J'avais pensé que des vacances m'auraient fait du bien mais ça ne me remonte pas vraiment le moral. Jusqu'à maintenant, j'ai fait comme si tout allait bien avec Annie, avec Clairou et avec le reste de la famille. Mais ils ne savent pas que c'est hiroshima dans ma tête. Je me pose des dizaines et des dizaines de questions depuis deux semaines à peu près. J'crois que tout a commencé le 13 février, à la naissance de mon premier neveu. J'étais au début très content de voir un nouvel O'Conell parmi nous mais je n'ai pas pensé aux conséquences. Il faut évidemment s'occuper de cet enfant et mon frère a donc acheté une maison à Magnolia, pas très loin de chez nous pour habiter avec sa Juliet. Au début, je trouvais ça normal qu'il s'installe dans sa nouvelle maison avec sa nouvelle petite famille. Mais je n'y arrive pas sans lui, c'est trop difficile. Je me rends compte aujourd'hui que ma vie dépendait toujours de lui. Oui, j'ai toujours pris mes décisions par rapport à mon grand frère et j'ai fait comme si c'était mes choix mais ce n'est pas vrai. Je ne m'en rends compte qu'aujourd'hui. Du coup, je me pose des dizaines et des dizaines de questions, je suis en train de péter un câble intérieurement mais je ne laisse rien paraitre. Je deviens méchant, agressif parfois même si j'essaye de me contrôler. Annie l'a tout de suite compris, elle sait que quelque chose ne va pas mais n'ose pas m'en parler.

Assis depuis un bon bout de temps sur le canapé du salon, j'avais un des livres de Clairou dans les mains. Je m'étais installé ici pour lire les Hauts de hurlevent, un livre que Lucy a prêté à ma soeur - le personnage principal s'appelle Heathcliff en plus - mais je n'y arrive pas. Je rêvasse depuis un bon moment et je n'arrive pas à me concentrer sur ce livre qui m'a l'air intéressant. C'est à ce moment-là que la porte d'entrée s'ouvre grand et Adrian fait son apparition. Je ne prends pas la peine de me lever. Je lève d'ailleurs à peine la tête. Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec lui, pas aujourd'hui mais c'est plus fort que moi.

"J'pensais que t'avais oublié où se trouvait le n°8." Dis-je pour lui faire comprendre que je lui en veux un peu de ne plus passer me voir à la maison. Certes, on se voit au travail mais on essaye de rester professionnel et on a du boulot.

Je le regarde s'installer comme si c'était sa deuxième maison et lui demande. "Fallait emmener Logan avec toi, tu aurais servi à quelque chose." Je ne me rends pas compte de ce que je dis, disons que j'ai du mal à me contrôler avec mon frère. J'espère juste que notre conversation ne ressemblera pas à la dernière que nous avons eu à cet endroit même et qui a mal tourné.

Quitter le domicile familial pour emménager dans une nouvelle maison, sa propre maison, avait été pour moi une sacrée aventure. Joey ne me manquait pas. Mais je pensais souvent à Heathcliff et Claire, que j'avais laissé avec notre père, et Joshua. Si je m'entend plutôt bien avec l'aîné de la famille, je sais que ce n'est pas le cas pour Heathcliff. Mais je n'avais d'autres choix que de partir. Nous n'aurions pas pu vivre tous ensemble sous le même toit. Je ne voulais pas non plus imposer la présence de Juliet et Logan au reste de ma famille. Puis, je devais bien quitter le domicile un jour, avoir ma propre maison, ma propre vie de famille. Difficile à dire, et à admettre, mais Heathcliff était peut être celui qui me manquait le plus. J'étais ravis qu'il ne soit pas parti à Los Angeles. Je pouvais le voir régulièrement et ce en dehors du cabinet. Et puis, je ne sais pas si j'aurais vraiment pu vivre sans lui, il est d'un soutien incomparable même si nous ne sommes pas les frères les plus proches du monde.

J’enchaînais les travaux dans la nouvelle maison. J'avais passé la matinée à travailler dans la salle de bain. Sale, j'aurais bien aimé prendre une douche, mais la salle de bain étant condamné, je n'avais d'autre choix que de retourner au numéro 8 pour me décrasser. Et puis j'allais croiser mon frère très certainement, l'occasion pour nous de papoter un instant autour d'un café. J'attrapais mes affaires de rechange, et m'engageais en direction de la demeure familiale. Arrivé devant la porte, j'affichais un grand sourire, comme heureux de remettre les pieds chez moi. J'entrais et découvrais Heathcliff assis sur le canapé. J'enlevais mes chaussures et avançais jusqu'à lui. "Salut Frangin!" lançais-je, sourire aux lèvres. Heathcliff ne pris pas la peine de lever la tête. "J'pensais que t'avais oublié où se trouvait le n°8." déclarait-il sèchement. Coupé dans mon élan, je restais là, les deux pieds fixés au sol sans vraiment savoir quoi répondre. Bon... Il ne tarda pas à reprendre:"Fallait emmener Logan avec toi, tu aurais servi à quelque chose.".

J'étais scié, je ne comprenais pas ce que je voulais dire un tel comportement, et me demandais ce qu'il lui prenait. Je fronçais les sourcils et lui dis: "Euuuh ok... Il y a un problème Heath'?".

Mon frère avait encore les clés du n°8 parce qu'il peut en avoir besoin n'importe quand. C'est sa deuxième maison après tout, il y vient quand il veut. Bien entendu, sa place est maintenant auprès de sa Juliet et son fils qui ont besoin de lui. Je n'arrive pas encore à l'accepter... Je n'arrive toujours pas à accepter le fait qu'il ait quitter le domicile, en me laissant avec Joshua et Joey. Je déteste ces deux mecs et Adrian le sait très bien. Je lui en veux d'être parti du jour au lendemain, sans m'y avoir préparé. Je lui en veux d'avoir toujours contrôlé ma vie, sans forcément le vouloir la plupart du temps. J'crois que c'est moi le seul con dans l'histoire. J'ai pris Adrian pour mon modèle, mon exemple, le chemin à suivre. J'ai donc essayé de lui ressembler, de faire les choses correctement comme il a toujours essayé de faire. Mais je suis toujours resté le pauvre type de la famille pour mon père. Jamais je n'égalerai son plus grand fils - après Joshua - et il me le fait comprendre tous les jours. Aujourd'hui rien ne va. Oui, j'en veux beaucoup à mon frère parce qu'il s'est mêlé de ma vie, qu'il le veuille ou non. Il en a presque gâché une partie.

"Aucun problème, tout va bien comme d'habitude." Dis-je en refermant le bouquin pour le poser sur la table.

