Nina se sentait soulagée. Ça y est, il allait enfin arrêter de lui poser des questions. Il ne savait pas la vérité, mais au moins il pensait la connaître. Elle était quelqu'un d'assez jovial, pas du genre à se plaindre - sauf quand c'est pour obtenir quelque chose de maman - donc elle n'aime pas beaucoup parler de ses problèmes. Elle était à bout, ça se voyait. Dès qu'elle recevait un message chelou, elle pétait un plomb. Mais voilà, elle avait pas envie de le montrer à tout le monde. Ca faisait plus plaisir de traîner avec quelqu'un qui a le sourire et qui rit tout le temps, plutôt qu'une fille qui fait la gueule et qui râle tout le temps. Au final, le fait qu'on passe une bonne journée ou non est souvent conditionné par nos amis, par leur humeur. Voilà pourquoi Nina se tenait toujours à une distance de sécurité des gens déprimés ou muets, du genre Scarlett Spencer ou Lily Evans. Ils étaient jeunes, tout le monde avait des problèmes, mais fallait pas de morfondre, c'était pas à 40 balais qu'ils allaient s'amuser !

« C'est rien.. »

Dit-elle à demi-mot. Il se sentait mal maintenant, ça se voyait. Il baissait la tête et regardait ses pompes. Mince, Nina ne voulait pas qu'il soit gêné à ce point comme ça. Mais d'un autre côté elle lui en voulait un peu quand même, ça faisait bah.. depuis les trois semaines qu'ils étaient ensemble, qu'il lui demandait à chaque fois qu'elle regardait son portable. C'est bon, c'était pas non plus une affaire d'état, cette histoire.. Rien d'important..

Mais Nina n'en avait pas fini avec lui. Elle l'adorait franchement mais là elle avait bien envie de jouer encore un peu avec ses nerfs, histoire de lui faire comprendre qu'il devait vraiment arrêter de faire la police en l'interrogeant.

« Tu sais vraiment tout.. »

Fit-elle en plongeant sa tête entre ses deux mains, effondrée.. avant de fondre en larmes bruyamment. Des larmes coulaient le long de ses joues comme un flux interminable. Quelle bonne comédienne elle était!

Comment Nina arrivait-elle à pleurer alors même qu'elle n'était pas triste vraiment? En fait, elle était plus énervée qu'autre chose mais elle avait réussi à se maîtriser. Pour réussir à pleurer sur commande, voici une technique simple. 1) Penser à un souvenir triste. Mais un truc genre vraiment horrible, comme la mort de votre poisson rouge, ou le désespoir quand vous avez vu que votre Mamie vous avait encore acheté un pyjama hideux pour Noël. 2) Mimer l'attitude de quelqu'un qui pleure, même si vos yeux ne sont pas humides. Ça fait genre quand même, et on y voit que du feu. 3) Se lamenter et dire des expressions toutes faites à la chaîne du style "ma vie est un désastre" , "je suis foutue, ma vie est ruinée" , "j'en ai marre de ma vie" , "je sers à rien" ou encore "toute façon personne m'aime". 4) Se persuader qu'on est vraiment triste pour de vrai, et alors les larmes viendront toutes seules.

Voilà Nina avait appliqué cette bonne vieille méthode. Elle, elle avait repensé à quand, lorsqu'elle avait environ 8 ans, sa grande soeur Rose avait rasé la tête de sa Barbie préférée tout ça pour se venger parce que Nina avait fait rire les parents en faisant le pitre à table, tandis que quand Rose s'était levée pour faire une petite danse du ventre, ça avait été le bide, les parents avaient applaudi par politesse simplement. Hahaha, sacrée Rose, toujours prête à se venger quand elle n'obtient pas ce qu'elle veut. N'empêche que ce jour-là, Nina avait vraiment été triste, elle avait pleuré toutes les larmes de son corps, emmitouflée dans son lit trop grand pour elle, et avait appelé sa maman chérie pour qu'elle lui fasse un câlin avant d'aller gronder Rose. A tous les coups ça marchait. Voilà pourquoi Nina en faisait parfois toujours trop et exagérait quand elle racontait une histoire ou quand elle faisait genre qu'elle était triste. Plus tu baratines, plus les gens te croient. C'était comme ça que ça marchait avec elle! La preuve, Jérémy se sentait maintenant terriblement mal.

