Les yeux rivés sur la route, les mains posées sur le volant, Adrian parcourait les quelques kilomètres qui le distançait de ce quartier où il avait grandit. Magnolia Crescent, un quartier qu'il n'avait jamais réussi à quitter, peut être parce qu'il craignait de se lancer dans l'inconnu, peut être parce qu'il y était trop attaché. En déplacement ces derniers jours, il avait tenu à rentrer à temps pour récupérer auprès de Juliet leur fils, pour le weekend. Il ne manquerait pour rien au monde ce si précieux moment. Aujourd'hui, il était ce père célibataire dont personne n’enviait la situation. Il ne la supportait pas non plus, mais il préférait ne pas penser à l'avenir, ne plus faire de plan, car il ignorait ce que l'avenir lui réservait, et tout ceci l'inquiétait. Il se sentait affaiblit, hors de la course... autant dire qu'il n'avait absolument plus la force de se battre contre la tribue Davies, et que le simple fait de croiser Juliet l'angoissait. Impossible pour lui de balayer ce weekend à Wilmington où tous deux avaient fini par revivre leur amour tel qu'il le fut des années plus tôt. Mais lorsque la réalité refit face, Adrian n'eut d'autre choix que de capituler. Il avait perdu Juliet, cette fois-ci pour de bon. Il le savait très bien, rien ne pourrait la ramener à la maison. Le simple fait de le pardonner de ses erreurs était pour elle inconcevable. Adrian se résignait avec difficulté à faire une croix sur Juliet et tout ce qu'ils auraient pu vivre ensemble. Pour autant, il ne voulait pas baisser les bras aussi facilement. Elle méritait qu'il se batte pour elle, envers et contre tous, et qu'il puisse lui prouver qu'elle pouvait lui accorder à nouveau sa confiance, et que cette fois-ci, il ne la trahirait pas. Encore fallait-il que la jeune femme ait envie de retourner dans ses bras, et il semblerait que le chemin soit long jusqu'à ce qu'elle y parvienne. Telle était donc leur situation à présent, celle de deux amants déchus, perdus... avec pourtant un but commun, offrir à leur fils Logan une belle enfance, une bonne éducation, et un bel avenir. Adrian ne faillirait pas à cette nouvelle mission que la vie lui offrait. S'il y avait bien quelque chose qui le différenciait de son père aujourd'hui, c'était l'amour qu'il pouvait apporter à son enfant.

Et des enfants, il en voulait d'autre. D'abord inquiet et retissant, il s'était finalement découvert une casquette de papa qui lui allait plutôt bien. Bien sûr, avoir un autre enfant n'était pas dans ses plans tout de suite, mais c'est la seule perspective d'avenir qu'il s'octroyait.

Il ne tarda pas à passer le panneau "Welcome to Magnolia", et pénétra progressivement dans la ville. Il fila tout droit vers la main street de Crescent, direction le numéro 10 où il trouverait probablement son ex et regrettée fiancée. Il gara sa voiture dans l'allée, coupa le moteur, détacha sa ceinture et sortit de son véhicule. Il n'était pas vraiment à l'aise, et son coeur battait la chamade. Il était stressé, quelque peu déboussoler. Il allait se retrouver une fois de plus face à Juliet, et comptait bien avoir une nouvelle conversation avec elle. Il avait quelques doutes, quelques questions dont il aurait aimé qu'elle lui donne de vraies réponses. Mais il devait être patient, et aborder les choses avec calme et diplomatie. Encore fallait-il qu'elle se trouve chez elle à cette heure-ci. Plongé dans ses songes, il ne remarqua pas tout de suite la jeune femme assise sur le porche. Elle était bien là, il n'était donc pas venu pour rien.

Adrian afficha un sourire gêné, et s'avança jusqu'à Juliet. Elle avait installé le petit Logan dans son parc à jeu, et Juliet profitait de ce moment calme pour s'adonner à de la lecture. "L'éditrice se prépare à faire naître un nouveau best seller?" lança Adrian pour aborder Juliet. Il s'approcha d'elle pour lui donner l'accolade. Elle se laissa faire. C'était déjà ça. Il s'approcha ensuite de Logan, qui saisit dans ses bras. Il le porta jusqu'à son visage et déposa un baiser sur sa petite joue. "Salut bonhomme!" lança t'il. Raaaah, il l'aimait tellement son fils. Il le redéposa dans son parc, et se tourna vers Juliet. "Bonne semaine?" demanda t'il. Il plongea ensuite ses mains dans ses poches, ne sachant quoi en faire. Il avait du mal à soutenir son regard... la séparation était encore fraîche, et donc difficile à supporter.

« Disons plutôt que l’éditrice relit un best-seller. Tu t’en souviens ?». Adrian regarda un instant le livre et hocha la tête. Oui, il reconnaissait bien là ce livre qu'il lui avait offert quelques années plus tôt. Une fois de plus, sa mémoire était mise à contribution, et les souvenirs déferlaient dans sa tête. Cette époque était belle, pas l'ombre d'un soucis. "Encore? N'est ce pas la dixième fois que tu lis ce livre?!" lança t'il. Il se souvenait qu'il était l'un de ses livres préférés, et que ce n'était pas la première fois que Juliet le dévorait. Il s'approcha ensuite de son fils pour l'embrasser, puis demanda à Juliet si elle avait passé une bonne journée.  «  Epuisante, pour être honnête. », répondit-elle. Adrian esquissa un sourire timide, par pure compassion. Lui aussi était fatigué, et il n'avait pourtant pas la tête à aller bosser tous les jours depuis son retour à Magnolia. Il supportait de moins en moins de vivre cette situation tendue, et de ne pas pouvoir trouver la paix. "J'espère que tu continues à prendre ton traitement. Repose toi un peu, je sais comme un accident peut être éprouvant.". En fait, non il ne savait pas du tout, mais il l'imaginait bien. Adrian n'avait jamais eu d'accident, et il croisait les doigts pour ne jamais en avoir. "Je suis passé voir le garagiste, il m'a dit que tu pourrais récupérer ta voiture sous quinze jours. C'est plutôt une bonne nouvelle!" ajouta Adrian avant de sortir de son sac les papiers du véhicule de Juliet pour les lui rendre.

