cinzia&alix

La musique résonnait dans la maison, ça en donnait même mal à la tête, encore pire quand t'entendais la musique au ralentit, quand tu n'arrivais pas à faire deux pas droite, en gros que tu commençais à être bourrée quoi. Même si j'avais l'habitude de finir mes soirées dans un état pitoyable c'était toujours aussi bizarre. Un joint en plus de la quantité énorme d'alcool dans le sang, je ne m'arrêtais jamais, surtout quand j'étais en compagnie de Cinzia. Les soirées, ce n'étaient jamais sans elle, c'était ma meilleure amie et c'est pas pour rien, elle aussi savait s'amuser, contrairement à certaines personnes du quartier. J'étais aussi accompagnée de mon acolyte, Clyde, mon très cher Clyde que je considère comme mon meilleur ami, il y avait aussi Joy et pleins d'autres jeunes qui venaient pour se faire piquer ou autre.

La cuisine n'était pas décoré, elle était petite mais j'étais là, assise par terre en compagnie de Cinzia, buvant une gorgée de mon verre qui était encore rempli. Ce fut d'un coup, elle se leva et me prit la main, elle ouvrit la fenêtre et commença à se faufiler comme ça, évidemment je l'ai suivi, faire des bêtises dans le genre me rappelait tellement de souvenirs même si à cet instant présent je n'arrivais plus trop à penser.

C'est donc par la fenêtre de la cuisine et une bouteille à la main qu'on s'était échappé de la fête pour aller ou ? Bin, je sais pas. On courrait, toujours jusqu'à en perdre haleine, je n'avais jamais autant couru je crois, courir dans le noir, renversant un peu d'alcool sur mon jeans skinny avant de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Ça allait nous amener ou de courir ? Je sais pas, mais j'aimais l'aventure, j'aimais ça.

« Heeeeey! Viens on va au cimetière. »

Pourquoi aller au cimetière, aucune idée, mais en tout cas Cinzia n'avait pas l'air de s'y opposer, donc on continua à courir jusqu'à arriver au cimetière. Pour les gens normaux, aller au cimetière à trois heures du matin pourrait faire flipper, mais pour nous ça ne faisait aucuns effets. Toujours derrière Cinzia, je grimpa une petite barrière, petite mais c'était difficile, pourtant j'étais encore debout. Personne n'était là pour nous arrêter, pas grave on continue notre chemin. Puis, j'eus le temps de me retourner que Cinzia était déjà perchée en haut d'un toit, d'un truc, elle me prit les mains pour m'aider à monter au haut, j'avais toujours un peu de mal avec l'équilibre. Je m'installa donc le mur à côté de Cinzia qui me prit la bouteille des mains. Elle but une gorgée avant de tout me cracher dessus, je me mis à rigoler.

« Bah mais c'est dégueulasse ton truc ! »

Elle lança la bouteille.

« Bah, tu m'a craché dessus. »

Dis-je en regardant mon état, mon jeans était mouillé au niveau des genoux, boueux. C'était dégueulasse, mon haut était agrandit lançant entrevoir mon soutiens gorge, c'est vrai que ce n'était pas beau à voir, mon maquillage avait coulé, mes cheveux étaient attachés mais puait l'alcool. J'avais bien une dégaine de fin de soirée, défoncée.

Même si les deux meilleures amies ne volaient pas haut en ce moment même, Alix était bien pire que Cinzia, niveau état. Ouais, elles étaient toutes les deux défoncées mais Alix n'en parlons même pas. Pourtant, elle connaissait ses limites maintenant. Elle savait bien, elles le savaient toutes les deux, qu'à partir d'un certain nombre de verres, de pet', et de lignes, elles étaient mortes. Ouais mais voilà, comme dirait ce bon vieux Serge Gainsbourg, elles connaissaient leurs limites, et c'est pourquoi elles allaient au-delà. Bah oui, fallait être réaliste. Si on connait ses limites et qu'on ne les franchit pas, alors c'est quand qu'on s'amuse ? Alix et Cinzia n'étaient pas ce genre de fille comme les McClair qui faisaient tout pour être parfaites. Qu'est-ce qu'elles l'énervaient, les deux blondasses. Angélique et Gaëlle, elle s'appellent. Des vraies noms de coincées, à croire qu'elles étaient déjà prédestinées à se faire chier dans leur vie de prude. Cinzia ne comprenait vraiment pas leur comportement, chez elle il n'y avait jamais rien qui clochait, elles étaient toujours coiffées impec, habillées très sobrement et sans aucune once d'originalité mais au moins on ne les remarquait pas et apparemment c'était ce qu'elles voulaient, elles étaient polies, disaient toujours bonjour, merci, aurevoir, aidaient toujours leur prochain, et blablabla.. Beurk, c'était vraiment à vomir ! Cinzia et Alix, c'était pas trop le même trip. Elles fumaient des joints à longueur de journée jusqu'à en avoir les yeux rouges et ne plus rien voir, mangeaient trois fois rien parce que les kilos c'est pas beau, se levaient à deux heures de l'aprem pour se coucher à six heures, dépensaient tout leur salaire dans leur dope et les fringues, insultaient les mamies qui donnent à manger aux pigeons dans la rue, taxaient des clopes aux collégiens, bref, des loques. La seule différence notable entre Cinzia et Alix était cependant la suivante; Alix s'en foutait éperdument de son look, elle prenait le premier t-shirt qu'elle avait sous la main, ne se coiffait pas, enfin elle en avait complètement rien à carrer de son look, de ce que les gens pouvaient penser d'elle, enfin de l'image qu'elle donnait quoi. Cinzia, elle, c'était plus subtil. Elle voulait donner l'apparence d'une nana détachée qui s'en fout de la vie, mais au fond chez elle chaque détail était étudié. Si vous pensiez comme tout le monde que la jolie brunette se levait chaque matin, se maquillait en 5 minutes et s'habillait au pif, vous aviez tord. Non, elle réfléchissait à tout, au petit détail qui ferait la différence, au petit débardeur sous le pull qui ferait croire que c'était hasardeusement parfaitement accordé. Eh oui, vous ne vous doutez pas de tout ce qui se trouve dans la tête des filles.

Cinzia porta la main à sa tête. Ouais, la bouteille d'Alix était vraiment infecte. Elle plissa les yeux pour distinguer ce qui était écrit dessus, mais rien à faire c'était flou, elle y arrivait pas. Elle releva un peu la tête et soupira d'un coup brusque avant de fermer les yeux et d'appuyer le derrière de sa tête contre le mur. « J'ai fait quoi, comme conneries, ce soir? Énumère st'euplait. »