And then you.

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Voilà 3 semaines pour être exacte que Jaylann était enfermée chez elle, n'ayant pas posé un seul pied dehors depuis. Les volets de sa chambre étaient fermés seule une lumière tamisée éclairait la chambre, aussi froide que celle qui l'occupait dans son apparence ; elle était très ordonnée, tout avait sa place précise, pas une poussière mais pas le moindre signe de vie. Qui aurait pu croire que cette chambre était occupée à moins de ce corps à demi nu, étendu sur le lit ? Mais subitement nous nous demanderions pourquoi. Pourquoi une belle jeune femme comme Jaylann étendue sur ce lit, telle une Belle au bois dormant moderne se laissait dépérir de cette façon ? Un seul nom résout le problème ; Zachary. Depuis leur dernière rencontre au Gordon Coffee la belle ne souhaitait plus entendre parler de lui et encore moins le voir, c'est pour cela qu'elle avait jugé astucieux de rester cloîtrée chez elle, se "bouchant les oreilles" quand Julia venait à parler de lui à table, s'enfermant dans sa chambre quand Zachary venait lui rendre visite et autres stupidités, elle le concevait. Mais c'était plus fort qu'elle cette fois, elle n'avait plus le goût pour grand chose, n'y même pour se battre.

Ses seules activités étaient fumer, boire du café, manger parce qu'il le fallait et renouer avec de vieux souvenirs. Après avoir ressasser sa relation avec Holden, elle creusa un peu plus loin et se souvint à quel point elle aimait la danse et ce qu'elle lui apportait. Leeda avait inscrite sa petite tête blonde à des cours de danse classique dans une école très prestigieuse et ce dès sa plus tendre enfance, à 8 ans à peine Jaylann était déjà très décidée et bien que très peu attirée par la danse classique à l'époque elle le fit pour faire plaisir à sa mère, pour la rendre fière, pour être meilleure que ses soeurs. Finalement une passion pour elle, enchaînant petits spectacles jusque grandes représentations, mais cette passion prit fin il y a de ça quelques années laissant derrière elle un caractère inflexible, de la rigidité, de la rigueur ou ce qu'il en reste.

Elle se souvint que malgré un déménagement brutal, les Fitzgerald avait pensé à emmener sa vieille barre de danse, elle était entreposée dans le grenier comme tout les vieilleries de la famille. Jaylann avait décidé de lui donner une nouvelle vie et c'est dans une des pièces vides de la maison, qu'elle l'installa ainsi qu'un poste. Ne sachant pas réellement à quoi cela allait aboutir, selon elle ce n'était que du rabâchage mais qu'avait-elle de mieux à faire ? Et puis il n'y avait que cela qui pouvait la faire se ressaisir.
Elle déposa doucement ses doigts sur la barre qu'elle fit glisser le long de celle ci et elle alluma la radio. Naturellement, les gestes suivirent, des gestes souples et précis, une grâce naturelle; elle n'avait rien perdu mis à part la conviction, celle de réussir tout ce qu'elle entreprenait. Mais l'envie était là, cela faisait quelques jours qu'elle avait perdu toute envie et au rythme de la musique, elle oubliait tout doucement.

C'est ainsi qu'elle occupa ses journées, pendant des heures elle s'enfermait dans cette pièce et ne pensait à rien. Mais voilà, un matin alors qu'elle était en plein pas de bourrée, quelqu'un semblait bien s'acharner sur la porte d'entrée la faisant presque défaillir. Rapidement elle dévala les escaliers, pensant que Julia avait tout simplement oublié ses clés. Malheureusement pour elle, à l'ouverture de la porte se trouvait un Zachary au bord de la crise de nerfs, son coeur ne fit qu'un bon, mais qu'importe il ne méritait en aucun cas son attention, plus maintenant.

- Julia n'est pas là.

D'un geste rapide elle lui referma la porte au nez.

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Il avait reçu les nombreux textos et appels de Julia. Ca l'excedait, ces reproches incessants sur ses retards, ses absences. C'était de sa faute, peut être? Est ce que quelqu'un allait aller faire les courses si il ne le faisait pas? Est ce que les factures seraient payées si il ne les payait pas? Non. Clairement pas. Mais Julia ne comprenait pas, il devait le faire, il n'avait pas d'échappatoires à ça. Et ces responsabilités entrainaient des imprévus, desquels il devait se dépétrer pour filer chez les Fitzgerald.
Certes, il était désolé qu'elle ait attendu aussi longtemps devant la boite. Il l'avait rejoint, mais trop tard apparemment. Il avait donc pédalé jusqu'à chez elle, espérant la trouver là. Il venait, juste hein, de se faire larguer. Par SMS. Comme une merde. Et il pensait, sincèrement, mériter mieux que ça.
En furie, il était en furie. Sonnant, cognant à la porte des Fitzgerald. Il se foutait de tomber sur les parents, sur Katya, James ou même Jaylann. Elle devait être là. Et elle lui devait des explications. Alors il avait frappé, frappé jusqu'à ce que l'ainée lui ouvre, pale, les yeux ternes. Mais ça, il ne le remarqua pas. Stoppant la porte de son épaule, il rentra de force à l'intérieur, complètement hors de lui. "Je sais qu'elle est là, elle se cache où bordel?!". La réponse muette de Jaylann ne fit qu'empirer sa colère. Il devait la trouver. Faisant le tour de la maison, et vérifiant deux fois dans la chambre de Katya et Jaylann, il redescendit les escaliers avant de s'effondrer sur les dernières marches. La tête entre les mains, les yeux rougis, l'impression d'une plaie béante dans l'estomac. Frappant sa tête contre le mur, il releva les yeux vers Jaylann. Il ne pouvait pas ressentir de compassion pour elle, à la vue de cette scène. Pas aujourd'hui. Faisant tourner son portable entre ses mains, il lui lança en soupirant, pour qu'elle comprenne. Les larmes aux yeux, se mordant les lèvres, il la fixait, sans un bruit, attendant une réponse, une explication peut être.

