La tête posée sur l’épaule de Christian, main dans la main, Katya ne se comprenait plus. Après avoir lui avoir avoué sa tristesse, la jeune fille s’était confiée à lui et maintenant ils riaient ensemble comme si de rien. On aurait dit qu’elle avait ses règles, bien qu’elle était certaine que non puisse qu’elle les avait eu il y a une semaine de cela. Donc c’était bien ce jeune homme qui lui faisait perdre la boule.

Celui-ci avait justement l’air de si perdre, lui aussi. Il bafouillait des bouts de phrases, essayant apparemment de dire quelques choses à la jeune Fitzgerald, sans succès. De son côté, silencieuse, elle écoutait et tentait de comprendre. L’adolescent finit par trouver les mots sur sa pensée, concluant que Katya le perturbait.

La cheerleader en resta coite, ne trouvant pas les mots pour répondre à ça. Elle sentait pourtant que c’était le moment de se lancer, mais rien ne sortait. « Bordel ! Dit quelque chose ! ».

« Hum… Comment ça ? » finit-elle par demander.

Elle aurait voulu se foutre une baffe, là, maintenant. Nan sérieux, pourquoi elle demandait ça ? Avant de laisser le garçon répondre, elle reprit :

« Enfin, je ressens la même chose je crois.. »

Hum ? C’est tout ? Trouve autre chose. Katya se creusait le crâne à la recherche d’une suite à sa phrase, mais impossible de trouver les mots juste. Elle releva une nouvelle fois sa petite tête blonde, la décollant de son épaule, pour voir le visage du jeune homme.

« J’ai l’impression de perdre la tête en ta présence, c’est vrai. J’ai... j’ai du mal à comprendre, et j’ai l’impression que… »

Impossible de prononcer les mots suivant. Ses yeux s’étaient plongés dans ceux de Christian, qui semblait attendre une suite. Mais elle fuit son regard, et finit par conclure :

« Bref, voilà. »

Elle s’éclaffa d’un petit rire, essayant de se détendre. Mais on sentait bien au son de sa voix qu’elle n’était pas tout à fait dans son état normal. Son regard se perdit une seconde fois dans celui de l’adolescent. Un court silence s’interposa entre eux, pendant que le regard perdu dans celui de l’autre, ils se fixaient. Katya réussit par articuler :

« En fait la vérité, c’est… c’est que tu me plais. »

Non pas possible ? Elle avait réellement dit ça ?
En temps normal, elle aurait soudainement fuit le regard de Christian après avoir dit ce genre de chose, et serait sûrement toute recroquevillée sur elle-même, se maudissant d’avoir prononcé une phrase pareil. Mais pourtant, à cet instant ce n’était pas le cas.
Non, elle était fière d’elle. Elle avait réussit à l’avouer. Christian lui plaisait. Peut être qu’il s’en doutait, bien que Katya n’ait pas toujours essayé de lui faire comprendre. Au contraire. Maintenant, c’était sûr qu’il était au courant, en tout cas.
Katya attendait, angoissée, la suite. Se demandant sérieusement ce qu’allait répondre le jeune homme à ça. Ce n’était pas tout les jours qu’elle avouait ses sentiments, comme ça, à un garçon qui l’attirait.

Adossée contre le mur de l’entrée de la maison, je ne pouvais pas m’empêcher de trouver le spectacle devant moi quelque peu, amusant. Je n’avais pas pour habitude d’espionner, et encore moins le faire quand il s’agissait de ma seule sœur que j’appréciais un tant soit peu. Bref, regardant Katya et son Don Juan de loin, j’attendais juste le bon moment pour intervenir. Non parce que je ne regardais pas juste parce que le spectacle m’intéressait. Loin de là même. Je préférais même retourner à mes photos… Mes photos tiens … Rouvrant la porte d’entrée discrètement, je filais alors dans la cave, récupéra mon bijou préféré et ressorti sans qu’on me remarque. Bon, au moins, j’avais toujours cette capacité à être discrète quand j’en avais envie.