Je crois qu'il faut que j'ai une discussion sérieuse avec mon frère pour lui demander pourquoi il s'est toujours mêlé de ma vie, pourquoi il a toujours voulu décidé à ma place ? Pour Los Angeles, pour mon travail, même pour mes études ! Je me souviens lors de ma première année de droit, il me conseillait des options à faire parce LUI les a choisi ! Alors évidemment, j'dois faire pareil que Monsieur. Quand j'y repense, ça m'énerve plus que tout. Pourquoi je n'ai pas ouvert les yeux plus tôt. Je me tourne vers mon frère et j'ai l'impression qu'il a pris de l'âge... Sûrement parce qu'il a maintenant une situation stable, avec un enfant et son propre toit. Je me rends compte que je suis le paumé de la maison, le jeune con qui n'a aucun but dans sa vie. C'est bien moi.

"Logan va bien ? Il me manque le petit bonhomme." Dis-je en repensant à mes premiers moments à l'hôpital avec lui. Depuis, je l'ai revu mais sans prendre le temps de m'en occuper. J'ai aidé mon frère à déménager, avec l'autre con de Davies aussi, donc j'allais souvent voir Logan qui était toujours sur Juliet.

"Aucun problème, tout va bien comme d'habitude." J'haussais les épaules, ne comprenant pas ce qu'il lui prenait. Je quittais mon blouson que j'accrochais sur le dossier d'une chaise, puis passais ma main sur mon ventre. Après quoi je m'étirais en baillant avant de me diriger vers le bar pour me servir un verre de scotch. Naturellement, j'en servais un à mon frère, et revenait vers lui pour l'y déposer sur la table basse, juste devant lui. Je retournais près du bar, rangeais la bouteille, attrapais mon verre puis m'en allait du côté de la cheminé, allumée. Je m'installais près du feu, histoire de me réchauffer un peu. En silence, j'avalais une première gorgée de ce délicieux breuvage, puis reportais mon attention sur mon frère. Il n'avait pas touché à son verre, n'avait même pas pris la peine de me remercier de l'avoir servis.

La tête basse, plongé dans je ne sais quel bouquin, il déclarait que son neveux lui manquais, et en profitait pour prendre de ses nouvelles. Heathcliff était étrange, je me demandais s'il avait prit quelque chose! "Oui oui, il va bien. Il commence à faire ses nuits! Viens le voir quand tu auras un peu de temps!" lui dis-je en souriant. Mais il ne remarqua rien, il était bien trop préoccupé par son bouquin et semblait ne pas être content de me voir.

J'attrapais une cigarette dans mon paquet. Moi qui m'étais dit que j'allais arrêter à la naissance de Logan... c'était loupé. Je l'allumais, et buvais une nouvelle gorgée de mon whisky. Puis je laissais mon petit coin chaud près du feu pour rejoindre le sofa dans lequel mon frère était installé. Je m'asseyais à côté de lui. "Tu lis quoi?" demandais-je innocemment, essayant d'engager la conversation par tous les moyens possibles.

Il me sers un verre mais je ne ferme pas mon livre pour le boire. Je ne prends même pas la peine de le remercier. Je fais semblant de lire ce fichu bouquin depuis tout à l'heure alors qu'il ne m'intéresse pas plus que ça. Mon frère sait très bien que je ne lis pas autre chose que des livres qui concernent le droit. Je demande à Adrian comment va le petit. Il me manque très vite ce bout de chou, ça fait seulement quelques jours que je ne l'ai pas vu mais j'suis sûr qu'il a un peu changé. Mon frère me demande de passer quand j'aurais le temps. Qu'il ne s'inquiète pas pour ça, je viens voir mon neveu quand je veux, je n'ai pas besoin de son invitation. Je ne prends pas la peine de répondre et je me reconcentre - du moins, je fais semblant - sur le livre de ma soeur. Mon frère se lève et s'installe près de moi. J'sais pas ce qu'il me veut ni pourquoi il me parle mais j'vais lui faire comprendre que je n'ai pas le temps pour lui aujourd'hui. J'veux pas être méchant mais faut bien lui faire comprendre que j'en ai marre de lui "appartenir". Oui, c'est un peu ça. J'suis en quelque sorte sa marionnette, il fait ce qu'il veut de moi sans s'en rendre compte et le pire dans tout ça, c'est que j'me suis laissé faire comme un con jusque là. J'vais loin dans mes pensées lorsqu'il m'y sort en me demandant ce que je lis. Je le regarde quelques secondes, ferme le livre et le lui tend.

"Tu ne connais sûrement pas, t'as pas le temps pour ça j'pense." Dis-je calmement. Je prends le verre posé devant moi pour en boire une gorgée. "Au fait, t'es venu pour quoi ? Me dit pas que tu voulais voir Clairou ou moi-même, j'te croirais pas."

Il était tellement occupé par son travail, son déménagement, son bébé et Juliet qu'il nous avait presque mis de côté. Personnellement, je l'ai beaucoup aidé pour le déménagement et on se voit tous les jours au boulot. Mais c'est différent avec les autres membres de la famille. Il n'a sûrement pas vu Eliza depuis un moment, ni Clairou. Quant à Joey, il est tout le temps en voyage d'affaires. Je reprends mon verre et pense à comment je pourrais annoncer à Adrian qu'il n'a pas le droit d'être comme il est avec moi. C'que j'veux dire par là, c'est qu'il n'a pas le droit de contrôler ma vie comme il l'a toujours fait, peut-être involontairement. Mais bordel de merde, pourquoi je dépends tout le temps de quelqu'un ? Quand ce n'est pas Joey, c'est Adrian !


"Au fait, si je veux m'absenter du travail et prendre une semaine de vacances, je dois te demander l'autorisation ou ça se passe comment ?" Dis-je en arquant un sourcil.

hj: Bro', je passe à la 3eme pers. si ça t'ennuie pas ! Je commence à préférer mes posts comme ça :)

"Tu ne connais sûrement pas, t'as pas le temps pour ça j'pense." Encore une remarque désagréable, ça commençait à faire beaucoup en l'espace de 10 minutes. Adrian levait les yeux au ciel, et sortait son téléphone de sa poche. Pendant que son petit frère s'amusait à faire la tronche, Adrian allait traîner un peu sur facebook. Ca faisait un moment qu'il n'avait pas pris le temps de lire les statuts de ses voisins et commenté leurs photos! Mais Heathcliff revint à la charge, toujours plus agressif. "Oui donc je ne te dis pas, entendu!"... L'avocat soupira, il ne voulait pas se mettre en colère aujourd'hui. Il y'a deux mois, ce genre de discussion avait plutôt mal tourné, et Adrian craignait que son frère reparte dans ses délires de quitter la ville, toussa toussa... Il l'avait retenu deux fois, mais la troisième serait la bonne, et le jeune père ne pouvait plus se passer de son frangin. Mine de rien, le fait d'être rester après l'annonce de la grossesse de Juliet et d'avoir fait une croix sur Los Angeles après la naissance de Logan prouvait une fois de plus à Adrian qu'il avait le soutien de son frère, et que derrière les querelles qui les avaient toujours animé, il y avait une vraie relation fraternelle. Adrian en était très fier, étrangement. Lui qui ne s'intéressait pas à sa famille quelques mois plus tôt semblait être très heureux lorsqu'il passait du temps avec elle... si on exclu Joey bien sûr!