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Sans réelle surprise il força la porte et dans une rage folle se mit à crier, à chercher désespérément Julia. Jaylann le regardait d'un oeil, vexée du peu d'attention qui lui porta mais revint à la réalité quand Zachary dévala les dernières marches. Elle avait certes un pincement au coeur, plus que ça même mais elle n'avait pas envie d'être là pour lui, aussi égoïste que cela pouvait être. Elle s'était tout de même avancée, face à lui, le regard méprisant.

- Calme toi Zachary.

Avec une voix certes plus douce mais autoritaire, elle s'éloigna du jeune homme à fin de gagner la cuisine, elle lui servit une bonne tasse de café qu'elle vint lui porter, estimant qu'une boisson chaude pouvait au moins lui faire du bien.

- Votre relation, aussi merdique soit-elle, ne me concerne pas.

Voilà, elle n'avait rien à lui dire, elle s'en fichait, tant que Julia était concernée elle s'en foutait comme de l'an 40. Le pauvre pouvait bien être blessé ce qu'elle pouvait comprendre mais n'étant pas du tout objectif sur le cas qu'était sa soeur elle ne pouvait se permettre de lui expliquer quoi que ce soit. Elle lui jeta son portable sans daigner le regarder.

- Tu n'as qu'à l'attendre ici.

À ces mots, elle enjamba le jeune homme à fin de monter les escaliers et reprendre son activité, elle ne pouvait pas gâcher autant d'efforts pour l'oublier à cause d'une simple séparation. Dans un autre contexte Jaylann aurait pu être heureuse de cette séparation mais pas cette fois. Elle augmenta le son du poste radio et souffla un grand coup avant de reprendre.

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Fixant la tasse, se brulant les mains en la serrant, il essayait de réfléchir. Mais c'était le vide, le chaos total. Plus rien n'y était, à part une colère immense envers Julia. Il attendait, attendait, mais rien ne venait. Personne. Juste de la musique émanant de la chambre de Jaylann, et l'ombre de la lune sur le mur. Quand il se décida à boire une gorgée de son café, il était glacé. Alors ça allait être comme ça? Il allait simplement se faire jeter, et il ne pouvait rien faire pour empêcher ça? Se relevant, il alla vider la tasse dans l'évier. Il avait l'impression d'avoir un trou à la place du coeur. Il avait mal, une douleur sourde se répandait lentement dans son corps. Tout le monde finissait par partir, par l'abandonner, par le laisser tomber. Le monde entier était cruel, et il fallait peut être commencer à rendre les coups.
Levant les yeux, écoutant la musique, il se dirigea vers sa source, doucement. Dans l'encadrement de la porte, il observait la jeune femme danser, plutôt bien d'ailleurs. Il ne ressentait plus cette honte, cette culpabilité d'être en sa présence. C'était d'ailleurs totalement l'inverse. C'est ce qui pouvait le plus atteindre Julia, que sa grande soeur se rapproche de son ex. Et à vrai dire, il avait bien l'intention de l'atteindre. Il y avait juste une manière d'y parvenir, une certaine attitude à adopter. Elle aurait mal, elle aussi, elle comprendrait. Il avait été irréprochable, n'avait aucuns torts, du moins de son point de vue.
S'avançant, il referma doucement la porte, faisant juste assez de bruit pour que Jaylann le remarque. Appuyé au chambranle en bois, les bras croisés, il l'observait, silencieux.

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Elle occupait la pièce entière en allant et venant, se trompant, recommençant, dans le seul but de laver son corps de toutes pensées. Lorsqu'elle dansait elle ne pensait plus à rien, elle se libérait de toute obligation laissant aller doucement son corps au rythme de la musique. Mais la magie ne dure qu'un temps ou alors Jaylann était face à un monstre qu'elle ne pouvait combattre car merveilleuse actrice, tendre mensonge qu'elle s'imposait ; son coeur battait la chamade, la boule au ventre elle s'efforçait de réaliser ses mouvements à la perfection tout en sachant que l'objet de ses délits n'était qu'à quelques mètres d'elle. Oui, mais il était là pour Julia, uniquement pour Julia, il ne méritait pas son attention.

Mais lui, cherchait définitivement à avoir l'attention de Jaylann, la porte s'était ouverte laissant y passer son ombre d'amoureux déchu. Elle continua de danser comme si personne n'était là mais le regard de Zachary se posait sur sa peau, sur tout son corps, elle pouvait le sentir virevolter à mesure qu'elle voyageait à travers la pièce. Il ne devait pas voir qu'elle était décontenancée, elle n'avait pas honte d'elle bien au contraire, mais sa présence étant troublante. Se concentrer était un effort surhumain. Au fil des minutes, des heures qu'elle avait passé dans cette pièce, la température était nettement plus chaleureuse, à la limite de l'étouffement, ou était-ce simplement l'effet du beau brun ? Elle l'ignorait, ne lui offrant aucun regard.

Elle se débarrassa de son gilet qu'elle fit tomber au sol, se retrouvant habillée d'un débardeur et d'un legging, elle se posa au sol chopant une cigarette qu'elle alluma soigneusement et entreprit de délacer ses pointes ignorant toujours le jeune homme, cela pouvait durer très longtemps mais le silence était pesant, elle leva la tête vers Zachary et lui balança son paquet de clopes avec désinvolture.

- Tiens, remets-toi du spectacle.

Une fois libérée de ses maudites pointes qui commençaient à la faire souffrir, elle ouvrit une fenêtre où elle se posa, inspirant à grande bouffée sa cigarette, les yeux rivés au ciel.

