Premier jour à l’université. Daniel n’irait pas jusqu’à dire qu’il avait rêvé de ce jour, car il aimait surtout bien profiter des vacances, mais il était content d’en avoir fini avec la terminale et tout ce tralala. Au moins, il avait désormais un diplôme entre les mains et pouvait continuer sans problème. L’université annonçait une charge de travail beaucoup plus importante, qu’il devrait gérer avec ses entraînements de football, mais Daniel était un élève consciencieux au niveau de ses études. Malgré le travail qui l’attendait, l’université était aussi synonyme de plus d’indépendance et surtout d’un nouveau départ. Personne ne vous connaissait encore, les professeurs ne se souciaient pas non plus de votre présence quotidienne en cours. En bref, la belle vie, celle où il faut commencer à se gérer, ce qui ne posait aucun problème au jeune Montgomery. Il en avait plutôt eu pour poser son choix définitif d’options. Etudes sportives ou bien médecine ? Les deux perspectives lui bottaient plutôt bien, mais il avait peur qu’en misant tout sur une option en football américain, il ne soit peut-être pas repris parmi les meilleurs, ou pire encore, qu’il se blesse un jour et ne doive tout arrêter. Il avait donc préférer assurer ses arrières en prenant médecine en plus et devrait essayer de jongler avec tous ses entraînements à côté. Il passa la grande porte d’entrée et repéra déjà quelques endroits principaux tels que l’accueil, le secrétariat ou le service des inscriptions. Il s’était déjà inscrit dès qu’il avait eu son diplôme en poche, il n’avait donc plus qu’à passer à l’accueil. L’université proposait aux nouveaux la chance d’avoir un parrain pour les guider dans leurs premiers pas. Le jeune Montgomery trouvait cette idée intéressante, ça lui permettrait déjà de faire connaissance avec une personne qui avait terminé sa première année, même s’il savait que sa meilleure amie Gaëlle était dans cette université, elle ne lui serait sûrement pas désignée, puisqu’elle était déjà en troisième année. C’était peut-être mieux pour rencontrer une autre personne. Daniel avait beau être consciencieux, il n’était pas toujours très bien organisé, alors quelques conseils pour commencer l’année ne lui ferait pas trop de mal. Il s’était inscrit quelques jours plus tôt au programme, et allait enfin découvrir qui était sa fameuse marraine ou son fameux parrain. Au secrétariat, on lui désigna le nom de Carl Spencer qui ne lui disait rien du tout. Il suivit alors quelques personnes qu’il avait déjà croisées la veille lors d’un moment de bienvenue sur le campus. La rentrée officielle se faisait aujourd’hui et ceux de première année étaient rassemblés dans un amphithéâtre à quelques couloirs de là. Daniel se dépêcha de s’y rendre et, ne faisant pas très attention où il marchait, bouscula quelqu’un par inadvertance, ce qui fit tomber tous ses livres par terre. Il marmonna un mot d’excuse et se pencha aussitôt pour ramasser ses affaires. L’autre s’excusa à son tour lui demandant s’il ne lui avait pas fait mal. Plutôt sympa. Daniel esquissa un petit sourire. Lui avoir mal d’une simple poussée alors qu’il se prenait parfois des raclées aux entraînements ? « Pas du tout, faut que je m’habitue encore à tous ces couloirs. ». Répondit-il à son interlocuteur en le regardant. « Daniel. » Dit-il alors en tendant la main pour lui faire une poignée de main, signifiant par là qu’il n’y avait aucun problème. Certains prenaient parfois vite la mouche à s’emballer aussitôt sur une personne qui les avait bousculés. « T’es en première aussi ? » Reprit-il ensuite en indiquant l’amphithéâtre où le jeune inconnu semblait se diriger également.

