|
|
| Auteur | Message |
---|
| Sujet: A la soupe ! Mar 14 Juin - 2:58 | |
| Julian & Angélique Jeudi. Jour de la soupe populaire et nous avons sans fautes, l'habitude d'aller donner un coup de main avec Gaëlle. Soit on aide à la préparation soit on sert, c'est selon les effectifs qu'il y a. Ayant fini tôt, je suis à mon bureau à finir ma dissertation pour la semaine prochaine. J'aime faire les choses à l'avance comme ça j'en suis débarrassée et puis j'ai rien d'autres de mieux à faire. J'évite de trop souvent être sur Facebook, ça déconcentre sur les choses les plus importantes même si je m'autorise d'y rester la nuit alors que je suis censée être au lit. Le truc que j'aime bien avec Facebook c'est qu'on peut discuter avec les gens par écrans interposés. T'as pas la personne en face de toi, pas de rapport physique, juste un écran et moi j'aime bien. Je me sens en sécurité à interagir dans ma chambre avec mon ordi et si jamais un truc me déplaît ou cloche. Zou, je me déconnecte, je ferme l'ordi. Plus simple que dans la réalité où tu es face à face avec ton interlocuteur. Tu peux pas lui tourner le dos en lui disant " Désolée je me déconnecte ". Et puis, par son biais, j'ai pu discuter plus amplement avec Julian. On se connaît depuis l'enfance car nos mères étaient amies, on se croisait, on se parlait parfois, de manière assez superficielle c'est vrai mais il n'empêche qu'on s'est vu grandir. J'ai été très peinée pour lui et sa petite soeur lors du décès de Mme King. Si bien qu'avoir de ses nouvelles et parler avec lui, ça me faisait plaisir. Ca effaçait les commentaires plein de mesquineries que Mya et autres laissaient sur mon mur ou celui de ma petite soeur. Il y avait au moins des points positifs.
Je jette un coup d'oeil à ma montre, 16 heure 40. Je finis la conclusion de ma dissertation, enfile un sweat-shirt sur ma robe à fine bretelle et descend pour me rendre à l'église où se déroule la soupe populaire. Mon père m'interpelle et me rappelle, comme tous les jeudis la même chose « A la maison, à 18 heures pile poil avec ta petite soeur. Aucune seconde de retard toléré, est-ce compris Angélique ? » J'acquiesce docilement et sort de la maison. Direction l'église. J'avais proposé à Julian de venir à la soupe populaire, un genre de tremplin vu qu'on avait parlé de la messe et qu'il viendrait un dimanche. La soupe populaire est une transition douce avant la messe. Bien-sûr, c'était qu'une proposition, le choix ne lui appartenait qu'à lui mais il m'a dit qu'il passerait peut-être. Je me demande s'il apparaîtra mais j'étais déjà contente qu'il vienne à la messe, je lui garderait une place à côté de moi. Finalement, j'arrive à l'Eglise, certains SDF sont déjà là, attendant que commence le service. J'entre dans la salle de catéchèse aujourd'hui transformée en une petite cafétéria et va saluer les bénévoles comme moi. Ma soeur est déjà là, elle est venue directement après ses cours ici. Je lui adresse un sourire puis je me poste devant une marmite bouillonnante qui laisse échapper un fumet appétissant. Je serais donc de service. 17 heure enfin, une bénévole annonce le début du service et déjà les SDF se mettent en file se pressant, se bousculant. C'est toujours comme ça, comment leurs en vouloir, ils sont affamés et fatigués. Je reconnais déjà quelque habitués.
« Bonjour Augustin. Ca va bien ? Bon appétit ! » Dis-je en lui tendant un bol bien rempli de soupe, il hoche la tête sèchement avec un bref sourire avant de repartir manger le précieux repas. Ils parlent rarement mais au fond, j'imagine que sourire et être servi par une personne qui se préoccupe d'eux doit faire plaisir. Alors même quand je suis fatiguée, crevée, pas en d'humeur ou pas en forme, je fais un effort, je souris. Aujourd'hui, j'étais de bonne humeur alors pas besoin de se forcer. Deux clochards se mettent à se chamailler, une histoire de bidule est arrivé en premier mais machin l'a doublé. Je leurs souris et va vers eux, leurs tendant deux bols chacun « Voyons, voyons. Pas la peine de vous chamaillez, tenez et bon appétit » Je leur fais un grand sourire et retourne derrière ma marmite. Je continue de servir chaque personnes en souriant, ravie d'être ici et d'aider mon prochain. Et Julian, va-t-il venir ou pas ? Au pire, moi, je lui en voudrais pas de pas venir. Il en faudrait plus pour me contrarier et je voudrais pas qu'il se sent forcé de venir.