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C'était donc comme ça, maintenant? L'agressivité. C'était revenu comme avant? Il en doutait. Il avait brisé la carapace de Jaylann une fois, il pouvait recommencer. Avec des sentiments moins honorables, il fallait l'avouer. Attrappant le paquet au vol, il en sortit une cigarette en souriant doucement. L'allumant, il observa la fumée s'en dégageant, avant de s'approcher à son tour de la fenêtre. S'appuyant contre le mur, il fit passer son bras par l'ouverture pour faire tomber un peu de cendres. L'art de la propreté par Zachary Dekker. Ce faisant, il observait le visage de Jaylann, rivé sur la lune. Intouchable. Il connaissait la rengaine. Il fallait lui tendre la main et attendre qu'elle s'approche. Comme un animal sauvage. "Alors comme ça c'est la fratrie entière qui a décidé de me détester?". Rien ne pouvait être pire que son silence, pas même son courroux, qu'il essayait d'ailleurs d'éveiller. Lui tendre une perche et qu'elle la saisisse. Encore fallait-il que, option numéro un, elle soit assez naïve pour ne pas comprendre ses motivations. Chose assez complexe à envisager sachant qu'elle était peut-être la maîtresse des plans diaboliques pour détruire sa soeur. Ou seconde option, qu'elle comprenne, coopère. Exposer le fait accompli à Julia, au grand jour? Ce n'était pas forcément dans son intérêt. Il la garderait secrète, jusqu'à ce qu'elle ne soit révélée, comme chaque secret dans son monde. Mais c'était certainement vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué que de ne penser en ces termes. Il fallait d'abord que Jaylann lui montre quelconque signe d'attention. C'est peut être seulement à cet instant que le doute s’immisça dans la tête de Zachary. Et si elle revenait? Pas son genre. Ou peut être trop son genre. Elle ne le ferait pas. Et si elle avait trop parlé sur un coup de tête? Elle parlait toujours trop. Et si il y avait encore une chance? Il n'y en avait pas, elle avait été bien assez claire sur ce point. A trop avoir peur de l'abandon, on le provoque...

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Comme un chien qu'on traîne en laisse il était venu la rejoindre au bord de la fenêtre, elle souriait discrètement car même si les hommes détestaient sa personne, elle avait une emprise sur eux et pouvait les mener à faire n'importe quoi.

Elle sentait ce même regard que lorsqu'elle dansait sur son visage, allant et venant, cherchant la moindre faille mais il n'y avait rien à trouver, éclairé par la lune son visage était calme, pas le moins troublé. Mais Zachary avait plus d'un tour dans sa poche ; il était arrogant, voulant jouer à je ne sais quel jeu, retournant alors sa veste. Depuis que sa chère et tendre s'est lassée de lui, il se retrouvait dans le rôle du garçon confiant prêt à mener je ne sais quelle partie. Ne daignant pas le regarder, arrogante et lascive à la fois ;

- On ne te porte pas assez d'intérêt pour te détester.

N'ayant pas forcement de compte à rendre mais lassée par le silence elle se fit plus engageante à fin de piquer, elle aussi.

- C'est tout ? Tu as fini ton caprice Zachary ?

Même si le jeune homme avait prit en quelques sortes la place de son père et malgré tout la tête sur les épaules par son dévouement pour sa mère et sa soeur, on pouvait encore sentir quelque chose de candide en lui, peut-être son regard, peut-être son visage ou sa façon de se permettre de rentrer chez les gens ainsi, négligeant même l'intimité de Jaylann en pénétrant dans son antre.

- Ma chambre te plaît d'ailleurs ?

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Un caprice? Lui faire un caprice? Il n'avait apparemment jamais été un enfant capricieux, et ne pensait pas l'être devenu ces derniers temps. A vrai dire, il n'aurait pas été capable de faire un caprice. Surtout pas maintenant. Se retournant, tirant sur sa cigarette, il sourit en observant la chambre. Elle était clairement différente de celle de Julia. Pas immense, mais incroyablement bien rangée. Elle était à l'image de Jaylann: indéchiffrable. Quasiment aucunes décorations pour essayer de l'analyser, une barre de danse, une radio, un lit fait, sans un plis, une lumière tamisée. Il avait l'impression d'être dans la chambre de la fille la plus fragile et légère au monde. Dans la chambre d'une plume. S'accoudant à nouveau à la fenêtre, il tira une nouvelle fois sur sa cigarette. "Pure. Et fragile. C'est pas très compréhensible mais c'est comme ça que je la vois." Ou c'était peut être également comme ça qu'il voyait Jaylann, mais ce n'était pas le sujet.
Songeant à leur dernière conversation, il se dit qu'il fallait en parler, inévitablement. Il ne savait pas réellement comment aborder le sujet, alors autant y aller doucement. A tatons. En mode Jaylann. "Je t'ai pas vu depuis le lac...". Sous entendu, tu te cachais? A vrai dire, il comprenait très bien qu'elle agisse de la sorte. Laissant sa tête reposer contre le mur, il murmura. "Il s'avère que tu avais sûrement raison." C'était peut être une des façons d'amadouer Jaylann, de lui donner raison, de la laisser croire qu'elle était importante. Il n'avait pas réellement le choix, il fallait que ça marche.

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Pure et fragile, sérieusement ? Comment pouvait-on qualifier une chambre de fragile ? Il disait n'importe quoi, il l'énervait. Les sourcils de la belle se froncèrent d'autant plus lorsqu'il aborda le sujet du lac, ce fameux sujet dont elle ne voulait plus entendre parler, à vrai dire, elle était presque sûre qu'il s'en foutait pas mal de l'avoir vue ou non ou alors elle était bien trop énervée pour être objective.

- Je n'avais pas envie de te voir.

Franche à son habitude, elle n'avait aucune raison d'embellir le tableau, elle n'avait pas envie de le voir, point. Sans nul doute que Zachary le savait. La tête posée contre le mur il murmurait, se la jouant beau gosse un peu mystérieux, pathétique, quel retournement de situation, avec quelques verres j'aurais probablement cru à tout ton bordel, pensa-t-elle. Mais bien décidée à garder le contrôle, elle tourna légèrement la tête vers lui à ses mots, lui souriant doucement, un sourire qu'il a connu. D'une voix intéressée elle s'approcha de lui cachant toute l'ironie qui l'animait.

- Vraiment ?

Plus habile, plus forte que lui elle s'approcha encore le regardant, le pénétrant du regard à fin de s'approcher de son oreille où elle lui murmura :

- Tout ce qui m'a poussé à te dire ça était dans l'unique but de blesser Julia.

Aussi lascivement que lorsqu'elle parvint à son oreille elle se recula et jeta négligemment son mégot par la fenêtre, ne lui adressant aucun regard. Elle se dirigea vers sa commode, éteignant le poste à l'occasion qui lui était devenu insupportable et trifouillant dans son tiroir pour en sortir de quoi se changer.

