Lou avait envie de quitter sa maison. Ils y avaient passé tout l’après midi et cela relevait déjà de l’exploit. En général ils ne restaient jamais chez Lou car elle se sentait oppressée. Il n’y avait jamais de calme, et tout était un prétexte pour déranger la jeune femme. Surtout quand Andrew était chez elle. Ils ne pouvaient même pas regarder un film en paix de bout en bout. Elle préférait largement être chez le warrior, Juliet n’était pas chiante au moins. Elle laissait son frère faire sa vie et était souvent absente. Entrainant Andrew par la main, elle l’avait arraché aux griffes de sa mère qui avait finalement rendu son jugement au sujet des cookies. Ils étaient très bons, et avait même remercié Andrew de faire cuisiner sa fille. Agacée, elle lui avait dit qu’ils allaient mater un film chez le warrior et qu’elle serait là – normalement – pour le diner. Une fois dehors, Lou se rendit compte qu’il pleuvait beaucoup. Ils n’avait pris aucun parapluie, et même s’ils ne devaient traverser qu’une rue, ils avaient choisi le moment où l’averse était à son maximum pour sortir. Ne voulant pas courir, Lou marchait vite, trainant Andrew par la main, et ne lui laissant pas vraiment le choix. « Vite ! » fit-elle en accélérant le pas. Ils se retrouvaient désormais sous le porche de la maison numéro 10, mais trop tard, ils étaient trempés. Andrew ouvrit la porte, et laissa passer Lou bien évidemment (a). Enlevant ses chaussures mouillées, Lou se sentait un peu comme chez elle ici. Depuis ces derniers mois, il fallait dire qu’elle y passait le plus clair de son temps. « C’est de ma faute si on s’est pris l’averse, mais je ne pouvais pas rester avec ma mère une minute de plus. » elle baissa les yeux, consciente qu’Andrew n’avait rien à reprocher à Mme Robinson, et que ses rapports conflictuels avec elle devait relever du mystère pour lui.

Cependant elle ne souhaitait vraiment pas s’étendre sur le sujet. Elle était encore calme et sereine et voulait que cela reste comme ça. « J’ai froid ! » remarque sans doute stupide, étant donné qu’ils venaient tout deux de se prendre la pluie, mais Lou n’avait rien pour se changer. Or, elle ne voulait pas faire de remarque à ce sujet, connaissant l’esprit perverti de son copain. Elle avait vraiment envie de se poser tranquillement. « Oh, j’ai une idée, on se fait un chocolat chaud ? » il ne manquait plus que de faire un feu dans la cheminée et faire griller des marshmallows. Ça aurait pu être tellement romantique, quoi qu’elle ne le voyait pas trop lui faire griller des marshmallow et lui donner ensuite à manger. Elle le regardait avec de grands yeux, en réalité, elle adorait ces jours pluvieux où rester enfermer est la meilleure des choses à faire, et qu’elle entendait la plus cogner contre ses carreaux alors qu’elle était blottie sous sa couette. Le mieux, étaient les jours où elle pouvait en effet ne rien faire, et en plus profiter de la compagnie d’Andrew pour cela.

Qui aurait pu prévoir que la pluie rabattrait sur eux ? Pas Andrew. Il essayait d'être le petit ami parfait pour Lou : il multipliait les petites attentions, était aux petits soins avec elle, faisait des efforts pour moins flemmarder, était jaloux de tous les garçons qu'elle côtoyait, ne fréquentait pas les filles qu'elle n'appréciait pas ... Cependant il était incapable de penser à vérifier la météo. Ainsi, ils se retrouvèrent trempés de la tête aux pieds en arrivant chez lui. Désolé, il posa un regard confus sur sa petite amie. Fort heureusement, la situation ne semblait pas la gêner, et Lou enleva ses chaussures de la façon la plus sereine au monde, et rejeta même la faute sur elle. Ils auraient pu partir quelques minutes plus tard, quand l'averse aurait cessé, c'est vrai, Andrew n'avait même pas envisagé cette éventualité. Mais Lou évoqua une nouvelle fois sa relation conflictuelle avec sa mère. Celle-la même dont elle ne voulait pas parler avec son petit ami. Quand Lou se plaignait de sa mère, Andrew ne savait jamais quoi lui dire. Elle lui en voulait pour son remariage, pour Anaïs ... Mais le jeune homme était complétement démuni sur ce sujet, aucune parole réconfortante ne lui venait à l'esprit. Car il n'imaginait ni Johan divorcer, ni Anaïs disparaitre. C'était donc à Lou d'accepter la situation, ou tout au moins de prendre son mal en patience. Mais il n'était pas assez maso pour fournir une telle réponse à sa petite amie, surtout quand elle était énervée. Il imaginait déjà son regard qui le foudroierait sur place. Non merci. « Tu remarqueras que tu n'aurais plus à supporter l'ambiance de chez toi, si tu habitais ici, mais bon ! » Il hocha la tête pour appuyer ses dires, mais au fond tous deux savaient que là était la seule solution : Lou n'avait d'autre choix que de quitter sa maison pour ne plus supporter et son beau père et sa demi-soeur. Il n'avait d'ailleurs jamais compris pourquoi elle avait fait ses études à Magnolia, pourquoi elle n'avait pas quitté la ville ou tout au moins pris un appartement. Mais il avait peur de l'énerver en abordant ce sujet tabou.

Lou lui prouvait d'ailleurs une nouvelle fois qu'elle ne souhaitait pas s'y attarder : elle changea de sujet en précisant qu'elle avait froid. Tu m'étonnes (sisi je fais mon rp au tu aiiight), vu la drache qu'ils s'étaient pris. Andrew n'avait qu'une envie, enlever ses vêtements trempés. Mais il savait très bien ce qui arriverait ensuite, et ensuite, et ensuite ... Ne lui déplaise, cependant Lou eut une meilleure idée. Un chocolat chaud, c'était polisson à souhait. « Un chocolat chaud ? Je crois que nous devrions plutôt enlever nos vêtements trempés. Il en va de notre santé, nous risquons d'attraper un rhume ! » Il arbora une petite grimace, oui leur santé le préoccupait vraiment. Il se rapprocha d'elle, passant ses bras autour de sa taille et la regardant droit dans les yeux, en attente de sa réponse. Et un simple petit baiser sur son front trempé. Il enleva les cheveux mouillés qui s'étaient collés sur son visage. Ils étaient dans un piteux état, elle et lui, mais même ainsi elle restait magnifique. Ils pouvaient même se déshabiller là maintenant tout de suite, Juliet n'était pas là. Ce matin elle lui avait précisé qu'elle voyait Adrian, encore. Andrew ne la comprenait toujours pas, leur situation ne s'arrangeait toujours pas mais elle s'obstinait encore et encore. Alors que ce mec était le dernier des connards et qu'elle était la femme parfaite. Honnêtement, Andrew imaginait déjà le tableau : si Juliet et Adrian se séparaient, des tas de prétendants accoueraient à la fenêtre de la belle pour lui chanter la sérénade. Et il savait très bien qu'il exagérait à peine. Tout le monde rêvait d'une femme comme sa soeur. Parfaite, et naïve. Mais elle préférait encore cet idiot. A penser à sa soeur et à Adrian, Andrew s'était énervé tout seul. Finalement, le chocolat chaud serait une bonne idée. Il s'écarta donc de sa petite ami en rageant, et se rendit dans la cuisine pour préparer les fameux chocolats chauds. « Raaaah que je suis idiot ! Je me suis souvenu qu'on avait encore la maison pour nous tout seuls, que Juliet était avec ce conn*rd d'Adrian, et je suis maintenant vener. Mais pourquoi ne le lâche-t-telle pas ?! » Il s'excita contre la bouteille de lait et en renversa sur le plan de travail. Décidément, ce mec le mettait hors de lui.

