Juliet n’est pas le genre de maman à rester accrochée à son enfant après un accouchement. Et pour preuve, elle était absente depuis plusieurs jours. La jeune femme enchaînait les casting pour obtenir une place dans une compagnie de danse. C’était sa passion, personne ne pouvait l’en empêcher. Adrian se retrouvait donc seul à élever son fils, en attendant que sa fiancée rentre. Elle même ne savait pas trop quand elle allait rentrer à Magnolia. Au départ, il n’était question que de quelques jours. Voilà deux semaines pratiquement que la jeune maman avait quitté le quartier. L’avocat devait donc enchainer les longues journées au cabinet puis récupérer le nourrisson auprès de sa nourrice en fin de journée, et lui porter tout son attention jusqu’à leur du coucher. Ce n’était pas une chose qui dérangeait O’Conell. Il pensait ne pas être capable de prendre soin d’une autre personne que lui même, il s’imaginait être un mauvais père, mais à sa grande surprise, il réussissait pourtant bien.

Samedi matin. Les vieux de Magnolia sont déjà debout, direction le marcher hebdomadaire au centre ville. Les jeunes eux font la grasse mat’. Logan se moquait éperdument de savoir si son père était un jeune ou un vieux, lorsqu’il avait faim, il hurlait. Adrian comptait pourtant sur ce samedi matin pour récupérer les heures de sommeils que le petit monstre lui avait volé ces 5 derniers jours. Adrian ouvrit les yeux, passa sa main sur son visage et souffla. Il se leva de son lit, la tête dans le pâté, et se dirigea en trainant des pieds jusqu’au berceau du petit Logan. Il le regarda un instant, hocha la tête, et le pris dans ses bras. Il le blottit contre son épaule, le petit garçon ne s’arrêtait pas de crier. Il sorti ensuite de la chambre, descendit les escaliers lentement, puis arriva jusqu’au salon.

Il poussa la porte du salon donc, et… Ô surprise, Ô joie, tonton Drewdrew s’était invité à la maison !! Il était là assis confortablement dans le canapé, une tasse de thé à la main, et le nez plongé dans un magazine culinaire. Adrian avait oublié que sa charmante compagne avait confié le double des clés à son jeune frère. La mine fatiguée, Adrian lui adressa un « Yop » puis bailla. « Mec il est… 8h… Tu es bien matinal ! » déclara Adrian en jetant un œil à sa montre. Il vint ensuite s’asseoir sur le canapé aux côtés d’Andrew. Et comme par magie, Logan cessa de pleurer lorsqu’il vit son oncle. Il afficha même un grand sourire, tendant même le bras pour pouvoir toucher Andrew. Ce petit merdeux voulait carrément être porté par son oncle plutôt que son père. Adrian soupira et leva les yeux aux ciels « Tu sais que t’es un peu chiant Logan O’Conell ? ». L’avocat se tourna ensuite vers son beau frère et lui dit : « Lâche ton magazine Maïté, ton neveux te réclame ! ». Il déposa ensuite le petit garçon dans les bras d’Andrew et s’enfonça dans son canapé. Il bailla une seconde fois puis ajouta : «Tu as dormis ici Drew ? ».

Depuis que Juliet s'était lancée dans des auditions de danse en veux-tu en voilà, Andrew passait beaucoup de temps dans la nouvelle maison de sa soeur. Pas qu'il profitait de pouvoir partager le lit avec Adrian, il s'assurait juste que Logan était en bonne santé. honnêtement, Andrew n'avait aucune confiance en son beau-frère, après tout DS avait raconté que le jeune homme batifolait dernièrement avec une autre femme. Et dire qu'il était papa, c'était honteux, condamnable. Si ça ne tenait qu'à Andrew, il leur aurait déjà retiré la garde de ce petit. Mais pour l'heure, il se contentait de squatter le plus possible pour surveiller son neveu.

Ce matin là, il se réveilla tôt. Peu nombreuses étaient les raisons capables de le sortir du lit de bonne heure. Mais s'assurer que Logan prenait un solide petit déjeuner en faisait partie. Même si, à 2 mois, ce déjeuner consistait seulement en un biberon de lait. En deux temps trois mouvements, il se retrouva chez sa sister, et se prépara un thé, trouva quelques biscuits dans une armoire, et se posa dans le canapé. Juliet était parfaitement au courant, elle lui avait même plus ou moins demandé, n'ayant pas une totale confiance en Adrian. Andrew était persuadé que, si Juliet fuyait son domicile conjugal, ce n'était pas par peur de s'occuper de son fils. C'était parce qu'elle sentait, au fond, que son mari était louche. Les femmes étaient dotées d'un sixième sens, capables de déceler quand un homme vous ment, vous cache quelque chose, vous trompe (OUI MEC T'ES MORT). Mais Andrew ne voulait pas en parler avec Ju, trop gêné.

Bien vite, il entendit les cris de son neveu, mais laissa à Adrian le soin de s'en occuper. Rejoindre l'étage était risqué, Andrew ne voulait pas apercevoir la vision apocalyptique de son beau-frère en caleçon, voire moins. Quelques minutes plus tard, celui-ci apparaissait, vêtu. C'était mieux ainsi. Andrew fit quelques signes à son neveu, qui, amusé, le réclama rapidement. Satisfait de cette petite victoire, il prit le soin d'attraper le petit, sans répondre au pique d'Adrian. « Bonjour Logan, alors tu as fait un gros dodo ? » dit-il à son neveu, sur un ton enfantin. « Je vais te préparer un bon biberon de champion ! » Il installa le bébé dans son transat, posé sur le canapé, avant de se tourner vers Adrian. « T'es fou, j'aime trop mon lit. Mais te connaissant tu pourrais laisser le gosse à la maison et partir en l'oubliant totalement, alors je suis venu m'en occuper. Tu peux vaquer à tes occupations barbantes d'avocat, Tonton Andrew est là ! » la main sur le coeur, le regard sûr et sévère, il allait relever cette mission. Il aimait tant les enfants, alors si en plus il s'agissait de son neveu, il ne pouvait rêver mieux.

Découvrir son beau frère chez soi un samedi matin n'était pas commun, Adrian ne se rappelait même plus qu'il avait les clés de chez lui, peut être que Juliet le lui avait dit mais il n'avait pas dû écouter, comme d'habitude. Mais puisqu'Andrew était là, il pouvait bien servir à quelque chose... Et puis Adrian allait devoir s'habituer à sa présence, il savait qu'en emménageant avec Juliet, il allait devoir se coltiner la famille Davies. Il n'y a pas si longtemps, c'était lui qui vivait par intermittence chez les Davies. Il y était plus ou moins tranquille. Il n'avait pas à croiser son père, et les parents de Juliet n'était pas souvent chez eux. Il le savait, monsieur Davies ne l'appréciait pas vraiment. Il aurait préféré voir sa fille avec un autre homme mais par principe, parce que l'on ne mélange pas les familles riches avec les pauvres, il se satisfaisait comme il pouvait de la relation de sa fille avec l'un des enfants les plus riches de Magnolia.

Quand Logan réclama son tonton drewdrew, Adrian n'eut d'autre choix que de le déposer entre les mains de ce cher visiteur _ Cher visiteur qui d'ailleurs n'avait pas pris la peine de répondre aux questions d'Adrian. L'avocat trouvait l'attitude d'Andrew bien étrange, un jour tout sourire, le lendemain dédaigneux... Il n'y avait pas pire lunatique qu'Andrew. Mais Adrian ne relevait même plus, il était habitué à ces petits piques... Quelle vie! En plus d'être retenu comme prisonnier de Juliet avec la naissance du petit, il devait AUSSI se coltiner le beau frère. Il l'aurait bien mis dans un sac, avec Joey, et plouf, à la mer ! Qu'était-il venu faire ici si ce n'était pour fliquer Adrian quant à la façon dont il élève Logan. Jusque là, il avait été irréprochable, peut être pas quant à sa manière de prendre soin de Juliet, mais avec le petit... il avait géré comme un chef.

« T'es fou, j'aime trop mon lit. Mais te connaissant tu pourrais laisser le gosse à la maison et partir en l'oubliant totalement, alors je suis venu m'en occuper. Tu peux vaquer à tes occupations barbantes d'avocat, Tonton Andrew est là ! » déclara Andrew. Adrian hocha la tête, puis se leva du canapé. Il s'étira les cervicales, et reposa son regard sur son beau frère et son fils. Il leva les yeux au ciel et lança "Oui c'est bien ce que je me disais, tes visites ne sont pas anodines...". Il soupira et avança vers la table du salon, où il récupéra son paquet de cigarette. Puis il reprit: "Le lait en poudre se trouve dans le placard au dessus de l'évier, le stérilisateur à côté de la cafetière. Si tu me cherches, je suis dans mon bureau.". Il s'avança ensuite prêt du petit Logan et vint déposer un baiser sur son petit crâne. Il lui confia: "Papa revient! Si tonton Andrew fait une bêtise, tu as le droit de le mordre... même si t'as pas de dents!". Il plongea délicatement son doigts dans le coup de son fils pour le chatouiller. Le petit garçon rit un instant, puis Adrian se redressa, et se dirigea vers son bureau au fond du couloir.

