Les variantes de Satine pour expliquer le fait qu'ils ne se sont presque jamais vu l'un et l'autre durant toutes ses années ne fonctionnaient gère. Maxim répliqua qu'il était très observateur, c'était d'ailleurs une des qualités requises pour être un bon journaliste et ça Satine n'y avait pas pensé. De plus Maxim soutenait son regard, il y avait de quoi être déstabilisé. Satine pataugeait dans ce qu'elle racontait et Maxim l'observait faire. Elle n'avait pas grand-chose à dire sur le sujet, elle était très solitaire et n'osait pas l'avouer. Elle sortait rarement de son cocon et était très surveillé par sa mère. C'était un peu honteux de répondre ça quand on est une jeune fille de vingt-deux ans non ? En fait elle ne savait pas trop, d'un côté il y avait la musique et le rêve de toute une vie et de l'autre il y avait les expériences de la vie, sa jeunesse et toutes ces choses qu'on devrait tous faire au moins une fois dans sa vie.

Mais Satine fut soulagé de constater qu'il ne l'a questionna plus sur sa vie sociale, ou plutôt son insociabilité. Son changement de sujet avait fonctionné, Maxim avait répondu à sa plaisanterie et elle se félicita intérieurement de ce stratagème. Non seulement elle avait changé de sujet, mais en plus elle arrivait à en savoir plus sur son voisin. Elle venait de passer une heure à parler d'elle en répondant à ses questions sans pouvoir répliquer un seul « Et toi ? » c'était assez frustrant à la longue. Elle voulait elle aussi se prêter au jeu du journaliste qui voudrait bien tout savoir, car au fond la petite rouquine était une jeune fille curieuse.

Il précisa ensuite où il en était dans ses études, il évoqua son travail d'apprenti journaliste ce qui impressionna Satine de savoir qu'il y mettait autant de coeur dans son travail jusqu'à se rajouter des heures en plus. Maxim parla aussi de ses sorties et il sentie le besoin de préciser à Satine qu'il n'y allait pas que pour boire. Satine n'avait rien de particuliers contre l'alcool, elle n'était certes pas une de ses filles qui sortent souvent faire la fête, mais il lui arrivait lors de soirée plus soft après des concerts classiques de boire quelques petits verres de vin. Elle n'avait jamais pris de cuite, ni jamais bu au point de ne plus se rappeler du lendemain où de tanguer dangereusement pour rentrer chez elle, mais cela lui arrivait d'imaginer ce que cela pouvait procurer comme sensation. Est-ce que c'était aussi libérateur qu'on le laissait croire ?

« Je ne savais pas que tu travaillais autant. Tes études et un journal ? Ce n'est pas trop dur parfois de combiner travail et loisir ? » En lui demandant ça bien sûre Satine avait une légère pensée pour sa situation à elle. « Et ne t'en fais pas je ne te prenais pas pour une alcoolique parce que tu me dis que tu sors dans les bars avec tes amis. Je comprends que tu veuilles te changer les idées de temps en temps, c'est normal après tout on a tous besoin à un moment de faire un break. Tu traînes des jeunes de notre quartier je présume ? » Pour une fois qu'elle arrivait à en savoir sur la vie de quelqu'un du quartier autrement que par DS elle pouvait bien aussi demander pour les autres.

Maxim était en fait un parfait exemple, il arrivait donc à avoir une vie sociale active en plus de son travail dans le journal. Satine éprouvait une certaine admiration pour ça ainsi qu'un peu de jalousie. Pourquoi elle n'y arrivait pas ? Maxim avait l'air de plutôt bien s'en sortir dans son travail, du moins c'était ce qu'il avait montré juste avant durant leur interview. Au fond Satine savait ce qu'il clochait dans sa vie sociale, sa mère. Elle lui a déjà dit tellement de fois qu'elle n'avait pas besoin des autres pour y arriver et qu'il l'éloignera de son objectif que l'envie de se battre contre ça lui était passé. De plus elle respectait trop sa mère pour remettre en doute sa parole devant elle. Seulement il y avait cette idée qui traînait dans son esprit, qui doucement prenait de plus en plus de place et voir Ginny et Lucy s'amuser certains soirs ne faisait qu'agrandir cette petite idée. Plus le temps passait et plus Satine se demandait si une vie sociale bien remplie n'était pas plutôt un atout dans son travail et si cela l'inspirait et donnait à son jeu plus de vie ? Mieux les relations sont très importantes dans son milieu et on ne sait pas qui est l'ami de nos amis. Certes elle était déjà née dans le bon environnement et au fond d'elle elle cherchait seulement une excuse pour pouvoir avoir une vie sociale un peu plus palpitante que celle qu'elle avait maintenant et qui englobait un nombre restreint de personne. Alors si elle voulait voir du monde il faudrait qu'elle le fasse discrètement ou en cachette, un risque qu'elle était prête à assumer.