Certes la pluie les avait pris par surprise, mais Lou était bien contente de se trouver dans la maison d’Andrew. C’était un peu son havre de paix. Evidemment, Andrew ne put s’empêcher de faire une remarque qui déstabilisa une nouvelle fois Lou. Il remettait sur le tapis cette volonté d’habiter ensemble. Elle pensait pourtant avoir eu le dernier mot là dessus. Surtout qu’elle sentait bien que quoi qu’elle ajoute il allait mal le prendre. Elle voulait juste prendre son temps, y aller doucement et préserver leur relation. C’était si mal que ça ? D’accord venir habiter chez lui présentait de nombreux avantages, mais cela dérangeait beaucoup Lou, surtout au sujet de sa sœur, qui n’était même pas au courant qu’Andrew venait de lui proposer cela. Il ne pouvait pas lui imposer son choix. Son attitude laissait croire qu’il plaisantait, mais malgré tout Lou sentait bien que leur précédente conversation avait laissé des traces. « Ils seront juste en face, ça ne serait pas si différent. » car elle se doutait bien que sa mère n’allait sûrement pas la laisser comme ça. Non pas qu’elle voulait embêter par tous les moyens, mai Joahn était une mère aimante, et allait forcément s’inquiéter que Lou quitte le domicile familiale pour s’installer avec Andrew, qui aussi super soit-il n’était pas connu comme le plus stable des petits amis. Elle avait vraiment envie d’éviter qu’elle ne rejette la faute sur lui alors que pour le moment ils entretenaient de bons rapports.

Cependant les sujets sérieux ne faisaient jamais long feu avec eux. Lou venait d’évoquer l’idée de faire un chocolat chaud, pour se réchauffer, et immédiatement le jeune homme avait rebondi en disant qu’il valait mieux qu’ils quittent leurs vêtements. Elle sourit, et il s’approcha d’elle, passant ses bras autour de sa taille, déposant un délicat baiser sur son front. Elle ne savait pas quoi répondre, elle était un peu comme hypnotisée quand il se montrait si attentionné. Elle n’arrivait décidément pas à s’y faire. Cet Andrew là l’étonnerait toujours. « Ce n’est pas comme ça qu’on va se réchauffer. » répondit-elle pour le taquiner. Et pourtant, bizarrement et surtout contre tout attente, il décida vraiment d’aller faire des chocolats. Ce n’était pas son genre de renoncer comme ça, et Lou soupçonnait que quelque chose le tracasse. C’était peut-être encore cette histoire d’habiter ensemble. Il l’avait peut-être mal pris. Anxieuse, Lou attendit qu’il reprenne la parole, afin d’être fixée. Et c’était le fait qu’ils aient la maison pour eux qui le mettait dans tous ses états. Lou ne savait pas si elle devait mal le prendre, ou non. Andrew voulait en fait en venir au fait que Juliet passait son temps à courir derrière Adrian, alors que – selon les dires d’Andrew – il n’était pas le mec idéal pour elle et que en gros, elle se cassait le cul pour rien. Lou ne savait pas trop quoi répondre ; elle trouvait Adrian charmant, à tout points de vue. Depuis son enfance elle le côtoyait, et il ne lui avait jamais semblé être ce connard qu’Andrew s’amusait tant à décrire. « Calme toi, déjà. » fit-elle en le rejoignant dans la cuisine, tout en le regardant préparer les boissons. « Tu ne peux rien faire, si Juliet est amoureuse de lui, respecte le. » elle savait bien que ce n’étaient pas les paroles qu’il avait envie d’entendre, mais il n’avait pas le droit d'interférer dans leur relation.

Andrew savait pertinemment qu'évoquer ce problème ne le résoudrait pas, au contraire. Il risquait juste d'envenimer la situation déjà tendue. Mais c'était plus fort que lui, il n'en démordait pas. Andrew détestait quand ses proches ne partageaient pas son avis, encore plus quand il s'agissait de Lou. Ses pensées étaient toujours logiques, ses opinions fondées ... Et que Lou emménage chez lui était la meilleure des solutions. Pourtant, elle ne pensait pas comme lui, mais il était incapable de l'accepter, car incapable de comprendre sa vision de la situation. « On aurait pu déménager ailleurs aussi » Il réalisa trop tard que sa proposition allait amener sur le tapis un nouveau débat. Or, il ne voulait pas d'une autre conversation avec Lou dont l'issue pouvait être compliquée. Une par jour était assez fatiguant. Alors vite, il choisit le ton de la rigolade, pour sauver la donne. « Dans une caravane par exemple. Tu ferais serveuse dans un café le jour, moi garçon boucher. Tu nous ramènerais de ton taff la bouffe qui tombe par terre et donc qui ne peut pas être servie, et la nuit je conduirais pour pas qu'on paye de parking. » Il le cacha bien, mais au fond il s'en voulait d'avoir dévié sur une plaisanterie. Car déménager hors du quartier, selon lui, n'était pas une si mauvaise idée. Mais ils avaient évoqué assez de déménagement pour aujourd'hui.

