J'avais dormis chez Juliet la veille, comme depuis plusieurs soirs maintenant. Et c'était de plus en plus fréquent depuis que Joshua avait débarqué en ville. Je crois que j'avais désormais besoin de m'écarter un peu de la sphère familiale pour ne pas craquer complètement. Il était vrai que j'avais perdu beaucoup de mon sang froid ces derniers temps, j'avais du mal à rester calme, et je dévoilais de plus en plus mes faiblesses à n'importe qui. Je devais me reprendre, je n'étais pas à l'abri de la moindre trahison de la part de personnes que je côtoyais tous les jours. Je devais aussi retrouver ma pudeur et ma fierté, celle qui me donnait l'impression de contrôler entièrement ma vie, celle qui me faisait me sentir mieux.

J'avais donc passé la nuit chez Juliet. Comme tous les matins, je m'étais réveillé plus tôt que l'heure prévue, et était resté là, dans le lit, à l'observer. Elle était belle, comme elle l'avait toujours été. Mais j'aimais particulièrement ces matins là, car je pouvais me sentir proche d'elle s'en avoir à le montrer. Et puis, lorsqu'elle dormait, nous n'étions pas en train de nous disputer comme toujours. Mais à chaque fois, en la voyant si paisible, je me rendais compte que je ne lui rendais pas la vie facile, que je m'éloignais de plus en plus d'elle sans vraiment savoir pour quoi... je sais que je l'aime encore, mais est-ce désormais suffisant pour me sentir heureux et bien avec elle? Je doutais, et ce depuis un certain temps. Et je n'osais rien faire, par peur de me tromper... Et lorsque je l'imaginais avec un autre, je ne le supportais pas... non, je ne le supporterai pas. Mon comportement était celui du pire égoïste qu'il puisse exister, je le sais. Mais je n'y peux rien, j'espérais juste pouvoir trouver la réponse à mes nombreuses questions, pour pouvoir me décider en vain: profiter de cette relation, en redécouvrir les plaisirs, ou alors laisser l'oiseau prendre son envole pour ne plus le faire souffrir. Qu'attendais-je... que voulais-je réellement?

Ma journée avait été merdique, je n'avais eu aucun rendez-vous, je m'étais simplement occupé de la paperasse du cabinet. Alors, j'espérais en rentrant chez Juliet, puisque je ne rentrerai pas chez moi ce soir, ne pas avoir à affronter Juliet. Mais voilà, je me connaissais. Après une journée comme celle la, j'étais de très mauvais poil, et je savais que la moindre remarque me rendrait fou. J'osais espérer ne pas avoir à croiser Andrew... je ne supportais plus d'être dans la même pièce que lui. C'était en parti de sa faute si j'étais devenu une loque; notre dernière dispute m'avait rendu faible, et j'avais clairement perdu le contrôle.

J'entrais chez Juliet, enfin dans sa suite. Il faut dire que les Davies sont aussi riches que nous. Ils avaient donc fait construire un charmant petit studio pour Juliet, au sein même de la maison. Andrew avait le sien bien évidemment. Je déposais les clés de ma voiture dans l'entrée, et me dirigeais vers le salon. Juliet était assise là, dans le plus grand calme. Elle lisait un bouquin. Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas ouvert un livre, par manque de motivation et de temps certainement. Je m'approchais d'elle, me penchais, et l'embrassais pour lui dire bonjour. Je me dirigeais ensuite vers la fenêtre la plus proche, l'ouvrais et sortais mon paquet de clope pour m'en griller une. La clope en bouche, je demandais: "Tu as passé une bonne journée?"

Échanger des banalités ou nous disputer était devenu notre quotidien quand je rentrais la soir après le boulot. Lorenzo m'avait conseillé d'avoir une vraie discussion avec Juliet, mais je ne savais pas comment m'y prendre. Ma vie avait été chamboulée avec l'arrivée de Joshua, et pour qu'Heatchliff puisse travailler avec moi, il avait fallut nous organiser. Je ne parlais plus à Joey, et alors qu'il n'y a pas si longtemps je pouvais l'avoir au téléphone jusqu'à 4 fois par jours, je me rendais compte que ne pas le voir ni lui parler me permettait aussi de me sentir un peu mieux. Et puis il y avait eu le retour de Sasha, il y a deux jours de cela. Un retour qui ne m'avait pas laissé indifférent, un retour que j'attendais depuis bien longtemps, et auquel je ne m'étais peut être pas suffisamment préparé... Bref, je n'étais clairement plus dans mon assiette.