Elle l'écoutait alors expliquer comment il arrivait à concilier travail et vie sociale. Puis parler des jeunes du quartier avec qui il traînait que Satine devait surement connaitre. Elle le regardait expliquer cela, ne lâchant pas son regard, quand il lui dit qu'elle devait surement connaitre ce petit monde elle se mordilla légèrement la lèvre, elle n'en connaissait pas beaucoup. De plus le froid lui gerçait les lèvres, se la mordiller lui faisait un bien fou entre le cela et le stress. Stresser ? Pourquoi d'ailleurs ? Elle ne savait pas trop, peut-être parce que c'était la première fois qu'elle se retrouvait avec un jeune homme qu'elle connaissait à peine dans un café à discuter de tout et de rien. Il ajouta que Satine faisait partie des personnes qu'il connaissait le moins, mais que cela venait de changer ce qui fit sourire la jeune fille. « Et tu fais partie des personnes du quartier à qui je n'avais encore jamais adressé la parole, mais cela vient aussi de changer » plaisanta-t-elle amusée.

« Je ne vais pas te mentir, je ne connais pas vraiment le voisinage, avec mes voyages et mes cours et puis je ne prends pas vraiment le temps non plus pour apprendre à le connaitre ce voisinage. J'écoute les échos, je peux en avoir par les discussions de ma soeur et ses amies quand elles sont à la maison, mais en général je ne sais pas grand-chose du quartier et de ses habitants malheureusement. » Cela sonnait dans sa tête comme un regret, en voyant Ginny, Lucy et Balt tisser des liens avec ses voisins Satine avait fini par les jalouser un peu. Avoir peu d'attention de leur mère était parfois un avantage se disait-elle. Heureusement elle ne savait rien de cette entrevue, Satine savait qu'elle aurait été contre et qu'il était plus sage de lui faire croire qu'elle était au conservatoire.

Elle était à l'aise dans la discussion, ce qui pouvait étonner Maxim. Satine était plutôt vue comme une asociale dans le quartier, on s'imagine donc d'elle qu'elle bafouille un peu trop, qu'elle ne parle pas beaucoup et qu'elle raccourcit ses discussions au maximum. Hors ce n'était pas vraiment le cas, elle était curieuse, pleine de vie et assez positive dans la vie. C'était donc ça qui était surprenant chez elle, derrière cette couche de mystère se trouvait une fille normal et non pas un objet de laboratoire prédestiné à une grande carrière de pianiste. Satine avait plein de rêve en tête comme toutes les autres filles de son âge. Ceux qui la connaissaient mieux étaient habitués à sa manière d'être avec les gens, mais ceux qui ne faisaient que la regarder de loin se demandant quelle sorte de jeune fille intrigante elle était se retrouvant surpris de découvrir une jeune fille comme toutes les autres. Satine n'était pas une de ces filles qui aiment se mettre en avant, au contraire elle restait en retrait la plupart du temps ce qui expliquerait ses années d'absence avec le voisinage qu'elle ne connait que très peu. Malheureusement très contrôlée par sa mère qu'elle n'ose pas défié elle ne sort presque jamais, favorisant le travail avant le plaisir.

Il lui expliqua alors pourquoi il l'avait choisis elle. Certes le fait que ce soit sa voisine était pratique, mais Maxim voulait aussi apprendre à mieux la connaitre. Trop discrète, le jeune homme voulait essayer de comprendre et de cerner la rousse qui habitait en face de chez lui. Il lui exprima alors sa surprise de découvrir une jeune fille si ouverte, il ne comprenait pas pourquoi elle n'avait pas plus d'amis dans le coin. La réponse Satine l'avait déjà et surement que Maxim aussi. Sa mère était un des facteurs clé de son asociabilité, lui ayant toujours appris à ne pas se laisser distraire par n'importe qui, de ne pas avoir confiance en importe qui et surtout dans les relations humaines et en particulier les relations amoureuses qui seraient un frein à sa vie professionnelle. En cherchant ses mots pour répondre à son voisin Satine voyait à quel point la situation était ridicule. Elle avait 22 ans et elle vivait encore sous le crochet de sa mère.