En plus, ils devaient d'abord trouver comment se réchauffer. La pluie les avait sacrément amoché. Lou était contre la solution d'Andrew, à savoir se mettre tout nus. Certes, sans vêtements ils seraient encore plus frigorifiés, mais seulement s'ils restaient debout sans rien faire. Or Andrew serait incapable de rester immobile avec une Lou toute nue devant lui, ce n'était pas humain. Malheureusement pour lui, évoquer sa soeur avait rabaissé sa libido au ras des pâquerettes. Et Lou n'arrangeait pas son humeur. Tout en nettoyant le lait renversé sur le plan de travail, il tentait de se calmer. Le micro onde sonnait déjà mais ses nerfs étaient toujours en pelote. Il sortit la première tasse, fit chauffer la seconde, mit du Nesquik dans la tasse de lait chaud, rien à faire. Alors, pour gagner du temps, il entreprit de chercher des biscuits. Mais à peine avait-il ouvert le placard magique - celui qui renfermait tous les biscuits, bonbons, et autres, qui fut verrouillé avec un cadenas durant toute l'enfance du garçon - Lou fit tomber la petite goutte d'eau qui fit déborder le vase. « Comment ça je ne peux rien faire ? Bien sûr que si je peux lui ouvrir les yeux ! Un tas de rumeurs courent sur lui, je ne compte plus le nombre de fois où il annule leurs projets à la dernière minute, et je ne te parle que des fois où il la prévient ! Il se sert d'elle, l'utilise comme un jouet. Et elle, elle est trop obsédée par l'idée de fonder une famille parfaite. Mes parents l'ont complétement aliénée, elle ne réalise même pas qu'elle est malheureuse, mais pense au jour où elle va se réveiller !! » Trop tard, il était sorti de ses gonds. Il pleurait presque, tant la situation de sa soeur le dégoûtait. Elle méritait tellement mieux. Elle était tellement bonne, généreuse avec tout le monde. Pas comme ces femmes aigries comme Judith Livigstone ou Katlina Evans, qui détruisaient leurs familles. Juliet méritait le meilleur, et elle avait hérité du pire. Elle passait ses journées enfermée ici, ou s'occupait de la maison. Andrew l'avait supplié plusieurs fois de se trouver une occupation. Mais il sous entendait un métier, des études, et Juliet comprenait œuvres caritatives et autres actions dignes d'une femme au foyer. Andrew ne la laisserait pas finir ainsi. Si une bitch comme Bree Van de Kamp avait eu droit au bonheur, Juliet Davies le méritait aussi.

Désormais, Andrew partait en plein délire. Il venait de proposer de démanger ailleurs. Avec quel argent ? Où ? Comment ? La vie n’était pas si facile, certes ils avaient eu la chance d’appartenir à un milieu favorisé, mais sans leurs parents ils n’avaient pas grand chose. Lou se consacrait à ses études vraiment beaucoup et n’envisageait pas de bosser en parallèle, en tout cas pour le moment. Andrew ne semblait voir que les aspects positifs des choses, oui vivre à deux relevait du domaine paradisiaque mais ils ne pouvaient pas vivre dans une bulle coupée du monde extérieur. Quand elle voulut lui répondre, il s’empressa d’ajouter une blague, Lou voyait bien qu’il n’avait pas envie de revenir dans le débat. Elle se contenta donc de lâcher un rire. « Mais bien sûr, tout ce que tu veux. » fit-elle en levant les yeux au ciel. Néanmoins elle ne pouvait s’empêcher de le trouver attachant. Il avait vraiment envie de construire sa vie future avec elle, Lou était contente de voir qu’il n’envisageait pas leur relation comme une simple passade ou amourette de jeunesse.

Alors qu’il avait décidé de s’affairer au fourneau pour la deuxième fois en un seul jour, Andrew semblait être passablement agacé de la relation que Juliet pouvait avoir avec Adrian. Certes, Lou ne pouvait avoir la même vision des choses que le warrior car elle ne côtoyait pas le couple ensemble, mais Adrian lui semblait vraiment être quelqu’un de bien. Du moins, dans son enfance, elle avait toujours un peu idéalisé le jeune homme ; c’était le grand frère d’Heathcliff, le mec qu’on ne pouvait pas vraiment approcher mais toujours dan les parages, il était un peu mystérieux, et franchement Lou ne savait pas pourquoi Andrew le traitait ainsi. S’il se retrouvait dans la même situation et que Mike ou Jérémy lui faisait subir un mauvais traitement, que dirait-il ? Elle le regarda s’énerver pour rien, et eut envie de le prendre dans ses bras pour le consoler. Même quand elle avait envie de lui faire la morale, elle avait envie de le câliner. Elle l’écouta patiemment, alors qu’il s’agitait dans tous les sens. Elle n’aurait jamais cru que cette histoire l’affectait autant. Elle s’approcha doucement de lui et le prit par les mains, elle voulait qu’il se calme dans un premier temps. « Doucement. » elle lui fit un léger sourire. « Écoute Andrew, je sais bien que ça te dérange et que tu es inquiet pour ta sœur. Et je trouve ça très mignon, mais tu ne peux pas t’interposer entre eux. Juliet est capable de faire ses propres choix non ? » elle fit un pause, et posa son regard sur lui, elle avait un peu peur qu’il pète encore un câble et l’envoie valser par la même occasion. « Laisse lui le bénéfice du doute. » elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il entendait par rumeur. Elle n’avait pas non plus envie de le lancer sur le sujet, apparemment il était totalement incapable de faire preuve d’objectivité.

Leur emménagement ensemble était désormais un sujet clos, mais aussi tabou. Jamais Andrew ne le remettrait sur le tapis, trop sensible, trop délicat. Tant pis, ils ne savaient pas ce que l'avenir leur réservait de toute façon. Mais dans leur futur proche ne figurait pas une vie à deux, le warrior l'avait désormais assimilé non sans regret. Sa déception n'était pas seulement motivée par le refus de Lou. Andrew réalisait aussi qu'il était trop impliqué dans cette relation, beaucoup plus que dans ses relations précédentes. ça allait vite, très vite, mais jamais il n'avait jugé que ça allait trop vite. Maintenant que Lou ne partageait pas ses opinions, il se remettait en question. Ils n'étaient peut-être pas sur la même longueur d'onde finalement, et il était le nigaud, le dindon de la farce.

