La tête éclatée sur le sol glacé de la patinoire, Katya ne se rendait compte que maintenant de l’ampleur de sa connerie. Rentrer intentionnellement dans quelqu’un dans une patinoire : mauvaise idée. Surtout quand celle-ci était une tepu, il y avait un maximum de chances pour qu’elle vous laisse agoniser sur le sol plutôt qu’elle essaye de vous aider, ne serait-ce que pour vous relever… A part si elle aussi avait été touchée par l’accident, pas si accidentel finalement. Mais pour le moment, Katya s’inquiétait plus de son état que de celui de l’autre rousse… La main sur son nez qui saignait abondamment, mais elle avait tout de même fini par prêter attention à Annie, qui était elle aussi étendue sur le sol.
Néanmoins, celle-ci ne semblait pas tout aussi touchée que Katya par le coup, en vérité, elle s’en sortait même plutôt bien… C’était un peu le comble de cette histoire, sachant que la petite blonde avait foncé dans Annie exprès pour lui faire du mal. Elle espérait qu’elle avait au moins eu une commotion au crâne lorsqu’elle se l’était fracassé sur la glace. Ce serait la moindre des choses.

Enfin bref, nous n’étions absolument pas au bout de nos surprises. Si Kat était rentrée intentionnellement dans Annie, elle le regrettait amèrement à cet instant… Elle éprouvait une douleur de chien dans le nez, et savait bien que ce n’était pas le fruit du hasard : elle se l’était bel et bien cassé. Elle n’aurait jamais imaginé que se casser quelque chose pouvait nous faire ressentir une douleur pareille, c’était invivable… Mais le plus étonnant c’est ce qui suivit : Annie proposa à Katya de l’emmener à l’hôpital. Enfin non, ce n’était même pas une proposition, mais la jolie rousse venait carrément de l’obliger à la suivre dans sa voiture. La première réaction de Katya fut de lancer un :

« Hors de question, je ne veux pas monter dans ta voiture, tu vas me détruire un peu plus que je ne le suis déjà… Voire carrément me tuer ! En plus tu as reçu un coup, tu n’es certainement pas dans ton état normal. N’y pense même pas. »

Mais c’était parler trop vite, et en réalité, elle n’avait pas vraiment le choix. C’était ça où se vider de son sang dans cette patinoire, parce que les employés n’avaient pas l’air d’avoir remarqué qu’elle était actuellement blessée, et elle ne pouvait même pas se rendre à l’hôpital par ses propres moyens. La chose était donc inévitable : elle devait s’y rendre avec Annie.

Quelques instants plus tard, elles étaient alors dans la voiture de la jeune McCormick direction l’hôpital de Magnolia Cresent. Kat assise à l’avant au siège passager, se forçait à regarder le paysage dehors ne voulant absolument pas avoir à faire avec Annie. Les derniers mots qu’elle avait lâchés avant que la petite Fitzgerald décide de lui foncer dedans étaient profondément vexants, et Kat en avait encore le ventre retourné. Prendre sa vie sexuelle comme sujet pour la charrier n’était réellement pas la chose à faire avec Katya, là était son plus grand point faible, son talon d’Achille à elle. Elle avait la main sur son nez, encore une fois, avec plein de mouchoir ayant suivi les conseils d’Annie sur ce fait.

« En tout cas, merci de m’emmener à l’hôpital alors que tu n’avais pas à le faire. »

Finit-elle par lâcher. C’était la moindre des choses, et Katya était une fille polie, elle n’allait pas faire sa garce parce qu’elle était fâchée contre Annie alors que celle-ci était actuellement en train de lui sauver la vie ou presque.
Elles ne tardèrent finalement pas à arriver à l’hôpital, et allèrent directement aux urgences pour être pris en charge rapidement. Katya fut placée dans un lit parmi tant d’autres, en attendant qu’un médecin vienne s’occuper d’elle. Annie avait été installée par des infirmières à un siège près de son lit.

« Tu sais t’es pas obligée de rester hein… Enfin, je n’ai pas envie de te faire perdre ton temps, je me doute que tu as d’autres à chats à fouetter. »

En vérité, si Kat détestait Annie, l’idée de se retrouver seule dans cet hôpital la terrorisait, elle n’en avait aucune envie. Mieux vaut être seule que mal accompagné ? Cette expression n’avait aucun effet dans la tête de la petite blonde, qui détestait particulièrement la solitude.

