Je traversais la rue sans savoir vraiment où mes pas me menaient, arrachant mes fausses dents de vampire. Rien ne tournait rond dans ma tête. Cette fête d'Halloween avait été une catastrophe. Adrian et Jay se tapant dessus, celui-ci qui embrassait June. Je ne savais plus quoi penser. Je m'arrêtais soudain pris de vertige. Ma vie n'avait plus aucun sens. Qu'étais-je devenu au juste. Embrouillé de partout dans presque trois histoires sentimentales si on pouvait compter mon amitié chaotique et fusionnelle avec Adrian. Je me laissais allé quelques instants contre un pylône, inspirant l'air froid de l'hiver à m'en brûler les poumons. Mon prénom résonna alors d'une voix familière. Je relevais les yeux, un éclair blond: Jaylann.

Mon corps se redressait de lui-même comme relevé par un aimant invisible. Que faisait-elle là à une heure pareille? Je ne l'avais pas vu dans la maison abandonné où s'était déroulé le bal d'Halloween. Je fis un pas, puis deux, puis trois plus rapide, me rapprochant inexorablement d'elle. Le coeur battant comme à chaque fois. Je m'arrêtais très proches ne lâchant plus ses yeux. Je soufflai alors:

"Jaylann... Qu'est-ce que tu fais là?"

Il était évident qu'elle évitait sa maison. J'étais sortis assez longtemps avec elle pour savoir qu'elle avait un soucis avec sa famille. Sans même réfléchir plus longtemps je lui demandais:

"Ça te dis de venir chez moi?"

Je n'avais pas envie d'être seul ce soir. Et comme chaque fois que je la voyais, l'air avait un goût différent comme si nous aurions été télé-transportés à des millions de kilomètres de toute chose. J'avais besoin de sentir se monde étrange et m'évader juste ce soir, je voulais me souvenir ce que c'était nous deux.

Jaylann. Ma tête était trop chamboulée parce que je venais de vivre. Oui j'étais en couple à présent. Mais il se trouvait qu'il me trompait à peine nous nous étions mis ensemble. Je l'avais vu embrasser June avant de partir avec elle. Surement pour finir la soirée dans la chambre où je m'étais trouvé même pas une semaine auparavant. Je ravalais ma rancoeur.
Mais il avait fallut que ce soit elle. La seule avec qui je ressentais encore ce sentiment. Pourquoi? C'était un test? Si il y avait bien un dieu qui régnait sur cette Terre, il devait vraiment s'éclater du haut de son perchoir.

Je la vis, et d'un coup je ne pu m'empêcher d'aller à sa rencontre, m'arrêtant tout prêt d'elle. Je craignais de ne pas pouvoir échapper à ce sentiment si étrange qui me reliais à elle. Pourtant j'y allais. Par vengeance? Aucune idée. Je lui demandais ce qu'elle faisait ici, me raccrochant aux sensations qu'elle créait dans mon cerveau pour ne pas laisser la douleur m'atteindre à nouveau. Elle me répondit à sa manière, celle que j'avais toujours connu, la froideur sauvage qui l'habitait même en ma présence. Je souris, palpant d'un coup mes anciennes émotions.

La phrase franchit d'un coup mes lèvres. Je l'invitai à venir chez moi. C'était réellement stupide, j'en avais conscience. Mais rien ni faisait, il me fallait m'échapper de cette stupide soirée, de lui et d'elle, de ce su'il ferai sans aucun doute. Je chassais les images de mon cerveau, alors qu'elle acceptait, m'indiquant d'office qu'elle m'en voulait de lui avoir demander.

Je souris, du Jaylann tout craché. Elle m'effleuré, abaissant les barrières de mon cerveau, j'avais l'impression à nouveau qu'il n'y avait que nous deux. Instinctivement je glissais ma main dans la sienne, alors que nos pas nous menaient vers ma maison.