Je venais d'arriver, je fumais ma cigarette en essayant de faire le vide. Cette journée avait été atroce. Ne pas avoir ni but, ni motivation était frustrant au possible. Juliet s'approcha de moi, et vain se blottir contre moi, posant sa tête contre mon dos. Je soupirais. J'aimais pourtant l'avoir contre moi, la sentir au touché, lui faire des câlins, mais ce soir je ne sais pas pourquoi... je n'étais pas bien. Est-ce les récents évènements qui me contrariait?

Et alors qu'elle me questionnait sur le déroulement de ma journée, j'écrasais mon mégot dans le cendrier, et me tournais vers elle. Je répondais enfin: "Rien d'intéressant... J'ai pas passé une journée de fou..." . Je la regardais, silencieux, et déposais un baisé sur son front avant de me détacher d'elle et de me diriger cette fois-ci vers la table, où j'avais laissé le matin même des papiers importants que je devais remplir. Nous étions à la fin de l'année, et forcément la cotisation foncière des entreprises était tombée. Joey était peut être le propriétaire des lieux, mais c'est moi qui devait désormais payer toutes les factures. Je trouverais judicieux et normal qu'il me cède le titre de propriété mais lui le refuse encore. Connard... Mes papiers justement, où étaient-ils? Je ne les trouvais pas, et commençais à m'énerver.

"Putain, je peux jamais laisser un truc le matin et le retrouver le soir... Ils sont où mes papiers Juls'?..."

Je ne sais pas pourquoi mais j'étais pratiquement certain qu'Andrew avait été fouillé dans mes affaires, et avait déplacé mes papiers, ou peut être jeter qui sait! Je posais mes mains sur mon visage, j'étais monté en pression si rapidement qu'il fallait que je me calme. Je repris: "Ton frère a toujours besoin de fourrer son nez partout, c'est pas possible ça!"

Je m'énervais, oui comme toujours... Comme à chaque fois que quelque chose me contrariait, comme à chaque fois que je sentais toute ma vie partir en live. Je n'aimais pas ça, perde tout contrôle. Ma mère me disait toujours que j'étais le maitre de mes actes, de mes sentiments, de tout ce que j'entreprenais de faire, mais j'avais l'impression de ne plus rien gérer. Non, si je contrôlais ma vie alors que ne serais pas ce pauvre type à fleur de peau, je ne serais pas ce gars qui ne sait pas ce qu'il veut, ni celui qui fait sans cesse l'autruche. Et surtout je ne perdrais pas mon sang froid, pas comme ça, pas si facilement.

Juliet m'indiquait alors qu'elle avait déposé mes papiers sur le bureau. Je pensais qu'Andrew y était pour quelque chose, je me trompais. Il ne m'avait pas habitué à lui faire confiance, forcément, l'idée qu'il ne puisse pas être fautif ne m'avait pas traversé l'esprit... Il fallait que je me calme où j'allais devenir complètement fou... D'ailleurs, je me demandais si ce n'était pas déjà le cas.

"Quelle utilité de les poser sur le bureau alors que tu savais très bien que j'allais m'en occuper ce soir?", voilà ce que je répondais... Car forcément il fallait que j'ai le dernier mot, comme toujours... Même si j'avais tord, même si elle avait raison, et même si je me ridiculisais. Crier pour des papiers qui ont été déplacé... Vraiment ridicule.

Je me dirige vers le bureau, y récupère violemment les papiers, toujours contrarié, ne voulant pas admettre que j'avais pu me tromper au sujet d'Andrew. J'attrapais ensuite ma serviette, y rangeais les papiers et la balançais sur le côté. Je prenais ma tête entre mes mains, ne sachant plus quoi dire, préférant m'énerver seul plutôt qu'accabler davantage Juliet qui n'y était pour rien. Et je le sais. Je ne le fais pas exprès. Lui faire du mal n'est pas ma volonté. Non, je ne suis pas un monstre... Si je savais comment la rendre heureuse, si je m'en donnais les moyens, alors tout serait plus facile. Je m'en voulais autant qu'elle, de n'être finalement plus celui qu'elle a connu, celui en qui elle trouvait amour, réconfort et confiance. Je m'en voulais de ne plus pouvoir lui apporter ce dont elle a besoin...

