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Le shopping ? C'est thérapeutique !

Ft Cinzia Jordan and Alix Cartwright
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Elles avaient passé toute la matinée à décider de quoi elles aller se vêtir ensemble. Oui, toute la matinée pour une seule après-midi de shopping, c'est beaucoup, en effet. Mais en ce qui les concernait, elles aimaient faire attention à leur apparence. En ce qui concernait Alix, il n'agissait pas là du fait de plaire au monde, de ne pas paraître choquante, ou à côté de la plaque, non, elle se fichait de ça, mais elle voulait choisir ses vêtements en fonction de son humeur et aujourd'hui, son humeur lui dictait d'être originale. Aussi s'était-elle vêtue d'une robe courte rouge pétante à volants en tulle, de collants noirs fins à motifs indéterminés brodés et chaussée d'escarpins rouge brillants ornés d'une grosse fleur noire sur le dessus, sans oublier plusieurs colliers dans les mêmes tons, de tonnes de bracelets, de grosses bagues et de son sac à main (à la limite de la taille d'un sac de voyage) en cuir noir.

En cette journée, Alix avait envie de conduire elle, et de sortir sa Jeep. Quoi de mieux qu'un tape à l'œil de plus pour sortir ? Elles embarquaient donc dans l'auto en direction des magasins, musique à fond pour mieux se réveiller en chemin. Sur la route, pendant qu'elle conduisait, elle sortit un joint de sa trousse à tabac et barrettes et l'alluma. Il faisait vraiment beau dehors, elles avaient bien fait d'en profiter pour sortir s'aérer, bien qu'en faisant les magasins, on ne soit pas trop à l'extérieur .. Lorsqu'elle entendit une des chansons qu'elle aimait le plus passer à la radio, elle se mit à chanter.

♦ Faut du gasoil dans la bagnole ..

Elle ne put pas finir sa phrase qu'un voyant sur l'écran de bord s'alluma et une sonnerie retentit, en effet, c'était le cas de le dire, il fallait du gasoil dans la bagnole .. Elle en profita rapidement pour faire le plein sur la route, chose vite faite mais chère payée ..

Une quinzaine de minutes après, elles étaient enfin arrivées au centre commercial. Elle se garai difficilement sur le parking étant donné le peu de places restantes et la taille imposante de sa voiture. Elles entraient dans le centre, mais Alix ne savait pas par quel magasin commencer sachant qu'elle voudrait tous les faire.

♦T'as besoin d'acheter un truc en particulier, toi ?

Ainsi donc, elles étaient arrivées, enfin. Alix éteignait son joint fait par tubeuse de telle sorte qu'on ne pouvait aucunement se douter qu'il ne s'agissait pas là d'une véritable cigarette hormis l'odeur puis elles entraient dans l'antre du démon. Pourquoi l'antre du démon et non pas le paradis ? Hum, simplement parce qu'il s'agissait d'un endroit où elles dépensaient tant d'argent au risque de se faucher et où tous les vices étaient présents qu'il ne pouvait s'agir que de l'œuvre du diable. Une de ses nombres œuvre qu'Alix aimait tout particulièrement.

Lorsque la brune demanda à son amie si elle avait besoin d'acheter quelque chose de précis, sa réponse fut quasi immédiate : elle avait toujours besoin de quelque chose. Comment aurait-elle pu omettre ça ? En effet, sa meilleure amie étant une folle de la mode et en ayant fait son métier, elle ne pouvait jamais en avoir assez. Il lui fallait toujours quelque chose de nouveau, de neuf, une nouvelle tendance, même si elle avait fait les magasins la veille déjà, elle trouvait toujours ne serait-ce qu'une chose à acheter. Et à ces mots, l'extravagante jeune femme sourit.

