Traînant les pieds, Carl laissait ses pas le guider à travers Magnolia, en proie à une profonde réflexion. Depuis deux mois déjà, Naya avait disparu, et tout le monde paraissait vivre comme avant. Carl lui-même avait mis beaucoup de temps à réaliser qu'elle n'était plus là, et son absence le frappait en plein fouet. Cela faisait quelques jours qu'il s'en était aperçu, et rien ne paraissait faire évaporer ce sentiment de culpabilité. Il avait envie d'oublier et en même temps se rappeler. Oublier sa peine. Se souvenir d'elle. Oublier sa vie. Se rappeler de la sienne. Plus rien n'avait de l'importance. Il lui fallait quelque chose. Quelque chose pour lui redonner le sourire. Quelque chose pour oublier.

Ses jambes l'amenèrent d'abord jusqu'au cimetière, allez savoir pourquoi, où il s'assit un moment sur un banc, regardant les tombes, ces abîmes haussés de béton où l'on venait se recueillir. Bien qu'il respectait ce genre d'endroit, il ne pensait pas qu'une dalle de béton symbolisait la personne décédée, même si son nom y était inscrit. Pour Carl, les endroits dignes de recueillement étaient ceux où la personne avait habité, où elle avait rigolé, mangé, pleuré. Où elle avait vécue. Ses pensées volèrent direct vers la Freeman. Il n'arrêtait pas de penser, et si elle était morte ? Il ne voulait pas le croire, il ne voulait pas y penser, mais la mémoire est une vilaine chose qui vous prend aux tripes sans que votre volonté intervienne. Carl croyait de toutes ses forces que Naya était en vie, mais ses pensées au fond lui disaient le contraire. C'était un peu comme avoir un petit ange à droite et un petit diable à gauche. Pour qui pencher, question pour un champion.

Au bout d'un moment, il s'en alla du cimetière, même si le silence il faisait un bien fou, et il se replongea dans ses pensées en continuant sa route, les mains dans les poches. Le Spencer arriva bien vite à la Morgue, comme par hasard à côté du cimetière, et décida de s'y arrêter. Il s'étala sur le dos sur la pelouse du devant, observant le ciel. Décidément, son inconscient le menait vers les morts, c'était original. Faut dire que Carl aimait bien la compagnie des morts. Ils écoutaient et ne disaient rien, c'était pratique. Quand ils répondaient par contre, fallait faire gaffe (a), mais sinon le Spencer trouvait ça apaisant. Comme un psy en fait.

Alors qu'il restait fasciné par les nuages, sa poche vibra. Il soupira, puis gigota pour attraper son portable, pour une fois qu'il l'avait sur lui, et vit un message. Amy.

Se levant pour s'étirer et faire disparaître sa paresse, elle s'était assise pendant au moins une bonne demi-heure sur un banc public dans le quartier. Et en étant parfaitement sobre en plus. Aujourd'hui elle n'avait pas envie de faire grand chose de sa journée – pour pas changer – alors pour faire passer sa journée, elle décida de faire ce petit rituel aujourd'hui.

Il n'y avait pas grand monde aujourd'hui, sûrement parce qu'on était en jour de semaine, mais il y en avait quand même. Elle les observait, les toisait, et les insultait même. Pourquoi ? Pour rien, elle n'avait pas envie de faire autre chose de sa journée et encore moins quelque chose de très productif.

Au bout de 30 minutes, quand elle eut bien marre de voir les mêmes têtes dans le parc, elle se leva pour aller marcher un peu plus loin, tout en jouant avec son téléphone qui n'avait pas encore sonné de la journée, ses proches devaient vraiment être occupés, ou alors ils s'étaient assagit en vue de la nouvelle année, mais bon, faut pas rêver non plus.

« Bon, on va faire chier qui aujourd'hui ? »

Fouillant dans son répertoire, elle passait en revue les gens avec qui elle avait envie de passer la soirée qui n'allait pas vraiment tarder à arriver, mais même son répertoire avait décidé de lui faire la gueule en ne lui proposant que des noms qu'elle n'aimait pas. Mais comme si le ciel avait entendue ses prières, elle finit par tomber sur quelqu'un qui n'était pas si mal. Chaud lapin !

Tout en essayant de ne pas se casser la gueule sur le bitume, elle fixait son téléphone en se rappelant de la soirée qu'elle avait passé au nouvel an et comment oublier ce phénomène. Ils avaient passés la soirée à tenter d'animer la soirée qui était pourtant bien parti, jusqu'au drame... D'ailleurs, Amy se demandait comment est-ce qu'il allait depuis ce soir là parce que mis à part le moment où elle avait trouvé le timing parfait pour lui demander son numéro, ils n'ont pas vraiment parlé et si elle ne se trompe pas, lui et Naya, la victime, semblaient plutôt assez proche.

Pas de temps à perdre, elle décida de lui envoyer un sms pour prendre de ses nouvelles et après tout, mieux vaut tard que jamais.

Elle avait déjà cliqué sur son nom et entré le message qui disait « Coucou chaud lapin, on fait tout péter ce soir ? » mais au moment où elle allait l'envoyer, elle vit – comme par hasard – la personne à qui elle allait adresser son sms marcher dans la rue également. Bourde comme elle est, au lieu de verrouiller son téléphone, elle envoya son message par erreur. Merde, pas grave.

Accélérant le pas comme une voleuse, elle le suivi jusqu'à... une morgue ? Ce mec avait décidément des trips chelous.

