi-même.

Jeune Freud, sort de ce corps... Il ne voulait pas non plus lui dresser son portrait, mais c'était un fait.

- Tu dois bien apprendre à tes élèves d'être honnête non... ?

Repris t'il alors que son habituel sourire en coin refit surface, histoire de détendre un peu une conversation qui pourrait s'averrer un temps sois peu trop sérieuse à son gout, ou qui sans qu'il le sache pouvais peut être avoir l'effet contraire et agacer son interlocuteur...

Apparemment sa présence n’était pas des plus désiré au vue du léger soupire de Peter qui ne lui avait pas échappé peu a après qu’il se sois manifester. Malgré ça il avait continuer, ce n’était pas cela qui allait le décourager, il fallait dire qu’une fois qu’il avait quelque chose en tête Jesse était assez borné… Il avait ainsi aussi ignoré le regard assassin que lui avait jeté son interlocuteur, bien que cela ne l’ai pas laissé indifférent dans le fond. C’était clair que l’autre semblait lui signaler qu’il allait trop loin, mais le garçon ne voyait strictement pas en quoi. N’avait il pas raison après tout ? Un peu d’honnêteté ne faisait pas de mal.

Peter rangeait maintenant sa tasse parmi ses sœurs dans le placard qui leur était prévu à cet effet et avec un calme déconcertant s’approcha de lui. Calme peut être, mais on voyait bien que l’aîné des Mayfield n’était pas tranquille. Jesse ne se laissa pas perturbé pour autant, soutenant le regard assez froid du professeur et ne bronchant pas quand celui lui dit tout de go qu’ils n’iraient pas faire plus ample connaissances et que ça le satisfaisait ainsi.

Il n’avait pas perdu son sourire une fois que Peter avait quitté la salle en l’effleurant au passage, juste baisser légèrement la tête en haussant les sourcils… Ainsi c’était « Très bien comme ça ? » Non, désolé il n’était pas d’accord. Pourquoi est se que c’était « très bien comme ça. » ? C’était vraiment l’avis de Peter ? Dans ce cas ce pauvre homme était un associable et il fallait remédier à ça, franchement quel mal il y avait à faire la ‘rencontre’ de quelqu’un et d’en apprendre plus à son sujet ? Sans bouger il écouta les pas du professeur, lui indiquant qu’il était retourné dans le bureau. Jesse ne manqua cette fois de soupirer en se redressant.

Il fallait tout de moins aussi se mettre à l’évidence, Jesse avait cherché tout de suite à cerner Peter il n’aurait pas du aller si vite. Cependant il lui avait donné raison : Pourquoi est se qu’il avait encore éviter la conversation en partant de cette manière ? Peut être tout simplement parce qu’il en avait assez de lui et que c’était un message clair pour dire : fin de la conversation. Et dans le fond… Cela vexait un peu Jesse. Il n’allait pas pour autant baisser les bras, mais petit à petit le message raisonnait clairement comme « Je ne veux pas te connaître, point. » et si d’habitude Jesse ne se laissait pas abattre pour si peu, il se surprenait à se rendre compte que l’opinion de Peter n’était pas encaissé comme d’autres.

Eh bien soit, pour cette fois, si l’autre ne voulait pas aller plus loin… Jesse se détourna, prêt à retourner dans sa chambre, mais quand il passa devant le bureau dont la porte était à moitié close, il ne pu s’empêcher d’appuyer son dos contre le mur à côté de l'ouverture et de lancer en direction de la pièce sans y entrer.

- Désolé si tu l’as mal pris, ce n’était pas mon intention. Je m’excuse aussi du temps que je t’ai fait perdre, puisque apparemment parler avec moi en est une.

Pourquoi avait il ajouté cette dernière phrase ? A la base il n’en avait aucunement l’intention, seulement après quelques secondes il avait finit par la lâcher avec un brin de rancœur. Il avait presque envie que Peter se sente coupable dans le fond... Et terriblement envie qu'il sorte pour dire qu'il avait tord.