- J'ai une douche à prendre, tu m'excuseras.

D'un pas décidé elle marcha vers la salle de bain, une fois posée devant le miroir elle soupira longuement. Allait-il la suivre cette fois également ? À vrai dire, elle n'y croyait pas alors en toute confiance elle commença à se dénuder pendant que l'eau coulait, réchauffant l'atmosphère, peu à peu...

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Juste pour blesser Julia? Ca l'étonnait. Il savait que lors de leurs dernières conversations, il avait vu la vraie Jaylann. Et qu'elle s'en punissait d'ailleurs depuis. La regardant s'éloigner vers ce qu'il supposait être la salle de bain, des habits dans les mains, il soupira. En fait, il avait terriblement besoin de compagnie, mais il l'attendrait. La suivre dans la salle de bain? Il n'avait pas réellement envie de tenter la décapitation ce soir. Il attendrait donc, 45 minutes si il le fallait, temps nécéssaire à une fille pour se doucher. Il avait d'ailleurs du mal à comprendre pourquoi. Lui y restait quinze minutes au pus long. Sauf quand il prenait un bain. Et qu'il fumait ans son bain. D'ailleurs, il avait bien envie de faire ça en rentrant à la maison. Et de manger des chips.
En somme il essayait de se vider l'esprit, de ne pas penser à Julia. Se hissant sur le rebord de la fenêtre, les jambes dans le vide, il sortit une clope de son paquet avant de l'allumer. Il fumait trop, beaucoup trop, il le sentait d'ailleurs durant n'importe quel effort physique, il était essoufflé. Il avait commencé quelques années auparavant, quand il avait senti les tensions entre ses parents pour la première fois. Et puis la mort d'Alicia et le départ de son père l'avaient salement amochés aussi. Et c'était peu dire. En faisant une légère rétrospective sur sa vie, il se rendit compte que tout ce qui s'était passé dans le quartier avait gaché son adolescence. Il avait vu la descente aux enfers de la famille King de près, ainsi que celle de sa famille à lui. Il ne comprenait toujours pas pourquoi tout cela était arrivé. Rien n'avait de sens, il manquait des raisons, précises. Des motifs. Et pourtant, il essayait tout de même de se frayer un chemin dans ce chaos. Après ce qui venait de lui arriver, c'était peut être le signe qu'il n'y avait aucune raison de continuer ainsi. Autant se laisser porter, laisser faire. Soufflant la fumée, la regardant s'éloigner dans le ciel, il songea à une décision plus importante, qu'il aurait peut être du prendre plusieurs années auparavant.

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L'eau chaude se fracassait d'abord sur le visage calme de la jeune blonde avant de terminer sa course le long de son corps, elle posa son front contre le mur glacé un instant comme pour revenir à elle, elle avait su rester calme, garder sa rancoeur pour elle uniquement, elle n'était pas aussi faible que cela. Mais elle savait très bien qu'elle mentirait si elle venait à se dire qu'elle s'en fichait, que cela ne l'a touché pas car c'était évidement faux, le pire mensonge qui soit. Mais elle avait vu clair en Zachary, il était aussi destructeur qu'elle quand il était blessé et tout ses actes et ses paroles n'étaient dictés que par la haine, s'il est resté auprès de Jaylann c'était parce qu'il savait qu'elle était sa meilleure arme pour abattre Julia, rien de plus. Elle éteignit l'eau, le poing serré, les dents qui grincent.

10 minutes s'étaient passées, pas le moindre signe de vie de la part de Zachary, il était parti, c'est certain. Presque soulagée de ne pas à avoir à commettre de crime ce soir et de tout simplement profiter de sa solitude, elle égoutta rapidement ses cheveux, enfila un simple peignoir et regagna sa chambre, vidée de toutes pensées.

C'était trop évident, il était encore là assis à la fenêtre à rêvasser, songeur une clope au bout des doigts. Mais que cherchait-il après tout ? Ne pouvait-il pas simplement lui dire ce qu'il voulait ? Ou la laisser tranquille ? Jaylann se fit silencieuse ne voulant pas créer un pseudo suicide, s'allongeant sur son lit se délectant d'une cigarette, elle observait d'un oeil le jeune homme perdu qui s'attendait probablement à rester seul encore quelques minutes.

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En somme il était d'humeur morose. ll ne savait même pas ce qu'il faisait encore là, sur le rebord de la fenêtre de Jaylann. A ce moment précis, il avait juste envie de s'endormir et de se réveiller cent ans plus tard, en ayant tout oublié. A ces pensées, une chanson émergea dans sa tête. Il commença à la chantonner doucement, oubliant tout ce qui l'entourait, sauf la mélodie lui trottant dans la tête. "Sing me to sleep, sing me to sleep... I'm tired, and I, want to go to bed. Sing me to sleep, sing me to sleep, and then leave me alone. Don't try to wake me in the morning, cause I will be gone. Don't feel bad for me, I want you to know... Deep in the cell of my heart, I will feel so glad to go. Sing me to sleep, sing me to sleep, I don't want to wake up on my own anymore. There is an another world, there is a better world... Well, there must be...". Une larme aurait pu perler dans ses yeux, si il se souvenait encore comment faire. Il n'avait pas pleuré depuis des années, se promettant d'être fort, de ne pas se laisser abattre, même seul.
Soupirant, il se rappela d'un coup qu'il n'était pas à sa fenêtre, mais à celle d'une fille qui ne voulait absolument pas de sa présence. Jetant son mégot par la fenêtre, il entreprit de s'extirper de la fenêtre. Tournant la tête vers l'intérieur de la pièce, il sursauta en voyant Jaylann et... tomba lamentalement au sol, s'assomant sur le parquet un peu trop dur à son gout. "Aïïïïïïïe. Mon royaume pour une moquette." Il la regarda piteusement. Songeant au fait qu'elle l'avait probablement entendu chanter, il rougit légèrement. Après tout, il était rentré dans son intimité, et elle avait fait de même. Ils étaient donc... quittes. Se relevant comme il pouvait, il passa sa main dans ses cheveux en marmonnant. "Tu veux que euh... J'te laisse?". Non. Dis non. Il n'avait aucune envie de se retrouver seul, surtout ce soir.

