Dean était planté devant son armoire. Sa valise, toujours vide, trônait sur son lit. Il devait y ranger ses vêtements mais il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il devait y mettre. Combien de temps était-il censé rester à l'hôpital ? Une semaine ? Un mois ? Les médecins eux-mêmes étaient incapables de lui fournir une réponse satisfaisante. Son "père" lui avait pourtant assuré qu'il n'en aurait pas pour plus de deux semaines mais c'était déjà énorme ! Sans compter qu'il devait faire de la rééducation après. Mais il devait positiver, après tout serait terminé. Il reprendrait le football à l'université, il pourrait tenter de battre son meilleur ami Jérémy au basket et prendre Hope dans ses bras sans que Zoë pique une crise de panique. Mais le plus important, sa mère arrêterait de s'inquiéter pour lui à longueur de temps. Sa vie redeviendrait ENFIN normale ! Aussi normale qu'elle puisse l'être dans cette famille bien entendu. Désespéré d'être devenu un empoté, il attrapa des vêtements au hasard et fourra le tout dans sa valise. Après, cela, il attrapa une feuille, un crayon et fit la liste des choses qu'il ne pouvait emporter qu'au dernier moment telles que sa trousse de toilettes ou son ordinateur, si l'hôpital le lui permettait .

Il ferma sa valise et la posa dans un coin de sa chambre histoire qu'elle ne le gêne pas. Dean regarda sa montre : dix heures. Sa mère devait être réveillée ou sur le point de se lever. Il n'attendit pas de le découvrir et descendit dans la cuisine. Il lui prépara du café et posa un croissant sur le plateau. Jack avait du passé acheter ça avant de partir travailler. Une fois fait, il se prépara son petit-déjeuner et s'installa tranquillement. Deux minutes plus tard, il vit Mrs Brown descendre. Il ne s'était pas trompé, elle venait de se lever. Une fois à sa hauteur, il l'enlaça en guise de bonjour :

" Bonjour Maman, tu as bien dormi ? Oh j'ai préparé ma valise aussi "

Le jeune homme retourna s'asseoir et commença à manger. Il était soulagé que sa mère soit là pour lui, même si elle ne connaissait pas le quart de ce qui lui était vraiment arrivé.

Cela faisait déjà un certain temps que son fils était rentré d'Italie, et dans quel état ! Il était revenu blessé à plusieurs endroits, et incapable de donner une explication valable à sa mère de surcroît. Cherry était persuadée que son fils lui cachait les véritables raisons de cet incident. Quel adolescent n'a pas de secret ? me direz-vous. Oui sauf que si ce secret devait mettre en jeu la vie de son fils, c'était une autre affaire. La mexicaine avait tanné le brun pour qu'il lui en dise plus mais celui-ci n'avait pas lâché le morceau, prétendant qu'il avait un trou noir et ne se souvenait de rien. Cherry restait sceptique à ce sujet ... A ce propos, cela lui rappelait les merveilleuses excuses qu'elle avait inventées à ses parents maintes et maintes fois, sans que ceux-ci ne se doutent de rien, naïfs qu'ils étaient. Les phrases du style " Non, je ne vois pas de quoi tu parles Maman. " étaient sorties de nombreuses fois de la bouche de l'adolescente Cherry. Si Dean ne lui disait rien, était-ce pour son bien ou parce qu'il avait honte de ce qu'il s'était passé ? C'était sur ses peu joyeuses interrogations que s'était endormie Cherry la veille.

Bip bip bip ; le réveil sonna. Quoi, il était déjà 10h ? C'était le jour J, Dean devait aller à l'hôpital. Et elle, n'était même pas à son chevet ce matin !? Quelle mère indigne elle faisait. Ou plutôt était-ce l'heure de son alarme qu'elle avait oubliée de régler. La jeune maman attrapa son peignoir en soie rose qu'elle noua autour de sa taille, enfila des chaussons tout doux et alla toquer à la porte de la chambre de son fils. Aucune réponse ; elle entra quand même. Personne. Vite, elle se dirigea en bas en descendant les escaliers quatre à quatre - après avoir fait un détour rapide par la salle de bain pour se donner bonne mine bien entendu. Jack était déjà parti au travail, de toute façon que son fils soit à la maison ou à l'hôpital ne changeait rien pour lui. Cherry pénétra dans la cuisine et aperçut son fils.

