Magnolia's dramas (ft. Max)

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Après le fait divers Alice Springs qui tourmente depuis longtemps le quartier de Magnolia débarque l'affaire Olivia Shmizerman, une trentenaire du même quartier. Très peu connue par les autres habitants, Olivia était la femme d'un enfant de paysan, Jared Shmizerman. On apprend en lisant la presse que Mr Shmizerman était un homme violent, agressif, et qui battait sa femme. La jeune femme a déclaré à la police n'avoir eu d'autre choix que de tirer une balle dans la tête de son époux pendant son sommeil. Après cela, Olivia se serait rendue toute seule au poste de police pour dénoncer son acte. Un fait divers qui fait froid dans le dos, surtout quand on réalise que Magnolia devient LE lieu où la mort réside ces derniers temps.

Je suis donc chargé de la défense de Madame Shmizerman le jour de son procès. Une affaire délicate puisqu'en général, je plaide souvent pour la partie civile. Frederick Winston, mon associé, participe activement à l'élaboration d'un plan de défense. C'est certainement LE plus gros dossier de l'année. Forcément, ce genre de faits divers intéressent les journalistes de la région. Ces derniers cherchent à interviewer les avocats des deux parties, pour renseigner la population de l'avancement de l'enquête. Je n'accorde que rarement des interviews et des conférences de presse pour parler des dossiers en cours, mais il faut savoir aussi bien communiquer en temps de crise comme celle-ci. Rester muet sur ce genre de cas pourrait nous causer, à ma cliente, Fred et moi même des problèmes de crédibilité. J'ai donc décidé d'accorder un interview à un très bon journaliste, Maxim Daniels, réputé pour son sérieux et sa réelle volonté à délivré de la vraie information à ses lecteurs. Je connaissais aussi Maxim car c'est un gosse du quartier, que j'ai souvent eu l'occasion de croiser. Et il ne me semble pas être un mauvais gars. Je dois simplement garder mes distances pendant l'entretien et ne donner que les informations qui ne porteront pas préjudice à la suite de l'affaire. Ma carrière est en jeu.

Maxim m'avait donné rendez-vous dans un café sur la Gordon Street. Je connaissais bien ce café pour y avoir passé tant d'après midi avec mes amis, et avec mon père. J'arrivais donc en avance, histoire de réfléchir à ce que j'allais bien pouvoir avancer pendant notre rencontre. L'enjeu était de taille, il fallait que je communique correctement et efficacement pour préparer la défense de ma cliente. Je n'étais pas rassuré, discuter sur ce genre de cas était un exercice compliqué. J'avais quand même la particularité de ne pas me laisser influencer, et d'être toujours très concis dans mes réponses. Quand je répond à un journaliste, c'est moi qui mène l'entretien!

Puis Max arriva rapidement, sans trop me faire attendre. J'avais pris soin de commander deux cafés auparavant au serveur qui les déposa sur notre table. J'avais pris soin en amont de nous installer à l'écart des gens présents dans le café, histoire de ne pas se faire trop remarquer. Maxim s'avança vers moi, je me levais donc pour lui serrer la main.

"Salut ca va? Je t'ai fais servir un café..."

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Magnolia's Dramas

Maxim était toujours à la quête de nouveauté, d'information particulière ou sensationnelles qui lui permettrait de faire de bons articles, c'était très important pour lui s'il voulait devenir un grand journaliste quand il terminerait sa dernière année universitaire. Il avait la chance de pouvoir travailler pour un journal en alternance avec ses cours, et plus il parvenait à amener des articles plus il gagnait de l'argent et surtout plus sa notoriété prenait de l'ampleur auprès de ses collègues et de sa hiérarchie. Lauren par le biais de Fred lui avait parlé d'une affaire importante que laquelle travaillait Adrian, le grand frère de Heath, un de ses amis du quartier. Et pourtant il n'avait presque jamais eu l'occasion de discuter avec lui.

Il était chargé de la défense de cette femme accusée d'avoir tué son mari, une affaire qui passionnait les médias mais sur laquelle presque rien ne filtrait, rendant cette possibilité d'interview très importante pour Maxim, il prendrait surement du galon s'il parvenait à sortir un bon article, comme quoi les relations étaient très utile professionnellement parlant. Il avait accepté de le rencontrer dans un café de la ville, il arriva dans les temps et se dirigea vers l'avocat qui s'était installé dans un coin de la salle, il lui serra la main avant de poser son sac sur le côté et s'installer sur sa chaise face à lui, il en profita pour rapidement sortir un bloc note de son sac ainsi que son crayon favori, le seul qu'il pouvait utilisé, ne supportant pas les autres... Une sorte de tic qu'il avait, une de ses petites habitudes qu'il ne pouvait pas changer.

« Bonjour, merci pour le café et sinon je vais bien oui et vous ? Pas trop perturbé par cette affaire ? Un tournant majeur dans votre carrière et la mienne, je vous remercie de m'avoir accordé cet entretien, c'est un grand honneur que vous me faîtes alors que je ne suis qu'apprenti journaliste pour l'instant. » Dit il en souriant amicalement, il ne vouvoyait pas grand monde d'habitude mais aujourd'hui il avait décidé de respecté les conventions sociales et continuerais tant qu'Adrian ne l'inviterait pas à simplifier leur conversation. Il le regardait droit dans les yeux, guettant ses réactions.