« Ne t'en fais pas, maintenant que c'est dit, c'est dit. C'est bon. On peut changer de sujet, maintenant? »

Proposa-t-elle en relevant la tête et en séchant ses larmes avec la serviette siglée GC. C'est vrai quoi, Jérémy avait beau se répandre en excuses, la meilleure façon de rendre le sourire à une fille était de lui faire penser à autre chose. S'occuper l'esprit pour oublier ses problèmes était le meilleur des remèdes. Nina fit un petit sourire qui dévoilait des petites fossettes de chaque côté de ses joues.

« Qu'est-ce que tu me racontes de beau? Vas-y, fais-moi rire, un truc drôle, je sais pas! »

Nina laissa échapper un petit rire poli. Cette anecdote la fit sourire, mais sans plus. A vrai dire, on aurait pu lui raconter la blague la plus drôle au monde, elle n'aurait pas ri aux éclats, comme elle l'aurait fait d'habitude. Elle était d'une sale humeur. Un peu lunatique c'est vrai, mais comme toutes les jeunes filles de son âge Nina se laissait rapidement emporter par ses émotions et le fait d'avoir raconté une histoire triste quelques minutes plus tôt, aussi fausse soit-elle, lui avait sapé toute envie de s'amuser. Son sourire indélébile s'était perdu au loin pour de bon. Jérémy, lui, était quelqu'un d'assez empathique, et dès qu'un ou une amie à lui allait mal, il allait mal avec elle. Ce garçon n'aimait pas voir les autres tristes, et voilà il les consolait comme il pouvait, quoiqu'un peu maladroitement. Mais c'était ce qui faisait son charme, comme on dit.

« J'aurais voulu voir ça. »

Laissa-t-elle échapper, le regard dans le vague. Pour dire vrai, elle aurait préféré en ce moment même être chez elle affalée devant le canapé ou bien dans son lit à s'empiffrer de pancakes. Que Jérémy soit là-bas avec elle, elle n'aurait pas dit non. C'était juste cet endroit qui l'insupportait là. Elle adorait venir ici après les cours avec ses amis pour prendre un verre, mais là tout de suite, sans raison rationnelle, elle avait juste envie de se casser. Appelez ça lunatisme si vous voulez, quoi qu'il en soit elle se sentait plutôt mal à l'aise ici. Et ça n'alla pas en s'arrangeant puisque son copain - voulant pourtant bien faire - changea de sujet et évoqua l'année prochaine, les études, tout ça tout ça.. Super sujet.

« Oh, je ne sais même pas si j'ai réussi les examens, alors.. »

Souffla-t-elle. En fait, elle faisait un peu la fille pessimiste du genre « han j'ai trop foiré je crois que je vais avoir une trop sale note ! » alors qu'elle se tapait un A+. Nina avait toujours été comme ça, un peu trop sûre d'elle au niveau scolaire. Mais à toujours se reposer sur ses acquis, la cheerleader risquait d'être surprise un de ces jours. Or jamais une seule fois dans sa tête ne s'était formée l'idée d'un éventuel redoublement. Oh ça non, très peu pour elle, Nina Van Valkenburg ne pouvait pas redoubler.

« Mais sinon ouais, je pense faire comme ces jeunes qui savent pas trop s'ils préfèrent se tuer à la tâche en fac de médecine, ou alors à l'université de droit, et qui s'accordent une année sabbatique, du genre à l'étranger. » expliqua Nina, limite prête à annoncer à tout le monde que l'année prochaine elle irait faire le tour du monde, mais il était peut-être un peu trop tôt pour vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. « Et toi, alors ? »

Jérémy avait beau essayer de changer de sujet, la jeune femme semblait encore un peu triste suite à l’histoire qu’elle venait tout juste de raconter. Il pensait que sa petite histoire lui aurait peut-être remonté un peu plus le moral. Habituellement, c’est comme ça que le jeune homme réussit à ne plus penser au sujet de départ. Par contre, c’était un peu comprenable vu sa situation.