Puis Juliet se leva sur ses deux jambes, et se présenta droite comme un "i" face à Adrian. « J’ai passé la semaine à faire mes cartons pour partir d’ici. Rassure-toi, je ne pars pas bien loin. C’est juste que je commence à étouffer dans ce quartier et j’ai sérieusement besoin de prendre mes distances avec ma famille. Je veux être seule avec Logan. Du coup j’ai trouvé une petite maison à louer à quelques kilomètres d’ici. Logan et moi on va y passer notre première nuit ce soir. Hum… tu peux venir si tu veux. Après tout, tu te sentiras sans doute plus rassuré lorsque tu auras vu où vivra ton fils à l’avenir.» annonça t'elle à Adrian. Le jeune avocat hocha la tête, elle partait vraiment s'installer seule. Cette idée ne lui plaisait pas vraiment, bien sûr il aurait préféré qu'elle choisisse de regagner leur maison, mais elle ne la considérait plus comme telle. D'un autre côté, ce n'était pas si mal pour elle que de quitter le domicile des Davies. Elle avait certainement besoin de se retrouver chez elle, avec son fils, au calme. Et puis Adrian était venu lui annoncer quelque chose également, qu'il se garderait un peu de lui dévoiler pour l'instant. Il voulait attendre d'en être réellement certain, et en même temps, il pensait vraiment prendre la bonne décision. Adrian esquissa un nouveau sourire, et hocha la tête affirmativement. "Ah, c'est... c'est une bonne nouvelle... Euh, oui j'allais te le proposer. Tu as probablement d'autres meubles à emporter, si je peux t'être utile.". Non vraiment, il n'accueillait pas cette nouvelle avec la plus grande joie, mais il ne pouvait faire autrement que d'afficher la tête du gars gentil et heureux pour son ex fiancée. Il était tout de même rassuré que Juliet lui propose de venir visiter l'endroit où elle et son fils allait désormais vivre.

« Et toi, comment tu vas depuis … depuis qu’on est rentrés ? »... la question qui fâche. Adrian hocha la tête, il n'avait pas vraiment envie d'aborder ce sujet sensible. Il ne pouvait pas être honnête et lui dire qu'il passait son temps à se morfondre, qu'il n'avait plus aucune activité, qu'il ne sortait même plus, et qu'il se réveillait toutes les nuits en cherchant la main de Juliet pour finalement se rendre compte qu'il était désormais bien seul. Il déglutit, et lui répondit assez sèchement: "Ca va... Je m'en sors.". Il passa sa main sur sa nuque, et resta là, silencieux. Il posa ensuite ses yeux sur son fils. Il était bien difficile de se résigner, d'autant plus qu'il savait désormais que Juliet ne reviendrait jamais. Vivre dans une nouvelle maison avec Logan était un premier pas vers l'indépendance, et Adrian supportait mal le fait d'être relayé au second plan, comme si son avis ne comptait plus, comme s'il n'existait plus dans leur vie. Finalement, ces derniers aveux ne pouvaient que le conforter dans sa prise de décision soudaine... C'était peut-être bien la fin de tout.

« La dixième fois rien que ce mois-ci, sans doute.». Adrian décrocha un rire timide. Dans un sens, il était heureux de voir que Juliet aimait lire et relire le livre qu'il lui avait offert. Comme quoi, il ne s'était pas trompé dans son choix. D'un autre côté, il était triste de se rendre compte que tout était terminé, et qu'il n'aurait plus l'occasion de lui faire ce genre de petit cadeau... Quoi que, ils n'avaient pas besoin d'être ensemble pour qu'il puisse lui faire plaisir. Il connaissait tout d'elle, ses goûts, ses écrits préférés, ses envies. Personne d'autre que lui ne pouvait connaitre mieux Juliet. Pourtant, quand il avait appris que la jeune femme avait voulu en finir avec la vie, il s'était retrouvé bien bête. Il avait compris que finalement, il ne la connaissait plus si bien que ça.

« Ce n’est malheureusement pas l’accident qui fut le plus éprouvant dans tout ça.» dit-elle. Il hocha la tête et se contenta de répondre un "Je sais Juliet." d'un air complètement désolé. Et désolé, il l'était, mais ça n'avait plus d'importance, au final être désolé ne changerait plus les choses. Ses excuses ne serviraient à rien, alors il devait bien se résigner... il avait perdu, game over O'Conell.

Il lui fit ensuite part de son passage au garage. Malgré la violence de l'accident, la voiture de Juliet avait réussi à survivre. Toutes les pièces étaient en réparation, et il ne resterait plus qu'à la récupérer sous quinze jours. "Je ne l'ai pas fait par obligation... mais je te connais bien. Un garagiste serait capable de t'entuber, et je n'y tiens pas vraiment! La voiture était certes dans un piteux état, mais en tout cas, elle ne finira pas à la casse!" répondit-il gentiment.