« Tu es là ! »

S'exclama-t-elle en lui ouvrant ses bras offerts à un câlin maternel. Elle était limite plus stressée que lui du fait qu'il se fasse opérer. Quelle angoisse pour une maman de savoir son enfant en mauvaise santé. La brune se dirigea vers la machine à café avant de se rendre compte que son fils lui en avait déjà servi. Quel adorable gosse, il était vraiment le fils parfait ! Cherry but deux-trois gorgées de son café tout en fixant Dean d'un air anxieux sourcils froncés au maximum.

« J'ai bien dormi oui. » Mentit-elle. « Toi, ça va ? Tu te sens prêt ? Tout va bien se passer mon chéri, ne t'inquiète pas. »

Le/se persuada-t-elle tout en hochant la tête en regardant la valise. Elle n'avait même pas eu à lui demander qu'il la fasse, il avait pris l'initiative tout seul. Que demande le peuple ? Son fils était vraiment un enfant modèle, honnêtement. Elle en était si fière. Les médecins avaient intérêt de prendre soin de lui comme un prince ! Cherry les avait appelés pour savoir ce que Dean avait le droit d'emporter, et l'ordinateur n'en faisait apparemment pas partie, pour eux il fallait que le patient se repose au calme après une telle opération et pas devant un écran. Sottises ! Si son fils voulait emporter son ordi, eh bien il emporterait son ordi. Il fallait bien qu'il se détende, non ? Cherry leva les yeux au ciel en repensant à ce médecin borné qu'elle avait eu au téléphone. Puis elle posa à nouveau un regard bienveillant sur son fils qui prenait son petit déjeuner.

A peine eut-il saluer sa mère que cette dernière le serra dans ses bras. Le célèbre câlin matinal ! Il réprimanda cependant un gémissement, heureusement que son opération devait se faire dans peu de temps. Il ignorait combien de temps il pouvait encore tenir. Sa mère angoissait certainement plus que lui et pourtant c'était bien Dean qui passait sur le billard ! Mais c'était nécessaire voire vital, et il le savait. Il savait aussi qu'à son réveil, tous ses proches seraient présents. Il avait aussi demandé à Joy de venir. Elle était censée y réfléchir mais le jeune homme espérait que sa réponse serait positive. Il ne pouvait pas prendre de décision à la place de la jeune fille après tout et il ne souhaitait la forcer à rien.

" Ça va, je suis juste impatient que tout se termine et il me tarde de pouvoir reprendre le football. Maman, ça va aller tu sais. "

Il devait rassurer sa mère bien plus que lui-même. Il devrait certainement le faire encore pendant un petit moment, jusqu'à ce qu'il soit complètement rétabli à vrai dire. Le jeune homme se perdit alors dans ses pensées. Cela faisait presque un an maintenant que leur voyage en Italie était passé, et heureusement, malgré ses blessures, il était toujours en vie ! Cependant, certains de ses souvenirs lui revenaient en mémoire et il n'en avait pas parlé à sa mère. Il décida que c'était le bon moment :

" Maman, tu sais quand je t'ai dit que je n'avais aucun souvenir de mon ... accident, et bien, c'est faux. Enfin pas totalement, je ne me souviens pas de tout, j'ai quelques flashs qui me reviennent en mémoire, surtout des images et toujours les mêmes d'ailleurs. Après j'ignore si ces souvenirs sont réels ou non, après tout, je cherche tellement les réponses, peut-être que mon esprit se joue de moi. "

Il ramait, c'était évident.

