Traverser la rue à vive allure permettait à Rose de se calmer un peu après tout ce qu'elle venait d'apprendre. Bouillonnait en elle tellement de sentiments différents, qu'elle avait l'impression qu'elle pouvait exploser à chaque instants. Déçue, trahie, triste, nostalgique, nerveuse : voilà les émotions qui la perturbaient en ce moment précis. Elle inspirait fort histoire de retrouver un peu ses esprits, d'essayer de trouver un point de lumière blanche dans toute cette histoire. En tout cas, elle était fermement résolue à avoir une discussion avec Nina, là tout de suite maintenant. Seulement elle doutait que son hyperactive de sœur soit chez elle lorsqu'elle franchirait le pas de sa maison. Maintenant que Rose savait comment Nina occupait parfois son temps, elle allait être plus vigilante lorsque sa cadette sortirait. Nina ne se rendait sûrement pas compte de la gravité de son comportement avec Lorenzo. S'ils avaient été découvert déjà... Ah, non, Rose ne voulait plus penser à tout ça. Elle devait se calmer. Elle reprit donc une marche plus tranquille, observant les gens qui se baladaient dans la rue. Un peu plus loin, elle aperçut Elias Sheirman, elle reprit donc la haute fréquence de sa marche parce qu'elle n'avait pas du tout envie de croiser cet arrogant maintenant. Son humeur était dans un sale état, il risquait de la faire exploser comme une bombe et ça n'allait pas être beau à voir, cf la fête de Noël.

Regardant ses pieds, Rose parcourut les quelques mètres qui lui manquaient pour atteindre le pas de sa porte. Elle fouilla dans dans la poche de son jean pour y trouver ses clefs qu'elle avait foutu en hâte dans sa poche quand elle avait quitté sa maison une bonne heure auparavant. Malheureusement, elle ne put les retrouver ce qui l'agaça de plus belle. Elle espérait juste ne pas les avoir oubliées chez Lorenzo. Par fierté, elle n'allait jamais les récupérer sinon. Au pire, elle pouvait toujours y aller quand elle serait sûre de ne pas trouver Lorenzo, mais se trouver face à Tiffany en ayant les révélations de son mari en tête ne lui semblait pas possible. Tant pis, elle trouverait bien une solution, plus tard. Elle se contenta de taper à la porte espérant que la maison ne soit pas vide. Ils y vivaient à six, et pourtant, leur baraque était souvent déserte. Toutefois, ce fut Nina qui vint lui ouvrir. D'abord surprise, Rose avait envie de la sermonner d'emblée. Elle lui lança donc un regard équivoque qui empêcha Nina de tourner des talons, pourtant la télévision se faisait entendre indiquant qu'elle était en train de la regarder. Déjà, cette première constatation était surprenante, Nina n'était pas le genre à rester collée devant la télé un après midi. Déprimait-elle ? Pas le temps de trop supputer, il fallait que Rose lui parle au plus vite.

« On monte, tout de suite. »

Elle passa devant sa petite sœur, montant les marches. Elle aperçut dans le salon sa mère ; ah voilà la vérité, en fait Nina et Natalia se faisaient un petit après midi entre mère et fille. Rose tenta de ne pas en être jalouse, mais voilà, elle avait toujours été un peu jalouse de la relation privilégiée de Nina avec ses parents. Mettant sa rancune de côté, Rose arriva enfin au premier étage où se trouvait sa chambre, elle entra, Nina sur ses talons passa à son tour le pas de la porte visiblement déconcertée. Rose ferma la porte derrière elle, et posa son regard sur sa petite sœur.

« Il va falloir que tu m'expliques c'est quoi cette histoire avec Lorenzo, Nina. » elle marqua une petite pause, histoire de faire augmenter la tension. « Qui se trouve être ton professeur, je te rappelle. A quoi tu penses Nina franchement ? »

