Ce soir-là, Andrew était sorti boire un verre avec son poto Maxi. À peine étaient-ils arrivés dans le bar que le jeune homme avait montré à Andrew 2 jolies créatures plantureuses en lui faisant un clin d'oeil. Effectivement, il était temps que le warrior lui dise la vérité sur sa vie amoureuse. Il paya sa tournée et ils allèrent s'asseoir dans un coin, puis Andrew inspira un grand coup avant d'avouer son secret : il sort avec Lou depuis bientôt 5 mois. Comme Andrew l'avait prévu, Maxi fut d'abord déçu qu'il lui ait caché si longtemps mais, quand il comprit que la relation devait rester secrète pour que Christian ne sache pas, Maxi oublia sa rancune et félicita Andrew.

Après une heure ou deux passées dans ce bar, les deux garçons se séparèrent. Andrew voulait rentrer tôt car, demain, il voyait sa petite amie. Il souhaitait donc être en pleine forme, afin de lui cuisiner un nouveau petit repas parfait. Le jeune homme marchait,seul dans la nuit noire. Il n'était pas du genre à flipper, il était un warrior. Seulement, tout à coup, il entendit des bruits de pas derrière lui. Il sursauta, ce bruit effrayant fendait le silence de la nuit, il n'osait pas se retourner et se mit à accélérer sa foulée. Pour l'instant, le bruit semblait venir d'assez loin, pas de quoi s'inquiéter. Après tout, il n'était probablement pas la seule personne à rentrer chez lui à cette heure-ci. Et puis, Andrew n'avait pas de réels ennemis. Enfin ... Et si c'était Maximiano, qui avait appris que Andrew avait dragué sa sœur, qui venait tuer ce faux frère ? Et si c'était Adrian qui venait l'éliminer parce qu'il en avait marre que Andrew parle mal de lui à sa sœur Juliet ? Et si c'était Julian, qui venait le tuer parce qu'il lui avait volé Lou, l'amour de sa vie, et qu'il avait enfin réalisé que ses séances de spiritisme dans le cimetière avec une poupée à l'effigie d'Andrew n'avaient pas fonctionné ? Pire, si le tueur d'Alicia avait identifié sa prochaine victime ? Soudain, il eut l'impression que les bruits de pas s'intensifiaient. À moins que ce ne soit son cœur qui battait trop fort. Discrètement, il marcha un peu plus vite, il avait peur, était totalement effrayé. Il ne pouvait pas mourir si jeune, il avait encore tant de choses à vivre. Il n'avait jamais vu Venise, Lou ne lui avait pas encore donné de fils, il n'était pas encore parrain du premier enfant de son meilleur ami, il n'avait gagné aucun concours de cupcakes, sa sœur sortait toujours avec ce boloss d'Adrian ... Non, le tuer ce soir serait une véritable injustice, voire un crime contre l'humanité. Malheureusement pour lui. L'inconnu derrière lui n'était apparemment pas au courant. Les pas mystérieux résonnaient encore plus fort, signe que la personne se rapprochait. Andrew pria en silence pour que sa mort soit brève, il ne voulait pas souffrir il détestait ça. En plus, il était assez douillet et n'aimait pas la vue du sang. Il espérait donc que la personne soit munie d'un revolver et le vise à la tête ou au cœur directement. Han mince, il portait sa chemise de bûcheron préférée, celle qu'il s'était toujours promis de léguer à son premier fils. Il fallait absolument que la personne le vise à la tête, donc, afin de ne pas causer trop de dommages sur le vêtement. Ou alors une hache, pour lui trancher la gorge. Ça ne devait pas trop faire mal. Si c'était un fan de Dexter qui avait décidé de reproduire son mode opératoire, cela lui convenait aussi. De toute façon, Andrew n'allait pas tarder à lui faire face. Il s'épuisait et, en plus, s'était perdu sur le chemin à force de se perdre dans ses pensées. Il allait abandonner, lançant intérieurement un dernier "Lou je t'aimerai à tout jamais", quand il remarqua une petite ruelle sur sa droite. Oui, c'était forcément sa porte de salut, une aide envoyée par Dieu, un signe du destin ! Andrew remercia le seigneur puis s'engouffra dans la ruelle. Une fois à l'intérieur, il manqua de se mettre une claque : et si cette dernière n'avait pas d'issue ? Quel idiot, il n'avait probablement pas regardé assez de films d'action ! Mais, nouvelle aide de Dieu (probablement dégoûté de voir un humain si empoté) : il y avait une sortie au bout de cette ruelle ! Heureux, Andrew commença à gambader ! Mieux, alors qu'il arrivait à destination, il remarqua que les bruits de pas avaient cessé ! Loué soit le seigneur ! Cependant, quand il sortit de la ruelle, il se stoppa net et eut un sursaut de frayeur : Ginerva se trouvait là, immobile, comme si elle l'attendait. Soudain, tout s'explique : elle avait envoyé une des créatures de son seigneur des ténèbres pour le suivre, afin qu'il se serve tout seul sur un plateau d'argent. Elle n'avait plus qu'à le faire roussir (Sisi jeu de mots en carton). Mais Andrew n'allait pas se laisser faire, or de question de perdre face à la couleur capillaire faible !

Larousse qu'est-ce que tu fous là dehors toute seule ? Évite, de prendre racine, tu pourrais rouiller ...

Bam, première attaque lancée. Non, Andrew Davies n'allait pas se laisser faire, il était un warrior, tout de même. Et, bien sûr, pas une seule fois il envisagea que Ginerva soit ici par pur hasard.

Le concierge n'était pas très content.

Devoir attendre tard le soir pour qu'une fille termine sa pratique avant de nettoyer et de barrer la porte - des instruments à ce prix, se les faire voler une nuit allait lui coûter son job! - était loin d'être dans ses plans en cette douce soirée. Il ne cessait de soupirer, accoté à sa serpillière. Cela exaspérait Ginny, qui essayait de se concentrer pour réussir sa pièce. Le spectacle de fin d'année de toutes les deuxièmes années arrivait à grands pas. Même si ce spectacle était moins prestigieux que celui des dernières annnées, tous les étudiants étaient obligés d'y participer et il était important pour Ginerva car sa famille allait être là, ils lui ont promis. Son père avait pris congé depuis des semaines, Satine n'avait aucun show à faire ce soir-là, ce qui garantissait aussi la présence de sa mère et son frère avait déjà prévu y être depuis le début de l'année. Ce stupide concierge n'y comprenait absolument rien, il ne pensait qu'à sa soirée ratée. Et il ne pouvait pas non plus renvoyer la rousse, car cette dernière était accompagnée d'un professeur, John Barry, un nouveau venu qui n'avait pas encore les clés du Conservatoire. Il avait déjà nettoyé et barré tous les locaux, il ne manquait que cette salle, la plus importante: elle contenait les instruments les plus dispendieux. Mais M. Barry tenait à ce que Ginny pratique sur le piano avec lequel elle allait jouer son solo. C'est aussi monsieur Barry qui a tenu à ce que Ginny ait un solo - il n'a pas voulu entendre les protestations de la principale intéressée, d'ailleurs - ; de tous les élèves du Conservatoire, il n'y avait que quatre joueurs de piano, mais une seule qui a vécu toute sa vie avec cet instrument. Le professeur ne savait que trop bien qui était la soeur aînée de Ginerva: Satine Wainwright, une pianiste-née. Ginny se doutait bien que M. Barry espérait que Satine le remarque avec ce spectacle, mais elle connaissait assez sa famille pour savoir que ça ne se produirait jamais.

"Une dernière fois, Wainwright, et on a terminé."

John Barry avait pesé ses derniers mots en jetant un regard au concierge, dont les yeux s'illuminèrent. Alors Ginny recommença sa pièce: c'était Été canadien, d'André Mathieu, un enfant prodigue - il l'avait quand même composé à 10 ans! Ça faisait des semaines qu'elle pratiquait ce morceau, elle le connaissait par coeur et aimait l'ambiance qu'elle procurait. Tantôt intense, tantôt calme et douce. Une fois les dernières notes poussées, Ginny ferma le clavier, rangea la partition dans son sac et suivit son professeur hors de la pièce, non sans avoir fait un petit sourire au concierge qui était heureux que la rousse dégage. Une fois à l'extérieur, John Barry proposa à Ginny de l'accompagner jusqu'à son appartement, qui se situait pas trop loin. Pas naïve, la rouquine accepta quand même, elle connaissait la raison du professeur de la vouloir à ses côtés. Et effectivement, durant tout le trajet, M. Barry ne lui parla que de Satine. Il lui expliqua qu'il l'avait déjà vu dans un de ses spectacles et qu'il était fasciné par son incroyable talent. Durant tout le trajet, Ginny opinait et ajoutait quelques commentaires sur le talent de sa soeur. Arrivés devant son appartement, dans une petite rue, M. Berry lui souhaita une bonne nuit et se séparèrent. Ginerva sortit donc de la petite rue et remarqua qu'elle ne connaissait vraiment pas le coin. Elle avait beau se chercher des repères, elle n'en trouvait aucun. Même le Conservatoire était trop loin pour qu'elle le voie. Quelle idée, aussi, de suivre un prof qui ne se souvenait jamais de son prénom! Wainwright suivit donc cette rue en espérant reconnaître le coin.
C'est là qu'elle vit un homme traverser la rue.
Les yeux de la rouquine s'illuminèrent. Il pourrait bien l'aider à retrouver son chemin, il n'avait pas l'air saoûl ni complètement perdu. Ginny le suivit en se disant qu'elle finirait par se retrouver et revenir tranquillement à la maison. Sauf qu'après un moment, elle sentait que l'homme accélérait, elle voyait la distance entre eux s'allonger. Alors elle accéléra aussi. Sauf que l'homme commençait à emprunter plus de rues, comme s'il zigzagait. Il serait vraiment temps pour Ginny de se trouver sur une rue plus passante, sinon elle risquerait de se faire entraîner plus profondément dans ce coin... Merde, il entre dans une ruelle! Il devait être arrivé chez lui. La rouquine s'arrêta et réfléchit. Et si elle l'attendait de l'autre côté de la ruelle? S'il ne sortait pas, c'est qu'il était chez lui et qu'il lui faudrait trouver un autre chemin, mais s'il sortait, elle pourrait lui demander le chemin sans avoir à lui courir après. Ginerva se posta donc de l'autre côté de l'étroite ruelle et ce ne fut pas trop long que l'homme sortit de là, l'air traumatisé. Finalement, ce n'était peut-être pas une bonne idée de suivre un inconnu ainsi... Puis elle le reconnut. Et soupira. Comme si Andrew Davies, le phobique des roux, allait l'aider! Il répugnait sa famille et les traitait de démons! Mais bon, il pouvait toujours l'aider si elle jouait le jeu, qui sait...