A peine avaient-elles franchi les portes du centre commercial que son amie avait déjà repéré une splendide vitrine. En quelques fractions de secondes seulement. Si vous vous disiez que c'était impossible, vous en avez désormais la preuve irréfutable du contraire ! Les deux amies s'approchèrent du magasin, des étoiles brillantes dans le regard. L'une avait flashé pour des escarpins, l'autre pour des compensées. Mais toutes deux pour des chaussures, c'était certain, il s'agissait là d'un accessoire de mode indispensable ! Un sourire grandissait sur le visage des colocataires, quand, sans plus attendre, elles se précipitèrent dans le magasin après qu'Alix ait encouragé à son amie :

♦ Pas moyen, on y va !

Lorsqu'elle était entrée dans la boutique de chaussures, elle avait trouvé une paire de magnifiques chaussures à talons ouvertes sur le dessus de façon spartiates ornées de petites fleurs tout le long, avec un plateau sous la plante des pieds, mais elle hésitait entre les grises-taupes et les noires, puis elle se dit que les noires auraient plus tendance à passer partout, alors elle les prit à sa pointure et passa en caisse. La vendeuse lui demanda 120 dollars .. Et heureusement qu'elles étaient en promotion, sinon elle les aurait payées 180 dollars .. Décidément, elle avait de la chance, une telle promotion, ça ne tombait que sur elle ! Elle sortit sa carte bleue, fière de son achat, mais en ayant dépensé cette somme, elle n'avait plus qu'aux environs de 400 dollars à dépenser pour le reste du mois. Heureusement, plus de la moitié du mois était passée.

Son premier achat effectuée, elle sortit du magasin puis flânait dans l'allée du centre commercial, seule, à le recherche de nouvelles affaires. Et une vitrine brillante lui attira tout à coup l'œil, elle s'en approchait, intriguée, et se rendit compte qu'il s'agissait d'un magasin de prêt-à-porter de soirée. Parfait pour les fois où elle allait en boîte ! Elle entrait dans le magasin et se mit à trouver des tas de belles robes, colorées, brillantes, extravagantes, toutes à son goût.

Elle en prit quelques une et partit dans la cabine d'essayage. Elle essayait la première, elle avait un décolleté en cœur avec un nœud placé entre les deux seins, courte, plissée sur les côtés. Le haut du bustier était bleu océan et la jupe était noire. Elle se regardait dans le miroir, tournoyant sur elle-même, elle la trouvait parfaite, elle lui allait divinement bien et en était pleinement satisfaite, qui plus est lorsqu'elle regardai l'étiquette et aperçu le prix qui était de 40 dollars, vraiment pas chère. Elle sortit la tête du rideau de la cabine et cherchait Cinzia des yeux.

♦ Cinzia ? Cinziaaa ? T'es où, bordel ?

Elle re-rentrait la tête dans la cabine et sortit son portable pour appeler son amie disparue. Mais quand lui avait-elle échappé ? Elle était persuadée de l'avoir menée avec elle .. Lorsqu'elle mit à sonner le portable de Cinzia, elle tombait directement sur le répondeur, elle n'avait pas de batterie. Alors là, c'était le pompom.

Ne voyant pas son amie arriver, Alix se dit qu'elle ne serait pas bien loin étant donné qu'elles étaient venues avec la voiture d'Alix et qu'ainsi donc Cinzia devait certainement en train de promener, et elles finiraient bien par se retrouver plus tard. Alors, toujours dans la cabine d'essayage, elle continuer d'enfiler les robes les unes après les autres. Au final, seules trois lui plaisaient bien, la bleue et noire de début, une grise chinée aux coutures strassées et avec des poches sur la jupe et une multicolore dans les tons jaunes, turquoise et argentés. Elle les achetai et dépensai ainsi 90 dollars de plus.

Elle sortait du magasin, plusieurs paquets désormais dans les mains en plus de son sac à main, elle se promenai à nouveau alors dans l'allée du centre, à la recherche de nouvelles affaires qui lui plairaient et pourquoi pas de retrouver son amie par la même occasion. Elle avançait parmi la foule mais ne trouvait toujours pas Cinzia. Lorsqu'elle sentit qu'on lui touchait doucement l'épaule gauche elle sursauta, elle ne s'y attendait vraiment pas et se demandait de qui il s'agissait lorsqu'elle se retournai et découvrait Cinzia. Plus qu'heureuse de la retrouver, elle lui sauta dans les bras, la serrant fort, puis elle la lâcha, toute sourire. Puis sa meilleure amie lui demanda où elle était passée. Hum, oui, où était-elle passé, en effet ?