Et la porte avait bel et bien finit par s’ouvrir sur le visage embêté de Peter. Toujours adossé contre le mur, Jesse garda les yeux rivé vers ce dernier, un regard qui le trahissait sûrement sur se qu’il ressentais, à savoir qu’il avait été vexé. Oui Jesse était assez susceptible, du moins si il le cachait habituellement adroitement, il avait envie cette fois que son interlocuteur s’en rende compte, si bien qu’il n’avait rien tenté pour le dissimuler. Cependant les excuses, sincères, du professeur le firent flancher quelque peu, et se rendant compte que tout ça était très infantile de sa part, il se redressa en effaçant l’expression froissée de son visage. Il avait cette capacité à revêtir rapidement le masque qu’il voulait aborder, se qui participait sûrement d’ailleurs au fait qu’on ai du mal à le cerner.

Ainsi Peter était « partie ailleurs ». Cette expression pouvait être interprété de mille et une manière. Celle qui lui aurait plu le plus était sûrement celle que le professeur était tout simplement troublé par lui et qu’au final il en perdait ses moyens. Il pouvait toujours croire que c’était ça après tout, il ne faisait de mal à personne en choisissant cette version. Enfin… Croire à ce genre de fantasme n’était pas non plus la solution, non il voulait avant tout avoir des preuves.

Comme une invitation à le rejoindre, Peter laissa la porte ouverte. Jesse n’hésita donc pas à retourner dans le bureau du professeur. Finalement celui qui avait été visiblement agacer de le voir le suivre un peu plus tôt avait besoin de compagnie. Tant mieux, c’était aussi son cas. L’adolescent retourna s’asseoir sur ‘son’ fauteuil en regardant au dehors avant que Peter ne semble se rappeler de quelque chose. C’est à ce moment que l’homme sortit de son tiroir une copie qu’il tendit à Jesse. La s’affichait fièrement un quinze sur vingt en encre rouge. Sourire en coin, le garçon s’empara de la feuille sans manquer d’effleurer volontairement la main de l’écrivain, près à faire une remarque, mais en voyant que Peter avait soudainement perdu son sourire, il compris que c’était comme si ce dernier avait lu dans ses pensées. Les études, encore une fois monsieur le professeur… Et pourtant, il ne fit pas de remarque, se contenta de sourire et de se recaler dans le fauteuil en jetant un coup d’œil à sa copie.

- Oh elle le sera…

Assura t’il avec confiance.

- J’ai un bon professeur.

Ajouta le garçon en relevant les yeux vers Peter. Après un léger silence ou il ne le lâcha pas du regard, le garçon se mit à rire légèrement en cachant sous sourire derrière sa main.

- Tu verrais ta tête... ! Qu'est se qui se passe encore, c'est la prise de conscience ou tu es encore partie "ailleurs" ?

Ce n’était définitivement pas ‘rien’ à la vue de la mine qu’affichait Peter. Jesse en avait cessé de rire, et si cette pensée ne l’avait pas quitté depuis le début de leur conversation elle devenait plus clair que jamais : Peter était définitivement tout se qu’il pouvait exister de plus adorable. Une autre pensée lui vint alors, il fallait qu’il fasse quelque chose, il n’allait pas pouvoir se contenter d’imaginer se qu’il se serait passé si l’homme n’était pas le grand frère de son meilleur ami. Et si ce quelque chose devait arriver… Il expliquerait clairement à Bryan que cela ne pouvait pas être autrement. Il lui avait pourtant promis, il s’en souvenait encore… Quand Bryan lui avait annoncé qu’ils viendraient vivre chez son frère amusé il lui avait dit « Mais tu ne tente rien avec lui hein ? », mais derrière l’amusement, Jesse avait bien vu dans son regard que c’était sérieux. Mais peut être que son meilleur ami, le connaissant bien, savait qu’il pourrait blesser Peter, ou quelque chose comme ça… Mais qu’y pouvait il ? Il n’était pas de ceux qui voulait et arrivait à vivre avec des regrets, or si à cet instant, si son cœur lui disait d’y aller, il ne pouvait pas faire autrement. Si pendant trois mois il s’était tenu sagement en retrait, ce soir c’était une évidence, Peter lui plaisait, et plus qu’il n’aurait pu y songer vu qu’il s’apprêtait à pouvoir trahir la parole qu’il avait donné à Bryan qui était l’une des personnes qui comptait le plus pour lui.