Comment ne pas remarquer qu’Annie McComirck ne cessait de citer Christian dans toutes ses paroles ? A vrai dire, Katya n’appréciait pas vraiment que la jeune femme se permette d’en faire autant référence. Elle avait réellement un problème avec, une obsession qui n’était pas du tout rassurante… Annie était prête à beaucoup de choses quand elle voulait quelque chose, la petite blonde ne pouvait qu’en être certaine. C’était à se demander si elle ne l’avait pas aidée exprès pour lui faire bonne impression… Afin d’être la gentille de l’histoire certainement. Kat celle qui fonce dans les gens à la patinoire sera la méchante taré, et Annie la sauveuse. Si tel était son plan, elle devrait savoir que tout ça ne toucherait pas Christian… Les disputes entre les deux filles ne l’avait jamais intéressé. La seule chose que l’on tirera de cette histoire est un rire lorsqu’il verra la tête de Kat, rien de plus.
La jeune femme lança un regard évasif à Annie qui citait une fois de plus Christian. Il ne lui aurait pas pardonné pas ? Elle n’avait pas tort. Mais le fait qu’elle cherche tant à garder l’estime du jeune homme ne plaisait pas du tout à Katya. Elle aurait préféré qu’elle la laisse là à agoniser plutôt qu’elle cherche à amadouer son petit ami en jouant les sauveuses. Mais ce n’était pas des choses à dire à une fille qui venait de vous conduire à l’hôpital…

« J’espère que ça ira… Pour ta tête, je veux dire. »

Ouais, tu parles. Qu’elle crève. Rien à foutre, ce qu’elle a dit avant que Kat se jette sur elle méritait au moins ça ! Comme ça, elle y réfléchirait à deux fois avant de venir lui dire des saloperies cette garce. On disait que la violence de résolvait rien, ce n’était pas faux, mais d’un autre côté Kat allait beaucoup mieux après avoir pu sortir cette foutue rage qu’elle gardait enfermée en elle. Se jeter sur quelqu’un par pur envie, ça libérait de tout ce qu’elle avait pu renfermer en elle une bonne fois pour toute ! M’enfin, maintenant, allez expliquer ça à ses proches… Qu’elle s’était mise en tête de buter dans une rousse à la patinoire. Ils allaient faire une tête, et pour la première fois de sa vie, Katya passerait pour la tarée de l’histoire. Elle, qui avait toujours été considérée comme l’être le plus banal et sans surprise de cette terre…

« J’imagine déjà la tête de mes parents… Ils vont me tuer, et ça va coûter cher à leurs portes-feuilles surtout. Et puis, je vais être la risée du quartier pendant quelques semaines je le sens… Rien que Christian, dès qu’il va me voir je vais avoir le droit à un de ces rires. Pff. Enfin bon, ça va aller, de toute manière, qu’est-ce qui peut m’arriver de pire ? Je demande ! »

Cette tirade, elle était plus pour elle que pour Annie en fait. Un dernier cri de désespoir avant d’enfin se sentir mieux. Non vraiment elle était sérieuse, mais d’un coup elle se sentait bien. Elle esquissa un fin sourire et c’est pile à ce moment-là qu’un médecin vint l’examiner ainsi qu’Annie. Elle avait bien le nez cassé, bien sûr, il n’y avait aucun doute… Elle avait vu ça tellement de fois pendant sa carrière de cheerleader ou encore à la danse. Ils commencèrent à mettre le plâtre pendant que des infirmières s’occupaient d’Annie, quand se fit chose faite, ils repartirent les abandonnant une nouvelle fois toutes les deux.
Kat lança un regard vers ce qu’elle considérait en temps normale comme l’une de ses pires ennemies. Puis soudainement elle lâcha :

« Tu vas me dire franchement… C’est quoi ton délire avec mon mec ? Parce que j’en ai parlé avec lui, mais il m’avait dit qu’il n’y avait plus rien. Sauf que pour toi ça n’a pas l’air d’être le cas. Alors je t’écoute ? Qu’est-ce que tu lui veux ? »

Sa voix n’était pas agressive, au contraire. Elle parlait comme si elle voulait réellement contraire. Mais il était vrai que dans le fond, tout ce qu’elle voulait c’était faire comprendre à cette bitch que le mec qu’elle semblait convoiter doucement mais sûrement, était pris et pas prêt d’être lâché. Alors elle devrait promener son cul de tepu ailleurs, n’importe qui se ferait un plaisir de le satisfaire celui-là.