Rose ne pouvait pas se voir, mais elle savait que le regard qu'elle posait présentement sur Nina n'avait rien de bienveillant. Elle était sûre que si elle avait pu s'observer, elle verrait le même regard que sa mère pouvait parfois poser sur elle. Un regard qui voulait dire je-sais-ce-que-tu-as-fait-et-ce-n'est-pas-bien, mais aussi un regard inquiet, un regard qui contemplait Nina avec des yeux différents, plus comme une petite fille, mais comme une jeune femme. Néanmoins Nina faisait celle qui ne voyait pas de quoi Rose parlait. Évidemment, elle s'enfonçait dans le mensonge, et mine de rien ça aussi blessait son aînée. Les relations entre les deux sœurs n'avaient jamais été fusionnelles, mais ce n'est pas pour autant que Rose ne se souciait pas de sa sœur, bien au contraire. Elle pensait d'ailleurs que leur lien avait été resserré après la fête de Noël, quand elles s'étaient toutes déchaînées contre la pauvre Naya Freeman. Il fallait croire qu'elles n'étaient pas suffisamment proches pour que Nina lui confie un tel secret. Elle ne s'attendait pas à toute la vérité, mais elle n'avait rien laissé transparaître, alors que d'habitude c'était Rose qui agissait de la sorte. Sa petite sœur, avait définitivement changé ou avait-elle tout simplement grandi ?

« T'éclairer ? Alors par quoi commencer ? » dit-elle faisant mine de réfléchir, d'accord, elle prenait un peu sa sœur de haut, mais Rose avait toujours été un peu comme ça. « J'ai entendu dire que tu avais eu une relation amoureuse avec lui. C'est vrai ? »

Bien sûr, Rose savait que c'était vrai. Si une chose était tragiquement vraie c'était bel et bien que cette relation existait. Elle testait simplement l'honnêteté de Nina envers elle. Elle voulait que sa sœur soit sincère avec elle, maintenant qu'elle avait découvert le pot-aux-roses elle méritait bien cela. Et puis, Rose devait lui annoncer que Lorenzo était aussi un gros connard, donc si elle devait jouer cartes sur table elle espérait que Nina en fasse autant.

« Je viens tout juste d'avoir une conversation avec Lorenzo... J'ai été surprise de certaines choses. »

Rose ne pouvait certainement pas étaler le contenu de cette conversation maintenant, jamais elle ne le ferait d'ailleurs. Annoncer à Nina que Lorenzo avait plus de sentiments pour elle que pour sa femme était le parfait moyen de perdre son ado de petite sœur qui foncerait sans doute vers lui, tête baissée, rechignant à écouter tous les avertissements et conseils de sa sœur. Elle se contenterait donc de faire savoir qu'elle était désormais au courant de tout, et qu'elle cherchait de son côté des explications. Comment, pourquoi, depuis quand exactement ? Elle voulait aussi savoir si Lorenzo avait omis de lui raconter certaines choses, il affirmait que Nina n'était pas devenue sa maîtresse, mais et s'il avait simplement dit cela pour la rassurer ? Voilà que Rose repartait sur le mode paranoïaque. Il fallait vraiment qu'elle se calme. Elle commença donc à faire les cents pas dans sa chambre devant une Nina, qui elle, ne bougeait pas. Elle se stoppa enfin, et reporta son attention sur elle.

« Tu veux bien m'expliquer s'il te plaît ? Pourquoi lui ? »

Lunatique, elle était désormais passé au mode attentive. Si elle voulait que Nina lui confie la moindre information elle n'avait pas le choix de toute façon. Il fallait qu'elle se montre un peu plus douce, si elle ne voulait pas non plus que Nina se braque, et la laisse planté là, confuse.

Bon point, Nina lui avouait clairement que c'était la vérité. Au risque de passer pour la plus grosse naïve de toute la terre, Rose avait secrètement espéré que Nina lui dise que tout ça était faux, qu'elle prenne une mine choquée que sa sœur puisse l'accuser d'une telle chose. Malheureusement, elle ne vivait pas dans le pays des petits poneys. Nina ne se contentait pas d'affirmer la chose, elle prenait aussi un air détaché, genre c'est un truc tout à fait banal. Est-ce qu'elle faisait exprès ? Voulait-elle que sa sœur s'emporte contre elle ? Elle aurait quand même pu avoir une mine honteuse, avoir des vues sur son professeur, et surtout passer à l'acte avec lui n'était pas une chose courante. Se rendait-elle compte que son attitude n'était pas morale ? Cependant, Rose était contente qu'elle lui avoue aussi simplement. Puis, Nina tilta à l'évocation des certaines choses que Lorenzo avait confiées à Rose. La jeune femme décida qu'il n'était pas encore temps de les lui révéler. Alors, elle hocha la tête de manière significative, mais garda le silence.

Nina répondit ensuite à ses interrogations. Pourquoi Lorenzo ? En fait, ce qu'elle voulait dire par là, c'est comment ? Comment ils étaient passés d'une relation élève/professeur à une relation plus intime. Elle ne voulait pas entendre les détails sordides, juste comprendre ce qui s'était passé. Après tout, Lorenzo enseignait à des centaines d'élèves : pourquoi Nina Van Valkenburg ?

