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Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy

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Billy Brentwood
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MessageSujet: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeDim 20 Jan - 19:58


Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Tumblr_lgil05tR4p1qbj0fio1_500
Harriet Beecher Stowe a dit : ❝ Les larmes les plus amères que l'on verse sur les tombes, viennent des mots que l'on n'a pas dit et des choses que l'on n'a pas faites. ❞


    Combien d'années de cauchemar ? De cris, de peur, de frayeurs noires et glacées dans la nuit ? De contrôle, d'oubli, de sang ? Les ténèbres vinrent caresser la joue de Julian, qui tenta de les chasser dans son sommeil. Le rire sournois, elles rappliquèrent aussitôt, s'abattant sur le corps nu du garçon. Pluie interminable, mousson tiède qui croquait la chair et la vie à pleine dent. Incapable de crier, le jeune homme vit ses bras arrachés par la noirceur, mastiqués et avalés. La douleur le déchirait littéralement, il crut bien son coeur exploser. L'air saturé qu'il inhalait par réflexe, par accoups, venait lui brûler les poumons. Il en reprenait cependant des goulées plus grandes encore, espérant que la torture cesse. C'était des clous par centaines qui sondaient son corps, pointillant la peau claire. La panique le força à se recroqueviller sur lui-même. Il avait peur, il avait mal. Il allait certainement mourir. Et ce sang bouillonnant dessinaient des arabesques écarlates sur son corps en feu.

    Julian se releva d'un bond. Sa main crispée sur sa poitrine, il dut attendre quelques minutes avant de sentir son coeur se calmer. Son réveil sonna peu après : neuf heures du matin.
    En un soupir, il quitta son lit trempé de sueur. Il tira les draps qu'il jeta en boule près de sa porte. Il s'efforçait de ne pas y penser, mais sa tête était baignée de chagrin. Deux ans déjà. C'était si long et si court à la fois. Julian préférait ne pas dater l’événement, mais c'était son corps entier qui le lui rappelait. Orphelin de mère depuis deux ans : comment l'oublier ?
    Le jeune homme s'approcha de son bureau, où il saisit un cadre. La photo le fit pleurer un peu, quelques larmes vaines et déjà passées. Il savait en quoi sa journée allait consister : se poster sur la tombe de sa mère et attendre. De toute façon, il n'avait envie de rien d'autre.
    Le drame l'avait éloigné de toute famille, d'une manière ou d'une autre. Son père et lui avaient réussi à maintenir le cap longtemps, jusqu'à ce que Daren ose remplacer sa défunte compagne. Avec sa soeur, c'était un mélange subtil d'indifférence et d'amour, de culpabilité et de peur. Ils auraient pu voir leur relation fusionner, mais rien de pareil ne s'était produit. Tant mieux, Joy se protégeait de lui sans même s'en rendre compte.
    Une dizaine de minutes plus tard, Julian était paré. Vêtu comme à l'ordinaire, un pull sur le dos pour ne pas prendre froid, il quitta sa chambre. En bas, il avala un chocolat brûlant et attendit sa sœur. Il savait qu'elle finirait par descendre, et c'était avec elle qu'il souhaitait rejoindre le cimetière. Leur père ne les accompagnait pas. Il ne vivait pas la chose de la même manière, cachait certainement ses émotions, se frustrait de ne pouvoir parler librement à son épouse en présence de ses enfants.
    Pour ce triste souvenir, Julian se refusait à acheter des fleurs. Il n'acceptait pas qu'on prodigue à sa mère les mêmes soins qu'à tous les autres macchabées des tombeaux voisins. C'était donc mains vides, le cœur lourd de chagrin, qu'il comptait se rendre sur la tombe d'Alicia King.
    Un bruit dans les escaliers l'obligea à lever la tête. Joy, comme prévu, descendait enfin.