Daniel se dirigeait en direction de l’amphithéâtre où un petit discours avait lieu pour accueillir les premières qu’il se retrouva nez-à-nez avec un autre étudiant. Pas du tout vexé de s’être fait bousculé par inadvertance, le jeune homme cassa la glace instantanément en serrant la main de son interlocuteur et en se présentant. Le jeune brun lui apprit qu’il s’appelait Carl. Pure coïncidence ou non ? Daniel se demandait si plusieurs étudiants portaient le même nom, car il se souvenait que c’était aussi celui de son parrain. Le jeune Montgomery vérifia si sa nouvelle connaissance était bien en première ou non. Carl lui avoua qu’il était en deuxième année et qu’il recherchait un certain Daniel… Bingo ! Le franc était tombé. « En effet ! C’est bien moi. ». Mima-t-il alors un étudiant tout sérieux avant d’esquisser un sourire. Il était plutôt content d’être tombé sur Carl, il semblait aussi déconneur et tête en l’air que lui à première vue. Les deux feraient bien la paire. Daniel pouvait se montrer sérieux concernant les cours, mais il aimait aussi souvent s’amuser. Il trouvait dommage que sa jumelle n’ait pas pris la peine de se joindre à lui pour la rentrée et pour essayer de se trouver un parrain. Gabrielle préférait dormir un jour de plus que de se mélanger aux gens dès la première journée. Les deux jumeaux étaient inséparables d’habitude, mais Daniel avait quand même décidé d’y aller pour qu’elle puisse se rattraper sur lui les jours suivants. La chance lui avait plutôt bien souri en l’occurrence puisqu’il était directement tombé sur la bonne personne. « Est-ce que c’est vraiment nécessaire ? ». Indiqua-t-il alors l’amphithéâtre qui se remplissait d’étudiants qui allaient écouter un long discours ennuyeux qui n’apporterait finalement pas grand-chose si ce n’était une simple introduction. « Ou alors j’en apprendrais plus avec une visite éclair ? » Proposa-t-il l’alternative à son ‘parrain’ d’étude. Ce n’était pas en restant enfermé qu’il allait apprendre un million de choses, autant faire un tour rapide du campus non ? Daniel se rendit alors compte de ce qu’il venait de proposer. Il espérait que Carl ne se ferait pas déjà une mauvaise impression sur lui alors que l’année commençait à peine, mais le jeune Montgomery avait le sentiment d’être plutôt bien tombé sur la personne.

S’enfermer dans un amphithéâtre le premier jour des cours ? Non merci ! Daniel préférait de loin découvrir l’université directement pour devenir indépendant le plus vite possible. Bien sûr, il trouvait l’idée d’un parrainage très intéressante surtout pour faire ses premiers pas dans l’établissement pour connaître le fonctionnement universitaire et bien démarrer son année. Le jeune homme étant de nature sociable, il trouvait que c’était aussi une bonne occasion de faire une nouvelle rencontre. D’ailleurs, il était tombé par chance sur son parrain au détour d’un couloir, parrain qui lui fit instantanément une bonne première impression. Il avait l’air d’être plutôt cool de premier abord, surtout que Carl accepta sans problème d’éviter par la case discours ennuyeux pour entrer directement dans le vif du sujet. Avoir de bons tuyaux sur les endroits à fréquenter, le blabla administratif à remplir, les profs géniaux ou à éviter et les différentes options de cours étaient déjà pas mal de questions que Daniel avait envie d’aborder, mais il aurait toujours le temps de se lancer plus tard. Pour le moment, il suivit un Carl affamé dans les couloirs qui lui indiquait plusieurs endroits importants. Il lui demanda alors ce qui l’avait poussé à faire la médecine avant d’arriver à la cafétéria. « En fait, j’hésitais à prendre l’option sport à l’université, parce que je fais du football américain depuis tout petit, puis j’ai voulu assurer mes arrières en trouvant autre chose, parce qu’une blessure est si vite arrivée dans ce milieu. C’est justement en voyant les sportifs se faire soigner que j’ai trouvé quelque chose que je pourrais associer à ma passion ; la médecine. Et puis, ma meilleure amie est en troisième année ici, je ne sais pas si tu la connais – Gaëlle ? Elle m’a un peu parlé des cours et ça m’a bien plu, donc me voilà. » Expliqua-t-il à son