Arrivée devant la porte, elle entra directement et essaya de faire le moins de bruit possible pendant qu'elle marchait en direction de Carlos et une fois proche de lui, elle passa ses bras autour de sa taille avant de lui murmurer à l'oreille :

« Alors, on fait tout péter ce soir ? »

Elle qui était à l'origine venu pour demander comment est-ce qu'il allait depuis la dernière fois, avait décidé de ne pas faire dans le sentimentale ou la dépression. Pas le temps pour ça.

Amy. La chaudasse qu'il avait rencontré au nouvel an, lors de leur jeu d'alcool improvisé qui avait été vite abandonné. Carl avait pourtant donné des règles intéressantes, et Amy l'avait aidé. Tous les deux s'étaient limites amusés plus que les autres, et ils étaient sur la même longueur d'onde concernant la lenteur du jeu, avec l'autre qui mettait trois plombs à embrasser sa voisine. Et dire qu'elle avait fait attendre pour rien. Le jeu n'était pas allé bien loin mais les deux jeunes s'étaient échangés leurs numéros vite fait avant le drame, histoire de continuer la fête plus tard. Evidemment, ils ne se doutaient pas de la suite des évènements, et ne s'étaient pas revus depuis. Il avait pensé quelques fois à la brunette, mais n'avait jamais trouvé d'occasion pour sortir un soir avec elle. En lisant le sms, Carl vit que la Hopper souhaitait donc tout faire péter ce soir, mais elle ne savait pas qu'elle ne pouvait pas tomber plus mal..

Il allait répondre au sms, en lui inventant une excuse pour ne pas sortir, mais il s'arrêta au milieu, pensant que c'était peut-être ce qu'il fallait. Qu'est-ce qu'il disait tout à l'heure ? Quelque chose pour oublier ? Hm. Pourquoi pas. Certes il ne serait pas de très bonne compagnie et allait sûrement virer vers le bourré dépressif, mais si c'était un moyen d'oublier temporairement sa peine, ainsi soit-il. Le Spencer s'était alors relevé, et recommençait son message quand il sentit un bras autour de sa taille suivit des mêmes paroles du sms. Il sursauta et fit un petit sourire en voyant Amy à côté de lui. « Putain chaudasse, tu m'as fait peur. » Puis il ramena ses jambes près de lui et passa ses bras autour, posant son menton dessus. Il était assez partagé. D'un côté, il voulait resté dans son abîme toute la journée à fouiller dans ses pensées sombres. De l'autre, l'envie le tiraillait de se bourrer la gueule avec Amy. Il espérait que sa pote ferait le choix pour lui et le motiverait, le Spencer sachant bien de quel côté elle pencherait.

Elle qui était venue pour lui faire une surprise, elle fût elle même surprise par la réaction de Carl qui semblait effrayé.

« Mais quelle chochotte ! »

Levant les yeux au ciel en soupirant, elle se mit dans la même position que Carl et fit la même chose que chaud lapin était en train de faire alors qu'elle était venue la surprendre. C'était calme et reposant, c'était d'ailleurs tellement silencieux qu'Amy avait l'impression qu'il manquait quelque chose, alors, pour ne pas se sentir trop dépaysé, elle décida de casser le blanc qu'il y avait.

« Pourquoi t'es là ? »

Elle posa cette question en regardant autour d'elle et se dit que c'était bien le dernier endroit où elle aurait pensé Carl, oui, d'accord, certes, il ne semblait pas être quelqu'un de très sain d'esprit et ça, la jeune Hopper l'aura bien comprit suite à la soirée qu'ils avaient passés tous les deux, mais quand même, de là à venir passer son temps libre autour d'une morgue, c'était assez, glauque... Mais bon, peut-être essayait-il de faire un truc de vaudou ou ce genre de choses, elle avait entendue que pas mal de gens faisaient ça et même si ça pouvait semblait être assez rare dans le quartier, ça pouvait tout de même exister.

« Tu veux jouer à l'exorciste ou un truc comme ça ? »

Elle passa une main dans ses cheveux et observait Carlos qui était à côté d'elle. Il était là sans l'être pour autant, il semblait absent et perdu dans ses pensées. Peut-être ne voulait-il pas de la présence d'Amy à ses côtés, quoi qu'elle s'en fout un peu, de toute façon elle ne lui a pas demandé son avis et comptait bien s'imposer, mais cependant, elle aimerait bien comprendre ce qui lui arrivait parce qu'il n'était pas le même chaud lapin qui était à fond sur les jeux d'alcooliques que lors de la soirée du nouvel an, du moins, il ne le semblait pas.

Elle resta silencieuse pendant un moment et continuait de l'observer, même si elle n'allait pas tarder à réagir.

Se faisant rapidement chier, elle se pencha vers lui et l'embrassa rapidement avant de se mettre debout et de tendre sa main vers le jeune homme en ordonnant presque :

« Allez, on se bouge ! »

Elle savait que ça n'allait peut-être pas lui plaire ou on ne sait quoi, mais toujours est-il qu'elle a fait quelque chose pour le faire réagir, en espérant que ça fonctionne.

La tête entre les jambes, Carl devait paraître pour un gros emo déprimé au bord du suicide. Remarque il ne pouvait pas tomber mieux comme endroit pour mourir. En plus, cela ne devait pas être super pour Amy, qui devait violemment se faire chier. Mais Carl n'y pouvait rien. Il n'avait rien ressenti de tel auparavant. Pourtant, Naya n'était pas morte, il y avait une chance pour qu'il la retrouve un jour, mais un trop gros poids pesait sur ses épaules. La voix de Jesse qui lui criait que c'était de sa faute lui revenait sans cesse dans les oreilles depuis deux jours. Carl se laissa tomber en arrière dans l'herbe, reprenant sa position initiale. Il s'enfonçait sans ses pensées, il s'y perdait, il s'y emmêlait. Il était en proie à son inconscient, sa conscience et sa mémoire qui se mélangeaient en un capharnaüm pas possible. Il voulait crier, sortir de cette torpeur, mais elle lui faisait du bien tout en lui faisant mal, c'était indescriptible.