Adrian il faut qu'on parle, mais je sais qu'il le faut. Toit le monde me le dit, Heathcliff, Lorenzo, Lou, Andrew.... Je le sais, je me suis bien rendu compte qu'il le fallait. Mais est ce que ça ira mieux une fois que j'aurais parlé, est-ce que ça nous aidera? Est-ce que finalement notre couple va mal simplement parce que nous avons des problèmes de communication? Alors que je lui tournais le dos, je me retournais vers elle.

Juliet me fixait droit dans les yeux et je remarquais son agacement. Jusque là elle s'était tue, mais je comprenais enfin sa colère et sa détermination à lever le voile sur tous les non dits. Je n'avais pas l'habitude de croiser ce regard là, plus souvent confronté à ses yeux tristes et sa mine apeurée. Perdu entre colère et épuisement, je répondais:

" Je ne sais pas ce qu'il se passe Juliet, je n'en sais rien... Je... Putain, arrête de me regarder comme ça Juliet merde...", criais-je en donnant un coup dans la chaise. Si on m'avait conseillé d'avoir cette fameuse conversation avec Juliet, je n'y étais pas du tout préparé.

Non je ne savais pas ce qu'il se passait, dans ma tête du moins. Je n'étais pas débile, je voyais bien que je n'étais plus aussi proche de Juliet, que j'étais "distant" comme elle le soulignait si bien. Oui on ne peut jamais discuter sans que je m'énerve, en même temps je n'ai jamais appris à être calme, quand je sens que les évènements me dépasse, je me protège en gueulant, puisque je n'ai plus que ça à faire. Alors je sais, ce n'est pas drôle, c'est même très chiant, mais je n'y peux rien. Je ne le fais pas exprès. Surtout pas avec Juliet.

Lorsqu'elle avança le fait qu'elle préférait mourir si je partais avec une autre fille, je levais les yeux au ciel. Comme toujours, elle cherchait à me prendre par les sentiments, le pire, c'est qu'elle y arrivait si bien. Ca me tuait de me rendre compte qu'elle tenait autant à moi. J'aurais préféré qu'elle me largue comme une vielle merde, qu'elle soit plus forte que moi à ce jeu là, comme ça je ne culpabiliserais pas à ce point. Et pourtant, je tiens trop à elle. C'est ça le problème. Alors la simple idée de lui faire du mal me tue, l'entendre me dire qu'elle préfère mourir que se retrouver seule sans moi m'arrache le coeur. Je sais qu'elle ne le ferait pas, se donner la mort. C'était impensable... Est-ce juste un coup de bluff, ou irait-elle jusque là? Encore une fois elle semait le doute dans ma tête, et décidément je n'étais pas prêt à prendre la moindre décision.

Quand j'ai rencontré Juliet, j'avais 14 ans... je n'ai jamais connu d'autre fille depuis, et malgré ce qu'il peut se raconter à mon sujet à Magnolia, je n'ai jamais couché avec une autre fille que Juliet. J'ai toujours été le garçon le plus fidèle. Je n'ai jamais fait un pas de travers sur ce point. Je pensais aimer Juliet toute ma vie, mais 10 ans plus tard, je me demande si ça en vaut vraiment la peine? Est-ce que je ne suis pas en train de me tromper? Est-ce que je ne me faisais pas des illusions à l'époque? N'ai-je finalement pas d'autres choses à vivre. Et pourrais-je vivre sans Juliet? C'est aussi la question. Parce qu'on peut dire de moi que je n'aime plus Juliet, mais les gens savent-il réellement ce que je ressens? Non, je crois que non. Ils ignorent que je l'aime encore, et qu'il serait difficile de m'en détacher.

"Tu crois que je n'ai pas peur moi? Je ne sais même plus ce que je fais... et ce que je fais c'est mal. Oui je m'énerve, parce que tu sais très bien que quand je me sens impuissant, c'est la seule manière par laquelle je ne sais plus que m'exprimer..."

Elle se levait du canapé, et je la regardais approcher. Elle me demandait de me calmer, mais je ne pouvais pas... pas maintenant. J'étais bien trop angoissé à l'idée de devoir prendre une décision: rester ou partir, changer ou voir la vérité en face... Nerveux, je commençais à trembler, comme si tout voulait sortir maintenant... comme si il était désormais temps de faire face à la réalité. Juliet voulait parler calmement, et elle avait raison. Je m'emportais, je lui criais dessus, sans raison... ou peut être une.. mais je l'ignorais encore. Elle me tournait le dos, à présent.