Une fois dans son bureau, Adrian s'installa dans son fauteuil, sortit son téléphone portable de la poche de son jogging, et composa le numéro de Juliet. Il tomba sur la messagerie, la jeune femme devait être en train de dormir à cette heure-ci. Adrian se décida à laisser un message. "Hey Jul's, c'est moi. Je voulais avoir un peu de tes nouvelles, tu n'as pas appelé hier... Quand est-ce que tu rentres? Ton frère et là... à se prendre pour toi! Il faut que tu rentres! Rappelles moi... Je t... Je t'aime.".

Andrew étouffa un rire, quand Adrian qualifia ses visites de "non anodines", l'air outré. Avait-il réellement imaginé, ne serait-ce qu'une seconde, que Andrew venait ici simplement pour s'inquiéter de la santé de l'avocat ? Logan était la seule personne dont il se préoccupait, ici, et à dire vrai, que Adrian tombe gravement malade règlerait bien des problèmes. Andrew ne pouvait pas nier, que sa soeur était désormais bien installée, la maison était prestigieuse, bientôt Juliet jouirait d'un nom de famille reconnu ... Mais qu'en était-il de son bonheur personnel ? Et de cette Sasha, pour qui le coeur d'Adrian semblait battre ? Sa soeur - avec toute cette avalanche de bonheur artificiel - ne serait jamais heureuse. Andrew ne pouvait s'empêcher d'hair Adrian, profondément. Mais - aussi surprenant cela soit-il - il réussissait à garder cette aversion à l'intérieur. La laisser s'exprimer pourrait l'éloigner de Logan, ou rendre la vie de Juliet encore plus infernale. « Mais non voyons, je suis venu car tu me manquais vraiment beaucoup » rétorqua-t-il sur un ton d'ironie évident.

Heureusement, Adrian finit pas les laisser. S’éclipsant dans son bureau à la plus grande joie d'Andrew, il ne risquait pas de se montrer de si tôt. Il pouvait prétexter du boulot en masse, mais Andrew n'était pas dupe : il était soulagé de ne plus porter le fardeau Logan. Qu'importe, le warrior était bien content de s'occuper de son neveu. « Je t'emmène dans la cuisine Logan » dit-il en emportant le transat, qu'il posa ensuite sur la table de la cuisine (ou autre, je ne sais pas comment est ta maison). « Alors le lait le lait ... Voilà le lait ! » Il sortit, d'un air victorieux, le lait en poudre du placard. Il ouvrit ensuite le stérilisateur pour y placer un biberon, et attendit quelques minutes en jouant avec son neveu. « Alors papa O'Conell n'est pas trop méchant ? Il ne crie pas trop sur toi ? » Il se lança dans une imitation qui eut le mérite de faire rire le petit, Dieu si son père savait ! Le stérilisateur sonna alors, et Andrew put enfin préparer le biberon. « Ton papa se croit génial, mais il n'a même pas précisé combien de lait tu prenais » Heureusement, d'expérience, Andrew savait que - à cet âge là - il fallait lui donner 90ml. « Logan, il est où ton chauffe biberon ? » Ce dernier ne répondant pas, Andrew finit par comprendre qu'ils n'en avaient même pas acheté. Il soupira, choqué, ils n'avaient jamais lu toutes ces histoires de mauvaises ondes des micro ondes ! « Comment marche ce truc !!! » s'énerva-t-il en appuyant sur tous les boutons de l'appareil. Celui-ci finit enfin par s'allumer, et Andrew entama une petite danse de la victoire, le temps que le biberon chauffe. « C'est prêt Logan, tu vas pouvoir manger ! » Il attrapa le biberon et, en se positionnant au dessus de l'évier, fit couler quelques gouttes sur sa main pour vérifier la température. « Mais c'est chaud AAAH !!! » s'exclama-t-il en secouant sa main ébouillantée par les quelques gouttes de lait (oui il est douillet). Il eut finalement le réflexe de passer sa main sous l'eau froide, mais déjà le biberon gisait dans l'évier, se vidant lentement. Andrew soupira alors. « C'est pas croyable, dire que même moi j'ai un chauffe biberon, on va aller déjeuner chez moi mon petit, tu veux venir chez tonton Andrew ? » Eloigner son neveu loin de cette maison de malheur, là était le souhait du garçon.

« Mais non voyons, je suis venu car tu me manquais vraiment beaucoup » lança le jeune Andrew. Adrian manqua de lui adresser un joli doigt d'honneur, mais il se retint. Il ne devait pas être grossier devant le petit, et il devait se montrer bien plus malin que le jeune Davies. Il se contenta de leva les yeux au ciel, de grommeler quelques injures dans sa barbe, puis de rejoindre son bureau où il tenta de joindre Juliet par téléphone. Il laissait son enfant entre les mains d'Andrew, mais il ne craignait rien. Si le jeune homme détestait Adrian, il ne ferait aucun mal au petit Logan. C'était peut être la première fois qu'il appréciait autant un O'Conell, il fallait donc lui laisser ce plaisir.

Adrian plongea sa tête dans les dossiers qu'il n'avait pas eu le temps d'étudier cette dernière semaine. Il était pourtant bien à jour, et le cabinet O'Conell était à son apogée. Les affaires marchaient bien, Joshua venait de gagner un procès des plus complexes, premier avocat depuis des années à réussir enfin à boucler l'affaire Firgemson. Adrian ne pouvait être plus fier. O'Conell fit défiler les pages, y inscrivant quelques annotations. Il ne savait pas combien de temps cette petite révision lui prendrait, mais il était bien décidé à passer au moins son après midi avec le petit Logan. Il voulait l'emmener au Zoo voir les bêtes, quoi qu'il voyait déjà Andrew, un bon début ! Adrian sourit rien qu'en comparant Andrew à une de ces bêtes de zoo, il ferait un très bon singe ! Mais le cris du jeune Davies le sortit de ses pensées. Qu'avait-il pu bien se passer. Le petit Logan s'était-il fait mal? Adrian se leva précipitamment de son fauteuil, et accourra jusqu'à la cuisine. Paniqué, il poussa la porte et s'écria: "QU'EST CE QU'IL SE PASSE? QU'EST CE QUE TU LUI AS FAIT?". Il s'avança au centre de la pièce, s'assura que le petit n'avait rien, puis reporta toute son attention sur Andrew, qui entourait sa main d'un torchon. Il s'avança près de l'évier, et y découvrit le biberon du petit s'écoulant jusque dans le siphon. Il l'attrapa, et compris que le jeune oncle venait de s'ébouillanter. Il se tourna vers lui et cria: "MAIS T'ES MALADE! TU ALLAIS REFILER UN BIBERON BOUILLANT À MON FILS?". Il relâcha le biberon dans l'évier et attrapa à son tour un torchon pour s'essuyer les mains. Il souffla puis s'approcha d'Andrew. "Montre ta main... MONTRE J'TE DIS!" dit-il en lui attrapant le poignet. Il ôta le torchon de la main brûlée de son beau frère puis ajouta: "Regarde moi ça! Tu as passé ta main sous l'eau froide? Va te mettre de la pommade Andrew... je prend le relais." lança t'il en regardant le poignet du jeune Davies.

Honnêtement, au fond, Andrew avait un peu honte. Alors qu'il laissa encore quelques secondes sa main sous l'eau froide, il s'engueulait intérieurement, de ne pas avoir su chauffer un stupide biberon. Mais ce n'était pas de sa faute si Adrian avait un micro ondes venu d'une autre planète. Il regretta bien sûr d'avoir crié ainsi. Logan n'avait pas l'air effrayé, par contre il imaginait déjà Adrian débouler, complètement paniqué.

Effectivement, la scène se déroula quelques secondes plus tard. Adrian, en bon acteur, endossait à merveille le costume du papa inquiet. Andrew leva les yeux au ciel mais s'abstint de tout commentaire, les représailles n'en seraient que plus amères. « Mais je ne lui ai rien fait il ... » Déjà trop tard, le super cerveau de super Adrian avait analysé la scène et tout compris. Mais de quel droit lui gueulait-il dessus ? « Eh oh tu te calmes et tu me parles sur un autre ton. Je ne suis pas débile, je n'allais pas donner un biberon bouillant à Logan. J'ai vérifié qu'il n'était pas trop chaud et là je me suis brûlé ! Ce n'est pas MA FAUTE si t'es pas fichu d'acheter un chauffe biberon comme tout le monde, j'ai rien compris à ton micro ondes de malheur ! » Il débita sa tirade d'un trait, énervé qu'on puisse remettre en cause ses compétences de baby sitter. Cependant, Adrian avait raison, il devait passer de la pommade sur sa main endolorie. « C'est bon j'y vais » souffla-t-il.

Connaissant la maison, il rejoignit rapidement la salle de bains, où il trouva de la pommade contre les brûlures dans l'armoire à pharmacie. Il en appliqua, toujours en pestant. Il s'appuya un instant contre la baignoire, avant de redescendre. Adrian était invivable, il régnait dans la maison une atmosphère pesante, et Andrew comprenait parfaitement que sa soeur se soit enfuie, de cette vie dans laquelle elle serait bientôt emprisonnée. Juliet n'avait toujours pas évoqué de mariage, mais Andrew aurait mis sa main à couper que ça ne saurait tarder.