Il avait de nombreuses questions à poser sur cette affaire et il allait vouloir rentrer dans les détails mais Adrian risquait de le frustrer en ne dévoilant que ce qu'il voulait bien laisser paraitre, ainsi la vérité serait probablement tronqué en partie. En tout cas vu le peu de déclaration qu'il avait fait sur sa cliente et son dossier, tout ce qu'il pourrait lui avouer aujourd'hui ne serait qu'un pas de plus vers l'information que Maxim se devait de retranscrire pour les lecteurs des journaux locaux.

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Le jeune homme s'était assis face à moi. Pourquoi me tutoyait il? Nous nous étions déjà adressé la parole auparavant, nous avions déjà eu l'occasion de trainer à la même table, nous nous connaissions donc un peu.

"Ca va très bien, je te remercie Maxim, tu peux me tutoyer tu sais !"

Me faire vouvoyer par ce jeunot me donnait l'impression d'être de ces vieux pâtés. Allons allons, je ne suis pas ridé au point d'être considéré comme un ancien! Le jeune Max était tout de même très poli, et j'appréciais les formes qu'il prenait pour se présenter. J'avais souvent eu l'occasion de lire les articles de presse de Maxim Daniels, c'est un très bon journaliste. Il sait parfaitement lier les mots, et possède un style que j'ai rarement pu remarquer chez d'autres de ses confrères. Je ne m'inquiétais pas de ce qu'il publierait à l'issu de notre entretien, même si je savais qu'il fallait que je garde mes distances. Et en même temps, j'étais là pour dire la vérité, plus je serai sérieux, plus j'aurai de chance de mettre l'opinion public dans ma poche. C'est toute une tactique, toute une stratégie!

"Apprenti journaliste mais fortement doué, il faut le reconnaitre !" j'esquissais un grand sourire, et bu une gorgée de mon café encore chaud. Je sortais également de ma serviette deux cigares, et en proposait un à mon interlocuteur. Oui en fait je me comporte déjà comme un vieux !

J'étais plutôt content d'accorder cet entretien à Maxim. Le jeune était connu à Magnolia pour sa persévérance et son sérieux. Il avait choisi de faire de sa passion son métier, et semblait très investit dans son travail, alliant les cours et ses premières expériences professionnelles au sein du journal local. Finalement, Maxim était tout le contraire de moi, il n'avait pas eu ce qu'il voulait en claquant des doigts. De cette manière, je l'enviais un peu. J'étais donc content de pouvoir répondre à ses questions, et puis par la même occasion lui offrir un sujet qui lui rapporterait quelques billets.

"Nous pouvons commencer Max, je suis prêt à être soumis à ton interrogatoire!" je riais, et voyais que ça l'amusait également. Il valait mieux détendre un peu l'atmosphère alors que nous allions entrer dans un sujet très sérieux !

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Adrian rompit tout de suite le cérémoniel de cet entretien en l'invitant à le tutoyer, il était convaincu qu'il le ferait mais avait préféré resté courtois, un de ses collègues lui avait suggérer l'idée il y a quelques temps, Maxim avait trouvé cela très intéressant pour se rendre plus agréable à la vue de l'autre même si on connaissait ces personnes. Il le laissa parler en finissant de s'installer, il le complimentait sur son travail, c'était un bon début et puis il était toujours gratifiant de voir que son travail était lu et apprécie à sa juste valeur. Il lui proposa un cigare mais l'apprenti journaliste refusa d'un geste de la main, il lui arrivait de fumer des cigarettes de temps à autre mais seulement en soirée, pas aujourd'hui, et puis il n'avait jamais fumé de cigare.

Il lui dit qu'il était prêt à commencer en se mettant à rire, Maxim esquissa un sourire à son tour avant de prendre une gorgée de son café puis de saisir son stylo, se mettant à son tour en place pour débuter cette petite séance, il se pouvait que cela aille très vite selon ce qu'Adrian avait à lui dire ou non. S'il ne rentrait pas dans les détails, et cela pouvait être compréhensible, Maxim ferait un bon article mais sans éléments majeurs, il espérait pouvoir le convaincre de lâcher des informations croustillantes pour alimenter ses écrits et satisfaire son employeur et les lecteurs qui attendaient des réponses.

« Merci Adrian, pour commencer je pense qu'il serait préférable d'avoir une petite vue d'ensemble de l'affaire, si tu pouvais me la résumer en essayant de ne pas omettre trop de détails, il faut que je puisse retranscrire au mieux la réalité des faits, et ensuite je te poserais quelques questions plus approfondis. » Toujours commencé par le début, ne pas s'éparpiller et risquer de se tromper ou d'oublier des informations. Il connaissait un peu l'affaire mais Adrian était le mieux placé pour lui expliquer à nouveau et ainsi avoir l'avis d'un protagoniste.