Arrivé devant l'immense maison, je l’entraînais vers le jardin, décidant d'entrer par la véranda intérieure. Tout était sombre. Je n'allumais pas les lumière. Je n'avais pas envie de quitter l'état dans lequel elle m'enfermait surement malgré elle. Trois escaliers, deux couloirs et ma chambre. J'y entrai, sans avoir prononcé le moindre mot. Je lâchai sa main refermant la porte à clé derrière moi. Je m'adossais à la porte l'observant un instant au milieux de ma chambre. Ça devait faire un an qu'on avait rompu elle et moi. Comment pouvait-on à nouveau se retrouver dans cette situation. Je me relevais doucement lui demandant:

"Tu veux boire quelque chose?"

Je me redressais, mon regard fixé sur elle, cherchant à la transpercer de part en part. J'en avais la gorge sèche. Je lui proposai à boire, question rhétorique, elle fit la moue tapant sur le quelque chose, avec sa manière faussement outrée, se révoltant que je ne savais même plus ce qu'elle buvait. Je soupirai, entrant dans son jeu, jeu auquel je voulait gagner. J'allais vers le mini-bar de ma chambre, ouvrant le placard pour en sortir deux bouteilles en verre ainsi qu'un peu de sucre, deux verres et une cuillère en argent. Le cocktail de la mort. Les notes de Times Stop résonnèrent à travers ma chambre. Je versai un fond de vodka provenant de la première bouteille avant d'y ajouter de l'absinthe de la deuxième, j'y solubilisais le sucre, tournant avec la cuillère tandis que Jaylann me lança une nouvelle pique depuis la chaîne Hifi. Annonçant l'air de rien qu'elle ne savait pas que j'étais le genre à garde les vieilleries avant de demander si mes copines actuelles n'avaient pas assez de goût pour rivaliser avec la vieillerie en question.

Je souris, me retournant les deux verres à la main. Je la voyais allongée cigarette aux lèvres, me considérant avec son visage insolent.
Mon sourire s'étira davantage, c'était bien elle. La seule, l'unique. La fille qui m'avait offert la vieillerie. J'avais perçus l'élan de jalousie dans ses mots, ce qui ne me faisait que davantage sourire. Tellement d’ambiguïté, je lui répondais donc avec les mêmes sous-entendus:

- Tu devrais savoir pourtant comme j'aime conserver les vieillerie Jay-Z.

Bien sûr j'aimais autant qu'elle lancer des piques. Cela faisait partie de notre jeu, nous tourner autour, nous vexé, nous attaquer avec toujours cette même conclusion sous les draps. Je poursuivais tranquillement, prenant place près d'elle pour laisser un des verres dans sa main:

- Et puis de toutes façon je n'ai pas de copines comme tu semble le croire, il n'y a que toi qui me rend visite..

Je souris, la regardant dans les yeux, amusé, impérieux, je trinqué mon verre contre le siens avant d'en descendre le contenus tranquillement. Je fermais un instant les yeux, cette musique, rien ne me semblait moins vieux à cet instant, que le moment de la première écoute.

Et c'était reparti. Pourtant fallait-il toujours qu'elle me remette en question lorsque j'étais de bonne fois? Je ne lui avais pas menti, les autres ne venaient pas dans ma chambre. J'utilisais le pavillon dans le jardin pour les 'autres'. Ici c'était mon sanctuaire, elle était la seule à qui je permettais d'en fouler le sol. Enfin bon, elle ne me croirait pas de toute façon. Je la laissée donc ruminer tirant sur ma cigarette pour qu'elle se transforme le plus vite possible en mégot. Je fermais les yeux, continuant à réprouver nos nuits, cette chanson, la fumée, l'alcool dans mes veines. Un film qui repassait en boucle, en noir et blanc, juste avec cette musique comme fond sonore.

Ses mouvement me tirèrent de ma léthargie, je me relevais surpris sur un coude, finissant aussi mon verre, mais plus tranquillement alors qu'elle prenait la parole. Ce n'est que lorsque que je regardais son visage que je compris que cette oui quelque chose clochait réellement. Combien de temps ça allait encore durer. Mon regard ce fit plus dur. C'était quoi cette fois. Je me rapprochais, coulant presque sur la couverture jusqu'à me retrouver assis au bord du lit, juste devant elle. Je l'attrapais alors vivement par la taille, collant ma tête au niveau de son nombril. J'inspirai bruyamment avant de souffler, rendant mes mots tranchants avec cette voix que je savais prendre, celui du prédateur face à sa proie:

- Tu poses la question car tu te lasses de moi?