En passant dans le couloir, il s'arrêta un instant devant leur chambre à coucher, restée ouverte. Il imagina, un instant, à quoi ressemblerait sa maison à lui, plus tard. Il était déjà certain que Lou serait celle avec qui il la partagerait. Il imaginait leur chambre à coucher, de jolis rideaux et de jolis draps, des tables de chevet avec une photo d'eux, comme cette photo qui traînait sur celle de la présente chambre. Andrew s'avança dans la pièce, pour regarder quelle était cette photo que Adrian gardait, pour penser à Juliet. Il trouva l'attention touchante, et à dire vrai s'il ne s'était pas arrêté si longtemps devant la pièce, jamais il n'aurait remarquée ce papier posé. Mais il se sentait rassurée, de voir que Adrian n'était pas un monstre. Ou presque. Jusqu'à ce qu'il reconnaisse enfin la jeune femme, sur la photo, et remarque qu'elle ne ressemblait en rien à Juliet. Alors quand sa soeur n'était pas là, monsieur en profitait pour regarder la photo de sa maîtresse ? C'en était trop. Andrew attrapa le cliché, et courut en trombe dans la cuisine. « ESPECE DE ... » il se stoppa, Logan étant toujours présent. « POURQUOI T'AS UNE PHOTO DE SASHA SUR TA TABLE DE CHEVET HEIN ? ROI DES BIP !! Tu m'étonnes que Juliet devienne folle à rester ici ! » Il l'avait délibérément qualifié de bip, ne pouvant pas l'appeler "con" devant Logan. Il contenait sa rage, mais à l'intérieur, il mourrait d'envie de lui mettre son poing dans la figure, même si Adrian était plus fort que lui.

Quelle idée que de laisser un petit bébé de deux mois avec un incompétent pareil. Pourtant Adrian savait qu'Andrew était réputé dans le quartier pour prendre soin des enfants. Et comme il le disait, il avait naturellement vérifié que le biberon n'était pas trop chaud. Adrian savait que sa réaction avait été un peu excessive mais il s'était inquiété au sujet de son enfant. Il ne supportait pas l'idée même qu'on puisse faire du mal à Logan, le petit garçon étant devenu quelque peu le centre de sa vie, le centre de toutes ses attentions. Adrian énervé envoya valser le torchon qu'il avait dans les mains et vint appuyer ses bras sur le rebord de l'évier. Son coeur battait à toute allure tellement il avait eu peur pour Logan. L'instinct maternel ou je ne sais quoi, il l'avait aussi ! « Eh oh tu te calmes et tu me parles sur un autre ton. Je ne suis pas débile, je n'allais pas donner un biberon bouillant à Logan. J'ai vérifié qu'il n'était pas trop chaud et là je me suis brûlé ! Ce n'est pas MA FAUTE si t'es pas fichu d'acheter un chauffe biberon comme tout le monde, j'ai rien compris à ton micro ondes de malheur ! » lança le jeune garçon, visiblement très énervé aussi. Cette fois-ci c'était certain, la tension n'allait pas redescendre de si tôt. Adrian se retourna et cria à son tour: "UN CHAUFFE BIBERON? UN CHAUFFE BIBERON TU DIS?". Adrian ouvrit le placard, cette fois ci, sous l'évier et attrapa le fameux chauffe biberon. Il le tendit à Andrew et s'écria a nouveau: "LE VOILÀ TON CHAUFFE BIBERON! OUVRE TES YEUX UN PEU !". Il reposa l'appareil sous l'évier, et claqua la porte du placard. Il souffla longuement et passa sa main sur sa nuque.

Il s'approcha ensuite d'Andrew pour constater les dégâts cutanés. Une vilaine brûlure que le jeune Davies devait soigner rapidement pour ne pas se retrouver avec une méchante cloque. Après lui avoir dit d'aller se passer de la pommade, le jeune homme s'exécuta. Il quitta la pièce en trombe, laissant Adrian et son fils en tête à tête. Adrian lâcha un "Putain, c'est pas possible...". Il détacha son fils de son transat et le prit dans ses bras. Il posa sa petite tête contre son épaule et le berça un instant. Le petit garçon n'avait pas l'air d'être inquiété par la scène qu'il venait de voir, pour preuve, il s'endormait tel un narcoleptique. L'avocat fini par reposer l'enfant dans son transat puis il ouvrit à nouveau le placard pour y ressortir le chauffe biberon, et en tenant le petit garçon dans un bras, il prépara son biberon.

Pensant que la tempête était finie, il ne s'attendait pas à voir revenir à la charge le jeune Andrew. « ESPECE DE ... POURQUOI T'AS UNE PHOTO DE SASHA SUR TA TABLE DE CHEVET HEIN ? ROI DES BIP !! Tu m'étonnes que Juliet devienne folle à rester ici ! » hurla le frère de Juliet. Adrian déglutit, il ne s'attendait pas à ce que Davies fouille sa maison et tombe sur cette photo. D'ailleurs, il ne se rappelait même plus avoir une photo de Juliet sur sa table de chevet. La veille, il avait vidé son sac pour retrouver son chéquier, et avait probablement laissé la photo a portée de vue. Une aubaine qu'Andrew tombe dessus et non pas Juliet. Adrian arracha la photo des mains d'Andrew et ne su quoi lui répondre. Il était quelque peu déboussolé par la situation, et avait été pris par surprise, la main dans le sac. Il rangea la photo dans sa poche et s'éloigna un instant de la cuisine. Mais bien sûr, Andrew ne le lâchait pas d'une semelle. Il le suivit jusque dans le couloir. Là, Adrian se retourna et lui dit calmement: "Ecoute, ce ne sont pas tes affaires ok?" .

De tous les jeunes hommes que comptait le quartier, il avait fallu que Juliet donne un gosse à celui que Andrew appréciait le moins. Ou presque. Adrian n'avait pas l'apanage de la haine du warrior, il était cependant en bonne position. Les discussions étaient toujours houleuses, tendues. Toujours, cette petite goutte d'eau menaçait de faire déborder le vase, comme aujourd'hui. Adrian criait, Andrew aussi. Devant le petit Logan, innocent, ayant pour seule faute d'avoir atterri dans une famille de dégénérés. Andrew n'allait pas se laisser faire ainsi. « Comment ça ouvre tes yeux ? Je vais pas fouiller ta maison, je pourrais y retrouver des cadavres j'suis sûr !! Tu m'indiques le lait, le stérilisateur, pourquoi tu me parles pas du chauffe biberon ??? C'est débile !! Soit tu dis tout soit tu dis rien, mais tu dis pas un peu !! » La discussion sur le chauffe biberon aurait pu durer des lustres, alors Andrew quitta la pièce sur ces mots. Pour être celui qui parlerait en dernier ... Mais aussi parce qu'il détestait quand les plaies brûlées se mettaient à faire des cloques.

Il s'empressa de mettre de la crème, mais panser sa main ne calmait en rien la douleur dans son coeur. Il haissait Adrian, et la vie malheureuse qu'il offrait à sa soeur et son neveu. Logan était pour l'instant un bébé, mais Andrew ne donnait pas cher de sa peau, plus tard. Le warrior avait tellement hâte de quitter ce quartier, partir loin avec sa dulcinée. Mais désormais il se sentait incapable de laisser Logan et Juliet à ce triste sort. En extérieur, leur vie était plutôt jolie, d'ailleurs. Belle maison, beau parti, luxe, argent ... Alors qu'il arpentait le couloir, il réalisait que bien des gens auraient donné cher pour la place de Juliet. Comme cette Sasha, dont parlait DS. Pourquoi avait-il fallu que le coeur d'Adrian batte pour l'une plutôt que pour l'autre ? Peut-être était-il juste animé par l'envie de ce qu'il ne possédait pas. Peut-être que si les 2 filles étaient inversées, il ferait vivre un enfer à Sasha et aimerait Juliet (coucou j'ai l'impression de parler de Lolo). Ou peut-être qu'Adrian était juste un connard. Cette réponse était bien plus satisfaisante pour Andrew, car elle lui permettait de détester son beau-frère sans vergogne.

Adrian se voulait fuyant, mais Andrew ne le laisserait pas s'en tirer comme ça. Il attrapa la photo qu'Andrew brandissait pour la fourrer dans sa poche, avant de disparaitre de la pièce, Logan dans les bras. Mais il était hors de question que l'avocat s'en sorte si facilement. Il ne pouvait pas agir comme bon lui semblait sans rendre de compte par la suite. Qu'il assume d'être un connard, pour une fois. « Aussi longtemps que tu seras fiancé à ma soeur, ces affaires me concerneront, ok ? » affirma-t-il sur le même ton que Adrian avait employé précédemment. « Tu vas m'expliquer une bonne fois pour toute ce qui se trame ici, ce que tu trames avec Sasha ! Tu vas lâcher ma soeur, c'est ça ? La laisser mère célibataire et partir batifoler avec ta greluche ? Et ensuite quoi ? Tu la mettras en cloque avant de t'enfuir avec une autre ? T'es un monstre Adrian. Tu es père et fiancé, la prochaine étape c'est le mariage, pas de tromper ta future femme. » Mais avec un père aussi particulier, comme Adrian pouvait-il connaître les étapes de la vie.

