Une fois de plus elle attirait ses regards suspicieux sur elle. Gaëlle ne voulait pas qu'il s'inquiète pour elle, il y avait des choses tellement pires dans la vie. Des gens fondement malheureux. Pas comme elle. Elle s'estimait chanceuse d'avoir la vie qu'elle avait car il fallait avouer qu'elle avait tout pour elle. Une famille unie et chaleureuse, des amis qui l'aimait, une bonne santé. Non, elle n'avait pas à se plaindre. Pourtant, une partie d'elle ne cessait de la tourmenter de questions complètement loufoques. Et puis, la voilà complètement perdue. Son humeur en était inconsciemment atteinte.

« Je ne sais pas... Je... je me retrouve du jour au lendemain considérée comme une délinquante. Ce n’est pas quelque chose de facile à porter...» avoua t-elle en baissant les yeux.

Toute cette histoire l'avait un peu chamboulée. A vouloir aider les autres voilà ce que l'on récoltait. Accorder sa confiance en quelqu'un n'était peut-être pas la meilleure solution. Car c'est ce que Angelique avait fait, les voilà toutes les deux accusés de complicité pour un acte qu'elles n'avaient jamais commis. Elles pouvaient toujours en vouloir à Elin, mais qu'est-ce que cela changerait ? Rien. La situation serait et restera la même, les McClair n'avaient plus qu'à s'y faire et laisser l'eau coulé sous les ponts.
Cela étant, Gaëlle avait envie d'aller de l'avant, ne plus avoir à se préoccuper de ce malheureux évènement. Le parc était définitivement une bonne idée pour évacuer les soucis du quotidien. Pas de parents, peu de chrétiens au regard méprisant, juste des personnes qui prenaient du bon temps.
Le regard vaguant ailleurs, elle se retourna finalement vers son ami. Il était toujours là pour elle. C'était une chance que de l'avoir rencontré. Gaëlle en prenait de plus en plus conscience. Il n'y en avait pas deux comme lui. C'était avec lui qu'elle se sentait le plus en confiance, c'était certain. Lui adressant un sourire, elle l'écoutait sagement sans rien dire. Parfois le silence était d'or, cela voulait simplement dire qu'elle approuvait ce qu'il disait. D'un coup un ballon sortit de nulle part arriva aux jambes du jeune homme. En fait il s'agissait de celui de deux enfants qui jouaient ensemble. Shawn le redonna au petit garçon tellement chou. Souriant face à cette scène, le voilà qui revint auprès d'elle toujours aussi décontracté qu'auparavant. Il avait toujours la pêche, c'était fou. Comment faisait-il pour prendre la vie aussi positivement sans avoir la foi ? Enfin, à ce que Gaëlle savait il ne faisait partit d'aucune communauté religieuse. La jeune blonde se posait mille et une question à la fois, désireuse d'en savoir plus sur son ami, qui n'aimait pourtant pas beaucoup parler de lui. Il préférait de loin s'occuper des autres, leur apporter son aide... un peu comme Gaëlle en réalité. Mais lui, n'avait-il pas besoin qu'on s'occupe de lui ?

« Rien de bien passionnant, je t'assure. Ma vie en ce moment ressemble à un puzzle. Il suffit juste de placer les bonnes pièces au bon endroit et tout redeviendra comme avant. » fit-elle, en souriant.

Une fois que les travaux prendront fin, la page sera définitivement tournée. La jeune femme pourra se servir de cette perte de temps plus efficacement. Mais, ne voulant pas s'arrêter à cela elle lui retourna la question.

« Et toi alors, le boulot et "tout ce qui en suit" ? Je sais que tu n'as pas spécialement envie d'y penser... mais moi je veux savoir ! Parles moi de toi. Du groupe, je ne sais pas... n'importe quoi qui se rapporte à toi. » enchaina-t-elle, curieuse. Elle se déplaça pour venir s'assoir juste devant lui. Ainsi, il n'y avait pas d'échappatoire. Cela lui mettait peut-être la pression mais ce n'était pas du tout le but. Le but était de se livrer. Un peu comme une confession mais en une version plus cool. Juste entre amis.

« Cette fois, c'est moi qui suis à ton écoute. Tu peux tout me dire... tout ce qui te passe par la tête...» fit-elle en prenant timidement l'une de ses mains. Il avait forcément des milliers de choses à lui dire, lui qui était un parfait rêveur tout comme elle.

Gaëlle avait comme l'impression qu'il vivait pour les autres... il était temps que cela change. Car la petite blonde en faisait déjà les frais, et c'est là que l'on se rendait compte à quel point les autres ne partageaient pas la même vision qu'eux. La plupart ne vivaient que pour eux et leur petit confort, allant même jusqu'à profiter de leur générosité. Ainsi était le monde. Cruel.