Au cours de toutes ses années de carrière (et il n'y en a pas tant que ça car Lorenzo est encore beau et jeune), le professeur avait croisé des cas difficiles. Les élèves tout simplement trop bêtes, ceux qui avaient classé les maths dans la catégorie "rasoirs et pas du tout à la mode et trop compliqués" depuis bien longtemps, et d'autres qui pourraient avoir les capacités mais ne pouvaient les exploiter, pour cause de crise d'adolescence "étudier c'est has been, avoir des zéros c'est trop cool". Zara Adamovitch était de cette race là. Pourrie gâtée par des parents incompétents, elle était persuadée que les mathématiques ne seraient pas la clé de son succès. Agrémenté d'un caractère de petite garce en herbe, Zara faisait partie des élèves que Lorenzo appréciaient le moins. Désabusé, il avait abandonné l'idée de la raisonner, et de faire quelque chose d'elle. Alors il l'ignorait, simplement.

Aujourd'hui, la jeune fille décida de se pointer en cours comme une fleur, avec une demi heure de retard. Fidèle à elle même, elle ne prit même pas la peine de faire une entrée discrète. Pire, elle claqua bruyament la porte. Son but n'était pas de faire acte de présence, il était plutôt de dire à tout le monde "coucou je fais exprès d'arriver en retard car je suis cool et vous êtes des gros nazes, et toi le prof tu es même le roi des nazes"/ Lorenzo laissa échapper un soupir. Il n'avait même pas envie de dire quelque chose, sa première idée était même de l'ignorer. Mais parfois, c'était plus fort que lui. Un brin masochiste, il avait toujours l'espoir utopique que Zara se lève un matin avec la bosse des maths et une soif de savoir. "Remercions Zara Adamovitch, qui daigne nous honorer de sa présence" Il la regarda se dirigers vers le fond de la pièce "Zara il y a une place ici au premier rang, viens donc t'y asseoir. Tu ne veras rien si loin du tableau." Dans sa tête, il imagina un "oh oui monsieur j'arrive tout de suite, ma venue en cours est naturellement motivée par un désir incommensurable d'étudier votre matière, et de tout savoir sur les fonctions et leurs dérivées", et s'en délecta quelques secondes, avant que l'orage n'éclate.

Je détestais les cours. Je ne voyais pas l'intérêt d'étudier. Et puis, j'étais populaire au lycée et je ne pouvais pas être une intello. Ca collait pas En plus, je voulais pas finir vieille fille parce qu'étant plus jeune j'ai pas su m'amuser. Ce matin-là, mon réveil n'avait pas sonner. En fait, je l'avais entendu mais j'avais décidé de l'éteindre. Je n'avais pas envie de me lever, surtout pour un cours de mathématiques qui allait me prendre la tête dès le matin. Bref, je m'étais donc levé à 7h15 au lieu de 6h. Autrement dit, mathématiquement parlant je n'arriverais jamais à l'heure. Lorsque je me pointa dans la cuisine, ma mère ne put s'empêcher de me dire: « Zara, tu n'es pas censé partir dans une demi-heure en cours? » Je soupira. Elle comprit tout de suite que je ne ferais rien pour arriver à l'heure.

Mes parents ne savaient plus quoi faire de moi. J'étais la petite dernière. Celle à qui on a tout donné, celle qu'on a toujours protégé et encore celle qui passe en revue toutes les conneries possible et imaginables que l'on peut faire. Enfin bref, quoi qu'il en soit, je n'allais sûrement me dépêcher. Je mis une bonne heure à prendre mon petit-déjeuner, me coiffer, me maquiller et m'habiller. Je changea trois fois de tenue avant de trouver celle qui me convenait: un slim, avec un haut assez décolté et des talons d'au moins 10cm sinon plus. Ce n'était pas vraiment une tenue pour aller en cours mais qu'importe.

Après avoir pris ma voiture, je me dirigea sans me presser au lycée. Je la gara sur le parking et prit mon sac. Je ne passa pas par le secrétariat. Je n'avais pas besoin de mot de retard. Je me dirigea donc vers ma salle de cours, ne prit pas la peine de toquer à la porte. J'entrai et claqua assez violemment la porte. Je toisa deux secondes à peine le professeur avant de me diriger vers une place libre au fond de la classe. A côté d'un garçon mignon qui plus est. J'entendis sa première réflexion qui me fit doucement rire et continua ma route jusqu'au fond de la salle. J'avais à peine posé mon sac sur la table que le professeur de maths trouva le moyen de me demander de venir devant. Je pris place au fond de la classe et lui lança un regard noir avant de lui lancer:

« Venir devant? Vous vous foutez de ma gueule j'espère? J'ai pas besoin de voir ce qu'il y a d'écrit au tableau... »

J'avais pour habitude de parler mal à mes professeurs. Surtout lorsqu'il me demandait de venir m'installer devant. Je détestais être devant et ça ne risquait pas de changer. Après avoir répondu au professer, je sortis ma trousse et le premier cahier que je trouvai dans mon sac. Ce n'était pas celui de mathématique mais qu'importe. Je posa mon sac Chanel par terre et attendit que le professeur continue son cours même si je savais pertinemment qu'il me gonflerait jusqu'à ce que je vienne devant. Ce que je n'avais pas l'intention de faire...

Zara n'avait aucun respect pour le reste du monde, elle s'était elle même placée sur un piedestal et prenait tout le monde de haut ... Mais au fond, Lorenzo la trouvait tout sauf impressionnante. Elle n'avait aucune classe, juste un nom de famille et l'argent de papa, mais au fond, elle, elle ne se distinguait en rien. Et pire, elle n'était même pas fichue de prononcer des paroles dinstinguées, capables de lui assurer un minimum de descence. Elle voulait se donnait de grands airs ... Mais au final elle n'avait l'air de rien. Malheureusement, étant son professeur, Lorenzo devait garder ses pensées pour lui. Plus d'une fois il avait voulu la remettre à sa place, lui lancer ses quatre vérités à la figure, histoire de fermer le caquet de mademoiselle j'ai tellement d'estime pour moi que ma tête ne passe plus la porte. Il ne comprenait même pas pourquoi personne ne le faisait, dans la classe. Tous les élèves ne pouvaient pas l'apprécier, nom de nom. A croire que son impertinence plaisait à ses compatriotes. « Et pourquoi tu n'as pas besoin de voir le tableau ? Tu connais déjà tous le cours sur les fonctions dérivées ? Mais c'est magnifique, que dirais-tu de venir faire un exercice au tableau, alors ? » Elle refuserait, il la mettrait en retenue, additionné d'un zéro, voire convoquerait ses parents. C'était le seul maigre pécule qu'il pouvait tirer de cette affaire, et il était forcé de se délecter de si peu. Avec elle, il avait pris l'habitude de tout suggérer, mais de ne rien affirmer. Pour cause, Zara ne lui obéissait jamais, même lorsque l'ordre et le ton étaient fermes. Or Lorenzo n'avait aucune envie de voir son autorité remise en question devant les autres élèves, dont il pourrait tirer quelque chose si ceux ci continuaient à l'écouter. Contrairement à Zara. Alors, avec elle, il fonctionnait par propositions et questions, des phrases qui pouvaient essuyer un refus sans que Lorenzo passe pour un incompétent. Il n'était pas incompétent, de toute façon, c'étaient les parents Adamovitch, qui auraient nécessité des cours d'éducation avant d'avoir des enfants. « Zara nous attendons de voir tes prouesses ... »

J'étais belle, populaire, je faisais partis de l'équipe des Cheerleaders, j'étais riche. Franchement, qu'est-ce qu'on pouvait demander de mieux? C'était normal que je réagisse en conséquence. J'adorais être adulée. Certains pensait que j'étais la dernière des garces. Méchant, vous ne trouvez pas? Je suis comme je suis et rien ne pourra changer ça. Et encore moins un professeur de mathématiques. Cela faisait trois minutes que j'avais débarqué dans la salle de cours et voila que Monsieur trouvait le moyen de me prendre la tête directement. On vivait dans la quatrième dimension là, non? Je soupira alors à sa remarque. Je le toisa du regard. J'aurais eût des fusils à la place, on aurait plus de professeur. Sur un ton complètement désinvolte et provocateur, je lui lança alors:

« Pour être honnête, non je connais pas le cours par coeur et je ne connais rien sur les fonctions dérivées. La raison? Ce n'est pas le genre de chose qui me servira dans la vie... J'ai pas envie de devenir mathématicienne donc je me moque totalement des fonctions dérivés. Vous avez un problème avec ça? » Je me leva ensuite pour aller jusqu'au tableau. Bien sur ce n'était pas pour lui obéir que j'avais agis de la sorte mais surtout pour le provoquer encore plus. Arrivée au tableau, je lui lança: « Pourquoi vous envoyez pas les intellos faire votre exercice à la noix? »

Je pris place sur le bureau du professeur et je le regarda de haut en bas. Je croisa les jambes et continua de le regarder. Vu du fond de la classe, je devais sûrement ressembler à une allumeuse mais qu'importe. J'aimais me donner en spectacle, ce n'est pas de ma faute? Il me dit ensuite que tous le monde attendait de voir mes prouesses. Je me retourna vers l'une de mes amies et commença à rigoler. Je reposa mon regard sur le professeur et lui demanda: « Parfait donnez moi l'énoncé de l'exercice... » J'avais ma petite idée derrière la tête et ça ne présageait rien de bon...