Il était l'avocat de cette femme, il était certainement soumis au secret professionnel et certains aveux resteraient sous silence mais son honnêteté ne pouvait être remise en question. Les avocats avaient l'obligation de dire la vérité lors des audiences, bien sur il pouvait contourner certaines réalités pour tenter de les faire passer pour autre chose que des actes délibérés mais dans l'ensemble, excepté les plus pourris d'entre eux, ils se devaient de ne pas mentir. Maxim ne connaissait pas assez Adrian mais du peu qu'il en savait il n'était pas du genre à se fourvoyer pour une affaire.

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J'ai en tête l'histoire d'un avocat qui, ayant révélé des informations supposées secrètes lors d'un entretien avec un journaliste malveillant, s'était retrouvé radié du barreau. Je ne voudrais pas que la même chose m'arrive, alors il faut bien que je réfléchisse avant d'ouvrir la bouche. Je ne m'inquiète pourtant pas, je pense que Maxim sait très bien faire son boulot, et qu'il ne me trahira pas, enfin je l'espère.

Il fallait donc que je résume l'affaire pour commencer... mais cette affaire était tellement compliquée en tous sens qu'il était difficile de la raconter. " Et bien... Je dois défendre Olivia Shmizerman, 34 ans. C'est une femme de Magnolia, oui , mais elle est presque inconnue de ses voisins ... Elle a avoué avoir assassiné son mari dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Tout ce que l'on sait aujourd'hui, d'après les premiers éléments de l'enquête et les témoignages de ma cliente, c'est que ce meurtre cache derrière lui des années de souffrance. Mme Shmizerman nous dit qu'elle était battue tous les soirs lorsque son mari rentrait du travail, qu'il buvait. Voilà, et ce serait finalement cette violence quotidienne qui l'aurait motivé à commettre cet acte répréhensible."

Cette affaire était particulièrement difficile à défendre, j'avais en tête l'image de cette pauvre femme battue par son mari, cherchant juste à mettre un terme à ces violences, mais aussi celle d'une meurtrière, relatant son meurtre avec sérénité, froideur. Elle ne montrait aucun remords, aucun regret, comme si tuer son mari était la meilleure chose à faire. Je comprenais cette attitude, je comprenais cette femme qui après avoir tant souffert, c'était construit une carapace si dur qu'elle ne pouvait aujourd'hui laisser transparaitre aucune émotion. Mais il pourrait être difficile d'alléger sa sentence, de séduire et convaincre avant tout son auditoire et le jury en adoptant ce comportement, en faisant preuve d'indifférence et de satisfaction.

Répondre à cette première question n'était pas bien difficile. J'attendais alors que Max entre de lui même plus en profondeur dans l'affaire et qu'il me pose des questions plus ciblées comme il l'avait annoncé auparavant. J'étais plus détendu qu'en arrivant, c'était déjà une bonne chose. Maxim gardait les yeux rivés sur moi. Il écoutait ce que je lui racontait, sans trop regarder le carnet sur lequel il prenait note en même temps. De mon côté, j'étais confortablement installé dans ma chaise, le cigare aux lèvres, un peu comme De Niro dans "Le parrain" ! Je dégageais certainement l'image du vielle avocat des années 60, mais je trouvais cela assez amusant!

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Adrian prit un petit moment de réflexion en le regardant avant de résumer cette affaire qui pouvait paraitre simple aux premiers abords mais qui pouvait amener à de lourdes interrogations, des interrogations auxquelles Maxim souhaitait apporter des explications ou du moins un semblant de réponse, il savait bien qu'Adrian ne lui dévoilerait pas tout et qu'il ignorait surement encore quelques détails de cette affaire, mais le jeune Daniels avait eu l'occasion de faire des recherches sur des meurtres quand il était à Chicago, ses parents tentaient vainement de l'en empêcher puisqu'il était mineur mais c'était ce qu'il voulait faire au même titre que sa grande soeur. Le journalisme était dans leur sang de toute évidence et il voulait vraiment réussir dans ce domaine.

En principe même s'il enquêtait sur l'affaire Shmizerman il n'aurait pas de problèmes, la coupable s'était dénoncée, ainsi il ne risquait pas grand chose. Cependant il prit quelques notes sur son carnet en continuant d'écouter le frère de son ami lui détailler rapidement son histoire. Maxim devait bien l'admettre, il ne la connaissait pas, il savait qu'elle était là, dans le quartier mais ne l'avait jamais croisé, ainsi personne ne pouvait témoigner contre ou en faveur de cette femme, mais c'était là que le problème se posait et c'était ce que Maxim cherchait à comprendre. Il était détendu, fumant son cigare tranquillement. Maxim se cala dans son siège et croisa les jambes, posant son carnet dessus.

« C'est une affaire plutôt simple si on la regarde de loin, mais il est évident qu'elle l'est beaucoup moins pour celui qui doit défendre cette femme, en l’occurrence toi Adrian. Et c'est par là que je souhaiterais commencer, tu as déjà du t'entretenir avec ta cliente, sais tu ce qu'elle compte plaider et peux tu m'en parler ? Accepte t-elle les peines encourues ou bien au contraire se considère comme la première victime dans cette histoire ? » Ce qui sautait aux yeux de Maxim s'était le concept poussif de légitime défense, s'il la battait régulièrement elle n'avait fait que se défendre de la plus radicale des façons certes mais pour protéger sa propre vie, Dieu seul sait ce qu'un homme violent et bourré pouvait faire.