parrain d’étude. Il n’avait pas voulu raconter sa vie, mais s’était rendu compte qu’il y avait eu tout un cheminement dans sa tête avant de venir ici. « Et puis ma soeur va entrer en première année de médecine aussi, alors c’est une bonne raison en plus. » Ajouta-t-il en pensant à Gabrielle qui n’avait d’ailleurs pas eu le temps de s’inscrire pour le système de parrain. Il devrait peut-être envisager de présenter Carl à sa jumelle si elle avait des questions à poser. « Et toi ? Qu’est-ce qui t’y a poussé ? » Lui retourna-t-il ensuite la question, histoire d’en apprendre un peu plus aussi sur Carl. Ils entrèrent ensuite dans la cafétéria où le jeune homme lui expliqua qu’il y avait toujours un truc à manger avant d’indiquer les boissons. Daniel emboîta le pas à son parrain pour aller dans la file et prendre quelque chose à manger. Il choisit un sandwich et un soda et suivit Carl jusqu’à une table pour s’installer et reprendre la discussion. « Alors dis-moi, à quoi dois-je m’attendre dans les cours de première année ? » Demanda-t-il d’un air curieux. Il savait très bien qu’en première, il y avait surtout des cours barbants destinés à éliminer une grande majorité de ceux qui ne voulaient pas vraiment faire ses études et les avaient choisies par défaut. Mais le jeune footballeur avait une volonté de fer, qualité héritée au travers de son sport, il n’était pas du genre à abandonner facilement. « Genre si à côté des cours généraux, il y a déjà des travaux pratiques, comme des dissections et tout ça ? » Ajouta-t-il pour expliciter un peu plus sa question.

Pourquoi Gabrielle n'était pas venue le premier jour des cours ? La réponse était simple. « Comment dire ? Elle aime bien les grasses matinées. » Expliqua Daniel à Carl. Sa sour avait pris l'habitude de dormir beaucoup plus pendant les vacances, mais elle devrait vite changer de train de vie si elle voulait suivre le rythme à l'université. Le jeune homme demanda ensuite à son 'parrain' pourquoi il avait choisi d'étudier la médecine. Carl lui expliqua que ses parents tenaient la morgue de Magnolia et qu'il avait adoré regarder son père disséquer les cadavres. Il s'était donc logiquement lancé dans des études qui lui permettraient d'exercer sa fascination pour ce métier. Mais la façon dont il parlait des morts était un peu glauque quand même. Spencer ! Le nom revenait à présent dans la tête de Daniel ; il était déjà passé devant cette morgue dans le quartier. « Je vois. Tu comptes donc reprendre le flambeau après ton père ? » Devina le jeune footballeur qui comprenait plutôt vite. Les deux étudiants se dirigèrent ensuite vers la cafétéria et commandèrent à boire et à manger avant d'aller s'installer à une des tables près des fenêtres. Carl en profita pour lui expliquer un peu les cours de première année qui ne comportait évidemment pas beaucoup d'heures de pratique, mais Daniel trouvait cela normal puisqu'ils devaient d'abord apprendre un minimum de matière avant de se lancer dans les exercices à proprement parler. Cependant, comme Carl, les cours théoriques, ce n'était pas trop son truc. Il devrait vraiment s'accrocher s'il voulait réussi ses études. Il était parti au bas mot pour cinq années au moins. Au bout d'un petit moment, quand les deux garçons eurent fini de manger, Carl proposa d'aller voir les terrains de sport. « Oui, j'te suis. » Accepta le jeune Montgomery. Daniel prononçait rarement cette phrase, car il n'était certainement pas un 'suiveur', mais rien ne lui ferait plus plaisir que de découvrir la zone sport de l'université, lui qui adorait se défouler. Par contre, son 'parrain' lui adressa une remarque qui le fit sourire. « On dirait que ce n'est pas ton truc. » Indiqua-t-il. Carl se leva pour aller jeter ses déchets et l'inviter à le suivre. Daniel fit de même et lui emboîta le pas. Ils sortirent de la cafétéria et marchèrent pendant quelques instants. « Vous avez une équipe de football américain dans votre faculté ? Pour voir si je pourrais m'y inscrire. » Demanda-t-il au jeune Spencer. Il avait entendu parler d'une bonne équipe qui évoluait dans cette université. Ce serait justement une bonne occasion pour lui d'associer ses études à sa passion.

