Dure matinée que celle-ci pour le jeune O'Conell. Il avait beau avoir sa journée de libre pour des révision, il n'avais nullement l'envie de se mettre sur son Droit et encore moins sur l'économie. Tout était devenu très perturbant, voire même énervant pour lui. Au début, il n'avait pas compris pourquoi son ami le boudait, ne désirait ni lui parler ni même le regarder. Mais le brun avait vite finit par revenir à la raison, se rappelant très désagréablement la soirée pour le moins étrange qu'il avait vécu. Il se sentait toujours migraineux, lorsqu'il y pensait et ne considérait pas qu'il était en tord, trop fier et imbu de lui-même pour avouer sa honte.

En effet, quelques semaines plus tôt, celui qu'il appelait encore son meilleur ami l'avait emmené en virée. Cela leur avait fait du bien de pouvoir relâcher un peu la pression de l'Institut et de l'enjeu que représentait ce Master pour leur suite de carrière. Adrian se souvient ne pas avoir pu travailler ce jour-là, Holden désirant s'amuser. Il avait cédé et ils avaient finit à la piscine où son ami s'était bien joué de lui. Mais la soirée fut le pire... Ils étaient au théâtre, ça le brun s'en souvient parfaitement. En revanche, le reste était comme un trou noir. Ils avaient bu, comme toujours un peu trop, avaient dansé même dans leur loge. Et ils étaient rentré - oui il ne dira rien sur ce baiser volé durant le ballet. Et tout avait dérapé !... Il considérait alors le jeune Turner comme un monstre l'ayant saoulé pour abuser de son corps et le faire pencher en sa faveur. Adrian en était même venu, avec une bonne dose d'alcool, à prendre Holden pour sa fiancée allongé dans son lit ! Et l'avait embrassé sans que l'autre ne dise mot. Comme on le dirait familièrement, il l'avait mauvaise !

Et depuis ces deux dernières semaines, après avoir finit sa nuit à vomir dans la salle de bain - plus par dégoût qu'a cause de l'alcool - il n'avait plus revu son ami, jusqu'au mardi où ils avaient été en cours ensemble. L'Apollon avait beau faire semblant, il n'avait pas digéré et se montrait bien glacial avec ses camarades de classe, même les plus attirantes, ne cessant d'envoyer des regards lourds de sens au blond qui l'évitait soigneusement.

Alors non ! Adrian n'avait pas envie de travailler aujourd'hui !! Il n'avait pas envie d'ouvrir son bouquin sur les pages qu'il avait étudier avec son traître d'ami, il ne voulait même plus regarder ce livre. Le brun préféra sortir faire un tour, s'aérer l'esprit, feindre la bonne humeur. Il décida donc de errer au travers des rues, toujours extrêmement fier dans sa démarche, fringué comme s'il allait à un rendez-vous d'affaire, les cheveux juste plus à la bade que d'ordinaire. Il ne ruminait rien. Il ne se posait pas de questions aucune. Il se sentait juste trahit et humilié.

Arrivant vers la ville, une odeur de café et de sucre lui attira les narines. Le jeune homme décida donc de s'arrêter un instant, prenant m^me le temps de s'asseoir allez savoir ! Il entra et se trouva une table, près de la fenêtre. Il commanda un bon thé que sa belle-mère lui avait recommandé. Ah Eliza... Cette pensée là lui rendit le sourire. Il décida de se concentrer là-dessus jusqu'à ce que sa boisson arrive jusqu'à lui.

Le jeune homme n'avait pas d'idée précise en tête pour le moment. Il désirait juste se changer les idées, boire un thé en pensant à sa ravissante belle-mère qui avait le don d'exciter sa curiosité - et pas que - de par ses agissements. Il n'oublierais jamais cette journée à New York, encore moins la soirée qui l'avait suivi, tant il avait fait tous les efforts du monde pour la faire tomber dans ses bras. L'héritier avait gagné un point dans sa course pour doubler son père et cela le rendait heureux oui. Mais l'ombre d'une autre soirée avait laissé un goût amer dans la bouche du brun. Il ne savait plus quoi penser et qui pourrait l'en blâmer !

Chassant ses pensées, il releva la tête alors qu'un léger bruit de chaise qui glisse se fit entendre. Et là, surprit, Adrian découvrit le visage de Jesse Gallagher, un jeune étudiant en théâtre prometteur et très cultivé avec qui il parlait souvent d'art et de politique. Il était assez sensé comme garçon. Et... homosexuel... Cela ne sautait pas aux yeux tout de suite, mais le fait de le savoir crispé un peu l'héritier O'Conell, en particulier depuis sa soirée avec son "ami"... L'acteur lui demanda s'il pouvait lui tenir compagnie et il n'avait pas le cœur de refuser, ni même d'accepter. Tentant d'afficher un visage serein comme il savait si bien le faire, Adrian lui répondit humblement :

- Mais permettez-vous, je vous en prie Monsieur Gallagher !

Il lui fit signe de s'asseoir, alors que son thé arrivait. Il gratifia la serveuse d'un sourire, captant son regard sur son postérieur lorsqu'elle repartit. Pas de doute, les femmes avaient bien plus de charme à ses yeux. Reconcentrant ensuite son regard sur l'étudiant, il lui fit un petit sourire comme pour s'excuser d'avoir eut un instant la tête ailleurs. Mais il avait besoin inconsciemment de se rassurer.

- Alors, on ne s'est pas vu depuis un moment déjà. comment te portes-tu ? La fac suit son cours naturel j'imagine.