Une question, un reproche, j'avais porté ma voix jusqu'à ses oreilles, rendant mes mais plus fortes sur elle, plus appuyées, comme pour vérifier si j'avais toujours le côté hypnotique qu'elle avait sur moi. Ses gestes me rendaient juste fou, dépendant, désincarné. A cet instant je voulais détruire sa détermination, sentir qu'elle redevenait vulnérable lorsque que je la touchais. Avoir cette emprise infernale que nous exercions sur l'autre de manière réciproque...

Jamais elle ne se lasserait de moi, c'est ce qu'elle m'avait dit. Je sentais ses doigts dans mes cheveux, c'était tellement bon, tellement plus rassurant que n'importe quel toi sur cette terre. Pourtant en une seconde tout bascula. Elle me rejetait, arrachant ses mains de moi avant de me repousser violemment sur le lit, mon lit, notre...?

- Je ne veux plus devoir te partager, profiter de toi uniquement quand tu m'en donnes le droit, je n'ai plus envie de t'attendre.

Je restais là, l'observant, tout en sachant que s'était inutile au fond. Elle aussi avait pris sa voix. Cette voix que je haïssais, mais que j'avais tellement entendu. Je considérais ce qu'elle me disait. Réfléchissant. Je comprenais, parce que c'était elle je comprenais. Je me redressais, gardant une distance de rigueur entre nous, celle prévalue lorsque nous devions parler. Je dis doucement:

"Jaylann, tu es pour moi comme la cigarette après l'amour, quand tu te lève ou avec le café. Tu es indispensable, pourtant tu es celle qui finira par me tuer."

Je laissais les mots venir doucement jusqu'à elle, avant de reprendre lentement:

"Toi et moi, on se l'était dit, ce n'était juste pas possible... Je ne veux pas te perdre, mais je ne peux pas te donner ce que tu veux. Si tu veux qu'on en arrête là, alors je ne te ferai plus rien qui te blesse..."

Je ne voulais pas la blesser, touts nos jeux, tous nos sens avaient une limite, celle de la douleur que je n'était pas prêt à franchir, ni pour elle, ni pour moi.

Elle me quittait, c'était définitif. Plus rien ne me la retenait sinon l'envie de me tuer.Bizarrement je comprenais, je comprenais dans le sens où j'acceptais qu'elle me déteste. Cette situation l'avait fait souffrir, c'était à moi d'en porter le fardeau. J'acceptais, qu'elle me voit comme un salaud. Je pouvais en être un. C'est ce que j'étais avec toutes les autres. Pourtant je l'avais toujours considérer différemment, aucune ne lui arrivait à la cheville. Nous avions été ensemble, elle était ma plus longue relation. Je l'avais aimé, j'avais soupiré pour elle, je m'étais languis, jusqu'aux limites du supportable. J'avais finalement au même titre qu'elle renoncé à nous. Cette entreprise vouée à l'échec.

A présent, je la voyais emporter ces affaires, je ne pouvais cessé de me dire que c'était la dernière fois que j'écoutais son CD, je le cacherais loin dès le lendemain, assez profondément pour ne plus risquer de retomber dessus. Elle me haïssait, chose que je ne pouvais pas moi à son égard, c'est bien pour ça que je lui permettais d'agir ainsi, je ne voulais pas la voir se perdre encore plus à mes côtés. Je restais immobile, la laissant m'arracher encore un peu le coeur elle trouverait mieux. C'était douloureux. Égoïstement, j'aurais bien prié pour que ce soit faux, seulement je ne le fis pas, je me contentais de répondre:

- Ça ne sera pas dur pour toi de trouver mieux, je te le souhaites en tout cas.

J'avais envie de la retenir encore, je sentais des frissons parcourir mes bras et mes jambes. Mon corps voulait la rattraper. Je ne bougeais pas. Au moins juste la raccompagner... J'esquissais un geste dans sa direction avant de me reprendre, détournant les yeux. Il fallait lui rendre sa liberté...