Peut-être était-ce de famille, de se faire avoir. Peut-être que les Davies portaient le gêne de la naïveté accrue dans leurs relations amoureuses, cette explication solutionnerait beaucoup de problèmes en suspens. Cela expliquerait aussi pourquoi Lou avait rejoint la Team Adrian au lieu de celle de sa belle-sœur. Mais le warrior était peut-être simplement trop naïf, aveuglé par l'amour. Comme Juliet. Soudain, conscient qu'ils étaient plus semblables que ce qu'il avait pu penser, il n'eut plus le coeur à détester Adrian. Et si les rôles avaient été inversé, que Juliet n'avait pas apprécié Lou ? Andrew aurait ressenti beaucoup de peine. Lou lui montrait malgré elle qu'il était temps de cesser ses discours héroïques avec sa soeur. Son rôle de frère était de la soutenir et d'accepter ses choix, aussi douteux soient-ils. « Tu ... Tu as sans doute raison » Sans savoir pourquoi un sentiment de gêne l'envahit. Alors, il retourna au placard de biscuits, tentant de se calmer. Il sortit un paquet d'oréos, des guimauves en chocolat, des chamallows, des pépites de chocolat. Puis il prit une bombe de chantilly dans le frigidaire. Les deux chocolats chauds étant prêts, il s'activa à leur décoration. Il aurait voulu arrêter de parler de sa soeur, passer à autre chose comme si de rien était. Mais ça ne fonctionnait pas comme ça. « Ils sont ensemble depuis leurs 14 ans ! Elle l'a largement eu, le bénéfice du doute, tu ne crois pas ? » Appuyant rageusement sur le diffuseur de la bombe de chantilly, il sentit sa colère remonter d'un cran. Tant pis, ils se mettront de la chantilly sur le visage en buvant. Il rangea la bombe et s'activa avec les pépites de chocolat, posa ensuite un chamallow sur la chantilly pleine de pépites. Mais il n'était toujours pas calmé, il avait besoin de gagner encore un peu de temps. Désespéré, il jetait des regards partout dans sa cuisine, cherchant une excuse pour s'affairer encore sur les deux tasses. Quand il aperçut son petit chalumeau de cuisine, qui traînait près des plaques chauffantes. Il l'avait ramené de Londres, pour brûler les crèmes brûlées ce truc était parfait ! N'arrivant jamais à retenir le nom, il l'appelait "pistolet à feu" depuis tout petit, du temps où d'un oeil émerveillé, il regardait sa soeur cracher du feu avec ce gros briquet. Il attrapa donc le sien et s'appliqua à dorer les chamallows. Cette tâche méticuleuse eut l'avantage de l'occuper, de le distraire ... Il oublia ainsi quelques minutes le long silence gênant qui régnait dans la pièce. Mais désormais, il n'avait plus d'alternative. Il sortit un plateau, y posa toute la nourriture, et se tourna alors vers sa petite amie non sans regret. « On se pose dans le canapé devant la télé sous une grosse couverture ? Ou dans mon lit ? » Honnêtement, Andrew priait pour qu'elle choisisse la télé. Au moins, ils n'auraient pas à converser et le silence ne serait pas gênant. Car après leur nouveau différent, ils ne risquaient pas d'être très bavards dans son lit, ou même très excités.

Patiemment, Lou essayait de donner à voir son point du vue à Andrew. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il change d’avis en un claquement de doigt, mais elle pouvait au moins espérer le calmer un peu. Elle détestait le voir dans cet état, mais en même temps c’était touchant de le voir régir de la sorte. Jamais elle ne l’avait vu se mettre aussi en colère. Même eux quand ils se disputaient il n’était pas animé par un tel feu. Il semblait entendre raison et se calmer un peu, enfin non pas se calmer. Bizarrement il s’agita encore plus. Il ne voulait pas rester inactif. Lou avait beau lui avoir pris les mains pour le rassurer, il fallait qu’il quitte le moindre contact physique. Elle soupira et le regarda s’agiter ailleurs. Il continuait la préparation des boissons, et Lou ne faisait que de le suivre des yeux, ne sachant même pas si elle pouvait le déranger dans sa petite routine. Malgré tout il n’arrivait pas à se sortir Juliet de la tête. « C’est vrai qu’ils étaient jeunes, mais on reste forcément attaché à son premier amour. » elle essayait de se mettre à la place de Juliet. Elle devait vraiment l’aimer comme une dingue pour s’accrocher à lui, alors qu’Andrew pointait du doigt tous les défauts de leur relation. Peut-être qu’elle faisait partie de l’infime partie des gens qui ne pouvaient pas oublier le premier amour. Elle ne savait vraiment pas quoi dire, elle ne pouvait pas s’impliquer davantage dans cette histoire, elle n’avait aucun droit de juger Juliet, ou même Adrian. « Tu en as parlé directement avec elle ? » risqua-t-elle quand même. Elle n’aimait pas rester impuissante, surtout quand Adnrew semblait si perturbé.

Il attrapa le chalumeau de cuisine et Lou eut peur qu’il mette le feu de rage à sa maison. Mais non, délicatement il s’appliquait à faire griller les chamallows. Décidément, la cuisine c’était vraiment son dada. Après avoir sorti un plateau dans le plus grand silence, il mit tout dedans et osa enfin adresser la parole à Lou. Il lui demandait où elle voulait aller. « Sous la couette. » répondit-elle instinctivement. Un frisson venait de parcourir son échine, elle n’oubliait pas qu’elle avait froid, vraiment froid. Et qu’elle ne séchait pas. Elle voulait vraiment se mettre au chaud sous la couette, tranquillement. Elle essayerait de rattraper la situation après. Il n’allait pas rester de mauvaise humeur aussi longtemps. Impossible, elle le connaissait trop bien, il allait finir par craquer, ou du moins Lou le ferait craquer. Elle décida d’emboîter le pas, direction les escaliers et ensuite la chambre de son amoureux. Une fois à l’étage, elle entra la première, elle se sentait vraiment comme chez elle. Elle s’assit sur le lit et attendit qu’Andrew s’occupe de tout. Son hyperactivité allait bien reprendre à un moment ou à un autre non ?

Automatiquement, Andrew se demanda si Lou était restée attachée à Christian. Quand elle avait prononcé les mots "premier amour", il avait concentré toutes ses forces pour ne pas se poser cette question, mais ce fut malheureusement plus fort que lui. Après tout, cette interrogation était restée latente dans son esprit, il était normal qu'elle finisse par s'exprimer un jour. Néanmoins, il ne voulait pas la question, pas maintenant, pas quand l'ambiance dans leur couple était légèrement tendue, mais qu'ils faisaient comme si de rien était. Même si Andrew préférait largement ce comportement - il détestait conflits et discussions sérieuses, et avait eu son lot pour au moins un mois - il n'était pas maso au point d'aborder un autre sujet qui fâche. Or, Christian Livingstone était devenu un sujet tabou entre les deux amoureux. « De temps en temps j'essaie, nous ne sommes pas si proches que ça elle et moi, tu sais ... » Il marqua une pause, bien sûr que sa relation avec Juliet l'avait toujours un peu déçu. Aujourd'hui il regrettait de ne pas avoir été plus proche d'elle. Ils étaient très différents c'était un fait, mais elle restait sa soeur. Aujourd'hui, il était trop tard pour réparer cette erreur. « Et puis elle est trop comme mes parents » Un long soupir s'échappa de sa bouche. Les Davies étaient deux opposés : Andrew ne rentrait pas une seconde dans le moule forgé par ses parents, Juliet y convenait beaucoup trop.