« Je me suis mal exprimée : comment tu t'es laissée embarquer dans cette histoire ? »

Elle n'avait jamais imaginé que sa sœur pourrait se retrouver dans une telle situation. Elle doutait que leur parents apprécient. Rose n'allait sûrement pas aller leur dire, elle était quand même solidaire, même si présentement elle jouait plutôt le rôle de maman que celle de grande sœur. Alors que Nina ose lui dire qu'elle ne s'intéressait pas à elle... Elle prenait un coup là, comme un violent coup de poing qui serrait son cœur. Rose montrait très peu son attachement à Nina, mais ça ne voulait pas dire qu'elle n'aimait pas sa sœur. Simplement, leur relation ne coulait pas de source. Il y avait toujours eu cette jalousie, chez Rose en tout cas. Nina était la petite dernière, la chouchoute, celle pleine de vie, toujours joyeuse, hyperactive. Rose était tout le contraire ou presque. Mais dire que Rose ne s'intéressait pas à Nina, c'était faux. La cheerleader avait-elle vraiment cette image-là de Rose ?

« Tu penses vraiment que ta vie ne m'intéresse pas ? » elle était un peu abasourdie par cette révélation. « Et moi qui m'inquiétait pour toi... Qui ait essayé de me mettre à ta place, histoire de te comprendre, de savoir ce que tu pouvais ressentir, si tu allais bien. » elle regarda Nina et d'un geste méprisant leva les yeux au ciel. « Puisque je ne m'intéresse pas à toi, je ne devrais peut-être pas te dire que ton "amoureux" est un salaud et qu'il a bien profité de nous. »

Elle croisa les bras sur sa poitrine, et toisait toujours Nina. La jeune fille venait de la blesser, alors geste d'auto-défense, Rose voulait en faire tout autant. Ce n'était pas malin, je vous l'accorde, mais elle voulait que Nina descende de son piedésatal qu'elle revienne dans le monde réel, qu'elle quitte ses idéaux de rêveuse qui vit au pays des bisounours. Rose espérait donc avoir attisé la curiosité de sa sœur. Qu'elle voudrait en entendre plus. Qu'elle allait lui poser la question fatidique.

Il fallait toujours que Nina se montre insolente. Elle ne pouvait pas tout simplement répondre à Rose, en s'écrasant pour une fois. Non, il fallait qu'elle soit sarcastique, qu'elle fasse sa petite rebelle. Elle ne voyait pas que Rose essayait de comprendre. Peut-être qu'elle manquait de tact, qu'elle aurait du tenter une approche plus douce, mais voilà, elle n'avait pas encore eu le temps d'accepter la situation. Pour l'instant, elle était surtout énervée. Ça ne faisait même pas vingt minutes qu'elle avait mis fin à sa conversation avec Lorenzo, qu'elle avait appris sa trahison, et qu'elle avait tiré un trait sur leur amitié. Nina ne pouvait pas le savoir, mais ça n'était pas facile pour Rose non plus.

« Si tu crois que ça m'amuse de jouer la maman. »

Lui répondit-elle, agacée. Et si Rose désirait connaître tous les détails tel un flic -comme le disait si bien Nina- cette dernière, en revanche, ne voulait pas coopérer. Elle répondait à ses questions par d'autres questions : elle faisait encore son effronté. Ah, comme Rose avait envie de lui donner des claques quand elle faisait son adolescente rebelle. Elle la regardait, attendant une vraie réponse. Que pour une fois, Nina assume un peu. Elle avait voulu jouer à la grande dame en sortant avec son professeur, elle se doutait bien qu'un jour elle devrait en subir les conséquences. Comme Lorenzo lui avait dit, leur relation datait bien d'avant son départ pour New-York. Il n'y avait donc plus aucune ambigüité, les deux sœurs avaient fréquenté le même homme à la même période. A chaque fois que cette pensée traversait l'esprit de Rose, elle avait une envie subite d'aller vomir. Son cerveau n'arrivait pas à digérer cette information. C'était révulsant et c'était aussi une des raisons qui mettaient Rose dans un tel état. D'un côté elle se sentait aussi coupable vis-à-vis de Nina sans vraiment savoir pourquoi. Elle ne savait pas en plus comment sa sœur allait prendre la nouvelle. Pas bien, c'était sûr.