"Si tu veux vraiment savoir, je me suis perdue. Mais tu pourrais peut-être m'aider..."

Ginerva s'approcha d'Andrew, sourire sadique aux lèvres. Elle était rendue à sa hauteur lorsqu'elle lui chuchota:

"Pour retrouver le chemin des enfers, on doit emmener une âme au Maître. Sinon, il ne nous laisse pas entrer et on doit malheureusement rester avec les Mortels. Ce n'est pas ça que tu veux, n'est-ce pas?"

La rouquine approcha sa main du visage d'Andrew et effleura la chevelure brune du garçon.

"Tu dois bien connaître le sort qu'on réserve aux Mortels qui refusent d'aider des Démons... "

Puis Ginerva lui sourit. Le genre de sourire qu'on voyait toutes les dents, dont ses canines, un peu plus longues que ses autres dents. La différence de longueur était minime, mais Ginny savait pertinemment qu'Andy allait le voir. Elle était une "démone", après tout.

Le stress d'Andrew retomba quand Ginerva lui avoua qu'elle s'était juste perdue. C'est tout ? Andrew en était presque déçu, il espérait une excuse plus palpitante, avec des démons et d'autres êtres maléfiques. Enfin ... il était cependant content de ne pas être mort et, soulagé d'être encore en vie, il se promit d'aller voir Lou dès demain pour lui dire combien il l'aime. Oui, frôler la mort vous fait réfléchir.

Seulement, la réjouissance fut de courte durée. En fait, Ginerva ne s'était pas perdue sur le chemin vers sa maison, elle s'était perdue sur le chemin vers son Maître, vers les enfers, sa véritable demeure. De nouveau, la peur d'Andrew grimpa en flèche. Il avait crié victoire trop vite, Ginerva envisageait clairement de l'emmener avec lui, pour le donner en offrande à son maître. Andrew avait toujours su que ce jour arriverait, la population rousse était de plus en plus présente dans le quartier et il était évident qu'au moins l'un d'entre eux était ici sur ordre de leur maître, pour faire régner le mal et tuer tous les mortels. Andrew se trouvait définitivement trop jeune pour mourir, mais que faire face à une démone ... non, un vampire ! Quand elle s'approcha de lui, le jeune homme remarqua tout de suite les canines pointues de la jeune fille. Oh mon dieu, mais quelle horrible créature était-elle ? Un croisement entre l'enfant du diable et une suceuse de sang ? S'il refusait de la suivre, allait-elle le mordre dans le cou et lui pomper tout son sang ? Andrew flippait, un truck bien. Ses yeux étaient grand ouverts, écarquillés, il ne savait dire si son corps tremblait ou s'il réussissait à se contrôler. Un coup de vent dans sa nuque le fit frissonner. Et si c'était un fantôme, appelé par Ginerva pour augmenter l'ambiance glaciale de cette scène, pour pousser Andrew à flancher plus rapidement ? Il était incapable de la regarder droit dans les yeux et se mit donc à fixer ses pieds, cherchant désespérément une raison pour laquelle Ginerva pourrait l'épargner. Malheureusement, cette solution miracle n'était pas inscrite sur ses converse. Sur le coup, il regretta de n'avoir ni ail ni pieu dans la poche.

Tu ... Tu dis n'importe quoi d'abord, laisse moi partir d'ici, ça sent vraiment trop le roussi !

A peine avait-il fini sa phrase qu'il eut un mouvement de recul et mit ses bras devant son visage, pour se protéger d'un éventuelle attaque démoniaque. Mais rien ne se passa, alors, il se redressa brusquement et pointa la jeune fille du doigt.

Ahah, il ne s'est rien passé alors que je t'ai tenu tête, avoue le ton Maître t'a abandonné, ahah la Rousse t'es carotte !!

Andrew entama une petite danse de la victoire, satisfait de lui-même. Cependant, même s'il était content, il réalisa bien vite qu'il ne savait pas où il était et, même si Ginerva s'avérait être inoffensive ce soir, il était néanmoins bel et bien perdu avec elle pour seule compagnie ...

En tous cas, à défaut de retrouver son chemin, Ginny avait réussi à se découvrir un talent autre que le piano: acter. À voir le visage d'Andrew blêmir et son corps trembler, il croyait la rouquine capable de faire partie des démons et de lui lancer un mauvais sort. Bien. Elle pouvait maintenant "l'obliger" à retrouver le chemin du retour. Sauf que "sa victime", après avoir reculé, lui a demandé de sortir d'ici. Ça, ce n'était pas trop compliqué, il n'avait qu'à lui montrer la direction de sa maison et elle le laisserait assez vite, la rouquine n'aimait pas jouer la démone trop longtemps. Pourquoi continuait-il donc à rouspéter? Il ne devait pas comprendre le concept que plus vite tu fais quelque chose, plus rapidement tu en seras débarrassé. Peut-être qu'Andrew ne veut pas se débarrasser de Ginny, en fait, qu'il l'aime bien mais ne veut pas lui avouer à cause de sa chevelure...

La Rousse t'es carotte? Ginerva haussa les sourcils. C'était bien la première fois qu'on lui sortait ça, en dix-huit ans de rousseur! Elle allait lui faire remarquer lorsqu'elle vit Andrew sauter de joie. Ginny soupira. Bon, elle venait de perdre toute crédibilité en tant que démone puisqu'elle ne lui avait lancé aucun sortilège - ce qui était bien normal puisque les roux ne sont pas des démons. Avoir eu des paillettes ou une machine à fumée dans ses poches, elle l'aurait utilisé en lançant des incantations latines, il aurait eu peur et lui aurait obéi. Mais bon, elle n'est pas un magasin de farces et attrapes ambulant non plus. Alors Wainwright opta pour l'ultimatum: au point où elle était rendue, tout arrêter serait fort dommage.

"Bravo, tu es courageux. Savoir tenir tête à un roux de la sorte... remarquable. Sauf que tu viens de signer ton arrêt de mort, ce qui n'est pas très intelligent, reconnais-le!"

Ginerva croisa les bras, toisa Andrew et pencha légèrement la tête à droite, l'air de réfléchir. Puis, après quelques instants de "réflexion", elle croisa son regard et lui lança:

"Sais-tu comment je suis devenue rousse?"

Sourire sadique. Il n'y avait que des imbéciles qui croyaient aux démons pour croire que les roux ne naissaient pas ainsi! Alors Ginny lui raconta son "histoire" en marchant autour du brun.

"Avant, j'étais brune. Comme toi. Elle était belle, la vie en tant que brunette. J'étais jolie, aussi. Un jour - je devais avoir cinq ans -, un inconnu m'a abordé. Il était roux. Elle feignit de frissonner. Il m'a raconté qu'il était perdu. Il était si mauvais acteur, je le voyais bien avec mes yeux d'enfant brune! Je lui ai ri au nez. La rouquine rit. Mais lui, il ne riait pas. Il m'a regardé dans les yeux - Ginny s'arrêta de marcher et regarda Andrew intensément dans les yeux. - et j'ai vu les flammes dans ses yeux. J'ai pris peur. Je me suis enfuie. La rouquine continua sa marche autour d'Andy. Mais il m'avait lancé je-ne-sais-quoi aux jambes, j'ai perdu l'équilibre et je suis tombée. Il m'a rejoint et s'est mis à marmonner des incantations, j'avais si peur que je me suis évanouie. Le lendemain matin, j'étais dans mon lit et j'étais rousse."

Ginerva se trouvait maintenant derrière Andrew. Elle s'approcha doucement de lui et lui chuchota dans l'oreille:

"C'est ça que tu veux, Andrew Davies? Tu as envie de devenir comme moi?"

Dire qu'elle était en train de faire tout ce cinéma pour avoir son aide... Lui avoir dit la vérité dès le début, ils n'en seraient pas là.

Mais ça aurait été bien moins divertissant, au point où la rouquine s'inquiétait moins pour retrouver son chemin le plus rapidement possible.

Quand Ginerva annonça que Andrew avait signé son arrêt de mort, le sang du jeune homme ne fit qu’un tour. Il déglutit maladroitement, pas très rassuré. Il fit une rapide prière, pour demander au seigneur que cette envoyée du diable bluffe et qu’il ne se passe rien du tout.