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Il chantonnait la clope au bec, tristement, le visage s'offrant à la lune lui donnant un air plus que dramatique. C'était un de ces moments où nous pouvions nous croire dans un film, mais rien n'était prémédité. Un enfant, un enfant terriblement déçu de la vie, voilà de quoi il avait l'air. Jusqu'à ce qu'il vint briser ce moment qui aurait pu être magique si il n'avait pas les mêmes circonstances ; il s'était retrouvé telle une baleine échouée au sol en voulant retrouver pieds à terre... Impossible de ne pas sourire à sa vue, un rire enfantin sorti de la bouche de la jeune femme comme ceux qu'elle avait pu partager avec lui au lac, à savoir incontrôlable. Il était visiblement gêné, elle également. Elle prolongea le silence, le détaillant doucement le sourire aux lèvres pas de ce sourire mesquin mais du sourire compatissant qu'aurait pu avoir une mère à ce moment là.

Non, elle n'avait pas envie qu'il l'a laisse même si c'était déjà le cas mais oui va-t'en tu as perdu l'amour mais au moins tu l'as connu toi. Elle ne savait plus. Elle pouvait au moins s'accorder cette soirée, cette nuit en la compagnie de Zachary pour se sentir un peu moins seule, pour partager un bout de son lit, juste ça, juste cette fois.

- Je veux bien te tenir compagnie ce soir, tu peux me parler de ce que tu veux, pleurer dans mes bras, m'hurler dessus mais promets-moi que demain tu disparaîtras de ma vie.

Voilà. Elle était prête à lui essuyer ses larmes et à l'entendre parler de Julia toute la nuit pour pouvoir profiter de son ultime présence et puis lui dire adieu tout simplement alors que rien n'avait commencé. Prête à servir d'objet avec lequel on se console, elle n'était pour lui rien d'autre qu'un mouchoir.

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Lui souriant, il regarda autour de lui avant de décider de se poser sur le parquet. Il était bien là. Il aimait bien s'asseoir ou se coucher par terre, une petite habitude qu'il avait depuis gamin. Penchant la tête sur le côté, comme si ça allait l'aider à comprendre la seule volonté de Jaylann, il fronça les sourcils. "J'pleurerai pas et je hurlerai pas, j'aime pas trop trop ça. Ca fait mal aux yeux et à la gorge." Haussant un sourcil, il lui fit un petit sourire un coin. "J'disparaîtrai, enfin j'essaierai. Et si jamais un caillou cogne ta fenêtre, c'est absolument pas moi!". A vrai dire il l'avait fait. Une fois déjà. Le soir de leur discussion au lac. Il voulait essayer d'arranger les choses, mais il se doutait très bien que la jeune femme l'avait vu. Et qu'elle ne voulait pas sortir, pour se protéger. Logique. Lui même n'avait pas voulu parler à Emily au bar, même si ça avait mal fini. Mais il n'avait pas de raisons de s'en vouloir non plus, il n'avait rien fait pour. Tirant sur sa cigarette, il fit quelques ronds vers le plafond, avant de tourner la tête vers la blonde. "J'ai envie de partir d'ici. D'aller à la fac." Il ne savait pas pourquoi il lui en parlait à elle. Il n'en avait parlé à personne. Mais il avait en quelque sorte besoin de vider son sac. Ecrasant sa cigarette dans le cendrier, il s'assit au bord du lit, la tête posée sur la couverture. Il avait un petit air de chien battu, manquait plus que les cheveux mouillés pour parfaire le portrait. "De toute façon, y'a rien qui me retienne ici... si?" Question rhétorique. Rien ne le retenait, il se complaisait peut être dans son rôle de père de famille, au final. Mais il voulait arrêter toutes ces conneries, arrêter de se mettre en danger pour sa mère. Et puis, maintenant que Julia l'avait largué, il n'avait plus rien à perdre. Même si les gens allaient lui manquer, il fallait bien le faire un de ces jours. Observant Jaylann, il se dit que ces yeux lui manqueraient certainement. Il fallait avouer que ses yeux étaient réellement dingues.

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Elle l'observait silencieusement, il s'était assis face à elle, un peu boudeur s'était-il probablement fait trop mal pour se tenir debout, comme l'homme qu'il prétendait être. Mais avant tout, il n'avait pas promis de disparaître mais il essayerait, essayer ? Ce n'est pas suffisant, mais pouvait-elle lui en vouloir ? Car après tout ce n'était qu'une preuve comme une autre que se détacher d'elle n'était pas aussi simple. Et si jamais un caillou cogne ta fenêtre, c'est absolument pas moi ! Un pincement au coeur, ni plus ni moins. Elle se souvient de cette soirée, après être rentrée les larmes aux yeux, le coeur bien trop lourd pour son corps frêle elle s'était jetée dans son lit enchaînant cigarette sur cigarette, haïssant la vie un peu plus que d'habitude. Elle s'était plongée dans un sommeil réparateur mais une pluie violente vint lui ouvrir délicatement les yeux, mais aucune goutte ne faisait la course le long des carreaux, éjectant la lourde couverture dans laquelle elle s'était emmitouflée elle s'était approchée de la fenêtre aussi discrète qu'une ombre. À sa plus grande douleur elle le vit, amoureux éperdu cherchant à réveiller sa belle, non, évidement que non pauvre conne. Elle ne voulait plus le voir, elle n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Toujours aujourd'hui elle se demande pourquoi, mais à quoi bon ?

Plongée dans ses pensées, c'est le poids du jeune homme sur le lit qui la fit revenir à la réalité alors qu'elle tournait son visage celui de Zachary était confortablement posé sur la couverture, à quelques centimètres du sien. La fac, elle aussi aimerait tellement y aller, faire comme tout le monde oui mais... Elle lui avait promis d'une certaine façon de lui donner le meilleur d'elle même ce soir, cette nuit alors elle l'écouterait, elle lui ferait retrouver le sourire, l'important à cet instant c'était lui.

- Tu es assez grand pour faire ce dont tu as envie alors pourquoi tu ne le fais pas ? Qui penses-tu décevoir en faisant ce dont tu as envie ?