Lorsqu'Andrew quitta la cuisine, Adrian souffla longuement. Pourquoi lui avait t'on collé un tel mec dans les pattes? Il se serait bien passer de devoir entretenir cette relation avec Andrew, il aurait préféré ne jamais être mêlé aux Davies, et ne plus passer son temps à s'en vouloir d'être un con envers Juliet. Mais il ne pouvait pas regretter d'avoir eu un enfant avec elle, même si au départ, il ne se sentait pas suffisamment prêt à s'occuper d'un bébé. Il ne reviendrait en arrière pour le moins du monde, avec Logan, il se sentait homme, père, heureux et bon. Oui bon, car pour une fois il avait vraiment l'impression que quelqu'un comptait sur lui, il se sentait important. Le tendre regard de son fils le faisait se sentir aimé, et pour une fois il n'avait pas peur de se laisser apprécier par quelqu'un. Il se promettait de le chérir, et malgré ses nombreuses frasques, ses erreurs, il se dévouait entièrement à l'éducation du petit garçon. Il était conscient que lorsque Juliet apprendrait ce qu'Adrian lui avait fait, toute sa petite vie s'écroulerait. Mais s'il ne pouvait pas se battre pour Juliet, il se battrait corps et âme pour le petit Logan.

D'ailleurs, cette histoire avec Sasha... Adrian s'en voulait terriblement. Il aurait aimé que les choses se passent autrement, il aurait voulu s'en tenir à son engagement envers Juliet, ne pas tomber amoureux de la jeune Adamovitch, ne pas céder à la tentation... Mais les choses étaient ainsi, et Adrian ne pouvait plus revenir en arrière. Il avait trompé Juliet, une femme formidable. Il n'avait pas réussi à faire un choix, et avait encore une fois agis comme le pire des salopards, commettant l'impardonnable. Cependant, il n'attendait le pardon de personne, il savait qu'il allait décevoir Juliet, lui faire mal... mais il ne s'attendait pas à être pardonné. Il prenait les choses comme elle venait, se préparant à assumer ses actes à défaut de n'avoir autre choix. Il s'attirerait les foudres de la famille Davies, de ses propres proches, et de tout le quartier. Il en était conscient, l'acceptait. De toute façon, il ne s'était jamais vraiment senti à sa place à Magnolia. Souvent critiqué par les personnes envieuses, souvent mal vu par ses voisins, Adrian n'en était pas à sa première confrontation avec les habitants de ce quartier. Il n'était pas aimé, mais il s'en battait royalement les castagnettes. S'il comptait désormais sur une seule personne, c'était bien son fils. Peut importe le soutien de qui voudra bien le lui donner, depuis la mort de sa mère, Adrian avait compris que dans la vie, il fallait avancer seul.

Logan dans les bras, Adrian avança le long du couloir lorsqu'Andrew lui demanda des comptes. Il lui répondit que tout ça ne le regardait pas. Comme à son habitude, le jeune Davies venait se mêler d'une relation dans laquelle il n'était pas le bienvenue. Il le savait, ça avait le don d'énerver Adrian. Mais si le jeune O'Conell avait compris une chose, c'était bien qu'il devait prendre du recul, et garder son calme. "Aussi longtemps que tu seras fiancé à ma soeur, ces affaires me concerneront, ok ? Tu vas m'expliquer une bonne fois pour toute ce qui se trame ici, ce que tu trames avec Sasha ! Tu vas lâcher ma soeur, c'est ça ? La laisser mère célibataire et partir batifoler avec ta greluche ? Et ensuite quoi ? Tu la mettras en cloque avant de t'enfuir avec une autre ? T'es un monstre Adrian. Tu es père et fiancé, la prochaine étape c'est le mariage, pas de tromper ta future femme." lança Andrew. Adrian déglutit, il n'en était pas à sa première altercation avec Andrew. Il ne voulait pas cette fois ci se sentir aussi faible que la dernière fois qu'il avait été confronté à la colère du jeune Davies. Mais pourtant, Adrian recevait les mots de son beau frère comme une rafale de balles. Il grimaça, souffla. Andrew était si proche de la vérité, mais Adrian ne lâcherait pas le morceau. Jay avait découvert tout seul le dérapage d'Adrian, ce dernier lui confessant son énorme connerie. Il ne voulait pas être confronté à ça, pas maintenant.

Cette erreur avait le mérite de lui avoir prouvé une chose, il tenait vraiment à Juliet. Pris de remord, il se rendait compte à quel point Adrian l'aimait. Et l'aimer lui faisait mal. Ce n'était pas simplement de savoir s'il l'aimait ou pas, il cherchait surtout à savoir de quelle façon l'aimer, de quelle manière le lui montrer. Il ne savait même pas si cette amour pouvait les tenir soudés l'un à l'autre, ou s'il valait mieux la laisser partir. Parce que l'aimer, c'était aussi l'aimer suffisamment pour la laisser passer à autre chose, ne plus la faire souffrir. (Ouais j'avoue c'est compliqué à comprendre xD). Adrian soupira puis s'arrêta dans sa course. Tenant son fils contre lui, il déclara sur un ton glacial: " Stop... laisse moi tranquille Andrew. Tu devrais rentrer chez toi.". Il rejoint ensuite le salon où il se laissa tomber dans le canapé, tenant toujours son fils dans ses bras, comme s'il était désormais son unique protection face au reste de sa vie, aussi compliquée soit elle.

Adrian semblait perdu dans ses pensées, sans laisser paraître si ce mutisme était une bonne chose ou non. Andrew, trop brusque, trop speed, il était incapable de rester là, les bras ballants, à essayer de comprendre ce qui se tramait dans la tête de l'avocat. Impatient, il se mit à taper du pied, nerveusement. La réponse avait intérêt à être satisfaisante, à expliquer pourquoi la photo de Sasha était là, à démontrer par a plus b qu'une vie heureuse et paisible attendait Juliet. Sinon, il allait voir de quel bois se chauffait Andrew. Et il ne rigolait pas.

Pourtant, inconscient, Adrian choisit de jouer avec les nerfs de son beau-frère. L'invitant à prendre la poudre d'escampette, il disparut à nouveau, pour se transporter dans le salon. Andrew le suivit, naturellement. Il n'allait pas laisser passer ce nouvel affront que Adrian Connard O'Conell faisait à la famille Davies.

« Non je ne te laisserai pas tranquille. Oui je vais continuer à être sur ton dos, jusqu'à ce que tu me prouves que Juliet sera heureuse ici. Et arrête de m'éviter comme ça : tu ferais la même chose, pour Claire. Il s'agit de ma soeur, ma famille, je sais que tu comprends pourquoi je m'obstines, et tu agirais de la sorte si ta soeur emménageait avec un connard » Oui, il le qualifiait ouvertement de connard. Et Adrian ne pourrait pas nier. Andrew espérait faire appel au peu de sentiments qui restaient, quelque part, au fin fond de cet abruti, et que Logan semblait réveiller. Posté devant lui, il trouvait que cet avocat faisait peine à voir, là, avachi dans son canapé.

« Non je ne te laisserai pas tranquille. Oui je vais continuer à être sur ton dos, jusqu'à ce que tu me prouves que Juliet sera heureuse ici. Et arrête de m'éviter comme ça : tu ferais la même chose, pour Claire. Il s'agit de ma soeur, ma famille, je sais que tu comprends pourquoi je m'obstines, et tu agirais de la sorte si ta soeur emménageait avec un connard » déclara Andrew. "Connard", oui c'était bien le qualificatif qu'il avait utilisé pour décrire son beau frère. Adrian serra le poing, il ne supportait pas qu'on lui manque autant de respect sous son toit. Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait attrapé le jeune Davies par le col et l'aurait expulsé de sa maison à coup de pied au cul.

Adrian se redressa et rétorqua: "PARDON?! Un connard? Un connard tu dis? Je ne suis pas ton pote mec... tu vas te calmer et me parler autrement!". Il le fusilla du regard. Il n'avait pas envie de se battre avec Andrew, bien que comme souvent, il aurait eu tellement envie de lui écraser son poing sur le nez. Adrian était ici chez lui, il ne voulait certainement pas que l'on vienne l'y embêter. Si on ne peut plus être tranquille chez soi, où peut-on l'être?!

Mais rester calme face à ce merdeux de Davies était devenu impossible pour Adrian. A l'époque, il aurais joué de phrases sarcastiques, dans le but d'agacer son rival. Mais depuis leur dispute au bar quelques mois plus tôt, le moindre reproche de la part d'Andrew à l'égard de l'avocat donnait à ce dernier des envies de meurtre. Il se leva, droit comme un "i", tenant toujours aussi fermement son fils contre lui. D'une main il pointa son indexe sur le torse du jeune Davies, et lui souffla: "Tu t'incrustes chez moi, tu mets ton nez dans MES affaires, tu vas même jusqu'à fouillé dans ma chambre Andrew. Peut importe mes histoires avec ta soeur, tu me manques complètement de respect, et je ne tolèrerais pas ça chez moi. Tu pouvais faire le mariole, jouer les bonhommes quand je vivais chez toi, et tu ne t'en ai jamais abstenu. Tu n'as rien à faire ici... prend tes affaires et tire toi."

Adrian s'avança jusqu'au couffin, où il déposa Logan délicatement. Il se dirigea ensuite vers la fenêtre, qu'il ouvrit en grand. Son visage était rouge, il étouffait presque. Etait-ce peut être parce qu'Andrew était si proche de découvrir la vérité?

Adrian fuyait le sujet, encore et encore. Il préférait juger la forme - à savoir que Andrew avait fouillé ses affaires - plutôt que le fond - la mystérieuse photo de Sasha. Un discours de sophiste digne de cet avocat, qui avait bien plus d'un cadavre dans son placard. Oui, Andrew n'aurait pas dû pénétrer dans la chambre, mais il y avait découvert une vérité bien horrible. « T'es pas mon pote, malheureusement t'es le "fiancé" de ma soeur » Il mima des guillemets avec ses mains.