La question que venait de poser Katya, c’était genre un des trucs qui lui trottaient le plus souvent dans la tête. Qu’est-ce qui liait Annie la tepu à son grand flemmard de copain ? Franchement, c’était le genre de question qu’elle ne devrait même pas avoir à se poser, et pour ça, elle détestait Christian. Il n’était tellement pas rassurant comme mec, parfois elle se demandait s’il se souciait vraiment d’elle. Enfin, là n’était pas la question, elle savait qu’il le faisait, elle le connaissait bien maintenant. C’était juste qu’il était passif, elle avait beau très bien le savoir, ce n’était pas toujours évident pour la petite blonde.
Enfin bref, d’après la rousse, elle n’avait pas quoi s’inquiéter… Apparemment ils étaient juste potes. Juste ? Depuis quand on draguait ses potes. Et Kat parlait en connaissance de causes, elle avait un bon nombre de « potes » qu’elle n’avait jamais pensé à draguer. Oui mais non, dans la tête d’Annie McCormick les mots « ne pas draguer » n’existaient pas, il fallait qu’elle drague tous ce qui bouge. Que ce soit pour faire chier le monde, ou par intérêt personnel. Quel était l’important ? Tant qu’elle pouvait montrer encore un peu plus qu’elle existait, et qu’elle adorait emmerder les gens. Parfait, qu’elle fasse ça, mais si elle pouvait penser à diversifier ses victimes parfois. Kat en avait marre d’être sa tête de turc, et de la voir s’obstiner à se coller à Christian. Elle n’avait même pas envie de la croire, à part si elle se faisait vraiment chier dans sa vie, pourquoi elle se montrerait si obsessionnelle avec ce mec. On ne pouvait pas être autant obnubilée par le fait de faire chier le monde, c’était inhumain, à moins de vraiment n’avoir rien d’autre à faire dans sa vie !

Katya ne savait pas quoi répondre. Si elle suivait ses pensées elle répondrait un « Sale mytho, pourquoi tu n’as pas au moins l’obligeance d’avouer que tu dragues ouvertement mon mec, et pas que pour me faire chier ? » mais bon, elle n’avait pas envie de repartir sur une dispute qui se finirait de toute évidence mal. Et elle n’avait envie de se prendre encore une remarque blessante dans la gueule, parce ça allait deux secondes mais Kat était pas non plus la fille avec la plus grande estime de soi donc franchement elle commençait à en faire une overdose, de ces remarques. Si vous vouliez la voir se jeter dans bon demain dès l’aube, continuez comme ça et ce sera enfin le cas ! Bref, Kat prenant une décision qui se voulait mature, pour une fois, lâcha seulement :

« Bien, je vais veux bien te croire. Du moins, essayer. »

Essayer ? Tu parles, elle n’allait pas essayer, elle ne la croyait pas. A y réfléchir, c’était Annie McCormick l’auteur de cette abominable lettre anonyme qu’on lui avait envoyé. Dire que Kat en avait pleuré pendant des jours ! Mais qui pouvait la saouler à la fois avec Cameron et Christian, la réponse : Annie la tepu. Nouvelle preuve qu’il n’y avait pas que du « je veux emmerder Katya » là-dessous. Il y avait autre chose, Annie avait un faible pour Christian, c’était un fait qu’on ne pouvait nier.
Enfin bon, la rouquine passa bien vite à un autre sujet, pour parler de l’odeur qui régnait dans la pièce. Sérieusement ? Kat haussa un sourcil. Bah, elle évitait le sujet ou quoi ? Tant pis, de toute manière la blonde ne comptait pas le continuer. Elle n’avait pas envie de la tuer pour de bon et se retrouver derrière les barreaux… Déjà qu’elle n’était pas bien loin de l’être.

« Tu te fous de moi ? Comment veux-tu que je sente quelque chose avec un plâtre sur le nez et du sang qui en gicle ! »

Répondit Katya avec agacement. Franchement, qu’elle soit un peu perspicace tout de même ! Tout ça avait mis la petite blonde de mauvaise humeur, elle était aussi bien en colère contre elle-même que contre Annie. Elle avait hâte de rentrer chez elle, et elle ne sortirait plus de sa chambre jusqu’à ce que son nez rétablisse… Elle espérait que ça serait avant la rentrée d’ailleurs ! Imaginez-la débarquer à l’université avec ce plâtre immonde. Elle ne s’était pas encore regardée dans un miroir, mais elle imaginait bien le désastre. Maintenant plus qu’à attendre qu’un médecin leur donne la permission de sortir, et Kat pourra rejoindre son lit pour jouer les Cricri pendant quelques semaines.