Il patienta en regardant Adrian dans les yeux, il avait bien d'autres questions à lui poser mais il fallait prendre son temps pour ne pas précipiter les évènements, pour comprendre l'ensemble il fallait analyser le tout et non pas juste survoler certains points. Ce quartier cachait bien des secrets de la part de ses habitants, et un meurtrier rodait toujours à Magnolia, et cela depuis plus deux ans. Tout était devenu possible avec le temps et Maxim n'était pas revenu ici par pur hasard..

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Olivia Shmizerman était certainement le cas le plus compliqué que j'avais à traiter. Jusque là, du droit pénal, je n'avais eu à défendre que la petite délinquance. C'était donc une grande première! En étant avocat à Magnolia Cresent, je m'assurai de beaux jours devant moi, cette ville regorge de tarés, et étrangement, on y compte plus les meurtres sur les doigts d'une main.

"Je pensais aussi que ce serait une affaire simple, mais effectivement, je me suis trompé. Et pour être honnête avec toi, et tes lecteurs, défendre Olivia Shmizerman dans cette affaire ne va pas être facile du tout." On s'imagine souvent que les avocats ont réponses et solutions à tout, mais ce n'est pas vrai. Voilà pourquoi ces derniers temps je rentrais tard chez moi, il fallait que Frederik et moi trouvions ce qui pourrait sauver cette bonne femme de la prison à perpétuité. Si je basais ma plaidoirie sur mon propre raisonnement, je dirais à tous qu'il ne sert à rien de juger cette femme, qu'elle a très bien fait de tuer son mari, vu ce qu'il lui faisait enduré. Justice a été faite non? Mais ça ne marche pas comme ça, il faut aussi souligner que ce meurtre est avant tout une grosse erreur, et il y avait d'autres moyens de se séparer de son conjoint que de le faire disparaitre. Mais Olivia Shmizerman en avait elle seulement conscience? Se rendait elle compte que son geste allait lui coûter? Savait-elle vraiment quelles seraient les conséquences d'un tel acte? Tout ceci compliquait la chose, car madame Shmizerman devait avant tout reconnaitre ces faits pour que la cour puisse allégé sa peine.

"Ecoute, après m'être entretenu avec ma cliente, j'ai vite remarqué qu'elle ne sait pas trop où elle en est. Je ne suis même pas certain qu'elle ait conscience de la gravité de son acte. Je pense qu'il faut comprendre cette femme, comprendre son acte... Attention, je ne dis pas qu'il faut le cautionner bien évidemment, mais si vous accorder un peu d'attention à madame Shmizerman, vous verrez très vite, excusez moi l'expression, qu'elle en a chié toute sa vie à cause des coups infligés par son mari, et le harcèlement moral dont il faisait preuve. Et je pense également que dans cette affaire, le plus important finalement, c'est de se rendre compte que parfois la notion de justice n'a pas la même signification pour tout le monde. Ma cliente dit, je cite " voir mon mari en prison n'aurait pas été une victoire pour moi... ainsi je suis certaine qu'il ne recommencera jamais, avec moi ou une autre... c'était bien trop difficile". Ceci ne pardonne pas cette grosse erreur, et sur ce point nous serons tous d'accord, en revanche, je souligne le "c'était trop difficile"... difficile à supporter, à vivre, à exprimer au grand jour, à avouer autour de soit... le mobile de ma cliente est donc très plus qu'explicite."

Forcément, lorsqu'on est avocat, se contenter d'être objectif s'avère parfois impossible. Bien sûr, je ne pouvais pas rester neutre, sinon je n'avais rien à faire dans cette affaire. Coucou salut, je suis ton avocat mais je ne prend pas ton parti!! C'est vrai, c'est plus facile à défendre !

J'écrasais mon cigare, pensant à cette affaire qui prenait tout mon temps. Max écrivait au fur et à mesure ce que je lui racontais. J'ajoutais enfin "J'ai notifié à ma cliente les peines qu'elles encouraient, elles sont assez lourdes comme vous pouvez l'imaginer. Maintenant, vous dire qu'elle a conscience de l'enjeu que toute cette affaire représente... je ne sais, très franchement je n'en ai aucune idée ! "

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Maxim écouta donc les réponses du jeune avocat, il avait conscience de la difficulté que représentait la défense de cette femme, mais le jeune journaliste pensait qu'il avait eu raison d'accepter cette affaire, s'il parvenait à faire un bon procès, peu importe le résultat, il gagnerait de la notoriété pour la simple et bonne raison que cette affaire faisait déjà la une. Bien sur s'il parvenait à faire valoir les droits de sa cliente il remporterait alors une importante victoire pour la suite de sa carrière. Il prit des notes rapidement, il ne s’attarderait pas là dessus, mais il lui semblait judicieux de parler des doutes d'Adrian, cela le rendrait plus humain pour les lecteurs et nettement plus attachant que tous les autres vulgaires avocats qui pensaient tout savoir et qui avaient une telle confiance en eux et en leurs paroles qu'ils en devenaient agaçant pour le peuple.