Adrian préférait donc éviter le conflit aujourd'hui. Mais il semblerait que Heathcliff ne soit pas du même avis. Il avait vraiment un sale caractère quand il était de mauvaise humeur. Il se tourna vers Adrian, arqua un sourcil, et lui demanda s'il devait lui demander l'autorisation s'il voulait prendre des vacances. Adrian fronça les sourcils. "Non, tu fais bien ce que tu veux Heath'..." puis il arqua à son tour les sourcils, exprimant son incompréhension totale face à l'humeur exécrable de son frère. Il reprit: "Tu peux me dire ce qu'il t'arrive Heathcliff O'Conell? Tu te comportes comme un caniche royal enragé. Annie t'a jeté? Tu t'es pris la tête avec Joey? J'ai encore fait une bourde? Promis, je n'ai pas essayé de payer un de tes amis pour qu'il ne te fréquente plus, pas cette fois-ci! Alors arrête de faire le mec, et dis moi ce qu'il se passe s'il te plait!" lançait Adrian. Heathcliff ne répondit pas tout de suite, laissant à son grand frère le temps de se calmer un peu, et finalement lui confier avec sincérité: "Au fait, je t'ai pas remercier pour ton aide pour le déménagement... et d'être finalement resté à Magnolia... Je suis content que les choses se passent mieux entre nous!". Il posa son téléphone sur la table basse, et bu une nouvelle gorgée de son verre. Il reposa son regard sur son petit frère, puis ajouta: "Tu ne veux toujours rien me dire?". Mais Adrian ignorait que cette dernière question allait réveiller le volcan qui sommeillait dans la tête de son frère!

Je n'avais pas envie que ça se passe comme la dernière fois entre nous, je n'ai pas envie qu'on en vienne aux mains encore une fois. Je n'ai pas envie de prendre la décision de partir à nouveau vu que je suis impulsif. Par contre, cette fois, si je décide de quitter la ville, ce sera pour de bon. Ni Annie, Adrian ou même Clairou ne pourra me faire changer d'avis. J'en ai marre de dépendre des gens, je n'ai besoin de personne dans ma vie, et encore moins pour décider. Je lui demande alors si je dois avoir son autorisation pour partir en vacances. Il me répond que non. C'est lui qui décide de ce que je dois faire alors autant qu'il décide à ma place si j'ai besoin de vacances ou non. Je reprends quelques gorgées de mon verre puis le pose sur la table devant moi. Adrian se met enfin à me demander des explications, il n'a pas aussi énervé que la dernière fois, il doit donc se contrôler un maximum. Je ne réponds pas tout de suite parce que je n'ai pas envie de lui lancer tout et n'importe quoi en pleine gueule, je dois réfléchir à ce que je vais dire et comment j'vais lui expliquer que rien ne va. Il reprend la parole pour me remercier. C'est la meilleure ! Il me remercie pour quoi ? Pour l'avoir laissé contrôler et diriger ma vie jusqu'à maintenant ?

"Je t'en prie. Je suis à ton service de toute façon, depuis 21 ans." Dis-je sur un ton plus calme que le sien.

Mon frère insiste encore une fois et me demande ce qu'il se passe. Il veut absolument tout savoir et je n'arrive plus à me retenir. Je crois qu'il est temps de tout lui raconter. Je ne sais pas comment il va réagir, ni même s'il va comprendre où je veux en venir.


"Te dire quoi mec ? T'expliquer comment tu me retiens dans cette putain de ville ?" Dis-je en haussant un peu la voix. Je ferme les yeux quelques secondes puis me lève du canapé que je partageais avec mon frère. Je commence les cents pas dans la pièce, comme à chaque fois que j'suis énervé. Je reprends plus tranquillement. "T'expliquer comment tu décides à ma place ? T'expliquer pourquoi j'te prends tellement comme modèle que j'te laisse contrôler ma vie ?" Je vais un peu loin, je le sais. J'ai toujours tendance à abuser. "Je commence par t'expliquer quoi Adrian ?"

"Je t'en prie. Je suis à ton service de toute façon, depuis 21 ans." dit le plus jeune frère O'Conell. Adrian ignorait le sens de cette phrase, il se demandait si il n'avait pas encore fait quelque chose qui aurait pu brusquer Heathcliff, ou qui aurait pu l'agacer à ce point. L'avocat cherchait, mais il ne trouvait pas. Il fronça une nouvelle fois les sourcils, et dit: "Je ne comprend pas pourquoi tu me dis ça Heath!". Puis il finit par comprendre lorsqu'après avoir insisté lourdement pour que son petit frère ouvre la bouche, ce dernier lui dévoile la nature de son agacement.

Adrian était littéralement sur le cul, il ne s'attendait pas à ce que son frère vienne lui reprocher le fait de contrôler sa vie, alors qu'Adrian était toujours resté en dehors de tout. Bon, c'est vrai qu'il avait tenté de payer Jay Black pour qu'il ne traîne plus avec Heathcliff. Il avait aussi offert à son frère l'opportunité de rejoindre le cabinet. Mais il ne l'avait en rien forcé. Le soucis semblait être qu'une fois de plus, Adrian avait réussi à retenir son petit frère à Magnolia. L'avocat changea de visage, encaissant les nombreux reproches de son frère. Heathcliff s'était levé du canapé et faisait les cents pas. Il semblait vraiment mal, et énervé, et Adrian ignorait que lui répondre. L'(ex) aîné de la famille ressentait subitement une certaine déception, il réalisait qu'Heathcliff n'était peut être pas resté parce qu'il en avait envie, mais à cause d'Adrian. En entendant Heathcliff lui dire qu'il le prenait comme modèle, il soupira. Adrian n'était pas quelqu'un à prendre pour modèle. "Je commence par t'expliquer quoi Adrian ?". Adrian ne savait pas vraiment quoi répondre. Il était étonné d'avoir à présent cette conversation avec son plus jeune frère. Il pensait que tout était revenu à la normal, et qu'ils seraient toujours plus complices qu'autrefois, mais il fallait croire qu'Heathcliff gardait cette colère bien cachée depuis quelques temps. Adrian voulait le laisser s'exprimer, mais il tout aussi impulsif que son frère, il sentait à son tour la colère monter en lui. "Hey, attend deux seconde là. C'est quoi cette histoire? Je pensais que tu étais resté parce que tu le voulais. Pourquoi tu n'en as pas parlé avant, pourquoi tu viens me remettre tout ça dans la gueule maintenant?" scanda t'il en se levant du canapé à son tour.".

Adrian regarda son frère avec insistance. Heathcliff était devenu une espèce de boule de nerf, qu'il ne fallait pas approcher. Il pouvait devenir violent, autant dans ses paroles que dans ses actes. Et Adrian le connaissait si bien qu'il gardait ses distances. Il savait qu'Heathcliff allait finir par se calmer tout seul, mais cette fois-ci, il lui faisait un peu peur. L'aîné tenta le diable, il voulait qu'Heathcliff exprime le fond de sa pensée une bonne fois pour toute: "Et ben parle... Qu'est ce que je dois savoir?" dit-il d'un ton sec et agressif.

