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Oui ? [Jesse]

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MessageSujet: Oui ? [Jesse] Oui ? [Jesse] Icon_minitimeDim 6 Fév - 2:12

Ce matin, le réveil de Diana avait quelque chose de différent. Cependant, elle était incapable de dire de quoi il s'agissait. Quelque chose dans l'air avait soudainement changé, même si rien ne semblait différent des autres jours. Perplexe, elle resta allongée au lit, les yeux bien ouverts vagabondant dans la chambre à coucher. Au côté de son fiancé endormi, elle n'osait pas bouger, de peur d'être confrontée à ce changement qui avait dû s'opérer dans la nuit sans qu'elle ne s'en rende compte. Rien pourtant n'avait été différent de ses habitudes quotidiennes : comme tous les soirs, elle s'était levée afin d'aller aux toilettes et de se parfumer. L'un de ses principes, assez obsessionel, était de toujours avoir une apparence parfaite en tout point en compagnie de Liam, et de tous les autres personnes qu'elle était amenée à croiser dans la vie. Elle s'imposait tout de même une rigueur et plaçait la barre encore plus haut pour celui qu'elle aimait, et pour cela, hors-de-question d'aller aux toilettes en sa présence si c'était pour que celui-ci l'entende pisser ou laisser échapper un gaz, même le plus inodore. De quoi aurait-elle l'air ? Sûrement pas de la femme dont était tombé amoureux le jeune homme. C'est pourquoi, dans la nuit, elle se réveillait régulièrement pour libérer aux toilettes tout ce qu'elle avait accumulé dans la journée mais aussi pour se parfumer, si jamais l'envie prenait à Liam de la sentir dans la nuit, et pour laisser une bonne odeur dans leur lit. Cette nuit-là, comme toutes les autres, Diana n'avait donc pas beaucoup dormi. Le tracas que lui posait ce changement sur lequel elle n'arrivait toujours pas à mettre le doigt s'était ajouté à ses insomnies chroniques.
Comptez cependant sur elle pour ne pas avoir trop tardé au lit : elle s'était en effet réfugiée dans la salle de bain, fermant la porte derrière elle et se protégeant du regard de son fiancé qui menaçait de se réveiller à tout moment. Elle se dirigea rapidement vers le miroir et, posant ses mains sur le lavabo, avança son visage au plus près de la glace afin de scruter les cernes qui avaient dû se former sous ses yeux. Bien qu'il n'y avait rien concrètement, elle continuait de fixer sa peau, cherchant un défaut. Elle n'était non plus dans un délire égocentrique à la recherche d'un défaut sur son visage si parfait mais dans une paranoïa qui la poussait à se trouver quelque chose qui n'allait pas, car il y avait forcément quelque chose. Une cerne, une ride, un bouton, peu importe, Diana était à l'affut et préférait passer une semaine enfermée dans la salle de bain pour en venir à bout plutôt que se présenter face à Liam sans être irréprochable jusque dans le moindre détail. De la tête aux pieds, et jusqu'au bout des ongles. Diana était minutieuse. Elle cessa tout de même de se regarder au bout d'un moment et se déshabilla entièrement avant de se replacer devant la glace. Elle palpait sa poitrine, se retournait pour examiner son derrière et touchait ses hanches afin de s'assurer qu'elle était bien faite. Elle empoigna ses cheveux de façon agressive et les leva, penchant son visage et faisant une mimique face au miroir, comme une adolescente qui se prenait en photo en mettant sa bouche en cul de poule. Bien heureusement, elle ne s'était pas rabaissée à cela. Sa mimique sur les photos serait plutôt de sortir la langue et de lécher sa lèvre supérieure ou ses dents. Elle savait pertinemment qu'elle le faisait de façon marrante, sensuelle et parfaite à la fois. Les autres appréciaient beaucoup, notamment Liam. Elle le provoquait en le faisant lorsqu'elle riait à ses blagues. Elle se rendait bien compte qu'il aimait ça, et le changement de regard soudain qu'il avait sur elle, passant en un instant éclair de la petite copine à l'amante, plaisait à Diana, toujours attentive à ce genre de comportement. Peut-être que ce mouvement de langue avait une connotation sexuelle, et c'était certain, mais sûrement que Liam lui trouvait autre chose. Elle doutait qu'il soit de ces hommes qui réagissent exclusivement à ce qui se rapporte au sexe. La jeune femme en avait eu la preuve plus d'une fois. Cependant, il était un homme, et Diana étant ce qu'elle était, elle pouvait comprendre que ce coup de langue suggère quelques idées à son cher et tendre. Après tout, n'était-ce pas ce que la jolie brune recherchait en le faisant ?