L’homme lui tournait maintenant le dos, observant Magnolia Cresent plongé dans l’obscurité à travers la fenêtre du bureau. Le garçon se leva, se plaça derrière le professeur et se mis à contempler aussi la vitre. Moins le paysage cependant que le reflet de celui qui s’y étais placé en premier.

- Tu y vois quelque chose sincèrement la ?

Demanda t’il sans attendre de réponse, sachant pertinemment que Peter ne prêtait aucune attention au jardin des voisins. Cela n’étant qu’un prétexte pour le garçon de se rapprocher en posant sa tête sur l’épaule de son professeur, fronçant légèrement les sourcils, faisant volontairement tout à fait semblant de s’intéresser aussi à la vue nocturne du quartier.

Et qu’il n’aille plus le contredire, bien qu’il ne refit pas de remarque dessus, depuis tout à l’heure Peter cherchait un échappatoire, que se sois le sujet des études, de prétendre aller nettoyer une tasse ou maintenant de se poster devant la fenêtre… Il ne dit rien mais on pouvait tout lire dans son sourire, accompagner de la question « Et maintenant, comment comptes tu t’en sortir Peter Mayfield ? »

Toujours appuyé sur l'épaule de Peter et penchant légèrement la tête pour se retrouver à contempler le visage de ce dernier qui n’était plus qu’à quelque millimètre, Jesse cherchait à rencontrer le regard de son professeur, se rapprochant inconsciemment quelque peu des lèvres de ce dernier tandis que ses mains montèrent le long de ses bras pour le saisir au niveau des épaules, près à la tourner vers lui.

Il avait finit par l’attraper ce regard, et il ne le lâcherais pas. Les battements de son cœurs se précipitaient étrangement, il y avait quelques choses dans ce moment la qu’il ne voulait pas oublier, qu’il aurait voulu garder en mémoire. C’était différent. Dieu sait pourtant qu’il s’était fixé des défis, qu’il avait désiré des hommes plus que tout et que cet instant où il sentait que tout allait enfin basculer il l’avait connu. Il ne savait pas bien d’où ça venait, mais c’était peut être bien la première fois qu’il avait conscience qu’il allait peut être trop loin et cela animait d’autant plus son désir. Il ne savait pas si cela venait de la, si c’était parce qu’il était son professeur et que cela avait toujours été un fantasme de vivre une passion avec l’un d’entre eux, et peux importe se que c’était à vrai dire, au diable la morale et cette promesse qu’il avait fait à Bryan après tout, cet homme la avait quelque chose qu’aucun autre ne pourrait lui apporter, il n’y avait rien d’autre qui pouvait justifier cet état inhabituel dans lequel il se trouvait. Si bien qu’au moment où le professeur l’embrassa, le garçon refondit de suite sur les lèvres entrouvertes de l’homme, ne pouvant plus retenir la chaleur qui avait naquis au creux de son ventre.

Tournant légèrement le professeur vers lui alors que sa main passa dans ses cheveux pour aller se loger au creux de sa nuque, l’autre entoura sa taille et partit se glisser sous la chemise de Peter, caressant l’échine de ce dernier.

Il ne voulait pas le laisser partir, pourtant c’était le risque et il en avait conscience. A n’importe quel moment la raison de Peter pouvait le rappeler à l’ordre, car il était certain que l’espace d’un moment le professeur avait mis de côté tous ses principes. Et plus il avait conscience de ce fait, de se dire qu’il était sûrement le premier homme qui le touchait et de sentir ce corps contre lui, participait à faire monter son désir qui devenait étouffant.

Et dire que tout cela avait commencé avec l’idée de se venger d'avoir fait fuir son ami… Mais il ne voulait sincèrement pas penser à ce début de soirée, se concentrant tout à fait sur Peter et lui maintenant. En deux pas l’homme s’était retrouvé coincé entre le mur et Jesse, précipité tout de même avec moins de violence que la proie de plus tôt, il ne voulait pas l’effrayer ou quoi, retenant toujours sa nuque pour garder sa bouche contre la sienne, ses lèvres glissèrent ensuite le long de son cou avant qu’il ne l’embrasse pendant que ses mains déboutonnaient la chemise du professeur qu’il laissa entrouverte avant de porter ses mains sur le torse si bien dessiné de l’homme.