Elle finit par lui annoncer son départ, une nouvelle qu'il aurait encore du mal à digérer dans les prochains jours, mais la vie était parfois faite de déceptions, Adrian devait s'y faire. Il continua à afficher la mine du mec cool et compréhensif, lui proposant même de l'aider à rapatrier quelques meubles jusqu'au nouveau domicile de la mère de son fils. S'il se montrait si gentil, ce n'est pas parce qu'il attendait qu'elle lui en soit reconnaissante, non. Après toutes ces années vécues ensemble, Adrian ne voulait pas rompre le contact comme ça, et traiter Juliet comme une inconnue. Il demeurerait son premier amant, même au delà de leur séparation, et serait là lorsqu'elle aurait besoin d'aide. Il ne se voyait pas agir autrement avec elle. Et puis quelque part, il se disait que de cette façon il ne la perdre pas totalement à tout jamais... Finalement, elle lui annonçait qu'elle avait investit dans un nouveau mobilier et une nouvelle décoration. Il soupira légèrement, se rendant compte que tout ce qui les liait ne comptait plus vraiment pour la jeune femme, et qu'elle avait réellement envie de passer à autre chose. Il ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait même raison. Mais Adrian n'arrivait pas à l'accepter. Néanmoins, il hocha la tête, prêt à l'aider à emmener ses derniers cartons. "Ou tes cartons oui! Peut importe, du moment que tu as besoin d'un peu d'aide, tout me va!"

Quand elle lui demanda comment il se sentait depuis leur "retour", Adrian ne pu s'empêcher de lui laisser penser que rien n'allait vraiment, même s'il semblait dire le contraire. Elle le remarqua très certainement mais évita d'entrer dans cette discussion qui se promettait compliquée. Elle fit mine d'être satisfaite pour lui, et à ce moment là, il aurait juste voulu se mettre à pleurer comme un gamin, mais à quoi bon... Ce n'était pas nécessaire. Elle changeait de vie, il devait faire de même, une bonne fois pour toute. Au final, il savait qu'il finirait par prendre la bonne décision, et les agissements de Juliet à son égard finissaient de le convaincre. Une nouvelle fois, il attendrait un peu avant de se livrer sur ses plans futurs.

Elle ne tarda tout de même pas à lui demander s'il n'avait pas autre chose à lui annoncer ou lui dire. Si, il y avait bien une chose: une chose qui d'ailleurs avait d'une certaine manière motivé sa venue aujourd'hui. Mais comment aborder le sujet sans se faire envoyer sur les roses? C'était quasi impossible. Et pourtant ce sujet lui brûlait les lèvres. "Est-ce qu'on peut continuer cette conversation à l'intérieur par contre?" lui demanda t'il en la fixant droit dans les yeux. Il n'avait pas envie qu'on les espionne, surtout pas Dirty Secret. Cette salope était vraiment partout, et Adrian ne la supportait vraiment plus. "S'il te plait?" insista t'il.

« Hum… oui bien sur…». Ils passèrent le pas de la porte. Adrian regarda tout autour de lui. Il restait quelques cartons pas encore fermés, une pile d'habits qu'elle devrait également emmener. Finalement, elle allait vraiment avoir besoin de son aide, sinon de celle de son si cher frère Andrew, certainement satisfait d'une telle nouvelle. D'ailleurs, Adrian ne l'avait pas croisé depuis un moment... qu'il en demeure ainsi. Il avait malheureusement appris la mauvaise nouvelle au sujet du bébé de Lou et Andrew. A vrai dire, il ne s'y attendait pas, et avait eu beaucoup de mal à faire face à une Lou triste et désoeuvré. Adrian lui avait cependant promis son soutien et son aide pour traverser cette difficile étape de la vie. Quant à Andrew... Andrew avait Juliet tout à lui maintenant.

« Alors … que se passe-t-il ? J’aime pas quand tu fais ça, ça m’angoisse…» lança Juliet. Mon dieu, elle se montrait bien impatiente ! Que craignait-elle au juste? Elle faisait ses petits plans de son côté maintenant... Adrian doutait fort qu'elle se soucis de lui à présent. Alors pourquoi se disait-elle angoissée? Elle ne tarda pas à l'attaquer de plein fouet avec cette nouvelle réplique: « J’espère que t’as pas l’intention de t’en aller O’Conell, sinon je t’assure que ce sera véritablement la guerre entre nous. Mes sentiments, je m’en fiche. J’ai appris à les reléguer au second plan depuis longtemps sans quoi je vais finir par perdre la tête mais t’as pas le droit de faire ça à ton fils. Logan a besoin de toi. Et je veux pas que mon fils grandisse sans son père … donc j’espère pour toi que ce que tu comptes m’annoncer n’a rien à voir avec un éventuel départ.». Adrian se mis à rire. C'était à peine croyable! Juliet... Juliet Davies! Juliet Davies s'inquiétait de le voir partir... Il s'était toujours fait la promesse de ne pas faillir à son rôle de père, ce n'est pas maintenant qu'il compte abandonner son fils... Mais c'est étrange de la part de Juliet de réagir ainsi. Ne montrerait-elle pas là sa crainte de perdre Adrian? Elle qui faisait tout pour lui montrer qu'il n'avait plus aucune importance à ses yeux, était peut être en train de se prendre à son propre jeu. O'Conell secoua la tête, et leva les yeux au ciel. Il préféra passer à côté de cette interrogation quelque peu agressive... Bien qu'il aurait d'ors et déjà pu répondre à ses interrogations... Il se contenta de revenir sur ce qui avait motivé sa venue, éclaircir un point bien précis avec son ex fiancée.  