Tu … Tu dis n’importe quoi

Sa voix tremblait, trahissait son hésitation et son manque d’assurance. Il avait peur, personne ne pourrait l’aider si Ginny l’attaquait, il était seul. Il allait donc mourir, CQFD. Pourvu que Milou ne finisse pas dans un refuge pour animaux crasseux. Ou pire, qu’il devienne un chien errant. Il était beaucoup trop fragile pour être livré à lui même, et risquait d’être racketté par tous les colosses du quartier. Andrew le savait, il le dorlotait beaucoup trop, alors que ce n’était même pas son chien à l’origine et qu’il l’avait trouvé rodant sans but près de sa maison. Il s’était pris d’affection pour ce petit chien, peut-être s’était-il reconnu en l’animal, qui était bien vite devenu le compagnon à quatre pattes de toutes ses aventures. Et voilà que le pauvre chien allait devenir orphelin. Et Lou, alors, que lui arriverait-elle ? A cause de lui, elle avait perdu beaucoup de ses amis, était devenue l’objet de commérages peu flatteurs. Il ne voulait pas la laisser seule. L’espace d’un instant, il s’imagina sa vie si Lou disparaissait – et qu’il s’en sortait ce soir. Il serait anéanti. Il ne voulait pas que Lou vive la même chose. Alors, il devait se battre, même s’il y laissait un bras ou quelques un de ses cheveux soyeux et pas roux. Sa détermination se réveilla enfin, amenant au passage son courage sur le devant de la scène. Alors que Ginny tournait autour de lui, donnant à son histoire un côté encore plus mélodramatique, Andrew resta ferme et sûr de lui. Il ne fléchit pas, la regarda passer devant lui, faisant mine qu’il n’était pas effrayé, mais écoutant son histoire avec la plus grande attention.

Tant que je serai sur cette Terre, ni moi ni mes descendants ne seront roux, fille du diable !!!

Son ton était dur et sec, il voulait qu Ginny comprenne qu’il n’avait pas peur … Alors qu’au fond de lui il était mort de trouille. Lui, roux ? C’était une blague, la plus grande des ironies. Quel était le comble pour Andrew Davies ? Devenir roux, bien sûr. Il devait donc faire ce qu’elle disait, et surtout ne pas s’enfuir. Mais comment accepter sa requête – dont il ne se souvenait déjà plus, d’ailleurs – sans qu’elle comprenne qu’il l’acceptait ? Andrew avait sa fierté, jamais il ne pourrait dire oui à une rousse. A part à Tiffany, la femme de Lorenzo son professeur préféré. Mais c’était différent, c’était pour Lolo qu’il faisait ça. Il ne comprenait toujours pas pourquoi ce dernier avait épousé une femme du diable, mais s’il était heureux ainsi. De toute façon, quand il commençait à le charrier à ce sujet, Lorenzo lui répliquait que son ex Annie était désormais passée du côté obscur de la force, puisqu’elle avait masqué ses cheveux blonds derrière une coloration rousse incendiaire. Certains disaient d’ailleurs qu’elle était rousse d’origine, ce qui était possible quand on voyait sa mère et sa sœur. Mais Andrew refusait d’y croire, il ne pouvait pas avoir de rousses dans son palmarès.

Comme tu es pathétique, avec tes histoires à dormir debout. Tu es seule dans ta malédiction, fille de Satan ! Tu me fais pitié … C’est pour cette raison que j’accepte de t’aider. Je te souhaite qu’un jour, toi et ta famille soyez débarrassés de ce malheur qui s’est abattu sur vous, et que vous atteignez une couleur de cheveux normale. Maintenant, dis moi ce que tu veux. Mais, d’abord, écarte toi de moi, je vais sentir le roussi sinon

Non, Andrew ne s’était pas mis pour but de lancer un jeu de mots vaseux sur le mot roux à chacune de ses phrases. Ce n’était vraiment pas son genre.

Intérieurement, Ginerva avait un peu pitié d'Andrew. Bredouiller ainsi devant une fille qui te menaçait était stupide. Mais devant une rousse était normal? Si elle était brune, Andrew lui aurait ri au nez et serait parti sans elle, la rouquine en aurait mis sa main au feu. Durant son monologue racontant sa "triste" mésaventure capillaire, Ginny regardait le comportement du brun pour vérifier qu'il mordait bien à l'hameçon. Tiens, il avait repris confiance en lui? Il avait cessé de trembler, un véritable changement depuis tout à l'heure. Il la regardait dans les yeux, l'air confiant. Ginny devait avoir perdu de la crédibilité en tant que démone. Merde. Elle espérait seulement qu'Andy la croirait à la fin de sa mise en scène. Davis lui fit également un commentaire sur sa descendance brune. Wainwright se retint de lui préciser que s'il était resté avec Annie McCormick, ses rejetons auraient été aussi roux que leur mère, en autant qu'Andy ait des gènes récessifs roux en lui. Tout le monde connaissait son histoire avec Annie et tout le monde savait que sous ses cheveux blonds, elle était aussi rousse que Ginerva. Alors pourquoi tant de dégoût alors qu'il avait déjà été en couple avec l'une d'elles? La rupture avait peut-être fait en sorte qu'il ait maintenant les roux en horreur, on ne sait pas. De toute façon, ce n'était pas de ses affaires.

Oh, Andrew avait accepté! Derrière lui, Ginny ne put s'empêcher de lui faire un câlin malgré son avertissement de se pousser. Sentir le roussi, c'était n'importe quoi... comme si un roux sentait nécessairement le brûlé. Ce n'était pas parce qu'au Moyen-Âge les gens brûlaient les roux qu'ils sentent encore aujourd'hui. Après son furtif câlin, Ginerva entraîna le brun hors de la rue dans laquelle ils se trouvaient et réfléchit. Maintenant qu'il croyait lui faire une faveur en acceptant - il lui souhaitait même de retrouver une chevelure normale, pff! Ginny adorait ses cheveux roux -, qu'est-ce qu'elle devait lui dire? Devait-elle encore jouer le jeu de la démone?

"Tu es le premier mortel à me souhaiter de me rétablir de ma condition. D'habitude, les autres me rient au nez et me disent que je mérite mon sort. Juste pour cela, je vais t'accorder une faveur. Je vais... hum..." Supposé-moment de réflexion. "Oh! Je ne vais pas donner ton âme au Diable, ça te va comme faveur?"

La rouquine fit un grand sourire à Andrew. Au moins, maintenant elle n'aurait pas à lui faire croire qu'un terrible sort l'attend une fois rendus dans la maison des démons, c'est-à-dire chez elle.

"Contente-toi de m'emmener à Magnolia Street, je retrouverais mon repère de cet endroit et je pourrais dire à mon Maître que je n'ai pas trouvé d'âme à lui donner ce soir."

Bon, d'après l'histoire que Ginny a raconté à Andrew plus tôt, le Diable de la laisserait pas passer et elle serait obligée de rester encore "parmi les Mortels", mais Andy a déjà dû avoir oublié ce petit détail.

Plus les minutes s'écoulaient, moins Andrew était rassuré. Mais il n'était pas né de la dernière pluie : il tâchait ardemment de ne rien laisser paraître. Et oui, pas idiot le coco ! Il savait que, si Ginerva comprenait qu'il bluffait, il serait fichu. Il entendait déjà son rire démoniaque retentir, imaginait déjà les portes de l'Enfer s'ouvrir sous ses pieds, voyait déjà son corps happé par les ténèbres. Il devait être fort, c'était une question de vie ou de mort. Or Andrew n'avait jamais vu Venise, il ne pouvait donc pas mourir CQFD. Heureusement, Ginny mordit à l'hameçon. Pire, elle le prit dans ses bras comme pour le remercier. Andrew eut une légère grimace de dégoût mais la cacha bien vite, avant que la rousse ne s'en aperçoive. Dans sa tête, il nota de prendre une longue douche en rentrant chez lui. Une rousse venait de le prendre dans ses bras, il était peut-être contaminé ou ... Son esprit ne vagabonda pas plus loin sur le sujet, la jeune fille lui annonça qu'elle l'épargnait. Sérieusement, vraiment ? Il eut envie de sauter au plafond, malheureusement cela fut difficile car il se trouvait dehors. Il se contenta donc d'afficher un grand sourire de satisfaction. Il aurait pu prendre Ginny dans ses bras, lui qui était d'habitude si affectif, mais toucher une rousse une seconde fois était au dessus de ses forces. Il ne voulait pas tenter le diable, c'était le cas de le dire.

Merci de me laisser la vie sauve, tu ne mérites vraiment pas ta couleur de cheveux démoniaque.

Il lui lança un regard compatissant. Il comprenait que, pour elle, cela ne devait pas être facile tous les jours. Devoir servir le diable et s'attirer ainsi les foudres des élèves normaux. C'était fort triste, Andrew eut de la peine pour elle, un peu de pitié, aussi. Il faillit lui proposer son aide, pour retrouver une vie comme les autres, saine. Aller avec elle chez le coiffeur pour se teindre les cheveux. Aller dans un institut de beauté acheter une crème qui cache les tâches de rousseur, un autobronzant pour que disparaisse cette blancheur maléfique ... Mais il arrêta bien vite cette idée : aider une rousse ? Il ne fallait pas pousser.

Très bien, allons y. Mais laisse une distance de sécurité entre nous s'il te plaît, et c'est toi qui passe devant. Qui sait, ta gentillesse n'est peut-être qu'un leurre. Je ne suis pas naïf tu sais, je ne suis pas totalement dupe devant tes roux-coulements.

La demande de Ginerva le laisser perplexe. Elle était si banale. Après, peut-être que la rousse était tout simplement perdue. Mais dans ces cas-là, pourquoi ne pas avoir demandé à son maître de lui montrer le chemin ? Après tout, peut-être avait-elle formulé cette requête, et c'était pour cette raison que Andrew s'était trouvé sur son chemin. Le diable l'aurait envoyé à sa rencontre, pour que Ginny demande sa route à Andrew, puis l'offre à son maître pour le remercier. Décidément, Andrew ne se sentirait en sécurité que quand il serait bien au chaud dans sa maison, seul lieu où les roux n'avaient pas accès. La légende disait qu'un roux devait être invité dans une demeure pour pouvoir passer le pas de la porte. Or, jamais Andrew n'en inviterait un chez lui.