Dernière édition par Julian King le Dim 1 Sep - 21:52, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeDim 20 Jan - 23:25

    Une ruelle, un chemin de terre et une vieille cabane abandonnée. Haletante, Joy continua de courir jusqu’à pouvoir enfin rentrer dans cette vieille maison. Il y faisait incroyablement sombre et elle n’y voyait vraiment pas grand-chose. La jeune femme plaça ses mains à l’avant et continua de marcher. La brunette trébucha et se retrouva au sol. A tâtons, Joy tenta de décrypter ce qui se trouva au sol, elle continuait de chercher alors que la réponse était logée dans sa tête depuis un bon bout de temps. Ce qui était à ses côtés, elle savait ce que c’était mais pourtant elle continuait de chercher encore et encore, ensuite Joy ou la fille qui semblait être elle – c’était très peu clair, à vrai dire – tenta de se relever mais quelque chose l’empêchait d’atteindre son but. Plusieurs fois, elle recommença, s’acharna et son cœur ne cessa d’accélérer… Une Xieme fois mais tout changea, la chose, le corps à ses pieds l’attrapa par la cheville et la fit glisser jusqu’à l’autre bout de la pièce.

    Dans un sursaut, la jeune King ouvrit les yeux et se rendit compte que tout ceci n’était qu’un cauchemar de plus. Ces derniers avaient cessés ces mois-ci, ils s’étaient estompés et avaient été moins effrayants, probablement une fausse joie. Joy se leva et découvrit qu’elle était totalement en nage tandis que son lit avait vécu la guerre : Sa couette était toute retournée quant aux oreillers, ils avaient basculés en dessous du lit. La jeune femme prit soin de tout remettre à sa place avant que son portable ne sonne, c’était un rappel : « Smile ». La jeune femme fit la moue, oui c’était aujourd’hui… Le jour où elle ne sourirait probablement jamais plus, mais c’était une manière inconsciente de ne pas oublier l’anniversaire de la mort de sa mère. Le cœur en miette, Joy se dirigea vers la salle de bain.

    Plus tard, Joy en ressortit vêtue d’un jean et d’un simple pull. Rien d’extravagant mais rien d’élégant non plus. La jeune femme avait hésité à sortir une jolie robe mais elle s’était résignée. Ce n’était pas la peine. Abattue, Joy descendit doucement les escaliers et découvrit Julian. Il était là, comme prévu. Une fois par an les enfants King savaient qu’ils se rejoindraient au rez-de-chaussée pour ensuite se diriger vers le cimetière.

    « Salut… »

    La jeune femme n’avait pas l’esprit à aller petit-déjeuner, elle n’avait la tête à rien aujourd’hui. Joy regrettait de ne pas voir son père au bas des escaliers mais la jeune femme savait très bien qu’il n’allait pas sur la tombe d’Alicia. « Reculer pour mieux sauter » se dit Joy. Elle avait appliqué ce mode de vie pendant presque deux ans, mais à présent, c’était terminé, elle était prête à combattre ces démons… Le plus dur restait à faire.

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Billy Brentwood
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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeDim 3 Fév - 1:12


Harriet Beecher Stowe a dit : ❝ Les larmes les plus amères que l'on verse sur les tombes, viennent des mots que l'on n'a pas dit et des choses que l'on n'a pas faites. ❞

    Le ciel s'était embrumé par delà la ville. Le monde s'était vêtu d'un voile gris comme ceux des veuves italiennes, endeuillées jusque dans le sang. L'herbe encore humide de la rosée du matin s'était dévalée de son vert tendre. Les roses à peine écloses paraissaient déjà fanées. Tout prenait la couleur bétonnée de la route. Julian et Joy la suivaient sans bruit, incapables de prendre la voiture. La cortège funeste se faisait à pied, comme pour répéter l'histoire, à imaginer le corbillard. Les deux enfants ne croisèrent personne. Les voisins s'étaient tus, les regards curieux disparus, la rue leur appartenait. La ville leur appartenait. Magnolia Cresent était le sanctuaire de leur douleur, et le cimetière qui se dessinait devant eux était le temple. Les premiers sépultures se découpèrent dans l'horizon, et un noeud se forma dans la gorge de Julian. Ils arrivaient, enfin, pour découvrir à nouveau mais comme pour la première fois, la dernière demeure de leur mère.
    Eparpillées dans l'herbe mouillée comme des étoiles perdues dans l'univers, les tombes se multipliaient chaque année un peu plus. Mais parmi toutes, il n'y en avait qu'une pour Joy et Julian. Qu'une seule et unique qui importait vraiment. Ils s'en approchèrent doucement, sans un bruit, en total harmonie avec le calme plat du cimetière. En l'apercevant, le jeune homme dut chasser ses sanglots. La pierre blanche qu'ils avaient choisi pour leur défunte mère ne semblait jamais s'altérer au temps. Elle scintillait littéralement sous un rayon de soleil curieux. Une mésange s'était posée sur une arête, et chantait. Une brise vint soulever ses ailes bleutées et Julian suivit l'oiseau jusqu'à une branche sur laquelle il s'accrocha.
    Alors les enfants s'approchèrent. Le jeune homme salua sa mère dans un soupir. Il avait bien un long discours à faire, mais il savait aussi qu'il avait une bonne matinée pour se libérer de ses tourments.