Il écoutait les gérémiades de la jeune fille d'une oreille, désabusé. Ses paroles n'avaient ni queue ni tête, irréfléchies, incorrectes. Mais elles n'étaient que le reflet de la vie de Zara, une vie à l'écart, celle d'une minorité trop riche et trop puissante pour vivre comme le commun des mortels. Alors, Lorenzo n'avait même plus l'envie de lui expliquer pourquoi étudier au lycée, à quoi bon. Mademoiselle finirait par quitter l'école dès qu'elle le pourrait, pour se complaire dans le luxe et la gloire offerts par l'argent de papa-maman. Elle ne ferait rien de sa vie, mais serait trop superficielle et idiote pour s'ennuyer. Au fond, Lorenzo rageait, que des filles comme ça vivent de telles vies. Une telle existence ne valait pas la peine d'être vécue, et dire que dans ce monde tant d'autres gens penaient à vivre la leur difficilement. Pourquoi des filles comme Zara vivraient sainement et longtemps, jusqu'à un âge avancé auquel elles abuseraient de chirurgie et de botox, alors que d'autres enfaients mourraient de faim ou de maladie incurable à l'âge de 10 ans ? Lorenzo n'avait pas des envies de mort sur son élève, mais parfois, il ne comprenait pas pourquoi la vie pondait des gens comme elle. Malgré tout, en bon professeur, il choisit de rester calme, comme à son habitude, et de lui répondre sérieusement. Des élèves comme Zara le mettait rarement hors de ses gonds, car il n'en avait que faire, et dans sa classe se trouvaient d'autres élèves plus mériteux de l'attention du professeur. « Non Zara, les fonctions dérivées ne te serviront pas pour faire du shopping, aller au spa, ou toute autre activité futile qui constitue ta vie. Mais elles te serviront à obtenir ton diplôme, afin de faire des études supérieures spécialisées, qui elles te "serviront dans la vie", comme tu dis. » Devant tant de témoins, il préféra s'arrêter là. Pourtant, il aurait bien ajouté que ces études lui serviront, quand mademoiselle aura épuisé tout l'argent de papa maman, et que ceux ci ne seront plus sur Terre pour amasser des dollars en masse, pour satisfaire leur petite fille chérie. De toute façon, Zara ne comprenait pas. Et puis, elle avait décidé, dans son infime bonté, de venir au tableau, il n'allait pas se faire prier. Ne relevant même pas sa remarque que les "intellos" qu'elle dénigrait si facilement - alors que sans tous les intellos qui peuplaient leur entreprise familiale, son père n'aurait jamais fait fortune - il attrapa son livre pour lui dicter l'énoncé. « Soit R l'ensemble des réels. Soit f la fonction définie par : pour tout x élément de R, f de x égal 3x² - x + 4» Il pouvait difficilement faire plus simple, et même si avec les autres, il étudiait déjà les difficultés de la dérivée de la fonction inverse, il était intimement persuadé que Zara aurait déjà du mal avec cette fonction.

Il fallait bien l'avouer, j'adorais me comporter de cette façon envers les professeurs. J'adorais être insupportable et me faire remarquer. J'étais comme ça et pour rien au monde je changerais. Mon comportement m'amusait. Et puis comme on le dit si bien "je suis jeune et si je ne m'amuse pas maintenant, je le ferais jamais". Ouais dans mon langage, on pouvait dire que je profitais de ma jeunesse. Les études je m'en moquais. J'étais tellement au dessus de tout ça. Plus tard, je ferais partie de ces femmes qui sont mariés à des milliardaires, qui passent leurs temps à faire du shopping, aller dans les instituts de beauté, faire la fête et être conviée à des repas qui rassemblent tous les riches de la ville. Et pour ça, je n'avais pas besoin de diplôme, ni de faire d'étude. C'était totalement inutile et c'était également une perte de temps. J'écouta donc ce que mon cher professeur de mathématiques me dit puis lui répondit sur un ton totalement désinvolte:

« Qui vous dit que j'ai besoin d'un diplôme? Vous ne vous êtes jamais dit que plus tard, je serais riche et que je n'aurais même pas besoin de travailler? C'est pas parce que vous, vous galérez avec votre métier que tous le monde est comme vous. » Je marqua une courte pause puis ajouta, sur un ton plus dur et plus froid cette fois: « Alors ouais, je ne m'intéresse peut-être pas aux maths parce que je trouve ça inutile. Mon diplôme, je m'en moque totalement et si j'suis en classe, c'est parce que j'y suis obligée... Je suis belle, riche et populaire, par définition j'ai pas besoin de diplôme. »

Je le défia du regard. En plus d'être peste, j'étais assez vantarde. Il était vrai que ce que j'avais dis quelques minutes auparavant était juste mais le sortir à un professeur comme ça, c'était un peu déplacé. Il me dicta alors son énoncé. Je l'écouta d'une oreille. Lorsqu'il finit de parler, je lui lança:

« C'est quoi cet énoncé avec des R, des x et des f. Franchement, il faudra m'expliquer à quoi ça sert de mettre autant de lettre dans un énoncé... J'croyais qu'on était en cour de mathématiques. »

J'écrivis donc la fonction au tableau. Bien sur, je n'allais pas la faire parce que quoi qu'il en soit, je ne comprenais rien à ça. Après l'avoir inscrite au tableau, j'allais me rasseoir sur le bureau du professeur et commença à regarder la fonction en faisant semblant de réfléchir. Au bout de quelques minutes, je lança à mon professeur:

« J'vois pas ce que ça peut-être la réponse et ça ne m'empêchera pas de dormir.... J'peux aller me rasseoir maintenant? »

Je savais qu'il n'allait pas me lâcher comme ça. Il serait trop fier de montrer à toute la classe que je ne savais pas résoudre une équation de ce genre. Mais qu'importe, si je pouvais me donner en spectacle pourquoi pas. C'est alors que mon portable sonna. Sans gène, je le sortis de ma poche, regarda le texto que je venais de recevoir et le mis sur vibreur avant de le ranger de nouveau dans ma poche.

C'était parti, la tornade Zara était lancée. Il l'écoutait, débiter ses bêtises sur sa vie géniale et dorée, la dispensant de travailler comme les gens normaux. Il avait tellement envie de l'envoyer paître, de lui dire de quitter son cours s'il ne lui servait à rien. Le pire, c'est que les parents de la jeune fille la forçait à venir en cours, mais à quoi bon. S'ils voulaient une élève studieuse, ils feraient mieux de lui donner une vie normale, sans tout cet outrageux luxe qui pourrissait sa vie jusqu'au trognon. « Belle, riche et populaire ? J'aurais ajouté idiote à ta définition » Il se mordit la lèvre aussitôt, regrettant ses paroles. Zara le poussait à bout, et pour une fois il ne pouvait pas passer outre. « Ta vie future promet d'être ennuyante, mais si elle te plaît ainsi, la porte t'est ouverte Zara, tu peux sortir. Sois tu suis les cours, et tu viens à l'heure, sois tu peux rester chez toi » reprit-il sur un ton plus posé. Il détestait être le dindon de la farce, c'était plus fort que lui.

Il avait même envie de renvoyer Zara à sa place, elle faisait son intéressante, en se pavanant ainsi devant le tableau. Il posa son livre sur son bureau, il n'allait pas fléchir devant une fille aussi superficielle et inintéressante. Au début, il s'était dit que Zara gâchait ses capacités, mais en réalité Lorenzo commençait à se demandait si elle en n'en avait jamais eu. « Aller t'asseoir ? Tu l'es déjà Zara, sur mon bureau. Résoudre cet énoncé n'a pas pour but de te permettre de dormir, mais je me doutais bien que tu étais une incapable. Va, retourne t'asseoir, je demanderai à quelqu'un qui en est capable » Oui, il sous entendait délibérément que Zara était une incapable, elle ne pourrait pas nier de toute façon. Mais à quoi bon, la jeune fille en était presque, fière, d'être bonne à rien. Riche, populaire, et totalement creuse.

Mon professeur de mathématiques n'avait peut-être pas compris que je venais dans son cours, juste pour foutre le bordel. Je n'aimais pas les maths et je ne comprenais rien. Et surtout, je ne faisais aucun effort pour comprendre. Je n'avais pas l'intention de faire une filière scientifique. Je n'avais pas l'intention d'avoir un métier en fait. Je voulais passer ma vie à ne rien faire mais surtout à dépenser des sous. Je n'allais pas m'enterrer avec mes millions de toutes façons. Le professeur me répondit. Et il alla jusqu'à me traiter d'idiote. Un silence s'installa. Je lui lança un regard noir et répondit en commençant à monter le son de ma voix:

« Vous avez dit quoi là? Moi, j'suis une idiote? Et vous, vous êtes quoi alors? Les professeurs n'ont pas le droit d'insulter les élèves il me semble, non? » Je marqua une courte pause avant de lui balancer: « Il ne vous ai jamais venu à l'esprit que si je venais ici, c'était surtout parce que c'était marquer dans le réglement. Figurez-vous que si j'avais le choix, je ne serais pas ici en train de m'ennuyer à essayer de comprendre des fonctions qui sont totalement inutiles... »

Je marqua une pause et écouta sa réponse. D'où qu'il osait me parler sur ce ton? Il ne comprenait pas que j'en avais rien à faire de ce qu'il me disait et que me montrer en spectacle était un jeu pour moi? Je continua de le regarder et à la fin de sa réplique, je me leva et me mis face à lui, je lui répondis:

« Ouais j'suis peut-être pas capable de résoudre une putain d'équation. Ouais je suis peut-être nulle en maths et je fais aucun effort. Mais en même temps quand on a un professeur comme vous, ça donne pas envie de travailler j'suis désolé. » Je commençais à hurler et je savais que la conversation allait vraiment partir en vrille. J'enchaînais alors: « Vous croyez quoi? Que j'suis contente d'être dans votre classe, non alors avant de me traiter d'idiote, d'incapable et j'en passe, remettez vous en question... »

Je le regarda et regagna ensuite ma place, au fond de la classe. Je sortis alors mon portable pour raconter ce qu'il venait de ce passer à l'une de mes amies qui n'était pas dans ma classe. J'étais énervée et ça se sentait. J'avais tout de même hâte de voir la réaction du professeur.

Zara avait démarré au quart de tour, après la légère insulte - mais néanmoins vraie - de son professeur. Il avait dépassé les limites en la qualifiant d'idiote, mais la voir s'offusquer ici était une satisfaction agréable après le souk qu'elle s'appliquait à mettre dans sa classe. Les élèves chahutaient, d'autres restaient hilares devant le spectacle de leur camarade. En tout cas, tous étaient désormais trop dissipés pour dériver une quelconque fonction, merci Zara.

Lorenzo s'était toujours demandé quel était l'avis des parents Adamovitch au sujet de leur fille. Est-ce qu'ils l'encourageaient à être si peu studieuse et à profiter sans attendre de leur porte feuille ? Ou est-ce qu'ils se désolaient de la voir ainsi glisser si vite sur la mauvaise pente. Le professeur connaissait assez peu cette famille. Il savait que Zara avait une soeur, plus âgée, mais cette dernière avait quitté le quartier peu de temps après l'arrivée de Lorenzo. Peut-être pouvait-il lui toucher deux mots, à l'occasion. Car les choses telles qu'elles étaient actuellement ne se résorberaient jamais d'elles mêmes. Il serait fou de croire qu'un beau matin, Zara serait réveillée par une illumination du seigneur, et qu'elle comprendrait aussitôt les bienfaits des études. Et Lorenzo ne pouvait pas l'en blâmer, sa vie était si facile, pourquoi la compliquer. Mais les solutions pour la raisonner semblaient moindres. « Tu me dois aussi le respect Zara, et le respect signifie notamment arriver à l'heure en cours, faire un exercice quand je le demande, ne pas être insolente et ne pas perturber ainsi la classe. Quant à tes raisons d'être ici, elles m'importent peu. Mais comme tu le soulignes, tu es obligée, comme tu es obligée de respecter ce cours. » Démonstration par a plus b soignée pliée rangée, mais Zara ne serait peut-être pas assez érudite pour le comprendre.

Pour l'heure, Lorenzo espérait seulement rétablir le calme dans sa classe. Il pourrait se soucier de Zara, lui consacrer du temps et de l'énergie. Mais elle n'avait pas de mauvaises notes par manque de capacité. Elle avait juste un manque d'envie. Et une passion injustifiée pour la flemmardise. Trop pathétique, et irrécupérable. « Zara, tu me dis que si tu ne travailles pas, c'est parce que tu n'as pas envie d'étudier et que tu viens ici par obligation, et maintenant tu dis que c'est ma faute ? Il faudrait savoir ... » Il leva les yeux au ciel devant la bêtise de son élève, même pas fichue d'être futée. « Je me permets donc de penser que tes critiques à mon égard sont uniquement justifiées par ton besoin de perturber ce cours, encore une fois car tu n'es pas heureuse d'être ici. Je t'invite donc à regarder ta place, et je vais demander à quelqu'un d'autre de résoudre cet exercice. Si le coeur t'en dit, tu pourras toujours écouter la solution. »