Carl devina assez facilement que Daniel et Gabrielle étaient jumeaux puisqu’ils étaient dans la même classe, supposition logique même si sa sœur ou lui auraient pu avoir raté une année et se retrouver avec l’autre celle d’après. Cependant, il avait vu juste. « Exact ! » Acquiesça donc le jeune homme avant d’emboîter le pas de son parrain d’étude hors de la cafétéria. Carl proposa à Daniel de lui montrer les terrains de sports de l’université. En jeune footballeur chevronné, il ne pouvait pas refuser cette bonne idée. Le jeune Montgomery s’enquit alors d’une éventuelle équipe dans la faculté. Il ne doutait pas que l’université en possédait une ; ce qui l’intéressait plutôt était de savoir si elle comptait beaucoup d’inscrits ou non pour s’assurer pouvoir en faire partie. Carl lui expliqua qu’allier le sport aux études était assez difficile, d’où le peu d’étudiants qui y jouaient. « Je crois bien que je vais tenter ; je ne pourrais pas m’en passer. » Admit le jeune passionné. Bien qu’il ait choisi de faire passer le football américain au second plan en prenant la médecine en filière principale, il était hors de question pour Daniel d’arrêter les entraînements. De plus, comme l’avait si bien dit le jeune Spencer, ce serait un bon défouloir nécessaire après une longue journée d’étude. Carl l’encouragea d’ailleurs davantage en songeant que d’autres s’y inscriraient peut-être aussi cette année. Le jeune homme espérait pouvoir regarder des matchs cette année – à défaut de jouer. « Tu viendrais pas plutôt pour reluquer les jolies cheers ? » Lâcha Daniel pour le taquiner. En effet, toute équipe de football américain digne de ce nom avait son groupe de supportrices pom pom girls. Et le jeune Montgomery pensait avoir plutôt bien cerné le personnage de son parrain au premier abord en émettant cette hypothèse. Il esquissa un petit sourire et écouta ensuite Carl pendant que le jeune homme lui indiquait les différents bâtiments susceptibles de l’intéresser : un gymnase, une piscine et les terrains derrière. « Oui, pourquoi pas ! » Acquiesça Daniel lorsque son « parrain » lui proposa d’aller les voir. Le jeune quaterback avait déjà vu plusieurs terrains, mais il était curieux de voir l’état de ceux de l’université de médecine. N’était-il pas ironique de s’imaginer que depuis qu’il était arrivé, il avait surtout vu des choses en rapport avec son autre passion ?