Le sourire radieux qui venait d'apparaître sur le visage d'Andrew en disait long sur son soulagement. C'était compréhensible, la rouquine venait de l'épargner de... de quoi donc? De rien du tout, donc à quels supplices Andrew pouvait-il s'imaginer au point de trembler? De devenir roux? Voyons, ce n'était pas si pénible... Il pourrait bien en faire l'expérience, un jour. Il verrait que ce n'était pas si pénible. Ginny et Lou étaient bonnes amies, après tout: c'est si facile de teindre les cheveux de quelqu'un dans son sommeil si on a l'aide de la copine de ce quelqu'un en question. Il saurait ce que ça fait, d'être dans la peau d'un roux durant 24 heures. Bien quoi, elle n'allait certainement pas utiliser de la teinture permanente! Ginerva n'était pas méchante à ce point. En fait, Ginny n'était jamais bien méchante. C'est Davies qui lui donnait inconsciemment de bonnes idées. D'ailleurs, si la rouquine ne méritait pas ses cheveux, Andrew lui, méritait d'être blond. Ne pas s’apercevoir d'une telle mise en scène! Comment ne pas avoir plein d'idées méchantes après ça? Face au regard compatissant du brun, Ginny lui fit un petit sourire. Avait-il vraiment pitié de Ginerva? C'était bien le dernier sentiment qu'on pouvait éprouver en regardant la rouquine. Famille aisée, jolie comme un coeur, toujours de bonne humeur. Mais non, Davies ne voyait que sa rousseur. Et éprouvait de la pitié pour cette raison. Ça n'avait aucun sens, voyons! Peut-être cela en avait-il pour le brun. Quoi qu'il en soit, ce dernier venait de faire un jeu de mots à propos de ses cheveux. Encore.

"Si tu ne veux pas que je change d'idée et que je donne ton âme, tu ferais mieux de cesser de faire des jeux de mots. Nous, démons, sommes très susceptibles et je suis sûre que tu ne veux pas en faire l'expérience."

Ginny fit un grand sourire à Andrew. Les démons avaient bien le droit de sourire eux aussi, non? Et il y avait de quoi: elle cesserait d'entendre tous les jeux de mots qu'il pourrait inventer sur le chemin. Il devait déborder d'imagination. Puisque la rouquine était gentille, elle recula de quelques pas pour laisser "le meneur" de l'espace et pour éviter de lui "tendre un piège" alors qu'il aurait le dos tourné. Elle était maintenant à quelques mètre de distance.

"C'est une distance suffisante?"

Puis elle se tourna pour commencer à marcher. Et réalisa qu'il lui manquait un léger détail. Qu'elle ne manqua pas de faire remarquer à Andrew en se tournant vers lui.

"Et comment je pourrais savoir où je vais si je marche en avant?"

Davies avait beau prendre des mesures de précaution pour éviter un quelconque piège sorti de son imagination, ce n'était pas très utile pour aider quelqu'un à retrouver son chemin.

En autant qu'il connaisse le chemin.

Un doute envahit Ginerva, qui regardait le phobique d'un autre oeil. Et s'il était aussi perdu qu'elle? C'était ce que Ginny risquait voir dans quelques instants.

Voilà une demande bien délicate que formulait là Ginerva. Elle le sommait d'arrêter ses jeux de mots vaseux, or ces derniers étaient la marque de fabrique même d'Andrew Davies. Andrew sans blague foireuse n'était plus Andrew. Sauf que Ginny le menaçait de revenir sur sa décision s'il n’arrêtait pas sur le champ, voilà qui méritait réflexion. Sur le coup, il la détesta, comment pouvait-elle oser lui faire une chose pareille ? C'était méchant, c'était le rabaisser puisque Andrew serait contraint de s'abaisser, de s'incliner, d'accepter sa demande. Mais il se garda bien de lui faire remarquer. Il l'avait compris : sous ses faux airs angéliques, Ginerva n'était vraiment pas commode. Or Andrew venait d'échapper de justesse à une fin douloureuse, alors il ne voulait plus flirter avec la mort aujourd'hui. Alors, il se contenta d'émetre un petit grognement qui signifiait qu'il allait arrêter.

Hmhm ...

Il baissa les yeux, déçu. Il aimait tant exercer son art humoristique. Mais il aimait aussi rester en vie, et ne préférait pas se frotter aux risques du métier. Il avait honte, sur le coup. Il eut l'impression d'être un humoriste de pacotille, qui se défilait devant la première difficulté. Finalement, il réussit à se convaincre que Ginerva était une difficulté vraiment de taille qui excusait largement son attitude de froussard. Il jouait juste la carte de la sécurité, c'était différent. Il se le répéta plusieurs fois dans sa tête, histoire de s'en convaincre. Bizarrement, Andrew avait un pouvoir d'auto-conviction assez fort, tant mieux pour lui. Il arrivait seul à changer ses opinions. Peut-être le fait qu'il n'aimait pas se reprocher ses actes y était pour quelque chose, mais qu'importe. Il avait mieux à faire qu'être en conflit avec lui même : Ginny lui demanda si la distance qu'elle avait mise entre eux était suffisante. Andrew plissa les yeux pour l'examiner de plus près, il devait facile y avoir 2 ou 3 mètres, c'était juste bien.

Parfait, tâche de garder une allure constante, il ne faudrait pas que cette distance s'amenuise, c'est crucial.

Son air était sérieux, il ne plaisantait pas avec ça. Dans quelques minutes, il serait enfin débarrassé de cet être diabolique et du stress qu'elle lui provoquait. Enfin, encore quelques longues minutes, car Ginny avait en plus décidé d'être chiante.

Tu me prends pour un idiot ? Je t'indiquerai quand il faudra tourner. Pour l'instant, va tout droit.

Bon certes, il avait un peu exagéré : il ne savait pas exactement où ils étaient. Mais il voyait à peu près, il se souvenait être passé quelques fois ici. Sauf que c'était il y a longtemps, du temps où il sortait souvent, du temps où il n'avait pas les idées suffisamment nettes pour mémoriser le chemin qu'il empruntait. Mais ça allait fonctionner, ils rentreraient chez eux rapidement. Il le fallait.

La peur avait eu raison de la volonté d'Andrew de faire des blagues; il avait grommelé et avait baissé les yeux. Ginny sourit: elle avait gagné cette bataille. Il n'avait jamais été question de gagner ou de perdre ce soir, mais il semblait à Ginerva que ce l'était dans l'esprit d'Andrew: vaincre le Diable, ici représenté par une rouquine. Le Diable avait gagné un point vs quelques uns du côté des "Gentils". Comme le disait Ginny-ne-savait-plus-qui, il faut savoir choisir ses batailles. Andrew avait gagné les insignifiants et Ginerva le plus important. Elle allait gagner. Lorsqu'elle se rendit compte ce que qu'elle venait de penser, la rouquine secoua un peu la tête pour enlever ces pensées de sa tête: voyons, ça n'avait aucun rapport avec gagner ou perdre, elle voulait retrouver son chemin, c'est tout! En plus, Ginerva n'était pas une créature du Diable, elle était seulement Ginerva Wainwright, seconde fille d'un businessman et d'une ancienne pianiste renommée. Ils n'avaient rien d'une famille démoniaque, à moins de considérer la musique et la bienfaisance d'héberger une fille sans le sou comme étant démoniaques... Si Andrew voyait sa famille d'une autre façon qu'une famille de roux, il le verrait bien. Tiens, ça serait une bonne idée... Mais Andrew venait de lui répondre, donc Ginny cessa de divaguer pour écouter son "avertissement". Devait-elle vraiment prendre ça au sérieux? Le visage d'Andrew semblait sérieux. N'importe quoi. La rouquine roula des yeux, puis tourna le dos d'Andrew pour se mettre en marche. Au pire, le brun n'aurait qu'à ralentir s'il voyait que Ginny ralentissait!

"Pour la distance, ça sera à toi de le vérifier, je ne vais pas regarder derrière moi après chaque pas."

En fait, Andrew pourrait aisément sauter sur Ginny et l'attaquer, elle ne le verrait pas venir. Du coup, il faudrait faire confiance au dégoût marqué du brun pour les roux ou à sa crainte d'une probable revanche du Diable. À mesure que les jeunes avançaient, Ginerva regardait les environs, tentait de les mémoriser au cas où elle reviendrait dans le coin. Ou au cas où Andrew voudrait revenir sur ses pas parce qu'ils se sont perdus. Les bâtiments semblaient peu entretenus; la plupart étaient des appartements en manque d'entretien. Sur un des balcons, un vieux couple se berçait sur des vieilles chaises et la vieille dame caressait un chat gris. Comme quoi il y avait bien des gens qui vivaient dans ces logements peu enviables. Le couple les regardait bizarrement, ils devaient bien connaître les voisins et devaient être étonnés de voir ces jeunes marcher un devant l'autre sans s'adresser la parole. Ginerva sourit au couple qui semblait peu habitué à cette pratique et continua sa marche. Des maisons commençaient à remplacer les appartements. C'était déjà une amélioration, même si ces maisons semblaient tout aussi décrépies. Ginerva se mit presque à penser qu'Andrew ne l'avait pas emmené dans un piège pour tuer le démon en elle, qu'il connaissait vraiment le chemin lorsqu'elle s'arrêta subitement. Cul-de-sac. La rouquine se tourna vers Andrew et le fusilla du regard.

"J'aurais dû me méfier de toi et de ta haine envers mes frères. Traître!"