" Et bien, je pense que j'étais dans une maison, je vois des poutres, et quelqu'un me parle, une femme, je crois que c'est elle qui m'a soigné. Et après je me suis réveillé non loin du campement où se trouvait les autres. Je portais un bandage. Elle m'a certainement sauvé la vie. Par contre, je ne parviens pas à me souvenir du comment j'ai pu en arriver là.

Un an ou presque. Voilà le temps qu'il lui avait fallu pour tout lui dire.

Cherry se tripotait les mains, elle était visiblement plus stressée que son fils à l'idée que ce dernier se rende à l'hôpital. Mais quelle maman ne le serait pas ? La mexicaine attrapa sa crème pour les mains qui était posée près de l'évier et qu'elle s'appliquait après chaque lavage de main. Cela la détendit un peu, mais elle n'était pas soulagée pour autant.

« Ils t'ont dit combien de temps ils voulaient te garder ? » elle fronça les sourcils avec tristesse. « Pas trop longtemps j'espère ? » puis s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras une nouvelle fois. « Oh mon fils tu vas me manquer ! »

Cherry lui déposa son baiser sur le front et fit en sorte que leur étreinte cette fois dure un peu plus longtemps. Si elle allait être privée de son fils pour un certain temps, il fallait bien qu'elle ait son quota de câlins ! La petite maman libéra ensuite Dean de ses bras, elle savait que parfois les adolescents n'étaient pas fans des démonstrations d'amour de leurs parents, surtout en public. Mais là c'était différent n'est-ce pas ? Et puis, Dean était un enfant affectueux, il ne disait jamais non à un câlin ou un bisou de sa chère mummy. Celle-ci tentait de faire du mieux qu'elle pouvait, et elle se sentait un peu moins coupable envers lui depuis son emménagement ici. Elle espérait qu'il n'avait pas trop à se plaindre de sa vie globalement et qu'il parle en bien de sa maman à ses copains. C'était tout ce qui lui importait, du reste, que son fils soit heureux.

Celui-ci lui expliqua qu'il avait hâte de reprendre le football. Oh, Cherry n'ignorait pas à quel point il aimait ce sport, ça oui. Cela devait évidemment lui manquer, la mexicaine savait ce que c'était que d'être privée de quelque chose qu'on aime un certain temps. Lorsqu'elle avait entré le couvent, elle avait du abandonner toutes ses activités, que ce soit sport ou shopping évidemment, mais aussi toute relation sociale. Elle en était sortie, différente. Et si aujourd'hui certaines personnes pouvaient la voir superficielle ou légère, elle n'en oubliait pas moins d'où elle venait, ni ce que cette expérience avait fait d'elle.

Son fils commença alors à se confier, à s'ouvrir quelque peu. Cherry ouvrit grand ses oreilles, attentive. Il était rare que Dean s'exprime au sujet de son accident en Italie, elle était donc tout ouïe. La trentenaire fit tout son possible pour empêcher ses yeux de s'écarquiller pourtant cela fut une rude épreuve. Tout ce qu'il lui disait là était nouveau pour elle, peut-être en avait-il déjà parlé à ses amis mais en tout cas à elle il n'en avait pas touché mot. Sur le coup, elle ne sut que dire. Mais sa curiosité la piquait intérieurement. "Sauvé la vie", ce bout de phrase lui provoqua un électrochoc.

« Et euh.. cette nana-là qui t'a sauvé tu dis, elle sortait d'où ? Comment tu t'es retrouvé blessé ? Et tu as fait quoi après ? ... Dean ! Plus jamais je te laisse partir en voyage tout seul avec des amis ! » C'était son instinct protecteur de maman qui parlait là. Ce qu'il venait de lui dire lui faisait peur, pourtant elle se reprit. « Excuse-moi. »

Non Cherry, Dean ne savait pas plus que vous combien de temps ils comptaient le garder l'hôpital, mais au vue de l'opération planifiait, il devrait surement rester aliter pendant une semaine . Tant qu'il pouvait rentrer chez lui le plus rapidement possible, il serait heureux . Dean avait toujours détesté les hopitaux.