Il prit des notes sur ce que voulait sa cliente, il était d'accord avec ce qu'il venait de lui dire mais toutes les personnes qui liraient cet article avaient des avis différents. Il remarqua qu'il était entrain de le vouvoyer petit à petit jusqu'à complètement mettre de côté le tutoiement. Un changement qui surpris légèrement Maxim, lui qui venait de lui demander d'oublier les civilités, il prenait le chemin inverse. Il n'y prêta pas plus attention et continua d'écrire tout ce qu'il lui confiait. Il laissa son regard se poser sur son carnet, soulignant les points qu'il jugeait important avant d'apercevoir le jeune homme écraser son cigare, il avait fait vite, peut-être que cette affaire lui occupait trop l'esprit pour qu'il prenne le luxe de fumer en lui répondant.

« Donc si je comprend bien, tu envisages de t'appuyer sur ce qu'elle a subit dans le passé pour faire diminuer sa peine. Mais penses tu qu'il est possible de l’acquitter entièrement ou alors cherches tu à réduire ce qu'elle encourt pour ce crime ? Même s'il y avait un mobile important et une réelle volonté de l'empêcher de nuire à nouveau, avec elle ou une autre, il y a eu crime Adrian, et la loi est assez stricte à ce sujet. J'aimerais aussi comprendre pourquoi personne n'a jamais rien remarqué et pourquoi elle a attendu si longtemps avant d'agir, et pourquoi un choix si radical au lieu de demander de l'aide à sa famille, ses amis ou ses voisins, sans oublier tous ces organismes qui proposent leur aide aux femmes battues ? » Il savait que cette famille n'était pas très connue des autres habitants, et qu'ils ne devaient pas avoir énormément d'amis dans le coin, mais si vraiment cela durait depuis des années il était étrange qu'elle n'est pas décidé d'agir plus tôt au lieu de supporter cet homme alcoolique et violent.

Il prit sa tasse de café et but une longue gorgée avant de finir entièrement ce qu'il avait à boire. Reprenant son stylo entre ses mains il reporta son regard sur celui de l'avocat, attendant sa réponse avec impatience, cette affaire soulevait de nombreuses interrogations, il y avait des points trop évidents pour Maxim qui avait l'habitude des affaires tordus depuis son séjour de six ans à Chicago.

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"Je ne dirais pas que je vais "me servir" du passé, plutôt montrer qui est cette femme au fond. Je veux que l'audience comprenne le pourquoi de son acte. Je ne pense pas que l'on puisse réellement l'acquitter, ce qu'elle a fait doit être sanctionner, j'attend juste un peu de clémence de la part de l'audience. "

Je ne pouvais pas demander l'acquittement de ma cliente, c'était une évidence. Elle a tué un homme, elle a commis l'impardonnable, et son acte ne peut être que réprimandé par la justice, sinon la justice ne serait pas ce qu'elle est. Cette femme a voulu se faire justice elle même, mais elle n'a pas fait les bons choix

Mais pourquoi a t'elle agit de la sorte? Maxime soulevait un point important de l'enquête. Pourquoi n'avait elle pas eu le courage d'en parler, pourquoi n'avait elle pas considéré sa vengeance autrement, d'une autre manière, qui ne l'aurait pas mise en danger aujourd'hui?

"Je ne pense pas qu'il soit facile de parler de ça autours de soi, par peur des représailles, peur d'être jugé... Pourquoi a t'on créé des associations d'aide aux femmes battues à ton avis? S'il était si facile d'évoquer ses problèmes de violences conjugales avec une tiers personne, penses-tu que ce genre d'association existerait? Parce qu'au final, ces regroupement de personnes encourage les femmes battues à parler, ceci montre bien qu'il y a toujours un problème à passer le pas, à prendre la parole, s'exprimer sur ce qui gâche le quotidien de ces femmes. Je pense que ma cliente n'a finalement pas osé en parler, tout simplement. Ici, peu de personnes connaissent Olivia Shmizerman... pourquoi? Parce qu'elle passe ses journées enfermées chez elle depuis toujours, parce que son mari l'interdisait de sortir, de fréquenter d'autres personnes... ne craignait-il pas qu'elle parle justement?"

Le matin même, j'avais étudié le dossier plus en profondeur avec Fred Winston. Nous nous étions rendu compte que plusieurs fois, la jeune femme avait fait appel à la justice pour coups et blessures. Mais il faut croire que la justice avait passé ces appels à l'aide sous silence. Je décidais enfin de parler.

"Maxim, je n'ai pas peur de te dire, à toi, à tes lecteurs, qu'il y a eu plusieurs bavures dans cette affaire. Nous avons appris que madame Shmizerman avait à plusieurs reprises contacté les services de polices de Magnolia pour faire cesser ces violences conjugales. Sais-tu ce qu'on lui a répondu? Qu'elle ne pouvait pas porter plainte sans avoir consulté au préalable un docteur, qui lui aurait délivré un certificat attestant qu'elle était bien battue. La seule chose qu'elle pouvait alors faire, était de déposer une main courante pour inquiéter son mari... elle est belle la justice! Donc à partir du moment où Madame Shmizerman ne s'est pas senti réellement comprise et entendu, il ne faut pas que l'on s'étonne de ce qu'il s'est passé dans la nuit de jeudi à vendredi."