    -J'ai un peu parlé avec papa, ça c'est... un peu arrangé disons. Je sais comme ça se tourmente donc voilà. Il fallait que je te dise

    Impossible pour Julian de parler à sa mère en utilisant le passé. Elle était là, quelque part, dans ce monde. Sa vie n'avait certes plus rien de putatif, mais pour le jeune homme, ce n'était pas une marque de légalité que de penser à l'esprit ou d'être totalement rationnel. Aussi, lorsqu'il venait sur sa tombe pour se recueillir, Julian considérait sa mère comme appartenant à cette réalité réelle et immédiate.

    -Tu me manques tellement.

    Une larme glissa le long de la joue du jeune homme, mais il l'effaça vite avec son poignet. Il avait toute la journée pour pleurer, il fallait bien répartir ses sanglots.
    Mais le souvenir de sa mère assaillait son esprit. Il revivait chaque instant de cette macabre journée, il y a trois années, jour pour jour. Et la boule dans sa gorge ne cessait de battre la mesure, gonflée, gênante. C'était la même sensation que lorsqu'il avait compris qu'il ne reverrait jamais sa mère, qu'il ne la toucherait plus jamais, qu'il ne se réfugierait plus jamais dans ses bras. Cette douleur sourde, de celle qui néantise une vie entière jusqu'à la moindre molécule.


Dernière édition par Julian King le Ven 22 Fév - 22:54, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeDim 17 Fév - 15:51

    Cette journée était triste, fade, sans goût. Joy aurait voulu pouvoir fermer les yeux, et que ce jour soit déjà passé. Parfois, il fallait juste de trouver la force d’accomplir son devoir d’enfant. Effectivement, les King avaient perdu leur mère, et tout naturellement ils se dirigèrent vers le cimetière où reposait leur défunte maman. Tout semblait calme, même les rues de Magnolia étaient couvertes d’un silence pur. Julian et Joy marchèrent côte à côte sans un mot, pour ne pas changer.

    La douleur prenait le dessus à chaque nouveau pas qui les rapprochait du cimetière. Joy voulait montrer à sa mère, ainsi qu’à son frère qu’elle était plus forte qu’avant, qu’elle était prête à « faire le deuil », même si, au fond, la jeune King savait très bien qu’il était impossible de réellement bien vivre la mort de quelqu’un, surtout de sa maman.

    Lorsque Julian et Joy arrivèrent devant le cimetière, la plus jeune des enfants King respira profondément, et continua de suivre son frère jusqu’à la tombe de leur mère. La pierre blanche était toujours comme neuve, brillant au soleil. Un drôle de sentiment s’empara de Joy, elle ne parvenait pas à dire un mot, son regard fuyait toute trace prouvant la mort d’Alicia King. Elle écouta son frère expliquer à leur mère la récente conversation qu’il avait entretenue avec Daren, leur père. Joy était assez contente d’entendre cela, même si la famille King n’était pas encore au top, chacun des membres semblaient doucement reprendre le contrôle.