Ses grands yeux bleus étaient tristes, tellement tristes, sa moue d'enfant mais ce visage atrocement touchant, la main de Jaylann tel un aimant était attirée et ne pouvant lutter vint se poser délicatement sur sa joue qu'elle caressa doucement, un doux sourire aux lèvres, les yeux plongés dans ceux de Zachary. Elle soupira longuement.

- Un tas de choses te retiennent, ta famille, tes amis et... Julia. Tu la connais elle est impulsive mais elle t'aime énormément et j'imagine à quel point cela doit être dur de ne pas voir celui que l'on aime comme on le voudrait, elle ne comprends pas à quel point c'est dur pour toi mais ne lui en tient pas rigueur, elle sait te rendre heureux, elle sait te faire oublier à quel point c'est dur.

Voilà, si le monde entier la regardait il aurait pu comprendre, comprendre à quel point Jaylann n'était que la victime d'un monde odieux s'étant obligée de se protéger contre celui ci. Dans son ventre c'était bagdad elle se refusait d'être aussi... aussi ? Mais le pire dans tout cela c'est qu'elle le pensait.

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Réflechissant quelques secondes, il fit de nouveau la moue. "Moi-même, j'imagine. J'me suis imposé un mode de vie, j'aurai peut être pas du le faire." Soupirant, il frissonna au contact de la main de Jaylann sur sa joue. Etait-ce la température glaciale de la peau de la jeune femme, ou tout simplement l'effet de celle ci sur lui? Il n'en savait réellement rien. Pourtant ce contact lui faisait du bien. Frottant un peu sa joue à cette main, à la manière d'un chat, il fronça les sourcils en l'écoutant parler. Julia était impulsive, certes. Ils ne se voyaient pas aussi souvent qu'elle le voulait, d'accord. Mais ils étaient voisins, se voyaient assez régulièrement, certainement plus que s'il habitait de l'autre côté de la ville. Elle ne comprenait pas, c'était certain. Mais ils s'étaient un peu éloignés, récemment. Julia s'était légèrement éloignée, mais il avait été plus distant depuis l'épisode du lac. Les tensions étaient palpables, c'était sûrement la suite logique de ce qui était déjà arrivé. Regardant Jaylann avec un petit sourire triste, il éleva doucement la voix. "Il y a des choses que tu ne sais pas, comme dans chaque couple...". Lui faire oublier? La moitie du temps, elle le faisait oui... L'autre moitié, elle lui rappelait au contraire. Zachary sentit la colère remonter, sourdement au fond de son estomac. Fermant les yeux, il essaya de chasser les images de Julia de son esprit. Jetant un coup d'oeil à son portable, il vit qu'elle ne lui avait toujours pas répondu. Pourtant, il était certain qu'elle avait lu ses messages, il ne la connaissait que trop bien, toujours pendue à son téléphone. Pinçant les lèvres, il se senti étouffer. Il fallait dire que la maison des Fitzgerald, et plus particulièrement la chambre de Jaylann, était plus que chauffée. Enlevant son hoodie, il le plia sommairement avant de le poser sur la table, ainsi que son portable. Se retrouvant en débardeur, il retourna à sa place, aux pieds du lit de Jaylann, la tête posée sur la couverture en face d'elle, la détaillant. Il aimait bien ça, détailler les gens quand il en avait la permission, implicite ou pas.

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- Alors change si ça ne te plaît pas.

Tout cela semblait si simple lorsque cela sortait de sa bouche, mais finalement ça l'était réellement, tout deux étaient libre de faire ce dont ils avaient envie, de se libérer de cette vie qui les empoisonnait. Mais la main de Zachary se posant sur la sienne ne lui donnait en aucun cas envie de se libérer de cette douce emprise. Mais elle ne préférait tout simplement ne pas répondre, non elle ne savait pas ce que c'était que d'être un couple, ses histoires étaient merdiques. Alors elle n'avait rien à dire.

Il regardait ses messages avec l'espoir mort né dans ses yeux, elle n'avait évidement pas répondu, bien son genre pensa-t-elle. Visiblement énervé et extrêmement sensible à la chaleur, il enleva son sweat.

Il était terriblement bien foutu, c'était un fait et ses regards ne trompaient personne mais comme une enfant émerveillée devant quelque chose qu'elle n'avait jamais vu auparavant elle fit quelques torsions dans le lit dénouant légèrement le noeud de son peignoir pour enfin coller sa tête contre le ventre du jeune homme, la tête non loin de son avant bras, elle regardait minutieusement son tatouage. Elle souriait silencieusement, elle posa délicatement son doigt sur le tracé à fin de le continuer du bout de son doigt, silencieuse, enfantine. Tout en gardant le contact de son doigt sur son bras, elle renversa sa tête à l'envers à fin de pouvoir le regarder. C'était étrange, ponctué de silences et de regards, il faisait très chaud.

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Zachary observa Jaylann se déplacer sur son lit, son regard glissant dans l'ouverture, légèrement plus grande maintenant, de son peignoir. Remontant honteusement les yeux, il frissonna de nouveau quand elle commença à tracer les contours de l'hirondelle tatouée sur son bras. Fixant le mur en face de lui, essayant de repousser les pensées l'assaillant. Celles ci le rattrapèrent aussitôt qu'il jeta un coup d'oeil au visage de Jaylann. Elle le regardait, le fixait plus. Sentant la chaleur lui monter aux joues, il avait presque l'impression qu'on pouvait voir de la bueur émaner de son corps. Se mordant les lèvres, les yeux plongés dans les siens, il savait qu'il finirait par regretter ce qu'il était sur le point de faire. Mais la situation était ambiguë depuis trop longtemps, tout était trop flou dans son esprit pour qu'il puisse retrouver la raison. Et puis, ne s'était-il pas dit qu'il devait se laisser aller, se laisser porter par ses envies pour pouvoir avancer. Avançant doucement son visage de celui de Jaylann, il se retrouva à seulement quelques centimètres d'elle. Il pouvait sentir son souffle sur son visage. Après quelques secondes, minutes peut être, le temps n'avait plus d'importance à ce moment, il posa ses lèvres sur les siennes. Erreur fatale, il l'entrainait dans sa future chute, mais l'heure était à l'égoïsme plus qu'à la revanche. Ce n'était d'ailleurs plus l'idée. Jaylann était comme un aimant, quelque chose qu'il n'avait ni le droit de vouloir, ni d'avoir. Mais ne dit-on pas que pour résister à la tentation, il faut y céder. Tous ces raisonnements, toutes ses pensées se bousculaient dans son esprit, cherchant leurs places dans le chaos total de ses émotions. Rien n'avait plus de sens, et sur le moment, c'était peut être la meilleure chose qui soit.