Les yeux grands ouverts, il regarda les nuages défiler. Pour un mois de mars il faisait plutôt beau, et le soleil réchauffait doucement sa peau. Il trouvait ça tellement apaisant, le silence, la chaleur, le vide du ciel.. qu'il en oublia presque la présence d'Amy. C'est limite s'il sursauta de nouveau quand la Hopper lui parla de nouveau, brisant le silence. Il mit un temps à se rappeler qu'elle lui avait parlé deux minutes plus tôt également. Oulah, pire que la fumette ce truc. Toujours les yeux figés vers l'immensité du ciel bleu, il répondit à Amy. « Ca doit être ça ouais. » Puis se rendant compte que quand même, Amy méritait un peu plus de conversation de sa part, il reprit. « Non, c'est que mes parents dirigent la morgue. J'y viens depuis tout petit, ça m'apaise. » Et il s'en tint là. C'était tout de même un bel effort qu'il avait fait. Il avait qu'une envie, c'était de rester allongé là toute la journée et la nuit, à contempler le ciel. C'était souvent comme ça qu'il réfléchissait à ses devoirs de psychologie d'ailleurs. Le vide avait une étrange manière de réflexion. Mhm. Le Spencer ferma alors les yeux, toujours aussi renfermé dans ses pensées. Il se sentait bizarre, et devait paraître encore plus bizarre de l'extérieur. Il arrivait à Carl d'être d'humeur changeante, mais là ça battait un peu les records, surtout aux yeux de quelqu'un qui n'avait vu Carl qu'à une soirée où il avait mis le feu (sisi).

Le Spencer sentit alors une légère pression sur ses lèvres, suivit de la voix d'Amy. Oulah. Est-ce qu'il s'était passe ce qu'il pensait qu'il s'était passé ? Vu que son esprit était assez embumé, il ne savait pas trop si c'était son imagination ou quoi. Il ouvrit alors un œil et vit Amy debout en l'incitant à bouger. Avec un sourire malicieux, qu'il réussit miraculeusement à faire, faut croire qu'Amy faisait des miracles, il décida de taquiner la brunette. « Attends, refais, j'ai rien senti là.. » Carl n'avait aucune idée pourquoi la Hopper l'avait embrassé, mais en tout cas, ça l'avait direct sorti de sa torpeur. Intéressant.

« Bon t'as gagné chaudasse, j'me bouge. » fit-il en inspirant un bon coup. « Mais j'me lève que si tu m'dis où on va. Et si ya de quoi boire. » Déjà que ses pensées sombres et tordues n'allaient pas tarder à refaire surface, valait mieux avoir quelque chose dans le ventre pour animer tout ça.

Le semi-baiser qu'elle lui avait donné avait eu le don de réveiller un peu Carlos, enfin ! Elle pouvait maintenant afficher un sourire fièrement, surtout lorsqu'il en demanda plus. Elle commençait à retrouver le chaud lapin qu'elle avait rencontré le jour de la soirée du nouvel an.

« Si t'en veux plus, va falloir que tu te bouges les fesses. J'embrasse pas les flemmards, moi ! »

Elle lui sourit de toutes ses dents mais qu'est-ce qu'il pouvait être chiant. Il voulait savoir où est-ce qu'ils allaient et surtout ce qu'ils allaient faire. Le problème, c'est que la jeune demoiselle n'avait aucune idée de ce qu'ils allaient faire, enfin si, ils allaient sûrement finir le petit jeu qu'ils avaient commencés le jour du nouvel an et en plus, à deux ils allaient sûrement beaucoup plus s'amuser que lorsqu'ils étaient à plusieurs. Elle se souvint comment les filles avaient fait tout un cinéma pour un simple baiser, véritable perte de temps !

Se rasseyant à côté de Carl, elle se mit à fixer devant elle en réfléchissant pour voir où est-ce qu'ils pouvaient bien partir. Bon, pas chez elle, ça c'était clair, elle ne voulait pas croiser ses frères et en particulier Max, elle commençait à en avoir un peu marre de toutes ses remarques sur sa vie sexuelle, et pourtant, si il savait...

« Bon, bah déjà, on peut rayer chez moi, ça, pas question. Mais en tout cas, on va se bourrer la gueule, t'inquiètes pas, j'ai pas envie de rester sobre non plus. »

Elle tourna la tête en direction de chaud lapin qui n'avait pas vraiment l'air de chercher à l'aider, au contraire, il avait l'air perdu dans ses pensées, encore une fois. Mais bon, Amy avait trouvé l'astuce pour le réveiller, et comme une fois n'est pas coutume, elle soupira et se redressa pour se mettre à genou juste en face du jeune homme. Elle approcha ses lèvres de celles de Carl et au lieu de juste faire un baiser comme ça, elle y mit ses tripes ( sisi, ses tripes et pas que son cul ) et l'embrassa fougueusement. Elle passa une main dans la nuque de Carl avant de la remonter dans ses cheveux pour qu'elle puisse bien en profiter.

Une fois ça de fait, elle se décala pour se mettre dans la position dans laquelle elle était quelques secondes auparavant.