Non il n'avait pas prévu que tout ça se passe si vite, mais cela devenait une tel évidence et il ne pouvait pas s'arrêter. Il trouverait des moyens de se justifier, il trouvait toujours...

« Arrête ! Arrête ». Son esprit n'arrêtait pas de lui répéter ce mot mais Peter ne voulait pas arrêter, non il voulait continuer de ressentir ce désir qu'il avait en lui. Le professeur avait répondu avec ferveur au baiser de Jesse avec instinct. Il ne contrôlait plus ses actes, ni même ce qu'il était en train de faire. Seul le fait de sentir les lèvres de l'adolescent le préoccupait. Dire qu'il pensait seulement être attiré par les femmes...Non en fait il était juste attiré par les hommes qui s'appelait Jesse Gallagher. D'ailleurs Peter ne devait être qu'une proie de plus sur son tableau, un défit de plus à relever : celui de se faire son professeur et qui est hétérosexuel. Celui-ci se sentit un peu minable se se faire avoir comme ça par son élève , c'était ridicule.

Il frissonna lorsque Jesse caressa sa peau sous sa chemise, coincé entre lui et le mur il n'avait pas d'échappatoire obligé de subir les douces caresses de son bourreau. Peter ferma les yeux et laissa échapper un soupir de plaisir quand l'autre embrassa son cou avant de revenir sur sa bouche. Il sentit les mains chaudes de l'adolescent sur lui et l'écrivain ne savait pas pourquoi un sentiment de dégout l'envahis, pas envers Jesse mais envers lui. C'était interdit, c'était son élève et puis il n'était qu'un objet il le savait pertinemment.
Le professeur ouvrit les yeux croisant ceux bleutés du garçons et lui saisit les poignets afin de les enlever de son torse. Il se sentait bien con oui c'était le cas de le dire mais il ne voulait pas juste être l'objet de sexe. Sans regarder Jesse, il poussa ce dernier doucement de manière à pouvoir passer et sortit du bureau non pas pour aller dans sa chambre mais aller dehors pour se rafraichir les idées.

Une fois que ses pieds nus foulèrent l'herbe humide de la nuit, Peter reboutonna les boutons de sa chemise en se traitant mentalement de tous les noms. Quel crétin il pouvait être parfois...Comment pourrait il regarder Jesse en face maintenant ? Et son frère ? Et si jamais Dirty balançait leur petite histoire sur le net ? Il serait viré de son emploi, obligé de quitter cette ville et d'aller s'installer ailleurs. Il serait la honte de la famille...Ne pouvant ravaler une larme, celle ci coula le long de sa joue avant d'être essuyer violemment.

-Quel con...!

Jura t-il avant de poser ses fesses sans douceur sur le sol. Il n'avait même pas conscience qu'il faisait pas vraiment chaud son esprit était toujours possédé par Jesse. Il revoyait encore son sourire, et leur baiser. Peter plia ses genoux qu'il ramena vers lui avant d'enfouir sa tête dans ses bras tel un enfant.

Au moment même ou son regard avait croisé celui de Peter lors de leur étreinte, il avait compris que la raison avait repris le dessus, et même si son regard l’avait soudainement prié de ne pas partir, le professeur avait rejeté doucement Jesse avant de sortir du bureau, le laissant seul sans un mot.

Le souffle haletant, le garçon resta immobile un instant avant de fermer ses yeux et d’avancer vers la vitre pour y coller son front. Le froid du carreau se fit d’autant plus ressentir que son corps était brûlant et qu’il n’arrivait pas à se calmer. Deux mêmes scénarios en une soirée, mais le deuxième était bien plus dur à encaisser. Le garçon tentait en vain de se distraire de l’image de Peter, ne réprimant pas un soupire agacer et plus que frustré il se redressa en rouvrant les yeux, voyant à travers la vitre la silhouette du fruit de ses tourments se dessiner dans l’obscurité. A quoi est se qu’il jouait ? Pied nu, en chemise partiellement défaite dont il tentait de rattacher les boutons, tout le monde pouvait le voir dans cet accoutrement, du moins si les gens s'amusaient à épier le jardin de Mayfield à une heure aussi tardive... Il ne bougea pas cependant, continuant de l’observer de loin, se rappelant qu’il était encore si près il y a quelques minutes.