|
| | |
| Sujet: Re: A la soupe ! Mer 15 Juin - 17:22 | |
| « Sweet Dreams are made of this, who am I to disagree ? I travel the world and the seven seas, everybody's looking for something... » Les premières notes de Sweet Dreams, entonnés par mon portable me réveillèrent. Quelqu'un était en train de m’appeler. J'ouvrais les yeux, ne sachant pas vraiment où j'étais, ma gorge me tiraillant. Je me mis assis sur le lit, remarquant au passage une inconnue au bataillon à côté de moi. Ah, ça me revenait maintenant. J'avais passé la soirée dans un bar, et m'était fait dragué par une fille super mignonne, et je m'étais retrouvé dans son lit pour la nuit, complètement déchiré par la quantité inqualifiable d'alcool que j'avais ingurgité. J'essayais d'attraper mon portable, et au bout du troisième essai, je réussis à le prendre entre mes mains, celui-ci continuant d'hurler la chanson d'Eurythmics. Je sentais mon cerveau résonnait comme si il y avait un marteau piqueur dedans au fur et à mesure de la chanson. Appel entrant : Cameron. Je raccrochais, réussissant au passage à calmer la migraine qui me tiraillait le crâne. Je n'avais plus parlé à Cameron depuis notre dernière rencontre, au bar, car cela me mettait mal à l'aise. Je ne voulais plus le voir pour l'instant, mais ce n'était pas son cas apparemment.
Je me levais, faisant attention à ne pas réveiller la jeune fille à côté de moi, et récupérais mes affaires au passage, m'étonnant qu'elle arrive encore à dormir avec tout le bordel que venais de faire mon portable. Je m'habillais rapidement, puis sortais de sa chambre et descendait les escaliers, récupérant au passage ma sacoche que j'aperçus poser sur un meuble. Je sortis rapidement, m'arrêtant quelques secondes pour humer l'air, le frais sur mon visage me faisant du bien. Je me dirigeais vers ma voiture, une petite golf noire que mes parents m'avaient offert lorsque j'avais eu mon permis, à seize ans. Je démarrais donc et prenais la route, me dirigeant chez moi pour prendre une douche et me changeais, et peut-être dormir encore un peu. Je me demandais quelle heure il était, et après un rapide coup d'oeil vers le tableau de bord, remarquais que la journée était déjà bien avancée. 16h30. Je me rappelais soudain que j'avais promis à Angélique de passer à 17h00 à la soupe populaire, la jeune fille essayant de m'initier à la vertu et à l'aide de son prochain.
J'arrivais donc chez moi et montais directement à la douche, remarquant au passage que la maison était vide. Mon père et ma sœur étaient apparemment occupés autre part. Lorsque j'eus fini ma douche, je me dépêchais de rejoindre ma chambre pour m'habiller, choisissant un look plutôt décontracté, t-shirt et jean, et de repartir aussi vite en direction de l'église. Lorsque j'arrivais devant, j'observais quelques minutes l'imposante bâtisse, et me demandais ce que je foutais là, n'ayant jamais mis les pieds dans un lieu de culte de ma vie. Je n'étais pas croyant, trouvant que ces histoires de prières et de Dieu était surtout des conneries pour les gens qui étaient trop faible dans la vie pour prendre des décisions par eux-même et s'en remettait donc à une entité immatérielle supérieure. J'avais accepté de venir aider Angélique à nourrir les plus démunis seulement parce que j'avoue qu'elle m'intéressait beaucoup, et non pas par bonté d'âme. Ce n'était pas de ma faute si les pauvres étaient pauvres. Je connaissais la jeune fille depuis tout petit, ma mère étant amie avec la sienne, mais je n'avais jamais cherché à échanger plus que des banalités avec elle. C'était en parlant avec elle sur facebook que j'avais commencé à m'intéresser à elle. Étonnant hein ? J'aimais bien lui parler, parce qu'elle était différente des autres filles. Elle avait un cerveau, et savait tenir une discussion, contrairement à toutes les poufs du quartier qui laissaient des commentaires méchants sur son mur.
Je rentrais dans la petite église du quartier, essayant de m'adapter à la lumière des vitraux qui emplissait la pièce, l'obscurité dominant largement. J'observais autour de moi, cherchant mon amie du regard, avant de la voir près de deux SDF, leur donnant un bol de soupe à chacun. Je m'approchais silencieusement d'elle, voyant qu'elle me tournait le dos. Arrivé à sa hauteur, je me penchais vers son oreille et lui murmura, amusé :
Julian . Tu as besoin d'un coup de main ?
