Le pas alerte, l'esprit en fusion, je pénétrais dans la bâtisse silencieuse qui me faisait office de foyer. Distraitement en ôtant mon veston, je vérifiais le nombre de clé jeter dans la création en céramique que ma belle-mère avait dénichée quelques mois après son emménagement avec nous. Juste un trousseau. Celui de Claire. Observant ma montre avec attention, je fronçais les sourcilles. Que faisait-elle à la maison à cette heure ? Repoussant mes questions je partais à la recherche de ma petite soeur. La maison était immense, remplis d'objet luxueux et de rancoeur. Nous n'étions plus une véritable famille depuis longtemps, quatorze ans pour être précis. Les cicatrices sur mes bras semblèrent reprendre vie, elles me brûlaient doucement au travers du fin lainage de ma chemise. Poussant un soupire d'agacement je repoussais le tissu et massait inconsciemment les traces roses pales qui saillaient ma peau tout en passant rapidement par le salon, vérifiant chaque pièce du rez-de-chauffé, m'assurant de l'absence de ma soeur avant de continuer mes recherches. En entrant dans la cuisine, je prenais une bouteille d'eau avant d'attraper un comprimé contre le mal de crane et de pénétrer dans les autres pièce de la maison. La nuit précédente avait été plus qu'épique, j'avais été rejoindre quelques connaissances de la fac dans un bar branché, les verres s'étaient enchainés, les corps feminins étaient devenus plus qu'attrayant, l'alcool s'était très vite retrouvé mélanger a plus. Le sexe, la drogue, l'adrénaline qui courait dans mes veines. Tous ça faisait de moi ce que j'étais, touchant mes narines je réprimais une grimace devant leur sensibilité. Touché a la cocaïne était peut être une mauvaise idée, surtout au vus du peu de souvenir qu'il me restait et pourtant une impression de bien être encore jamais égaler me soulevait encore le ventre rien que d'y penser. J'étais repartie avec une fille, une blonde au sourire embrumé de poudre et aux yeux révulsées. Couché avec une inconnue lorsque votre prénom est un mystère était l'un de mes plaisirs les plus doux, qu'elles en soient conscientes ou non, toutes les filles qui avaient jalonnées mon lit étaient interchangeables. Elles n'étaient des corps doux et chaud qui avaient apaisés mes tourments ou menée une des mes soirées de débauches à son sommet.

Ouvrant la porte de la véranda, je posais enfin les yeux sur l'objet de mon affection. Dos à moi, entourée d'une fine couverture dans ton marron, Claire les jambes collées à son abdomen, chantonnait distraitement un air qui s'échappait des écouteurs plantés dans ses oreilles. Un instant, je restais immobile. Son corps semblait se protéger de l'extérieur, retenu contre elle. Une aura de tristesse transparaissait d'elle. Qu'arrivait-il donc à ma petite soeur ? Repoussant mes questions, je posais doucement ma main sur épaule, avant de me laisser tomber à côté d'elle. Observant le jardin qui s'étendait devant nos yeux, Claire demeura un instant immobile avant d'ôter ses écouteurs. Je posais mes yeux son visage pâle, et la petite moue triste de ses lèvres me serra le coeur.

_ Quelque chose ne vas pas, petite poupée ? Demandais-je doucement, en utilisant le surnom que j'avais coutume de lui donner enfant. Qui dois-je torturer pour retrouver ton sourire ?

Assis côte à côte, dans la maison de leur enfance, ils tournaient le dos à leur passé, tentant d'ignorer le futur. Et le présent inconstant, ne leur laissait déjà que peu de répit, a l'aube de leur jeune vie.

Il est dur de grandir sous les ruines familiale encore chaude. Longtemps, j’avais pensé que les choses s’arrangeraient d’elle-même, qu’un beau matin, mon père cesserait d’être le salopard accro à son travail qu’il était devenu, que mon frère, cet ancien héros de ma vie, redeviendrait mon meilleur ami, et que la pellicule de glace qui entourait son cœur fondrait rapidement. Longtemps, j’avais espéré entendre à nouveau le fou rire de ma petite sœur, et non plus ces brefs éclats de rire vite réprimé. Et puis, un matin d’automne, lorsque j’avais soufflée mes sept ans, j’avais compris qu’il était vain pour moi d’espérer un quelconque changement. Inconsciemment peut être, je m’étais rapproché de Claire, la faisant passer au premier plan de ma vie, lui offrant la place de famille, une seule et unique place. Assis auprès d’elle, je laissais sa tristesse inconnue prendre vie en moi également. Etrange sentiment que de comprendre que la douleur de ma sœur devenait mienne, ces immenses yeux tristes se posèrent sur moi avec une intensité fort peu commune. Habituellement, Claire n’était certes pas très enjouée mais au moins était-elle souriante, aimante, une adolescente prise au piège par les feux de la vie. Lui donnant un coup d’épaule joueur, je l’interrogeais d’une voix calme et plaisante, faisant naitre un sourire. Nul doute qu’elle était bien plus belle ainsi, elle ressemblait tant à notre mère, s’en était troublant. Enigmatique, elle détourna ma question, faisant naitre plus de question encore dans mon esprit. Qui diable avait pu mettre Claire dans cet état quasi légartique ?

_ Cesse les mystères, Poupée. Que ce passe-t-il ? Je t'avouerai que tu m'inquiète un peu, ajouta-t-il ne plongeant son regard dans le sien un bref instant.

La jeune fille baissait la tête et je soupirais lourdement, depuis toujours j’avais été un être sanguin. J’étais sujet a de fréquent accès de colère, mes bagarres avec les jeunes de la ville était monnaie courante, lorsque la fureur montait en moi je devenais incapable de me contrôler. Moi, l’être froid et réfléchi devenait alors un homme fougueux, capable de dire ou de faire tous ce qui lui passait par la tête. Ma gueule de bois toujours bien présente n’était pas faite pour arranger les choses.

_ J'étais pas vraiment d'humeur à me pointé à la fac, grognais-je en frictionnant mes avant-bras.

A nouveau mes yeux se posèrent sur les fins cicatrices qui zébraient ma peau, rappel intemporel à la perte que j’avais subis. Que nous avions subit. C’était si étrange lorsque j’y repensais, tous paressait à la fois si loin et pourtant si près, le manque demeurait présent dans mon corps, marquant chacune de mes cellules, et pourtant je m’y étais en quelques sortes habituée. Que penserais ma mère de moi ? Serait-elle fière ? Aurait-elle honte ?

_ Tu y penses encore toi ? Parfois ? Nous ne parlons jamais d'elle. C'est bizarre non ?