Cette discussion était donc sans fin, ni plus ni moins. Alors, la conclure au plus vite n'était pas du luxe. Et monter dans la chambre du jeune homme, donc, puisque Lou l'avait décidé. Lui, honnêtement, ne savait pas quoi en penser. Parler de sa soeur - et surtout d'Adrian - l'avait rendu absent. Il avait mis son cerveau sur pause pour ne pas vraiment tergiverser sur les dires de Lou, qui différaient trop des siens. Alors, il acquiesça simplement sa réponse, et en aurait fait de même si elle avait choisi le canapé du salon, le garage ou la salle de bains. Il la suivit dans les escaliers, non sans remarquer l'aisance de Lou dans cette maison. Et pourtant, elle ne voulait pas vivre ici ... Vite, Andrew stoppa net son esprit : hors de question de s'aventurer sur ce sujet une nouvelle fois. Et pour une fois, ses pensées furent dociles. Tandis qu'elle s'asseyait sur le lit, il posa le plateau sur ce meuble trop bordélique pour l'appeler "bureau". Il se tourna alors vers elle, s'appuyant sur le meuble sans nom. « Nos fringues sont trempées, si on va sous la couette comme ça mes draps vont l'être aussi ! Et Juliet ne sera sûrement pas là pour les changer ce soir, donc vous allez devoir vous déshabiller mademoiselle ! » Même si cette proposition transpirait la polissonnerie, le jeune homme était à mille lieux de cela. Il en avait presque honte : avoir sa petite amie nue dans son lit et aucune petite lumière ne clignotait dans sa tête. Non. Il se contenta de déboutonner sa chemise, tout en débarrassant sa table de chevet des divers objets inutiles. Tout comme lui, Lou avait décidé de ne pas être bavarde. Pour briser ce silence qui le gênait, Andrew alluma sa chaîne hifi et mit la première station de radio qu'il capta. Il ne savait même pas ce qu'il espérait. Peut-être un déclic, une chanson magique qui ferait que la situation redeviendrait normale, que leur complicité légendaire referait surface dans l'instant, au lieu de pointer aux abonnés absents.

Lou ne savait pas quoi dire. Elle avait conscience de ne pas être le meilleur soutient possible pour Andrew. Elle était comme ça. Elle devait dire ce qu’elle pensait, même si cela risquait de ne pas plaire à son copain. Il la connaissait. Après tout, ce n’était pas un scoop. Lou Huntington n’aimait pas taire ses pensées. Elle aimait beaucoup cet aspect de sa personnalité, mais présentement elle détestait l’image que cela renvoyait d’elle ; elle n’était pas la meilleure des petites amies pour Andrew. Elle venait subitement de se rendre compte que ce dont Andrew avait besoin c’était plus d’une personne qui le soutenait et qui le comprenait plutôt qu’une personne qui cherchait à le sermonner. Elle haussa les épaules à sa réponde sur sa sœur. Elle voulait se rattraper mais ne savait pas vraiment comment s’y prendre. Elle était tout bonnement impuissante face à la situation et malgré toute sa bonne volonté elle ne pourrait jamais faire vivre tout le monde au pays des petits poneys !

Innocemment, et surtout instinctivement elle avait décrété qu’ils devaient aller boire leur chocolat bien au chaud sous la couette d’Andrew. Autrement dit dans sa chambre, dans son lit. Alors qu’ils avaient la maison pour eux tout seuls. Une fois qu’elle fut en haut, elle s’assit sur le lit du warrior, attendant qu’il prenne les choses en mains. Comme Lou lui avait en effet fait remarquer, que cette maison restait la sienne. Or, Lou avait tendance à se montrer un peu trop à l’aise ici et ne voulait pas donner l’impression à Andrew qu’elle avait changé d’avis. Certes, elle avait définitivement envie de vivre avec Andrew plus tard, mais pour le moment elle restait sur sa position ; même si l’argumentaire d’Andrew ne l’avait vraiment pas laissé indifférente. Voilà que maintenant il la sommait de retirer ses fringues pour ne pas mouiller ses draps. Là elle retrouvait son copain ! Polisson jusqu’au bout des ongles. S’apprêtant déjà à répliquer pour l’embêter un peu, Lou eut la mauvaise surprise de voir que le jeune homme enlevait sans pantalon sans même faire attention à Lou. En temps normal, il l’aurait fixé comme un idiot juste pour la mater. Elle le regarda interloqué, il était cassé ou quoi ? Lou voulait qu’on lui rende son petit copain, tout de suite maintenant ! Au lieu de ça il alluma la chaine hifi et un air de Jazz se fit entendre. Obéissant à Andrew en silence, Lou entreprit donc d’enlever son pantalon, à son tour. Cependant, elle n’alla pas immédiatement sous la couette. Elle se leva et alla vers Andrew, alors elle le prit par la main et le fit s’asseoir sur le lit. Il ne disait rien et apparemment était toujours en mode veille. Elle s’assit alors sur lui, et le prit dans ses bras. Elle voulait vraiment se racheter de sa conduite. Elle voulait vraiment être présente pour lui, même si elle ne partageait pas son point de vue. « Chéri… » commença-t-elle d’abord sans vraiment avoir réfléchi à la suite. « Je trouve vraiment ça mignon que tu te montres aussi protecteur avec ta sœur. » elle afficha un sourire et se blottit ensuite contre lui. « Est-ce que ça va ? » demanda-t-elle finalement. S’il avait quelque chose sur le cœur, elle voulait vraiment savoir.

La situation était gênante, l'air lourd et pesant. Andrew détestait ces conversations où les non-dits se multipliaient, où chaque phrase présentait des sous-entends pour l'un comme pour l'autre. Ils avaient beau être fusionnels, ils n'étaient pas capables de parler de tout. Quand ils étaient en désaccord, ils s'exprimaient alors à demi-mots, de peur de blesser l'autre, de provoquer une dispute ... Sauf que là étaient les signes mêmes d'une dispute imminente. Andrew n'acceptait pas du tout le fait que Lou tolère le comportement d'Adrian. Les faits étaient les faits, et ici ils montraient un personnage tout à fait exécrable avec sa pauvre soeur.