Mon frère voulait des explications, il vient d'en avoir. Il voulait à tout prix savoir pourquoi j'étais comme ça et j'ai essayé de le lui dire en restant calme mais c'est difficile. Mon frère prend enfin la parole, en se levant à son tour du canapé. Il a l'air surpris, il ne s'attendait sûrement pas à ce que je lui dise tout ça. J'en ai parlé à personne jusqu'à maintenant, je me retenais. Aussi, je ne montrais rien dans mon comportement qui pouvait laisser penser que j'en ai marre que mon frère ait le contrôle de ma vie. Mon frère me dit qu'il croyait que j'étais resté à Magnolia parce que je le voulais. C'est ça oui. Je ris, c'est nerveux. Je ne veux pas m'énerver, pas plus que ça, alors je dois essayer de me contrôler pour qu'on ait une discussion d'homme à homme. Il reprend vite la parole et me pousse à dire tout ce que je pense de lui, de ce qu'il y a entre nous. Agressif comme il est, il va me rendre fou. Je ne vais plus pouvoir me contrôler s'il continue.

"Qu'est ce que tu dois savoir ? J'vais t'expliquer. J'voulais partir à Los Angeles une première fois, j'avais les billets, j'avais un travail là-bas, on m'offrait même un grand appartement. Mais non, je n'ai pas le droit d'y aller ! Tu m'as proposé une place dans ton cabinet pour que je reste. Tu crois savoir mieux que moi ce qui est bien pour moi et ce qui ne l'est pas." Dis-je devenant de plus en plus agressif. Il veut des explications, j'vais continuer avant qu'il prenne la parole. "J'ai tenté de quitter le quartier une deuxième fois, encore une fois tu m'as retenu ! Entre la grossesse, la naissance de Logan, le déménagement, le cabinet qui a désormais besoin de nous trois... Je n'ai pas réussi à partir." Je fais les cents pas, essayant de rester fort pour ne pas frapper sur un mur. J'deviens très vite agressif quand je vais mal et j'ai besoin de frapper. Je ne compte pas faire de mal à mon frère, d'où la solution du mur. Mais je l'ai fait la dernière fois au cabinet et j'en garde un mauvais souvenir.

"Au fait, qui vous as dit que je voulais devenir avocat ? Joey contrôlait ma vie quand j'étais plus jeune, c'est lui qui a fait de moi un avocat, sans savoir si ça me plaisait vraiment. Maintenant qu'il a d'autres occupations, tu prends la relève et contrôle à ton tour ma vie. Bravo mini Joey." J'applaudis fort Adrian, le remerciant du plus profond de mon coeur d'avoir un certain pouvoir sur moi. Je ne regrette pas mes études, le droit m'intéresse vraiment et mon métier est génial aujourd'hui. J'aime ce que je fais. Mais si on m'avait laissé le choix, j'aurais fait des recherches pour voir quelles études pourraient m'intéresser, autre que le droit. Malheureusement, je ne décide pas, on décide à ma place.

C'était étrange mais Adrian avait fini par prendre l'habitude de se retrouver dans les conflits permanents, il voyait sa vie se remplir d'obstacles à franchir, et il n'avait pas le droit de fatiguer, s'il baissait les bras, il pouvait tout perdre. La grossesse de Juliet, son couple avaient été les deux derniers obstacles les plus difficile à surmonter. Le fait de se retrouver emprisonné dans les bras de Juliet par la présence de Logan lui faisait faire une croix sur tous ses plans à venir, et il avait vraiment du mal à sortir la tête de l'eau. Il n'y avait désormais que les moments passés avec son fils qui le rendait calme et apaisé. Avec Logan, il ne pensait plus à rien, il faisait abstraction du reste de sa vie pour se consacrer entièrement à ce petit être. Et voilà qu'Heathcliff s'y mettait à son tour. Adrian accueillait ses paroles avec difficulté, les mots de son petits frères étaient aussi tranchant qu'une lame de rasoir et n'avait sur Adrian que l'effet d'une bombe.

Son petit frère s'emportait de plus en plus, ne mesurant même plus l'impact de ses mots, il était lancé et rien ne pouvait l'arrêter, visiblement. Il lança alors: "Qu'est ce que tu dois savoir ? J'vais t'expliquer. J'voulais partir à Los Angeles une première fois, j'avais les billets, j'avais un travail là-bas, on m'offrait même un grand appartement. Mais non, je n'ai pas le droit d'y aller ! Tu m'as proposé une place dans ton cabinet pour que je reste. Tu crois savoir mieux que moi ce qui est bien pour moi et ce qui ne l'est pas. J'ai tenté de quitter le quartier une deuxième fois, encore une fois tu m'as retenu ! Entre la grossesse, la naissance de Logan, le déménagement, le cabinet qui a désormais besoin de nous trois... Je n'ai pas réussi à partir.". Adrian riposait sans attendre: "D'accord Heathcliff, d'accord. Tu penses que c'était une erreur que de vouloir veiller sur toi, de ne pas te laisser filer là bas tout juste diplômé pour que tu finisses par te faire bouffer par la concurrence? Mais ouvre les yeux Heaht', ouvre tes putains d'yeux et rend toi juste compte un instant. Apprendre que tu allais reprendre la place de Joshua, et que tout ça était un plan de Joey pour t'éloigner de nous, ça ne suffit pas pour te laisser penser que tu as bien fait d'intégrer le cabinet O'Conell?...". Adrian soufflait, et marquais un silence, il reprit ensuite: "C'est vrai, la deuxième fois tu as voulu partir et j'ai vraiment cru que tu allais le faire... Je ne voulais pas que tu partes, j'avais besoin de toi, et je te suis infiniment reconnaissant d'être resté après la naissance de Logan. Mais je ne t'ai pas forcé la main, TU as décidé de rester, TU as pris cette décision seul, et entre nous, si je t'ai influencé dans cette décision, alors oui je ne le cache pas, j'en suis vraiment vraiment heureux. Tu n'as pas réussi à partir oui... Mais admets que tu ne voulais surtout pas partir.".

Puis il finit par ouvrir la bouche, le laissant une fois de plus au pied du mur, le couperet au dessus de sa tête, Adrian encaissait les coups de ses mots, essuyait les échecs, visualisant une nouvelle fois leur relation qui, contrairement à ce qu'il imaginait, était loin, bien loin de se porter à merveille. "Au fait, qui vous as dit que je voulais devenir avocat ? Joey contrôlait ma vie quand j'étais plus jeune, c'est lui qui a fait de moi un avocat, sans savoir si ça me plaisait vraiment. Maintenant qu'il a d'autres occupations, tu prends la relève et contrôle à ton tour ma vie. Bravo mini Joey.". Sur ces paroles, Adrian s'approchait de lui et pointait mon doigt sur son torse, le poussant à reculer de quelques pas. Il criait: "Ne m'appelles pas "Mini Joey", je ne suis pas Joey... Je ne cherche pas à te faire du mal comme lui le fait. Quel connard es-tu pour me juger ainsi, tu connais bien mes intentions petit con! JE NE SUIS PAS JOEY, JE NE SUIS PAS CE PUTAIN D'ENFOIRE, TU M'ENTENDS?".