« Tu me raccompagneras en voiture ? J’aurai bien pris un taxi, mais je ne pense pas avoir d’argent sur moi, malheureusement. »

Dit-elle toute innocente juste après l’avoir engueulée. Ce coup sur le nez lui faisait peut-être perdre la boule, mais pour une fois qu’elle avait le rôle de la tarée dans l’histoire, on n’allait pas lui en vouloir.

Bah qu’est-ce qui lui prenait à la Annie ? Jouer franc jeu, ce n’avait jamais été son truc, à part pour dire des saloperies… Mais là, elle en venait à expliquer à Katya pourquoi elle était aussi garce avec elle, bien sûr c’était tout simplement qu’elle aimait faire chier le monde. Au moins elle en avait conscience qu’elle avait des occupations réellement pathétiques ! Kat haussa un sourcil, comme si elle venait de lui dire la chose la plus bizarre du monde, en vérité c’était surtout venant de sa part que ça l’était. Elle ne prit même pas la peine de répondre. Elle avait l’habitude que les gens la traitent comme Annie le faisait, à en croire la réaction que certaines personnes pouvaient avoir vis-à-vis d’elle, Katya était une grosse blague. Mais du lourd quoi, un truc tordant à en mourir… Bizarre, n’est-ce pas ? Surtout pour une fille qui faisait tout pour avoir l’air comme les autres, qui se faisait la plus discrète possible. C’était sûrement ça qu’il y avait de si drôle chez elle, elle était si banale.

Enfin bref, les deux jeunes filles en vinrent à discuter quelques minutes sur l’odeur qui régnait dans la pièce. En vérité, Katya ne sentait rien, mais c’est vrai que lorsqu’elle venait voir le Dr Clarkson, il y avait toujours cette odeur de mort dans les couloirs, pourtant elle n’y prêtait jamais grand attention.
Il était bientôt temps de quitter l’hôpital, et Katya se rendait compte qu’elle n’avait pas de moyen pour rentrer : ni argent, ni voiture. Il faudrait alors qu’Annie la ramène. Au grand étonnement de la petite blonde, celle-ci accepta mais posa néanmoins une condition : rester avec toute la journée. C’était une blague ? Elle la détestait, alors pourquoi elle voulait absolument passer la journée avec. Katya esquissa un sourire totalement faux, avant de répondre finalement :

« Toute la journée ? Mais non voyons, je suis sûre que tu as des choses à faire, j’ai juste besoin que tu me ramènes à la patinoire pour que je prenne ma voiture, après je saurai me débrouiller, ne t’inquiète pas pour moi… » Elle n’eut pas vraiment le temps de finir sa phrase que la rousse était déjà sortie de la chambre pour aller signer leurs autorisations. Katya ne put s’empêcher de frapper le lit où elle était assise de rage, passer la journée avec cette garce c’était une torture. Elle hésita à prendre la fuite pendant qu’Annie s’était absentée, mais alors qu’elle s’était décidée à s’éclipser, la rousse revint dans la chambre. Elle hâta la petite blonde pour quitter la chambre précisant que si elle restait une minute de plus avec cette odeur elle finirait par lui vomir dessus… Euh ? Kat quitta sans hésiter son lit, et suivit Annie en dehors de la chambre.
Elles atteignirent bientôt la voiture de la rousse, Kat ne se fit pas prier pour aller s’y installer, même si le cœur n’y était absolument pas.

« Bon McCormick, tu m’emmènes à la patinoire hein ? Je n’ai pas envie de déranger ma famille pour leur dire d’aller chercher ma voiture à l’autre bout de la ville parce que j’ai fait une connerie. Ils ont déjà beaucoup à faire… » Les parents Fitzgerald étaient des gens occupés, tenir un restaurant n’était jamais une mince affaire, et les gosses… Comment dire ? Ca les gênerait sûrement de devoir se déplacer pour ça, l’une trop égoïste pour s’en préoccuper, l’autre sûrement défoncée à cette heure-ci et le dernier qui devait être plongé dans une répét comme d’hab. Kat devrait se débrouiller toute seule… Le problème, c’est que pour le coup la condition d’Annie était remise en cause. « Annie, entre nous, ce serait bien plus simple que tu me laisses pour la journée ? Lorsqu’on sera à la patinoire, on rentre chacune de notre côté et comme ça je ne t’embêterai pas plus longtemps, ok ? Au pire, si vraiment cette condition était importante, laisse-moi y aller à pied. »