"Je... Je suis désolé Juliet...", disais-je en baissant la tête, et plongeant mes mains dans les poches de mon pantalon.

Juliet avait raison, on se connaissait depuis suffisamment longtemps pour tout se dire, mais ça ne sortait pas. Qu'est ce que je pouvais dire et ne pas dire, et si j'en disais trop, elle aurait mal... encore. Je me répéterais si je disais encore une fois que je suis complètement perdu. Non vraiment, il faut que je me sorte les doigts... charmant! Oui il faut que je réagisse, ça ne peut plus durer. Soit j'assume mes sentiments pour Sasha, soit je fais tout pour sauver mon couple, parce que je sais aussi que Juliet en vaut la peine. Pour preuve, nous sommes ensemble depuis presque 11 ans. Voilà... c'est dit ! En fait ça ne m'aide pas du tout... Je n'aime pas faire des choix. Je ne sais pas choisir surtout. Si je n'étais pas le mec le plus indécis du monde, je me porterais mieux je crois. Oui, je manque tant de chose dans ma vie parce que je suis sans cesse en train de peser le pour et le contre avant de faire quelque chose. Je n'ose jamais faire quelque chose par peur des conséquences. Alors forcément, sortir avec moi, c'est aussi s'exposer à d'interminables "Je sais pas quoi faire..."!

J'étais vraiment mal, je pouvais déjà remarquer les larmes dans les yeux de Juliet, et je ne voulais pas. Pas encore une fois. Je m'approchais d'elle, prenais sa main, et déclarais: "Je sais ce que tu fais Juliet... je m'en rend compte. Le problème... il vient pas de toi Juliet... c'est moi, je fais tout foirer..."

Je baissais la tête. La pression redescendais peu à peu. J'étais vraiment au bout du rouleau je crois. L'envie soudaine de la prendre dans mes bras me prie. J'attirais Juliet contre moi, la serrais dans mes bras. Je passais ensuite ma main dans ses cheveux, et ne dis plus rien. Je pensais... tout simplement. J'étais con, con de lui faire ça, con de la rendre si triste. Mais je savais désormais qu'il fallait à tout prix que je sois fort, que j'assume enfin. Il fallait que je puisse prendre rapidement une décision pour que les choses évoluent, que l'on sorte de ce cercle vicieux.

Je déposais un nouveau baisé sur le front de ma fiancée, avant de soupirer et de lui dire: "Juliet, je crois que j'ai besoin de réfléchir. Tu sais que ces dernières semaines n'ont pas été faciles à vivre... j'ai besoin de faire le vide, pour comprendre ce qu'il m'arrive, ce qu'il nous arrive."

Depuis que j'avais tenté de nouer de meilleurs liens avec Heathcliff, j'avais eu écho que désormais il me considérait un peu comme l'exemple à suivre. Apprendre ça, c'était touchant. Que mon petit frère veuille me ressembler, c'était très gratifiant... mais je n'étais définitivement pas quelqu'un d'exemplaire. Non, je ne suis pas celui que l'on doit suivre, et je ne suis pas non plus de bons conseils. Lorenzo était quelqu'un en qui on doit vouloir ressembler, je pense à lui, mais je pense à d'autres personnes. J'espérais tout de même qu'Heathcliff ne commettrait pas avec Annie les mêmes erreurs que moi avec Juliet.

N'est-il pas trop tard pour me rattraper? Si vous posez la question à Juliet, elle vous dira que non. Je la sais aveuglé par l'amour qu'elle me porte, les personnes qui la côtoient, et j'en suis conscient, lui conseillent bien souvent de me quitter... pour son bien avant tout. Mais non, elle résiste. Et malgré le manque d'attention, et de preuves d'amour que je ne lui porte désormais plus, je trouve que cette fille est honorable. Derrière cette fragilité qui fait la "petite Juliet Davies" se cache une force que je ne pourrais nier. Je sais qu'elle se bat, pour nous. Je le sais et je m'en rend compte tous les jours. Et cette bataille me fait peur... peur parce que je ne peux pas lui répondre, je n'arrive désormais plus à m'engager à ses côtés. Roooh, pour un O'Conell, je suis bien compliqué.