" Non je l'ignore Maman. Je crois que je dois rester aliter une semaine et qu'ensuite je pourrais rentrer à la maison. Ah oui et j'aurais des médicaments bien entendu. "

Mrs Brown le serra de nouveau contre. Cherry avait toujours été une mère affectueuse et tout comme son fils, elle n'était pas avare de gestes tendres. Sa mère l'avait élevé seule après tout, et on pouvait dire qu'elle s'était plus que bien débrouillée. Dean n'était d'ailleurs, pas le dernier à parler d'elle en d'excellents lorsqu'on lui posait la question ou à prendre sa défense lorsque quelqu'un osait la dénigrer. Tout le monde à des problèmes certes, mais Cherry Brown était loin d'avoir eu une vie facile, loin de là.

" Toi aussi tu vas me manquer, mais ne t'en fais pas, ce ne sera pas long enfin je l'espère. "

Finalement, Dean finit par se jeter à l'eau et à parler ENFIN à sa mère des souvenirs qu'il avait de l'Italie. Cela faisait presque un an, alors il était peut-être temps mais il fallait avouer qu'il n'avait jamais trouvé le moment . Et puis il fallait tout de même l'art et la manière d'avouer ce genre de choses à sa génitrice, ce qui était loin d'être aisée avec sa mère, cette dernière étant anxieuse de nature.
Dean se leva alors et fit sa vaisselle tandis que sa mère lui posa tout un tas de questions. Des questions qu'il se posait lui-même mais dont il ne connaissait pas les réponses. C'était très frustrant.

" Je l'ignore Maman, je ne me souviens que de ça d'ailleurs. Rien d'autre et je ne sais pas non plus comment j'ai pu être blessé "

Son fils lui répondit qu'il ignorait combien de temps l'hôpital le garderait là-bas. Cherry espérait qu'ils ne lui enlèvent pas son bien le plus précieux trop longtemps.. De toute façon il était déjà prévu dans sa tête qu'elle lui rende visite chaque jour de son absence, mais cela serait insuffisant, il lui manquerait quand même !

« Une semaine c'est long ... » elle baissa la tête et fit une pause avant de reprendre. « L'important c'est que tu ailles mieux. »

Ajouta-t-elle en lui ébouriffant affectueusement les cheveux. Elle pencha la tête de côté avec compassion.

Cherry essayait de montrer le contraire, mais elle était inquiète. Comment son fils avait-il pu en arriver là ? Déjà qu'elle n'avait pas été super enthousiaste à l'idée de le voir partir carrément vers un autre continent alors qu'il n'était que lycéen, et qu'elle avait dit oui quand même pour lui faire plaisir et qu'il passe de bonnes vacances ... ! Elle se sentait coupable, avait l'impression qu'elle avait loupé quelque chose et qu'elle avait failli à son devoir de maman. Quelque chose avait cloché et elle s'en voulait même si cet accident avait eu lieu à des milliers de kilomètres d'elle.

Dean choisit ce moment pour aller faire la vaisselle, ce qu'elle ne comprit pas trop. Peut-être le fait d'avoir les mains prises ou de ne pas être directement face-to-face avec elle pour lui confier ces douloureux souvenirs l'aidait un peu. Soit, elle le laissa faire. Elle l'écouta. Puis lui demanda finalement de laisser tomber la vaisselle.

« Mon chéri, laisse ça. »

Fit-elle en éteignant le robinet. Elle le regarda dans les yeux.