    Julian laissa ses émotions prendre le dessus, et avouer que leur mère lui manquait terriblement. Joy ne put retenir ses larmes plus longtemps, puis s’approcha de son frère, qu’elle serra doucement dans ses bras. Ce n’était pas parce qu’ils ne s’adressaient plus la parole que Joy ne comprenait pas ce que Julian pouvait ressentir…

    « Je pense qu’on est… des imbéciles. »

    Joy n’avait pas du tout pensé taper la conversation à son frère, elle n’avait pas imaginé en avoir marre de cette situation, d’essayer de comprendre ce que Julian pouvait ressentir. Toutes ses réponses avaient été sous le nez de Joy depuis… ce jour. Les enfants King étaient pareils, et étaient des idiots de s’être évités alors qu’ils auraient pu s’entraîder…


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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeVen 22 Fév - 23:59


Harriet Beecher Stowe a dit : ❝ Les larmes les plus amères que l'on verse sur les tombes, viennent des mots que l'on n'a pas dit et des choses que l'on n'a pas faites. ❞

    La pression ne cessait d'augmenter, rendant chaque mot plus délicat et ardu à prononcer. Julian sentait sa gorge se nouer, ses yeux s'embuer de larmes. Il aurait voulu faire abstraction, être fort une fois de plus, mais il ne pouvait lutter. Son chagrin coulait dans ses veines, contaminant chaque vaisseau, chaque organe, chaque tissu. Il était triste, au plus profond de lui-même. Mais ce sang visqueux bouillait aussi. De rage, de colère, de regrets enfouis. De culpabilité dévorante, malsaine. Et si les larmes avaient ce goût si amer, ce n'était pas par malchance. Julian n'avait pas perdu sa mère dans un coup du sort. Il n'y avait rien d'aléatoire, rien d'hasardeux. Tout avait été orchestré par un cerveau humain, par des mains tremblantes, par une volonté de fer. Et s'il ne comprenait pas ce qui avait poussé cet individu à tuer, il savait qu'il restait en liberté, prêt à recommencer.
    Dans son dos, la présence de Joy ne suffit pas à éloigner ses sanglots. Et l'étreinte qu'elle lui offrit n'arrangea rien non plus. Julian sentit la peine de sa sœur à défaut de voir clairement ses larmes. Sa douceur lui rappela celle de sa défunte mère, et cela l'emplit de nostalgie.
    Depuis ce maudit jour, Julian n'avait jamais réussi à aligner plus de deux phrases à sa sœur. Rien, aucune confidence, aucune impression. Leur relation qui n'avait jamais été fusionnelle s'était glacée dans du gel en ce jour, quatre ans auparavant. Dans les regards qu'ils échangeaient, il n'y avait que frustration, incompréhension, doute, chagrin. Et si ce mal qu'ils partageaient ne les avait pas rapproché, ce n'était pas par hasard ou malchance. Elle était là, il était là aussi. Ils avaient vu. Ils connaissaient la vérité. Cette horrible et sombre vérité.
    « Je pense qu’on est… des imbéciles. » Julian en fut tellement surpris. Etait-ce le ton, sincère et désolé, de Joy, qui le laissait ainsi interdit ? Le regard tourné vers la brune, il chercha des réponses silencieuses mais n'en trouva aucune.

    -Que... veux-tu dire ?

    Il y avait une chose que Julian craignait par dessus tout : c'était de mettre en danger les rares personnes pour lesquelles il éprouvait de l'amour. Joy, Daren, Lucy, même Lou en faisaient partie. Au départ, il avait eu peur de les blesser physiquement, pour une raison qu'il ne semblait pouvoir contrôler et comprendre. Mais depuis le temps, Julian avait réalisé qu'il y avait bien d'autres manières de risquer les vies de ses proches. Et la pire d'entre elles pouvait être déclenchée par Joy. Seulement, avait-elle conscience de ce terrible pouvoir ? Et si oui, avait-elle fait le choix de ne jamais l'utiliser ?
    Julian passa une de ses manches sur ses joues pour faire disparaître les larmes amères et inquiètes. Il gardait un œil avisé sur sa sœur et sur ce qu'elle avait à lui répondre.