Déjà, il imaginait sa pauvre soeur, devant vivre avec ce monstre, cohabiter dans la chambre, la cuisine et le salon, alors que lui ne pensait qu'à sa Sasha, cette briseuse de ménage. Avant son retour, Juliet et Adrian n'étaient pas heureux. Mais au moins, ils étaient à deux. Désormais, il rêvait d'une autre. Et encore, Andrew était persuadé qu'il ne se contentait pas de rêver. Il nota dans sa tête de chercher un gros arbuste, dans le jardin, derrière lequel se cacher pour surprendre son beau-frère en plein adultère. Il pourrait engager un détective privé, aussi, c'était à voir. Des solutions à envisager plus vite que prévu, apparemment, puis Adrian ne répondait toujours pas à ses interrogations. Pire, il le congédiait. « JE TE MANQUE DE RESPECT ? Et tu fais quoi à ma soeur ? Tu la respectes peut-être ??? Si j'avais tort, tu l'aurais dit depuis longtemps. Tu réponds pas à la question, ça veut dire que j'ai raison !! » Il souffla, regardant Adrian disparaitre dans la chambre de Logan. Son neveu, il ne pouvait pas le laisser. Logan ne serait jamais heureux dans une famille si destructrice, Andrew avait presque envie d'en pleurer. Mais il était fort, et n'avait pas peur des coups. Il rejoint Adrian, mais resta dans l'encadrure de la porte. « T'as beau jouer ton rôle du papa poule à merveille, faire croire que tu adores ce petit, explique moi comment il pourrait être heureux, quand son père se tape une autre que sa mère. Explique moi dans quel état il va grandir, s'il voit sa mère malheureuse ? » Il ne voulait pas faire ami ami avec Adrian, mais il osait espérait qu'ils partageaient un intérêt commun : celui de Logan. Or, tous deux savaient que vivre avec une famille bancale, absente et totalitaire, pouvait faire bien des ravages.

"JE TE MANQUE DE RESPECT ? Et tu fais quoi à ma soeur ? Tu la respectes peut-être ??? Si j'avais tort, tu l'aurais dit depuis longtemps. Tu réponds pas à la question, ça veut dire que j'ai raison !! T'as beau jouer ton rôle du papa poule à merveille, faire croire que tu adores ce petit, explique moi comment il pourrait être heureux, quand son père se tape une autre que sa mère. Explique moi dans quel état il va grandir, s'il voit sa mère malheureuse ?". Andrew abordait un sujet bien sensible, l'éducation du petit Logan et jusqu'ici, il s'était abstenu de tous propos voulant remettre en cause les capacités d'Adrian à éduquer convenablement le petit garçon. Si Adrian était un mauvais fiancé, il s'était cependant juré d'assurer l'éducation et le bonheur de son fils, quoi qu'il arrive. Tous en doutaient dans ce quartier. Quand on est le fils de Joey O'Conell, on ne peut pas être quelqu'un de bien, pas même pour un enfant. C'est ce qu'ils disent, ceux qui pensent connaitre Adrian sur le bout des doigts, mais qu'ils se détrompent. Ils sont bien idiots de penser ainsi. Adrian se refuse de faire les mêmes erreurs que son père quant à l'éducation qu'il leur a donné. Joey était un père méchant, vicieux et tout sauf aimant. Il n'avait en rien réussi l'éducation de ses enfants, si ce n'est les rendre méfiants, froids et asociales. Adrian ne voulait pas élever Logan ainsi, il ne voulait pas lui mettre une pression inutile sur les épaules, il voulait qu'il grandisse en étant heureux, qu'il se sente protégé et aimé. Il voulait que Logan devienne quelqu'un de bien, qu'il ne lui ressemble en rien finalement. Adrian le savait, en prenant à charge l'éducation du petit garçon, il s'était promis de la mener jusqu'au bout, de ne jamais baisser les bras, de faire en sorte, même au sein d'un couple qui va mal, qu'il puisse grandir sans le moindre soucis à se faire.

"Je... Je ne fais pas semblant Andrew.". Les propos du jeune Davies avaient réussi à repousser Adrian dans ses retranchements. L'avocat ne s'attendait pas à ce que le jeune oncle remette si facilement en cause ses compétences de père. Il le trouvait un peu injuste dans ses propos, mais tout ça était légitime. Il s'inquiétait pour sa soeur, et Adrian ne pouvait se sentir plus mal à l'aise. Il baissa la tête et regarda le petit garçon, sagement endormi dans ses bras. Il soupira longuement et repris: "J'ai tout foiré avec Juliet, je sais... Si j'ai encore quelque chose à sauver ici c'est Logan. Je ferai tout pour qu'il grandisse bien, qu'il soit heureux... Tout le monde se refuse à l'entendre ici, mais je m'en moque... Je n'ai rien à prouver à personne, je dois juste faire mon travail pour Logan... et même si j'ai tendance à baisser les bras, je dois sauver mon couple, avant qu'il ne soit trop tard." . La situation lui posait un réel problème de conscience. L'avocat se sentait dans l'insécurité la plus totale, il ne savait pas vraiment où donner de la tête, ni comment se sortir de ses problèmes. Il laissa ses doigts effleurer la joue du petit garçon puis souffla. Il tenait fermement son fils dans ses bras, déterminer à le protéger coûte que coûte. Et si quelqu'un voulait le lui arracher des bras, alors il devrait lui passer sur le corps. Car dans l'étreinte d'Adrian, le petit Logan n'avait à se soucier de rien, il était comme protéger dans une forteresse bien gardée.

Sans le savoir, Andrew avait touché droit au coeur. Adrian ne répondit pas tout de suite, son mutisme inquiéta le warrior. Qui aurait cru que Logan serait sa corde sensible ? Quand on est un O'Conell, on aurait tendance à être incapable de tout sentiment. Peut-être jouait-il bien le jeu, mais Andrew préférait y croire. Il y a une dizaine d'années, quand il était tout jeune et que Juliet avait commencé à fréquenté le jeune homme, Andrew l'avait trouvé gentil, au début. Il était comme le grand frère qu'il avait toujours voulu, car Juliet ne jouait jamais au foot avec lui. Mais avec le temps, son père l'avait définitivement enrôlé. Adrian n'avait plus eu de temps pour lui, il se transformait en un Joey 2.0. Seulement Andrew n'avait jamais oublié que son beau-frère n'avait pas un fond totalement mauvais. De quoi se rassurer quant à la vie de Logan. Adrian était sevré, il ne pourrait pas mal agir comme son père. Mais selon Andrew, le bonheur de Logan n'était pas pour autant garanti. Juliet était dans une phase étrange, elle devenait presque folle. Et pourtant, Andrew avait toujours cru qu'elle l'était, à s'accrocher ainsi à Adrian telle une forcenée. Mais Logan ne pourrait pas être heureux, avec une mère que son père avait rendu malheureuse. « Je te crois tu sais. C'est génial les enfants. » Son regard se posa sur le petit bout, blotti dans les bras de son père. Il ne pleurait pas, il était calme, à croire que Adrian n'était pas totalement maléfique. « Ce que je dis c'est qu'il ne pourra pas être heureux avec une mère dans cet état. Tu sais comment elle est, s'accrocher à toi comme ça, c'était déjà pas sain d'esprit. Là elle prend des excuses pour s'absenter. Je ne sais pas ce qu'elle a, mais elle n'est pas avec son fils, et ça, c'est pas normal, mais en plus c'est ta faute. » Il soupira, peiné de parler ainsi de sa soeur. Mais il devait être réaliste, ses envies de gloire, de popularité et du foyer parfait l'avait perdue. Et son seul salut était Adrian, malheureusement. Andrew y croyait à peine, l'avocat n'agirait jamais de la sorte, il voulait Sasha et ne s'en priverait pas. Sa soeur était perdue. Et puis, s'il se débarrassait d'elle maintenant, que cette C*nasse Adamovitch s'occupait du gosse ... Logan pourrait probablement être heureux. Alors pourquoi Adrian se compliquerait-il la vie ? Il était trop grand pour écouter son père, comme il l'avait fait depuis des années, en restant avec Juliet pour cette alliance de convenances. Et il était à parier qu'il n'ait plus peur de Papa Davies (il n'a pas encore de prénom !) aujourd'hui. Adrian, grand, puissant, décidait comme bon lui semblait. Juliet était fichue. « Tu sais que si vous avez besoin, je peux garder Logan, j'ai tout ce qu'il faut chez moi ... » Mais à quoi bon.