En fait, Ginerva ne s'était pas rendue jusqu'à la fin du cul-de-sac, elle n'était pas stupide. Il y avait une pancarte située à une intersection qui indiquait que la rue qu'ils empruntaient ne menait nulle part. Si elle n'avait pas remarqué la pancarte, elle se serait dirigée vers une impasse. Au moins, si Andrew n'avait aucune idée de la suite, ils avaient le choix entre la gauche ou la droite.

"J'espère pour toi et tes cheveux bruns que tu sais où te diriger."

Ginerva croisa les bras et attendit les prochaines directives du clown brun.

En plus d'être rousse, Ginerva était exigeante : elle précisait à Andrew que cela serait à lui de vérifier la distance de sécurité, qu'elle ne s'en préoccuperait pas. Décidément, ces roux, aucun savoir vivre. Andrew soupira avant de hocher la tête, elle pouvait compter sur lui : jamais il ne laisserait une distance trop courte entre lui et une créature du diable. Ils se mirent donc en marche et Andrew fit attention aux pas de Ginny. Quand elle semblait accélérer, il faisait de même. Quand elle ralentissait, il s'exécutait. Après tout, Ginny pouvait avoir de supers pouvoirs et l'attaquer à distance ! Trop préoccupé, il ne fit pas attention à la route, aux alentours. A un moment, il remarqua que la tête de la jeune fille balançait de droite à gauche. Alors, il fit de même pour observer le paysage, curieux de voir pourquoi sa voisine s'y intéressait autant. Des bâtiments mal famés et décrépis, c'était pour ça qu'elle était si attentive ? Andrew y vit là une passion de roux difficilement compréhensible. Probablement repérait-elle les âmes en peine, au bout du rouleau, qu'elle pourrait facilement servir à son maître en guise de déjeuner. Andrew eut alors une expression de dégoût mais, dieu soit loué, la rousse ne put la voir, puisqu'elle lui tournait toujours le dos. A ce propos, Andrew jeta de nouveau un oeil à la distance qui les séparait. La coquine, elle avait de nouveau ralenti, elle se rapprochait ! Andrew l'aurait parié, elle tentait un coup pour l'attaquer, c'était si prévisible ! Satisfait d'avoir décelé son attaque avant qu'elle puisse la mettre en oeuvre, Andrew ralentit à son tour, tout content. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il rejoindrait le seigneur des ténèbres, Ginerva faisait fausse route ! Elle avait tort, de s'acharner ainsi pour rien, Andrew était un warrior ! Le problème fut que, en se concentrant sur la distance de sécurité, le jeune homme oublia de regarder la route. Il reprit des esprits quand la jeune fille se mît à pester, il leva les yeux et remarqua alors qu'ils étaient face à une impasse. Il écarquilla les yeux mais cacha vite sa surprise quand Ginny se retourna sur lui. Il prit alors un air détaché, pour que la colère de la jeune fille s'apaise.

Oh ça va, si on ne peut plus rigoler !

Il regarda alors à droite à gauche, tachant de reconnaître où ils étaient. C'était un des quartiers voisins du leur, Andrew reconnut un jardin aux fleurs hideuses, qu'il avait déjà vu quand il faisait son footing avec Milou. Oh, il l'avait déjà vu auparavant. Il se souvint d'une soirée avec Christian, il y a deux ans de cela. Ils avaient trop bu, trop fumé, et s'étaient perdu sur le retour. Le lendemain matin, ils furent réveillés par l'arrosage automatique d'un jardin aux fleurs les plus moches qu'ils n'avaient jamais vu. Sa propriétaire les avait alors chassé à coup de balai et les deux garçons avait détalé en courant. Oui, de bons souvenirs ... Mais présentement il n'avait pas le loisir de faire une séquence nostalgie plus longue, il devait guider la rousse.

C'est à droite toute !

À vrai dire, il n'était pas sûr à 100% que ce soit la bonne direction. Quand il était avec Milou, c'était le chien qui se chargeait de retrouver le chemin vers la maison. Mais il se garda bien d'en faire part à la jeune fille. Au pire, ils rattraperaient la bonne route plus tard. Et puis, tous ces quartiers se ressemblaient tellement. Si jamais ils faisaient un détour, elle ne s'en rendrait même pas compte.

Au fait, ce soir t'as rien fait d'autre à part chasser pour ton maître ?

Avec toutes ces histoires, Andrew en avait oublié ses bonnes manières. Certes, celle-ci consistaient à satisfaire sa curiosité en questionnant la rousse sur sa soirée, mais c'était pour enrichir le savoir de l'humanité ! Il se demandait sincèrement comment une rousse pouvait occuper ses journées.

Bien sûr. C'était une revanche. Qu'est-ce que ça pouvait être d'autre? Ginerva avait empêché Andrew de faire des jeux de mots, donc il se vengeait en les envoyant dans une impasse. Ça lui apprendra à vouloir censurer un gars qui ne fait que des stupides blagues! Et qui connaissait le chemin, qui plus est. D'ailleurs, il devait le connaître assez son chemin, puisqu'il l'avait emmené jusqu'à une impasse "pour rigoler". Un perdu n'aurait jamais fait ça puisqu'il aurait ignoré l'endroit où l'impasse se trouvait. M'enfin. Qu'Andrew connaisse ou non ce foutu chemin, Ginny devrait cesser ses supposées-menaces et le suivre, il avait déjà peur qu'elle prenne son âme, c'était suffisant. Et puis là, Andrew venait de lui annoncer leur nouvelle direction. Ginerva décroisa ses bras, lui adressa un sourire un brin forcé et se dirigea vers la droite.

"C'est bien beau tes rigolades, mais plus ça nous prend de temps à rejoindre le quartier, plus longtemps tu resteras coincé avec moi."

Logique implacable, il fallait avouer. Et si on suivait cette logique, mieux valait accélérer le pas, après tout il était quoi... Ginny regarda sa montre et écarquilla les yeux. Vingt-trois heures!? À quelle heure était-elle partie du Conservatoire? Et quelle avait été la distance séparant l'école de l'appartement de son professeur? Jouer du piano lui avait fait oublier l'heure qu'il était. Et ça faisait combien de temps qu'on marchait? Peu de temps avec Andrew, mais si on comptait depuis l'apparition du brun dans le champ de vision de la rousse et de sa poursuite jusqu'à la ruelle... C'était un peu plus long. Sa famille devait avoir commencé à s'inquiéter. Ou pas. En fait, Ginerva se doutait qu'ils ne s'étaient même pas encore rendus compte qu'elle était retournée au Conservatoire tout de suite après le souper. Bref. La rouquine entendit la voix d'Andrew et tourna la tête vers lui. C'était louche. Il s'intéressait à elle. Il lui posait des questions sur sa personne. En tant que Démon, certes. Mais sur sa personne quand même.

"Je me pratiquais pour mon spectacle de musique de fin d'année."

Ginerva reporta son attention sur le chemin et ajouta:

"Je suis une des pianistes."

Un petit sourire nostalgique apparut sur son visage, sourire qu'Andrew ne pouvait voir. Pianiste... c'était un si beau mot. Le piano était un si bel instrument, Ginerva n'était pas peu fière de savoir le maîtriser aussi bien. La musique et l'ambiance qui en jaillissaient étaient presque envoûtants, elle se laissait entraîner avec plaisir. La rouquine suivit sans vraiment s'en rendre compte - elle n'avait même pas porté attention aux environs - la rue qui tournait vers la gauche, puis il y eut une intersection. Continuer, tourner à gauche ou tourner à droite? Ginny s'arrêta, se tourna vers Andrew et attendit ses prochaine directives.

"Et toi, Andrew? Que faisais-tu avant de te faire prendre au piège par une rousse?"

C'était bien beau parler de musique, mais Wainwright en avait presque oubliée son rôle de Démone. Elle devait retrouver un peu son personnage pour ne pas perdre sa crédibilité ainsi qu'Andrew.

Quand ils se remirent en marche, Andrew tacha de faire attention à l'itinéraire, il n'était pas question de faire la même bêtise une seconde fois, ou il allait vraiment énerver la rousse, et recevoir ses foudres.

Tu n'as pas tort, accélérons le pas, vite soldat !

Pourquoi soldat ? Cela faisait partie des délires inexplicables d'Andrew, qui ne faisaient rire que lui. Enfin non, avant Christian était aussi un bon public, mais maintenant le jeune homme ne devait plus rire du tout en pensant à Andrew. Ce dernier se demanda alors ce que son ancien meilleur ami pensait de lui : Haine ? Dégoût ? Déception ? Andrew était il désormais just somebody that Christian used to know ? Il espérait que non, mais n'osait pas revoir son ancien ami. Enfin ... Il risquait de le revoir prochainement, à la fête de la musique. Lou avait exprimé son désir de s'y rendre, et Andrew n'avait pas eu le cœur de refusait. S'il lui exposait ses raisons - à savoir la peur de voir Christian l'ignorer royalement - il risquait de bader grave. Mais il savait que Lou se sentirait encore coupable, il garda donc tout ça pour lui. Il fallait bien le recroiser un jour, de toute façon. En parlant de musique, Ginerva lui expliqua alors qu'elle était pianiste.

Ah oui ? T'as genre un solo et tout ?

Andrew se souvint alors de l'époque où il avait absolument voulu jouer de l'harmonica. Sa sœur lui avait dit qu'il abandonnerait en moins d'une semaine, mais il s'était quand même acheté un instrument et s'était inscrit aux cours. Il n'était pas allé au premier, car c'était souvent des présentations de l'instrument fort rasoir. Il était allé au suivant ... Et n'avait pas eu de souffle pendant trois jours ensuite, à force d'avoir trop soufflé dans l'harmonica. Depuis, il n'y était jamais retourné. Ce n'était pas compatible avec sa vie de fumeur.