Pourquoi était il allé si vite ? C’était si évident pourtant qu’il allait partir si il le brusquait de cette manière, il ne commettais d’habitude pas de fautes aussi énorme. Il s’en voulait presque d’avoir procéder de cette façon mais il n’allait pas regretter non plus, se qui ne serait pas forcément le cas de celui qui était maintenant dehors, l’air définitivement perdu…

Si Jesse pensait à lui, il ne pensait pas aux répercutions de ses actes sur autrui et n’y avait sincèrement jamais fait attention jusqu’à ce soir. C’était lui et les autres, tout tournait autour de sa petite personne et de ses désirs, et vraiment les gens qui l’entouraient ne tenaient, pour la plupart, qu’une place plus qu’infime dans sa vie. De simples figurants qui passaient... Ce n’était pas que pur égoïsme, c’était aussi une manière de se protéger, mais ça, peu de gens le savait ou pouvait s’en douter. Ce n’était la que le fruit d’une rancœur amer qu’il gardait au fond de lui depuis trop longtemps. Mais voir ce soir Peter dans cet état lui tordit le cœur. Une nouveauté, une nouveauté qu’il n’appréciait pas vraiment mais il allait devoir faire avec. Jesse quitta alors le bureau, revêtit son manteau et son écharpe, attrapa celui de Peter et sortit dans le jardin.

S’avançant vers la silhouette recroquevillée de son professeur, le garçon reposa doucement le vêtement sur les épaules de ce dernier et s’assit à ses côtés en regardant devant lui. Il se fichait de savoir que derrière certaines fenêtres il pouvait peut être se cacher des regards indiscrets, même par une nuit sombre comme celle ci. Lui ça faisait longtemps qu’il était immunisé contre cela, mais pour se qui était de l’écrivain…

- Je n’aurais pas dû, excuses moi.

Il était sincère, mais il pensait aussi à ses interêts. C'était aussi peut être se que voulait entendre le professeur. Il fallait qu’il regagne la confiance de Peter, sinon la cohabitation serait épouvantable. Il ne voulait pas que ce dernier l’évite pendant des mois et surtout que cela complique les choses par rapport à son meilleur ami et accessoirement frère de celui à côté de qui il était assis actuellement. Il n'allait cependant pas faire la promesse dérisoire qu'il ne recommencerait plus, trop incertain de pouvoir tenir cette parole.

Et puis, voulant tout de même ajouter cette précision, comme pour assurer à Peter que ce n'était pas la même chose qu'avec tout les autres, et parce que cela devenait une évidence au vue des circonstances, il continua doucement.

- Sache le seulement si tu veux bien l'entendre, je tient à toi.

Il se surprenait lui même à le dire et à le penser. Cette phrase resta en suspend un instant, comme si il réalisait la chose, qu'elle devenait vraiment concrète en l'ayant affirmé. C'est seulement à ce moment qu'il osa tourner le regard vers Peter et se confronter à l'état dans lequel il l'avait mis. Pourquoi fallait il que ça le blesse de le voir comme ça? Après tout Bryan avait eu raison, si il l'avait écouter il n'aurait pas eu à se confronter à ça...

Le garçon écoutait Peter sans le quitter des yeux. Voilà que c’était lui qui s’excusait, se qui n’étonna guère Jesse. C’était de son genre. Il était donc désolé de lui avoir fait croire quelque chose. Il aurait volontiers voulu lui répondre quelque chose, mais c’était bien la première fois que les mots ne venaient pas. Ce n’était pas que l’espoir qu’il se passe quelque chose qu’il lui avait donné, c’était aussi l’envie de tout faire pour. Une fois que le garçon avait tenté quelque chose, il ne baissait jamais les bras jusqu’à l’obtenir. Mais aujourd’hui c’était différent… C’était Peter, c’était son professeur et surtout le frère de son meilleur ami. Et si finalement tout se passait comme d’habitude ? Si, quand il aurait réussi à faire flancher l’homme, il se lasserait de lui ? Pris de l’ennui, comme à chaque fois... Ce n’était pas faute pourtant de vouloir savoir se que c’était d’être attaché à quelqu’un. Ou était il son problème, pourquoi il n’y arrivait pas ? Alors, est se que par risque de tout gâcher, il fallait mieux laisser Peter filer ?