Daniel ignorait s’il serait capable de combiner le sport à la médecine, et son intention était quand même de faire passer ses études avant, mais il ne le saurait jamais s’il n’essayait pas dès la rentrée. Le jeune homme ne se voyait pas vivre sans sport. Il en avait besoin pour se défouler pendant quelques heures et oublier son quotidien. Le sport lui donnait une énergie et une sensation de bien-être qu’il n’avait certainement pas en se penchant sur ses cahiers de cours durant des heures. Après avoir confirmé qu’il essayerait de faire partie de l’équipe de football américain de l’université, Daniel lança une boutade à son « parrain ». Il devinait que Carl venait aussi bien pour regarder les matchs que pour admirer les jolies cheerleaders. Selon le jeune Spencer, ils allaient bien s’entendre. Daniel n’était pas mécontent d’être tombé sur un garçon tel que lui en tant que parrain ; ils avaient non seulement l’air d’avoir les mêmes délires, chose qu’il n’aurait pas eu avec une fille, ensuite sa sœur ne lui taperait pas une crise de jalousie dès la rentrée vu qu’elle le verrait traîner avec des garçons. C’était limite maladif ce lien étouffant entre eux à toujours surveiller les arrières de l’autre. Même si Daniel n’était pas mécontent que sa sœur ait choisi les mêmes études que lui, se retrouver dans la même classe qu’elle pouvait aussi bien montrer ses avantages que ses inconvénients. Le jeune homme sortit alors de ses pensées lorsque Carl lui proposa de se rendre dans les laboratoires et les salles de travail. Daniel était curieux de voir tout ce matériel ; les étudiants de première année avait déjà dû s’acheter leur tablier blanc pour faire des labos pratiques dès la rentrée, mais ils n’avaient pas encore eu l’occasion de visiter les salles destinées à cet effet. Le jeune footballeur avait donc de la chance d’avoir un bon guide qui le ferait. « C’est le moment où on va aller faire quelques découpages et rencontrer le squelette Oscar ? » Demanda-t-il en riant. Chaque laboratoire d’université avait son squelette en « mascotte » qui répondait à un « doux » surnom, c’était connu. Daniel ne savait pas pourquoi, mais Oscar correspondait bien à l’image qu’il avait d’un squelette… ou pourquoi pas Jack comme dans l’Etrange Noël de Mr Jack ? Ce film lui avait tellement changé la vision des squelettes de façon amusante. Il emboîta donc le pas à son « parrain » pour rejoindre les classes de biologie.

Daniel arbora un air surpris lorsque Carl lui annonça qu’il devrait disséquer des êtres humains en deuxième année déjà. Le jeune footballeur ne jouait pas les horrifiés à l’idée de devoir s’y mettre ; sinon autant arrêter médecine tout de suite. Être dégouté n’était pas une option dans ce métier ; il fallait les nerfs solides. Mais la façon dont son parrain s’exprimait était étrange, on aurait dit qu’il était quasiment en dévotion à l’idée de découper des cadavres. En même temps, rien de surprenant, il faisait partie de la famille glauque du quartier qui tenait la morgue, et à en croire ses dires, il reprendrait lui-même le flambeau dans quelques années. Pourtant, Daniel s’imagina que les corps mis à disposition de la science étaient des gens qui avaient eu une vie avant. Autant il était conscient qu’il ne fallait pas faire de sentiment, autant il avait le plus grand respect pour ces personnes qui faisaient don d’eux-mêmes à la médecine à leur mort. Il fallait le vouloir… se faire découper le corps par des étudiants en herbe. Daniel esquissa alors un sourire quand Carl lui tapa sur l’épaule pour le ramener à la réalité et l’emmener dans les laboratoires de l’université. Ils