Moi j'étais sorti avec un de mes potes, beaucoup moins classe que ta soirée à toi, quoi ! À gauche au fait ! Tu vas commencer à reconnaître le quartier, normalement

Effectivement, ils arrivaient dans la dernière rue juste avant le début de Magnolia. Quand il était petit, Andrew se souvenait qu'il n'avait pas le droit de s'y aventurer, Juliet l'interdisait. Christian recevait la même interdiction de Jersey ... Mais plusieurs fois, discrètement, ils dépassaient la limite et se rendait dans cette rue. Ils l'adoraient car la roue était pleine de bosses, très pratique pour faire des cascades à vélo quand on a 8 ans. Jusqu'au jour où Ansrew revint avec une grosse écorchure au coude. C'était le bon temps. Et c'était vraiment catastrophique, que tout dans cette ville lui rappelle son ancien meilleur ami qui lui manquait trop.

Soldat? Depuis quand Ginerva portait des habits militaires? Depuis quand Andrew était-il devenu lieutenant? Avait-il profité du fait que Ginny avait le dos tourné pour mettre une veste militaire par-dessus sa chemise de bûcheron et lui donner des ordres? La rousse jeta un oeil vers le brun; hé bien non, il ne portait aucune veste militaire. Ces hommes, toujours à vouloir tout contrôler, à avoir le pouvoir. La rousse se retint de l'informer des capacités des Démons à faire taire les lieutenants en quête de pouvoir. Mais s'il continuait à en profiter ainsi, elle ne manquera pas de le lui faire remarquer. Et puis on ne sous-estimait pas les soldats qui partent en guerre, Ginerva les a toujours admiré même si elle ne connaissait personne de sa famille qui était parti en guerre. Se battre par amour pour son pays, c'est noble. Et puis les uniformes sont jolis (a). En marchant, Andrew lui posa une autre question sur la passion de Ginny. Une autre? Elle s'attendait à s'être débarrassée de la curiosité d'Andy, mais non.

"Oui, j'ai un solo, la seule pianiste à en avoir un. Mais c'est plus grâce à mon nom que grâce à mon talent. Ce n'est pas que je ne suis pas bonne, c'est que s'appeler Wainwright est utile quand on fait de la musique."

Ginny n'était pas du genre à se vanter. Elle ne voulait même pas lui dire qu'elle avait un solo, mais Andrew lui avait demandé. Elle connaissait d'autres pianistes qui l'auraient crié sur tous les toits - et ils auraient particulièrement été fiers d'avoir été préférés à une Wainwright -, mais Ginerva n'a jamais été comme ça. Elle ne le voulait même pas, ce solo, d'ailleurs. Stupide nom! Son prof ne l'avait choisi que pour cette raison, ce qui était injuste pour les autres, car la rousse ne croyait pas être meilleure que les autres pianistes au point d'avoir son propre solo. Mais bon, elle ne pouvait pas refuser une telle opportunité non plus.

"Tu joues d'un instrument, Andrew?"

Ginny avait elle aussi un côté curieux, car chaque instrument en disait davantage sur la personne qui la joue. Le piano et le violon, c'est pour les personnes douces, romantiques, minutieuses, lunatiques. Balthazar n'était pas fait pour jouer du piano. Sa mère ne l'a jamais compris, sinon elle aurait arrêté de le rabaisser pour cette raison. Une fois rendus à l'intersection, Ginny n'a pas eu à attendre longtemps les indications d'Andrew et tourna à gauche. Et la description de sa soirée étonna la rouquine. Il était sorti, vraiment? Étant un gars et étant sorti avec un de ses amis gars, c'était sûr qu'il était allé dans un bar. Mais Ginny avait beau le regarder attentivement, il ne semblait nullement saoûl.

"Tu dois très bien tenir l'alcool, parce que tu n'as pas l'air saoûl. C'est bien, les Démons comme moi ne peuvent le voir à distance et profiter de cette faiblesse."

Directe, la Wainwright. Mais fermer les yeux n'était pas son genre. Elle considérait qu'il fallait être lâche pour faire ça. Après quelques pas, elle commença à reconnaître le coin, comme Andrew lui avait précisé. Ginerva avait donc bien fait de lui avoir fait confiance. Heureuse, elle cria un léger "Youhou!" et gambada vers l'intersection qu'elle reconnaissait et qui mènerait à Magnolia Crescent, sans pour autant aller trop vite pour ne pas semer Andrew.

Andrew éclata soudaine'ent de rire. Entendre Ginerva se sous évaluer l'amusait. Il ne comprenait pas les gens comme ça, pourquoi ne pas simplement se vanter quand on est doué ? Andrew n'amait pas la modestie. Pour lui, les gens qui en usaient cherchaient juste à être encore plus complimentés. Alors. Il ne comprenait pas pourquoi Ginny s'adonnait à cette pratique. Andrew ne pouvait pas lui donner un nouveau lot de compliments, jamais il ne l'avait entendue jouer ... Et il ne l'entendait probablement jamais, d'ailleurs. Les orchestres, ce n'était vraiment pas la tasse de thé du jeune homme.

Donc si tu avais été une quiche en piano, tu aurais quand même eu un solo grâce à ton nom de famille ? Comme c'est pratique, j'aimerais bien être à ta place tiens. Quoi que non en fait.

Effectivement, Andrew réalisa alors que ça ne le tentait pas de jouer dans un orchestre, d'être un musicien renommé. C'est vrai, durant sa scolarité, il avait même plutôt eu tendance à se moquer de ceux qui jouaient dans l'orchestre du lycée, les qualifiant d'intellos complètement out qui se feraient dépuceler à 25 ans. À l'époque, ça le faisait rigoler ... Encore aujourd'hui d'ailleurs. Mais il resta calme, néanmoins, devant Ginny, et n'en pipa mot. Il ne voulait pas l'énerver !

Ah non je n'en joue pas, c'est pas mon genre de trucs ...

C'est alors que, effaré, Andrew se demanda ce qu'était son genre de trucs à lui. Il avait beau critiquer Ginny, mais elle avait une passion. Quelle était la sienne ? Certes, un énorme cupcake vint au premier plan dans son esprit. Mais il avait beau aimer cuisiner, il ne pouvait pas vraiment s'en vanter : il avait l'impression d'avoir le sex appeal d'un ourson en peluche, s'il se qualifiait de cuisinier. C'est alors que Ginny réveilla d'anciens démons, son ancienne passion à lui. Oh ça non, il ne devait pas avoir l'air saoul, heureusement d'ailleurs. Cela faisait À peine plus d'un an que Andrew était sobre. Le 26 juin, aux alcooliques anonymes, il avait reçu son jeton des un an, véritable fierté pour lui, surtout quand il se souvenait de cette même date un an auparavant. Le jour de sa rechute ... Le bal du lycée, quand il avait embrassé Lou et qu'elle l'avait giflée, et qu'il s'était ainsi attiré les premières foudres de Christian. Si à l'époque, on lui avait dit qu'il sortirait avec la jeune fille six mois après, il n'y aurait pas cru. Après cette soirée malheureuse, il était tellement au fond du trou qu'il ne pensait même pas remonter à la surface. Aujourd'hui, il n'avait pas touché à une goûté d'alcool depuis un an et en était très fier. Mais apparemment, Ginny ne devait pas connaître cette histoire.

Heureusement que je n'ai pas l'air saoul Ginny, ça fait un an que je n'ai pas bu une goutte d'alcool !

En guise de preuve, il sortit son jeton de sa poche. Il l'avait toujours sur lui, son parrain des alcooliques anonymes lui avait donné ce conseil, si jamais parfois il risquait de défaillir. Aujourd'hui, il était en paix avec lui même. Il avait mis du temps, à être capable d'en parler ainsi. Mais voilà qu'ils arrivaient enfin chez eux. Ginny, en criant Youpi, sortit Andrew de ses pensées.

Alors, tu as honte d'avoir douté de moi maintenant, hein oui !

Le fou rire d'Andrew étonna Ginerva. Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle à se faire aimer seulement pour son nom? C'était malheureusement vrai. Et la remarque du clown brun fit tressaillir la rouquine. Ô qu'il ne voulait pas être à sa place! Il a bien fait de se raviser après, sinon Ginny lui aurait fabriqué une perruque rousse et lui aurait dit de prendre sa place dans sa famille. Il serait parti en courant après deux jours max, Ginny aurait pu le parier. Mais les Wainwright l'aurait remarqué dès le début... ou pas. Balt' s'en serait douté pour sûr. Lucy aussi. Mais ses parents? Satine? Ils n'y auraient vu que du feu. Cette pensée exaspéra davantage Ginerva que la remarque d'Andrew.

"C'est plus compliqué que ça. Et crois-moi, tu ne veux pas être à ma place. Ma famille est trop perfectionniste. En plus, si tu deviens un Wainwright, je vais devoir te teindre en roux!"

Sa dernière phrase calmerait Andrew de vouloir s'immiscer dans sa famille, tiens. Lui qui avait une phobie d'avoir une chevelure "poil de carotte"... Et puis il se ferait rapidement renier de sa famille, il ne joue d'aucun instrument! Une honte pour les Wainwright! Déjà que Balt c'est limite car il joue au moins de la guitare... Ginerva allait lui demander quel était son genre de trucs, mais interrompit sa phrase avant même qu'elle ne soit sortie de sa bouche lorsqu'Andrew lui dit qu'il était sobre depuis un an. Il en avait même la preuve; un jeton des Alcooliques Anonymes. Un ex-alcoolique, il ne manquait plus que ça! Ginny et ses préjugés, elle aurait donc dû se taire. La rouquine arrêta de marcher pour se rapprocher d'Andrew et voir son jeton de plus près.

"Ah... hé bien... félicitations Andrew! Je suis désolée de t'avoir injustement jugée."

