Le réveil fut dur. Très dur. Ayant des choses sur la conscience, j'avais eut du mal à m'endormir, trop occupée à réfléchir aux possibilités que Cody ai des sentiments pour moi, à l'amitié qui nous unissait Annie et moi, a moment où mes parents décideraient enfin de revenir au quartier. En somme, à toutes ces choses dont je pense à longueur de journée mais qui me font paniquer à minuit, lorsque tout le monde dort. J'avais parlé à Adrian la vieille, et tous deux avions convenu de nous retrouver le lendemain pour une petite journée patinoire, qui allait sûrement s'annoncer drôle et mouvementée étant donné mon niveau anormalement bas en patinage. Je m'étais alors levée, avais allumée mon portable, et étais partie manger et m'habiller. Puis, je m'étais assise dans le canapé, avais commencé à lire Le club de incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia et avais posé mon téléphone sur l'accoudoir, de façon à l'entendre vibrer. J'avais lu une, peut-être deux heures, avant de recevoir le message de mon meilleur ami. Je le lisais et me levais. J'allais me faire un sandwich, trop fénéante sur le moment pour me cuisiner quelque chose. Puis j'avais allumé mon ordinateur portable, pour aller regarder les dernières nouvelles sur facebook. Ne voyant rien de neuf, je regardais l'heure et soupirais. Dans vingts minutes, je pourrais enfin partir.

Les jours où je ne travaillais pas, je n'avais qu'une envie : bouger, et les jours où je devais enchaîner mes deux stupides boulots, c'était ce genre de jours où j'étais incapable de faire quoique ce soit. Je passais les minutes qui suivirent à préparer mes affaires, à ne pas oublier les grosses chaussettes, une écharpe, mes moufles roses qu'Adrian détestait tant, et mon bonnet. Puis je partis tout de même avec quelques minutes d'avance, et marchais lentement vers la patinoire, mes écouteurs dans les oreilles. Au bout de quinze minutes, j'arrivais enfin devant la patinoire. Adrian était déjà là. Et lorsque j'arrivais à son niveau, je me hissais sur la pointe des pieds pour déposer un bisou sur sa joue et lui souriais, puis je demandais : « Salut la terreur! Tu vas bien? Depuis combien de temps tu m'attends? » Je regardais autour de nous, et nous commençâmes à entrer.

« Salut tête de chips! Ca va ça va ! Et toi? Tu es suffisamment en retard pour que je te balance sur la glace... même si je suis un gentleman! » Je riais lorsque j'entendis "tête de chips" et le poussais légèrement, mais je perdis l'équilibre: Adrian était tout de même bien plus costaud que moi. Je remets correctement ma sacoche sur mon épaule et lui souris et nous nous dirigeons vers l'entrée : « Genre! Eh la tête de Chips est toujours la première à l'heure. Pas de ma faute si t'es tout le temps en avance hein! Et ça va aussi, enfin Ali est très chiant en ce moment, et me fatigue beaucoup. » Je donnais l'argent à la caissière, qui l'encaissa et nous nous dirigeâmes vers les vestiaires. Lentement, je délassais mes chaussures, je n'avais vraiment pas envie d'y aller. Je posais mes affaires dans le bac, et mis quelques minutes à lasser mes patins. Puis je tentais de me mettre debout. Je dus m'appuyer sur un mur pour réussir à tenir debout. Puis j'attrapais mes moufles roses dans mon sac, mon écharpe, et mis mon bonnet sur ma tête. Et j'attendis qu'Adrian est lui aussi, terminé de se préparer.

Il se lève enfin, et se dirige vers la piste. Il y entre aisément et fait un tour de piste, tandis que moi, je reste accrochée au rebord, sans oser poser un pied sur la glace. Il finit enfin par revenir vers et d'un air amusé me lance : « Allez Albright, fait pas ta peureuse! » Je lève la tête et le fusille du regard. Moi une peureuse? Il doit sûrement se tromper de personne. Et comme pour lui donner tord, je m'élance sur la glace et tente de rester debout avec peine. Je finis tout de même par me stabiliser, et j'essaie d'avancer lentement sur la glace. Je vois Adrian me dépasser, me tourner autour, et glisser facilement sur la glace. Il me nargue, et je déteste ça. Au bout d'un moment je lui lance : « Au lieu de frimer, tu ferais mieux de m'apprendre à pati... Ouille! » Je finis par tomber sur les fesses et je me relève en glissant à chaque mouvement. Je finis par m'étaler sur le ventre et je hurle à Adrian : « Mais aides moi au lieu de me regarder galérer, enfoiré! » Tout en riant, il se positionne derrière moi et me soulève. Et vexée, je continue ma route en me frottant les fesses, pour faire passer la douleur.

Lorsque j'étais petite, mon père nous emmenait souvent Ali et moi à la patinoire. On aimait ça, même si on était pas très doué, c'était une après-midi passée en compagnie de notre père, qui s'avérait toujours très agréable. Souvent, lorsque l'on tombait, il nous consolait après notre tour de piste, par un petit chocolat chaud et un croissant qu'on allait manger en sortant. Ces moments là me manquaient désormais. Dans ce quartier, il y avait de nombreuses familles, toutes plus complexes que les autres, qui comprenaient, des couples, avec enfant ou non, parents divorcés et remariés, parents à élever seuls leurs enfants, couples d'homosexuels. Et puis il y avait la famille Albright, numéro 40, qui était composée de deux adolescents, et d'une jeune adulte. Mon regard glissa vers Adrian qui continuait ses tours de pistes interminables, et je trébuchais. Je finis par m'énerver, car je réalisais alors que ma vie n'était plus la même qu'avant. Que mon père n'était pas là pour me prendre dans ses bras et pour me tenir la main, de façon à ce que je ne tombe plus jamais. Il n'y avait pas ce stupide frère toujours à rigoler de rien. Il n'y avait pas cette petite récompense après l'effort. Il y avait juste deux meilleurs amis qui tentent de s'amuser entre deux journées de boulot interminables.