traversèrent les dédales des couloirs, des escaliers, un ascenseur et autres couloirs. « Comment tu fais pour te retrouver dans ce labyrinthe ? » Demanda Daniel dont le sens de l’orientation s’était déjà égaré après le deuxième couloir. Et qu’il ne lui parle pas de panneau, parce que le jeune homme détestait les lire, comme il détestait déchiffrer une carte aux mille et un chemins qui le perdraient de toute façon. Ils arrivèrent finalement aux laboratoires que Carl lui présenta : les salles de physiques, de biologies (coucou Oscar), et de chimie. Le jeune homme fut impressionné par la qualité du matériel et le souci du détail dans les différentes pièces. Daniel était particulièrement intéressé par la biologie, et entre une petite danse avec le squelette, il s’attarda près de la serre et des animaux. Ils sortirent ensuite des classes, et Carl en profita pour lui annoncer qu’il avait intérêt à aimer, car il y passerait la moitié du temps. Le jeune footballeur était toujours aussi partant pour cette année, ce qu’il venait de voir ne lui avait pas déplu. Bon, passer la moitié du temps en tablier blanc qui vous donnait l’impression d’être chez les fous, n’était pas une idée très séduisante, mais il n’était pas ici pour pécho ni même déconner. Quoique… Les soirées universitaires étaient là pour ça (a). Il pourrait sans doute bien s’amuser avec Carl en parrain ; il avait l’air bien pire que lui à ce niveau-là. Le jeune Spencer se remit à marcher doucement et baissa le ton de sa voix. Il prévint Daniel que le premier jour de la rentrée était déjà parsemé de contrôles dans les différentes classes des années supérieures pour voir si ce qui avait été appris auparavant n’était pas aussitôt oublié. Une mine déconfite apparut sur le visage du jeune footballeur. Ouch ! C’était du sérieux tout ça ! En même temps, quand il s’agissait d’avoir la vie des gens entre ses mains en sortant de médecine, mieux valait être prêt. Carl le taquina alors sur les vacances qu’il n’aurait plus ; c’était un des mauvais côtés des études, mais tant qu’il pouvait continuer sa passion, Daniel se sentait prêt à tenir le coup. « Si j’ai bien compris, tu vas déjà avoir des tests aujourd’hui ? » Lui rendit-il sa perche sur les vacances fichues. Carl était en deuxième année aussi, et n’allait donc pas tarder à passer au bistouri (sisi) des tests et autres questionnaires de la rentrée. Ils marchèrent encore quelques instants, Daniel regardant différentes classes et posant quelques ultimes questions. Il s’apprêtait alors à remercier Carl d’avoir joué les guides et à prendre congé pour le laisser se rendre en cours, lorsque soudain, l’alarme incendie retentit dans l’école. « Ça aussi c’est le genre d’exercice qu’ils aiment faire à la rentrée ? » Demanda le jeune Montgomery en souriant, ne sachant pas pour autant si l’alarme résonnait vraiment pour un danger réel ou non. Dans les écoles, ils faisaient tellement souvent la « blague » qu’à force, on n’y croyait plus, mais le jour où ce serait vrai, personne ne prendrait la peine de se presser vraiment en s’imaginant qu’il n’y avait aucune raison de paniquer. « On dirait que tu vas pouvoir y échapper finalement. » Les étudiants dans les classes commencèrent à sortir de leurs cours pour se diriger vers l’ascenseur et les escaliers. Daniel attendit son parrain pour leur emboîter le pas. Il aurait bien emmené Oscar avec lui pour le présenter à sa jumelle ; ça aurait été le petit ami idéal pour elle, fiable et pas embêtant pour un sou. Mais il garda au fond de lui cette blague de mauvais goût. Il pourrait toujours le lui présenter quand elle viendrait aux cours.