La conversation sur les études la fit parler un peu mieux. Contrairement à lui, elle ne savait pas trop quoi faire comme étude plus tard. Tandis que lui avait un peu déjà préparer d’avance. Lui non plus n’avait pas encore reçu ses résultat d’exams, mais il ne s’en souciait pas trop. S’il redouble son année, bah se n’est pas la fin du monde. Ça serai dommage, mais c’est la vie. Par contre s’il passe il avait déjà une place à l’université en programmation sport, donc pas besoin de s’inquieter pour ça.

- Je me suis incrit à l’université pour un programme de sport et puis j’ai reçu une lettre me disant que j’y suis accepter, donc je ne m’inquiète pas trop pour l’année prochaine.

Assis à la table, le jeune homme tourna la tête vers la porte, lorsque la cloche de celle-ci sonna, annonçant l’arrivée de nouvelles personnes. Lorsqu’il vu qui était ces personnes, il se figea. Julian King et Adrian O’Conell se tenait là tout proche de la porte. Depuis quelques temps, le jeune homme redoutait un peu ces deux mecs là. Il lui foutait vraiment la trouille. Surtout qu’il savaient des trucs sur eux qui serai peut-être utile pour l’enquête sur le meurtre d’Alicia King, il pouvait être en danger.

- Viens on va allez prendre de l’air ! dit-il à Nina en lui prennant la main et en la traînant presque dehors.

Sincèrement, Jérémy ne voulait pas être au même endroit que Julian et Adrian. Surtout Julian. Il avait cette manie de regarder les gens avec un regard noir qui pouvait glacé le sang. Comme s’il voulait tous nous éliminer. Le jeune homme devra surment se préparer une excuse pour Nina. Elle allait surment se demander ce qui se passait, ce n’était pas dans les habitudes du jeune homme de partir comme ça… Il aurait aimé ça se confier à elle, mais c’était un peu risqué. Il ne préfèrait ne pas la mêler à tout ça.

Comme tous les gens de l'entourage de Nina, Jérémy avait réussi avec brio ses examens. Même s'ils n'avaient pas encore reçu les résultats, elle était persuadée qu'ils allaient être excellents pour son copain. En revanche, elle ne préférait pas se prononcer sur les siens. Il ne fallait pas tuer la peau de l'ours avant de l'avoir tuée, se dit Nina. Sa mère lui répétait souvent cette phrase pour lui montrer que les choses n'étaient jamais acquises d'avance. Et elle avait bien raison. Nina aurait tant aimé être première de la classe tous les ans et faire la fierté de ses parents. Elle aurait pu se la péter en remuant ses notes sous le nez de sa sœur, faire la fière en disant qu'elle avait obtenu une bourse de mérite, mais rien de tout ça ne lui était jamais arrivé. Cependant, Nina faisait encore une fois comme si ses mauvaises notes ne l'atteignaient pas, il fallait bien sauver les apparences.

Son copain lui expliqua donc qu'il avait obtenu une place dans une université de sport. Cela ne l'étonna pas, Jérémy avait toujours été doué en sport. Il était même capitaine de son équipe! Ça le fait, de sortir avec le capitaine, nan? Elle aussi était douée sportivement, elle détestait ne rien faire de ses journées, c'est pourquoi elle était toujours en train de s'activer à faire quelque chose et perdait facilement toutes les calories absorbées dans la journée.

« C'est cool, je suis contente pour toi. »

Répondit-elle en souriant. Mais avant qu'elle n'ait le temps d'ajouter quelque chose, Jérémy se leva précipitamment et lui prit la main, l'emmenant à l'extérieur. Il voulait prendre l'air. Mais pourquoi? Ils étaient bien à l'intérieur, non? Nina se laissa faire, mais elle aurait préféré rester vautrée dans son fauteuil à boire son café. Une fois à l'extérieur, Nina agrippa doucement mais sûrement Jérémy par le bras afin qu'il se tourne vers elle, et qu'ils soient face à face. Les sourcils froncés, elle s'écria :

« Tu ne m'as même pas laissée terminer mon café. C'est quoi le problème ? »

Nina secoua la tête pour faire comprendre à son copain qu'elle ne comprenait pas son soudain changement d'attitude.