L'air calme, très serein, il dit: "Une question me perturbe depuis quelques jours, je n'arrive pas vraiment à m'en défaire. J'aimerais avoir la certitude que ce que j'ai vu n'est pas, ou est, ce que je crois. Et comme finalement on ne peut faire confiance à personne, tu es bien placée pour le savoir, autant s'adresser à la principale intéressée!". Il ne la quittait plus des yeux, cette question lui brûlait les lèvres. Il ne savait pas vraiment comment s'y prendre, même si dans tous les cas il risquait de l'agacer... tant pis, qu'avait-il à perdre de plus de toutes manières? "Je veux juste que tu répondes à ma question par "oui" ou "non". Est-ce que tu "fréquentes" mon associer Frederik?" demanda t'il le plus naturellement au monde. Son visage ne témoignait aucun sentiment, il n'était pas en colère, il ne se montrait pas triste même si au fond il l'était... il se contentait de paraître le plus neutre possible, une façon de garder la tête haute, et de ne pas se laisser abattre comme un vulgaire gibier.

« Rassure-moi, c’est une plaisanterie n’est-ce pas ?» déclara t'elle l'air dédaigneuse. Adrian la dévisagea, et secoua la tête. "Du tout..." répondit-il sèchement. Son visage se figea lorsqu'elle affirma qu'elle fréquentait Fred, et qu'elle ajouta qu'il était de charmante compagnie, qu'elle passait du bon temps avec lui. Il déglutit doucement, tandis que ses poings et son coeur se serraient. Non, il ne voulait pas être oublié et mis de côté par Juliet. Il ne le supportait pas. Il retenait son souffle jusqu'à ce qu'elle reprenne en vain la parole. O'Conell était fâché, et l'entendre dire de telles paroles lui faisait vraiment du mal. « Fréquenter ne veut pas dire s’envoyer en l’air. Il se trouve que Fred et moi nous sommes découvert de nombreux points communs. J’aime passer du temps en sa présence et cela semble réciproque. Je ne vois pas trop où est le mal. Quand bien même ferions-nous plus que nous amuser ensemble, il faut bien que tu comprennes que cela ne te concerne plus. En couchant avec elle, tu as renoncé à moi.». Nous nous sommes découvert de nombreux points communs? Tu parles... Celui d'être les deux cocus du village par exemple? Adrian leva les yeux au ciel, il détestait tellement ce qu'il était en train d'entendre. Au fond de lui, il le savait, c'était de sa faute si Juliet agissait ainsi à son égard. Il ne l'avait encouragé qu'à aller dans ce sens. Le "il faut bien que tu comprennes que cela ne te concerne plus" avait beaucoup de mal à passer. Il se prenait une nouvelle claque. Il en avait assez de se faire envoyer bouler de la sorte. Même s'il le méritait, il ne pouvait pas laisser Juliet le traiter de la sorte. Il n'était pas ce vieux mouchoir usager que l'on jette comme ça. Il valait bien plus, et quoi qu'il ait fait, il ne méritait pas qu'on lui parle de la sorte. Il soupira, et son regard se figea dans celui de la jeune Davies. "Très bien... Tu fais bien ce que tu veux, je demandais juste." souffla t'il à son ex fiancée.

« Qu’est-ce que tu pensais Adrian ? Que j’allais refaire ma vie en un claquement de doigt ? J’arrive déjà pas à me faire à l’idée que nous ne formons plus un couple alors comment veux-tu que je parvienne à faire de la place à un autre homme ? C’est toi qui a cessé de m’aimer, non l’inverse.» Et c'était faux. Il ne cessait de le lui répéter, mais visiblement, elle ne pouvait pas en prendre compte. Il n'avait jamais cessé de l'aimer, d'où la complexité de cette relation, la difficulté de cette séparation. Il n'aurait eu aucun scrupule à la laisser partir s'il avait vraiment cessé de l'aimer. Elle se fourvoyait, refusait de comprendre que derrière le connard qu'il avait été, il y avait encore ce jeune homme de 15 ans fou amoureux d'elle. Amoureux, mais il ne savait plus comment l'être suffisamment. Du moins à l'époque de sa tromperie. Oui, car cette séparation avait réveillé chez lui ces sentiments endormis, et il n'arrivait plus à ce défaire de Juliet Davies, son esprit était sans cesse occupé par le souvenir de cette jeune fille, rencontré 12 ans plus tôt, et pour qui il avait consacré sa courte vie. « Ta curiosité est satisfaite, c’est bon ? ». Il ne pris pas la peine de répondre, il se contenta d'hocher la tête. Pourquoi s'énervait-elle ainsi? Si le cas d'Adrian ne la regardait plus comme elle semblait si bien le dire et le montrer, pourquoi s'évertuait-elle à le gronder à chaque fois qu'il posait une question qui ne la mettait pas à l'aise? C'est vrai, elle aurait pu simplement lui dire qu'elle ne fréquentait pas Frederik en tant qu'amant calmement, gentiment, et brièvement. Non, il avait encore fallu qu'elle mette Adrian face à ses erreurs, Sasha, sa tromperie, pour lui rappeler qu'il l'avait bien cherché. Elle ne tarda pas à en rajouter une couche, qu'Adrian encaissa, comme à son habitude. « Heureusement que toutes les femmes ne sont pas comme elle...»

Alors quoi? Ils en étaient rendus à ça? C'était à celui qui ferait le plus de mal à l'autre? Adrian pouvait bien le comprendre, mais il aurait bien du mal à continuer sur cette lancée. Il était peut être temps d'être honnête envers Juliet. Ce n'était pas une décision qu'il voulait prendre à la légère, mais voila quelques jours qu'il y réfléchissait. Il n'était plus exclus qu'il décide de "refaire sa vie" autrement. Elle lui tournait à présent le dos, et il ne le supportait plus. Il n'en voulait plus de ces querelles, il cherchait juste à fuir... Il ne voulait plus l'affronter de la sorte. Il ne voulait pas faire semblant et tenter de paraître des plus naturels face à Juliet. Il ne voulait pas être un simple ami, un simple membre évincé de sa famille, un simple parent. Il ne voulait plus se sentir si coupable face à elle. Alors il le savait, c'était le moment... le moment de tout lui dire.