« Je suppose que je n'ai jamais vraiment pris le temps de discuter avec les gens, spécialement ceux de notre quartier et puis les voyages n'aident pas à avoir de vie sociale très stable non plus... » Elle cherchait d'autres excuses qui ne mentionnerait pas le nom de sa mère, mais c'était les deux seules qu'elle avait à l'esprit. Le regard de Maxim sur elle ne l'aidait pas non plus, il était déstabilisant, Satine comprenait mieux d'où lui venait cette réputation de Don Juan avec un tel charisme. Il avait un regard perçant qu'il était difficile de quitter, un sourire charmeur qui devait en avoir fait fondre plus d'une, ainsi qu'une essence de la discussion qu'il maîtrisait parfaitement. Sans le savoir, il l'emmenait doucement vers le sujet qu'il voulait et Satine complètement absorbé par les mots qui sortaient de sa bouche se contentait de lui répondre sagement.

Son café arriva et comme à son habitude elle racla la chantilly de sa boisson pour la manger en premier se concentrant un instant sur autre chose que Maxim. Elle l'écoutait cependant. Il expliqua qu'il était dommage de rester chez soi avec tant de choses à faire autour d'eux, que les occasions de passer du bon temps en s'amusant étaient nombreuses par ici. « Oui j'imagine, j'écoute souvient le résumé des sorties de Balthazar et Ginny. Je n'ai jamais vraiment pris le temps d'organiser de sortie. Je pense même être un peu gourde pour ça » Elle lâcha un légé rire. « De plus je ne suis pas le genre de fille qu'on invite à sortir. Personne ne me connait vraiment dans le quartier, mais je ne broie pas du noir pour autant je suis assez satisfaite de ma vie. » Du positif, Satine cherchait du positif dans ce qu'elle disait et ce n'était pas gagné. Qu'il y avait-il de réjouissant dans le fait d'être un bourreau de travail au point d'être asociale ? Si, il y avait bien un avantage à tout ça, sa carrière était en pleine ascension et elle savait que pour son jeune age elle ne pouvait pas rêver mieux. Elle réalisait un rêve qui était à la fois le sien et celui de sa mère.

C'était un après-midi très enrichissant pour Satine quand on le regardait dans sa globalité. Premièrement, elle avait à présent moins peur des interviews et les appréhendait maintenant avec beaucoup moins de stress. Deuxièmement, elle se sociabilisait, elle venait de se rendre compte qu'elle n'était si difficile que ça que de parler à un jeune homme de son quartier même si la tache fut compliqué au début. Troisièmes, en apprenait sur lui et perçait cette aura de mystère qui tanguait autour de son charmant voisin. Il y avait un seul bémol dans cet après-midi et c'était le temps qu'elle n'avait pas passé sur son piano qui voulait dire plus de travail pour le lendemain. Au fond ce n'était peut-être pas nécessaire, mais c'était devenu une habitude de jouer autant, quelque chose de normale et de naturelle, un peu comme le fait de toujours obéir à la vie stricte que lui infligeait sa mère.

Maxim, lui il était toujours là avec son sourire charmant depuis le début. Il avait du charisme et une souplesse dans ses paroles qui entraînaient Satine avec lui dans ses discours. Tout ce qui sortait de sa bouche semblait vrai et sincère à Satine. Sa bouche elle l'avait d'ailleurs zieutée plusieurs fois pendant leur entretien. Il avait une facilité étonnante à convaincre Satine par ses propos. Il est vrai que la jeune fille était plutôt du genre naïf en général et plein de bonne volonté. Elle aimait croire qu'il y avait du bien en chacun de nous et qu'il fallait voir les choses en vrai pour ce faire des opinons. Alors, même si comme beaucoup elle lisait DS dans son coin le soir sur son ordi, elle préférait plus s'attacher sur le vrai que le virtuel. Justement Maxim Daniels était là en face d'elle chair et en os en train de l'apprivoiser par la force des mots.

Epanouie, oui elle l'était dans un sens. Elle ne pouvait pas rêver mieux comme début de carrière musicale, mais Satine avait toujours ce creux en elle. Elle le sentait, mais elle n'osait pas en parler. Bien trop réserver la rousse n'avait jamais osé en parler à ses amis ni sa famille et encore moins à sa mère. Depuis l'épanouissement de la vie sociale de sa soeur et de son frère Satine creusait son propre trou à coup de questionnement sur sa vie et son sérieux au travail. Ecouter Maxim ne faisait qu'approfondir ce manque, il semblait avoir tellement raison. Mais une étape dans son discours allait sortir Satine de ce moment de léthargie quand elle se mit à comprendre avec quelques secondes de retard qu'il était en train de l'inviter à sortir. Elle. Satine Wainwright. Son regard s'était alors agrandi sur le coup de la surprise et son cerveau tournait à cent à l'heure. Qu'était-il en train de se passer ? Satine semblait perdre toute confiance en elle, il fallait qu'elle lui réponde au plus vite avant qu'il pense qu'elle soit devenu sourde à cause de son piano, mais les mots restaient coincé dans sa gorge, ils ne voulaient pas sortir, elle n'arrivait pas à dire ce qu'elle voulait et pourtant elle en avait tellement envie.