« Bon, le voilà ton baiser, maintenant laisses-moi réfléchir et fais pas de bruit. Tu sers à rien là. »

Elle se remit à regarder au loin et essaya de réfléchir vite fait. Elle savait que ce baiser allait sûrement faire tourner la tête de Carl, mais au moins il n'allait plus avoir la tête dans ses pensées qui devait sûrement le bouffer.

Malgré son état actuel, Carl n'était pas pour autant pas lui-même. Même s'il avait les pensées ailleurs, le geste d'Amy l'avait sorti de sa torpeur et il en avait même redemandé. Hé oui, dragueur un jour, dragueur toujours. Amy répliqua qu'il fallait qu'il se bouge les fesses s'il en voulait plus et il se renfrogna, faussement déçu. En réalité il n'avait même pas pensé que sa relation avec la Hopper virerait ainsi. Si elle ne l'avait pas fait, il s'en serait tenu à une simple amitié de soirée. Mais une fois ce petit jeu commencé, il n'y avait pas moyen que ça s'arrête, surtout avec le Spencer. Il savait par ailleurs qu'il était sensé être en couple -certes non officiel mais quand même- avec Gabrielle, mais il était momentanément fâchée avec elle, trouvant qu'elle n'était pas honnête. Si elle cachait des choses en rapport avec Wiliam, pourquoi lui ne pourrait-il pas faire pareil ? De toute façon, bref, pour l'instant il était encore libre comme l'air et il comptait bien en profiter. Et quelque chose lui disait que la Hopper avait de pareilles idées..

Après que Carl lui dit qu'il se lèverait seulement si elle lui disait ce qu'ils feraient -bah oui, il allait pas se lever pour rien-, Amy parut réfléchir puis s'assit à côté de Carl de nouveau le regard fixé en face. Carl la laissait faire et le temps qu'elle réfléchisse, il se reposa sur ses coudes en arrière puis reprit ses divagations intérieures. Il aurait pu tenter de trouver une solution d'endroit où aller, mais la Hopper semblait bien avancée sur le sujet et il n'y avait aucun besoin qu'il s'échauffe le cerveau pour rien. Ses yeux se perdirent à nouveau dans l'immensité du ciel bleu, et oh un oiseau, et tiens, un nuage.. Bizarrement, Carl n'était plus en proie à des pensées sombres. Maintenant il était comme perdu, observant niaisement ce qui croisait son regard. Son cerveau était devenu vide. Totalement creux. Dis donc, les effets de l'alcool arrivaient sur lui même avant qu'il en ait bu, se dit-il, pensif. Ou alors Amy cachait un petit secret, celui d'être en fait un Détraqueur qui aspirait vos pensées en vous embrassant, réduisant votre cerveau en miettes. Bah, quoi qu'il en soit, le Spencer préférait être comme ça que comme avant, pauvre déprimé qu'il était. En parlant d'embrassades, Carl se retrouva tout à coup avec le visage d'Amy collé contre le sien, et sa langue dans sa bouche. Euuh, ok. Carl n'eut pas le temps de réagir que la Hopper avait finit son affaire, satisfaite, déclarant qu'il devait se taire car il servait à rien. Il émit un petit rire en esquissant un sourire malin. Il la regarda d'un air amusé. Décidément, elle méritait bien son surnom. Ceci dit, il hésitait entre obéir à la demande de la Hopper en attendant qu'elle trouve, et parler, risquant au pire quoi ? Qu'elle l'embrasse de nouveau ? C'était un risque qu'il pouvait prendre. « Bon, te grilles pas le cerveau à chercher, la solution est derrière nous. » dit-il alors après un moment, voyant que la Hopper fronçait les sourcils en quête de réponses. Carl parlait bien évidemment de la morgue et de ses pièces fascinantes où ils auraient au moins le loisir d'être tout seuls. Et en plus de ça, le Spencer y gardait son petit stock de bouteilles, pour les cas désespérés comme eux-là. « Sauf si t'as peur des cadavres quoi. T'es une fille, ça m'étonnerais pas.. » la taquina-t-il, sachant qu'elle allait évidemment relever la remarque. Ceci-dit, il était vrai que Carl ne connaissait à ce jour qu'une seule de ses connaissances qui n'avait pas eu peur des cadavres et avait même couché avec lui dans la pièce à côté, et c'était Gabrielle. En même temps, il n'avait pas coutume de demander à ses amis s'il avaient peur des morts, tout le monde trouvait déjà ça flippant qu'il y passe la moitié de son temps, et il ne voulait pas en rajouter.

Les deux baisers consécutifs d'Amy avait eu tout de même pour effet de remonter le moral de Carl. C'était un bon moyen -et peut-être même le seul- pour lui changer les idées, et le Spencer se dit que la chaudasse qu'il avait vu au nouvel an était donc bien réelle, ce n'avait pas été juste un jeu. Il se réjouissait d'avance de la soirée qu'il allait passer avec elle, ce serait sûrement plus excitant que celle de nouvel an, où ils étaient restés bloqués vingt minutes en attendant que certaines fassent leurs gages. Bref, il était content d'avoir donné son numéro à Amy, c'était pile poil celle dont il avait besoin en ce moment.

La morgue ? Sérieusement ? Cette idée ne lui avait jamais traversé l'esprit et à dire vrai, c'est le genre d'idée qu'elle préférerait mettre de côté. Elle n'était fan de tout ce qui était macabre et glauque, elle évitait de regarder des films d'horreur et même de traîner dans les cimetières à partir de 18h, sauf quand elle était bourrée, là, c'était autre chose.

« Bah... »

Elle avait bien envie de lui proposer autre chose, le seule problème était qu'elle n'avait rien d'autre à proposer. Pour la jeune Hopper, ils auraient bien pu aller faire un tour dans le cimetière en étant complètement sobre à minuit, le soir d'Halloween, ça aurait était pareil.