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Elle ne le fixait pas, elle le regardait au plus profond de son âme, elle cherchait à l'extirper de ce corps triste, à lui donner vie. Elle se délectait cependant de ses traits du visage, si bien dessinés sur lequel du bout des doigts elle pouvait y lire une histoire, de cette bouche qui veut en dire tant. Comme dans un rêve où tout est flou, où quelques morceaux nous manque pour parfaire l'histoire, sa bouche avait su parvenir jusqu'à la sienne laissant une infime barrière, lui offrant son souffle en retour du sien. Dans un ultime geste, il posa ses lèvres sur les siennes, bravant l'interdit.

Voilà à quoi ressemblait l'égoïsme, plus fort que l'amour qui réunit deux êtres il en réunit d'autres à fin de créer quelque chose de plus fort, de plus ardent. Une passion que l'on a longtemps chercher à étouffer qui respire à nouveau, à pleins poumons.

Elle déposa délicatement ses mains aimantes autour de son visage, ne pouvant penser à autre chose qu'à répondre à ce baiser qu'elle avait attendu toute une vie. Qu'importe si le monde entier était blessé de cette union, elle pouvait se sentir vivre à travers cette étreinte alors qu'importe.

S'arrachant des lèvres de Zachary elle se redressa et lui fit face, elle ne cherchait plus son regard car il lui était entièrement dévoué, elle dénoua ce qu'il restait du noeud de son peignoir faisant glisser le satin sur sa peau de nacre, lui offrant son corps, son histoire et ses blessures, elle, entière.

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Se mordant les lèvres, avec un peu trop de violence peut être, il admira durant quelques secondes le spectacle s'offrant à lui. Contrairement à ce qu'il avait pu penser lors de leur première rencontre, Jaylann était loin d'être squelettique. Elle était même belle. Sortant de sa torpeur, il enleva son tee shirt avant de se rapprocher de la jeune femme. Avançant toujours, il la fit reculer jusqu'au mur se trouvant derrière elle, jusqu'à ce qu'elle s'y retrouve plaquée. Prenant son visage en coupe, il l'embrassa à nouveau, peut être avec plus d'ardeur cette fois ci. Ne se détachant d'elle que pour reprendre son souffle, il enleva son baggy avant de prendre Jaylann dans ses bras et de la faire basculer sur son lit. Il ne pouvait pas dire avoir rêvé de ce moment, ça aurait été mentir. Il l'avait plutôt imaginé, puis repoussé, honteux et désireux à la fois. Pourtant, à ce moment précis, la culpabilité ne le rongeait pas. Toutes les excuses étaient bonnes. Il était apparemment célibataire. Si Julia l'avait largué, c'est qu'elle ne se préoccupait pas de lui. Donc qu'il soit en ce moment même avec sa soeur ne la dérangerait certainement pas. Bullshit. Et puis, l'instant était trop parfait pour le gacher avec quelconque pensée en désaccord avec celui-ci. Ca devait se passer comme ça, c'était sensé se passer comme ça. Deux personnes si différentes et se ressemblant pourtant énormément, ne pouvaient pas s'éviter éternellement. L’ambiguïté aurait toujours été de mise dans leurs conversations, regards et petits jeux de haine. Il fallait que ça arrive, pour entraîner autre chose, pour les faire évoluer, tous les deux. Leurs chaos respectifs allaient dans la même direction, fusionnaient maintenant. Une attirance destructrice, qui les mènerait sans aucun doute à leur perte. Leur salut résidait peut être dans leur chute.

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Face à un spectacle aussi bestial que ce mâle se mordant les lèvres et se séparant de son t-shirt elle ne pu s'empêcher de soupirer, avec l'un de ses soupirs que l'on ne peut étouffer dont on aurait presque honte. Son regard se baladait sur son corps, joueur, s'attardant sur une simple lettre gravée sur son torse et repartant vagabonder sur ce qu'il lui offrait.

Car aussi bestial dans la démonstration que dans l'action, elle fut plaquée contre ce mur froid avant d'être à nouveau englobée par la chaleur du beau brun, elle se délectait de sa peau brûlante contre la sienne, ce contact si intime. Ses doigts glissaient dans sa crinière brune la tirant presque de par son engouement, sa fougue dévorante. Il lui était impossible de penser et si elle le faisait elle aurait cette boule dans le ventre, celle qui la torture tellement, qui lui fait avoir honte. Elle n'allait pas regretter cette nuit passée aux côtés de Zachary mais tout simplement regretter que ce soit la seule. Elle ne voulait qu'il n'y ai que lui et elle ce soir.

Libéré de son jean et visiblement de toute retenue, il l'avait prise dans ses bras et lâchement jetée sur le lit, elle glissa sa main dans sa nuque de façon à le faire venir à elle attrapant sa lèvre inférieure au passage, le regard brûlant. Dans la vie comme ailleurs, elle dominait, ce n'était pas à déterminer c'était ainsi. Dans un maigre effort, elle s'était retrouvée à califourchon sur lui, pouvant ainsi admirer son visage quelques instants mais il n'y avait pas de place pour le romantisme, c'était pour les gens amoureux, elle le savait. Mais pas besoin d'amour pour plaire, l'entrejambe de Zachary en était la preuve, s'allongeant sur lui ondulant légèrement le bassin, elle cherchait ses lèvres, elle ne voulait pas se perdre, elles étaient son repère. D'une main habile sans libérer ses lèvres, elle lui ôta son boxer, franchissant l'ultime barrière...