« Tu n'as pas été blessé à cause d'une bagarre j'espère ? Hein, tu n'es pas le genre de garçon qui te bat Dean ? »

Cherry croisa les bras et s'adossa contre le meuble de la cuisine. Elle tentait d'en savoir un peu plus, mais il avait déjà fait un premier vers la confidence. La mexicaine était seulement préoccupée par l'état de son fils, imaginez ce qu'elle a pu ressentir lorsqu'elle a vu son fils chéri rentrer blessé de son voyage qui devait soit-disant être génial en Italie avec ses amis.. Quoi qu'il en soit aujourd'hui il allait bien, il irait encore mieux dans quelques semaines et c'était le plus important. Cherry prit la place de Dean afin de finir de nettoyer le plat qu'il avait commencé à récurer puis se lava les mains et utilisa sa crème réparatrice une nouvelle fois. Puis elle s'assit à une des chaises du bar, tout en jetant un coup d'oeil à la valise qu'elle pouvait apercevoir dans l'entrée. Alala, elle allait squatter souvent les maisons de ses copines cette semaine on dirait.

Dean approuvait : en effet, une semaine c'est long mais il n'avait pas le choix. Elle lui ébouriffa les cheveux affectueusement, étonnant pour une femme de si petite taille. Malgré toutes les tentatives de cette dernière, Dean n'était pas dupe et loin de là, il voyait l'inquiétude de sa mère comme le nez au milieu de la figure. Il se leva pour faire sa vaisselle, mais Mrs Brown ne semblait pas de cet avis et elle l'évinça gentiment. De toute manière, il se serait arrêté au vu de la question que sa mère lui posa. Il se retourna, non pas outré comme il aurait dû l'être mais perdu. Comment pouvait-il lui répondre ? Puisque lui-même n'en savait rien ! Sa mère croisa les bras et s'adossa contre le meuble mais cette tentative pour lui sortir les vers du nez ne dura guère. Elle termina la vaisselle que Dean avait commencé sans un mot et ce dernier reprit place à la table. Il avait décidé d'être honnête avec elle alors pourquoi s'arrêter en si bon chemin, même si c'était pour lui dire qu'il n'en savait rien.

" Je ne sais pas Maman, et non je ne suis pas du genre à me battre ou, plus précisément, je ne suis pas celui qui les déclenche. En revanche, lorsque mes ami(e)s ont besoin de moi, je n'hésite pas. Pour être honnête, le médecin a été très clair quand il m'a examiné et il m'a bien spécifié que je n'aurais pas pu m'infliger ça tout seul. Je n'en sais pas plus et cela fait presque un an. J'en ai assez de chercher des réponses qui ne viennent pas , d'essayer de retrouver la mémoire sans y parvenir. Alors, j'ignore si cela peut fonctionner mais peut-être que je pourrais aller voir un psy. Peut-être serait-il plus à même de m'aider à me souvenir. J'en ai vraiment besoin pour laisser tout ça derrière moi. "

Dean y songeait depuis un petit moment mais il n'y avait jamais fait allusion.

" Maman, tu crois que Jack viendra me voir à l'hôpital ? Oh et tu vas t'en sortir ? Tu sais que tu peux aller voir tes amies, leurs portes te sont toujours ouvertes. Alors n'hésites pas, je n'aime pas te savoir seule. Enfin, tu me comprends"

Jack, son père. Il n'avait jamais réussit à l'appeler Papa et ce pour une bonne raison. Ce dernier ne l'avait pas élevé et il était difficile d'appeler un étranger Papa. Parfois, le sang ne fait pas tout. Sa mère détestait qu'il l'appelle par son prénom mais c'était comme ça. En public, il faisait des efforts mais le jeune homme n'avait pas l'impression d'avoir un père, et cela pouvait se comprendre.
Quant à Miss Brown, bien qu'elle soit de loin capable de se débrouiller seule, Dean avait toujours été très protecteur envers elle, et cela ne risquait pas de changer.