Elle se leva pour jeter un coup d'oeil en direction de la morgue Spencer et elle commençait à avoir une boule dans l'estomac, rien qu'à penser qu'elle allait passer la soirée avec Carl ici. Pourquoi est-ce que ses parents n'ont pas investis dans un truc normal comme un magasin de vêtement, une bijouterie, ou même une boulangerie, ça l'aurait fait, mais là... c'était limite du macabre...

« J'ai pas peur mais... »

Elle déglutit en faisant une grimace et se retourna en direction de Carl qui semblait se foutre de sa gueule.

« J'te préviens, au premier truc bizarre, moi je me casse . J'ai pas envie d'avoir des ennuies avec les morts ou truc du genre. J'sais pas si tu fais des trucs de vaudou, d'exorcisme ou autre, mais voilà quoi... »

Elle eut un petit frisson en s'imaginant qu'ils allaient se bourrer la gueule en plein milieu des cadavres, mais se calma dés qu'elle pensa à l'alcool. Son seul ami depuis maintenant quelques années .

Se levant, elle tendit une main en direction du chaud lapin à côté d'elle, pour l'inciter à se lever. Elle n'avait pas envie de perdre une minute parce qu'à la vitesse où ça allait, ils allaient finir la soirée sans avoir débouché une seule bouteille.

Être emballé par une soirée à la morgue ? Carl ne connaissait pas beaucoup de monde qui le serait. Aussi ne fut-il pas étonné de voir l'hésitation d'Amy, qui devait se demander qu'est-ce qu'elle était venu foutre avec lui à une heure pareille. Surtout dans son état. Carl était comme un amnésique ou un enfant pour qui le moindre petit papillon le ferait dériver de ses pensées. Mais bon, maintenant il savait qu'à la moindre dérivation, Amy saurait le faire revenir sur terre (a). Celle-ci commença alors à flipper par rapport à ce que les Spencers pouvaient faire à la morgue, et elle parla d'exorcisme et de vaudou. Si Carl avait été dans son été normal il aurait éclaté de rire, mais son état actuel ne le fit que sourire, quand même amusé de la tête que tirait la Hopper. « T'inquiètes, on est pas dans Zombieland, les morts restent morts. » Puis il attrapa la main que lui tendait Amy pour se lever, et il épousseta son pantalon. « Au pire, ils joueront avec nous à action ou vérité, j'ai entendu dire qu'ils aimaient bien. » Et il fit un sourire en coin tout en prenant la direction de l'entrée de la morgue.

Mais à peine cinq pas de fait, il trébucha contre une chose suspecte au sol et s'étala de tout son long dans un des arbustes qui longeait l'allée. Bim. Non sans dire qu'il eut du mal à s'en dépêtrer d'ailleurs. « Rhaaa les burnes ! » s'exclama-t-il, à présent énervé. Ses gigotement l'enfoncèrent encore plus dans le mini buisson quand même touffu, et qui aggripaient ses vêtements. Bref, il était dans la merde. Levant les bras en l'air et prenant appui sur ses jambes, il tenta de s'accrocher à des petites branches pour se sortir de là, mais en vain, elle ne supportaient pas son poids. Mais comment pouvait-on être aussi con pour ne pas se sortir soi-même d'un arbuste débile ? Carl émit un long soupir, et fit une mine boudeuse. Sans compter qu'Amy, debout devant lui, devait se foutre de sa gueule.

Alors qu’Amy semblait inquiète de l’endroit où ils allaient, Carlos lui, ça l’amusait. Oui bah en même temps il devait avoir l’habitude de ce genre de choses, mais pas la jeune Hopper, non. Enfin, elle aimait bien se retrouver dans des endroits seuls et retirés avec des hommes ou des femmes en sachant que personne ne viendrait les déranger, mais y a des limites quand même.

« Ah ouais… ça t’fait rire hein ? Et sinon, vendre cette morgue pour un endroit plus normal c’est… Non, ça vous a jamais traversé l’esprit ? »

Elle essayait de se dire que ce n’était qu’un endroit comme un autre, mais n’y arrivait pas.

Alors qu’ils se mirent en route pour aller se bourrer la gueule, ce cher Carl trouva le moyen de se casser la gueule au plus grand amusement de la jeune adolescente. Elle explosa de rire quand elle vit la façon dont venait de s’étaler le jeune homme, mon dieu, il venait de faire fort.

Elle avait envie de l’aider et voulait y mettre toute sa bonne volonté même si elle n’en avait pas beaucoup, mais le voir se débattre dans le buisson alors qu’il n’arrive toujours pas à sortir, faisait marrer Amy plus qu’autre chose.

« Ouh putain. »

Elle se tordait de rire et n’en pouvait plus, limite elle allait se rouler par terre tellement elle était pliée, comme quoi il ne fallait pas grand-chose pour la faire rire. Mais bon, après comme on dit, « femme qui rit moitié dans son lit » donc c’était tout bon Spencer, il pouvait être tranquille sur ce point-là.

« Bon allez, j’vais quand même t’aider, j’ai soif moi. »

S’essuyant les larmes de rire avec sa main, elle essayait de ne pas rire et de se retenir, même si elle en avait très envie. Elle fit quelque pas et essaya de ne pas tomber elle aussi et une fois arrivée à proximité du jeune homme, lui tendit la main pour l’aider.

« Allez, tiens. Prends ma main j’vais t’aider. »

Elle aurait été une vraie garce, elle aurait fait semblant de l’aider pour le faire tomber de nouveau histoire qu’elle se poile encore. Cependant, elle aurait pu le faire, mais elle commençait à avoir vraiment soif et ça faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas encore bu, ça devait faire 4h, minimum. Dur dur quoi.