C'est peut-être le plus mauvais défaut que je trouve chez moi : Garder tout en moi jusqu'au jour où je pète vraiment les plombs et je balance tout. Aujourd'hui, il était temps que je raconte tout ça à mon frère. Sans m'énerver de préférence, mais c'était difficile. Plus je parlais, plus je m'énervais et haussais la voix. Je ne veux pas faire de mal à mon frère alors que lui m'en a fait, inconsciemment. Parler du passé n'allait nous avancer en rien, mais il fallait que je lui explique que tout a commencé lors de mon éventuel départ pour la Californie, juste après être diplômé. "Le plan de Joey a quand même marché mec ! Il voulait que Josh intègre ton cabinet... C'était ça son but et il a réussi. C'est juste moi qui suis de trop maintenant." Dis-je en me rendant compte une fois de plus que Joey était un gros connard. Il voulait que je quitte la ville pour que Josh me remplace et ait cette place au cabinet O'Conell. Je n'ai pas reparlé de cette histoire avec Josh, ni de son arrivée, mais j'aimerais bien avoir une discussion avec. On se croise seulement au travail et on reste professionnel, pour éviter les conflits de famille. Je provoque de plus en plus mon frère Adrian, en allant jusqu'au bout de mes pensées. Je suis prêt à tout raconter, que ça lui fasse mal.

Je continuais à faire les cents pas dans la maison, n'essayant plus de contrôler mes paroles. Je savais très bien qu'il allait devenir fou quand je l'ai appelé mini O'Conell. Il ne l'aime pas, autant que moi, et pourtant Joey ne lui a rien fait de mal, contrairement à moi. Il y a encore un an, je croyais que mon frère et mon père s'entendaient bien, parce qu'ils étaient très souvent ensemble, Adrian était le seul héritier, le seul que Joey considérait et le seul bien servi, à qui on ouvre toutes les portes parce que c'est l'aîné, le plus intelligent, le plus fort. Voilà ce que je pensais de mon frère et j'en étais jaloux. J'aurais voulu moi aussi être aimé par mon père mais j'étais un moins que rien à ses yeux. Il s'approche de moi et me met un poing au torse qui me fait reculer. Il se retient de ne pas m'en mettre une bonne, je le sais. Pourtant, je le mérite. "Je connais tes intentions Adrian, je sais qui tu es. Mais je ne sais plus qui tu souhaites devenir ! Regarde toi !" Dis-je en m'approchant de lui pour le pousser à mon tour. "Regarde ce que tu deviens. Regarde comment tu te comportes avec Juliet, Sasha, Jay et les autres. Et moi."

"Le plan de Joey a quand même marché mec ! Il voulait que Josh intègre ton cabinet... C'était ça son but et il a réussi. C'est juste moi qui suis de trop maintenant.". Heathcliff gardait cet air si froid, si déterminé à dire ce qu'il pensait, et Adrian n'appréciait pas du tout cette situation inconfortable. Il avait l'impression de lutter sans la moindre force, car il ne voulait pas qu'Heathcliff et lui se retrouvent une fois de plus à se faire la tête durant des mois. Il mesurait donc ses paroles même s'il trouvait celles de son frère aberrantes. "Mais n'importe quoi, tu sais très bien que son vieux plan à complètement foiré Heath! Arrête de dire des conneries, tu n'es absolument pas celui de trop dans cette famille. Joey est juste trop stupide, le jour où il se rendra compte que depuis la mort de maman il se comporte comme un vieux con, tu auras déjà bien avancé!". C'est vrai, Joey était devenu un sacré connard depuis la mort de Franny O'Conell. Adrian a encore le souvenir d'un père aimant, bien veillant, avant l'incendie de la maison de Boston. Les weekends où il emmenait ses fils en balade, découvrir de nouveaux horizons, ce sont les seuls souvenir qu'Adrian a gardé de son enfance. Après la mort de sa mère, il ne se souvient de rien, la mémoire sélective certainement. Il se souvient juste de comment son père a changé en si peu de temps, qu'il est passé d'un papa aimant, à un homme trop exigeant avec ses fils et sa fille. Absent, voir violent certaine fois, Joey avait vraiment tout foiré. C'était certainement pour cette raison que les membres de sa famille ne pouvait lui en être reconnaissant pour rien finalement. Il avait tout raté, et en beauté.

Lorsqu'Heathcliff insinua qu'Adrian était un mini Joey, qu'il était proche de la ressemblance, et qu'il finirait comme lui, l'avocat ne pu tolérer les paroles de son petit frère. Comme piqué au vif, il avait bondi du canapé pour se rapprocher dangereusement d'Heathcliff, énervé, et l'avait poussé du doigt, le faisant reculer de quelques pas. Et après avoir hurler comme un veau, Heathcliff revenait à la charge. "Je connais tes intentions Adrian, je sais qui tu es. Mais je ne sais plus qui tu souhaites devenir ! Regarde toi !" lança Heathcliff. Adrian ne comprenait pas cette remarque, il fronça les sourcils. Heathcliff le poussa a son tour. Adrian manqua de tomber sur la table basse. Il se rattrapa de justesse et se redressa. Il n'avait jamais été poussé de la sorte par son frère. Il écarquilla les yeux, mais n'eut le temps de riposter. Son frère l'attaquait une nouvelle fois par les mots. [i]"Regarde ce que tu deviens. Regarde comment tu te comportes avec Juliet, Sasha, Jay et les autres. Et moi!". Adrian dégluti, il ne s'attendait pas à une telle remarque, qui le mettait directement au pied du mur. Il ferma les yeux un instant, avant de passer ses mains sur son visage. Heathcliff avait probablement raison, mais Adrian refusait de l'admettre. Quelques jours plus tôt, il avait commis l'irréparable avec Sasha, il avait couché avec elle, dans le plus grand des secrets. Et si Juliet le découvrait, Adrian ignorait ce qu'il se passerait. De toute façon, il ne voulait en parler à personne, pas même à son frère. C'était bien trop dangereux. Quand à Jay, Heathcliff ignorait probablement que les deux garçons s'étaient rabibochés. Mais lorsque quelques mois plus tôt Adrian avait pensé à payer Jay pour l'éloigner d'Heathcliff, il s'était exactement comporté comme Joey. C'était tout à fait le genre de chose que le père O'Conell aurait pu faire. S'il n'y avait qu'une personne sur qui Adrian comptait réellement à présent, c'était bien Heathcliff, mais ce dernier semblait en douter une fois de plus. Le grand frère O'Conell souffla un instant, la tête toujours plongée dans ses mains. Les mots de son petit frère raisonnaient dans sa tête. Il se retourna et donna une grand coup de pied dans la table. Il perdait littéralement les pédales, lui qui pourtant savait garder son sang froid jusqu'au bout... Cette fois-ci, Heathcliff avait réussi à trouver la faille, accuser Adrian d'être comme son géniteur était sa plus grande faiblesse. Lui qui se refusait d'être comme son père ne pouvait nier qu'il empruntait progressivement le même chemin que lui. "PUTAIN!" hurla Adrian. L'homme s'en prenait à présent au fauteuil qu'il renversait par la force de ses bras. Il devenait incontrôlable, mais peut être était-ce plus judicieux de s'en prendre aux objets qu'à son petit frère. "PUTAIN DE MERDE! JE NE SUIS PAS COMME JOEY, JE NE SUIS PAS COMME CE CONNARD!". Son visage était dure, ses joues rouges, il était comme une bête enragée, et son petit frère l'observait sans vraiment savoir que faire. Adrian serra les dents, et les poings, puis il souffla longuement, tentant de se calmer.