Suite à cette longue réflexion, elle lâcha ses cheveux qu'elle laissa retomber le long de ses épaules aussi brusquement qu'elle les avait agrippés, la chute et le décoiffage donnant un air ébouriffé et plutôt séduisant à sa crinière noire. Elle entra dans la douche et ouvrit le robinet d'eau chaude. Le contact sur sa peau l'avait immédiatement apaisée. L'eau brûlait, sa chaleur se faisait ressentir mais c'était juste ce qu'il fallait : ça la cuisait sans la faire souffrir. Alors qu'elle se lavait, elle n'hésitait pas à toucher son corps en profondeur comme pour se rassurer de son pouvoir de séduction. Son but était d'impressionner une fois de plus Liam lorsque celui-ci se réveillerait. Elle espérait entretenir sa passion pour elle, et se donnait tout les moyens pour y parvenir. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, la Ciccone ne passait pas beaucoup de temps sous la douche. Dix minutes lui suffisaient largement. Qu'y avait-il d'autre à faire que se faire un shampooing et se laver le corps, plus s'attarder un peu sur le visage ? Rien. La séance de maquillage et le choix de ses vêtements s'avérait cependant bien plus long. Bien qu'elle était loin de ressembler à un pot de peinture, Diana était très pointilleuse sur le maquillage et mettait juste ce qu'il fallait, en prenant cependant le temps de bien doser et de s'assurer qu'il n'y en avait ni trop, ni trop peu. Elle se contentait en général de quelque chose de très léger, mettant cependant en avant ses yeux et ses lèvres. Elle blanchissait également sa peau pour faire ressortir le foncé de sa crinière et l'épaisseur de ses sourcils, qui lui rappelait ses origines italiennes. Après tout, si elle se laissait aller, elle était plutôt touffue. Mais il s'agissait de Diana Ciccone. Elle ne se laissait sûrement pas aller.

C'est en sortant de la salle de bain propre, fraîche et rayonnante que Diana fut frappée par la vérité, par le changement qui s'était opéré : Renata se tenait face à elle, toute sourire. Après avoir sondé Diana, qui n'avait pas bougé, elle lui demanda d'une voix doucereuse :
Tu as fini ?

N'attendant pas de réponse, la jeune fille se faufila derrière Diana et s'enferma dans la salle de bain. C'était donc ça. C'était elle. C'était Renata, ce changement qui avait préoccupée Diana toute la nuit. Elle était pourtant là depuis quelques semaines déjà. Trois peut-être. Le temps en tout cas pour Diana de s'être habituée à la présence de sa cadette chez elle. Mais non. Aujourd'hui, elle semblait avoir réalisé l'importance que représentait la présence de l'adolescente ici. Elle y avait pourtant songé, dès le début. Sous le coup de l'impulsivité, désemparée, elle s'était sentie pour la première fois depuis longtemps vulnérable. Ce sentiment lui était insupportable. Elle avait bâti sa vie toute entière sur sa force de caractère. Un moment de faiblesse était alors à ses yeux une remise en cause de l'intégralité de son existence. Peut-être était-ce aussi parce qu'elle n'avait pas toujours été aussi forte qu'aujourd'hui. En quittant le domicile familial, elle n'avait eu d'autre choix que de se retrousser les manches et s'en sortir par elle-même. Elle n'avait pu compter sur personne, son copain l'ayant vite quittée face aux difficultés que leur récente indépendance allait leur imposer. Personne n'était jamais venu à son aide. Lorsqu'elle était arrivée à Magnolia Crescent, elle n'avait que dix-huit ans, et personne ne donnait cher de sa peau. Pourtant, six ans plus tard, elle était toujours présente, et habitait une maison supérieure à celle où elle avait élu domicile en débarquant ici. Peut-être était-ce cela qui la dérangeait profondément dans le fait que sa sœur se pointe, sonne à sa porte et décide de s'installer. Rien, elle n'avait strictement rien fait pour arriver là où elle était. Elle ne méritait même pas de prendre sa douche dans sa salle de bain. Même si elle venait d'un milieu plutôt aisé, Diana avait toujours rêvé de travailler dur, de façon acharnée pour obtenir ce qu'elle voulait. Les solutions de facilité, elle les laissait à des filles comme London Sheppard, à qui il suffisait d'écarter les jambes pour s'attirer des faveurs. Elle ne se rappelait pas d'une époque où il y avait eu autant de filles faciles et inintéressantes à Magnolia Crescent. Celles-ci semblaient être arrivées toutes d'un coup, leur invasion semblant se concentrer dans l'année qui venait de passer, certaines exceptions mises à part. Elles étaient cependant rares, et Diana réalisait que la transformation de Magnolia Crescent en Pattaya américain était tout de même assez récente. La présence de Renata ne pouvait qu'alimenter ce bordel géant qu'était devenu le quartier.