Sur ces mots, je bu la dernière gorgée de mon café. Je plongeais alors mon regard dans celui de Maxim, qui semblait attendre une conclusion: "Et c'est bien ce que je compte plaider pour la défense de ma cliente!". J' espérais de tout coeur pouvoir sortir ma client d'affaire, atténuer surtout sa peine, pour qu'elle puisse retrouver une vie normal et sereine ailleurs.

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Maxim continua de l'écouter avec attention, prenant beaucoup de notes pour tenter de ne rien omettre dans les déclarations d'Adrian, il avait déjà changé de page tant il y avait énormément de choses à prendre en compte dans cette affaire basique mais passionnante dans le déroulement du procès qui allait avoir lieu. Le malheur des uns faisaient le bonheur des autres, cette phrase qu'on lui avait tant servi lors de ses cours à l'Université et qu'il trouvait relativement odieuse et malsaine, était malgré tout la réalité de ce monde. Les journalistes s'appuyaient sur ce qui se passaient autour d'eux pour faire leur job, et ce qui intéressait le plus la population c'était les affaires étranges et les crimes... Ils voulaient voir le malheur chez les autres.

Au moins l'avocat était réaliste, il savait qu'il ne pourrait pas faire acquitter sa cliente aussi facilement et qu'il vaudrait mieux chercher à réduire sa peine plutôt que de l'annuler, elle devait être sanctionner c'est la loi qui l'imposait. Et même si certaines fois il aurait fallu revoir le système il n'y avait presque pas d'autres échappatoires que la justice dans son ensemble. Il enchaina sur la difficulté pour cette femme de parler autour d'elle de ce qu'il lui arrivait, il était bien sur en accord avec ce qu'il lui sortait comme argumentation. Comment montrer aux autres ce qu'elle subissait s'il ne la laisser pas sortir...

Maxim fut surpris d'entendre la suite concernant certaines bavures dans cette affaire... Il vit aussitôt là ce qu'il lui fallait pour faire de cette affaire un coup d'éclat médiatique, l'affaire prenait une autre tournure et ce point serait important dans la défense de cette femme. En principe les journalistes ne devaient pas prendre parti dans les articles qu'ils sortaient mais il était toujours délicat de ne pas donner son propre avis sur le sujet ou de ne pas prendre parti pour quelqu'un surtout ce genre d'affaire. C'était un risque à prendre. Mais il allait se contenter de retranscrire ce qu'il apprenait aujourd'hui et rien d'autre, la population se ferait son propre avis sur la question.

« Moi qui pensait que cette affaire resterait dans le classique voilà de quoi faire basculer tout le procès. C'est une information très importante effectivement, l'incompétence des forces de l'ordre face à un réel problème et leur manie de respecter certaines procédures archaïques mettant en péril la vie des citoyens. Je ne doute pas une seule seconde que l'évocation de ce point auprès du jury ne fera pas pencher la verdict en ta faveur Adrian. Cependant s'attaquer aux forces de l'ordre et les mette en porte à faux peut s'avérer risqué non ? Comment comptes tu contrer leurs ripostes administratives, ils n'ont fait que respecter la procédure ? » Maxim se faisait un peu l'avocat du Diable, mais il n'avait pas le choix s'il voulait obtenir des réponses et faire avancer son article qui plairait sans nul doute à son employeur et à ses professeurs de l'Université, toujours content quand un de leur élève parvenait à se faire un nom rapidement. Maxim avait pris partie pour cette femme mais il se devait de pousser l'interrogation dans le sens inverse et ainsi clôturer toutes les pistes allant dans l'intérêt de cet homme, certes mort mais coupable et responsable de son destin.

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Je ne disais pas que la police était responsable de cet assassinat, mais que le système y était peut être pour quelque chose, indirectement bien sûr. Je n'avais pas peur des représailles, j'étais un avocat respecté ici à Magnolia, et je respectais aussi bien les autres. Je n'accusais pas, je dénonçais une faute, une faute qui devrait être abordée pendant le procès.

Maxim était très attentif à ce que je lui racontais, pour preuve il ne décrochait pas son regard de mes lèvres, écoutait chacune de mes paroles et le retranscrivait sur son petit carnet. Maxim posait les bonnes questions, tout du moins il savait exactement ce que les lecteurs voulaient lire, des infos intéressantes à se mettre sous la dent, forcément. Je n'avais pas de mal à y répondre, car j'avais pris soin de bien maîtriser mon sujet avant de me rendre à l'entretien. Et puis, ça faisait déjà quelques temps que je me plongeais nuits et jours dans ce dossier, donc j'avais la forte impression de le connaitre sur le bout des doigts.