Très vite, Rose regretta l'attitude qu'elle venait d'adopter à l'égard de Nina. Elle critiquait sa sœur qui agissait comme une petite fille, mais Rose ne valait pas mieux pour le coup. Quand Nina lui dit qu'elle savait qu'il était désormais marié, Rose eut de la peine. Elle aurait préféré avoir à lui dire ça. D'ailleurs, elle ne savait même pas comment s'y prendre. Tout comme Nina, elle n'aimait pas non plus tourner autour du pot pendant trente six ans. Sa cadette lui demandait de se s'expliquer, elle alla ensuite s'asseoir sur le lit de Rose, celle-ci s'approcha d'elle et s'agenouilla à côté de Nina, de façon à se retrouver en face d'elle.

« Disons que moi aussi j'ai eu une relation avec Lorenzo. Avant son départ à New-York bien sûr. »

C'était dit. La bombe était lâchée. Rose, à cette époque, s'en fichait royalement que Lorenzo puisse voir aussi d'autres filles. Jamais ils ne s'étaient jurés fidélité, de toute façon Rose n'avait jamais envisagé de considérer Lorenzo de la sorte. Seulement, elle s'était attendue à tout sauf que Nina soit l'une de ses conquêtes.

« Il a juste clairement profité de nous Nina. »

Elle posa son regard sur sa petite sœur, attendant qu'elle ait une quelconque réaction. Même si Rose n'avait concrètement rien à se reprocher, elle s'en voulait quand même un peu.

Sans doute Nina pensait que Rose s'amusait à lui faire moral parce qu'elle n'avait rien à faire d'autre de ses journées. Elle aurait largement préféré que ça soit l'explication à son comportement actuel. Mais ça n'avait rien à voir. Elle avait des choses autrement plus intéressantes à faire que de fourrer son nez dans la vie privée de sa sœur. Alors non, elle ne s'amusait pas du tout présentement, et non elle ne se lâchait pas sur Nina pour se défouler. Lorsque sa petite sœur fit cette hypothèse, Rose soupira. Cependant elle ne répondit pas, les piques lancées c'était facile, or Rose désirait avoir -pour une fois- une vraie conversation avec sa cadette.

Elle avait donc pris son courage à deux mains et avait annoncé à Nina la terrible vérité. Elle avait surtout peur de la réaction de sa sœur en fait. Elle savait qu'elle allait sûrement enfoncer le clou, que Nina n'en ressortirait pas indemne. Avait-elle seulement d'autres choix ? Elle ne pouvait pas garder ce qu'elle venait d'apprendre ; et puis elle espérait aussi que cela éloigne définitivement Nina de Lorenzo. La petite brune méritait mieux que de s'enticher si jeune, d'un homme marié, un coureur de jupon comme l'était le professeur de mathématique. Rose n'eut pas à attendre bien longtemps pour voir la réaction de sa sœur. D'emblée, Nina lui répondit qu'elle mentait. Rose aurait du s'en douter. Dans le fond, elle n'était même pas déçue qu'elle puisse remettre en question ses paroles. A sa place, peut-être que Rose aurait d'ailleurs eu la même attitude, elles n'étaient pas sœurs pour rien après tout.

« Je t'assure Nina. » répondit-elle calmement. « Quel intérêt j'aurais à te mentir ? »

Elle observait toujours Nina avec attention. Elle ne voulait pas ciller, ne pas lui montrer que de lui dire cela la touchait beaucoup. Rose cachait toujours ses émotions, c'était dans sa nature, et encore plus face à sa sœur. Elle essayait d'être celle que rien n'atteignait, d'être digne en toutes circonstances. C'était ça Rose. Ainsi les gens ne savaient jamais vraiment à quoi s'attendre avec elle, parce qu'ils n'arrivaient jamais à deviner ce qu'elle pensait vraiment. Il fallait être fort pour faire tomber cette façade. Nina, en revanche, était plus en proie à laisser transparaitre ses émotions. Elle venait de tourner la tête, un peu subitement. Elle ne voulait pas que Rose puisse scruter son visage ou quoi ? Elle posa ensuite sa tête contre le lit de Rose, celle-ci ne savait plus quoi faire. Était-ce le moment ou elle était supposée prendre Nina dans ses bras pour la réconforter ? Elle n'en savait rien, mais elle avait l'impression que si elle faisait le moindre mouvement, ça allait sonner faux. Elle décida donc de ne pas bouger et d'attendre. Finalement Nina reprit la parole, lui demandant une nouvelle fois de confirmer ses dires.