"Je ne quitte pas Logan... Je ne ferai jamais ça à mon fils. J'ai peut être été un connard pour notre couple, mais je ne serai jamais un mauvais père. Et je ne serai pas un père absent. Je nous quitte nous, car je ne supporte plus de te voir sans pouvoir t'approcher, te serrer contre moi, t'embrasser comme tu m'as laissé l'occasion de le faire à Wilmington. Je ne supporterai plus de te croiser dans Magnolia en me disant que je ne t'aurai plus jamais à mes côtés, je ne veux plus vivre dans cette maison qui me rappelle chacun de nos plus précieux souvenirs... J'ai lancé une procédure de cession du cabinet O'Conell à mes frères ce matin même, et je m'apprête à mettre notre maison en vente. Oui Juliet, je m'en vais... Si je ne peux pas te récupérer ici, alors je n'ai plus rien à foutre dans cette ville. Ne sors pas tes armes, je n'ai pas envie de me battre, je n'ai pas envie de nous faire la guerre comme tu l'exprimais si bien. Je m'avoue déjà vaincu, d'où mon départ... Et ne t'inquiètes pas pour Logan et le père que je suis, je me fiche du nombre de kilomètres qu'il me faudra parcourir chaque weekend pour profiter de mon droit de visite. Je ne suis pas Joey...". Voilà... Il avait finit par le dire, par assumer enfin ses intentions de quitter définitivement la ville qui l'avait vu grandir. Le lui dire lui déchirait le coeur, mais il ne se voyait plus vivre autrement. Il était amoureux... et le moindre contact avec Juliet, comme l'accolade qu'il lui avait donné en arrivant quelques minutes plus tôt l'avait presque tétanisé. Apprendre sa petite escapade avec Fred, même s'il s'agissait d'une simple sortie entre potes, l'avait rendu malade. Juliet était sienne, à tout jamais. Si elle devait fréquenter quelqu'un d'autre après ça, il ne voulait pas être là pour le voir... c'est tout.

Et prononcer le nom de son père lui donna la chaire de poule. Voilà une chose encore que Juliet avait toujours ignoré, la vraie relation d'Adrian et Joey. Elle ne savait rien de l'enfance, ni de l'adolescence du jeune homme. Et tout ce qu'Adrian pouvait lui dire, c'est qu'il ne ferait jamais subir à Logan ce que son père lui avait fait. Il ne s'agissait pas seulement que de mauvais traitements psychologiques. Avait-elle seulement une fois remarqué les quelques traces de coup dessinées sur ses côtes? Elle qui pensait si bien connaitre le jeune O'Conell, n'avait jamais su expliquer pourquoi son caractère était si difficile, pourquoi toutes ses réactions étaient si démesurées. Il ne le faisait pas exprès, il avait juste été... formaté de la sorte. Alors il refusait d'entendre qu'il serait un mauvais père, ou que son fils grandirait sans papa, car elle ne savait pas de quoi Adrian était capable pour faire de Logan un petit garçon heureux.

Quant à son erreur... oui, il avait faillit à son rôle d'amant fidèle. Il avait succombé au charme de la jeune Sasha. Il l'avait désiré, amoureusement, charnellement... Mais qu'est ce qu'un homme peut connaitre de l'amour quand il a passé toute son adolescence à réfuter celui des autres? O'Conell est avant tout une ligne de conduite, à suivre à la lettre. O'Conell c'est l'individualité, l'égoïsme, l'égocentrisme, le pouvoir... Adrian pouvait-il seulement se rendre compte de ce qu'il était en train de faire au moment où il agissait en mal? Avait-il au moins une fois eu conscience de ce qu'était le mal? Oui... le jour où il avait perdu Juliet. Et il ne pouvait pas continuer à vivre dans le mal. Le mal... il devait le fuir, pour de bon.

C'était toujours ce qu'il redoutait le plus... Que l'on fasse de lui un Joey numéro 2. Il le redoutait, il ne l'acceptait pas, et il n'y croyait pas une seule seconde. Il n'était pas comme son père, il n'était pas celui là. Il était bien différent. Il ne se disait pas meilleur, juste différent. Et Juliet ne parlait clairement pas en connaissance de cause. Elle ne savait RIEN. « Tu es exactement comme lui dans le sens où tu préfères prendre la fuite plutôt que d’affronter la réalité. Tu penses qu’ailleurs les choses seront plus simples ? Tu penses que cela va effacer toute notre histoire d’un simple claquement de doigt ? T’es le même que Joey …» surenchérissait-elle. Elle se trompait lourdement. Joey ne fuyait pas les problèmes. Il se confrontait à chacun d'eux, il écrasait le problème, manipulait pour retourner les cerveaux. Il transformait les problèmes en une sorte d'artifice, juste pour avoir le dernier mot. Cela ne voulait pas dire qu'il les arrangeait pour autant. Adrian la laissait s'exprimer, de toutes façons que pouvait-il répondre à ça? Si c'est ce qu'elle pensait, à quoi bon se justifier. Il se rendait compte peu à peu qu'elle ne le connaissait pas si bien que ça. « Quant à Logan … ouais tu viendras certainement le voir tous les week-end durant trois ou quatre ans … d’ici là tu auras rencontré une autre femme … tu auras de nouvelles préoccupations et un jour tu me diras que tu viendras voir Logan le week-end suivant… puis tu ne viendras pas … ou alors tu viendras de moins en moins … jusqu’au jour où vous vous verrez seulement durant les vacances ou une fois par an, pour Noël. Puis vous deviendrez deux étrangers… Logan grandira, il deviendra un homme … à ce moment-là, il sera trop tard.». Adrian secoua la tête. Il n'était pas d'accord. Non il ne voyait pas sa vie avec son fils de la sorte. Séparés, Adrian pouvait très bien endosser son rôle de père jusqu'à la fin de ses jours. Il n'avait pas besoin de Juliet pour être cet homme.