Bien qu'elle n'avait pas très envie de bouger aujourd'hui, elle se força à sortir, sans but précis en tête. Elle finirait bien par trouver mais une chose était sûre, elle ne voulait pas rester dans cette maison en compagnie de Renata. Elle n'hésita donc pas à claquer la porte, et ne se soucia pas du tout d'avoir une adolescente au corps parfaitement formé dans la salle de bain voisinant la chambre de son fiancé. Elle n'était pas son genre, et ce n'était pas du sien de la tromper. Elle ne pouvait pas en avoir la certitude, mais elle l'avait cependant.

Toute le reste de la journée, Diana avait vagabondé en solitaire dans les centres commerciaux pour finalement s'arrêter faire les courses. Elle avait acheté de quoi manger pour la semaine. Le regard des caissiers la faisait toujours sourire lorsque ceux-ci découvraient la quantité de nourriture qu'elle achetait et la comparaient à sa taille. Diana était du genre à prévoir beaucoup au cas où, mais elle ne touchait que la moitié de ce qu'elle prenait. C'est donc avec plusieurs sacs de course qu'elle revint à pieds du supermarché. Malgré l'épaisseur des sacs dont elle était chargée, sa démarche restait droite, régulière et élégante. Aucun signe d'effort ne transparaissait sur son visage, mais elle sentait bien sa mâchoire se serrer pour ne rien laisser paraitre. Elle finit par arriver à la maison, et entra après avoir lutté contre elle-même pour sortir les clés de sa poche sans poser un seul sac par terre. Elle entra alors et trouva Renata affalée sur le canapé à regarder la télé. Celle-ci lui esquissa un sourire que Diana lui renvoya, par simple politesse, ce dont sa sœur semblait être dénuée. Imaginer cette enfant pourrie-gâtée se précipiter à son aide ou juste lui en proposer était cependant quelque chose d'assez improbable. Pourquoi était-elle surprise, alors ? Tant pis. Une fois dans la cuisine, elle déploya ses cordes vocales pour appeler le nom de l'adolescente. Voyant que celle-ci n'avait pas l'air de bouger, la jeune femme revint sur ses pas et se plaça devant la télé.


- Je t'ai appelée. Tu veux m'aider à ranger s'il-te-plait ?

Elle avait mis dans son temps toute la diplomatie dont elle était capable de faire preuve, et s'était même montrée complaisante. Cependant, Renata semblait insensible à cette gentillesse que manifestait son glaçon de sœur. Sans totalement être insolente mais obstinée à rester, elle répondit qu'elle regardait la télé. Tentant de contenir sa colère grandissante par la simple vision de cette fille à papa, Diana insista et lui expliqua que si elle vivait ici, il fallait qu'elle apporte sa contribution à la maison. Aucune réponse. L'ainée Ciccone s'empara donc de la télécommande et éteint la télé avant de la jeter sur un fauteuil non loin. Loin d'être troublée, la cadette se leva et partit la reprendre. Sans bouger, Diana attrapa celle-ci par le poignet d'un air effrayant faisant davantage penser à un robot qu'à une femme. D'un geste violent, Renata se dégagea de l'emprise de sa sœur et se mit à se plaindre, à râler, et tout cela en hurlant comme une hystérique, au bord des larmes. D'un ton ferme et impassible, Diana lui répondit :

- C'est exactement l'attitude qu'il faut adopter si tu veux que je te mette à la porte sur le champ. Ici, t'es pas chez maman et tu ne pourras pas demander d'aide à papa pour cautionner tes petits caprices. Tu viens avec moi tout de suite et tu m'aides à ranger les courses que j'ai acheté en partie pour toi cocotte.