Son regard fixait toujours l'intérieur du Gordon, observant attentivement le jeune O'Conell et le jeune King. Ils avaient l'air si innocent et à la fois si coupable. Les gens craignent ces deux mecs et sincèrement, il doit y avoir une bonne raison. C'est peut-être con d'accuser le fils de la victime, mais il était juste trop... étrange. Surtout, que c'était lui qui avait découvert le corps de sa mère. Encore plus louche... Et Adrian aussi est étrange ! Tous les deux ont un truc à cacher et le jeune Huntington va essayer de trouver s'est quoi. Bah, si ce n'est pas ce qu'il croyait, ça va faire deux suspects de moins. Mais pour l'instant, il était dans ceux qui semblaient plus coupable.

De son côté, Nina n'avait pas lâchée prise. Elle savait que quelque chose n'allait pas et voulait le savoir. Il senti les mains de cette dernière venir prendre ses joues et lui tourner la tête afin qu'il soit face à face. Malgré ça, le regard du jeune homme fixait toujours les deux autres à l'intérieur, regardant chaque mouvement qu'il faisait. Peut-être même s'il pouvait réussir à savoir ce qu'ils se disaient en regardant leurs lèvres bouger. Mais soudainement, sa copine lâcha son visage et lui fit des signes de mains devant le visage en lui demandait ce qu'il y avait. L'option de lui dire que tout allait bien n'avait pas marché. Alors, la seule option qui lui restait était de lui confier ce qu'il savait. Au point où il était rendu, il n'avait plus trop le choix. Et puis, elle avait quand même un bon point. Elle s'était confiée à lui, s'était maintenant à son tour. Il ne répondit pas à sa question. De toute façon, elle allait comprendre ce qu'il y avait à l'intérieur après les explications.

- Viens, on va s'asseoir !

Il attrapa la main de sa copine et prit une table - la plus éloigner possible des vitrine- sur la terrasse. Prendre le risque que Julian et Adrian entendre leur discussion, non merci. Assis face-à-face avec Nina, il pensait à comment lui expliquer. Surment lui dire directement. S'il tournait autour du pot, cela allait surment agacé sa copine. Jérémy regarda les clients qui les entouraient. Il était tous préoccupés par leur propre conversation, donc il avait la voie libre.

- Le jour qu'Alicia King est morte, j'étais leur jardinier. Alors, pendant toute la journée, moi j'étais chez elles à faire mon boulot. Et puis, j'ai vu toutes les personnes qui sont entrées chez les King cette journée. Donc, j'ai vu le meurtrier entrer, par contre je ne sais pas qui s'est.

Le jeune homme ce mit à énumérer les noms de toutes les personnes ayant pénétré dans la maison. À l'exception d'un nom. Il préférait garder ce nom confidentiel pour son propre bien.

- La raison que je voulais sortir de là, c'est que j'ai vu Julian et Adrian y entrés. Et pour dire vrai, ils me font un peu peur. Je ne les accuses pas du meurtre, mais ils ont un truc à caché ces mecs. Je ne sais pas s'est quoi, mais c'est gros. Alors, imagine que c'est vraiment eux et qu'ils sont au courant que je les ai vus cette journée. Qui sait ce qu'ils pourront me faire si pour que je me la ferme.

Sincèrement, il ne préférait pas y penser. Il avait beau se dire qu'ils ne pouvaient rien lui faire, c'était impossible de garder cette possibilité. Dans tous les films policier, y a toujours un témoin qui se battre parce qu'il en sait trop.

- Je veux que ce que je viens de te dire reste entre nous, okay ? Parce que je ne veux pas que tu sois en danger.

Il se demandait vraiment, s'il avait fait le bon choix en le disant à Nina. Si jamais elle était en danger à cause de ce qu'elle savait, il s'en voudrait énormément. Surtout que c'est de sa faute qu'elle est au courant. Cependant, ce qui était dit était dit, il avait beau regretter, ça n'effacera pas ses paroles. Nina était maintenant au courant et elle devait faire attention.