Je l'écoutais me reprocher tous mes tords, en acquiesçant d'un hochement de la tête. Je ne pouvais pas lui dire qu'elle se trompait, tout ce qu'elle disait était vrai. Le manque de communication, le fait qu'elle soit là pour moi et ce depuis le début de notre relation, le fait que je ne fasse rien pour nous aider à sortir de cet enfer... elle avait raison, j'en étais conscient. Je ne niais pas. Je me contentais juste de l'écouter, la tenir contre moi, et me taire.

Elle pleurait, encore, toujours. J'étais trop dure, trop exigeant, trop chiant... et elle ne se défendait plus que par les larmes. Et je n'aimais pas ça, la voir pleurer était la dernière chose que je souhaitais. Forcément, si j'étais plus gentil, elle ne pleurait pas... Et lorsque j'eu le malheur de dire que j'avais besoin de temps, pour réfléchir, faire le point, ses larmes s'intensifièrent. Elle se détachait de moi, et me demandait si je comptais la laisser tomber. Qu'est ce que je pouvais bien lui répondre? Je ne savais pas moi même ce que j'allais faire... et surtout ce que je voulais faire. Et qu'elle me pose la question m'enfonçait encore plus dans mon ignorance. Elle disait pouvoir m'aider à faire le vide, et j'aurais aimé lui dire que c'était vrai, mais malheureusement ça ne l'était pas. Je fronçais les sourcils, et partais m’asseoir sur la chaise, près de la table.

"Juliet... j'ai pas dit ça. Je... Je ne te cache pas que je me pose beaucoup de questions... c'est injuste de ma part de te demander ça, mais il faut que tu me laisses le temps. J'ai besoin de me retrouver seul, il faut que je prenne du recul...".

Je ne pouvais pas rester en place, il fallait que je bouge. A peine assis, je me relevais, et me redirigeais vers elle. Étrangement, et ça ne m'étais jamais arrivé devant Juliet, je sentais les larmes me monter aux yeux. Mais hors de question qu'elle remarque quelque chose! Je posais mes deux mains sur ses joues, plongeais mon regard dans le sien, et la gorge nouée, je déclarais: "Je sais tout ce que tu fais pour moi Juliet... Et je t'aime... même si ça ne se voit plus, même si je ne fais aucun effort pour te le montrer. Mais je ne veux plus te faire de mal... Et je ne te rend pas heureuse Juliet."

Forcément, me découvrir avec une autre femme n'était pas la chose la plus évidente, c'est comme si j'apprenais que Juliet fréquentais un autre garçon. Ca me tuerait... Je dois respecter Juliet sur ce point là, je n'ai pas le droit de faire un pas de travers, pas maintenant. J'ai déjà assez fait de mal pour lui infliger de telles souffrances. Et si j'envisageais un jour d'être avec quelqu'un d'autre, je prendrais la décision de quitter Juliet, comme quelqu'un de responsable le ferait.

A ses mots, j’acquiesçais, silencieux. Je tenais son visage entre mes mains, et caressais sa joue du bout de mes doigts. Je n'aimais pas la situation dans laquelle nous étions, je n'aimais pas être ce connard que Juliet ne voit plus que désormais. Même si je semblais avoir lâcher prise, baissé les bras, depuis longtemps, rien ne m’empêchais de douter encore, Juliet ou plus Juliet? Je soupirais, elle se détachais de mes mains.

"Merci Juliet." disais-je à voix basse. Elle me laissait du temps pour réfléchir, et je l'en étais reconnaissant. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle accepte, je pensais qu'elle m'obligerait à parler, là tout de suite, maintenant. Par le fait, elle me prouvait réellement son amour, et je me sentais con encore une fois. Je savais qu'elle faisait tout pour moi, tout et ce depuis le début. Cette fille a posée son emprunte, à jamais, sur ma vie, mon coeur, mon esprit. Je sais que même si un jour nous ne partageons plus nos vies, je veux pouvoir encore veiller sur elle... je ne pourrais pas autrement. Je l'aime, et l'aimerai toujours. Notre histoire de peut s'oublier comme ça...