Il attendit qu'elle se calme... Mais elle n'en finissait plus. D'abord à lui reprocher son départ, en l'assimilant à son père, puis en lui disant qu'il oublierait son fils. Ensuite en ouvrant son coeur comme elle l'avait rarement fait depuis leur séparation. Il découvrait derrière cette Juliet qui se voulait sévère et dure tous ses sentiments, ses craintes de le voir partir. Elle lui avoua ne pas vouloir vivre sans lui, lui rappela qu'elle l'aimait toujours, mais qu'elle se sentait incapable de le pardonner. Adrian acquiesçait à chacune de ses paroles. Ses poings se serrait, son estomac se nouait, sa gorge se serrait et son coeur s'emballait. Pourquoi était-ce aussi dur? Comment à seulement vingt six ans le jeune O'Conell s'était mis dans un si grand pétrin. Pourquoi en venait-il à souffrir autant? Pourquoi avait-il été aussi stupide, pourquoi devait-il dire adieu à Juliet? Pourquoi maintenant? Pourquoi ne pouvait-il pas revenir en arrière, l'aimer comme elle le méritait, pourquoi ne pas finir ses jours avec elle, pourquoi ne pas trouver le repos éternel à ses côtés? Il plongea son regard dans le sien, et d'un ton posé, il débita ces paroles: "Tu ne connais pas le goût du sang dans ta bouche, la douleur d'un hématomes sous ton oeil. Tu n'as jamais passé des heures recroquevillée sur toi même sans même pouvoir bouger, tellement les coups sur tes côtes te font souffrir. Tu n'as jamais pleuré durant ces minutes en suppliant qu'il arrête de te cogner dessus. Tu ne connais pas l'humiliation, tu ne connais pas le chantage moral qu'il peut te faire. Tu n'as pas idée comme la vie d'un enfant peut être dure lorsque son père ne connait ni amour ni considération, juste violence et sévérité. Moi... Je connais tout ça. Voilà pourquoi je ne serai jamais comme Joey. Toi, tu n'as jamais rien remarqué, j'ai toujours tout fait pour le cacher. Parce que j'avais honte, parce que je n'étais pas capable de parler librement... Parce que j'avais peur. Voilà pourquoi Juliet personne ne doit me comparer à Joey. Voilà pourquoi je ne supporte pas qu'on me dise ces choses là. Non tu ne pouvais pas savoir non... Je sais bien, et c'est pour ça que je ne t'en veux pas. Mais à l'avenir, souviens toi de cette conversation. Voilà le terrible exemple, qui me laisse la certitude que jamais je ne ferai vivre une chose pareille à Logan. Lorsque tu m'as annoncé ta grossesse, j'ai profité de cette nouvelle chance pour me prouver qu'un père, ce peut être quelqu'un de bien, quelqu'un qui aime, quelqu'un qui protège. Voilà pourquoi je n'abandonne pas Logan, voilà pourquoi je ne le ferai jamais. Je serai là, tout au long de sa vie. Je verrai mon fils grandir, et subviendrai à tous ses besoins. Je participerai à son éducation, pour qu'il devienne celui que je ne serai jamais, un jeune homme responsable, honnête et bon. Je refuserai catégoriquement qu'un autre homme, exerce la moindre autorité sur mon garçon, je n'accepterai pas que la moindre décision à son sujet se fasse sans m'avoir consulté au préalable. Le jour de sa naissance, j'ai accepté une mission, et je la relève, quoi qu'il en coûte...". Il s'arrêta, un court instant. Il soupira, et s'approcha doucement de Juliet jusqu'à ce retrouver à quelques centimètres d'elle. Il posa sa main sur le petit crâne chevelu de son fils, puis il reprit: "Je t'aime aussi... Je t'aime et ça me fait mal parce que je sais qu'il est trop tard pour nous désormais. Je ne comprend pas pourquoi j'ai été aussi loin, pourquoi j'ai franchi cette limite, pourquoi j'ai eu besoin d'aller voir ailleurs. Je ne me supporte pas, je m'en veux terriblement de t'avoir trahis parce que tu ne méritais pas d'être humiliée, et aussi mal traitée. J'aurais aimé me rendre compte, bien avant que cela n'arrive, que tu es tout pour moi. Je dois aussi me faire à l'évidence. Comme tu l'as dit "Il faudra apprendre à vivre avec, il n'y a plus le choix.". Très honnêtement, je n'arriverai jamais à vivre avec, surtout pas en restant ici. Nous ne sommes plus un couple, nous ne sommes plus toi... et moi. Nous n'existons plus alors... je suis d'accord, je fuis, comme un lâche. Mais je ne me sens pas capable de rester là, à te croiser dans la rue, ou au supermarché. Je ne me sens pas capable de t'imaginer construire une nouvelle vie alors que tu ne vis qu'à quelques mètres de moi. Moi non plus, je ne veux pas vivre sans toi... Et le seul échappatoire, la distance, reste selon moi la solution la plus radicale pour avancer...". Adrian essuya du revers de sa manche les quelques larmes qui perlaient sur les joues de sa douce, tandis qu'il craquait comme un enfant à son tour. Incontrôlable, inévitable, le jeune homme abandonnait définitivement son armure. Il souffla: "Je suis désolé d'avoir transformé ton compte de fée en un cauchemar sans nom... Je t'aimerai et te regretterai jusqu'à la fin de mes jours. J'aurai dû savoir que c'était toi, pas une autre. Encore une fois, je m'en veux... Encore une fois, j'en suis terriblement désolé. Il y a quelques semaines, je t'ai dit que je n'attendais pas que tu me pardonnes... mais j'aurai dû être honnête, car j'aimerai vraiment qu'un jour tu trouves la force et le courage de le faire... Putain Juliet, je t'aime vraiment.". Sa main saisi délicatement la nuque de la jeune femme, et ses yeux embrumés ne quittèrent plus les siens.

