Une fois partie de la discothèque, Zoë se rendit à l’abri bus dans le but de se rendre chez elle. Cependant, une fois arrivée, elle hésita. Était-ce réellement une bonne idée de retourner chez elle, sachant que son père l’attendait probablement sur le bord de sa fenêtre de chambre? Elle n’avait pas trop envie de le voir, comme toujours depuis quelques mois en fait. Il était si surprotecteur qu’elle en avait l’impression d’étouffer. S’il avait fallu qu’il sache qu’elle était enceinte, il allait devenir véritablement insupportable, et ça, elle ne voulait pas. En fait, elle avait planifié attendre qu’il le voit par lui-même. Connaissant l’horaire de travail de son père, elle savait exactement quand rentrer, quand partir, quand rester enfermer dans sa chambre… Bref, elle savait comment éviter son père. Mais voilà, elle avait prit un risque en acceptant d’aller à cette soirée à la discothèque, mais ça en avait valu la peine puisque ça avait fait du bien de voir ses amis.

Bref, jugeant qu’elle ne voulait pas rentrer maintenant, elle prit le bus de l’autre côté de la rue pour se rendre plus loin, vers le port. Là, elle savait qu’elle allait pouvoir réfléchir et respirer sans problème. C’était après tout toujours là qu’elle allait quand elle n’allait pas bien et en ce moment, c’était le cas, quoi qu’elle ne fût pas au point d’être désespérée. Elle avait simplement besoin de respirer, se calmer, se détendre. Et puis, elle ne voulait pas aller dormir, alors aussi bien passer son temps à un endroit précis au lieu de se promener sans cesse. En arrivant au port, un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Ses poumons semblèrent mieux supporter l’oxygène qui les remplissait.

Sur le bord du rempart, Zoë regardait le mouvement de l’eau qui était maintenant dégelée grâce à la chaleur du printemps qui arrivait. Si elle avait été un élément, probablement que Zoë aurait été l’eau. Elle ne savait pas pourquoi. C’était ainsi, voilà tout. Bref, elle réfléchit à tout et à rien. Elle pouvait penser au bébé et ensuite se chanter une chanson dans sa tête. Tout ce qu’elle faisait, c’était prendre une pause de sa maison.

Le sujet auquel elle pensait le plus était son bébé. D’ailleurs, elle avait les mains sur son ventre, le flattant de son pouce. C’était un réflexe fréquent chez les femmes enceintes. Ça venait toujours tout seul. Enfin, elle se demandait surtout comment elle allait gérer sa vie après la naissance du bébé. Elle avait peur d’être une mauvaise mère, de ne pas savoir s’occuper de son bébé, peur que le père face surface et propose de l’élever avec elle, peur qu’il n’ose simplement s’approcher d’elle… Elle était terrorisée à savoir ce que la vie allait lui réserver dans les prochains mois, les prochaines années… Elle allait être mère, c’était pas rien quand même.

Après avoir pleuré assez longtemps pour avoir les yeux légèrement enflés, elle remarqua qu’elle avait froid et en plus, elle avait faim. Faut dire qu’elle avait sauté un repas. Elle décida de partir, frottant ses mains ensemble pour les réchauffer. Elles étaient rouges tellement elles étaient gelées. Qu’allait-elle faire? Elle n’eut pas le temps de trouver une idée que quelqu’un derrière elle lui adressa la parole. Sous l’élan de la peur et de la panique, elle se retourna rapidement, devenant encore plus pâle qu’elle ne l’était déjà. Elle fut un peu rassurée de voir Adam, quoiqu’elle s’en voulait légèrement, car comme il le faisait remarqué, elle leur avait dit qu’elle irait chez elle, ce qu’elle n’avait pas fait. Bref, il enleva son blouson et lui tendit. Silencieuse et toujours pâle et tremblante tellement elle avait eu peur, elle ne bougea pas, regardant simplement le blouson. Quand il lui prit le menton en se rapprocha, elle tenta de garder les yeux vers le bas pour ne pas le regarder dans les yeux, embarrassée.

Que pouvait-elle bien dire? Elle n’eut rien à dire en fait puisqu’Adam reprit parole, lui disant qu’il allait la ramener chez elle et qu’il lui était interdit de protester. Ensuite, il ajouta qu’il ne voulait pas qu’il lui arrive malheur. Là, elle le regarda. Pourquoi voulait-il la protéger? Ce n’était que Zoë Kahn, cette fille que beaucoup n’aimait pas parce qu’ils étaient certains qu’elle était hypocrite. D’ailleurs, c’était peut-être vrai puisqu’elle avait menti à ses amis et était venue au port. Le blouson sur ses épaules, Zoë ne fit aucun pas. Elle ne voulait pas aller chez elle et ne savait pas vraiment comment le dire à Adam. Sans trop réfléchir, elle enleva le blouson de celui-ci et le lui tendit.

Zoë_ « Garde-le. Tu vas avoir froid. Je vais m’en sortir, t’inquiète pas. »

Le silence pesa quelques secondes jusqu’à ce qu’Adam attrape son blouson. Juste de la façon qu’il le lui avait prit, Zoë devina qu’il était fâché, et elle s’en voulu. C’était sa faute. C’était bien elle ça. Alors qu’elle cherchait simplement à ne pas embêter les autres, elle faisait exactement le contraire. N’était-elle pas pathétique? C’était son avis. Elle était pathétiquement stupide, la pire des idiotes.

Adam_ « Écoute Zoë, je ne comprends pas là, on est ami tout les deux alors pourquoi tu refuses mon aide ? »

Refuser son aide? Ce n’était pas totalement exact. Elle refusait en fait de l’embêter. Elle refusait également d’aller chez elle et d’affronter son père. C’était trop lui demander. Elle préférait passer la nuit dehors, bien qu’elle allait probablement trouver refuge chez quelqu’un d’autre, sans savoir qui pour le moment. Des larmes montèrent déjà à ses yeux. Elle se sentait coupable. Elle n’avait jamais eu l’intention de blesser Adam.

Zoë_ « Je suis désolée. Ne te fâche pas. Je… »

Elle laissa sa phrase en suspend pour contourner Adam et retourner près du rempart. Elle regarda de nouveau l’eau puis leva le regard de peur de voir son reflet. Elle prit une grande respiration pour éviter de laisser couler ses larmes.

Zoë_ « Ce n’est pas contre toi Adam. Je ne veux pas rentrer, c’est tout. »

Zoë posa ses mains sur son ventre, pensant qu’il faudrait qu’elle se repose un peu. Elle pensait au bébé, et c’était mieux pour lui qu’elle se repose, et surtout qu’elle ne tombe pas malade. Mais elle ne voulait pas lui affliger une dispute, celle qu’il y aurait entre elle et son père. Prise d’un frisson, elle croisa les bras, cherchant à se faire petite pour ne pas l’embêter.

Zoë_ « Tu peux rentrer. Je vais rester ici. »