Se pinçant les lèvres, Renata monta les escaliers, suivie de près par Diana qui ne voulait pas la lâcher. Dans leur course, l'adolescente insultait son hôte, la menaçant de quitter la maison. Ah ! Si seulement elle pouvait aller au bout de sa pensée... Enfilant agressivement un gilet, elle bouscula Diana, qui la regardait d'un air dépité, et redescendit les escaliers pour finalement partir en claquant la porte et ses talons. Diana la poursuivit jusqu'à dehors, où elle se mit à l'interpeller :

- Tu veux te casser ? Et bien vas-y ! Vas-y ! Va-t-en et ne reviens pas ! On verra bien où tu atterriras ! Elle regardait la jeune fille s'éloigner sur le trottoir, sans plus aucune larme visible sur le visage ou bien une once d'humidité dans les yeux : rien. Elle était dehors, susceptible d'être vue, et il la fallait probablement à son avantage. Petite merdeuse cracha Diana entre ses dents, serrées par la rage.

Alors qu'elle s'apprêtait à rentrer, elle rencontra le regard d'un voisin, probablement interpellé par la scène qui venait de se dérouler.


- Oui ? lança Diana d'un air ironique et offensif, qui se voulait intimidant. Elle voulait juste que ce type baisse les yeux et trace sa route.
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MessageSujet: Re: Oui ? [Jesse] Oui ? [Jesse] Icon_minitimeDim 5 Juin - 13:21

    - Bryan ?

    Un grognement négatif se fit alors entendre de sous la couverture qui recouvrait la silhouette de son meilleur ami qu’on pouvait discerner dans l’obscurité de la pièce. Grognement qui lui apprenait donc que ce matin, Jesse se rendrait en cours seul. Il aurait pu s’en douter, la nuit avait été courte, voir même inexistante, et si il n’appréciait pas particulièrement se mettre dans des états pas possible Bryan avait lui, on pouvait le dire, une fâcheuse manie de finir la tête à l’envers après une soirée. Il n’avait donc pas le cœur à secouer son ami vu l’absurdité de la chose puisque si il arrivait un temps sois peu à mettre Bryan à flot vers l’université, a coup sur ce dernier s’endormirait sur sa table ou se paierait le luxe d’aller à l’infirmerie qui lui conseillerais de rentrer chez lui. Non, il était mieux la. De toute manière il ne ratait pas grand-chose aujourd’hui…

    Refermant la porte de la chambre où logeait le cadet des Mayfield, Jesse se rendit vers la salle de bain et se confronta à l’image qui lui renvoyait le large miroir de la pièce. Debout donc, face à l’objet dans lequel Jesse appréciait la plupart du temps se mirer, il fallait se mettre à l’évidence qu’il n’était guère à son avantage… Il devait être dans les alentours de six heures du matin, il faisait encore nuit et même si la pièce n’était que faiblement éclairé on voyait se dessiner très clairement sous les yeux du garçons des cernes qu’il redessina lentement en passant son doigt dessus, comme si sa peau aurait pu se lisser sous ce contact. Il était de toute manière hors de question qu’il sorte avec cette mine effroyable. Se qui était assez paradoxale dans un sens… Puisque si Jesse se moquait sincèrement de se qu’on pouvait penser de lui, rien ne l’empêchait pourtant pas de parader, d’avoir cette volonté de se faire désirer, de plaire. Il abordait tout simplement la vie comme un grand jeu de séduction.

    D’ailleurs le garçon prenait toujours un temps assez important dans la salle de bain, c’était pour cette raison d’ailleurs que, bon colocataire, il se levait plus tôt pour ne pas bloquer l’accès trop longtemps de cette pièce « passage obligatoire » après le réveil. Jesse tenait un rythme assez draconien qu’il jugeait nécessaire pour ne pas se laisser aller. Le rituel devenait presque automatique, mais pas pour autant imprécis, au contraire. Bref, on l’aura compris, Jesse Gallagher prenait un temps fou à revêtir le costume qu’il aborderait pour les scènes qu’il allait foulé dans l’acte du jour, le passage en coulisse avant de fouler les planche.