« Parce-que tu penses réellement que la distance est une solution ? Désolée, mais le stupide proverbe qui dit « loin des yeux, loin du cœur » n’est qu’un lamentable ramassis de conneries. La distance n’épargnera en rien notre douleur. Tu sais pourquoi ? Parce qu’entre nous cela n’a jamais été qu’une question d’attirance physique. Il y a toujours eu autre chose … quelque chose de fort. C’est ce quelque chose qui me fait frissonner à la simple évocation de ton nom, ce quelque chose qui fait battre mon cœur chaque fois qu’une musique, qu’un mot ou un détail me rappelle l’un de nos souvenirs. Et tu auras beau être à des dizaines de milliers de kilomètres de moi, tu parviendras toujours à me faire cet effet incroyable.». Et elle avait raison, tout simplement. Et contre ça, Adrian ne pouvait pas luter plus longtemps. Partir n'y changerait rien, car à chaque fois qu'il penserait Juliet, il se sentirait encore plus mal. Finalement, rien que l'apercevoir de temps en temps le rassurerait, au moins il verrait qu'elle est heureuse, et c'était tout ce qui l'importait désormais. Adrian soupira longuement, et lui demanda pardon, le plus sincèrement du monde. Il ne voulait pas quitter Juliet en mauvais termes, et s'il venait à vraiment partir, il voulait que leurs dernières paroles sonnent comme une ultime note en majeur. La fin "heureuse" d'une très longue mélodie, d'un très long requiem, d'un si beau voyage parsemé cependant d'embuches.

Et si le voyage n'était pas fini? Et si Adrian était capable d'écrire correctement la suite de l'histoire, pour que son personne principal reprenne vie dans ses bras? Cette histoire valait-elle la peine d'être bâclée de la sorte? Ne méritait-elle pas une honorable fin? Si l'un des personnages disparait sans raison, le lecteur se posera des questions, et demandera réponses à ses questions... forcément. Adrian ne savait plus trop où aller. Il ne savait pas non plus ce qu'il voulait, et comment s'y prendre. Il était convaincu que sa vie serait meilleure ailleurs, mais croyait Juliet quand elle disait que ce n'était pas LA solution magique, et que cette idée de bonheur ailleurs étaient complètements fausses. Il se contenta de l'attirer quelques instants tout contre lui, et de la serrer tendrement... pour la dernière fois?

« Je t’aime aussi mon amour …» souffla t'elle alors. Un long frisson parcourra le corps du jeune homme. Ces mots... cette délivrance. Et pourtant, il le savait qu'elle l'aimait, et qu'elle l'aimerait encore. Il n'en avait pas le moindre doute. "Mon amour" faisait toute la différence. Ces deux mots lui prouvait qu'il restait dans le coeur de Juliet une place pour Adrian. Et il se devait de tout faire pour la retrouver, cette place. Il ne voulait pas être chassé de son esprit, il ne voulait pas qu'elle l'oublie. Il ne voulait pas la perdre, non! Adrian se demandait alors comment sortir de ce cercle vicieux. Si Juliet était partagé entre amour et haine à son égard, que lui restait-il à faire? Tenter de sauver son couple ou se résigner à tout jamais et prendre le large? Tout était si compliqué... Il resserra son étreinte autour de la jeune femme, tandis que ses larmes glissaient le long de ses joues. Il se détestait d'être aussi faible... mais peut être se rendait-il peu à peu humain. "Je suis vraiment, vraiment navré... Je n'arrive pas à croire que j'ai pu te faire ça... à toi. Comment ai-je pu devenir cet homme là? Pourquoi est-ce que je me comporte exactement comme... mon père?" souffla t'il. Il se rendait compte, enfin, qu'il n'était peut être pas si différent de Joey. Il commençait à l'accepter. Le reconnaitre était avant tout un signe d'acceptation, n'est-ce pas? Il plongea sa tête dans la nuque de la jeune femme, et posa ses lèvres contre sa peau, juste un instant. Sa respiration était saccadée, ses mains tremblantes... Il était incapable de se consoler lui même, et en même temps, il n'assumait pas le fait de pleurer devant Juliet. Elle ne voulait pas d'un homme faible, hein? « Laisse-moi juste un peu de temps… » répondit-elle. Adrian releva la tête, et plongea son regard dans celui de la jeune Davies. Il se mordit la lèvre, et acquiesça d'un hochement de la tête. Lui laisser du temps... oui, c'était faisable et nécessaire. La douce Juliet s'approcha alors de son visage et vint déposer un baiser au coin de ses lèvres. Le coeur d'Adrian s'emballa, et lorsqu'elle se détacha enfin, il baissa les yeux, presque intimidé. Un léger sourire se dessiner sur ses lèvres, et sa main vint serrer délicatement celle de la jeune femme. Il était amoureux, et étrangement, il avait cette sensation bizarre au ventre, comme si des papillons lui rongeaient l'estomac... comme au premier jour. « Viens vivre avec nous… je veux dire … dans cette nouvelle maison. Viens. Il y a une troisième chambre disponible, prends-là. » ... "Quoi?" ....