Alors, quand Andrew lui demanda où boire leur chocolat chaud, il espéra un peu qu'elle prétexte un rendez-vous imprévu pour rentrer chez elle. Puis, ils se reverraient ce soir, la crise serait oubliée et ils feraient comme si rien ne s'était passé. C'était lâche et immature, mais Andrew préférait traiter les problèmes de la sorte. Même si sa solution consistait à les ranger dans un coin, sans les résoudre vraiment. Alors oui, ce sujet pourrait leur exploser à la figure plus tard. Mais pour l'heure, ils auraient été saufs. Malheureusement, Lou ne l'entendait pas de cet avis. Qu'importe, elle ne pourrait pas compter sur Andrew pour être de bonne humeur. Effectivement quand il la somma de se déshabiller, pour épargner ses pauvres draps innocents, il ne prit même pas la peine de la regarder. Alors que d'habitude, il prenait un malin plaisir à la fixer, exagérant un peu certes, mais toujours complétement gaga quand il la voyait presque nue. Il connaissait son corps par coeur, mais le plaisir était toujours le même qu'au premier jour. Andrew et Lou n'avaient toujours pas quitté la période niaise, celle dans laquelle on atterrit après avoir répondu "oui je veux bien être ton amoureuse". Depuis 10 mois ils étaient des amoureux transi, et c'était un peu pour ça qu'ils étaient incapables de gérer sérieusement les crises. Il n'y a pas de crise, au pays des Bisounours, il n'y a que des sucreries et des câlins. Sauf que aujourd'hui, ils ne pouvaient plus passer outre. Pourtant, c'est avec une étreinte que Lou tenta de le calmer. Bien consciente de ne pas avoir affaire au même Andrew que d'habitude, elle vint s'asseoir sur ses genoux, le serra fort ... Puis fit appel à sa sincérité. Elle en demandait beaucoup. Trop. « Oui ça va. » Il tenta de se lever, d'échapper à cette discussion à laquelle il ne voulait pas prendre part. Mais Lou n'était pas de cet avis. De toutes ses forces, elle l'empêcha de se lever. Bien sûr, il était aisément capable de se mettre debout, avec elle dans ses bras, et de la jeter ensuite sur le lit, aussi légère qu'un ours en peluche. Mais il la connaissait : elle risquait de ne vraiment pas apprécier. Les voilà donc, face à leur première confrontation. Leur première vraie divergence d'opinion. Andrew n'avait jamais eu le monde d'emploi, il ne savait pas quoi faire, quoi dire. Il aurait bien posé la question à Lou, mais connaissait déjà la réponse : "dis moi ce que tu penses". « Non voilà ça va pas, on n'est pas d'accord et j'aime pas ça. Pourquoi on ne partage pas toujours le même avis hein ? Je trouve ça mieux, et plus pratique quand même. » Un peu honteux, il baissa la tête. Sans savoir pourquoi, il avait le pressentiment que sa petite amie allait hausser la voix. Voire l'engueuler. « Et ça me fout un peu en rogne que tu défendes ce mec alors qu'il gâche la vie de ma soeur. » Il avait bien réfléchi à chacun de ses mots, même si Adrian ne méritait pas un tel traitement de faveur. Mais si Andrew l'avait qualifié de "connard", Lou n'aurait très certainement pas apprécié.

Lou n’allait pas se voiler la face. Elle essayait clairement de redonner à Andrew le sourire, ou du moins essayer de comprendre pourquoi il se montrait si bizarre avec elle. Elle se demandait si elle l’avait déçu. S’il lui en voulait de lui dire ce qu’elle pensait. Au lieu de s’en montrer révoltée, Lou se sentait coupable et détestait ce sentiment. Elle était impuissance face à Andrew. Une vraie chiffe molle. Elle ne se reconnaissait pas. Elle avait l’impression de ne plus être la même qu’avant. Elle était devenue bine trop tendre. Andrew la rendait comme ça. Elle n’y pouvait rien. Elle était heureuse avec lui, n’avait plus envie de se prendre la tête pour rien et de rager pour pas grand chose. Elle voulait juste être paisible, et être avec lui. Alors, elle avait essayé de le clamer. Elle s’était assise sur ses genoux, l’avait pris dans ses bras, et calmement lui avait demander de s’expliquer. Au début, il n’osa pas dire la vérité. Lou ne comprit pas pourquoi. Où était l’intérêt de mentir ? C’était indéniable. Avait-il besoin de preuve ? Lou pouvait lui en donner à la pelle. La première c’est qu’elle était à moitié nue et ne s’était pas encore pris de remarque polissonne dans la tronche. Pire, il essayait de se détacher d’elle. Il avait envie de s’enfuir, de la quitter ? Subitement Lou eut très peur, et si au final tout cela les menait à une séparation ? Elle ne l’aurait pas supporté, ça non. Elle se disait toujours ô combien sa relation avec le jeune homme était spéciale. Elle n’avait vraiment pas envie de la mettre en danger. Il fallait qu’ils aient une vraie discussion.

Elle resta vissée à ses genoux, et finalement il abandonna l’idée. Mieux, il lui disait enfin la vérité. Lou ne savait pas vraiment quoi en penser. Il venait de baisser les yeux, un peu comme un enfant qui venait de se faire choper parce qu’il avait fait une bêtise. « Parce que si on était toujours d’accord on deviendrait chiants bien vite, tu ne crois pas ? » déjà qu’ils faisaient un peu vieux couple, à toujours être collé l’un à l’autre, à toujours sortir à deux. Elle essayait vraiment de rester le plus patiente possible, mais les dernières paroles qu’il prononça ne pouvaient pas tomber dans l’oreille d’un sourd. « Écoute, j’essaie simplement de te faire relativiser la chose. » elle releva doucement le visage d’Andrew pour qu’ils se regardent les yeux dans les yeux. « Mais si tu veux on va chez Adrian et on lui casse la gueule tout de suite. » bien sur elle n’était pas sérieuse. Du moins pas entièrement, elle voulait simplement faire comprendre à Andrew que même si elle n’était pas forcément d’accord avec lui, il restait son choix premier et par conséquent la personne qu’elle soutiendrait toujours. Malheureusement si elle le disait dans ces termes là, on allait encore l’accuser de niaiserie et de choses en tout genre donc elle était malheureusement coupable. Elle lui fit un sourire. « Tout ce que tu veux.» elle espérait vraiment l’avoir rassuré. Elle savait très bien que c’était en grande partie à cause d’elle si Andrew se montrait si blasé. Certes le sujet Juliet le préoccupait encore, c’est pourquoi Lou devait lui montrer qu’elle serait toujours présente pour lui.

Les deux amoureux étaient de nouveau en désaccord : Pour Lou s'ils s'entendaient bien à longueur de journée, leur relation deviendrait plate et chiante. Pour Andrew, au contraire, une entente sur tous les points serait synonyme de soleil au beau fixe, de mer calme ... Aucun souci ne viendrait les perturber. Il faut dire qu'Andrew est têtu. Et pas un têtu light ou zéro pour cent. Il était un têtu maxi best of avec supplément de sauce chinoise. Même s'il a tort - et même s'il sait qu'il a tort - lui faire changer d'avis relève de la mission impossible. Une mission si impossible que même Tom Cruise ne la relèverait pas. Lou, pourtant, s'aventurait dans les contrées obscures d'une discussion avec Andrew. Elle devait pourtant savoir que l'issue d'une telle conversation était incertaine. Même si "faire comme si de rien était" arrivait dans le top 5 des sports préférés du jeune homme, avec Lou cette activité était plus difficile. Après, il s'en voulait de manquer d'honnêteté avec elle, il se sentait lâche. Bon dieu, parfois il détestait l'effet qu'elle avait sur lui.