Le visage et les paroles de la jeune cheerleader pouvait tout dire sur sa réaction : Elle était choqué. Ce qui était comprenable vu la révélation du jeune homme. Cela lui faisait pensé à lorsqu'il avait su qu'Alicia était morte. Savoir qu'il avait été présent chez elle cette journée et qu'il lui avait dit bonjour le matin même, cela l'avait vraiment choqué. Il a resté sous le choc pendant au moins une semaine et il devenait de plus en plus paranoïaque. S'imaginant que tout d'un coup le meurtrier entrerait chez lui et le tuerait à cause qu'il en savait trop. Au moins, rien de cela n'est arrivé... du moins, pas encore. Espèrons seulement que ça reste ainsi.

Nina se leva d'un bon et fit les cent pas en se répétant. Il aurait du lui dire ailleurs qu'ici ! La réaction de sa copine attira l'attention des clients, ce que Jérémy voulait éviter. Il tourna encore une fois son regard vers l'intérieur du Gordon pour voir si Adrian ou Julian les regardait. Heureusement, non ! S'ils auraient vu Nina en ce moment ils auraient tout de suite su que quelque chose clochait.

Finalement quelques secondes passèrent avant que la jeune femme reprit place à côté du jeune homme sa tête contre lui et lui serra la main un peu plus fort. Maintenant qu'il avait avoué la vérité à quelqu'un, il se sentait soulagé. Ça faisait au moins un an que le jeune homme garde ça pour lui et sincèrement, il n'est pouvait plus. Il avait eu peur de se confier, mais maintenant qu'il y pense il avait eu tort.

- Tu peux pas savoir comment ça fait du bien de le dire, souffla-t-il.

Maintenant, il avait Nina pour l'aider à s'avancer dans son enquête. En effet, le jeune homme avait décider de partir sa propre enquête sans avertir la police des indices qu'il avait. Pourquoi ? Et bien parce qu'il leur énumérait toute la liste des gens qui sont entrés chez les King le jour de la mort d'Alicia, il sera oubligé de mentir. Alors, ça sert à rien de leur dire s'il était pour mentir. Bref, de toute facon la police prend trop de temps. Nina et lui pourront surment élucider ce crime avant que les flics ait trouvé un autres indices.

Lorsque sa copine lui demanda s'il se rappelait de l'ordre des gens, le jeune homme eu comme un blanc. L'ordre ? Oh mon dieu... Cela faisait si longtemps. Il se concentra donc sur cette journée essayant de trouver chaque détail. Merde !!! Il n'arrivait pas à se souvenir ! Quel nul ! Il était trop préoccupé à mémoriser les noms qu'il avait complètement oublié quand ils étaient entrée.

- Ouais, je crois bien que grâce à l'autopsie, ils ont réussi à savoir à quel heure elle est morte. Par contre, je ne me rappel pas du tout qui est entré à quelle heure. J'me sens trop con en ce moment ! Comment ai-je pu oublier un détail aussi important ?

En fait, ce n'était pas vraiment de sa faute. Lui ne savait pas vraiment qu'un meurtre aurait été commis cette journée, donc lorsque les gens entraient, il s'en foutait un peu de l'heure. Lui n'était là que pour son boulot par pour les espionner. Mais quand même, il pourrait au moins savoir qui est entré en premier et qui en dernier.

- Je ne l'ai pas dit à la police, parce que j'avais peur. Savoir que j'ai dit des noms à la police aurait donné plus de raison au meurtrier de s'en prendre à moi. J'ai pas voulu prendre le risque... Tu vas pas leur dire, hen ? À la police....

Si Nina allait tout révélé à la police et bien il était dans la merde. Caché de l'information sur un meurtre à la police, c'est grave. En tout cas, les flics n'auraient pas trop aimer, étant donné que leur investigation n'avance pas trop vite. Seul les indices de Jérem' pouvaient les aider. Mais la il était trop tard pour faire marche arrière. Il n'a rien dit à la police et ça va rester ainsi. Bah au moins, si Nina s'ouvrait la trappe, il lui avait caché un nom, donc l'enquête de la police ne pouvait pas être complète sans ce nom...