Juliet me demandait si je voulais qu'elle me laisse seule. Bien sûr, je n'allais pas rester chez elle, et lui demander de partir. Non, c'était à moi de m'en aller, et de trouver un endroit autre que chez moi pour passer la nuit, pour être seul et pouvoir réfléchir convenablement, tranquille. Je hochais négativement la tête avant de lui répondre: " Merci, je ne resterai pas ce soir...". Je m'approchais de Juliet, et déposait un tendre baisé sur ses lèvres, pour me faire pardonner, même si c'était loin d'être suffisant. J'ajoutais ensuite: "On se voit demain Juliet... Je t'appel.". Je récupérais mon sac sur la chaise où je l'y avais déposé. J'attrapais ensuite mon manteau, sans un mot. J'atteignais ensuite la porte. Juliet se tenait derrière moi, appuyée contre le mur, les bras croisés. Je soupirais un instant, prêts à passer le seuil de la porte. Je me retournais, la regardais. Son regard triste, sa petite bouille... J'avais mal au coeur. Je lâchais mon sac, pour aller la prendre dans mes bras, et la serrer aussi fort que je pouvais. "Je suis désolé Juliet... je suis désolé." déclarais-je la gorge nouée. Je restais là, un instant, à la serrer dans mes bras... puis je la relachais. Je déposais un baisé sur son front, avant de récupérer mon sac et d'ouvrir la porte pour sortir de chez les Davies...

Je regagnais la porte d'entrée, prêts à sortir et ne pas revenir ici avant le lendemain. J'avais certes besoin de temps pour réfléchir, mais je voulais aussi respirer. Cette nouvelle altercation avec la belle Juliet m'avait lessivé, et je me sentais vraiment mal. Coupable, parce qu'au final je me rendais compte à quel point je pouvais faire de sa vie un enfer. C'était dur, dur d'accepter que j'avais moins de sentiments pour elle, que je n'étais plus à la hauteur de ses attentes. Que je ne savais désormais plus répondre au moindre de ses besoins.

En voulant sortir de cette maison, j'étais retenu _ retenu par cette mine triste qu'affichait Juliet, retenu par cette culpabilité qui me rongeait _ retenu comme prisonnier de cette relation dont je ne voyais plus le bout. Les gens me voient comme le dernier des connards, et ils ont raison. Ce que je fais subir quotidiennement à Juliet ne fait pas de moi un saint. Mais je sais qu'au fond je ne suis pas quelqu'un de mauvais. Je n'aime pas forcément que l'on dise de moi que je ressemble à mon père, même si c'est beaucoup le cas. Je n'ai pas envie d'être comme Joey, non. Alors quand Juliet me dit qu'elle ne pense pas comme les autres, je suis forcé de me dire qu'elle me ment. Car même si elle me connait mieux que n'importe qui, celui que je suis est bien loin d'être celui qu'elle a connu au tout début de notre relation. Et si elle me dit tout cela pour que je reste, pour que n'ai pas à m'en vouloir d'avoir été ce salaud avec elle, je n'y crois pas. Juliet devrait d'ailleurs être la première personne a avoir cet avis sur moi. Parce que c'est elle et elle seule qui subit, les autres, je m'en fous. Ils peuvent dire de moi que je suis un enfoiré fini, un pauvre mec qui ne mérite pas l'amour de Juliet, ni d'une quelconque femme, je leur dirais bien d'aller se faire voir... même s'ils ont fortement raison.

Je me retournais face à Juliet, l'écoutais me dire ces choses là. J'hochais la tête, et finissais par lui dire: " Ils n'ont finalement peut être pas tord Juliet. Et tu le sais aussi bien qu'eux, et aussi bien que moi...". Je soupirais. Je ne pouvais pas lui dire que j'étais quelqu'un d'honnête alors que je n'étais pas un instant honnête ne serait ce qu'avec elle. Et je ne me trouvais pas honnête, dans mes actes, dans mon comportement. Elle m'aime, c'est ce qu'elle dit. Je n'en doute pas. Mais cet amour l'aveugle, j'en suis certain. Une fille qui n'aime pas, ne serait pas rester avec moi aussi longtemps. Elle se bat tous les jours, et je ne peux pas la blâmer pour ça. Elle est courageuse, peut être la personne la plus courageuse que je connaisse d'ailleurs. Parfois, je préfèrerais qu'elle ouvre les yeux, qu'elle se rende aussi bien compte que moi que plus rien ne va, et qu'il serait temps de prendre des mesures efficaces...

J'étais enfin sur le perron de la maison, Juliet avait avancé jusqu'à la porte. Hésitant, je me retournais une fois de plus vers elle...