« Parce que être en désaccord c'est pas chiant ? Youpi, restons en désaccord alors ! » Il ne savait même plus comment ils en étaient arrivés là. Ah oui, Adrian et Juliet. Adrian à qui Lou proposait de casser la figure. Vraiment ? Il ne put s'empêcher de rire, elle avait gagné. Comment rester fâché indéfiniment avec une petite amie si mignonne ? « Excuse moi, nous ne sommes pas d'accord toi et moi, c'est comme ça. De toute façon, ça nous arrive trop souvent pour qu'on se prenne la tête à chaque fois. » C'est vrai, ils ne comptaient plus les amis de Lou que Andrew n'appréciait pas, et vice versa. C'était un peu l'histoire de leur vie, ils prouvaient que les contraires s'attirent, après tout. Néanmoins, il sentait une petite pointe de pessimisme qui ne voulait pas quittait son humeur. Il choisit de la cacher, il avait assez gâché leur après-midi. Comme sa bombe sexuelle était toujours assise sur ses genoux, il en profita, passa ses bras autour d'elle et l'attira contre lui en s'allongeant sur son lit. Il la fit enfin basculer sur le côté ... et la serra fort fort dans ses bras, quelques longs instants. Parfois, il avait juste besoin de ça. Un câlin de celle qu'on aime chasse tous les maux, tous les problèmes. « Je veux juste un gros câlin. C'est possible ? » Il lui fit son plus beau sourire de chat potté, pour tenter de la convaincre. Même s'il espérait bien ne pas devoir recourir à de tels stratagèmes pour obtenir un simple câlin. Surtout quand on se souvenait que, le soir de Noël, alors qu'ils n'étaient même pas encore un couple, il avait eu droit à un strip tease. Alors que cette soirée-là avait simplement commencé, avec un film et de la bouffe. A croire qu'ils passaient leur temps à manger et se faire des câlins, Hard Life. En parlant de nourriture, Andrew se souvint subitement qu'ils n'avaient toujours pas bu leurs chocolats chauds, qui avaient d'ailleurs eu le temps de se refroidir. Il regarda sa petite amie désolée. « Chérie on a oublié les chocolats chauds ! » Il se redressa d'un bon pour aller saisir son mug et le goûter. Effectivement, il était tiède, or c'était une température inacceptable pour un chocolat chaud. « Ça ne va pas du tout, comment allons-nous nous réchauffer maintenant ? » Il se gratta la nuque, faisant mine de chercher une solution miracle. « Je sais, je vais les réchauffer ! » D'un pas décidé, il reposa les mugs sur le plateau et se dirigea vers la porte. Mais une fois devant celle-ci, il se stoppa net. « Mais ! » Il se tourna vers sa petite amie, alarmé. « Je ne peux pas descendre, je suis à demi nu ! » Il retourna poser le plateau sur son semblant de bureau, affichant une mine désolée. Est-ce qu'il jouait la comédie depuis tout à l'heure ? Naturellement. « On va devoir se réchauffer autrement ... » A peine eut-il fini sa phrase qu'il se jeta sur sa petite amie et la couvrit de baisers. Il se savait pertinemment idiot, et avait presque envie de rire. Mais il était présentement beaucoup trop occupé. Ses mains glissaient sur la peau douce de la jeune fille, parcourant chaque centimètre de son corps. Et dire qu'il avait préféré perdre du temps en boudant.

Lorsque Lou avait émit l’hypothèque qu’être en désaccord faisait de leur couple quelque chose de plus sain, Andrew montra directement qu’il n’était pas de son avis. Étonnant. C’était surtout pour détendre l’atmosphère qu’elle avait dit cela, elle ne s’était pas attendue à ce que Andrew le prenne au premier degré. Malgré tout, elle avait réussi à le faire se dérider un peu en proposant d’aller casser la figure à son beau-frère. Mission réussie. Elle se sentait fière de commencer à comprendre comment le jeune homme fonctionnait. Finalement Andrew s’excusa, et Lou fut touchée qu’il le fasse même si elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Toutefois elle n’allait pas cracher dans la soupe. « Excuse moi aussi. » fit-elle heureuse de voir qu’il se détendait enfin. Elle avait l’impression de retrouver son vieil Andrew, le gamin foufou qui ne se prenait pas la tête. Cela voulait donc dire que l’histoire était réglée ? Dépassée ? Rayée de la liste ? Lou l’espérait vraiment. Elle lui avait dit qu’elle ferait tout pour qu’il se sente mieux, et il lui réclamait simplement un câlin ? Il aurait dû réfléchir à deux fois, Lou n’allait sûrement pas faire ce genre de proposition tous les jours. Qui plus est, il lui demandait un câlin alors qu’il l’avait déjà pris dans ses bras. Elle le serra de toutes ses forces, elle n’aurait jamais voulu quitter cette étreinte, mais toutes les bonnes choses ont une fin.

Andrew venait subitement de se rappeler qu’ils avaient des chocolats à boire. Bien que ce fût l’idée de Lou, elle, n’avait plus du tout envie de le boire. Surtout quand Andrew se montrait de nouveau câlin avec elle. Elle avait une seule envie ; se glisser sous la couette et continuer à le câliner tendrement. Mais, monsieur en avait décidé autrement. Il se releva, laissant Lou sur son lit terriblement déçue. « Vraiment ? » demanda-t-elle anxieuse. Et s’il se re cassait ? Elle n’avait aucun manuel d’emploi à disposition et définitivement s’occuper d’Andrew était une tâche ardue ! Elle le regarda faire sa pantomime, faisant des aller retour dans la pièce. Elle avait bien reconnu qu’il se fichait d’elle, comme d’habitude. Elle n’osait pas l’interrompre, elle aimait bien quand il faisait son petit spectacle. Elle pouvait ainsi le dévorer des yeux, impunément. « Ah oui mince alors, qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ? » demanda-t-elle sans grande conviction. Alors qu’elle ne s’y attendait pas, il se jeta sur elle pour la couvrir de baisers. Rieuse, Lou était bien contente de ce retournement de situation. Certes son idée de se réchauffer à l’aide d’un bon chocolat chaud tombait à l’eau, mais elle préférait largement cet Andrew-là. « Qu’est-ce qui t’arrive dis donc ? » dit-elle en lui attrapant le visage pour l’embrasser amoureusement. Ils étaient désormais allongés sur le lit du warrior, et enfin ils redevenaient le bon vieux couple qu’ils étaient ; c’est-à-dire collés l’un à l’autre. Les mains d’Andrew caressaient chaque partie du corps de la jeune femme, qui ne se gênait pas pour faire de même. Passant sous sa chemise, Lou finit de la déboutonner et la lui enleva. « Oh bah mince alors. » dit-elle avec un sourire aux lèvres. Désormais uniquement en caleçon, Lou regarda son petit ami s’éloignant un peu de lui. « Mais non, on est pas sérieux. On se les boit quand même ses chocolats chauds ? » ultime test pour voir si son Andrew était de retour, ou non.

Andrew détestait quand sa petite amie s'excusait. Dans ces moments là, il s'en voulait encore plus, car à cause de lui Lou culpabilisait. Cependant, pour une fois, il se garda de toute remarque. Tout allait mieux, il n'était pas maso au point de tout gâcher. En plus, il savait qu'il aurait encore l'occasion, à l'avenir, de rappeler à sa petite amie qu'elle ne devait pas s'en vouloir, qu'elle était une princesse et que son devoir à lui était de la rendre heureuse.