"Je n'ai pas l'impression qu'en tenant un tel discours je m'attaque directement au force de l'ordre. Et je pense que dans le cas actuel, il ne faut pas avoir peur de dire les choses. Depuis que je suis petit, j'ai toujours eu l'impression que les forces de l'ordre évoquaient chez les gens un sentiment de crainte, de peur, et une certaine supériorité hiérarchique par rapport aux individus lambdas ... Je veux dans un certain sens montrer dans cette affaire que la faute ne revient pas qu'aux "faibles", ces policiers n'ont pas suffisamment considérés ma cliente, pire, ils n'ont rien fait pour l'aider. Alors oui, ils n'ont fait que respecter la procédure, mais ils n'ont pas accompagné ma cliente, une femme fragilisé par son quotidien, une femme craintive... ils ne l'ont pas accompagné, et n'ont porté aucun intérêt à son problème, malgré les preuves qu'elle a pu réunir lorsqu'elle s'est adressée à eux. Et je ne trouve pas ça normal...".

Alors oui les procédures sont les procédures, mais doit on se contenter de rediriger une personne en danger vers un médecin? Je ne pense pas. Ne pas prendre en compte sa plainte est dangereux. Comment peut on désormais faire confiance au système judiciaire s'il ne fait rien de son côté? Ma cliente se dit prête à assumer ses actes, et la peine qu'elle recevra. Sage réflexion, elle savait de toute façon qu'elle ne s'en sortirait pas acquittée à l'issus du procès. Néanmoins, nous pouvons atténuer cette peine. Je ne veux pas que la justice profite seulement à un homme sans respect, sans coeur, violent, insultant. Je veux qu'aujourd'hui elle ouvre réellement les yeux sur cette affaire, qu'elle fasse preuve de bon sens, et que pour une fois elle entende ma cliente, qu'elle comprenne les raisons qui l'ont poussé au meurtre.

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L'entretien se poursuivait comme il avait commencé, l'entente entre les deux hommes allait bon train et il ne semblait pas y avoir de problème chez l'avocat pour répondre aux questions de Maxim qui pouvait se montrer trop indiscret et chercher à en vouloir trop pour le bien de son article, il suivait les conseils que ses collègues et professeurs lui avaient donné, toujours chercher à en savoir plus et surtout ne pas hésiter à poser les questions les plus pointues et les plus délicates. Adrian ne pensait pas s'attaquer aux forces de l'ordre en agissant de la sorte, bien sur il était d'accord avec ce qu'il venait de lui dire concernant les policiers qui n'avaient pas réagis et qui n'avaient pas porté secours à cette femme dans le besoin. Mais Maxim était persuadé que cet argument de la procédure serait utilisé pour contrer la défense de l'avocat, mais la non assistance à personne en danger pourrait être utilisé par Adrian.

Il le regarda un moment alors qu'il avait finit de parler avant de plonger son regard sur son carnet pour prendre quelques autres notes avant de réfléchir à ce qu'il allait lui demander à présent, prenant le temps de bien faire les choses pour ne pas se précipiter sur des questions inutiles. Il posa son carnet sur la table avec le stylo et s'installa bien au fond de sa chaise en posant son regard sur celui de l'homme en face de lui.

« Ce procès risque de mettre en avant certaines failles des forces de l'ordre, et je ne pense pas que cela soit une mauvaise chose au contraire. Cela serait peut-être l'occasion de mettre à plat certaines pratiques peu élogieuses et permettre à la justice de redorer l'image des forces de l'ordre qui risque d'en prendre un sacré coup avec cette affaire. Mais revenons un instant sur cette femme, que peut tu me dire sur elle en dehors de ce qu'elle a vécu ? Sait on quelque chose pour réussir à comprendre comment elle a pu en arriver à vivre selon les envies de son mari ? Et j'aimerais aussi que tu me parles de la façon dont s'est déroulé ce meurtre, sommes nous sûr qu'elle a agit seule ? »

Ce genre de question pouvaient paraitre banales mais elles apporterait leur lot de réponse sur l'affaire dans sa globalité, il était impossible de juger quelqu'un ou un évènement de manière objective sans en connaitre suffisamment pour tirer des conclusions. Bien sur il y aurait toujours un parti pris que notre libre arbitre nous imposait selon notre vision du monde et notre éducation. Mais pour bien comprendre ce crime terrible il était nécessaire d'en savoir plus sur cette femme, même les petits détails les plus insignifiants seraient suffisant pour éclairer certaines partie de sa triste existence. Il regardait toujours l'homme en face de lui, reprenant son stylo entre ses mains en jetant un petit regard sur sa tasse de café vide depuis qu'il l'avait finit, il en commanderait peut-être un autre si l'entretien se poursuivrait plus longtemps que prévu.

Invité

Comment Olivia Shmizerman a pu en arriver là? Je ne sais pas vraiment, j'imagine qu'elle était vraiment à bout, et qu'il n'était pas suffisant pour elle d'en parler autour d'elle. La vie de cette femme était rythmé par les coups, les blessures que lui infligeait son mari. A cela s'ajoutaient les cris, les insultes, les menaces de mort, en somme un harcèlement morale sans interruption. Rien ne m'étonne lorsque j'entend ma cliente me raconter ce qui la poussé jusqu'à assassiner son mari cette fameuse nuit. En 13 ans de mariage, Olivia Shmizerman a due supporter les coups de son mari pendant 10 ans. J'écoutais Max me poser ces questions, dont je ne supposais que les réponses, même si je savais au fond que je connaissais sur le bout des doigts les raisons pour lesquelles ma cliente est passé à l'acte.