Ça, c'était certain que cela devait lui faire du bien de se confier à quelqu'un. Nina se demandait s'il l'avait seulement dit à quelqu'un d'autre qu'elle. Mais elle penchait plutôt pour le non. Elle hocha la tête, encore sous le choc. C'était fou. Il y avait certaines personnes parmi celles qu'il avait citées qu'elle appréciait bien. Elle ne pourrait s'empêcher de baisser le regard maintenant lorsqu'elle les croiserait. Ce n'était pas son genre de faire ça, mais lorsqu'on a en face de soi un meurtrier, on change tout de suite de "genre", justement. Nina mit les mains sur ses hanches et fronça les sourcils pour réfléchir.

« C'est tout ce que tu sais ? Enfin je veux dire, je sais que c'est déjà pas rien, mais tu ne te souviens pas d'autre chose ? D'avoir entendu des cris ou quoi ? »

Nina aimait particulièrement les romans ou les films policiers, et elle trouvait toujours la clé de l'énigme avant tout le monde. Mais bien sûr, lorsque le Cluedo était à l'échelle réelle, ce n'était plus la même chose. Elle commençait à paniquer. Auparavant, lorsqu'elle ne savait rien de tout ça, elle n'y pensait pas et donc ne se souciait pas de savoir si le voisin à qui elle dit bonjour tous les matins ou la mère de sa meilleure amie étaient des assassins. Mais maintenant, elle ne verrait plus jamais la ville, la vie, comme avant.

Nina soupira un grand coup. C'était quelque chose de dingue. Elle avait l'impression d'être l'actrice principale d'un mauvais film dans lequel un tueur se cache avant de tuer tout les habitants un à un. Et sans rire, elle avait peur d'être la suivante maintenant. C'était trop pour elle, trop lourd à porter sur ses petites épaules fragiles. Nina s'écroula par terre, s'asseyant en tailleur en portant une main à sa tête. Elle avait chaud.

« C'est pas sérieux de ne pas l'avoir dit à la police, Jerem' .. Je me sens plus en danger que jamais maintenant. »

Elle ne voulait pas le culpabiliser, seulement lui faire comprendre que, déjà le fait d'être un témoin était dangereux, mais ne pas faire part à la police d'indices importants, c'était carrément du suicide. Ils allaient le prendre pour un suspect immédiatement s'ils apprenaient qu'il avait été là le jour du meurtre. Que lui était-il passé par la tête ? Elle secoua une nouvelle fois la tête.

Jeremy lui avoua ensuite qu'il ne se rappelait de rien d'autre de cette journée. Quoi de plus normal lorsqu'on va au travail tous les jours et qu'on effectue sa tâche sans se soucier des petits détails quotidiens ? Sauf qu'il aurait pu y avoir des choses qui lui auraient mis la puce à l'oreille, comme des gens qui n'avaient pas l'habitude de se rendre chez les King mais qui s'y sont déplacés ce jour-là.. Nina pinça les lèvres. Elle, s'en serait rendue compte, elle en était sûre.

« Non, je ne vais rien leur dire. Pour toi. Tu peux me croire.. »

Assura-t-elle en lui attrapant la main.

Des cris ? Pas à ce qu'il sache. Enfin, s'il avait entendu quelqu'un crier, il aurait sûrement entendu. Ça le frustrait d'avoir manqué autant de détails ! Si seulement il aurait fait plus attention cette journée, peut-être qu'il aurait plus d'indices, mais ce n'est pas comme s'il savait qu'un meurtre allait être commit. Pour lui c'était normal que les King aillent de la visite. Depuis ce jour, il essai de capté chaque détail, chaque action et chaque personne. Chaque petit détail peut être utile. De loin, il surveille chaque personne sur sa liste, espérant en découvrir plus. En ce moment, aucune personne était plus suspecte que d'autre.

- Sincèrement, c'est tout ce que je sais ! J'ai pas pensé à prêter plus attention. Et non, j'ai rien entendu...

Il savait qu'il avait eu tort de ne rien dire à la police, mais il l'avait fait par protection et aussi par peur. Le lendemain, lorsqu'il apprit la mort d'Alicia, il avait été choqué. Lui qui était sur les lieux du crime la journée même ! Il pourrait lui-même être un suspect pour la police ! Jérémy préférait mener son enquête seul, ou maintenant il a Nina pour l'aider. Deux têtes valent mieux qu'une !