« Je te crois tu sais. C'est génial les enfants. Ce que je dis c'est qu'il ne pourra pas être heureux avec une mère dans cet état. Tu sais comment elle est, s'accrocher à toi comme ça, c'était déjà pas sain d'esprit. Là elle prend des excuses pour s'absenter. Je ne sais pas ce qu'elle a, mais elle n'est pas avec son fils, et ça, c'est pas normal, mais en plus c'est ta faute. » Adrian leva les yeux au ciel. Oui Juliet était absente, et c'était fort probable que ce soit de sa faute. En tout cas, elle n'était pas là. Depuis le début, elle laissait Adrian tout gérer tout seul, préférant aller faire des pointes à New York. Elle ne donnait que très peu de nouvelles, et elle restait presque muette lorsqu'Adrian tentait de la joindre par téléphone. Il savait qu'il ne rendait pas heureuse Juliet, mais se refusait de voir la réalité en face. Parce que même la quitter n'était pas quelque chose de simple. Il s'interrogeait encore sur la nature de ses sentiments pour la jeune femme. Et il savait pertinemment qu'il l'aimait encore et qu'il aurait bien du mal à s'en défaire. Mais trop con pour l'affirmer, trop peu courageux pour tenter d'arranger les choses lorsqu'il en avait eu l'occasion, il avait trouvé plus sympa et plus facile de se jeter dans les bras de la jeune Adamovitch, et prendre son pied comme il l'avait toujours souhaité. Nul... il le savait bien. Il s'était vite rendu compte du connard qu'il avait pu être, notamment lorsqu'il avait eu cette discussion avec son père. Joey avait malheureusement aperçu Adrian se diriger vers cette petite ruelle avec Sasha. Et il avait bien compris ce qu'il s'y était passé par la suite. Quand les deux hommes s'étaient rencontrés quelque jours plus tôt, Joey avait réussi à prouver à Adrian par A + B que le père et le fils étaient exactement les mêmes. Adrian n'avait pas supporté une telle comparaison, et il n'acceptait tout simplement d'avoir été un connard comme Joey. Il se rassurait néanmoins en se disant que contraire à son père, il allait être un bon papa pour le petit Logan.

Adrian regarda Andrew et lui répondit soucieusement: "Les gens ici ne pensent pas que je suis capable d'être un bon père... tu ne m'en penses pas capable. Vous prenez tous pour exemple ma relation chaotique avec Juliet et en déduisez que si je ne sais pas être un bon fiancé, je ne serai pas être un bon père. Mais vous vous trompez tous, vous vous trompez... car c'est plus facile pour vous de m'en mettre plein la tronche plutôt que de croire une seconde en moi... Et tu sais ce qui me fait mal Andrew? C'est de me dire qu'à force de vous entendre je vais vraiment finir par croire aussi que je ne suis pas capable d'élever Logan.". Adrian ne pouvait pas nier qu'il se comportait mal avec Juliet, et aussi étonnant qu'il soit, il était bien le premier à se demander comment il pouvait tirer une croix sur tout ça et arranger les choses. L'alcool lui avait faire des bêtises avec Sasha, mais en même temps, il avait simplement fait quelque chose dont il avait envie depuis si longtemps. Et si c'était mal, il le savait bien. "J'ai déjà perdu Juliet, depuis bien longtemps. Si elle voulait vraiment être avec moi, elle ne partirait pas comme ça, elle ne m'éviterait pas. Je l'ai certainement poussé à bout, c'est pour ça qu'elle s'éloigne. Mais je ne suis pas capable de mettre un terme à cette relation... Je me dis qu'il sera plus facile pour moi de la laisser partir s'il elle veut partir, que de la quitter... et en même temps, je tiens encore beaucoup à elle."

« Tu sais que si vous avez besoin, je peux garder Logan, j'ai tout ce qu'il faut chez moi ... » déclara ensuite Andrew. Adrian acquiesça d'un hochement de tête, puis répondit: "Je sais Andrew... Je sais que tu tiens à Logan... Mais ma mission c'est de rattraper mes conneries, et de prouver à tout le monde que même avec ce que j'ai fait, Logan sera un petit garçon heureux. Et j'y veillerai...". Adrian soupira puis se dirigea une nouvelle fois vers la cuisine où il attrapa le biberon tout juste tiède du petit garçon. Il commença ensuite à le nourrir, dans un profond silence. Au lieu de s'énerver comme à son habitude, Adrian s'était refermé sur lui même telle une huitre... une attitude que le jeune Andrew n'avait certainement pas l'habitude de voir chez son beau frère.

Subitement, Adrian changea de costume. Il raccrochait celui du super connard pour endosser celui du super malheureux. Un rôle qui ne lui allait pas du tout, auquel Andrew ne croyait pas une seconde. Il écouta pourtant sans broncher les jérémiades de son beau-frère, soupira quand Adrian se plaignait que personne ne croyait en lui, que cela signerait sa perte et donc celle de Logan. Balivernes, Adrian n'accordait aucune importance au regard des autres. Normal, en même temps, quand on s'appelle Adrian O'Conell et qu'on serait capable de racheter tous les biens de ces "autres", qui le critiquait.

Cependant, les confessions du Adrian 3.0 (oui c'est encore un nouveau modèle, il évolue beaucoup ... un jour on arrivera à quarante douze point zéro !!!) prirent une autre tournure, inattendue et insoupçonnée. Tenait-il vraiment à Juliet ? Allait-il tout faire pour que son fils soit heureux ? Andrew était incapable de démêler le vrai du faux. Adrian était avocat, il pouvait faire croire tout ce qu'il disait, affirmer tout et son contraire sans que cela paraisse louche. Pourtant, cette fois-ci, Andrew avait envie d'y croire, pas seulement par égoïsme ou lâcheté. Oui, il pouvait très bien quitter le domicile sur ses mots, en se persuadant que, si Adrian l'avait dit, alors l'avenir de cette famille était sauvé. Non, il ne cherchait pas à s'échapper. Mais simplement, il réalisait qu'Adrian n'avait aucune raison de parler ainsi à son beau-frère si détesté. Sauf si ces quelques paroles témoignaient la vérité. Alors, oui, Andrew choisit d'y croire. Il observa silencieusement son beau-frère, il donnait le biberon à son fils comme tout père normal. Avec Juliet à leurs côtés, ils auraient pu former une famille parfaite, jolie, distinguée, enviée ... heureuse ? Tout dépendait d'Adrian. « Je sais que t'es capable de t'en sortir avec Logan. Je me souviens, quand j'étais petit, t'étais pas comme ça. Je te trouvais même sympa. C'est ensuite, que t'as changé. » Adrian n'en avait probablement rien à faire, mais Andrew avait envie de lui dire qu'il croyait en lui, même si ça ne changeait rien à sa vie. « Et je crois que vous pouvez encore être une famille heureuse. Putain, récupère ma soeur ... » C'était plus un appel au secours, qu'un ordre ou un conseil. Il voyait sa soeur partir en vrille depuis trop longtemps, et seul Adrian pouvait l'en sortir. Sauf qu'il devait le vouloir, et même s'il tenait à Logan, il n'en était sûrement pas de même avec Juliet.

« Je sais que t'es capable de t'en sortir avec Logan. Je me souviens, quand j'étais petit, t'étais pas comme ça. Je te trouvais même sympa. C'est ensuite, que t'as changé. » confia Andrew. Adrian leva instinctivement les yeux vers lui. Il saisit sa lèvre inférieur entre ses dents, nerveux. Andrew avait raison, c'est ensuite qu'Adrian à changé...

** Adrian s'apprête à monter sur le podium pour se voir remettre son diplôme de fin de lycée. Habillé dans ce drap bleu marine, il s'avance doucement vers le directeur du lycée qui lui remet ensuite son diplôme et lui serre la main. Ils échangent un sourire, une salutation bien singulière puis Adrian se tourne vers l'audience qui l'applaudie. Son père, Joey, le regarde, un sourire en coin. Adrian est heureux, il pense d'abord à sa mère, l'imagine fière de lui. Il adresse un franc sourire à son paternel avant de descendre les marches pour rejoindre son siège. Une fois assis, il pose son regard sur Juliet, à quelques sièges plus loin. Elle lui sourit, il lui répond par un clin d'oeil et la regarde se lever à son tour et se diriger à la même allure vers l'estrade pour recevoir son diplôme. Adrian est fier de celle qu'il prévoit dans quelques heures de demander en fiançailles. Elle ne le sait pas encore, mais la surprise l'attend. A cet instant là, Adrian imagine la vie idéale avec la jolie Davies... Une main vient se poser sur son épaule, le sortant de ses pensées. Adrian lève la tête, et découvre son père. Joey lui dit: " Félicitation fils! Une belle carrière d'avocat t'attend...". Adrian acquiesce sans dire un mot. Il sait ce que son père a déjà prévu pour lui, il a tout planifié... Le jeune O'Conell sait désormais qu'il ne doit jamais décevoir son père. Il se lève de son siège, s'approche de son père et le prend dans ses bras un instant. Quand il se détache de lui, il se retourne et découvre Juliet, Monsieur et madame Davies, et le jeune Andrew... La petite famille s'avance pour le féliciter à son tour. Adrian affiche alors un large sourire. Et le temps s'arrête... Après ça, il ne se souvient de rien, rien de bon. Il se rappellera seulement de cette nuit passé avec Juliet, cette si jolie bague qu'il lui offrit le soir même, ses yeux scintillant lorsqu'il lui demanda le plus simplement possible "Veux tu être ma femme?"... c'est tout. Il oubliera ensuite ces nombreuses années à torturer la jeune femme, ces nombreuses paroles blessantes, son caractère difficile, sa colère, et son attitude injuste envers la jeune femme. Il oubliera tout... et ne s'en rendra compte que bien tard... trop tard. **

Adrian redressa le biberon qu'il déposa ensuite sur la table basse. Andrew reprit la parole et ses mots eurent l'effet d'une bombe dans la tête d'Adrian. « Et je crois que vous pouvez encore être une famille heureuse. Putain, récupère ma soeur ... ». L'avocat avala sa salive, il hocha la tête et la voix éraillée, il répondit: "Quand bien même je voudrais la récupérer, après ce que j'ai fait..." il s'arrêta net, serra son fils contre sa poitrine puis repris: "Il est déjà trop tard Andrew.". Il lui donnait raison, lui avouant ouvertement qu'il avait fait quelque chose de mal, quelque chose qui blesserait Juliet dès qu'elle l'apprendrait. Il aurait bien voulu se sortir de la tête Sasha, et si tromper Juliet lui faisait se rendre compte qu'elle était tout pour lui, il ne pouvait s'empêcher de penser à la jeune Adamovitch. Il fallait qu'il prenne ses distances, cette fois-ci pour de bon, car il risquait de perdre Juliet... mais aussi Logan. Et si Juliet décidait de s'enfuir avec Logan, si elle lui interdisait de le revoir, de le toucher, de le prendre dans ses bras après ça... Adrian savait qu'il était capable de tout... Il faudrait lui passer sur le corps pour réussir à lui arracher le plus précieux de ses biens. Il pourrait bien devenir le nouveau Jay Black... jusqu'à songer même à éliminer le moindre de ses obstacles.