    C’était cependant le seul moment de la journée ou le garçon s’autorisait à avoir des habitudes. Les habitudes, le quotidien… Autant de mots que le fatiguait profondément. Jesse avait cette particularité de s’ennuyer facilement des choses redondantes. Il avait cette envie de surprise constante, de ne jamais savoir se qui pouvait arriver et tout le monde dans le fond avait cette ambition mais notre vie ne permet pas non plus de vivre de folles aventures épique comme on l’aurait désiré. Jesse faisait tout de même son possible pour pouvoir faire un minimum en sorte que les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Il n’y avait rien de pire que d’entrer dans un emploi du temps strict, alors il ne faisait pas que de prendre les situations qui s’offrait à lui et de faire avec, comme bon nombre d’individus. Lui, il les déclenchait. Au détriment des personnes autour de lui, souvent. Pensant plus à sa personne qu’aux autre, il agissait la plupart du temps en s’occupant de ses propres intérêt, se moquant un peu des blessures infligé à autrui. N’ayant en plus pas la capacité de s’attacher vite aux autres, les « figurants » de sa vie en prenait souvent à leurs grades sans qu’il n’en éprouve la moindre gêne. Et si une allait bien le comprendre, c’était Junie Fynes.

    Cette charmante bibliothécaire, fragile comme le verre et tout droit sortie d’un film romantique avait volé le cœur de Peter Mayfield et ils vivaient aujourd’hui leur amour écœurant de mièvrerie au grand jour, et au grand damne de Jesse. Outre le fait que ce choix le révulse, le garçon aurait préféré que Peter lui trouve une adversaire plus résistante que ce petit bout de femme affligeante de naïveté et de douceur. Pourtant pour le moment, Jesse avait décidé d’être plus tôt passif. Il tachait même d’être un adorable garçon avec celle qui avait su séduire le professeur. Tellement que cela devenait très dérangeant et de toute évidence, cela mettait la bibliothécaire très mal à l’aise. Si elle était naïve elle n’était pas non plus idiote et elle sentait sûrement bien que quelque chose n’allait pas derrière les bonnes manières de Jesse, c’est sans doute pour cette raison qu’elle tachait de l’éviter tant qu’elle pouvait. Ca n’avait pas fini d’amuser Jesse qui se réjouissait de l’impact qu’il avait sur Junie, de voir ces petits gestes qui la trahissaient sur son anxiété, d’entendre le son de sa voix se tordre d’une drôle de manière quand elle lui répondait, autant de petite chose dont l’étudiant se délectait, aussi minime soit elles. On lui avait juste mis entre les mains un nouveau jouet qu’il prenait un plaisir fou à découvrir, mais qui dans le fond était terriblement ennuyant. Si bien qu’il venait souvent à l’esprit de Jesse cette question qui restait sans réponse : Comment Peter pouvait il se satisfaire d’une personne comme Junie Fynes ?

    C’était encore cette question qu’il se posait alors qu’il entrait dans le bus pour se rendre à Philadelphie, direction la University Of Arts. Pourtant il fallait se mettre à une certaine évidence… Peter n’était il pas lui-même un homme d’une douceur incroyable, d’une gentillesse naturelle, attentif à tout ? Et Jesse était pourtant tomber sous son charme. Ce n’était pas tomber sur un homme de caractère, c’était tombé sur lui, sur cette personne que tous se prêtait de qualifier d’incroyable. Quoi que cette même personne lui avait il y a quelque jours montrer un autre un autre visage, puisque sans s’y attendre Jesse avait pousser le professeur à ses limites et ce dernier l’avait gifler après une remarque assez malvenue ou l’étudiant suggérait que Peter était un lâche qui avait chercher réconfort dans les bras d’une femme après avoir été attiré l’espace d’un moment pas autre chose que ces dernières. Le « Mais va te faire consoler par les femmes, je t'en prie, tu as l'air tellement heureux. » lancé avec un sourire amer lui avait coûté la main de l’aîné des Mayfield. Ce geste pourtant l’avait plutôt consolidé dans l’idée qu’il n’avait pas vraiment tord. En tout les cas aujourd’hui il tachait de regarder de loin ce couple qui le repulsait, de revêtir le rôle de l’hypocrite jusqu’au moment ou il trouverait la faille de l’affaire. En attendant il se consolait dans les bras de Duncan Thurman, amant passionné et plus que satisfaisant.

