Le bal était fini depuis deux, trois jours. Jours durant lesquels maman s'était absentée pour affaires et Kennedy étais apparemment invitée à un weekend entre filles. Bref, moi et Mark restions les seuls habitants de la vaste demeure. La joie. Je ne ressortais affronter la lumière du jour que depuis hier. Mon 'accident' n'avait pas été ébruité. Dommage. J'aurais voulu qu'il le sache. Qu'il regrette de m'avoir laissé comme ça. D'ailleurs demain, il rentrerait à l'hôpital psychiatrique et cela pour une durée indéterminée. Toute la matinée je m'étais demandé si j'allais aller ou non lui dire au revoir. N'arrivant pas à me décider, j'avais repris le chemin de la maison à pied. Car oui, je n'avais pas encore repris la route que ce soit en moto ou en voiture, pensant qu'à pied je finirai par le croiser. Oui oui rêvons. Je passais donc le portail puis remontais l'allée, l'esprit vide et la poitrine lourde et creuse à la fois. J'étais toujours vivant. Mais pour la première fois de ma vie j'avais souhaité mourir. Je ne parvenais à me comprendre, ni moi ni mon acte. Je tournais la poignée avant d'ouvrir la porte. Je levais alors les yeux, surpris de saisir une forme qui ne se présentait normalement pas à mon entrée. Mark. Il était posté là, prenant la parole en me demandant à moi son 'frangin' (OMG) ce que j'avais de beau à raconter à mon 'grand frère' ces derniers temps. Je restais là quelques secondes, qu'est-ce qui lui prenait d'un coup?? Je souris cependant, sentant le piège avant de lui répondre non sans une pointe de cynisme:

"Tiens, j'ai le droit au comité d'accueil aujourd'hui on dirait."

J’ôtai ma veste, lui tournant le dos, sentant son regard me transpercer. Que savait-il au juste? Je me retournais lui souriant amicalement comme à mon habitude avant de le contourner pour filer à la cuisine bien qu'il attendait la réponse que je faisais mine de chercher. Je me servais un verre d'eau. Absous d'alcool depuis l'accident. Je le fis tourner dans ma main, assis sur au comptoir de notre belle cuisine moderne. Il fallait que je fasse gaffe à ce que je lui disais bien que mon esprit était totalement ailleurs. Je lui répondis alors, haussant le ton pour qu'il puisse bien m'entendre le temps qu'il me rejoigne:

"Écoute, je n'ai pas l'habitude que tu t'intéresses à ce que je dis alors je ne vois pas ce que je pourrais bien te raconter."

Je me retrouvais assis au bar, faisant tourner mon verre d'eau fade. Fade comme le reste de ma vie, fade après s'être abreuvé des meilleurs nectars. Ma chance avait largement tournée. La chute infernale de la pierre du haut de la colline. Plus rien ne semblait pouvoir arrêter ma descente folle et incontrôlée. Je cessai mon geste alors que Mark revint avec un verre de vin. Les arômes me parvenaient déjà. Je fermai les yeux un instant, essayant de me délecter de ce parfum. Mais rien ne se produisit, rien ne remplissait mon vide intérieur. J'ouvris à nouveau les yeux, rencontrant ceux de Mark, glacés, sans pitié, durs comme de l'acier. Mon frère me détestait d'aussi loin que je me souvienne. Cette être injuste et sans compassion. J'avais toujours pensé qu'il me rendait responsable de la séparation de ma mère et de son père. Un beau jour il était tout simplement parti. M'abandonnant, moi son petit frère. Je le détestais. M'avoir laissé me construire sur ce nouvel abandon. Il ne méritait que ce qui lui arrivais. Sa vie de mendiant, que sa femme le trompe. Un petit sourire vola à mes lèvres. Oui, avec moi. J'avais pris sa femme, j'avais pris sa mère, j'avais pris sa maison et son héritage. Il n'était plus rien.