♦ Bah j'achetais mes chaussures et je suis sortie et j'étais dans un autre magasin et je croyais que tu me suivais, et en fait t'étais pas là, alors j'me suis dit qu'on se retrouverait bien, et, oh ! regarde les belles robes !

Lui dit-elle, pleine de joie, ouvrant ses sacs attendant que son amie regarde à son tour. Elle était contente de la retrouver, mais ne s'était pas tellement souciée du fait qu'elles se soient perdues l'une l'autre précédemment.

Finalement, Cinzia n'avait pas mal prit la disparition brève d'Alix, et en avait même rit, ce qui avait en un sens soulagé la petite brune. Chaque fois qu'elle faisait un mauvais coup pas forcément volontaire comme une disparition, une absence mentale ou toutes sortes de choses flippantes, Cinzia réagissait d'abord comme une maman envers sa meilleure amie, la grondant et la blâmant. Mais elle finissait toujours par en rire, et les situations se terminaient généralement bien.

Elle se fit alors attraper le bras par son amie, toujours rieuse, puis se faisait entraîner vers un bar à coktails dans l'allée principale du centre. Tant dis qu'elles avançaient, Alix passait son bras autour des épaules de la jeune femme comme son amie venait de lui faire et elles avançaient synchroniquement, comme si à chaque pas qu'elles faisaient elles se répétaient « Gauche, droite, gauche droite .. ! » ce qui n'était pourtant pas le cas.

Les gens qu'elles croisaient les dévisageaient, ou peut-être ne dévisageaient-ils qu'Alix, ce qui ne l'étonnerait franchement pas. Peu importe où elle se promenait, où elle se trouvait, ce qu'elle faisait ou ce qu'elle disait, les gens l'avaient toujours regardé bizarrement, et ça depuis son adolescence. Vers ses 15 ans, Alix avait commencé à changer fortement, devenant de plus en plus extravagante au fur et à mesure qu'elle grandissait et s'était fait à l'idée d'être observée de bas en haut.

A peine étaient-elles arrivées au bar que Cinzia commandait un smoothie à la fraise. Alix aurait pu le prédire si elle n'était pas absorbée par le menu de cocktails qu'ils proposaient. Elle se décida enfin à commander un Banana Passion, suite auquel le serveur lui demanda une pièce d'identité, qu'elle sorti étant donné qu'il était composé de Malibu. Une fois toutes deux servies, Cinzia l'entraîna vers une table haute à laquelle elles prirent place. Le papotage était lancé.

♦ Hum, laissez moi réfléchir quelques instants je vous prie .. Voyons voir, il y a .. Ah non, non .. Et sinon euh .. Non plus, non .. Bah, meuf, faut que j'me tire ..

Le début de son mini monologue avait pourtant été ponctué de la façon de parler de la bourgeoisie, mais elle finit en parlant façon racaille de la rue, un peu de dépit dans ses paroles.

Elles étaient assises en hauteur, chacune sirotant lentement sa boisson, l'appréciant, et réfléchissant à autre chose. Il était bien dur de savoir laquelle des deux était la plus perdue dans ses pensées lointaines. Bien évidemment, comme à chaque fois qu'Alix avait le regard vide, et qu'ainsi elle se perdait dans son esprit, elle ne réfléchissait à rien de sérieux, au contraire de Cinzia, qui elle se posait toujours des tas de questions, existentielles ou non. Alors qu'Alix, elle, se fichait éperdument de ce qu'il pouvait arriver ou de ce qu'il venait de se passer. Savoir comment telle ou telle personne avait réagit à ses propos, ou bien si elle devrait plutôt mettre tel pull avec telles chaussures, ça lui passait au dessus. C'était vraiment le genre de choses auxquelles elle attachait peu d'importance. A dire vrai, elle prenait la vie comme elle venait. Si les choses se passaient bien, tant mieux, sinon, tant pis. Aussi simple que cela. Et pour ça, elle était une des rares filles à ne se pas prendre la tête.