Vendre la morgue pour un endroit plus normal ? Carl fronça les sourcils. « Bah, c'est pas normal de tenir une morgue ? » Il taquinait Amy, bien sûr, mais en même temps, il y avait une part de vrai. Lui avait toujours vécu avec l'idée de vivre avec une morgue non loin, et trouvait ça normal. Il avait mit du temps, étant petit, à comprendre le regard des autres sur la chose et à voir que tout le monde n'était pas de son avis. Aujourd'hui, avoir une morgue c'était glauque, effrayant, gore, horrible, tout ce qu'on pouvait trouver d'adjectif péjoratifs. Certes c'était un lieu où se trouvait plus de morts que de vivants, et alors ? Ils étaient parfois de bien meilleure compagnie. Sans compter que ok, son père disséquait les morts ou les rendait présentables pour des funérailles, et donc il touchait un peu à des cordes sensibles chez certaines personnes. Mais le Spencer avait toujours trouvé ça fascinant, ce que son père faisait. Petit, il s'asseyait toujours en face de lui le menton posé sur ses mains en le regardant faire, pas effrayé ou dégoûté le moins du monde. Il était né avec et tenir une morgue faisait partie de lui, ce qui contribuait d'autant plus à son côté mystérieux, si populaire chez la gente féminine. Qu'Amy pose cette question n'étonnait donc pas Carl, puisqu'il entendait ce genre de réflexions tous les jours depuis vingt ans. C'est sûr que ce n'était pas aussi attrayant qu'un père qui bossait à Hollywood, n'est-ce pas ? Mais bref, il avait appris à se foutre de ce que les autres pensaient. Lui trouvait ça normal et génial, et ceux qui pensaient le contraire, tant pis pour eux. Carl n'allait pas vivre sa vie en se morfondant sur son sort d'enfant glauque, alors qu'il se sentait plutôt bien dans sa peau. Et puis la morgue c'était le meilleur des refuges, que ce soit pour jouer à cache-cache, se cacher de ses parents ou des engueulades, ou pour cacher un stock d'alcool, tiens.

En se dirigeant vers la morgue, Carl se prit alors les pieds au sol et s'étala de tout son long dans un buisson. La Hopper éclata de rire, évidemment, tandis que le Spencer se débattait pour sortir. Alors qu'il essayait de se tortiller pour se remettre sur ses pieds, pendant bien cinq minutes, Amy était toujours pliée de rire. Et bien, il lui en fallait peu ! Même si Carl savait que lui aussi aurait bien eu envie de rire s'il avait vu quelqu'un tomber comme ça. Le rire d'Amy fut alors communicatif et il se sentait tellement con qu'il rigola à son tour, s'enfonçant encore plus dans le buisson. Puis ils se calmèrent, Carl ayant quand même mal un peu partout avec ces branches qui lui griffaient la peau et le rire qui lui tordait le ventre. C'est bon, il avait fait ses abdos de la semaine x). Amy lui tendit alors la main et lui proposa de l'aider. Le Spencer la regarda, un sourcil levé, douteux. « C'est le moment ou je te donne la main mais tu me refais tomber, c'est ça ? » fit-il avec un petit sourire. Mais Amy lui prit la main et le releva, Carl se trouvant à nouveau sur ses pieds. « Merci. » rajouta-t-il. « Putain, faut être con quand même ! » Et il rigola, essayant quand même de cacher sa honte (a). Il se remit en route vers la morgue, en faisant attention cette fois-ci, et il se massa les bras, un peu endoloris. Il devait avoir des égratignures sur les joues, aussi, m'enfin, il n'allait pas s'en plaindre, les coupures sur la joues c'était toujours sexy (a).

Il entraîna alors Amy dans les nombreux couloirs sombres de la morgue Spencer. « Suis moi bien, faudrait pas que tu te perdes. » fit-il à l'attention de la brunette. Un seul mauvais couloir de pris et on pouvait de retrouver totalement de l'autre côté. Carl, lui, saurait s'y retrouver, mais quelqu'un qui ne connaissait pas les lieux, il en doutait fortement. Même Naya s'était perdue, une fois. Penser à la Freeman lui pinça le cœur encore une fois, et les pensées déprimantes commencèrent à lui revenir, en force. Il secoua la tête. « Bon, vite, faut que je boive un truc là. » Et heureusement, il arrivèrent rapidement dans ce que Carl appelait sa chambre forte. C'était une salle qui ressemblait à une salle d'opération, mais derrière une tapisserie se trouvait un grand placard incrusté, où Carl avait arrangé une sorte de salon. C'était un lieu où normalement se trouvaient des brancards avec les morts ''mis en attente'', lors des grands désastres -bah oui, fallait pas les mettre dans la rue-. Mais vu qu'il n'y en avait pas eu depuis longtemps, l'endroit ne servait à rien. Il fit donc entrer la Hopper avant lui, puis referma le rideau. « Et voilà. » fit-il simplement, se doutant qu'Amy avait déjà repéré l'armoire à bouteilles d'alcools.

Une fois qu'ils arrivèrent à l'intérieur du bâtiment, un frisson parcouru tout le corps d'Amy et pour quelqu'un qui frissonnait très souvent, ce n'était pas le meilleur frisson qu'elle ait pu avoir. Cependant, avant d'entrer, elle s'était faite une idée de l'endroit, un peu comme dans les châteaux où tout était glauque et où il y avait des courants d'air avec une porte d'entrée qui grince pour bien accentuer le côté horreur de l'endroit.