|
| | |
| Sujet: Re: A la soupe ! Mar 21 Juin - 10:09 | |
| « Je vais mourir. Je vais crever. Je te jure. Il m'a tué. Il m'a brisé le coeur » J'entends souvent ça entre deux larmes, deux couloirs. Et puis moi je passe mon chemin en haussant les épaules ou en secouant la tête. Aberrant ? Ouais ! Je trouve ça fou ces filles qui pleurent à chaudes larmes. Moi, je peux pas comprendre c'est certain et pourtant j'essaie mais vraiment j'y arrive pas. Crever d'amour qu'elles disent. Mourir d'aimer. Je sais pas, je comprend pas. Le dictionnaire il explique les termes, je comprend le sens littéraire mais émotionnellement je ne vois pas. L'amour, comment il peut faire souffrir ? Oui, peut-être quand ce n'est pas réciproque, quand la personne te trahit. Oui, c'est vrai ça peut faire mal. Bah alors pourquoi tomber amoureux ? Où est l'intérêt vraiment ? Je vois des filles pleurer leurs saoules, gémir et puis finalement la semaine d'après se remettre avec le même mec ou un autre. Si l'amour fait aussi mal qu'elles le disent, pourquoi le revivre encore et encore ? C'est aimer se faire du mal non ? Mon père dit parfois, faire une erreur ça arrive, la refaire une deuxième fois, c'est pas se tromper c'est être juste stupide. Quelque part, il a raison je trouve. Tout ceci, c'est quelque chose que je comprend pas, qui me passe au dessus et qui m'intéresse pas. L'amour, j'en ai pas besoin. Enfin, ce genre d'amour. J'ai l'amour de mes parents, de mes soeurs, l'amour de Dieu et ça me suffit. J'ai pas besoin d'avoir l'amour d'un mec qui me traiterait mal. Mais un jour, il faudra bien. Ouais. Mon père me parle souvent du mariage, c'est une étape importante le mariage. L'union éternelle entre deux personnes qui main dans la main arpenteront le chemin sinueux de la vie. Oui cet amour, je le veux bien, celui de mon futur époux mais aujourd'hui, je le recherche pas et j'en ai pas bien envie. Je suis jeune et j'ai à faire que de papillonner. Un jour oui mais pas aujourd'hui, pas maintenant.
Maintenant, le plus important est de nourrir ces hommes et femmes que la vie n'a pas gâté de par leurs choix ou une vie pas facile. Parfois je discute avec eux, pour la plupart, ils sont renfermés et ne veulent pas parler, certains s'ouvrent, d'autres non. Je sais par exemple que Hans, le clochard du même âge environ que mon père est veuf, qu'il a tout perdu dans l'incendie de sa maison, dont sa femme et ses enfants. Un destin bien triste et tragique. Je crois que moi, je ne supporterais pas de finir seule au monde. Sans ma famille, sans mes amis, juste seule. Trop dur. La mort en elle-même me fait peur et je ne peux qu'imaginer la douleur que cela implique, entraîne. La perte d'un être cher, un être tant aimé qui ne reviendra jamais. C'est peut-être pour cela que j'ai cette affection particulière pour Julian en plus de le connaître depuis qu'on est enfant. Parce que du peu qu'il me dit, je ressens dans ses propos, de la tristesse et intérieurement, ça me fend le coeur. Si j'avais des supers pouvoirs, j'éradiquerai tous les maux de ce monde mais comme mon père le dit, ça ne sert à rien. Les tribulations, nos moments de tristesses sont là pour nous apprendre à apprécier la vie, des épreuves pour rendre notre âme beaucoup plus forte. Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort comme on dit.
Dans mon dos, je sens une présence et un souffle contre mon oreille, je me retourne d'un bond, le coeur en alerte, prête à incendier cette personne qui s'approche beaucoup trop près de moi. Je déteste cela, je n'aime pas qu'on soit si proche de moi. Vraiment, ça m'insupporte à un grand point. Je le prend comme une agression. Tout le monde a un cercle vitale à ne pas franchir, le mien est juste un peu plus large que la normale, peut-être bien. Qu'importe. J'aime qu'on le respect. Mon corps, il m'appartient et chaque intrusion dans mon cercle vitale est pour moi comme une agression, un manque de respect envers ma personne. C'est intime les gestes comme ça et ça se fait pas n'importe comment avec n'importe qui. Je constate avec un soulagement que ce n'est que Julian avec un sourire amusé. Je me déteste et range l'expression offusquée que j'affichais il y a peu. Je ris doucement avant de lui taper l'épaule doucement « Tu m'as fait peur, King ! Je pensais pas que c'était toi » Je lève les yeux au ciel avec dénigrement face à son air amusé, fier de l'effet de surprise produit. Je retourne derrière mes marmites en l'agrippant par la manche de son T-shirt derrière moi « Une paire de main en plus est toujours la bienvenue » Dis-je en le plaçant près de moi, un sourire collé au visage. La file ne s'affine pas et pour les faire patienter le moins possible, je saisis un bol, le remplis et le tend à Julian pour qu'il le tend aux sans-abris « Bonsoir Jeff *me tournant vers Julian* Je suis contente que tu sois venu. Ca me fait hyper vachement plaisir. » Déclarais-je avec un sourire. Et c'était exactement ce que je ressentais. J'étais super contente qu'il soit là et à servir les nécessiteux, on faisait une bonne équipe. Alors le sourire aux lèvres, un sourire plus large que quand je suis arrivée, je sers ces personnes avec mon ami.
|
| | |
| Sujet: Re: A la soupe ! | |
| |
| | | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|