Hm, voilà, qu'est-ce que je disais. Cinzia venait lui parler de Noah. Oh, non, ça ne dérangeait pas du tout Alix, mais vraiment pas. Au contraire, si elle pouvait aider sa meilleure amie à résoudre ses problèmes, elle en serait ravie. Mais je veux juste vous prouver qu'une fille se prend constamment (j'insiste sur le constamment, il est vraiment important) la tête. C'est comme ça, elles ne peuvent jamais s'en empêcher. Pourquoi il a fait ci ? Pourquoi il a dit ça ? Et comment il va réagir ? Tu crois qu'il m'en veut ? Qu'est-ce que je suis censée faire ? Est-ce qu'il pense à moi ? Bref. Je vais m'arrêter là, parce que je pourrais en sortir des dizaines des comme ça.

Donc. Alix reposa sa boisson sur le comptoir et releva les yeux vers son amie. Elle voyait bien que cette situation lui faisait du mal, mais elle ne savait pas tellement quoi faire pour elle. C'est vrai qu'ils ne cessaient de se prendre la tête, et au final, on ne savait même plus s'ils allaient vraiment retourner ensemble ou si c'était fini pour de bon ..

♦ Non, j'y comprends rien moi non plus .. Vous vous déchirez trop.

Cinzia hocha la tête.

« Ouais. Tellement qu'à force ça finit par faire mal. »

Cinzia ne voulait pas faire sa torturée, mais Alix avait raison. Noah et elle ne faisaient que de se déchirer un peu plus chaque jour et tous les voisins de Magnolia étaient les spectateurs de cette catastrophe ambulante que devenait leur couple. Elle ignorait s'ils en formaient seulement encore un. Aujourd'hui pour ne pas changer, ils étaient en froid. Ce soir quand elle allait rentrer, il allait soit continuer à l'ignorer en dérogeant à leur tradition qui était leur coup de fil du soir, soit il allait faire comme si de rien n'était et cetera, ce serait reparti pour la journée suivante. Qui sait si ce petit jeu n'allait pas finir par la lasser, par les lasser tous les deux même ?

« C'est comme ça. »

Conclut-elle un peu dans le vide. Cinzia leva les yeux de son smoothie et observa les gens autour d'elle. Etaient-ils tous heureux ou leurs rares sourires n'étaient-ils qu'une façade ? A force de ne croiser que des personnes aux mines blasées ou tristes, elle se le demandait vraiment. Il n'y avait qu'à allumer la télé et se brancher sur le JT pour voir toutes les horreurs qui se passaient dans le monde, c'était à se tirer une balle dans la tête parfois. Il était rare de croiser quelqu'un qui dise "Oui, je vais bien, je suis heureux, j'aime ma vie". Lui était-ce seulement déjà arrivé ? Alors, elle se le demanda à nouveau : Le bonheur existait-il vraiment ? La jeune femme souvent se posait cette question un peu existencielle. Elle aimait ça, les questions existencielles. De l'extérieur les gens pouvaient percevoir Cinzia comme une nana superficielle ne s'intéressant qu'aux fringues et aux chaussures, mais c'était avant tout une fille qui observait et réfléchissait beaucoup. Sur tout. Pourtant, elle préférait bien souvent qu'on la prenne pour une nana idiote sans cervelle, c'était tellement plus facile ainsi.

« Bon et toi alors ? »

Demanda-t-elle soudainement pour penser à autre chose, mais surtout changer de sujet. Elle savait bien qu'Alix était là pour elle et que parler de ses soucis ne gênait en rien sa meilleure amie qui avait été là pour elle depuis le début, témoin de toutes ses gaffes et autres bêtises qu'on ne pouvait même plus compter sur les doigts d'une main. Pourtant, elle n'avait que moyennement voire pas du tout envie de plomber l'après-midi. Elle préférait largement laisser Alix raconter ses propres déboires amoureux. Mais bon, si Alix insistait, cela ne dérangeait pas non plus Cinzia de se confier...