L'aîné des O'Conell était impressionné par Jesse, il devait bien le reconnaître. Si au début il avait tenter de se rapprocher pour avoir un point dans sa côte de popularité et montrer qu'il n'était pas homophobe et savait se faire aimer des gens, il avait vite comprit que le jeune Gallagher était bien plus qu'une simple étiquette. Il était plutôt remarquable dans son genre. Poli, travailleur acharné, sérieux, aimable, drôle et joueur, quelques petites qualités qui faisait de lui un bon élément. Comment ne pas trouver un intérêt autre que politique !
Adrian avait trop tendance à tout compter comme tel, comme un enjeu. Il voulait cependant faire bien et montrer aux gens qu'il n'avait rien à voir avec son géniteur, malgré quelques traits de caractères. aussi, bien que d'apparence toujours glacial qui faisait fuir certains, le jeune Apollon savait profiter d'une bonne soirée entre amis pour se détendre, boire et rire. Même si ces temps-ci, il s'était auto-proscrit la boisson.

Je laissais mon invité surprise s'asseoir face à moi, récupérant par la même occasion mon thé. Je ne pouvais m'empêcher d'admirer la serveuse, me confortant su ma sexualité. Jesse lui n'en avait à faire des femmes, il les considéraient toutes comme de simples amies, étant homosexuel. Moi en revanche, je penchais plus vers le fait de les séduire, avec ou sans but de coucher avec. Il n'y avait que très peu de mes « copines » qui faisaient parti de la catégorie amantes. Non, en dehors de Juliet, il n'y avait pas autant de femmes avec qui je couchais, j'aimais plus les charmer à vrai dire, tester mon potentiel séduction. Le jeune étudiant devait faire la même chose, mais sur un tout autre terrain. Sur celui qui me mettait mal à l'aise. Il n'avait fort heureusement jamais tenté le coup avec moi et je devais admettre préférer cela au coup pendable de Holden !...

Mais ne pensant pas à lui maintenant – refusant d'y penser plutôt – je questionnais Jesse sur ce que devenait sa vie. Cela faisait un petit moment que nous n'avions plus prit le temps de converser lui et moi, ça me manquait. Jesse avait toujours eut cette maturité qui lui était propre, sachant se rendre intéressant sans en faire de trop, et sans feindre l'intelligence. J'appréciais fortement sa compagnie et ne refusait jamais de passer un moment avec lui. J'aimais également son élocution bien surprenante pour un jeune de son âge. Non pas que je me sente vieux, mais par rapport aux milieux où nous vivions et aux conditions d'éducation, il était bien plus poli que certains autres étudiants de faculté.

- Oh ne m'en parle pas ! Les révisions n'en finissent jamais dans le domaine où j'étudie, hélas ! Mais la fin approche, ce n'est plus qu'une question de semaines avant que nous puissions passer les derniers examens. Nous serons vite libérer. Enfin.. toi comme moi devons toujours nous surpasser et travailler nos matières !

Le jeune Gallagher était dans la section des arts dramatiques de l'université de Magnolia, chose que je trouvais vraiment bien. Il nous fallait de bons acteurs et ces écoles réservées aux arts étaient une bonne idées ! Je ne considérais pas les gens de ce milieu comme des moins que rien sans ambition comme dirait mon père. Non, mois je les respectais et admirais leur talent de composition, les saluant chaleureusement. Je n'avais pas besoin de cela pour être un grand acteur moi ! Moi je jouais déjà beaucoup la comédie auprès de ma famille et du reste du monde, pourquoi donc vouloir en faire son métier quand toute sa vie n'est que mensonge ? La politique était un jeu d'acteur bien préoccupant ! Le temps de ma réflexion, je bus une gorgée de mon thé en écoutant Jesse qui trouvait lui aussi que le temps passé depuis notre dernière entrevue était bien long.
Le châtain me questionna sur les nouveautés de ma vie... Je baissais un instant les yeux sur ma tasse, faisant mine de touiller le tout. À vrai ire, il n'y avait pas grand chose à raconter hormis les banalités ! Le seule chose vraiment nouvelle, je refusais d'en parler.. déjà d'en penser alors pour le reste, il ne fallait pas trop me chercher. Je relevais les yeux pour lui répondre.

- Ces temps-ci, je me suis bien occupé de mes études je dois dire, peut-être en arrivant à négliger mon couple et mes amis, mais ceux-ci se portent bien, je crois.

A mes derniers mots, j'avais rebaisser un peu les yeux, sachant que tous mes amis n'allaient pas bien. Non, celui qui comptait le plus pour moi, le seul à qui je pouvais dire que je tenais, ne me parlait plus depuis bientôt deux semaines ! Et j'en avais mal rien que d'y penser, revoyant les images de cette nuit où tout avait basculée...

- Et toi alors !? Ça se passe toujours bien chez le professeur Mayfield ? Vous ne cherchez pas encore à vous reloger ?

N'importe quel sujet ferait l'affaire ! Je m'en fichait, je n'avais juste pas envie de penser à ça. J'étais mal à l'aise comme jamais et ne relevais plus les yeux vers le châtain. Je savais que Jesse et Bryan vivaient tout deux chez le frère de Bryan, le temps de leurs études ou trouver quelque chose leur permettant de pouvoir s'offrir un appartement. Alors pourquoi ne pas chercher à savoir si les jeunes gens étaient toujours bien chez le professeur ou s'il en avait pris marre d'avoir des jeunes sous son toit !? Je n'aimais déjà pas beaucoup parler e moi.. Je préférais que les gens parlent de moi, en bien ou en mal, plutôt que de devoir dire les choses et confirmer parfois certaines rumeurs.