Daniel n’étant pas un suiveur de nature, il ne lui était pas naturellement venu en tête de suivre la foule pour retrouver son chemin. Au pire, comme disait Carl, il avait une langue et il pourrait demander où se trouverait telle ou telle classe. Le jeune homme arrivait souvent tout juste à l’heure en cours, mais cette année, il devrait faire un effort pour venir quelques minutes plus tôt s’il ne voulait pas être en retard. Se faire mal voir n’était pas un bon début. Enfin, ce n’était pas vraiment lui le problème, mais plutôt Gabrielle qui dormait jusqu’à pas d’heure et lui demandait de l’attendre avant de partir. Il faudrait remédier à leurs mauvaises habitudes cette année. Il écouta Carl lui parler d’histoire de cadavres. Son parrain avait une roue de secours si le chemin en médecine devenait trop abrupt pour lui ; il pourrait toujours se tourner vers la morgue. Au contraire du jeune Spencer, Daniel n’avait pas une route toute tracée devant lui. Il espérait percer dans le football, mais ne l’ayant pas choisi en option principale, les chances étaient faibles. Pourtant, il n’avait pas osé prendre le risque de tout miser sur sa forme physique, car à la moindre blessure, le jeune footballeur pouvait devoir arrêter son « rêve » et sa passion. Il avait donc préféré prendre la médecine comme premier plan tout en continuant à pratiquer son sport préféré. Pourtant, il savait très bien au fond de lui que les études étaient sa roue de secours à lui. S’imaginer coincé dans les manuels théoriques pendant longtemps ne le séduisait pas vraiment, heureusement qu’il avait une bonne mémoire et que son option proposait, après la première année, beaucoup plus de cours pratiques. Daniel sortit de ses pensées lorsque Carl lui annonça qu’il devrait le quitter une dizaine de minutes après. Le jeune homme n’avait pas l’air de stresser pour les épreuves qu’il avait à passer, mais paraissait plutôt agacé de devoir le faire. Le jeune Montgomery esquissa un sourire, reconnaissant bien là, une attitude qu’il aurait pu lui-même avoir. Il lui posa encore une ou deux dernières questions et s’apprêtait à le laisser partir à ses tests quand l’alarme incendie retentit, les obligeant à suivre le mouvement pour sortir de l’université. Au diable les tests du jour ! C’était sûrement un exercice pour entraîner les nouveaux venus à se familiariser avec les instructions en cas d’incendie réel. Tous les élèves sortirent sans paniquer et se rassemblèrent chacun à un endroit précis selon leur classe. Daniel put néanmoins rester avec Carl. Ils se regardèrent alors étonné lorsqu’un camion de pompier et une ambulance débarquèrent. Le jeune Spencer lui demanda s’il voyait quelque chose, mais le jeune footballeur secoua la tête. Il regarda une nouvelle fois vers le coin de l’établissement et aperçut de la fumée s’élever du toit… provenant de l’étage des labos où ils étaient quelques minutes plus tôt. Une expérience qui avait mal tourné et une classe qui avait pris feu peut-être ? Les pompiers s’activèrent pour commencer à éteindre l’incendie qui se propageait sur le toit. Daniel entendit alors la rumeur qui circulait parmi les élèves. Le circuit d’un appareil avait grillé sous la chaleur de son utilisation ou quelque chose comme ça, ce qui avait entrainé un départ d’incendie qui s’était étendu au niveau du toit et de quelques classes de labo. « Ils ont sortis leurs lances d’incendies pour essayer d’éteindre le feu. On dirait que ça vient du toit ou des salles de labos. Tu crois qu’il y a des blessés ? » Demanda-t-il alors en se retournant vers Carl. Il ne voyait encore personne se diriger vers l’ambulance, mais les infirmiers se tenaient prêts au moindre appel. « Il n’y a pas des gens que tu connais que tu dois essayer de retrouver ? » Ajouta-t-il ensuite. Son « parrain » avait sûrement des potos dans l’université pour qui il devait « s’inquiéter ». Daniel n’avait pas vraiment envie d’attendre sagement à l’extérieur, mais ils ne pourraient pas bouger d’ici avant un moment. « Ils vont peut-être devoir fermer l’université quelques temps. » Constata-t-il. Tout dépendait du temps que mettraient les pompiers à éteindre le feu.