"Olivia Shmizerman est né dans l'Ohio, dans une famille plutôt aisée. Elle nous raconte pendant son audition qu'il lui arrivait très souvent d'entendre ses parents se disputer. Elle a vu pendant son enfance son père corriger sa mère, une mère qui n'a jamais parlé, qui s'est toujours occupé de ses 4 filles. Le même schéma se répète dans le couple d'Olivia des années plus tard. Depuis qu'elle est toute petite donc, elle vit constamment dans la violence conjugale, et sa vision de la famille unie et parfaite est plus que controversée. Max, tout ce que je peux vous dire sur Olivia Shmizerman, c'est qu'en 13 ans de mariage, elle n'a été tranquille que 3 ans. Pendant 10 ans elle a vécue un enfer sans fin aux côtés de son mari. Comme sa mère, elle est restée silencieuse, comme sa mère elle a essayé de vivre avec ce fardeau. Mais à l'instar de sa mère, elle a agit. Elle a mis fin à cet enfer, un enfer qui se soldera aujourd'hui très certainement par une peine de prison, mais crois moi, la prison lui fait bien moins peur que les coups. C'est dommage d'en arriver là..."

Maxim me demandait ensuite de relater la scène du meurtre. Que c'était-il réellement passé? Je ne savais pas comment aborder la chose, je savais que plusieurs éléments devaient rester secrets, des informations que seul les enquêteurs avaient le droit de révéler, et ce au moment du procès. Je préférais donc ne pas répondre à cette deuxième question, et ne pas tenter le diable.

"Je suis navré mais je ne peux pas répondre à cette question pour le moment. Tes lecteurs en apprendront plus pendant le procès. Voilà, je ne veux pas paraître grossier, mais je préfère laisser les enquêteurs s'exprimer sur le déroulement exact et les détails du meurtre. Je finirais juste en disant qu'Olivia Shmizerman n'est pas de ces meurtriers sanglants dont on entend souvent parler, je pense qu'il va falloir faire la part des choses durant le procès. Et de fait, je m'engage à défendre ma cliente jusqu'au bout, en m'appuyant sur toutes ces circonstances atténuantes et les preuves tangibles que j'ai pu vous énumérer pendant cette interview."

Invité

Adrian continuait de répondre aux questions de Maxim sans hésiter, au moins il pouvait juger qu'il était sincère et qu'il n'essayait pas de lui omettre la vérité, à moins que cette entrevue eut été finement préparé par l'avocat qui avait réponse à tout pour ne rien dévoiler d'important tout en en donnant suffisamment pour satisfaire la curiosité du jeune journaliste. Les prises de notes se firent un peu plus rapide pour tenter de ne pas perdre des détails importants sur la vie de cette femme, il y avait quelque chose de louche derrière tout ça, elle avait vu sa mère subir cette violence et quand sa vie avait basculait pour suivre les mêmes traces que sa génitrice elle n'avait rien fait, se contentant d'agir comme elle avait vu sa mère le faire avec son père, subir en silence pendant dix années... Pourquoi sa famille ne s'était pas intéressé à elle ? Pourquoi n'avait t-elle pas réagit plus tôt ?

Bien sur il était plus facile de juger dans la position de Maxim que celle de cette pauvre femme, mais était elle fragile mentalement à ce point pour ne pas fuir son mari ? Et paradoxalement était elle forte mentalement à ce point pour réussir à supporter sa violence aussi longtemps... Des questions qui contrastaient l'une avec l'autre mais à laquelle il ne comprenait pas grand chose, peut-être qu'Adrian saurait lui expliquer, sinon il ne devrait faire que des suppositions et laisser le soin à ses lecteurs de se faire leur propre opinion, pas la meilleure des choses à faire dans une affaire comme celle là.

Il l'écouta ensuite parler du meurtre en lui même et regretta de ne pas pouvoir trop lui en dire, il s'attendait un peu à ce genre de réponse, mais peu importe, il irait voir les enquêteurs en question pour tenter d'en savoir plus avant le procès et garnir son article d'informations supplémentaires, il était intéressant d'avoir les deux avis, celui de l'homme qui allait la défendre et ceux des hommes qui allaient tout faire pour la faire condamner.

« Je comprend parfaitement. Par contre pourrais tu m'expliquer pourquoi cette femme qui a vécu son enfance dans la douleur de voir sa mère malmenée par son père a accepté de subir la même chose pendant aussi longtemps ? Où est passé sa famille, personne ne s'est réellement intéressé à elle ? Reprendre contact ou s'assurer qu'elle allait bien dans son couple ? Il y a quelque chose de pas nette dans cette affaire, certains devaient bien se rendre compte que cela n'allait pas, n'y aurait il pas là des actes de non assistance à personne en danger ? »

Cette question pouvait sembler stupide, mais pour Maxim il y avait là l'opportunité de faire plusieurs articles en un, la lâcheté des gens face au malheur d'autrui, l'égocentrisme à son paroxysme.