Trop tard ? Andrew ne voulait pas entendre ces mots. Non, il y avait encore une chance. Nulle cause n'est perdue tant qu'il ne reste pas un pauvre fou prêt à se battre pour elle. Mais Adrian était trop lâche, égoiste, pour s'engager dans cette quête difficile. Lui qui défendait avec brio des clients difficiles, était incompétent dans le domaine amoureux ? Foutaises. Il n'avait pas la foi, pas assez de cran, pour partir en croisade. Car Juliet n'était pas son Saint Graal, c'était Sasha. Ce chevalier en carton préférait donc s'engager vers d'autres contrées. Et Juliet ? Un dommage collatéral, probablement.

Bizarrement, Andrew vint s'asseoir à côté d'Adrian, et fit quelques mimiques à son neveu. Ils n'avaient signé aucune paix. Lors de leur prochaine rencontre, le ton serait probablement aussi dur et glacial qu'à l'habitude. Mais aujourd'hui, c'était différent. Ils s'étaient calmés, ils étaient honnêtes. La bataille était en pause, jusqu'à la prochaine altercation. Mais pour l'heure, chacun accordait à l'autre un peu de répit.

« Il va se passer quoi alors ? Vous en avez déjà parlé, en fait ? » Andrew se renfrognait un peu, sa soeur ne lui avait rien confié et cela l'agaçait forcément. Ils n'avaient jamais été les frères et soeurs les plus proches du monde, contrairement à d'autres familles du quartier. Mais il n'était pas indigne pour autant. Juliet restait sa soeur, unis par les liens du sang. Et si elle était malheureuse, il ne pouvait pas l'ignorer.

« Il va se passer quoi alors ? Vous en avez déjà parlé, en fait ? ». Adrian l'ignorait. Il attendait déjà que Juliet rentre, qu'elle refasse enfin surface à Magnolia. Depuis qu'elle avait quitté Magnolia, Adrian s'était retrouvé seul avec Logan, et acceptait difficilement que quelqu'un d'autre ne l'approche. Adrian n'avait que très peu de nouvelles de Juliet, et il appréhendait son retour. Pourtant il l'attendait, il espérait qu'elle allait enfin finir par rentrer, qu'il puisse la voir, la serrer dans ses bras avant qu'elle n'apprenne la terrible nouvelle, l'approcher une toute dernière fois... Il espérait qu'elle rentre, qu'elle puisse à son tour profiter d'un peu de temps avec Logan. Et en même temps, Adrian aimait tellement sa nouvelle vie de père qu'il avait déjà du mal à laisser quelqu'un d'autre s'occuper du petit garçon. Finalement, il n'y avait qu'auprès de son fils que l'avocat se sentait vraiment exister, qu'il trouvait son réconfort, qu'il se sentait apaisé et bien loin de tous ses soucis...

O'Conell leva la tête et posa son regard sur son jeune beauf', qui quelques secondes plus tôt était venu s'assoir à côté de lui sur le canapé. "J'attend que ta soeur rentre... mais je ne sais pas ce qu'il va se passer... On en a jamais parlé... Il le faut pourtant.". L'avocat soupira puis laissa sa tête s'écraser contre le dossier du canapé, ses yeux scrutant désormais le plafond. Le souffle saccadé, Adrian commençait réellement à se faire du soucis. Il ne savait pas combien de temps il lui prendrait pour tout avouer à Juliet, est-ce que DS n'allait pas faire le boulot à sa place; bien avant qu'il se décide? Il se demandait ce dont il avait envie... et comme toujours, il n'avait pas les réponses.

Puis une question lui parcourra l'esprit, l'amenant directement à changer de sujet. "Ton père est rentré? Il n'a pas encore demandé à voir Logan... Je m'attendais à ce qu'il nous rende visite."

Parler avec Juliet ? Andrew eut un petit rire nerveux. Depuis 10 ans, sa soeur était obsédée par son image, par la volonté obsessionnelle de faire de son couple un modèle, envié dans tout le quartier. Depuis plusieurs années, se battre ne servait plus à rien, mais Juliet avait toujours nié l'évidence, tête baissée, elle s'investissait encore et encore, telle ces nervosées qu'on croise parfois dans le quartier. Ils avaient peut-être touché le fond, mais Andrew imaginait difficilement sa soeur relevait la tête à la surface et faire le bilan désastreux de leur histoire. Elle était faite pour se battre, jusqu'à la fin, même si celle-ci approchait dangereusement. Qu'adviendrait-il ? Rien de bon. Mais Juliet était acharnée, et reconnaître qu'elle avait perdu était au dessus de ses forces. « Tu m'étonnes qu'elle n'est pas là pour en "parler". ça fait dix ans que vous êtes ensemble, dix ans qu'elle se bat, elle ne peut pas accepter cette défaite » Et il la comprenait, dans un sens.

Tous ces espoirs que leurs parents avaient fondés sur eux deux, quelle déception ils devaient ressentir. Ils avaient voulu pour leur fils de grandes études, lui avaient assuré un boulot de roi, la place de son père, dans leur grosse boîte internationale. Aujourd'hui, il passait son temps à cuisiner des gâteaux. Ils avaient voulu pour leur fille un beau mariage, un couple réussi, puissant, imposant, mondain. Ils lui avaient trouvé un beau parti, elle avait juste à entretenir son ménage. Aujourd'hui, elle était maman cocue future célibataire, au bort de la dépression et incapable de s'occuper de son gosse, pleine de rêves de ballerines qui ne verraient jamais le jour. Triste était la vie des enfants Davies. Et Andrew continuait pourtant de croire que, si leurs parents les avaient laissé libre, les avaient laissé choisir qui aimer, quelles études suivre ... ils auraient pu avoir une chance d'être heureux. Mais non, ils avaient choisi les voix les plus convenables, les plus prestigieuses ... Sans s'inquiéter un instant de l'avis de leurs enfants. Au final, ils avaient ce qu'ils avaient espéré. Leurs enfants avaient obéi. Mais le résultat ne correspondait pas aux attentes. Oh oui, Andrew détestait ses parents, au plus profond de lui même. « Mon père rentré ? Tu craques, ça doit faire des mois que je ne les ai pas vu, que je ne leur ai pas parlé. Ils reçoivent mes notes là où ils sont, tant que ça leur convient je n'ai pas de nouvelles. Et quand j'aurais fini, ils viendront me chercher, me mettront où ils ont décidé. Pour l'instant, c'est silence radio, je suis encore libre, pareil pour Juliet. » Andrew réfléchit un instant, puis une pensée vint le choquer. « Pour être franc, en fait, je ne sais même pas si Juliet leur a parlé de la grossesse, comme c'est allé très vite. Ni de Sasha, sinon ils seraient déjà là, en pleine guerre mondiale avec ton père, comme quoi ils n'avaient pas décidé ça comme ça blablabla. Donc euh ... ils sont peut-être grands parents sans le savoir ? » il se gratta la tête, interrogeant Adrian, Juliet lui avait peut-être éventuellement dit qu'elle avait prévenu ses parents. Mais la connaissant, elle aurait pu omettre délibérément coup de téléphone ou faire-part.

« Tu m'étonnes qu'elle n'est pas là pour en "parler". ça fait dix ans que vous êtes ensemble, dix ans qu'elle se bat, elle ne peut pas accepter cette défaite ». Adrian hocha la tête. Il était d'accord avec Andrew. Si une personne s'était réellement battue pour sauver ce couple, c'était Juliet et personne d'autre. Adrian n'avait jamais su lui apporter autre que négligence et ignorance. Lui ne s'était pas battu, il ne savait pas se battre, il n'avait pas la force de se battre pour eux. Il les pensait déjà perdus, finis, incapables de remonter la pente ensemble. Lui avait déjà baissé les bras, tandis que sa jeune fiancée elle tentait le tout pour le tout, sans jamais avoir satisfaction. Il comprendrait donc que cette fois-ci, Juliet se résigne à ne plus rien faire pour redonner un sens à leur vie ensemble. Adrian savait de toutes évidences qu'elle finirait bien vite par se fatiguer. Mais égoïstement, il espérait qu'elle se battrait pour lui, car de cette manière, il se sentirait toujours plus important à ses yeux. Et étrangement, il était tombé amoureux de cette Juliet, cette fille qui ne lâche jamais prise, celle qui représentait à la fois force et sensibilité. Le temps de quelques secondes, Adrian pensa à son visage, et son coeur s'accéléra. Il se rendait compte que ses erreurs allaient certainement lui coûter cette femme qu'il aimait tant, au delà de son égoïsme et de son attitude irrespectueuse. Oui, il l'aimait, il aimait Juliet, il tenait à elle. Il était tant attaché à la défendre, même s'il était le seul à lui faire autant de mal. Il se contenta d'acquiescer, puis détourna le regard.