Comment avait-il pu croire que les tensions allaient subsister entre Lou et lui ? Ils étaient trop fusionnels pour se bouder trop longtemps. Parfois, il pensait qu'ils étaient encore dans la phase bisounours de leur relation, où tout est rose, le soleil chante et les oiseaux brillent. Mais à force, il commençait à se dire que leur relation était ainsi faite. Tout simplement. Ils avaient trop besoin l'un de l'autre, et la présence de Lou suffisait à le rendre heureux, avec ou sans soleil et oiseaux. Ils se connaissaient trop bien, devinaient ce que l'autre pensait ... Et bien sûr, Lou ne fut certainement pas dupe de son petit jeu d'acteur. Mais ça les amusait, ils étaient niais, et ça leur suffisait. Quand il se jeta sur elle et qu'il entendit son petit rire, il se mit à fondre. Il adorait l'entendre, mi excitée mi amusée. Heureuse, du moins il osait l'espérait. Elle était craquante. « Ah bah oui, mince alors ... » Il lui lança un regard de gentilles reproches, le petit air innocent de Lou ne fonctionnait pas une seconde. Oui, mince alors, il se retrouvait en caleçon. Réconciliations sur l'oreiller, quoi de mieux ? Et elle avait le culot de lui rappeler les chocolats chauds ? Andrew aurait pu se vexer, mais il savait pertinemment qu'elle le faisait exprès. Elle le testait aussi peut-être, un peu. Pour voir s'il était redevenu Andrew le polisson, et que Andrew le blasé s'était définitivement fait la malle. Bien sûr, il faudra qu'ils aient une discussion, plus tard. Andrew devait apprendre à accepter les opinions divergentes de sa petite amie, cela sans se braquer, et sans se dire à chaque fois que c'était la fin du monde. Dans sa tête, il ajouta cette tâche à la longue liste des choses qu'il devait déjà modifier dans son comportement. Après "accepter le fait qu'elle ait des amis garçons" et "arrêter de lui parler de sa petite soeur même si c'est un ange". Mais pour l'heure, des polissonneries les attendaient. « C'est toi le chocolat chaud ! » Et il tira alors brusquement sur sa couette, en entraînant Lou avec lui. Il adorait être dans son lit avec Lou, dans sa bulle. Elle qui critiquait parfois son côté flemmard, ne disait jamais non à de longues heures dans son lit. Pour s'amuser ... ou juste pour ne rien faire. Pour être des bisounours, tout simplement. Mais pour l'heure, les bisounours devraient attendre. Vite, Andrew déboutonna le chemisier de sa petite amie. et la lança à terre sans viser vraiment. Allongé sur elle, il l'embrassa alors dans le coup, lui mordilla délicatement l'oreille, avant de descendre sur sa poitrine. Il dégrafa son soutien gorge d'un geste vif, et fit alors glisser sa langue sur ses seins. Ses mains allaient et venaient, sur la peau douce et frissonnante de ses cuisses. L'entendre et la sentir gémir, ça valait tous les chocolats chauds du monde.

Elle aimait mieux cet Andrew là. Le même garçon qui avait su la mettre assez en confiance ce fameux soir de Noël où à coup de défis elle s’était mise à nue devant lui aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. Ce même garçon qui la rendait tellement dingue qu’elle avait presque tout fait pour court circuité l’hypothétique relation qu’il devait avoir avec Naya. Et pourtant tout cela lui semblait à des années lumières. Depuis, ils avaient tellement avancé tous les deux, ensemble. Malgré tout, ils étaient toujours autant connectés l’un avec l’autre. Ils avaient leurs différends, mais pourtant Lou ce sentait toujours si proche de lui que ça lui en faisait peur. Ils étaient désormais repartis dans leur monde de bisounours, s’étant chacun excusés. Alors oui, Lou n’allait pas le nier, elle avait bien envie de voir si leur entière complicité avait refait surface ou bien si Andrew avait feint depuis le départ. Elle avait donc déboutonné sa chemise, et avait pris un air innocent. Elle lui avait ensuite annoncé qu’elle voulait peut-être le boire finalement ce chocolat chaud. Pour seule réaction, Andrew l’entraina sous sa couette. Une nouvelle fois elle rit, de ce rire stupide, mi amusée, et en même temps très impatiente et très heureuse de voir qu’elle l’avait finalement retrouvé. Elle se laissait faire, il lui enleva sa chemise, l’embrassait tout partout, et dégrafa ensuite son soutif. Il s’amusait avec son corps, qu’il connaissait maintenant par cœur. C’était devenu des automatismes en quelque sorte, et pourtant Lou ne s’en lassait pas, jamais. Instinctivement, elle colla son corps encore plus près de celui du warrior. Elle l’attrapa ensuite par la nuque et à son tour lui déposa de nombreux bisou dans le cou. Elle aimait tellement sentir son odeur. Lou appréciait tellement cette intimité qu’elle pouvait avoir avec Andrew. Comme si plus rien n’existait autour d’eux. Qu’ils étaient vraiment dans leur monde à eux.

« Je t’aime. » c’était sorti tout seul. Lou était pleinement dans cette phase d’euphorie qui faisait qu’elle ne contrôlait plus rien. Pas même ses actions, ni même ses paroles. Son cerveau lui criait son envie de faire savoir à Andrew l’amour qu’elle lui portait, même si ses gestes essayaient de faire la même chose. Elle stoppa leur étreinte effrénée quelques instant pour simplement plonger son regard dans le sien. Histoire de le fixer quelques minutes, alors qu’il se trouvait au dessus d’elle. Niaisement, elle lui sourit. D’un de ces sourires d’enfants à Noël devant leur immense tas de cadeaux. Elle aurait voulu figer cet instant pour toujours. Mais elle n’était pas simplement une amoureuse transie. La langue d’Andrew qui – quelques minutes auparavant – se promenait sur sa poitrine ne l’avait certainement pas laissé de marbre. Monsieur savait comment allumer la mèche. Poussant de léger gémissement, Lou s’agrippait à Andrew, plantant même ses ongles dans son dos, laissant donc sa marque à ce qui lui appartenait (a). Mais très vite ses mais ne pouvaient se contente de caresser son dos, doucement, elles glissèrent sur ses fesses passant sous son caleçon qu’elle s’employa à lui enlever. Un sourire coquin sur les lèvres, Lou roula sur le côté afin de se retrouve au dessus de son amoureux. Là, elle l’embrassa partout, partout, partout. Alors, elle attendit que le jeune lui enlève à son tour le peu de tissu qu’il restait sur elle ; chose qu’il fit car Andrew était tout sauf un ourson. Nus comme des vers, la suite n’appartient qu’à eux. (sisi je suis poétique !).