Lorsque Nina lui fit part qu'elle se sentait plus en danger maintenant, il culpabilisa un peu. Ce n'était pas son but, mais en même temps, elle l'a poussé à parler. Aussi, il en avait marre de garder ça pour lui. Savoir que parmi les citoyens de Magnolia se cache un meurtrier, disons que ce n'est pas très rassurant, surtout lorsqu'on sait à peu près qui pourrait l'être. Ces personnes, on les voit à tous les jours, alors impossible de les éviter !

- Je suis désolé... mais tu voulais que savoir ce qui me tracassait ! Tu viens de me dire ce qui n'allait pas de ton côté, alors je n'étais quand même pas pour te mentir.

Nina lui avait avoué ses problèmes, c'était maintenant à son tour. Il lui faisait assez confiance pour ça ! Elle ne méritait pas qu'il lui dise un mensonge. De plus, il était nul pour mentir. Surtout avec Nina, elle avait le don de savoir si son copain lui disait un mytho ou s'il disait la vérité. Bref, il fut soulagé lorsqu'elle lui dit qu'elle ne le dirait pas à la police. Au moins il pouvait compter sur elle.

- Merci, dit-il avant de l'embrasser tendrement.

Suite au baiser, il regarda autour d'eux. Les gens étaient toujours concentrés dans leur propre conversation, mais malgré ça, le quaterback n'aimait pas trop discuter de cela en public. Il suffit qu'une personne entende un bout de leur discussion pour ensuite essayer de découvrir le reste de l'histoire.

- On rentre ? Avec tous ces gens qui nous entourent, ce n'est pas trop une bonne idée d'en parler ici.

On pouvait dire qu'aujourd'hui avait été une grosse journée. Déjà avec l'histoire tragique de la tante à Nina. Puis, la confession de Jérem'. En avoir discuté avec quelqu'un le soulagea. Maintenant, il n'était plus le seul à le savoir. Par contre, la peur était toujours là. Dorénavant, ils étaient deux personnes en danger. Ceci dit, ils devront se soutenir l'un et l'autre.

Il était clairement visible que Jérémy était à la fois soulagé et gêné de raconter son histoire. C'est clair, ce n'était pas rien à porter. A sa place, Nina aurait sans doute craqué sous la pression et aurait fini par tout dire à la police ou bien à sa chère mère. Etait-ce alors bien sage d'avoir confié ce secret à notre Nina pleine de bonne volonté mais si bavarde ? Seul l'avenir nous le dira. La jeune fille était encore sous le choc. Elle ne comprenait de plus pas bien comment il avait fait pour ne pas lâcher le pot aux roses plus tôt. Il était courageux finalement. Nina, elle, lorsqu'elle avait quelque chose sur le coeur, il fallait au contraire qu'elle le fasse partager à tout le monde, qu'elle raconte aux autres ce qui lui arrivait. Pour tout, enfin presque.

« Ouais, faut vraiment que je rentre là, on y va. »

Confirma-t-elle suite à la phrase de Jérémy. Elle prit une inspiration avant de se lever et d'attraper son sac posé au sol. C'en était assez et trop pour elle pour aujourd'hui. Les deux adolescents se dirigèrent plus loin, loin du Gordon Coffee, de tous ces regards inquisiteurs mais surtout de ces deux hommes que Jeremy - et désormais Nina - craignaient tant.

La cheerleader se répétait intérieurement les paroles que Jeremy avait prononcées quelques minutes auparavant. "J'étais chez les King ce jour-là. J'ai vu le meurtrier entrer". Ses mots résonnaient encore dans sa tête.

« C'est quand même fou. »

Remarqua-t-elle ans pour autant attendre de réponse en particulier. Les deux marchèrent jusqu'à Magnolia Street. Pour une fois, Nina était venue à pied, laissant sa Mini Cooper au garage pour cette fois. Etonnant. Preuve que cette journée n'était pas comme les autres.

« On s'appelle ce soir. »

Fit Nina avant d'attraper ses clés, d'embrasser son copain, puis de se diriger vers sa maison. C'était certain, cette nuit elle allait peu dormir...