    En cours il tacha de se concentrer mais la fatigue ne manquait pas de se manifester et à certains moments Jesse décrochait complètement, regard dans le vague, repartis dans ses pensées. Le reste de la journée ne fut donc pas des plus passionnant, heureusement pour lui il n’avait pas beaucoup de cours aujourd’hui. Quand la cloche sonna l’heure de délivrance, Jesse ne s’attarda donc pas à prendre un café avec des amis comme il en avait quelque fois l’habitude, ni rien d’autre, il n’avait qu’une idée : rentrer chez eux.

    Cependant malgré la fatigue évidente qui l’animait, Jesse tachait de ne pas se laisser envahir par celle-ci, il n’était pas de ceux qui se répétait inlassablement quand ils étaient à bout « Je suis crevé » ce qui n’avait guère d’autre répercutions de les enfermer un peu plus dans leur harassement. Non, il parcourait Magnolia Cresent de cette même démarche droite et calculé qui faisait partie de son personnage, puisque dans sa tête, Jesse Gallagher était toujours en représentation….

    C’est à ce moment que des cris attirèrent son attention. Des cris, oui, poussé par la belle Diana Ciccone sur le pallier de sa maison, et adresser très directement à sa petite sœur Renata qui doubla bientôt Jesse sans lui prêter la moindre attention. Ah, cette fille… Quelle idée avait donc eu Bryan de sortir avec elle ? Il lui avait d’ailleurs clairement fait comprendre que son choix le laissait particulièrement perplexe, et de toute manière cette histoire n’avait du durer qu’une semaine, se qui rendait la chose encore plus absurde. Il ne trouvait pour sa part rien d’attirant dans cette jeune fille qu’il jugeait profondément creuse. Il allait finir par passer pour un être profondément misogyne mais ce n’était pas le cas. La preuve, son regard se posa alors sur Diana et, bien qu’il ne connaissait pas la jeune femme, qu’il ne lui ai jamais adressé la parole, il la respectait sincèrement. Oui les ragots du quartier lui prêtait une réputation plus que douteuse, mais Jesse se moquait bien de ça. Il voyait en elle une femme forte, d’une classe très prononcée. C’est tout se qu’il pouvait dire à l’heure qu’il était sur elle. Il avait été surpris d’ailleurs d’apprendre de la bouche de Bryan un jour, que la belle avait été une petite amie de Peter… Cette femme la aurait été une adversaire redoutable, à n’en pas douter… Mais le professeur était sérieusement passé de la demoiselle Ciccone à Junie Fynes… ? Au moins, il avait eu un jour du goût.

    C’est à cet instant précis que leurs regards se croisèrent, et qu’elle lança un « oui » qui voulait certainement intimidé son interlocuteur. Dans l’idée elle aurait sûrement souhaité que Jesse baisse la tête et s’en aille. Dommage pour elle, il n’avait plus qu’une idée : Rester. Haussant un sourcil avec un sourire amusé, il répéta de sa voix posée.

    - Oui… ?

    Réajustant la lanière de son sac sur son épaule et ne détournant par son regard de celui particulièrement noir de l’aîné Ciccone.

    - Si vous attendez que je parte… Je crois qu’on peut attendre encore un moment.


    Maintenant, deux solutions, elle pouvait se détourner et rentrer en jugeant ce type de tout à fait imbécile et lourd au possible, soit répliquer quelque chose de cinglant se qui aurait été bien plus amusant. Car il avait bien dans l’idée de faire un peu plus ample connaissance avec elle, peut être même pourrait elle lui être utile. Le garçon alla même poser sa main sur la barrière qui les séparait, histoire de bien lui faire comprendre que dans le « jeu » qu’elle venait d’entamer, il était souvent gagnant. Il n’était, malheureusement pour elle, pas du genre à être intimidé pour si peu…


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MessageSujet: Re: Oui ? [Jesse] Oui ? [Jesse] Icon_minitimeLun 4 Juil - 0:39