« Je te remercie pour la proposition Maxim... C'était un très agréable après-midi... Mais je pense que je vais refuser et rentrer. Je m'excuse, un jour prochain je sortirais peut-être, tu as de bons arguments pour convaincre les gens un peu trop renfermé comme moi en tout cas. Mais je suis persuadée que tu trouveras quoi faire ce soir et cela même sans ma présence. » Elle se mordit la joue, elle s'en voulait, la réponse qu'elle cherchait était encore coincé dans sa gorge et à la place était sortie un « non » en plusieurs lignes. Quelque part au d'elle une petite voix lui disait qu'elle avait pris la bonne décision, ils se connaissaient à peine et elle n'aurait jamais pu expliquer son retard à sa mère ce soir. Vouloir en savoir plus l'un de l'autre n'aurait fait qu’accroître ces moments de contemplations ou Satine perdait raison d'elle en l'observant parler. Ces moments qui étaient des plus perturbant pour la jeune fille pas habitué à passer du temps avec un garçon de son âge l'avait chamboulés, car au fond elle n'avait pas détesté l'être et c'était bien ça le plus effrayant.

La panique la gagnait, elle ne savait plus trop ce qui était bon ou non et ce qu'il fallait qu'elle fasse. D'un côté il y avait cette curiosité qui la poussait à le suivre et de l'autre il y avait cette impression de bruler les étapes, elle ne connaissait pas vraiment. Satine était encore méfiante à son sujet de plus en plus. Et cela ne fit que monter en crescendo pendant leur conversation. Satine ne savait plus où se mettre et le silence qu'installa Maxim en buvant une gorgée de son café n’arrangeait strictement rien. Elle restait là, bête à ne pas savoir quoi rajouter d'autre à son refus tout en le regardant boire son café. Son cerveau tournant toujours à toute vitesse se demandait alors ce qui se passait dans la tête de son voisin. Pourquoi était-il si calme comparé à elle ? Que préparait-il à lui dire ? Elle chercha des indices sur son visage qui traduirait ses pensées. De l'indifférence, de la peine, un sourire satisfait ? Rien, elle n'y trouva strictement rien et resta alors captivé par ses lèvres dans l'attente d'une quelconque réponse.

Ce bref instant de silence ne fut pas seulement un moment de grand stress, mais aussi de contemplation. A l'attendre Satine avait pu l'observer plus attentivement en chercher des brides d'émotions sur son visage. Elle avait alors remarqué ses lèvres fines lorsque qu'il buvait son café qui ne laissait paraître aucun sourire. Elle remontait son regard passant de son nez fin à ses sourcils qui n'étaient pas froncés par l'incompréhension de sa réponse. Une nouvelle fois elle tomba dans son regard clair et profond qui à part la déstabiliser ne lui disait rien non plus. En un mot l'expression de Maxim était neutre.

Enfin il posa son café et pris la parole, brisant ce silence impossible. Il redemanda alors à la jeune fille si elle était sûre de son choix. Bien sûr que non elle n'était pas sûre, elle était chamboulée et au fond d'elle elle avait envie de courir jusqu'à sa maison pour oublier la fin de ce rendez-vous. Ensuite il mentionna dans son discours sa mère et le fait qu'elle puisse en avoir peur. Cette idée la figea d'un coup net. Elle avait vraiment l'air de ça alors ? D'une jeune fille sous les directives de sa mère. C'était un poil vexant de la part de Maxim et Satine ne voulait pas y prendre plus attention, mais voilà les mots avaient été dit. Il l'avait touché différemment des autres fois de leur après-midi. Satine baissa le regard laissant à son tour un vague silence pas vraiment voulus puis elle commença à se rhabiller, il fallait bien rentrer un moment ou un autre de toute manière et la fin de soirée commençait à pendre au nez de Satine.