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Flash Back

Juliet : J'attendrai que tu me proposes de vivre avec toi! Peut-être dans quoi... 4 ou 5 ans?
Adrian : Quand tu seras prête Juliet... On n'a pas besoin de précipiter les choses, je préfère que tu en aies vraiment envie, et le moment venu, nous agirons!
Juliet : Et toi? Tu as envie de quoi Adrian?
Adrian : Je... je peux pas te dire...
Juliet : Allez, ne sois pas timide! J'ai envie de vivre avec toi. A toi de me dire ce dont tu as envie.
Adrian : J'ai envie de ... j'ai envie de t'épouser, j'ai envie de nous acheter une maison, j'ai envie de refaire toute la peinture, j'ai envie de te laisser choisir la déco et les meubles... J'ai envie... j'ai envie d'avoir des enfants avec toi. J'aimerai bien un garçon, pour protéger la petite soeur qu'on lui donnera ensuite. J'ai envie de plein de chose... et j'attend juste que nous soyons prêts.
Juliet : Intéressant O'Conell, très intéressant ! Alors nous commencerons par vivre ensemble, et... je te ferai savoir quand je serai prête pour ça... et pour le reste !

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"Tu... tu en es vraiment sûr?". Revivre avec elle? C'était son souhait le plus cher, surtout depuis qu'elle avait quitté leur domicile. Il n'en croyait pas ses oreilles. Etait-elle vraiment prête pour ça? Adrian fronça les sourcils, était-ce vraiment sérieux? Bien évidemment, il ne perdrait pas une seule seconde pour se retrouver avec Juliet. Et si la seule condition était qu'ils fassent chambre à part, alors ça lui allait. Au moins il ne serait pas séparer de Logan, et Juliet serait juste là, à côté. Ils pourraient ainsi faire évoluer les choses. Ils se rendraient compte peut être que la vie en étant séparés était peut être meilleure, où alors repartiraient-ils sur de solides bases, et envisageraient-ils d'écrire la suite de cette fameuse histoire.

« A la différence près que tu éprouves des remords. A la différence près que tu m’as moi et que je ne te laisserai jamais tomber.». Comment pouvait-il en être certain? Comment pouvait-il la croire quand soudainement il se rendait compte qu'elle prenait en main sa vie, et que sa vie... c'était désormais sans lui? Alors oui, comment pouvait-il avoir la certitude qu'elle ne le laisserait jamais tomber? Il ne voulait pas de ça. Il ne voulait pas qu'ils se traitent comme des inconnus. Ils avaient une histoire, un passé commun... et un enfant. Mais pouvaient-il résister à cette séparation? Ne remettait-elle pas tout simplement leur entente et leur complicité en question? Adrian restait touché par les mots de la jeune femme. L'écouter était presque un soulagement.

Puis vint cet instant inattendu, où la demoiselle l'invita à vivre avec elle et leur fils. Etonné, Adrian eu d'abord pensé à une blague, mais il savait que le comique et l'humour n'avait pas vraiment leur place entre eux deux pour l'instant.  "Je ne dis pas que les choses redeviendront comme avant car honnêtement, je ne sais pas si nous serons capable de surmonter tout ça. Mais il n’y a rien que je ne sois capable de faire pour toi Adrian… alors même si j’en souffre, même si je risque de le regretter, je veux tenter le coup. Parce-que je n’ai jamais cessé de t’aimer, parce-que je ne sais pas vivre sans toi." . Adrian posa sa main sur la nuque de la jeune femme, et respira profondément. Juliet faisait des pieds et des mains pour s'en sortir, pour qu'ILS s'en sortent. C'était peut être la croix et la bannière, mais elle semblait vouloir se battre pour eux... Ne serait-ce que se laisser le temps d'envisager une suite à deux ou pas. Alors Adrian n'avait pas le droit de partir. Si Juliet lui laissait une porte ouverte, il devait saisir l'opportunité. Il devait tout faire pour la récupérer. "Je... Merci Juliet... Je ne veux pas forcer les choses, je ne veux pas te forcer. Je veux que tu sois certaine de le vouloir. Mon dieu... oui je t'aime, oui je veux vivre avec toi... et comment pourrais-je ne pas accepter ton offre?". Il n'eut pas le temps d'aller plus loin que le doux visage de Juliet se rapprocha du sien. Son corps tout entier frissonna lorsque la jolie brune posa ses lèvres sur les siennes. Il avait l'impression de revivre Wilmington... et dans sa tête, c'était la troisième guerre mondiale. Chaque fait, chaque instant lui rappelait un souvenir avec Juliet. Et il en avait mare de se référer à des souvenirs. Il le savait, à présent, il voulait penser à un avenir. Un avenir compromis certes, mais qui valait largement la peine qu'on se batte pour lui.

"Oui Juliet, nous verrons bien. Tu m'offres une occasion en or de ne plus passer mes journées sans Logan, et tu m'offres aussi l'occasion de te montrer... de te montrer que j'y crois. Je ne dis pas non plus que ça fonctionnera, mais j'imagine que ça nous aidera à y voir plus clair.". O'Conell ferma les yeux et attira Juliet pour lui donner le plus chaleureux des câlins. Il se sentait presque apaisé. Juliet était certainement la seule à pouvoir changer ses états d'âmes de la sorte. Elle le connaissait bien, elle savait comment s'y prendre. Elle savait comment faire mal à Adrian, comment le faire réfléchir, comme le faire culpabiliser... mais elle savait aussi le calmer, l'apaiser et le rassurer. Oui, personne d'autre qu'elle ne le connaissait aussi bien. "Tu me manques Juls".