Il commença alors à me parler du soir de mon anniversaire: 'la fête'. Je recommençais à faire tranquillement tourner mon verre dans ma main, affichant toujours cet air satisfait. Alors il savait, ça ne faisait plus aucun doute. Il n'allait pas sur dirty secret pourtant, quelqu'un avait peut être vendu la mèche dans ce cas... Peu importe, s'il était au courant c'était tant mieux. J'avais toujours eu pitié de Kennedy de s'être marié à ce traitre. Cela m'avais rendu malade que cette pauvre demoiselle, belle, douce, se retrouve avec lui et comment ne pas vouloir d'elle? Heureusement j'avais apporté remède à la chose et comme tout ce que je voulais, je l'avais obtenu sans mal. Maintenant qu'il était au courant, au moins il saurait que je lui avais définitivement tout pris. Vengeance? Envie? Un peu des deux, en tout cas il payait d'être parti.
Je lui répondis d'une voix tranquille, alors qu'il soulevait le fait que Kennedy s'était trouvée là, elle, alors que lui, 'mon frère' non:

"La fête été ici et Kennedy n'étant pas mon frère, je me suis fait un plaisir de l'inviter."

Je lâchai alors mon verre des yeux, les plantant dans les siens, malicieux, amusés. Je n'avais aucune raison de ne pas amener le sujet qui de toute façon n'allait pas tarder:

"Tu comprends Mark, ta femme s'ennuie avec toi la pauvre. Il fallait bien que je l'invite pour qu'elle puisse un peu plus se distraire. Ce n'est ps parce que tu n'as pas été convié que tu dois interdire à Kennedy de venir, puisque j'imagine, elle n'est pas partie pour un weekend chez ses amies."

Ce chien avait viré ma douce Kennedy de la maison. Comment avais-je pu croire un instant à cette histoire? Surement le coup avec Jay. Peu importe à présent je voyais plus que claire dans ses agissements.

Non je ne me rabaissais pas, nan je ne mendiais pas son pardon à plat ventre. Et pourquoi? Tout simplement parce que de un je n'étais pas du genre à 'm'excuser' et de deux parce que j'avais choisi de faire cela, j'avais choisi de prendre Kennedy à Mark. Je ne revenais pas sur mes choix. Et celui-là ne faisait pas exception. Maintenant Mark le savait. J'aurai préféré continuer ce jeu dans son dos mais, voilà, la vérité était tombée avant. J'aurais préféré que ça ne tombe pas là, le jour du départ de Jay. J'aurais préféré avoir le plaisir de le lui apprendre moi-même. Ma vengeance ne prenait pas le meilleur visage, je ne devais donc pas le laisser une seconde profiter du fait qu'il l'avait appris par un tiers.
La sanction tomba alors qu'il me demandait hors de lui si coucher avec elle avait aussi servi à la divertir. Je souriais cette fois, pleinement, nous étions au nœud de l'action. Il se leva brutalement, suivant son pic d'humeur. Se rapprochant de plus en plus, les poings serrés à en faire blanchir ses jointures. Je le laissais poursuivre, alors que son visage n'était plus qu'à quelques centimètres. Ses problèmes de couples ne me regardaient pas et Kennedy et moi n'avions plus rien à faire à la maison. Je me retenais de rire et lui demander réellement amusé:

"Ah oui? Plus rien à faire à la maison dis-tu? C'est marrant mais j'ai comme l’impression que le squatteur ici c'est toi mon petit Smith. N'oublies pas que c'est moi Holden Turner, qui ait tout ici."

Je lui tapotai gentiment sur l'épaule avant de me soustraire à son emprise et de me lever, ce n'est pas que j'avais que ça à faire de l'écouter ruminer mais voilà. Je devais me préparer pour aller voir Jay, discuter et m'excuser de mon audace qui avait vraiment était mal perçue apparemment. Je laissais mon verre d'eau que je ne parvenais décidément pas à boire et sortit de la cuisine. Une chose me turlupinait n'empêche, Kennedy faisait à présent partie de me monde, je ne pouvais pas la laisser vivre seule, il fallait que je la fasse revenir vite, elle était chez elle ici après tout et ce n'était certainement pas Mark qui allait la virer de ma maison.