Il faisait effectivement froid à l'intérieur et ils étaient tous les deux seuls, mais il n'y avait aucune trace de morts vivants mais il y avait des grands couloirs qui étaient assez effrayants. De toute sa vie, Amy avait côtoyé des endroits assez spéciaux comme l'arrière d'une boucherie ou encore dans l'arrière boutique des épiceries, mais jamais dans une morgue.

Elle n'écoutait pas vraiment ce que lui disait Carl, trop occupé à regarder autour d'elle, elle savait quelle ne reverrait probablement plus l'endroit, du moins, elle n'espérait pas le revoir de sitôt, alors, elle regardait les murs autour d'elle et essayait surtout de se dire que des gens travaillaient ici, mais quelle bande de malades...

« C'est là que tu conserves les bouteilles ?» fit-elle quand son attention revint à la raison principale pour lesquels ils étaient là.

Elle s'approcha de la cachette du jeune homme et jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Il n'y avait que des brancards vide et elle ne voulait pas imagine ce que c'était quand ils ne l'étaient pas, cependant, sa curiosité prit le dessus et elle ne put s'empêcher de lui demander :

« Euh, dis moi, quand c'est pas vide ici, vous mettez quoi sinon ? »

Elle se doutait un peu de la réponse du jeune Spencer, en même temps, ils n'allaient pas stocker des pinceaux ou des films là où il y avait des brancards et suffisement de places pour y ranger des cadavres également, mais elle espérait peut-être qu'il la rassure en lui disant qu'elle ne devait pas s'en faire, que c'était juste une cachette comme ça en cas d'attaque nucléaire, mais malheureusement pour elle, pas sûre qu'il lui dise ça.

Alors que la chaudasse regardait un peu partout autour d'elle, comme si elle croyait qu'un zombie aller lui sauter dessus, Carl avançait plutôt rapidement, et arriva vite au lieu de sa petite cachette. Cela faisait quelques années qu'elle était là maintenant, aussi avait-il eu le temps de l'arranger un peu. Les brancards vides, ils les avaient poussés au fond de la pièce, et avait ramassé des vieux canapés qu'ils avait mis devant, avec une table basse, un tapis pour faire un peu moquette, puis des étagères en tout genres, des placards où il avait rangé, bah ses bouteilles, mais aussi des couvertures et autres truc utiles en cas de sleepover -si vous voyez ce que je veux dire (a)-. Bref c'était plutôt cosy, dans le genre. Et puis il faisait bon, c qui changeait de l'atmosphère glaciale des autres pièces de la morgue. Le Spencer y avait installé un petit poêle électrique qui répandait une douce chaleur dans la petite pièce. S'y ajoutait un vieil écran de télévision et un ordi qui traînait dans un coin. Ah oui, et un mini bar bien sûr, que le Spencer s'étai acheté avec ses économies. Ouais, non seulement il vivait dans une morgue mais il s'achetait des frigos. Tout à fait normal, monseigneur !

Bref, la Hopper venait de découvrir l'endroit, et comme Carl s'y attendait, elle demanda si c'était là qu'il cachait ses bouteilles. Il esquissa un sourire en la regardant avec amusement. « Et ouais. Pourquoi, tu crois que c'pas une bonne cachette, peut-être ? » rajouta-t-il, en sachant très bien que ça l'était. Qui d'autre à part lui s'aventurerait dans ces recoins là ? C'est sur qu'un voleur -que ce soit de bouteilles ou d'autres choses d'ailleurs- n'allait pas aller se diriger vers la morgue pour faire ses acquisitions. Qu'est-ce qu'il y gagnerait de toute façon ? Ah oui, des organes. SUPER. Enfin bref, la cachette de Carl était parfaite pour lui, et c'était bien comme ça. Amy avançait toujours précautionneusement dans la salle, comme si encore une fois un squelette allait sortir du placard. Carl lui aurait bien sortit un ''bouh'' de terreur, mais il n'avait pas envie de compter la Hopper parmi les arrêts cardiaques de la morgue. Qui allait boire avec lui si elle n'était plus là ? Elle posa alors la question de ce qu'ils mettaient dans la salle normalement. Le Spencer ouvrit la bouche pour répondre que c'était la salle d'entrepôt de cadavres en cas de surplus, mais il se retint, préférant ne pas lui dire. Sinon, il pressentait qu'Amy allait finir par se barrer en courant. « Euh..c'est mieux que tu ne le saches pas. » fit-il alors. « Bon mais tu vas inspecter la salle toute la nuit ou on commence à boire ? » s'impatienta-t-il alors. Il avait besoin de ses shots, et vite. Il se dirigea vers son placard où apparut une collection impressionnante de bouteilles. Comme au supermarché. Certaines étaient vides, d'autres mi-pleines, d'autres encore non ouvertes. Faut dire que récemment, les cadeaux d'anniversaire de Carl par ses potes consistaient en des bouteilles d'alcool. Au moins ils étaient sûr que ça lui plairait (a). Il inspecta quelques unes des bouteilles en les soulevant, histoire de voir combien il en restait. « Alors, j'ai du whisky, du gin, des liqueurs, de la vodka évidemment, martini, tequila, rhum.. De la bière au frais aussi. Bref, regarde là-dedans et prends ce que tu veux. » Carl tendit la main vers le bas de l'armoire où il attrapa deux verres qu'il posa sur la table basse. Ayant chopé une bouteille de vodka et une de tequila, il les posa également puis s'enfonça dans le canapé. Il regarda Amy qui se penchait dans l'armoire, sûrement en quête de la perle rare. Puis il s'étira : il était prêt à commencer la soirée.