« Je suis vraiment désolée tu sais. Si j'avais su, jamais... » elle n'osait pas finir sa phrase comme si prononcer les mots allaient rendre la situation plus concrète. Malheureusement le mal était déjà fait, alors le dire clairement n'allait rien changer. « Oh Nina, tu étais vraiment tombée sous le charme n'est-ce pas ? »

Elle savait que pour Lorenzo la situation était à peu près clair, mais elle ne savait pas ce que Nina en pensait. Peut-être que la phase Lorenzo n'avait pas durée bien longtemps et qu'au final après qu'il est quitté MC Nina était passée à autre chose, et qu'aujourd'hui elle se désolait simplement qu'il ait osé sortir avec les deux sœurs au même moment. Elle espérait vraiment, de tout son cœur que la réponse de Nina allait être cela, car elle aurait eu bien moins mal dans ce cas-là.

Bien vite Nina décida de croire son aînée. Rose fut soulagée, comme si un poids lui était enlevé. Le pire aurait été que cette révélation aggrave la relation entre les deux sœurs. En l'occurrence, Rose avait le sentiment qu'elle se rapprochait un peu de sa sœur. Sans doute se faisait-elle des illusions, mais elle espérait bien pouvoir trouver quelque chose de positif dans cette histoire, et si cela pouvait être une meilleure entente avec Nina, elle ne disait pas non. Certes elle aurait grandement préféré que sa sœur n'en ressorte pas aussi touchée, mais la vie était une pute c'était bien connu. Nina semblait enfin réaliser la situation. Rose, elle, la trouvait encore irréelle. Toutes les certitudes qu'elle pouvait avoir venaient de se briser en moins de vingt-quatre heures.

L'aînée des Van Valkenburg ne savait plus quoi dire pour rassurer sa sœur. Elle se sentait vraiment désolée. Comme si elle avait trahi sa sœur, alors que dans le fond, elle n'avait jamais pu imaginé un tel scénario (sisi au nom de la vérité ça ferait un bon épisode). De plus, Nina venait de lui confirmer ses craintes : elle avait eu de réels sentiments envers son professeur. Une seule question taraudait Rose ; comment ils avaient pu – tous les deux – se laisser embarquer dans une vraie relation. Que ça soit pour s'amuser, Rose arrivait désormais à l'envisager, mais que ça soit du sérieux... Non, cela la dépassait totalement. Ils étaient différents. Lorenzo était mature, dragueur, coureur de jupon. Nina était rêveuse, spontanée, pleine de vie, parfois un peu enfantine. Et quand on voyait sa femme aujourd'hui, on arrivait difficilement à imaginer qu'il ait pu tomber amoureux des deux alors qu'elles sont si différentes aussi. Et puis, il y avait cette différence d'âge, trop importante. Rose ne savait pas quoi lui répondre : « les mecs sont tous des connards. » ? hum, cela sonnait faux venant de sa part, étant donné qu'elle vivait aujourd'hui une vraie et belle relation sans fausses notes avec Bryan. Toutefois Nina décida de briser le silence. A son tour, elle eut quelques questions pour sa sœur.

« C'est compliqué. » commença-t-elle, ne s'étant pas attendue à cette question-là.

Elle regardait Nina, qui semblait vraiment intéressée. Puis elle réalisa que sa phrase pouvait signifier qu'elle avait des sentiments envers Lorenzo. Or si une chose était claire, c'était que Lorenzo et elle n'avaient que de l'affection amicale l'un envers l'autre. Ils étaient beaucoup mieux amis qu'amants.

« Enfin non, je veux dire, oui bien sûr que Lorenzo est mon meilleur ami. » elle réalisa ô combien sa phrase sonnait faux maintenant. « Était serait plus juste en fait. »

Elle n'avait pas hésité une seule seconde à le rayer de sa vie, mais elle n'avait pas pris conscience que cela allait lui faire de la peine au final. Elle avait été aveuglée par la colère, alors la peine s'était tût. Maintenant qu'elle était apaisée, elle venait de se rendre compte qu'elle avait perdu un ami précieux qui la connaissait bien, qui savait comment se comporter avec elle, ce qui était rare. D'un coup, un sentiment de nostalgie s'empara d'elle.

« Je n'ai jamais été amoureuse de lui Nina. On avait une relation, mais rien de sérieux. » elle évitait désormais le regard de sa sœur, légèrement honteuse. « Tu comprends ? » dit-elle en se levant, car ses genoux commençaient à s'engourdir. « Il t'avait donné l'impression de vouloir quelque chose de sérieux avec toi ? »

Rose voulait savoir si Lorenzo était un connard fini ou non. Car le connaissant, la réponse était négative. Surtout si leur relation datait d'avant NY.