Depuis qu’elle s’était embrouillée avec son amie Heather, Scarlett n’était pas tout à fait dans son assiette et ne sortait plus vraiment de chez elle depuis quelques jours. Elle avait pris ses distances avec son entourage et avait prétexté à Elias qu’elle avait beaucoup de travail à faire pour les cours en cette fin de dernière année scolaire ; elle ne pouvait donc pas passer le voir au bar en soirée. Ce n’était qu’une excuse pour ne pas devoir expliquer ce qui s’était passé entre la jeune Hamilton et elle, elle ne voulait pas inventer des mensonges, même si elle avait promis à son amie de garder le secret. Pourtant, le moment viendrait tôt ou tard où on leur demanderait ce qui s’était passé entre elles. La jeune Spencer s’arrêta alors d’écrire et joua à éteindre et allumer son stylo. Depuis une bonne heure déjà, Scarlett avait senti l’inspiration la parcourir et avait ouvert son journal pour y déverser toutes les pensées qui la traversaient en ce moment, ce qui avait toujours été le meilleur moyen pour elle d’extérioriser, même si les membres de sa famille trouvaient bizarre qu’elle préfère s’adresser à un livre plutôt qu’aux gens qui l’entourent. Ce n’était plus tout à fait exact. Depuis de longs mois déjà, Scarlett n’écrivait quasiment plus dans son journal et se tournait soit vers ses meilleurs amis ou même son petit ami quand un problème la préoccupait. Mais dans le cas présent, elle ne pouvait pas faire autrement que de tout garder pour elle. La jeune femme l’avait promis à Heather. Soudain, alors qu’elle refermait son journal, elle entendit la sonnette de la maison retentir. Scarlett appela sa sœur pour qu’elle descende une fois, ce n’était pas toujours à elle d’aller ouvrir quand ses parents n’étaient pas là, mais Elisabeth devait encore dormir ou avoir ses écouteurs dans les oreilles, car elle ne réagit pas à l’appel de sa sœur. Scarlett poussa un petit soupir, rangea son carnet puis sortit de sa chambre pour aller ouvrir à celui ou celle qui venait leur rendre visite. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant qui se tenait derrière la porte. Sur le coup, elle en oublia de parler. Les sensations qui la secouèrent n'avaient pas de nom pour être nommées tant elles étaient puissantes, son étonnement n'était qu'une lueur faible dans un océan ténébreux en comparaison au raz de marée qui la bouleversa silencieusement. De longues semaines de silence les avaient séparés, pourtant il se tenait là devant elle, la dernière personne qu’elle s’attendait à voir aujourd’hui. Les mots coincés dans sa gorge, dépassèrent alors sa surprise, et ne murmurèrent qu’un son : son prénom. « Nate ! » Souffla-t-elle en esquissant un sourire. Après quelques secondes, elle s’écarta de l’entrée et agrandit l’ouverture de la porte pour le laisser passer. « Je t’en prie, entre. » Ajouta-t-elle ne sachant pas si elle devait s’en réjouir ou non dans le fond. Ils devaient avoir tellement de choses à se dire qu’elle ne saurait même pas par où commencer.