Ginerva baissa les yeux au sol, elle était mal à l'aise. Si elle était une vraie Démone, elle en aurait ri, mais elle n'a jamais eu ce genre de comportement. Ce n'était pas dans ses gênes. Puis, elle prit conscience de leur rapprochement du quartier. Elle s'était mise à gambader en direction du quartier et le clown brun ne se gêna pas pour lui montrer sa supériorité, qu'il connaissait bel et bien le chemin. Ginny ne put que lui confirmer sa supériorité, il faut bien que quelqu'un flatte un tel égo, et puis elle était réellement soulagée de ne pas s'être perdue.

"C'est toi le meilleur! Dès que je me sens perdue, je t’appellerais et tu viendras me sauver!"

Bien sûr, Ginerva ne l’appellerait pas; elle n'avait pas son numéro. La rouquine tourna au coin de la rue et cessa de gambader pour regarder les maisons de son quartier. Pour une fois, elle se mit à aimer cette vision. D'habitude elle ne portait pas attention à la rue, mais maintenant qu'elle s'était perdue, elle regarda tous les détails spécifiques au quartier.

"J'habite au 42, et toi?"

La rouquine devait savoir si la maison de la famille d'Andrew était avant ou après la sienne pour éviter de passer devant.

Même pour du talent musical, Andrew ne se teindrait pas en roux. C'était simple, il n'y a rien qui le motiverait à changer sa couleur de cheveux pour celle du diable. Même pour se faire un nom dans le monde de la restauration, pour obtenir l'autorisation de ses parents d'ouvrir une cupcakes factory, pour devenir un peu plus grand et un peu plus musclé ... Rien, rien de rien ne pourrait motiver un tel suicide social. A part peut-être deux ou trois choses. Oui, Andrew serait capable de se teindre en roux, si ça lui permettait de récupérer son meilleur ami, si Christian lui pardonnait ensuite sa traitrise. Il le ferait aussi, si ça pouvait motiver sa soeur à quitter son idiot de petit ami. Quoi que, peut-être pas en fait, puisque c'était inutile : il y avait tellement de rumeurs d'adultère autour de ce couple, que ce n'était plus qu'une question de temps avant que Juliet ouvre les yeux. En tout cas, Andrew l'espérait de tout coeur. Sa pauvre petite soeur ... Bref, il aurait tout le loisir plus tard de se désoler pour elle.

« Je suis trop flemmard pour être perfectionniste, et trop censé pour me teindre en roux. C'est fort triste, j'aurais kiffé jouer du piano ! Quoi que non, pas pratique à transporter. » Andrew avait conscience qu'il faisait à la fois les questions et les réponses, il affirmait puis infirmait ce qu'il venait de dire. « J'ai joué du triangle une fois à l'école, c'était rigolo ... » Voilà qu'Andrew explorait le peu de souvenirs musicaux que comptaient son histoire. Mais Ginny le tira bien vite de ses pensées, pour le féliciter. Les compliments, ça Andrew les prenait tout de suite ! Il fit un grand sourire, que la rousse ne pouvait pas voir puisqu'elle respectait toujours cette distance de sécurité instaurée entre eux. « T'as vu, j'aurais jamais cru tenir, quand je suis arrivé en cure j'avais tellement pas envie, c'était dur tu sais ... » Il se surprit alors à aller à de telles confidences, qu'est-ce qui lui prenait ? Une envoyée du diable en plus, elle pourrait prochainement utiliser ces secrets contre lui, pour l'envoyer tout droit en Enfer. « Mais tu t'es à peine trompée tu sais. Après tout, avant d'avoir arrêté, j'étais comme ça ... » Qu'entendait-il par "ça" ? Ce qu'il était avant, probablement, un gros fêtard toujours saoul et défoncé, comme la plupart des gens immatures de son âge. Ces gens que Ginny ne devait probablement pas fréquenter. Il sombrait dans le cliché mais détestait ça, il était tellement loin de telles idées pourtant, d'habitude.

C'est alors que la jeune fille se rapprocha du warrior, le mettant soudainement en position délicate. Elle rompait la distance de sécurité, Andrew ne savait comment agir. S'il avait pu, il se serait envolé fissa pour s'éloigner de ce rapprochement dangereux. Mais il avait malheureusement oublié ses ailes à son domicile. « Une démone qui a besoin de mes services, on aura tout vu ... Mais j'aime ça ! » Il était fier, bombait le torse. Et bizarrement, il ressentit un pincement au coeur quand Ginny lui demanda le numéro de sa maison. Elle marquait ainsi la fin de leur petite aventure rigolote. Ça lui faisait mal de l'avouer, mais il s'était bien amusé. « Au 10, à l'autre bout de la rue. Nos chemins ne vont pas tarder à se séparer alors ... » Il n'aimait pas, mais vraiment pas, le ton qu'il employait pour parler, il ne voulait pas que Ginny le sente nostalgique. Mais Andrew n'était vraiment pas doué pour cacher ses sentiments. Qu'importe, venait le moment de dire au revoir, maintenant.

C'était bien, cette promenade, Andrew et Ginny ont pu se découvrir un point commun: tous deux ne voulaient pas être des Wainwright. Mais bon, manque de chance, la rouquine en était une. Le seul point positif étant qu'elle n'était pas l'aînée, celle sur qui reposait tous les espoirs de Margareth et qui était trimballée partout pour exposer son talent. Et puis non, on ne choisissait pas le piano pour sa facilité de transport! On choisit le piano pour la mélodie envoûtante qui en sort, pour son aspect classique, pour l'ambiance romantisme qui en résulte. Choisir un instrument pour sa facilité de transport, n'importe quoi... aussi n'importe quoi qu'un triangle, merde! Un triangle! Ginny ne considérait même pas ça comme étant un instrument, c'était un jouet pour bébés. Pas étonnant qu'Andrew y ait joué enfant, mais en faire une profession? Si elle n'avait pas eu autant de classe, Ginerva aurait craché par terre pour enlever cette idée de sa tête. Mais elle évita tout commentaire, sa bourde d'avoir traité un AA de saoûlon était son commentaire de trop du jour, elle ne devait pas empirer la situation. D'ailleurs, Andrew se mit à lui expliquer sa fierté d'avoir ce badge, de pouvoir montrer à tous qu'il était capable. Ginerva aurait bien aimé lui dire qu'elle le comprenait, mais en fait elle n'avait aucune idée de ce qu'Andrew avait dû ressentir puisqu'elle ne l'avait jamais vécu. C'était principalement pour ça, ces réunions d'Alcooliques Anonymes, aussi. En parler avec ceux qui sont passés par là, ceux qui le comprennent. Alors pourquoi en parler à Ginerva? Avait-il oublié que quelques instants plus tôt, il la traitait de démone et avait instauré une distance entre eux? Mais bon, c'était positif qu'Andrew lui fasse confiance, il a laissé la barrière des préjugés de côté - tout comme Ginny, en fait. Quoique Ginny ne s'était pas trompée sur toute la ligne; deux ans plus tôt, elle aurait eu raison de penser qu'il était saoûl. Andrew lui-même venait de l'avouer.

"Je trouve ça bien que tu ne sois plus comme ça. Je ne te connaissais pas avant, mais c'est sûr que je me serais tenue loin de toi, surtout si c'était pour te demander de l'aide pour retrouver mon chemin. Et je n'aurais pas vu à quel point tu es drôle et sympathique, même si tu n'aimes pas mes cheveux!"

Ginny avait envie de lui faire un câlin, mais il tenait encore à garder une distance raisonnable entre eux. Il avait l'air nerveux lorsqu'elle s'était approchée pour voir son badge, donc elle se retint de lui donner une petite marque d'affection et se dirigea vers Magnolia Street. Et voilà que Monsieur appréciait que Ginny joue la jeune fille en détresse! Il devait être fier d'avoir aidé une Démone. Il l'écrirait peut-être dans son curriculum vitae, ça impressionnerait les employeurs. Ou ils le croiraient fou. Peu importe, plus ils s'approchaient, plus la rouquine voyait distinctement sa maison. Ginny voyait rarement sa maison de ce point de vue, elle avait l'habitude d'aller chez elle en passant par l'autre côté. Elle voyait la lumière de l'entrée allumée ainsi que celle du bureau de son père. Ce n'était pas étonnant qu'il travaille encore à cette heure-ci. Arrivée à sa boîte aux lettres, Ginerva attendit qu'Andrew soit à sa hauteur.

"Merci encore pour m'avoir aidée à atteindre mon antre! Je te promets que mon Maître ne saura rien de notre promenade. Mais je te propose un autre marché: tu dînes avec ma famille et moi et si jamais tu réussis à passer à travers ce souper, je m'arrangerais pour qu'aucun Démon ne vienne te hanter pour les cinq prochaines années."

Le plan derrière ce marché? Prouver à Andrew que sa famille n'était pas démoniaque, que roux n'égalait pas démon, exception faite d'Annie McCormick. Ginny espérait aussi consolider leur amitié naissante, même si c'était un peu grâce à un mensonge. La rouquine tendit la main vers le brun et lui sourit.

"Marché conclu?"

Si on avait dit à Andrew qu'à la fin de la soirée, il ferait "ami ami" avec une rousse, il aurait bien ri. Enfin attention, "ami ami" était une bien grande expression, disons qu'Andrew n'avait plus grand chose contre elle, excepté sa couleur de cheveux diabolique. Il avait découvert, à sa grande surprise, que les roux - ou au moins une rousse - pouvait être sympathiques. Mais automatiquement, il modéra sa pensée : après tout, il n'avait pas passé toute la soirée avec elle, juste un peu de temps, rien ne garantissait qu'elle ne lui tape pas sur le système au bout d'un moment ... Enfin, il pouvait bien arrêter d'être aussi chiant avec les roux, au moins pour ce soir. Ginny avait, après tout, bien défendu leur honneur. Elle méritait une médaille, il y avait dans ce monde tant de roux qui incitaient à détester leur communauté. Ginny était une bonne personne et Andrew n'était plus un idiot. Elle le soulignait d'ailleurs, il avait changé.

