Allongé sur le divan, à coté de mon cher et tendre Noah, je pensais. A cette sensualité, ce dévergondage, cette emprise. J'avais besoin de planer un peu plus, de libérer les strates de mon esprit, de laisser mes pensées glisser de mon cerveau pour se matérialiser sous mes yeux. L'inconscience s’élèverait et mes pulsions m'emporteraient. Je demandai à Noah, comme un caprice, qu'il m’accompagne à l'étage du dessous. Il ne refusa pas, il acquiesçait en précisant qu'il irait où j'irais. Mon sourire s'étira, non seulement parce que j'adorais qu'on accède à mes demandes mais aussi parce que j’espérais une réponse de cet acabit sans y croire réellement. Noah et moi étions terriblement en face décidément. C'était tellement agréable et effrayant à la fois. J'appréciai la moindre chose émanant de lui. Ses mots, ses gestes, tout me faisait l'effet d'une douce caresse. Si j'avais était un chat à cet instant, je crois bien que j'aurais ronronné! Passons outre cet effet qu'il crée en moi, particulièrement ce soir, je me redressai tranquillement. C'était fou comme accomplir le moindre mouvement dans cet état était étrange, limpide, décomposé. J'avais l'impression de me sentir pleinement, plus que jamais. Je me levai alors, un pied après l'autre, bien à plat, avant de me dresser de toute ma grandeur. Noah se leva à son tour, s'agrippant à ma manche. Ça aurait été moi, je lui aurais pris la main, mais à présent qu'il serrait fermement ma chemise, je n'avais pas le cœur à lui la retirer. Je le lâchai finalement du regard, me jetant à grands pas dans la foule. J'avançai avec fluidité, sentant avec plaisir le frottement des vêtements ou des peaux sur moi, chaque personne que l’on croisait était une nouvelle découverte, une nouvelle perception. La pression se relâcha sur ma manche. Je ne réalisai pas tout de suite, avant que Noah attrape mon poignet, je regardai un instant sa main, sentant des pulsations à l'endroit où il me tenait. Elles remontaient, sous forme de signaux électriques, me faisant frissonner de... De quoi? Je levai les yeux vers lui. Imperceptible, une lueur dans ses yeux.
La foule nous entourant me fit quitter cette pause dans le temps. Nous nous rendions à la fumerie à cet instant. Je n'avais rien à faire ainsi arrêté. Je reprenais la route, ne pipant mot à Noah. Les escaliers apparurent, grands, immenses, infinis, comme dans... Alice aux pays des merveilles. Je mes descendais avec Noah, comme un Roi dans sa tenue d'apparat. L'obscurité rougeoyante avala les lueurs dorées des lustres de la salle des fêtes. Mon coin, mon ombre, les canapés apparurent, dans les filets d'opium et de jasmin. Je me tournai vers Noah, un grand sourire aux lèvres, attrapant de ma main valide le poignet de celle qui enserrai le mien, avant de lui souffler amusé:

"Viens par-là toi..."

Je le tirai vers moi, tandis que je reculai jusqu'à la couche, digne des plus grands sultans. Je l'attirais alors d'un coup sec, le faisant tomber avec moi sur le fin matelas, le même oui, nous partagions tout! Je ris, d’allégresse, emporté par l'atmosphère saturée en opium. Je me remis de mes émotions avant de claquer dans mes mains et m'écriai avec souveraineté:

"Masseuses! De l'absinthe et de l'opium!"

Les hôtesses ne tardèrent pas, nous préparant ce qu'il fallait pour que tout nous soit agréable...