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Allongé sur le dos, la tête de Jaylann reposant sur son torse, il jouait avec une mèche de ses cheveux d'une main, et fumait de l'autre. Le regard rivé au plafond, il savait que tout avait désormais changé. Fermant les yeux quelques secondes, il tira une dernière barre avant de mettre la cigarette à la bouche de la jeune femme. Il ne se sentait pas forcément mieux, comme il avait pu l'espérer. Il se sentait encore plus perdu qu'avant. Il avait pourtant apprécié ce moment, différent de ce à quoi il pouvait s'attendre. Qui n'apprécierait pas une partie de jambes en l'air avec Jaylann Fitzgerald, sérieusement?
Il ne ressentait pas de regrets, de honte ou de culpabilité. La satisfaction ne faisait pas non plus partie du tableau. Il avait plutôt l'impression d'être vide, de ne plus pouvoir songer à rien de concret, de ne plus rien ressentir. Peut être à part de la faim. A ces pensées, son ventre gargouilla d'une manière assez phénoménale. Baissant les yeux vers ce dernier, il lui lança un regard noir, le défiant presque. "Tu.te.tais.". S'amusant toujours avec la mèche de Jaylann, son regard remonta vers le plafond avant de redescendre vers son ventre, après un gargouillis d'une puissance approximativement égale à celle d'un tremblement de force 7 sur l'échelle de Richter. L'art de ruiner un moment, par Zachary Dekker. Soupirant, il prit la main de la jeune femme tenant la cigarette, avant de chiper cette dernière en riant doucement. La cigarette était un coupe faim, du moins pour lui, alors autant cesser ces jolis bruitages au placard le plus vite possible.

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Allongés sur le lit dans leur dernière étreinte elle s'était retrouvée la tête sur son torse, quel genre de personne qui s'envoient en l'air fait ce genre de chose après ? Mais qu'importe... Sa main s'était posée sur le ventre de Zachary sur lequel elle déposait de douces caresses, faisant tourner son doigt autour de son nombril un sourire tranquille aux lèvres. Son ventre grondait, elle le tapotait légèrement en rigolant.

- Chhhhh...

Si il avait faim, ce n'était en aucun le devoir de Jaylann d'aller lui faire à manger oui mais... Elle en avait étrangement envie, toujours dans cette transe qui ne l'a faisait penser qu'à lui, elle voulait lui faire plaisir ou tout simplement rallonger encore ce moment qui les séparait de la vraie vie.

- Je serais ravie d'aller te faire quelque chose à manger si c'est pour qu'il se taise !

Comme plutôt elle avait renversé sa tête pour pouvoir le regarder, en souriant elle lui ôta la cigarette de la bouche qu'elle porta à ses lèvres, soupirant, les minutes étaient comptées avant qu'il ne s'éloigne, pour toujours. Sans grande surprise cette fameuse boule au ventre était là, la rongeant tout doucement.

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Riant doucement, il prit la main de Jaylann dans la sienne et se contorsionna pour se retrouver à côté d'elle. "Non, tu bouges pas. Tu restes là. Sinon je... je sais pas. Mais je quand même!" Lui souriant, il songeait plus au fait qu'il risquait de croiser n'importe quel membre de la famille Fitzgerald. Et ça, ça aurait pu être la grosse, grosse lose. Bon, certes, il n'était apparemment plus avec Julia. Mais pourtant, il ressentait cette culpabilité. D'un côté, il avait l'impression d'avoir trahi Julia, de lui avoir donné raison simplement quelques heures après qu'elle l'ait largué. De l'autre, il avait l'impression de s'être servi de Jaylann. Il savait très bien ce que la jeune femme ressentait pour lui, et pourtant il avait poussé le vice jusqu'au bout. Il allait la faire souffrir, inévitablement, et Julia par la même occasion. Il ne savait pas comment la suite des choses allait se dérouler, il était d'ailleurs un peu effrayé. Il ne savait pas si il devait directement avouer, ou plutôt attendre et mentir. Il ne savait même pas si Jaylann en parlerait à Julia pour se venger, pour lui faire du mal. Il s'était fourré dans le pire des pétrins. Bon, peut être pas le pire, mais il y avait quand même du level. Tirant sur sa cigarette, il fit de petits ronds, tout en s'amusant avec les doigts de Jaylann. Malgré cette culpabilité le prenant maintenant aux tripes, il se sentait bien dans cette chambre. Comme protégé, dans un petit cocon aux couleurs chaudes. Ca le rassurait, et la présence de Jaylann aidait aussi. Pourtant, il savait qu'il devrait renoncer à ça. Comment? Il ne pouvait le dire, il le sentait tout simplement. Tout avait basculé plus tôt dans la soirée, tout avait changé, et il savait que rien ne serait plus jamais pareil. Ou presque.

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Elle avait toujours ce sourire béat sur le visage, il lui avait doucement prit la main jouant avec ses doigts et son regard maintenant qu'ils étaient face à face. Au delà du fait qu'ils semblait être tellement bien elle pouvait voir qu'il réfléchissait, il n'était plus là, plus vraiment. D'un voix douce et le regard plongé dans celui de Zachary, elle décida de rompre ce moment magique.

- Qu'est-ce qu'on va faire Zachary ?

On. Aussi innocent que cela pouvait paraître, cette phrase était pourtant calculée. Profitant malgré tout de ces doux moments elle voulait le rappeler à la réalité et par la même occasion, elle aussi. C'était convenu, cette nuit et c'est tout. Elle savait d'emblée mais au plus profond d'elle même elle souhaitait que cela dure dure et dure... Que cette étreinte soit éternelle. Elle voyait en lui un souffle nouveau, une occasion de sortir la tête de l'eau et reprendre sa vie là ou elle l'avait laissé mais ce n'était ni plus ni moins que des plans sur la comète. Elle n'était qu'un coup d'un soir, il ne l'aimait pas, il aimait Julia, il avait sans doute penser à elle lors de leurs ébats. Ses poings se serrèrent, ses dents grinçaient, une douce haine lui traversa le corps.

Elle sorti du lit rapidement, délaissant la main de Zachary pour se rhabiller. Un mal être s'installa.

- Tu dois partir.