D'un ton calme et serein elle répondit à Maxim. « Oui oui je suis sûre. Une autre fois peut être, tu sais où j'habite il te suffira de traverser la route. Et n'oublie pas de regarder à droite et à gauche avant de traverser. » Elle avait glissé cela avec un sourire peu convaincant, à la fois parce qu'elle savait que sa blague était nase et qu'elle ne pourrait pas le faire rire et d'autre part parce qu'elle avait perdu l'envie de rire de la situation. Elle se mit alors debout tout en fouillant dans son sac et sortir de son portefeuille de quoi payer ses cafés et elle posa l'argent sur la table. « Je commence à être fatigué, on pourra revoir ça une prochaine fois. » Au final Satine trouvait que c'était la meilleure chose à faire. Elle allait se remettre les idées en place et repenser à cette journée posée chez elle, loin du regard déboussolant de son voisin. Cependant elle était sincère quand elle lui proposa une prochaine fois. Elle avait aussi envie d'apprendre à la connaitre, mais elle n'en n'avait plus envie ce soir.

Il semblerait pour Satine qu'on ne se débarrasse pas de Maxim Daniels aussi facilement et dans un sens heureusement pour elle, car elle n'en avait pas vraiment envie non plus. Elle n'avait pas passé de moment aussi agréable avec un garçon de sa vie et elle devait avouer qu'elle en avait pris gout assez rapidement. Pourtant, Maxim Daniels et Satine Wainwright n'était pas des noms qu'on avait l'habitude de prononcer dans la même phrase et pourtant il habitait l'un en face de l'autre. C'était tout de même assez troublant pour la jeune fille de penser que ce cher Maxim veuille écrire un article sur elle puis apprendre à la connaitre. Elle qui se trouvait si banale et ordinaire comparé à certaines filles de leur quartier. Satine n'était pas trop du genre à faire très attention à ses cheveux qui étaient souvent en bataille à force de jouer avec à longueur de journée, ni vraiment à sa tenue qui était un mélange de ce qui lui tombait sous la main le matin en se levant et un truc piqué à sa soeur en partant et encore moins à son maquillage qui était toujours très naturelle voir totalement absent. Non, Satine n'était pas une de ces filles que l'on voit toujours en compagnie de garçons, mais il semblerait qu'aujourd'hui ce soir son tour l'espace d'un après-midi.

Maxim lui proposa alors de la raccompagner, glissant dans sa demande une légère ironie. Comment résister ? Il rajoutait « Humour » à la liste de ses qualités et puis il avait raison ils habitaient tous les deux l'un en face de l'autre, il serait alors totalement idiot de rentrer chacun avec un moyen de transport différent. Cela dit, Satine n'était pas sûre qu'il veuille rentrer, elle s'était imaginée qu'il appellera un de ses amis pour sortir le rejoindre en ville ou quelque chose dans le genre.

« Quelle coïncidence ! » Son ironie l'avait quelque peu déridé et à son tour Satine usa du même langage. « J'accepte alors. » Elle ne savait pas quoi ajouter d'autre à part un timide sourire pas vraiment programmé. Elle prit ses affaires et vérifia qu'elle n'avait rien oublié avant de sortir du café. Aussitôt le nez dehors elle frissonna, le décalage de température la brusqua, il lui semblait même qu'il faisait encore plus froid qu'à son arrivée au café, ce qui n'était pas vraiment faux, car les fins de journées étaient souvent plus froides en début de soirée. Maxim ne tarda pas à la suivre et Satine se demanda alors comment ce dernier était venu jusqu'ici et donc comment ils allaient rentrer. « Tu es venus en voiture. » Elle appréhendait un peu leur retour, elle avait peur qu'il y ait des blancs et qu'elle ne sache pas quoi lui dire, elle avait attendu ce genre d'occasion presque toute sa vie et tenait à faire bonne impression, montrer qu'elle genre de fille elle était sans son piano. Elle voulait qu'on la découvre autrement et la meilleure idée pour ça aurait été d'accepter de sortir boire un verre avec Maxim, mais sur le coup cela faisait trop de choses pour elle d'un coup. Satine était une jeune fille avec qui il fallait y aller en douceur, elle était patiente après tout elle avait 22 ans et elle attendait encore que sa vie démarre.

Visiblement Satine n'était la seule de son quartier à encore prendre les transports en commun pour se déplacer en ville. Leur trajet de retour serait donc plus long qu'elle l'aurait cru, Satine allait devoir faire encore un dernier effort de bavardage avec voisin. Un exercice auquel elle se prêtait depuis le milieu de l'après-midi et qui n'avait été aussi catastrophique qu'elle se l'était imaginé. La discussion avait été plutôt facile malgré que moment de doute pour Satine et de renfermement. Le moment où Maxim évoqua le fait qu'il pouvait l'excuser auprès de sa mère pour son retard l'avait un peu vexée, Satine avait pris la mouche et avait failli lui filer entre les doigts en cherchant à s'enfuir rapidement, mais le charme et la persévérance de son voisin ont fini par rallonger cette rencontre encore un peu plus longtemps.