Daniel ne se demanda pas longtemps ce qui se passait ; les pompiers prirent rapidement le feu en charge et arrosèrent le toit de l’université. Le jeune footballeur se retourna donc vers Carl pour l’informer de ce qu’il venait d’entendre. Les exercices répétés de l’alarme incendie avaient servi à quelque chose pour une fois : tout le monde était sorti dans le calme et sans faire de vague. Rassemblés en rang dans la cour, les élèves attendaient le feu vert de leur directeur pour se disperser. Mais il fallait compter et répertorier tout le monde avant de les laisser partir. Le jeune Montgomery se demanda s’il y avait des blessés pour qu’on les garde aussi longtemps dans l’enceinte de l’université. Le feu avait l’air d’être maîtrisé par les pompiers, alors qu’est-ce qu’ils attendaient ? Daniel s’imagina un instant que la journée allait reprendre son cour normal… Avait-il vraiment l’intention de faire passer les tests aujourd’hui ? Ce serait tordu quand même. L’odeur de fumée se propagea dans les airs ; le jeune footballeur sentait l’odeur de brûlé au loin. Les labos avaient été quelque peu touchés. Les cours pratiques, ce ne serait pas pour tout de suite. Carl indiqua à Daniel que le directeur n’avait pas annoncé de manquants à l’appel, ils pourraient donc sans doute quitter les lieux sous peu. Le jeune footballeur s’étonna alors que son « parrain » ne s’inquiète pas pour ses collègues de classe. Dans la rapidité du moment, Carl avait sans doute « omis » d’y penser. Il quitta donc Daniel quelques instants pour vérifier que tous ceux qu’ils connaissaient se portaient bien. Entretemps, le téléphone du jeune Montgomery sonna. Il décrocha ; Gabrielle était à l’autre bout du fil et s’inquiétait pour lui. Elle venait d’entendre à la radio locale (si, si, elle écoute les infos parfois) que l’université avait pris « feu », même si les dégâts n’étaient pas très importants. Daniel rassura rapidement sa jumelle ; les deux n’étaient jamais bien longtemps l’un sans l’autre. Il lui promit de rentrer sous peu et raccrocha, lorsque Carl revint quelques instants plus tard près de lui. Personne n’était blessé de son côté, par contre, quelques élèves s’étaient agglutinés près des ambulances. Certains avaient été légèrement intoxiqués par la fumée, mais sans plus. « Rien de grave. » Répondit Daniel à la question du jeune Spencer. « Tout le monde rentrera chez soi ce soir. » Ajouta-t-il. Il demanda alors à son « parrain » si l’université fermerait ses portes quelques jours –oui, il voulait profiter de ses derniers instants de vacances-, mais Carl sembla sceptique, pensant plutôt qu’elle rouvrirait ses portes dès le lendemain. Daniel soupira et attendit donc bien sagement qu’on leur donne l’autorisation de partir. Il esquissa néanmoins un sourire en imaginant que son premier jour à l’université n’avait pas été comme tout le monde et plutôt assez mouvementé ; marqué par une visite privée des bâtiments grâce à son ‘parrain’, puis par un incendie. Il y avait plus ennuyeux comme rentrée. Il sortit de sa rêverie lorsque Carl lui demanda ce qu’il comptait faire de sa soirée. « J’ai intérêt à rentrer sous peu sous peine que ma jumelle ne ratisse l’université. » Déclara-t-il en riant. Il plaisantait bien sûr, elle ne le tenait pas par le bout des doigts non plus. « Et puis, je ne sais pas, j’vais sûrement en profiter une dernière fois avant la rentrée définitive demain. Et toi ? » Par profiter, il entendait sortir un peu ou quelque chose dans ce goût-là. Il n’en aurait plus forcément autant l’occasion après entre les travaux et les entraînements. Le directeur prit alors le micro et annonça aux élèves qu’ils pouvaient rentrer chez eux. « Eh bien, merci pour la visite et tout mec, et à très vite. » Lâcha Daniel à Carl pour le remercier avant de lui serrer la main pour le quitter sur ces mots puisque le jeune Spencer rentrait de son côté rejoindre les siens. Une bonne rencontre pour le jeune footballeur qui ne doutait pas de trouver en la personne de Carl un futur pote potentiel.

HJ : je te laisse terminer :)