Celui de trop dans cette famille. Je me sentais comme tel. J'me sens comme le vilain canard noir, celui qui n'a pas sa place dans cette famille. Pourtant je fais parti des O'Conell depuis 21 ans et Josh vient d'arriver. Il se sent plus chez lui et plus à l'aise. Tout ça parce qu'il s'entend bien avec le paternel. J'aurais aimé avoir de longues discussions avec Joey, parler de tout et de rien, sortir ensemble, hors les sorties pour le travail. j'aurais aimé avoir un père comme les autres, pas un homme politique qui pète plus haut que son boule. Adrian n'arrête pas de me dire que ce n'est pas moi qui suis de trop dans cette maison et je n'ai pas à penser à ça. Mais c'est plus fort que moi, je ne me sens pas chez moi avec toutes ces personnes autour de moi. Joey, Eliza, Josh. Ces trois O'Conell qui m'entourent tous les jours. Une personne "illuminait" mes journées dans cette maison et c'était Adrian. Mais lui aussi m'a abandonné et est parti faire sa vie avec sa femme et son enfant. J'aurais été égoïste en lui demandant de rester ou de s'installer au n°8 avec Logan et Juliet. Et ça risquait d'être difficile. Ils sont une famille maintenant, ils doivent avoir leur propre maison. Lorsque j'explique à Adrian que rien ne va dans ma vie depuis quelques temps déjà, je fais référence à lui même et son caractère de merde. Il ressemble fortement à Joey O'Conell et déteste que je l'appelle ainsi. Il serait même capable de m'en mettre une bonne pour que je la ferme mais se retient. Une fois lancé, je n'arrive plus à m'arrêter. Il faut que je stoppe si je n'ai pas envie de faire de mal à mon frère mais quelque chose me dit d'aller jusqu'au bout de mes pensées une fois pour toutes. C'est donc ce que je fais, et je stoppe pour attendre une réaction de mon aîné. Je ne m'attendais pas à ça mais Adrian commence à devenir fou. Il s'en prend au fauteuil, au table et hurle de toutes ses forces. Je ne sais pas quoi faire et je reste là, à l'observer. Mon coeur se met à battre plus vite et plus fort, comme si j'avais peur de ce qu'il pouvait se passer à présent. Je l'avais provoqué jusqu'au bout, je devais donc assumer les conséquences de mes paroles maintenant. Il avait l'air d'une bête prêt à attaquer. Je sens bien qu'il se contrôle pour pas s'en prendre à moi, parce que je ne supporterais pas et ne me laisserais pas faire cette fois, parce que moi aussi je suis énervé et hors de contrôle si ça va loin. Je ne sais pas si je dois le calmer et si oui, comment. Finalement, après avoir hurlé dans son coin et tapé un peu partout, il essaye de se calmer petit à petit. Adrian ressemble beaucoup au paternel sans forcément le vouloir et a du mal à l'accepter. Malheureusement, nous avons le même sang et portons le même nom de famille. Nous sommes tous les deux des mini Joey, qu'on le veuille ou non.

"Adrian, calme toi. J'suis désolé, ok ? Je ne voulais pas en parler, tu m'as forcé à tout raconter." C'est ça Cliff', continue de foutre la faute sur ton frère.

Je me dirige dans la salle de bain pour récupérer deux petites bouteilles d'eau. J'en jette une à mon frère et ouvre la deuxième pour en boire quelques gorgées. Je regarde autour de moi et le salon est dans un sale état. Heureusement qu'il n'y a personne à la maison.
"Je ne les supporte plus. Je n'arrive plus à vivre dans cette maison, seul."

"Adrian, calme toi. J'suis désolé, ok ? Je ne voulais pas en parler, tu m'as forcé à tout raconter.". Adrian se tourna face à Heathcliff et secoua la tête, puis leva les yeux au ciel. Le grand frère prit sa tête entre ses mains et se laissa tomber sur le canapé. Il ramenait ses jambes vers lui, les entourait de ses bras et plongeait sa tête afin d'y cacher son visage. Recroquevillé, perdu, il ne savait plus quoi faire, quoi dire. Il n'osait même pas poser les yeux sur les dégâts qu'il venait de faire, le salon était dans un sacré état, tout ça à cause de sa colère. Il avait perdu son sang froid, comme la fois où il avait faillit en mettre une à Andrew Davies. Il n'était plus capable de se contrôler, tout lui tombait si facilement dessus. Il en voulait à la terre entière, mais peut être devait-il avant tout s'en vouloir à lui même. Il resta là, dans cette position un moment. D'une voix éraillée, il répondit alors à son petite frère: "Arrête Heathcliff, arrête de me faire ça... tu me tues.". Adrian était vraiment à bout, c'était peut être la première fois qu'il se laissait vaincre par son petit frère, qu'il se montrait aussi faible. Enfin non, pas la première fois puisque lorsqu'il avait annoncé la grossesse de Juliet à Heathcliff, il n'avait pu s'empêcher de ne pas craquer devant lui. Et il refusait qu'Heath' ait cette image de lui, il préférait qu'il continu à le voir comme un modèle... mais Adrian en avait probablement besoin d'un modèle. Et jusqu'ici, il n'avait trouvé de modèle qu'en Joey. Et il comprenait douloureusement d'où il tenait un tel caractère, de telles manières de faire les choses, son côté connard et mauvais garçon, oui, un garçon immature, irresponsable... Un bruit assourdissant vint recouvrir les oreilles de l'avocat. Il plongea inéluctablement dans ses pensées, des pensées difficiles qu'il avait jusque là tenté d'oublier...