Ils marchaient alors côte à côte sur le trottoir, Maxim expliquait qu'il aimait prendre le bus et en conclue que si Satine pouvait la question c'est qu'elle était venue elle aussi à pied aujourd'hui. Elle acquiesça. « Non plus, j'aime bien me promener je crois et observer le paysage. En voiture c'est plus compliqué on va plus vite et on doit que regarder la route, alors oui c'est plus rapide, mais cela m'empêche de profiter de... » Elle chercha de vue quelque chose de particulier à voir tout en trouvant les mots qui l'expliqueraient. « Comme la couleur du ciel avant le coucher du soleil qui devient un dégradé de rose... ça l'air bête comme raison. Je tiens peut être trop d'importance au détail, tu pourras le dire dans ton article. » Elle lâcha un léger rire et enfonça ses mains dans les poches de son manteau sentant l'air froid lui crisper doucement les doigts.

Puis Maxim s'excusa, il avait senti que la jeune fille n'avait pas trop apprécié qu'on lui parle d'elle et de sa mère et il tenait à s'excuser. Ils étaient à présent à l'arrêt de bus, l'une en face de l'autre à attendre que la navette arrive les chercher. Le fait qu'il s'excuse l'avait touché, autant parce que c'était très prévenant et gentil de sa part, mais aussi parce que chaque minute de plus passé avec Maxim lui faisait regretter de ne pas avoir pris sa vie un peu plus en main. Elle était tellement dirigée par sa mère qu'elle ne s'en rendait pas vraiment compte avant, mais le temps passait et Satine rêvait de découvrir le monde avec d'autres points de vues. « Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas. C'est gentil de ta part de t'excuser. » Elle répondit à son sourire, elle était à présent un peu plus rassurée de sa présence. Elle connaissait un peu mieux ce voisin, il n'avait pas l'air méchant et du peu qu'elle en avait vu il ne ressemblait pas tellement à ce que Dirty Secret disait. Après ce n'était que la première fois qu'elle prenait le temps d'apprendre à connaitre Maxim Daniels, elle ne pouvait donc pas savoir qui il était réellement et vis vers ça.

Attendant le bus devant leur arrêt avec Maxim Satine nicha son visage dans son écharpe en l'écoutant parler pour se couvrir du froid qui se faisait encore plus lourd une fois immobile dehors. Satine avait été surprotégé toute sa vie, alors il était normal qu'elle devienne frileuse avec le temps tout comme elle ne supportait pas les grosses chaleurs. De loin le printemps et l'automne était ses saisons préférées. Au moins on ne mourrait pas de froid, ni de chaud. Elle écouta alors Maxim lui répondre qu'il était content de leur rencontre et qu'il avait hâte de la revoir. Satine fut surprise de l'entendre dire ça. Hâte de la revoir ? Elle ? La rousse toute discrète qui ne sort pas, qui ne va jamais à la rencontre des gens de leur quartier, qui vit sa vie toute seule dans son coin ? La même Satine qui vie en face de chez lui depuis toujours et à qui avant aujourd'hui ne lui avait jamais décroché un mot ? C'était surprenant qu'en un seul après-midi Satine intriguait Maxim assez au point qu'il veuille la revoir. Du moins c'était assez surprenant pour elle. Il semblait ne pas vouloir lâcher le bout, en particulier avec cette sortie qu'elle lui avait promi. C'était assez effrayant dans un sens de se dire qu'elle ressortira un de ses jours avec son voisin, mais Satine ne saurait l'expliquer pourquoi elle en mourait d'envie et elle savait que quand une idée lui entrait dans la tête il était difficile de la faire partir avant de l'avoir réalisé. Elle le regarda un moment avant de diriger son regard derrière lui dans le vide regardant la route. Il ne fallait pas flancher, elle devait rentrer ce soir de toute façon, elle avait accumulé trop de retard pour une journée, elle verrait cette prochaine entrevue avec Maxim plus tard.