Partis dans ses pensées, Jesse en sortit quand le professeur suggéra qu’il tenait lui aussi à lui. L'écrivain souriait bientôt, et secoua ses cheveux dans un geste amical. Et tout d’un coup le garçon voulu le faire arrêter ça tout de suite. Il avait la terrible impression que l’autre le voyait comme un garçon de quatorze ans, son ‘petit élève’ et qu'il sortait une phrase tout à fait professorale « oui, je tient à toi parce que je suis ton professeur, tout bon professeur dois faire attentions à ses étudiants! » et ça Jesse ne le supporta pas. Il aurait voulu lui jeter à la figure « Peter, on était à deux doigts de faire l’amour. » Il devait se réjouir de tout d’un coup voir que l’autre reprenait le sourire ? Non… Non il ne pouvait pas. L’espace d’un moment il se surprit à préféré Peter quand il était recroquevillé à ses côtés, comme si à ce moment la… Il avait eu le pouvoir sur lui, se qui n'était plus le cas maintenant. C’était si malsain comme manière de penser qu’il se répugnait lui-même. Pourtant c’était une vérité, il voulait dés à présent avoir le contrôle entier sur son professeur, être l’objet de ses pensées, de ses tourments et de ses désirs. Il n’en était pas loin, il ne se serait jamais passé se qu’il s’était passé si Peter ne ressentais rien, il aurait beau nier, afficher ce sourire et le traiter comme un gamin… C’était arrivé, et l’espace d’un moment il avait failli flancher.

Jesse resserra ses bras autour de ses genoux en regardant face à lui pendant que Peter se levait, l’invitant à rentrer à l’intérieur sous prétexte qu’il faisait trop froid. Oui, c’était vrai, mais le garçon s’en fichait pas mal. Il y avait quelque chose qui n’allait pas, il allait devoir se sortir ces choses de la tête, il ne pouvait pas faire ça, ne serait ce que pour Bryan, il n’avait pas le droit. Peter rentrait déjà mais Jesse ne le suivit pas. Passant une main sur son visage il posa sa tête contre ses genoux en fermant les yeux. En une nuit, en si peu de temps, il avait réussi à se mettre malade pour un désir ? Mais si d’habitude il prenait particulièrement plaisir à traquer une proie, à la faire succomber, prêt même à attendre longtemps si il le fallait, pourquoi était il dans cette état maintenant et aurait voulu tout, tout de suite ? Il ne pu s’empêcher de rire amèrement. Ça n’allait décidément pas…

Se redressant, le garçon retourna à l’intérieur, se rendant soudainement compte de sa fatigue. Il ne savait d’où elle venait, si c’était l’émotion ou quoi, mais il était las et n’avait plus qu’une envie, s’en aller dans ses songes la ou son trouble disparaîtrais un moment. Voilà... Il préférait mettre sur le compte de la fatigue toute ces pensées étranges qui lui venait, c'était plus simple.

Montant à l’étage, l’étudiant passa devant la salle de bain dont la porte était entrouverte. Il s’arrêta un instant en regardant Peter. La position dans laquelle il était fit doucement sourire Jesse, quand il poussa le battant, le professeur venait de reposer ses deux pieds au sol, et sans réfléchir il alla à sa rencontre l’embrassant sur la joue avant de le regarder.

- Bonne nuit.

Son esprit était embrouillé et il détestait d'ailleurs cette sensation. Faisant quelque pas en arrière, il finit par quitter la pièce et de rejoindre sa chambre. La, il se laissa tomber sur son lit, fixant le plafond, le regard vide.

Quelque chose était en train de changer, il le sentait, mais il ne savait pas encore si c'était une bonne chose ou non.