Amy parut perplexe lorsque Carl lui dit que ce qu'ils y faisaient restaient secret, et il valait mieux perplexe que paniquée. Il la laissa mariner un peu -qui sait, ses pensées étaient peut-être en train d'imaginer le pire-, et décida qu'il était temps de boire. De toute façon, la Hopper changea bien vite ses idées moroses pour attaquer celles de la fascination au vu des bouteilles d'alcool. Elle resta bien cinq minutes devant l'armoire avant d'en retirer une au hasard, et découvrir qu'elle était vide. « Essaye encore.. » fit Carl avec une voix robotisée, comme dans les émission de télévision. Il sourit puis Amy lui fit remarquer que ça ne servait à rien de garder les bouteilles presque vides. Il haussa un sourcil. De toutes les personnes qu'il connaissait, Amy était bien la seule qu'il croyait être d'accord avec le fait de garder les fonds de bouteilles. Après tout, Chaudasse n'était pas toujours à la recherche de la moindre goutte d'alcool pour se désaltérer ?

Il voulut lui répondre, mais tout de suite, après avoir posé les bouteilles sur la table, elle affirma avoir eu une idée. « Ah ? » demanda Carl, intrigué. Mais elle ne répondit pas, et fit un tour autour de la salle. Poussant un soupir, le Spencer s'allongea sur le canapé et s'alluma une clope, fermant les yeux. Il était fatigué, et il voulait boire. Une exclamation de "Strip poker !" sortit Carl de son petit moment de repos, et en ouvrant les yeux il découvrit Amy avec un immense sourire, un paquet de cartes entre les mains. Un petit sourire en coin naquit sur les lèvres de Carl tandis qu'il se relevait. « T'sais jouer ? » demanda-t-il. Il n'y avait pas joué depuis un bout de temps, et avait oublié les règles. Si Amy les connaissait pas non plus, tant pis, ils les inventeraient !

Chaudasse lui servit un verre de tequila qu'ils burent cul sec. « Santé! » répondit-il avant de poser ses lèvres contre le verre. La chaleur de l'alcool lui fit du bien à la gorge, et il reservit les deux verres pour s'en enfiler un autre. Suite à ça, le Spencer ecrasa sa cigarette dans le cendrier et prit les cartes sur la table et les mélangea. « Bon, donc on fait quoi pour se foutre à poil ? 'fait chaud ici. » Faudrait qu'ils s'y mettent rapidement, et pas avec un jeu de cartes trop dur, sinon ils allaient vite finir ennuyés. Fallait un jeu simple, efficace, où on peux perdre vite. Carl fronça les sourcils, et réfléchit. « ça te tente une Strip-bataille ? Quand on perd trois fois de suite on enlève un vêtement et on boit, et quand on perd la bataille on boit un mélange réalisé par l'autre ? » demanda-t-il alors. Jeu simple, ou comment finir à poil et torché en dix minutes.

Bon, Amy ne connaissait pas les règles non plus. Tout ce qu'elle voulait, c'était se mettre à poil et boire. Comme d'habitude. Carl haussa les épaules à son tour, de toute façon il n'avait rien à perdre, Naya était toujours disparue et il ne pouvait rien y faire si ce n'est boire pour oublier ses problèmes. Ouais, à ce rythme là il finirait vite alcoolo avant la trentaine, mais enfin, il aura au moins Amy avec lui, c'était toujours ça. Dans ces moments de bad, de déprime, ou d'appelez-le comme vous voulez, le Spencer n'était en général pas très drôle. Il rêvassait, restait dans son monde, se fumait clope sur clope, sans vraiment parler. Mais Hopper avait trouvé un bon moyen de l'occuper, et même s'il n'était pas au plus top de sa forme, c'était quand même déjà un bon début. Mais Carl ne pouvait pas trop se permettre de faire trop de conneries. Il était avec Gabrielle, et même si personne ne le savait encore, il fallait qu'il fasse gaffe. Il soupira. Tant de problèmes, tant de trucs à penser, bwah, ça lui prenait la tête. Pour la peine, il se reprit à boire et but cul-sec.

Amy, elle, annonça qu'elle apprendrait en cours de route, mais alors qu'elle s'enfilait le verre qu'il venait de lui servir, elle fut prise d'une quinte de tous affreuse, et Carl crut même qu'elle allait réellement s'étouffer. Le pire c'est que les gestes qu'elle lui faisaient lui faisaient horriblement penser à des gestes d'appel au secours.. Carl resta un instant à la regarder, pétrifié. Puis elle ne s'arrêtait toujours pas, et Carl finit par exploser de rire, voyant qu'en fait elle ne mourrait pas. Et puis bon, trop de shots, ça donne envie de rire. « Bah alors, ça va ? » demanda-t-il quand même. « Bah, au pire si tu meurs c'est pas grave, t'es au bon endroit. » fit-il en rigolant. « Tu donne ton corps à la science hein ? » rajouta-t-il en souriant de toutes ses dents. Puis pendant qu'elle finissait de se calmer, il attrapa les cartes et les mélangea avant de les distribuer. Une carte pour lui, une carte pour elle, une carte pour lui, une carte pour elle. Carl trouva ça drôle, et un sourire niais apparut sur son visage pendant qu'il faisaient mumuse avec les cartes. L'alcool rend con, ouais ouais.

« Bon t'as fini ? On peut commencer ? » dit-il alors, voyant que la Hopper avait finalement arrêté de tousser et était encore en vie -zut alors-. Il déposa sa première carte, qui se révéla être un six de cœur. Ah bah ça commençait bien..