Puis il demanda à Andrew si son père était dans le coin, car ce dernier n'était pas venu voir Logan, pas une seule fois. Davies Father n'était pas rentré à Magnolia donc. Lui et Joey étaient un peu les mêmes. Propriétaires d'une maison à Cresent mais toujours absents. Et encore, Joey, lui, avait fait l'effort de rendre visite à son petit fils. C'était étonnant de la part du père Davies, il avait toujours été très proche de sa fille Juliet mais ne s'était pas encore présenté au n°57. Adrian apprenait ensuite qu'il était possible que monsieur Davies ne soit même pas au courant qu'il était grand père. Adrian écarquilla les yeux. Comment était-ce possible? Si Juliet n'en avait pas parlé à ses parents, Adrian pensait néanmoins qu'elle leur avait envoyé un faire-part de naissance. D'ailleurs, elle en avait fait un spécialement pour ses parents... Adrian fronça les sourcils. "Attend t'es sérieux? Comment c'est possible? Ton père a toujours été sur le dos de Juliet, il l'appelait pratiquement tous les jours fut un temps. Je n'arrive pas à croire qu'il ne puisse être au courant de la naissance de Logan!"s'étonna O'Conell.

Andrew remarqua malheureusement que, en fait, Adrian ne connaissait pas Juliet si bien que ça. C'était si différent, pourtant, au début. Mais leurs 14 ans étaient à des années lumière d'aujourd'hui, et le couple avait traversé bien des épreuves. Au début, Adrian devait aimer Juliet quantitativement (désolé, mot à placer oblige !) bien plus que Sasha. Mais aujourd'hui, elle n'était plus que la fille à qui il avait dû se fiancer par obligation familiale, forcément, ça n'aidait pas. Tous deux avaient changé, et Adrian n'avait donc pas remarqué que Juliet était désormais obsédée par l'idée d'être un couple parfait, celui que ses parents voulaient pour elle. Si un bémol apparaissait dans sa vie, elle pouvait devenir une virtuose du mensonge, pour préserver sa réputation. A l'instar des autres femmes au foyer du quartier.

« Il est sur son dos téléphoniquement, tu crois qu'il pouvait voir le ventre arrondi de Juliet via le téléphone ? Enfin, peut-être qu'elle lui a dit ... Mais tu le vois quelque part toi ? Il serait forcément là, ma mère aussi. Un bébé, c'est le point d'honneur de votre couple, la touche finale, comme ils ne savent certainement pas que c'est la merde. » Et à la place de Juliet, Andrew en aurait probablement fait de même. Il fallait toujours faire bonne figure devant eux, mentir et faire croire que tout allait bien, même si la décadence la plus totale était de mise.

« Enfin, je pense qu'elle a dû leur dire qu'elle était enceinte, mais pas que c'était pour tout de suite. J'en sais rien ... Mais ils doivent savoir, tu te sens pas de leur dire ? T'es plus à ça prêt niveau trahison de toute façon » Oui, Andrew demandait un service à Adrian, c'était le monde à l'envers. Un peu avant, ils s'étaient pris la tête pour un chauffe biberon, comme ils auraint pu le faire pour un grille pain ou le tapis du salon. Le monde entier devenait chaotique.

« Il est sur son dos téléphoniquement, tu crois qu'il pouvait voir le ventre arrondi de Juliet via le téléphone ? Enfin, peut-être qu'elle lui a dit ... Mais tu le vois quelque part toi ? Il serait forcément là, ma mère aussi. Un bébé, c'est le point d'honneur de votre couple, la touche finale, comme ils ne savent certainement pas que c'est la merde. » S'il y avait bien un point commun entre la famille Davies et O'Conell, c'était le mensonge pour protéger ses intérêts. La preuve, Joey avait caché pendant plus de 20 ans l'existence d'un troisième fils O'Conell. La paternel savait que temps que Joshua resterait dans l'ombre, il n'aurait pas à s'inquiéter du reste de sa famille.

Le problème était donc là, il y avait tellement de mensonges que personne ne savait vraiment comment se comporter, que dire et quoi taire, quelle attitude adopter pour ne pas laisser le doute s'installer... Adrian n'osait pas imaginer, si les parents de Juliet ignoraient encore la naissance de Logan, si Juliet le leur avait caché, et qu'ils finissaient par l'apprendre (ce qui tôt ou tard devrait arriver), ce serait la troisième guerre mondiale. Et si le père de Juliet apprenait la tromperie d'Adrian, l'avocat n'avait tout bonnement plus de tête. Adrian soupira, puis Andrew reprit: "Enfin, je pense qu'elle a dû leur dire qu'elle était enceinte, mais pas que c'était pour tout de suite. J'en sais rien ... Mais ils doivent savoir, tu te sens pas de leur dire ? T'es plus à ça prêt niveau trahison de toute façon.". Adrian déglutit, il ne s'attendait pas à ce qu'Andrew lui demande d'aller tout raconter au père Davies. Il hocha la tête: "C'est un peu... particulier tu ne penses pas? Je ne sais pas si c'est à moi de faire ça. Je... Laisse moi y réfléchir d'accord?".

Logan pencha sa petite tête en arrière et posa ses yeux sur son oncle qui avait faillit l'ébouillanter quelques minutes plus tôt. Le calme était revenu dans la pièce. Adrian soupira. D'une voix faible il confia à Andrew: "Je crois qu'il t'aime vraiment." et releva la tête en direction de ce dernier. Il afficha un mince sourire.

Adrian ne répondit pas tout de suite par l'affirmative. Il s'accordait un temps de réflexion, méritait quand on considérait la demande de son beau-frère. Mais au fond, tous deux avaient conscience que les parents Davies devaient être mis au courant de l'histoire. Ils devaient rencontrer leur petit fils, mais surtout venir en secours à Juliet. Andrew était incapable de le faire, il n'avait aucun contact avec ses parents, mis à part quelques mails, et il les détestait pour ça. Quel genre de personne communiquait avec son fils uniquement par messages virtuels ? Quel genre de personne n'avait pas besoin d'entendre la voix de son enfant de temps à autre ? Des parents indignes, voilà ce qu'ils étaient. Grâce à eux, Andrew était là aujourd'hui. Certes, sa vie était bien bossue à cause de ces parents ingrats. Mais mine de rien, il avait ses amis, il avait Lou ... et il restait reconnaissant de cette vie. Mais c'est tout. Il remerciait ses parents de l'avoir mis au monde, d'avoir choisi Magnolia, point à la ligne.

Il regarda Logan un moment, qui ne le quittait pas des yeux. Andrew adorait les bébés, les enfants, simplement parce qu'ils lui permettaient d'être un éternel gamin. Quand il gardait des gosses dans sa garderie, il jouait aux pirates, à cache cache, il racontait des histoires sorties de son imagination ... Il avait entre 2 et 8 ans, comme eux, et adorait ça. Car à cet âge là, le seul problème qu'on a consiste à trouver un nouveau jeu quand le précédent est fini. « Normal, les enfants m'adorent. » Il fit une petite grimace à son neveu, ce qui eut le don de le faire rire. Finalement, il finit par se lever. Il était temps que la trève se termine. « Je vais y aller, préviens moi si tu informes mes parents »

« Normal, les enfants m'adorent. ». Oh oui les enfants t'adorent Andrew Davies, à partir du moment où tu leurs donnes des gâteaux et du jus de pomme pour le goûté, que tu te donnes en spectacles comme le plus fou des clowns, et que tu leurs chantes des chansons, tu as tout gagné. Adrian n'enviait pas pour autant son beau frère, il se savait complètement différent, et cette idée lui plaisait. Il ne voulait en rien ressembler à Andrew, autant dans l'attitude, que dans sa façon d'éduquer les enfants.

Adrian rapprocha Logan de son torse, et l'observa un instant. Il soupira. L'avocat espérait que les problèmes trouveraient une fin bien vite, même s'ils commençaient tout juste. Adrian se souvint alors d'une phrase que Lou lui avait souvent répété quelques années plus tôt, "Adrian, tu ne penses pas que tu es déjà suffisamment dans la merde?", question à laquelle Adrian n'avait jamais vraiment su répondre. Et pourtant, elle avait bien raison la jeune Lou... Adrian se mettait toujours dans de délicates situations. Pour ce qu'il est de s'en sortir, c'est une autre histoire!

Andrew se leva du canapé, et déclara « Je vais y aller, préviens moi si tu informes mes parents ». Adrian fronça les sourcils. A la fois ce n'était pas à lui de le faire. Juliet avait une bouche... Andrew avait une bouche, pour ce qui était de l'utiliser, il savait y faire! Alors Adrian espérait secrètement que le jeune homme crache le morceau. Il avait été difficile pour Adrian n'annoncer la venue de Logan à Joey, il ne voulait pas vraiment retenter l'expérience avec des parents qui n'étaient même pas les siens. Adrian regarda Andrew s'éloigner. Il déclara alors: "On verra, je ne suis même pas certain de pouvoir le faire... Bref. A plus.". L'avocat se leva à son tour du canapé, et regarda la porte se fermer. Il s'avança à son tour vers la porte, clos les deux verrous de sécurité, et déclara à son fils: "Je crois que Papa va faire changer les serrures ! Qu'en penses-tu?" .