Ajustant le cadre et la distance, je ne pus m’empêcher de prendre une photo. Katya était une de ces demoiselles à posséder une innocence et une candeur qu’on ne pouvait pas copier. Et le sourire qu’elle faisait à ce jeune homme était tout bonnement exquis. A m’entendre penser on pourrait penser à une perverse. Mon dieu. Mais non, moi mon job était avant tout d’immortaliser certains moments qui selon mon jugements était parfaits. Ou pas remarquez. Baissant mon appareil, je ne pus m’empêcher de penser à ce que pouvait bien dire ma plus jeune sœur. Autant je ne pouvais pas supporter Julia, je ne comprenais pas James qui n’était absolument pas un mec d’après moi, autant Katya était la seule de la fratrie que j’appréciais. Un peu. Faut pas abuser non plus hein, elle comme les autres, étaient quand même venus s’incruster alors que j’étais parfaitement bien : seule.

En y repensant, pourquoi diable attendais-je dehors qu’ils aient finis de parler ? Non mais c’est vrai ! En plus, rien ne prouvait que mademoiselle et monsieur aillent clore cette conversation bientôt. Je pouvais encore attendre longtemps ! Surtout que pour une fois, ma venue était parti d’un … mon dieu, d’un bon sentiment ? Je m’explique … Cet après-midi-là, en rentrant d’une de mes petites excursions en dehors de Magnolia Cresent pour un projet demandé par mon école, j’avais retrouvé mes parents dans la cuisine, et ces derniers parlaient avec une animation peu … régulière. Me doutant qu’une dispute allait encore tomber, je me dépêchais de descendre à mon petit atelier dans la cave, quand un simple nom me fit tiquer.

Code:

« On ne peut pas laissez Katya comme ça ! Même Julia a des notes un peu plus acceptables dans ces matières, il faut que nous lui parlions et … »

Ok, j’ai compris, ce n’est pas tes oignons, barre toi et vite. Remontant dans ma chambre, j’avais décidé de commencer à ranger des photos dans des albums et quand j’avais relevé la tête, il était déjà presque le soir. Oups. Décidément, la passion… Rangeant mes albums dans une bibliothèque de ma chambre, je filais à la fenêtre pour refermer mes rideaux, quand mon regard se posa sur ma plus jeune sœur en compagnie d’un gars. Les gens d’ici, à part quelques exceptions, je ne les supportais pas. Je n’étais pas réellement moi devant eux, entretenant une illusion d’une jeune femme parfaite. Sauf que personne n’est parfait. Et moins j’en suis très loin. Seulement, dans un quartier où tout le monde se prend pour Sir ou Miss parfait€, il faut bien se fondre dans la masse. Il n’y avait que Dirty qui pouvait éventuellement me comprendre. Après tout, ne se cachait-elle pas sous une vie normale pour afficher les défauts des autres ?

Sortant donc de la maison, je vous passe les détails sur les photos que j’ai prises, je repassais dans la maison pour reposer mon appareil, puis sortit définitivement, pour aller séparer les deux jeunes, et prévenir Katya qu’elle aurait besoin de solides excuses. Oui, pour une fois, il fallait être gentil avec sa sœur. Ne vous faites pas d’illusion, je n’aurai JAMAIS fait ça pour Julia. Au contraire. Je l’aurai laissé se débrouiller avec nos parents. Haha. M’approchant discrètement des deux, je m’arrêtais alors, au moment où le jeune homme déposa ses lèvres sur celle de ma sœur. Je dus me faire violence pour ne pas aller directement les séparer. Non mais. Ma sœur ne sort pas avec n’importe qui. Quoi qu’elle pouvait bien faire ce qu’elle voulait en fait. Je n’étais pas censé m’en mêler.

« Désolée de vous déranger, mais il est temps de vous dire au revoir. »

Une voix douce, un sourire amical, un regard chaleureux. Beurk. Je me donnais envie de vomir. Me tournant alors vers Katya, je lui lançais un sourire affectueux:

« Nos parents voudraient te voir, et si tu veux un conseil, prépare toi bien, ils n’ont pas l’air très … calmes. »

Je reculais alors d’un pas, avant de faire un dernier signe de tête à l’inconnu, puis je tournais et retournais à la maison. Ok, là j’avais fait très fort. C’était terriblement rare que je fasse une chose pareille. Prévenir un de mes cadets qu’il allait passer un sale quart d’heure. Oulalalala. Je me ramollissais moi ! Enfin bon, une fois n’est pas coutume. Et puis au pire, je ferai bonne impression à son Don Juan et tout serait pour le mieux.