Diana examinait le garçon d’un œil discret, ne souhaitant pas lui accorder plus d’attention qu’il n’en fallait. Elle venait déjà de se montrer impulsive devant lui, faisant ouvertement démonstration de sa faiblesse et surtout dérogeant au contrôle d’elle-même qu’elle souhaitait constamment inspirer aux autres. Si en plus elle se mettait à le scruter de façon tellement poussée que même lui se rendrait compte de l’intérêt qu’elle lui manifestait, ce serait la fin pour elle.
Ce petit avait du cran de ne pas baisser les yeux face à elle, et ce n’était sûrement pas pour la draguer. Elle avait beau ne pas le connaitre, lorsqu’un homosexuel s’installait à Magnolia Crescent tout le monde finissait par le savoir. D’ailleurs, n’était-ce pas ce garçon qui vivait chez Peter ? Elle en avait vaguement entendu parler mais avec ses fiançailles, son mariage prochain et surtout l’arrivée de Renata, elle n’avait pas vraiment eu le temps de se soucier de l’arrivée d’un jeune homme chez son ex. Ni de son frère d’ailleurs, avec qui sa sœur était sortie. A croire qu’il y avait une certaine attraction qui s’exerçait entre les sœurs Ciccone et les frères Mayfield… Cependant, et heureusement, cela n’avait pas duré. Diana n’aurait pas supporté que sa sœur mime sa relation avec Peter en jetant son dévolu sur le cadet. Il fallait tout de même avouer qu’il avait quelque chose d’attirant, ce petit frère… Diana n’irait pas lui faire des ronds de jambe mais elle devait reconnaitre que son charme ne la laissait pas insensible et que si elle était du genre à fricoter à droite à gauche, à faire sa Renata en d’autres mots, elle aussi aurait sûrement charmé le jeune Mayfield.

Mais pour l’heure, celui qu’elle avait en face d’elle et qui ne bougeait pas d’un cil, bien déterminé à ne pas prendre la fuite, était le principal concerné. Diana n’avait aucune idée de son attirance pour Peter mais le simple fait qu’il habite avec lui le rendait un tant soit peu intéressant à ses yeux. Il y avait aussi son anticonformisme qui entrait en jeu, forcément : Diana avait eu un tas d’amis gays avant de s’installer à Magnolia Crescent et si elle ne jugeait pas les gens par leur sexualité, elle se montrait bien plus apte à lier une amitié avec un homosexuel. Cela ne voulait pas dire qu’elle allait s’entendre à merveille avec cet inconnu, surtout vu le mauvais départ qu’ils avaient pris tous les deux.
Mais Diana savait reconnaitre un allié quand elle en rencontrait un. Plutôt que rivaliser de façon inutile, elle jugea davantage utile de faire plus amples connaissances avec le jeune homme plutôt que de se lancer à corps perdu dans une compétition qui ne rimerait à rien. Après tout, quels en étaient les enjeux ? Il n’y en avait strictement aucun. Ce n’était pas par peur du défi ou de la défaite qu’elle souhaitait éviter la compétition, c’était par intelligence.

Point positif : il la vouvoyait. Marque de respect. Au moins, il n’avait pas pris la confiance. Elle lui sourit d’un air hautain pour marquer sa supériorité et souligner la distance qu’elle prenait et le mal qu’il aurait à l’atteindre avec une telle remarque. Faisant quelques pas en avant, toujours éloignée du jeune homme, elle lui lança d’un air qui laissait manifester une once d’intérêt et de curiosité :

- Comment tu t’appelles ?

C’était la moindre des choses : connaitre le nom du gars qui prenait appui sur sa barrière en refusant de la lâcher du regard. Il semblait logique qu’en guise de préliminaires, elle lui demande son nom. Répondant à sa question sans la lui retourner, Diana en déduit qu’il devait la connaitre ou qu’il se la jouait snobinard qui ne se souciait guère de qui elle pouvait être.
La jeune femme ajouta d’un ton qui se voulait envoutant mais qui était pour sûr empreint de séduction :

- Eh bien Jesse, tu comptes vraiment rester là ? Ca ne rime à rien. Entre.

Faisant un mouvement de tête pour l’inviter à la suivre à l’intérieur, Diana attendit que son voisin se mette en route vers le pallier pour avancer sans vraiment prêter attention à lui. Elle savait que de toute manière, il la suivait. Elle se retourna cependant au seuil de la porte afin de s’en assurer et le laissa la dépasser. Elle ferma ensuite la porte et le gratifia d’un sourire chaleureux et toujours aussi charmeur.