Dernière édition par Julian King le Mer 3 Avr - 0:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeLun 1 Avr - 17:32

    Les années défilaient à une vitesse folle, la vie de Joy n’avait cessé de se frotter aux ennuis, pour enfin se ranger du bon côté. La perte d’un parent est une chose effroyable, et Joy n’aurait jamais imaginé vivre cela aussi tôt dans sa vie. Alicia n’aurait pas été très fière de sa fille. Avoir perdu le contrôle si facilement, avoir pu laisser sa vie glisser tout simplement, jamais Madame King n’aurait vécu cela. Cette femme était forte, solide, et avait toujours eu une très grande capacité à gérer ses émotions ainsi que celles de sa famille. Joy était tout le contraire, très fragile, très sensible, et ingérable par-dessus le marché. C’était comme ça, et le caractère se forge en grandissant… Cette phrase sortait de la bouche de sa mère à chaque fois que Joy en avait eu le besoin. Alicia n’avait pas eu tord, Joy avait pu se forger un caractère un peu plus fort avec les épreuves qu’elle avait vécu.

    Aujourd’hui, Joy avait pris en maturité. La jeune King s’était remise en question de nombreuses fois, et s’était posée des questions sur son père et sur son frère. C’était triste de se dire que la famille King avait été si vulnérable durant ces deux dernières années. A présent, Joy était prête à effacer ses erreurs, à tout recommencer mais surtout à prendre des risques pour rétablir l’ordre chez les King. Après avoir dis à Julian qu’ils étaient probablement les plus grands imbéciles du monde, celui –ci lui demanda, avec surprise, pourquoi ?

    Les yeux toujours humides, Joy fixa son frère pendant un moment. Cela faisait très longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés tous les deux à discuter sans crier. Aligner plus de deux phrases sans s’envoyer des insultes, était-ce à nouveau possible entre les enfants King ?

    « Julian… On est des imbéciles, tout simplement parce que personne d’autre que toi ne peut comprendre ce que j’endure, et vice et versa… Je pense… que maman n’aurait pas voulu que la famille finisse comme ça. Je te dis peut-être tout ça deux ans en retard, mais j’avais besoin de temps pour me rendre compte de mes erreurs…. On est des vrais imbéciles, voilà tout. »

    Peut-être que Julian n’aurait pas envie de parler à Joy, peut-être qu’il avait besoin d’être seul avec ses pensées mais Joy et lui avaient toujours été proches avant la mort de leur mère, et la plus jeune des King savait très bien que son frère et elle ressentaient la même chose. Ils étaient les mieux placés pour se comprendre, mais ils avaient été trop vulnérables pour s’en rendre compte…


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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeMer 3 Avr - 0:27


Harriet Beecher Stowe a dit : ❝ Les larmes les plus amères que l'on verse sur les tombes, viennent des mots que l'on n'a pas dit et des choses que l'on n'a pas faites. ❞


    Le temps était son pire et meilleur allié. Il l'avait su à la seconde où son cœur s'était figé, ou explosé. Chaque jour de cette vie serait un calvaire, il deviendrait un mort parmi les vivants, à la poitrine consumée par le chagrin. Il se rappelait les derniers sourires de cette femme qui l'avait porté et aimé, et ne pouvait se détacher du souvenir plus récent de ce visage livide et immuable à jamais. Sa mémoire déchirée en deux, présent et passé d'autre part, Julian n'avait su comment vivre. La réalité l'avait poursuivi sans se fatiguer, dévorant ses forces et suçant l'espoir et la vie qui l'animaient. Alicia King était décédée, et en ce jour funeste, lorsque le voile noir avait recouvert ce corps si frêle et fragile, comme du verre qu'un rien suffirait à piler, Julian s'était convaincu qu'il souffrait seul. La douleur de ce père qui chaque jour se décharnait un peu plus, il ne voulait en rien la partager. Et celle de sa sœur, qui vivotait dans les bras d'inconnus chaque jour différent, il la méprisait. Sa douleur à lui, était belle, sobre, en accord viscéral avec la personne qu'avait été sa mère. Il glissait dans un puits dans fond, tombait encore et toujours, sans jamais poser pied nulle part. Le vide l'entourait, l'absence de tout, la solitude, avec cette infinie souffrance qui broyait son corps. Il ne désirait jamais sortir de ces abysses glaciales, de peur d'oublier.
    Seulement, Julian se trompait.
    Et il lui avait fallu trois années pour s'en rendre compte. Trois années à tourner et marcher dans une même masse visqueuse qui l'engluait et le condamnait à ne jamais voir la lumière. Trois années à souffrir le martyr seul, isolé de cette autre qui vivait le même cauchemar.
    Son air intrigué s'évapora doucement. Julian comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire, désormais. Elle avait raison ; ils étaient de sombres idiots. Il allait sans dire que jamais Alicia ne les aurait laissé creuser le fossé entre eux si profond. Mais une petite flamme en lui, presque étrangère et nouvelle, réchauffa son cœur glacé. Joy savait tout, ou presque, et c'était largement suffisant pour que les insultes laissent place à quelques mains tendues. Pourquoi avait-il refusé d'y voir clair depuis tout ce temps ? Comment avait-il pu sombrer autant ? Et elle, elle qu'il avait vu se noyer dans la salive de ces types dont elle ne connaissait rien. Qui avait partagé son lit avec son chagrin, pour compenser, pour se punir aussi. Ses ténèbres avaient un goût de passion, une passion déchirante et sale, une sueur qui colle à la peau et qui souille des draps. Elle, qui désormais se tenait près de lui, sereine et réfléchie, grandie aussi. Comment s'était-elle débarrassée de ses démons ?
    Les questions lui brûlaient les lèvres. Mais contre toute attente, mu par un désir sourd de toucher cette autre qui lui ressemblait tellement, Julian se redressa et prit Joy dans ses bras.