Cherry était un peu déçue que son fils ne lui ait pas dévoilé le pot aux roses plus tôt - ce n'était pas faute d'avoir essayé - mais d'un autre côté elle le comprenait. Mais, le médecin lui avait confié certaines choses dont il ne lui avait pas fait part et de savoir tout ça aujourd'hui la mettait un peu mal à l'aise ; elle se sentait évincée de la vie de son fils. Elle ne connaissait pas ce dernier si secret. Mais on en apprenait tous les jours la preuve. Bon elle admettait qu'il n'était pas forcément facile d'aborder ce type de discussion avec sa mère mais voilà elle restait sa maman d'amour, celle qui lui avait tout donné depuis sa naissance, celle qui l'aimait plus que tout, celle qui était là pour lui lorsqu'il en avait besoin, non ? Il pouvait tout lui dire sans crainte d'un jugement quelconque. Sur le coup Cherry ne put s'empêcher de se demander si Dean avait fait part de ces explications à Jack. Il était moins proche de lui peut-être aurait-il alors été plus facile pour l'adolescent de se confier à lui mais ils n'avaient au final pas grand-chose en commun et Dean le considérait apparemment comme un étranger.. Inutile de préciser que Cherry aurait été très blessée si son fils s'était confié à son père et pas à elle.

Elle l'écouta en silence cependant, respectant ses confidences qu'elle appréciait au vu de leur rareté. Au final Cherry et Dean avaient un rapport particulier : ils étaient très proches et s'adoraient, mais l'un et l'autre ne se racontaient pas non plus leur vie dans les détails, chacun gardait une part de son jardin secret et même si les gens du quartier comparait leur relation à celle de deux amis, cet élément prouvait qu'ils n'en restaient pas moins une mère et un fils.

« Je vois.. »

Prononça-t-elle en un souffle. Son fils émit alors une idée surprenante, celle d'aller voir un psy. Sur le coup Cherry fut prise de panique, pour elle psy était synonyme de problèmes et si son fils allait en voir un c'était qu'il allait mal et qu'elle avait donc foiré quelque part dans son devoir de maman. Après réflexion, elle-même s'était déjà rendu chez un spécialiste et ce n'était pas pour autant qu'elle était folle mais voilà lorsqu'il s'agissait de son propre fils c'était différent.

« Eh bien écoute Dean euh ... Si tu en ressens le besoin je ne vois pas pourquoi je t'interdirais d'y aller n'est-ce pas ? Je t'avoue que ça me surprend un peu mais tu n'as pas tord c'est pas une mauvaise idée. »

Répondit-elle de façon à se rassurer elle-même. Si cela permettait à sa progéniture de tirer un trait sur cette fâcheuse histoire, alors qu'il y aille. Seulement, Cherry ferait en sorte que cela ne s'ébruite pas trop dans le voisinnage. Après tout elle ne voulait pas qu'on croit que son fils était malheureux. Il ne l'était pas, hein !? Inquiète de nature, la mexicaine ne pouvait s'empêcher de songer à cette possibilité même si au fond d'elle elle savait que son fils avait tout ce dont il avait besoin, désormais : un père, une mère, un toit, des amis, un quartier agréable ; quoi de plus ?

« Arrête de l'appeler Jack, tu peux dire "papa", Dean. »

Le réprimanda-t-elle en lui faisant les gros yeux. Il fallait qu'il s'habitue à utiliser ce mot maintenant. Certes il en avait été privé pendant de longues années mais les choses étaient différentes maintenant et il devait saisir cette occasion. De plus, il savait que Cherry y tenait.

« Bref, non je ne sais pas s'il viendra chéri.. Tu en as envie ? » visiblement c'était le cas. « Je ferai en sorte qu'il passe alors, ne t'en fais pas. Oh, et ne t'inquiète pas pour moi. Suzie et Clara m'ont déjà dit qu'elles me forceraient à passer mes après-midi chez elles, alors ! » ajouta-t-elle en forçant un peu son rire. « Puis j'ai toujours le travail pour m'occuper. »

Cherry Brown ne travaillait qu'à temps partiel au centre commercial de Magnolia, en tant que vendeuse dans une boutique de chaussures. C'était plus un boulot de convenance que de nécessité, en effet Jack son ex était plein aux as alors elle n'avait plus besoin de ça désormais. Mais étant donné qu'elle se sentait assez seule lorsque la maison était vide, cela n'était pas plus mal pour l'occuper un peu et puis, les chaussures c'était quand même une invention extraordinaire.