- Alors ? C’est quand même mieux que ma barrière, non ? demanda Diana d’un ton ironique. Elle ne savait pas elle-même si elle voulait le mettre à l’aise ou au contraire l’intimider par cette question qui soulignait explicitement l’entêtement du jeune homme, mais elle avait l’air déterminée. D’après son expression, elle semblait tout à fait savoir quel était le but de cette remarque alors que ce n’était pas le cas. Mais le principal était ce qu’elle laissait transparaitre : une confiance en elle inébranlable. Voilà ce qui importait.

Tout s’enchainait un peu vite entre les deux individus. D’abord, Diana cherchait à le faire fuir puis après avoir compris qu’il n’allait pas partir – sûrement par fierté – elle s’était résolue à l’inviter. En le surprenant pourtant à écouter sa dispute avec Renata, elle n’aurait pas pensé faire entrer ce type chez elle. Mais il dégageait une assurance arrogante et pleine de détermination. Elle ne le connaissait pas, mais il lui semblait percevoir un peu de sa personne chez ce garçon. Sensible à la première impression que lui laissait une personne, Diana ne regrettait pas d’avoir pris sur elle de l’inviter. Il lui fallait désormais divertir son convive. En hôte de qualité, elle ne devait surtout pas le décevoir. En général, la jeune femme était à la hauteur de sa réputation : elle savait faire la conversation et ne se montrait jamais ennuyeuse. Lorsqu’elle se rendait compte que la situation flanchait, elle mettait ça sur le dos de son interlocuteur car si elle n’était pas inspirée, ce n’était sûrement pas de sa faute. Mais afin d’éviter de se déculpabiliser totalement et d’être potentiellement en tort, elle s’imposait un certain intérêt à tenir auprès de ses invités. En effet, si elle ne faisait pas attention à ce qu’elle dégageait sous prétexte qu’elle se jugeait naturellement intéressante, elle aurait vite fait de faillir à son rôle. Par prudence donc, elle tâchait de maintenir le niveau.

- Alors Jesse… Rafraichis-moi la mémoire, c’est bien toi qui habites chez Peter, non ? Comment va-t-il ?

Elle n’avait guère de nouvelles de Peter depuis un moment. Leur rupture ne les avait pas empêchés de garder contact mais depuis sa rencontre avec Liam, Diana mettait un point d’honneur à éviter soigneusement son ex, par respect. Pourtant, elle aimait sincèrement Peter en tant que personne et aimerait toujours être proche de lui. Heureusement pour elle, elle n’avait pas encore entendu parler de sa relation avec Junie Fynes. Autrement, elle aurait été terriblement frustrée que celle-ci lui ait succédé.

Peut-être que depuis le début elle faisait fausse route sur l’identité du jeune homme. Mais il lui semblait peu envisageable de s’être trompée : elle avait photographié Jesse dès qu’elle avait entendu qu’il était gay, tout comme elle l’avait fait avec Orlane et Jane. Surtout Orlane, car dès leur arrivée elle s’était avérée être la plus intéressante à ses yeux. Sa compagne semblait un peu fade.
Les laissés pour compte de Magnolia Crescent l’attiraient. Elle aimait les gens atypiques et même si pour elle la sexualité d’une personne ne la catégorisait nullement d’atypique ou non, elle vivait dans un monde qui fonctionnait ainsi. Les résidents conservateurs ses voisins ne diraient pas le contraire. Tout comme elle, ils arrivaient avec un handicap dans ce quartier. Pourtant, le couple de lesbiennes s’était plutôt bien intégré et semblait s’être bâti un entourage solide, de même que Jesse, une chose que même Diana ne pouvait prétendre. Toujours en marge de la société de Magnolia Crescent et ce depuis son arrivée, Diana n’avait compté que comme amie sincère Jersey Livingstone. Et encore, même cette amitié s’était avérée fragile. Elle considérait cependant Jersey et Peter comme les seules personnes qu’elle avait jamais aimé sincèrement dans ce quartier, en plus de Liam aujourd’hui. Les autres tels qu’Orlane et Elena étaient certes de bons amis, mais elle pouvait s’en passer. Elle ne voyait aucune raison de leur tourner le dos mais ce ne serait pas cela qui lui déchirerait le cœur. Ils lui étaient plus que dispensables même si dans l’absolu, elle les appréciait.
Quant à Jesse, il était possible qu’elle lie quelque chose de sérieux d’après sa première impression très positive mais il ne fallait rien anticiper de trop fantasque au risque d’être déçue.
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