Satine se retourna vers lui avant qu'il ne finisse de sa phrase. Il continua en parlant de ce petit bar c'est sympa pour rassure Satine, mais bizarrement ce qui rassurait Satine ce n'était pas la sécurité du lieu, mais plutôt la présence de son voisin qu'elle ne connaissait pourtant à peine. S'il devait lui arriver quelque chose durant cette soirée elle était prête à parier qu'il ne la laisserait pas tomber. Il semblait avoir beaucoup trop de classe pour laisser une jeune fille en détresse pas très sobre dans un bar avec des inconnus. C'était inexplicable, mais elle sur ce point elle n'avait pas peur, elle n'avait pas peur parce qu'elle en avait envie et l'avait donc décidé ainsi.« Contente que notre entrevue t'est plu alors. Tu n'oublieras pas de me faire lire cet article ? Je serai assez curieuse de savoir ce que ça donne et de lire tes travaux, on verra pour cette fameuse sortie à ce moment-là. » Elle préférait ne pas lui dire de date pour le moment, elle était patiente et ne savait pas trop comment ses prochains jours allaient s'organiser. Derrière Maxim le bus arriva, enfin. Satine qui gelait petit à petit lâcha un soupir de soulagement. « Notre bus arrive ! » Elle sortit sa carte de bus de son sac prête à rentrer histoire de profiter du peu de chaleur que ce dernier pouvait lui offrir.

La situation avait tout de bizarre, deux voisins qui ne s'étaient avant ce jour jamais vraiment échangé de parole qui se retrouvait à rentrer ensemble chez eux dans le bus... Sans oublier leur après-midi au café. Qui l'aurait cru ? Si on lui avait dit ça ce matin Satine ne l'aurait pas cru. Elle n'arrivait toujours pas à comprendre ce qui pouvait intéresser Maxim chez elle au point de vouloir la revoir et pas n'importe où, la revoir dans un bar ! Satine n'avait encore jamais mis les pieds dans les bars du coin. Une ou deux fois oui elle avait traîné dans des bars après certains de ses concerts, mais des bars chics et avec sa mère et tout le gratin de la musique classique. Ce qui n'avait strictement rien avoir avec ce que Maxim lui proposait, c'était clair.

Une fois installée et le bus en route Satine dut faire un effort pour ne pas comme à son habitude poser sa tête sur la vitre et regarder le paysage défiler sous ses yeux. Aujourd'hui elle était accompagnée et Maxim venait de prendre la parole, elle lui devait un minimum d'intention, il était largement plus distrayant que regarder derrière la vitre qui plus est. Maxim répondis alors à ce que Satine lui avait dit juste avant que le bus arrive. Il proposa deux solutions à Satine, l'une était d'envoyer son article par mail et la deuxième de venir lui montrer en main propre. « Ca m'est égale dis-moi quand il sera près et on avisera à ce moment-là en fonction de si tu as pas mal de choses à faire ou si je suis occupée ? » Ainsi elle avait esquivé l'idée de faire un choix, enfin elle avait reporté cette décision à plus tard, il y avait trop de choses à penser par rapport à Maxim aujourd'hui, l'histoire du bar, de l'a raccompagné, leur entrevu et maintenant savoir si elle l'inviterait à rentrer chez eux alors qu'il y a sa mère qui vie sous le même toit. C'était un peu trop pour une journée pour Satine, pas habitué à passer du temps avec le sexe opposé et surtout ... pas vraiment autorisé non plus.

Satine lui sourit doucement histoire d'avoir l'air un peu plus sympathique et sociable. Elle s'adossa ensuite complément sur son siège légèrement fatiguée. Elle sortie ses mains de ses poches pour attraper une mèche de cheveux qu'elle s'amusa à faire tourner autour de ses doigts, elle adorait faire ça, jouer avec ses cheveux et examiner a quel point leur couleur pouvait être flamboyante au soleil. Sans quitter Maxim des yeux elle continua de jouer avec d'un air distrait, elle était en train d'imaginer comment pouvait se passer cette soirée en sa compagnie, quelle personne il pouvait vraiment être et si elle avait raison de lui faire confiance avec si peu de temps passer avec lui. Est-ce qu'il allait rencontrer des gens qu'ils connaissaient ou pire, est-ce que DS en parlerait ? Elle chassa cette dernière idée de sa tête, elle n'avait jamais été sur le site de DS et elle ne voyait pas pourquoi ça commencerai aujourd'hui, sa vie n'était pas très intéressante. En revanche, Maxim lui avait son nom de mentionner plusieurs fois sur le site...