Je regardais mon meilleur ami rire, tandis que je sentais des larmes monter. J'avais beau me trouver en très bonne compagnie, cette journée à la patinoire faisait renaître en moi de vieux souvenirs qui étaient restés enfouis au fond de moi. « Albright, t'es trop une warrioooor ! Ahah, attend je prend une photo ! » Je le fusillais du regard. Il était bien drôle lui à frimer sur la glace. Je tente de me relever, et tourne la tête pour qu'il ne puisse pas me prendre en photo. Il finit par me tendre la main, et je l'attrape : « Hé merdeuse, tu vas rester polie oui !? Depuis quand tu insultes tes ainés? » Je soupirais et me relevais tout de même avec peine. Je n'eus pas le temps de répondre qu'il m'avait attrapé par la taille et avait commencé à me pousser. Je poussais un cri de peur et essayais de me dégager tandis que lui riait, puis il finit par me faire tomber : « Mais Adrian! T'es vraiment trop con ou quoi? Je fais comment moi si je me pète un truc! Je vais plus bosser!!? Imbécile! » Il m'aide une nouvelle fois à me relever, tout en riant. Puis il me prend la main, et nous commençons à patiner sérieusement. Nous nous arrêtons au milieu de la piste et il commence à me montrer comment je dois positionner mes jambes pour bien patiner. Tout en l'écoutant, je regarde les gens patiner autour de moi. Et je remarque alors qu'un mec se dirige droit sur nous. je hurle alors à Adrian : « Pousses-toi Adri! » Et c'est dans moi qu'il finit par foncer. Je glisse sur le derrière jusqu'au rebord du muret et me heurte violemment. Je tente de faire l'inventaire de mes potentielles blessures, et surtout, j'essaye de reprendre mes esprits lorsque je me rends compte que je saigne. Je passe ma main sur mon visage et remarque que je saigne de la lèvre. Soulagée, je tente de me relever, mais je n'y arrive pas, ma jambe ne m'obéit pas, et je sens alors une douleur me parcourir la cuisse. Je sens les larmes me monter et à travers le voile qui recouvre mes yeux, j'aperçois mon meilleur ami.

J'aimais Adrian de tout mon coeur, il était mon meilleur ami, comme un grand frère pour moi. Mais l'inconvénient de cette proximité était qu'il me connaisait par coeur, il savait quand les choses n'allaient pas, sans que j'ai besoin de lui dire. Etant très expressive, j'avais toujours eut beaucoup de mal à cacher mes émotions, mais lorsque je me retrouvais à nue, je trouvais toujours un moyen de me protéger en ne répondant jamais. Alors que nous patinions, j'ai senti le regard de mon ami glisser vers moi, et j'ai entendu sa voix me dire : « Harper? T'es sur que ça va? » Je fronçais les sourcils et ne répondais pas. J'étais venue à la patinoire pour passer un bon moment avec mon meilleur ami, pas pour me mettre à pleurer sur mon triste sort. Il finit alors par oublier sa question et nous nous mettons à patiner.

S'en suit alors ma drôle de chute. Lorsque je me rends compte que je suis blessée, je pousse un cri de douleur, et me mets à souffler pour faire passer la douleur. Je me mets à essayer de me lever, mais très rapidement Adrian vient me rejoindre et tente de me tenir allongée : « Harper? Ne bouge pas, je vais appeler la sécurité. Tu as mal quelques part? » Je me débats avec peine pour essayer de me relever mais je n'y arrive pas. Je me mets pleurer car la douleur est trop forte, et surtout parce que je vais être embêtée pour aller travailler, et pour voir Cody, et pour m'occuper de mon frère et de ma soeur. Et surtout parce que j'ai gâché cette journée. Je réponds à Adrian en sanglotant : « Laisses moi me lever! Il faut que je marche! Oui, j'ai mal à la cuisse, mais ce n'est rien, je ne vais pas mourir. Aides moi à me lever. » Je peux parler autant que je veux, Adrian est déjà parti appeler de l'aide. Une dame vient alors me tenir au sol, mais je proteste, toujours en pleurs et hurle : « Mais laissez-moi! Je ne suis pas une enfant! Adri?! ADRIAN! » Je parviens tout de même à me relever, en ignorant la douleur qui me parcourt la cuisse. J'ai comme l'impression que quelqu'un tente de me déchirer les muscles en tirant dessus, la douleur est insupportable. Je parviens à me hisser sur une jambe, mais je reglisse directement. Je vois tous les regards se tourner vers moi, et parmi eux, je vois le garçon qui m'a foncé dedans. « Toi là tête de con! T'as intérêt à dégager rapido sinon je te fais la peau! » Je hurle, enragée. Je le vois s'éloigner, et je me mets à pleurer de plus belle. Je me prends la tête entre les mains en me disant que je n'ai pas finis de m'exciter sur les gens vu les circonstances...