    -Tu as parfaitement raison, murmura-t-il presque à bout de force.

    Il avait confiance en elle. Elle ne le trahirait pas, ni lui, ni cette vérité qui continuait de lui pétrir l'âme comme une vulgaire pâte à pain. Il lui avait fallu trois années pour quitter ses démons, et il le savait, le combat n'était pas fini. Mais au moins, il avait retrouvé une sœur.


Dernière édition par Julian King le Lun 17 Juin - 15:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeDim 26 Mai - 15:18

    Difficile d’accepter la mort d’un proche. Impossible serait plus de circonstance. La famille King n’avait jamais fait le deuil du décès d’Alicia, une épouse mais une mère avant tout. Joy et Julian s’étaient mis d’accord sur le fait d’aller chaque année ensemble au cimetière. La brunette n’attendait pas spécialement le jour J pour aller se reposer sur la tombe de sa maman, mais aujourd’hui, c’était symbolique. Les enfants King n’en avait pas discuté avec leur père, ils avaient besoin d’être seul ou presque. Julian et Joy ne se parlaient quasiment plus du tout. Ils se regardaient à peine, et préféraient se nier plutôt que de devoir s’adresser la parole. Mais aujourd’hui, Joy avait envie de changer la donne … Pourquoi ne pas tenter le tout pour le tout ? Pourquoi ne pas essayer d’adresser un regard à Julian ? Leur mère n’aurait pas été fière de ce qu’ils étaient devenus…

    La plus jeune des enfants King avait tout simplement lancé un « On est vraiment des imbéciles ». Julian n’avait pas tout de suite compris, et Joy avait donc décidé de lui expliquer son point de vue. Se tenir à l’écart l’un de l’autre avait été la chose la plus stupide qu’ils avaient fait puisque chacun se connaissait mieux que personne, et qu’aucune autre personne n’aurait pu les comprendre à part eux. Joy comprenait parfaitement ce que son frère pouvait ressentir par rapport à ce décès tragique. La famille était la chose la plus important aux yeux de la jeune King, alors elle serait prête à tout pour redonner une seconde chance à son frère, ainsi qu’à son père. Recommencer à zéro est parfois la meilleure solution…

    De manière inattendue, Julian fut du même avis que sa sœur. Et encore plus inattendu, il la prit dans ses bras. Ce contact réchauffa le cœur de Joy. Son grand frère était toujours le même au fond. Joy pouvait lui faire entièrement confiance même si durant ces dernières années ils avaient été des inconnus l’un pour l’autre.