Maxim profita de l'état de léthargie de Satine pour la déstabiliser, la sortant de ses pensées en lui, demandant pourquoi elle le fixait ainsi et si c'était parce qu'il était si beau. Satine se réveilla instantanément fixa les yeux clairs de son voisin se répétant dans sa tête ce qu'il venait de lui dire histoire de voir si elle ne s'était pas trompée. Mais elle ne s'était pas trompée et Maxim lui avait bien demandé ça, quand elle s'en rendit compte le rouge ne manqua pas de lui monter aux joues malgré ses efforts pour se contrôler. Elle ouvrit la bouche une première fois, mais aucun son n'arriva à Maxim et elle se pinça les lèvres pour se reprendre. Il ne voulait que blaguer pourtant, elle le savait, pourtant, alors pourquoi réagir si bêtement à sa question ? Bien sûr qu'il était beau elle ne pouvait pas le nier, mais ce n'était pas vraiment la raison de son beug. Elle ouvrit la bouche une seconde fois et cette fois-ci c'était la bonne

« Euuh non. Tu n'as rien. C'est moi. Enfin j'étais dans la lune. Un peu ailleurs. » N'arrivant pas à faire de phrases constructives Satine préféra s'arrêter là pour épargner les dégâts. Elle s'en voulait intérieurement d'avoir réagi ainsi, elle se sentait plus que bête maintenant et ne savait plus où se mettre. Au moins quand elle fixe la vitre dans le vide, la vitre ne la mettait pas mal à l'aise. C'était peut-être les risques à prendre quand on voulait avoir une vie sociale plus active remarqua-t-elle cependant, être gêné, les blancs dans une conversation, les gaffes ect...

Déstabilisé Satine en lâcha ses cheveux et attendis sagement que leur bus arrive à leur arrêt. Sans un mot ils descendirent l'un après l'autre, ils étaient enfin rentrés au quartier et ils ne semblaient pas avoir beaucoup de monde dehors par ce temps. Aussitôt dehors Satine fut surprise par le vent qui soufflait sur son visage, elle rangea de nouveau ses mains dans ses poches et se cacha un peu dans son écharpe. Toujours aussi frileuse elle tenta de positiver en songeant à la chaleur de sa maison qui n'était plus si loin que ça à présent. En compagnie de Maxim elle longea alors le quartier remarquant l'absence de vie de celui-ci en plein hiver. Au moins personne ne les fixerait bizarrement du regard en les voyant rentrer ensemble.

Quelque chose dans l'esprit de Satine lui disait que Maxim l'avait fait exprès de la déstabiliser ainsi. Il ne semblait pas surpris, ni gêner de sa réaction un peu bête... Il était malin, plus qu'il ne le faisait paraître elle avait eu l'occasion de s'en rendre compte aujourd'hui autour d'un café ou deux. Satine était très lunatique, c'était dans sa personnalité elle n'y pouvait rien, c'était sa manière de voir le monde. Elle remarquait des détails et leur trouvait parfois une certaine beauté, ou tout simplement se mettre à penser longuement en fixant le vide. Éternelle solitaire elle n'a pas pour habitude que cela gène quelqu'un. Elle avait honte, elle avait agi comme quand elle était seule laissant ses pensées prendre le dessus. Maxim avait donc rusée pour la sortir de son monde et en avait donc profité pour y glisser une blague qui a coup sûr allait rendre la jeune fille mal à l'aise.

Une fois dehors le rose de ses joues revint, mais à cause du froid cette fois. Satine se couvrit comme elle pouvait en suivant le chemin qui menait vers sa maison en compagnie de Maxim. Une fois devant sa maison il la remercia pour leur entrevue et leur discussion. Il la tiendrait au courant pour l'article et donc pour leur future sortie. Il se pencha alors vers elle pour lui embrasser les deux joues, Satine statique à cause du froid n'eut aucun mouvement de recule et elle remercia le froid de rougir ses joues autant que Maxim, ainsi la différence ne devait pas trop trop se remarquer. Enfin elle l'espérait !

« Euh.. » bafouilla-t-elle de nouveau. « Ce n'est rien, je te remercie aussi. J'ai hâte de lire ce que cet article va donner, je dirais à ton professeur que tu as agi professionnalisme par mail. Il voulait qu'on donne notre avis.» Elle regarda sa maison derrière lui et lâcha un petit sourire. « Fait attention en rentrant surtout. » Elle n'était pas sûre que ça blague soit très drôle, en réalité c'était un peu dit comme les mots de la fin, ne sachant pas comment finir cette conversation. Elle n'avait fait aucune allusion à leur future sortie, après tout ils verraient cela au moment venu, rien en pressait pour Satine qui sur ce point aimait prendre son temps.