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Flash Back
Joey: Adrian, j'ai reçu tes notes du dernier semestre, si tu continus comme ça, c'est certain, tu sortiras major de ta promo. Félicitation fiston!
Adrian: Wow, depuis quand tu me fais des compliments papa?
Joey: Oh je t'en prie Adrian, je ne suis pas un monstre.
Adrian: Je ne dis pas ça, je dis juste que... tu me dis rarement ces choses là...
Joey: Et bien considère que mes paroles sont sincères! Et puis j'ai des raisons d'être fier de toi Adrian, tu deviens exactement l'homme que je souhaitais que tu deviennes. Je suis fier de ce que nous avons accompli.
Adrian: Moi aussi, je suis content... Mais Papa?
Joey: Oui?
Adrian: Ecoute, je voulais te parler de quelque chose qui... quelque chose qui m'embête, et je sais que tu n'aimes pas trop parler de tout ça... J'ai l'impression que tu t'intéresses trop à moi, et que tu oublis parfois que Claire et Heathcliff auraient bien besoin de ton attention...
Joey: Tu as raison, je n'aime pas pas parler de tout ça.
Adrian: Allez quoi Papa, c'est si difficile d'élevé à part égale tes trois enfants?
Joey: J'élève mes enfants comme bon me semble, Heathcliff et Claire n'ont pas besoin de moi. Mais toi, il ne faut pas que tu loupes ta carrière Adrian. Tu portes mon nom, et tu sais que tu n'as droit à aucun faux pas. J'ai tout misé sur toi, car je sais que tu es capable d'atteindre les objectifs que je t'ai fixé. Je veux être certain que tu mérites ton héritage, il ne faut pas que tu me déçoives. Alors cesse de perdre ton temps à essayer de comprendre pourquoi toi et pas les autres, d'accord?
Adrian: Ok... Excuse moi, c'est juste que...
Joey: Adrian, j'ai dit stop.
Adrian: Oui...

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Adrian releva la tête et alors qu'il cherchait son frère du regard, il se rendit compte que ce dernier avait quitté la pièce. Mais Heathcliff ne fut pas long à revenir. Adrian posa son regard sur lui, et ce dernier lui lança une bouteille d'eau. Adrian l'attrapa, l'ouvrit et en avala quelques gorgées. Il constata ensuite les dégâts qu'il avait fait, et soupira. Son petit frère pris enfin la parole, il lui confia qu'il n'en pouvait plus de vivre avec Joey, Josh et Eliza. Adrian hocha la tête, il pouvait comprendre. L'ex aîné de la famille se leva du canapé et dégagea du pied un coussin qu'il avait mis à terre durant son moment de folie. Il s'approcha de la fenêtre et souffla: "Prends tes affaires Heathcliff, il y a de la place pour toi sous mon toit.". Il n'avait jamais proposé à son frère de venir vivre chez lui, mais si Heathcliff voulait changer d'air et quitter le numéro 8, il devait savoir qu'il pouvait toujours aller chez son grand frère et y vivre quelques temps. De toutes évidence, Adrian le lui proposait car ça ne le dérangeait pas, et s'il pouvait pas la présente proposition prouver à Heathcliff qu'il n'était pas comme Joey, alors il en serait ravi. Mais Heathcliff avait probablement raison, Adrian ne pouvait échapper à son destin, il ressemblait peut être à Joey sans même le vouloir. Le fait même d'avoir succomber à la tentation, d'avoir couché avec Sasha faisait de lui un "mini Joey", et Adrian ne pouvait pas se le pardonner. Il voulait être honnête avec Juliet, tout lui dire, mais il avait peur qu'elle s'en aille... et surtout qu'elle parte avec Logan. Adrian avait peur de tout perdre, chose à laquelle il n'avait pas réfléchit avant de tremper si facilement son biscuit dans la crème anglais (bon ok c'est dégueulasse xD).

"Je me dirige dans la salle de bain pour récupérer deux petites bouteilles d'eau." Depuis quand on trouve des bouteilles dans la salle de bain. J'me suis même pas relue la dernière fois xD.

Mon frère a vraiment l'air perdu. C'est de ma faute, si aujourd'hui il se sent mal. Normalement non, mais je culpabilise énormément. Je ne voulais pas le mettre dans cet état. Quelqu'un devait lui ouvrir les yeux et lui montrer qui il devenait réellement. C'est moi qui l'est fait et j'assume, je ne regrette rien. Tout ce que je lui ai sorti est vrai et il le sait mieux que moi. Il ne s'en rendait juste pas compte jusqu'à maintenant. Je sens dans le ton de sa voix qu'il est faible et sens vaincu. Ce n'était pas dans mes intentions, je ne souhaite absolument pas devenir plus fort que lui. De toute façon, je ne pourrais pas, c'est lui mon modèle, et non l'inverse. Je vais dans la cuisine pour récupérer deux bouteilles d'eau dont une pour mon ainé. Je lui fais ensuite comprendre que je n'en peux plus de vivre seul avec le pire des connards qui puisse exister sur terre. Je m'approche du canapé pour m'y asseoir à mon tour. Je regarde autour de moi, soupire et repose mon regard sur mon grand frère, qui se lève pour s'approcher de la fenêtre. Il me propose de venir chez lui mais il ne pense certainement pas ce qu'il vient de dire.

"Tu crois quand même pas que j'vais accepter ?" Je soupire puis ouvre ma bouteille pour y boire une gorgée.

Il vient de s'installer il n'y a pas très longtemps avec Juliet et son premier enfant. Ils sont ensemble et forme enfin une famille complète. Je ne vais tout de même pas m'incruster dans leur petite vie de famille alors qu'ils n'attendaient que ça : Etre ensemble. Quoique, en ce qui concerne mon frère, je ne suis pas sûr. Il est encore perdu au niveau sentimental et reste avec Juliet que pour le petit bout.

"Mais t'as raison, je dois quitter cette maison. Le problème c'est que si j'quitte le n°8, Annie va peut-être vouloir habiter ensemble. J'suis pas sûr d'être prêt pour ça."

Ma vie de couple est aussi compliqué que celle de mon frère. J'ai l'impression de ne pas être fait pour une seule et même personne. Il y a beaucoup de filles dans ma vie, trois pour être précis. La première est ma copine, la deuxième une ex que j'embrasse à nouveau, et la troisième une fille qui me fait perdre mes moyens. J'crois que j'suis paumé.

Il y avait tant de raisons de perdre la boule ces temps ci. Quand plus rien ne se passe comme vous l'aviez espéré, imaginé, quand tout se casse la gueule sans que vous puissiez réagir à temps, sans que vous ne puissiez rien faire d'autre que d'attendre. Espérer que l'on va pouvoir se relever, au lieu de passer son temps à faire comme si tout allait bien... Adrian avait toujours eu le contrôle sur tout, et il n'attendait plus qu'une chose, regagner cette force qu'il avait peu à peu perdu depuis quelques mois. Si autre fois il n'avait pas droit à l'erreur parce qu'il s'appelait O'Conell, il se retrouvait avec une pression supplémentaire sur les épaules depuis la naissance du petit Logan. Clairement, Adrian n'avait plus la force d'avancer, tout lui tombait au coin du nez. Il était clairement devenu un aimant à problèmes. Il perdait complètement les pédales face à son jeune frère, qui jusqu'ici n'avait de lui que cette image d'homme fort, tenace, en faisant presque son modèle, son exemple.