    « Je serai toujours là pour toi quoi qu’il arrive. Et tu ne te débarrasseras pas de ta petite sœur aussi facilement ! On doit se soutenir, on doit prouver au monde… on doit prouver à maman qu’on est capable de réussir, de lui montrer qu’elle nous a bien élever et qu’on apprend de nos erreurs comme elle nous l’a toujours dis… »

    C’était difficile pour Joy de devoir citer sa maman, de devoir paraître forte devant cette pierre tombale qui était censée représentée une personne qui avait compté pour elle. C’était difficile mais elle était prête à faire de gros efforts. Joy se demandait bien où elle pouvait avoir été puiser cette force. Ces derniers mois, la jeune King avait été de plus en plus sereine, et c’était étonnant, mais elle sentait que quelqu’un veillait sur elle et que jamais sa maman ne disparaitrait de ses pensées, et de son cœur.


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MessageSujet: Re: Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Sometimes, even nightmares are nicer than reality / Joy Icon_minitimeLun 17 Juin - 15:18


Harriet Beecher Stowe a dit : ❝ Les larmes les plus amères que l'on verse sur les tombes, viennent des mots que l'on n'a pas dit et des choses que l'on n'a pas faites. ❞

    Joy était sans nul doute l'une des personnes les plus importantes pour Julian. Et si, pendant ces deux dernières années noires comme la suie, il n'avait su apprécier sa jeune sœur à sa juste valeur, il en percevait soudain la nécessité.
    Deux ans à se tourner le dos, à marcher dans des directions opposées, à se haïr et s'aimer silencieusement, à ne rien se dire, à s'inquiéter jusqu'à la démesure, à juger. Julian n'était pas fier de ses actes depuis ce jour. Il avait l'insoutenable impression d'avoir tout fait à l'envers, d'avoir menti et trahi. Mais malheureusement pour lui, on ne lui avait jamais laissé le choix. Les événements avaient forcé son destin, et la solitude était devenue omniprésente, comme une alliée discrète et pourtant si pesante. Cependant, mu par une force insoupçonnable, le fils King avait réussi à passer outre les décisions partiales et à retourner à la lumière. Lucy l'avait tant aidé à surmonter ce mal qui le pourrissait de l'intérieur. Et il s'avouait tendrement que désormais, il se sentait capable de revenir à sa sœur, et de l'aimer à nouveau, de la chérir et de la protéger, comme il l'avait toujours fait, avec une relative maladresse.
    Avec ce petit corps frêle au creux de ses bras, l'aîné des King se sentit dans le juste. Il n'y avait dans son geste aucune erreur : il s'était écouté et avait accepté de redevenir un frère. Et Joy le lui rendait bien, puisqu'elle profita de cette étreinte pour lui témoigner de son aide et de son amour. Elle invoqua l'éducation de leur mère, et les souhaits qu'elle aurait probablement fait pour eux. Julian était d'accord ; leur mère n'aurait jamais voulu qu'ils se déchirent de la sorte. Mais pouvaient-ils vraiment se blâmer d'une telle chose ?

    -Oui, elle préférerait nous voir comme ça, réussit-il à prononcer sans trembler, bien que la suite de sa palabre ne le gêne déjà. Je suis vraiment désolé, Joy. Tu sais que tout ça arrive à cause de moi, il l'écarte un peu de lui, pour pouvoir observer son visage, je... il ne faut rien dire.

    Les mots s'étaient détachés et le son avait faibli. Julian baissa les yeux, ne pouvant supporter le regard de sa sœur sur lui. Il lutta avec une larme téméraire et vainquit. L'heure n'était pas aux sanglots, il devait s'assurer que Joy ne dirait rien, qu'elle garderait pour elle tout ce qu'elle avait entendu, vu, vécu. Toutes ces années n'avaient certainement pas altéré le souvenir poignant, le mensonge, la terreur. Toutes ces horreurs devaient se tapir dans un recoin de sa mémoire, et aussi difficile et douloureux que cela pouvait l'être, Julian espérait que cela y reste.

    -S'il te plait, parvint-il à rajouter avant de se mordre nerveusement la lèvre.

    Maintenant que les King souhaitaient retrouver leur rang de famille, certaines choses nécessitaient d'être éclaircies. Et Julian était sûr que Joy accepterait sa demande. Elle désirait être là pour lui, il en ferait de même. Après tout, il l'aimait, alors la protéger était une condition tacite à leur relation. Mais pour ce faire, il existait des choses qu'il fallait dissimuler. Et le jeune homme n'avait guère de mal à imaginer que sa sœur en détenait une partie.
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