« Je me trouvais drôle pourtant avant, tu sais. Mais comme j'en paye encore les conséquences aujourd'hui, je suis obligé de dire que j'étais con ... Mais je n'y pense pas trop souvent car j'ai l'impression de prendre 15 piges quand je me dis ça ! » Il rit un peu, il devenait raisonnable à l'instar de ses parents et détestait ça. Bien sûr, il se garda de préciser qu'il regrettait surtout car, aujourd'hui, il ne pouvait plus boire une goutte d'alcool. Pas qu'il avait envie de retrouver ces situations d'antan, mais se dérider un peu et mettre ses actes regrettables sur le compte de l'alcool, c'était appréciable pour tout le monde. « Et moi je n'aurais pas découvert que je suis capable de parler à une rousse, je me sens comme Superman là, c'est un exploit que je viens de faire ! » Il était sincèrement fier de lui, de son acte surhumain. Après coup, il réalisa que Ginny pourrait se vexer de ses dires. Il la regarda alors, désemparé, et tenta de corriger le tir. « Enfin je ne dis pas ça contre toi hein, c'est sympa de parler avec toi je veux dire hein ... » Il détestait se justifier. Pire, admettre qu'il se justifier auprès d'une rousse. Décidément, il allait de surprise en surprise, et n'était pas au bout de ses peines, car Ginny lui fit une proposition bien saugrenue. Lui, dans une maison de roux ? C'était un véritable piège que Ginny lui tendait là, et il ne pouvait pas refuser car Andrew Davies ne repousse aucun défi ! Quelle traitresse, elle avait bien caché son jeu ! Elle avait fait ami ami avec lui, pour ensuite l'inviter dans la gueule du loup sans qu'il puisse décliner. Elle lui tendait un bâton et Andrew allait devoir se taper bien fort avec. « Je euh ... » Cette monosyllabe servait surtout à indiquer qu'il n'avait pas perdu l'usage de la parole. Il cherchait une réponse digne de ce nom, mais ne voyait aucune issue possible. Il était fait, une nouvelle fois. Ah moins que ...

« Je ne voudrais pas être impoli, mais pourrais-je venir avec Lou ? » Il lui fit un grand sourire de chat Potté. Il savait que Ginny et Lou s'entendaient bien, trop bien même selon le warrior. Jamais elle ne ferait de mal à une de ses amies. Ainsi, elle ne pourrait pas se débarasser d'Andrew en présence de Lou, le tour était joué !

En tous cas, qu'il soit saoûl ou non, Ginny se doute bien qu'Andrew restera immature. Pour elle, ce n'est pas trop compliqué: tous les gars sont immatures. Sauf les parents. Le destin les a obligés à cesser ce comportement débile. Dommage que les jeunes hommes ne le comprennent pas. Au moins, Andrew est du type immature-drôle. Pas immature-con. Saoûl, il devait être de la seconde catégorie, d'après ses paroles. Et il croit que d'admettre ça le vieillit? Andrew Davies risque de rester immature encore longtemps, c'est certain. Mais n'est-ce pas ça qui fait de lui un parfait bout-en-train? La rouquine rit avec lui, puis il lui parla de sa sensation d'être sur-humain au fait de lui parler. Avant de s'engouffrer dans d'étranges explications. Marchant dans l'allée de sa maison, Ginny rit et lui fit un signe de la main pour qu'il se taise.

"C'est bon, j'ai compris ce que tu voulais dire, pas besoin de te justifier. Et puis c'est plutôt moi qui ai réussi un exploit, celui de te faire apprécier les roux. C'est moi Superwoman, quoi!"

Superman et Superwoman. Joli duo! S'il pouvait remplacer le surnom de Ginny par celui-ci au lieu du Diable, ça serait bien. Sur le seuil de sa maison si adorée, la rouquine regardait Andrew d'un oeil amusé. Il se cherchait une excuse pour refuser son défi ou quoi? Il va faire sa poule mouillée, le Superman? Il ne faudrait pas, sa réputation de Mister Challenge risquerait d'en pâlir. Lorsque le mot 'Lou' sortit de la bouche du brun, les yeux de Ginerva se mirent à étinceler. Gosh, ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vue! Ça serait très bien qu'elles se revoient, même si en fait Andrew ne l'utilisait que comme bouclier. Pff, poule mouillée!

"Bien sûr que tu peux! Plus on est de fous, plus on rit! Alors, marché conclu?"

Ginny avait encore la main tendue vers le brun, grand sourire aux lèvres. Cette idée d'inviter Lou également était excellente, ça la réjouissait encore plus à l'idée de faire ce fameux souper.

Quand Ginerva se qualifia de Superwoman, Andrew la regarda d'un drôle d'air. Pour lui, ce personnage n'avait pas lieu d'être, ce n'était qu'une version féminine en carton du légendaire super héros, créée pour calmer les mouvements féministes qui se plaignaient à chaque fois qu'elles réalisaient qu'une chose était masculine. Seulement on a beau dire, mais une femme c'est fait pour cuisiner, repasser et faire le ménage. Or elle n'est pas encore née celle qui saura faire régner la paix dans le monde avec un balai. Certes, il y avait cette Raiponce et sa poêle, mais on a beau dire, sans Flynn Rider elle serait encore dans sa tour, la princesse perdue. « Désolé Ginny, mais non Superwoman n'existe pas, tu n'es pas elle quoi ... » Il eut soudain l'envie de se mettre une claque. Il y avait de grandes chances que Ginny soit une de ces féministes qui voudrait libérer le monde des hommes, et si elle se servait du diable pour faire payer à Andrew ses propos - vrais - mais machos ? Il devait vite trouver une alternative. « Mais tu peux être wonderwoman si tu veux ! » Il tenta un sourire maladroit, espérant qu'elle le lui rendrait ... Bien sûr, il se garda bien de dire que, selon lui, Wonderwoman n'avait été créée que pour satisfaire les hommes en rute, lassés de voir uniquement des corps masculins dans des costumes en latex. Ajoutez à ça une soudaine envie d'être dominé, et le tour était joué.

Elle avait accepté Lou, était tombé dans le piège d'Andrew ! Le warrior était ravi, en plus l'idée d'une soirée en compagnie de son amoureuse lui faisait toujours plaisir. « Oui, marché conclu on fait comme ça ! Dis le nous dès que ça peut se faire ! » Dernière étape avant de pouvoir rentrer chez lui : devoir serrer la main de la jeune fille. Pfff, maladroitement et pas très rassuré, il tendit sa main et s'executa. La peau de la rousse était un peu froide. Certes, cela était peut-être dû au fait qu'ils étaient dehors depuis un moment. Mais Andrew préféra croire que la jeune fille n'avait pas de coeur, comme il l'avait toujours supposé. Vite, mais pas trop, il retira sa main, et nota dans sa tête de la laver en rentrant chez lui. « A bientôt alors, et bonne soirée, ou plutôt bonne nuit ! » Sur ce, il tourna les talons et rentra enfin chez lui, impatient de retrouver son lit.

C'était quoi, le drôle d'air qu'Andrew venait de lui faire? Croyait-il que les rousses n'avaient pas le droit de sauver le monde? Pff, avec des pouvoirs et un habillement sexy, Ginerva ne se gênerait pas pour faire régner le bonheur et la paix parmi les habitants de Magnolia Cresent et aux alentours - en commençant par donner une bonne leçon à Dirty Secret, sinon la paix ne règne pas et en tant que rousse ayant des pouvoirs, elle connaîtrait l'identité de la personne qui se cache derrière ce pseudo, of course. Et puis elle pourrait voler, aller super-vite, avoir une force surhumaine... Mais Andrew gâcha sa vision de Ginny-la-Surfemme et lui remit les pieds sur terre. Ginerva lui jeta un regard froid, mais qui dura seulement quelques secondes puisque Andrew s'était repris. La rouquine ne connaissait pas vraiment la différence entre Superwoman et Wonderwoman, mais l'important était que toutes deux avaient des pouvoirs.

"Wonderwoman ça passe... En tout cas c'est toujours mieux que Catwoman!"

Beurk, Catwoman... quelle tepu, celle-là. Déjà que ça paraît que ces personnages de dessin animé ont été créés par des hommes, la femme-chat est la pire de tous. Bref, passons, sinon Ginny pourrait tomber dans une phase de tous-les-mecs-sont-cons-et-pervers-et-immatures, ce qui bien sûr est vrai. Andrew s'était finalement décidé à accepter la proposition de la rouquine après avoir négocié la présence de Lou, chose qui ne dérangeait absolument pas Ginerva. C'était Lou, quoi! Et la rouquine s'arrangerait pour que ça se fasse le plus tôt possible pour éviter qu'Andrew change d'idée et prenne la fuite si ça s'avérait trop long. Puis ce dernier prit la main de Wainwright. Une fois la main d'Andrew prise, Ginny le tira vers lui et lui fit un câlin. Son piège avait finalement fonctionné et le brun avait fait un câlin à une rousse, mouhaha! Elle le relâcha assez rapidement et lui fit un énorme sourire.

"À bientôt Andrew! Et fais de beaux rêves..."

La rouquine rit une dernière fois, puis fouilla dans son sac à la recherche de ses clés. Ce n'est qu'une fois la porte refermée qu'elle se rendit compte à quel point elle était exténuée d'avoir marché aussi longtemps. Elle alla donc rapidement rejoindre son lit, sur lequel elle se laissa durement tomber.

TERMINÉ