"Tu crois quand même pas que j'vais accepter ?" déclara Heathcliff. Adrian s'attendait à ce genre de réponse. Heath' était aussi têtu qu'un O'Conell, aussi fier. Il n'allait pas accepter si facilement et passer l'éponge sur toutes les erreurs que son aîné avait pu faire. Adrian rit nerveusement avant de reporter son regard sur la rue de Cresent. "Tu fais comme tu veux... maintenant, si tu peux me supporter quelques mois supplémentaires, tu sais que tu peux venir chez moi..." répondit Adrian tout simplement.

La vérité était qu'avoir Heathcliff sous son toit pouvait l'aider à avancer, et ne pas se retrouver seul confronté à sa vie avec Juliet. Aussi difficile qu'il soit d'accepter cette nouvelle collocation, Adrian avait bien besoin d'une présence supplémentaire sous son toit. Mais il ne voulait pas n'importe qui. Andrew s'invitait déjà bien trop souvent, et Adrian le supportait de moins en moins... Mais s'il acceptait qu'un tel individu s'invite sous son toit, Juliet ne verrait aucun problème à ce qu'Heathcliff vienne passer quelques nuits au n°57.

"Mais t'as raison, je dois quitter cette maison. Le problème c'est que si j'quitte le n°8, Annie va peut-être vouloir habiter ensemble. J'suis pas sûr d'être prêt pour ça." ... Adrian hocha la tête et leva les yeux au ciel. Heathcliff pouvait bien refuser de vivre sous le même toit qu'Annie s'il ne le souhaitait pas. La jeune femme serait capable de le comprendre, et personne n'obligeait le jeune O'Conell à vivre en couple. Adrian s'avança près de son frère et lui dit: "Tu n'es pas engagé à Annie, si tu ne veux pas vivre avec elle, vis seul. Ca l'agacera quelques temps, elle boudera, mais elle finira bien par le comprendre...". Adrian plongea ses mains dans ses poches et ajouta: " Nous avons les ressources nécessaires pour bien vivre, si dépenser un peu d'argent pour avoir un logement, te permet de prendre ton indépendance et t'éloigner de Joey, n'hésite pas une seconde."

Mon frère avait changé. Il n'était plus ce modèle que j'admirais tant, ce grand frère sûr de lui et fier de tout ce qu'il fait, sans regret. Aujourd'hui, beaucoup de chose avait affaibli Adrian, dont son amour pour les deux femmes qui l'entourent, la naissance de son bébé qui l'empêchait désormais de faire ce qu'il veut. Ses choix doivent dépendre de cet enfant, ce qui veut dire qu'il a plus de responsabilités. C'est peut-être pour toutes ces raisons qu'il pète un plomb, sans compter les problèmes de famille et moi qui en remet une couche. Mais j'pouvais pas me retenir plus que ça, j'ai essayé de lui cacher la vérité, lui cacher tout ce que je pensais vraiment sur ce qu'il faisait et celui qu'il devenait. Mais il fallait que je lui ouvre les yeux. Mon frère me demande d'habiter chez lui quelques temps parce qu'il comprend enfin à quel point je ne supporte plus de vivre sous le même toit que le pire des connards. Mais je suis incapable d'accepter sa proposition, d'autant plus que je n'ai besoin de la pitié de personne. Je suis assez grand et je pourrais me débrouiller seul.

"Merci." Répondis-je tout simplement.

Je sais au moins que si j'ai réellement un problème dans cette maison et qu'il faut que je couche dehors, la porte du n°57 m'est grande ouverte. Je pense que Juliet aussi est du même avis que mon frère, elle m'aime bien donc elle n'y verra aucun inconvénient. Au pire, il y a l'hôtel.

"Oui, c'est plus facile à dire qu'à faire Adrian. Autant de sérieux me fait peur, j'ai jamais habiter avec une fille et j'sais pas si j'en suis capable." Quand j'y pense, j'suis vraiment pas prêt. "J'suis perdu avec elle aussi, mais ça c'est une autre histoire."

Avec tout ce qu'il se passe dans ma tête en ce moment, j'sais plus si ce que je vais est bien ou non. Je reprends ma bouteille d'eau, regarde une dernière fois autour de moi et soupire. Je bois une gorgée d'eau et me dirige vers les escaliers.

"J'vais prendre une douche, fais comme chez toi." Connard jusqu'au bout ce Heathcliff. J'aime bien lui lancer des piques et avoir le dernier mot. D'un autre côté, je n'avais pas totalement tort. Depuis qu'il s'est installé avec Juliet, le n°8 n'est plus chez lui.

Heathcliff se contenta d'un "merci", mais Adrian n'en attendait pas moins. Il ne savait pas si son frère était susceptible de venir s'installer au 57 un jour, mais si l'envie lui prenait, Adrian ne le laisserait pas à la rue. Il ne s'était pas toujours entendu avec son frère, et même si leur relation semblait encore tendue, Adrian était persuadé qu'elle avait tout de même quelque peu évolué. Il était plutôt confiant en l'avenir. Il s'était rendu compte de l'importance de pouvoir compter sur les membres de sa famille, même s'il émettait encore certaines réserves à ce sujet.

"Je pense que pour une fois nous sommes sur la même longueur d'onde..."répondit Adrian lorsqu'Heathcliff aborda le sujet de sa relation compliquée avec Annie. Adrian se rendait compte encore une fois qu'Heathcliff et lui n'étaient peut être pas si différents que ça. Ils étaient des O'Conell, voilà tout. Et être des O'Conell, chez eux, voulaient tout dire... Adrian passa sa main sur sa nuque et soupira longuement. Heathcliff s'empare de sa bouteille d'eau, en boit une gorgée puis se dirige vers les escaliers. Froidement, il déclare : "J'vais prendre une douche, fais comme chez toi.". Cette dernière phrase eut le don d'énerver Adrian, car encore une fois, son petit frère le provoquait en se servant de son départ du numéro 8 pour tenter de le faire culpabiliser. Mais Adrian ne culpabilisait pas, il ne culpabilisait plus. Il pensait normal d'être parti, il aurait de toutes façons eut à le faire un jour. Il n'avait de compte à rendre à personne, et si son petit frère ne se sentait plus à l'aise au numéro 8, alors il avait les moyens financiers d'investir dans un autre logement, et prendre son indépendance une fois pour toute. Les chemins se séparent, même au sein d'une fratrie. Ainsi est la vie, quand l'oiseau prend son envole, personne ne peut le retenir, il grandit, avance, évolue. Adrian regarda son frère s'éloigner dans les escaliers et lança: "Ce n'est pas parce que je pars que j'oublie Heathcliff... La raison de ma visite aujourd'hui pour preuve... Un jour tu finiras par comprendre." Adrian récupéra son blouson, regarda une dernière fois son frère, puis se dirigea vers la sortie, regrettant amèrement de ne pas avoir pu passer un moment sympathique avec son petit frère comme il l'avait pourtant prévu.