Carl avait envie de pisser. Ah oui, non mais comme tout le monde bien sûr. Sauf que là, les dix bières, les six shots et les gorgées dans des verres aléatoires lui pesaient fortement. Très fortement. Et oui, en bar tout à fait normal, les chiottes étaient en travaux. Bien malin. En plus de ça, même si Carl était musclé, même de la vessie sisi, tout ce liquide ne pouvait pas y rester à vie. Donc, Carl, qui ne voulait rien rater de la soirée, et était d'ailleurs un peu trop bourré pour s'empêcher de boire, lança un adieu général et temporaire à ses potes le temps de se libérer du fardeau. Faut dire que -sisi, toi aussi qui me lis- tout le monde sait que l'envie de pisser en soirée, ça peut tout gâcher. Bon. Le Spencer, qui avait un peu de mal à remettre sa balance corporelle en route, se tenait aux murs, tables, et même épaules de gens inconnus histoire d'arriver jusqu'eu petit panneau lumineux au fond de la pièce. Après avoir lancé des pardonexcusezmoipoussezvouspardonexcusezmoipardonpoussezmoiexcusezvous à tout va, Carl stoppa sa course en dessous de la lumière. Bien sûr, il y avait la queue. Croisant les bras, Carl attendit donc derrière ce gros monsieur transpirant avec des poils dégueulasses dans le dos, se retint de lui faire un commentaire d'ailleurs, regardant autout de lui ce qu'il s'y passait. Bon, rien de spécial en soi, enfin, rien qui n'attirait vraiment son attention. Et la queue n'avançait décidément pas, et l'heure sur la montre du Spcencer tournait, et l'attente devenait insupportable. « Bon merde, vous coulez des bronzes dans ces chiottes ou quoi ? » cria-t-il. Il n'eut comme réponse qu'une foule de gens qui le regardèrent, choqués. « Ben quoi ? » leur dit-il alors. Quoi, toutes les personnes qui attendaient n'étaient pas d'accord avec lui ?

C'est là que le Spencer se rendit compte de son erreur. En regardant de plus près, le panneau lumineux n'indiquait pas les toilettes, et les personnes devant lui ne faisaient pas la queue. Non non. C'était le panneau EXIT, et les gens étaient seulement là debout en train d'attendre calmement que des tables se libèrent. Ah, oups. Carl tituba un instant, se raccrocha au monsieur poilu, puis fit un 360 histoire de repérer les toilettes. Ah oui, elles étaient en travaux. Oulah, son cerveau était bien embrumé. Il décida alors de passer la porte EXIT, histoire de voir si prendre l'air pourrait lui faire du bien, que ce soit psychologiquement ou physiquement d'ailleurs. Passé la porte, qu'il mit un temps à ouvrir avant de comprendre qu'il fallait pousser sur la partie de la barre horizontale, il marcha un peu à l'air libre, respirant un bon coup. Il chercha alors de l'oeil où il pourrait se soulager, les mains sur les hanches. Puis il fit un petit sourire. Il avait trouvé.

Il avait trouvé. Et il était dans ce qu'on pourrait appeler un période de conneries. Ah, ça on doit pas le faire ? Ok, j'y vais. Oui, ce genre de situations sont fréquentes chez un Carl ivre. Chez presque tout le monde en fait. Mais là, le seul souci c'est qu'il ne se rendait pas compte de ce qu'il faisait. Et que peut-être, on ne sait jamais, il s'en rappellerait le lendemain. Ah parce que oui, c'est beaucoup plus facile de mentir quand on est persuadé soi-même qu'on a rien fait. Le Spencer était donc là, dans l'arrière cour du bar, à regarder les étoiles. Il divaguait tranquillement, la tête qui tournait un peu oui, mais c'était drôle de mettre la tête en arrière, ça faisait comme si on plongeait dans un graand vide sans fond. Il faisait ça depuis une bonne quinzaine de minutes, quand il entendit un bruit sourd suivi d'u cri venant de derrière, comme si quelqu'un s'était prit un poteau. Carl pouffa alors de rire comme un débile et cria à la personne, imaginaire ou non, il pouvait parler tout seul, dans cet état là il s'en foutait : « Hé teubé, tu veux des jambes en moins ? » Et il partit dans un grand éclat de rire. Tout seul. Puis d'un coup il s'arrêta, les yeux grands ouverts. Il fit plusieurs rotations, les bras en kung-fu panda devant lui. « Arrière, Arrière ! Ne me touche pas, esprit du mal ! » Il devenait un peu fou. Faut dire qu'il avait passé l'après-midi avec Jason à regarder des vidéos d'extra-terrestres et de science-fiction, lui remplissant un peu l'esprit d'êtres bizarres. Carl resta figé ainsi pendant un petit bout de temps, avant de réaliser qu'il avait toujours pas pissé. Il refit un trois cent soixante, à la Michael Jackson cette fois-ci, pour se diriger vers l'endroit le plus approprié du monde : un pneu de voiture.

Tout en descendant sa braguette – qui resta coincée, bien sûr--, Carl avait un sourire béat sur son visage, rendu encore pire quand il se soulagea. De l'extérieur, il devait faire peur, et qui l'avait vu depuis le début devait vraiment croire à un fou sorti tout droit de l'hôpital psychiatrique. Heureusement personne à l'horizon, et en même temps, quel couillon confondrait le panneau toilettes et le panneau EXIT, hein ? Bon. Donc le Spencer, qui se soulageait bien depuis cinq minutes, regardait en l'air, et c'était limite s'il ne recommençait pas son jeu d'il y a peu, mettant la tête en arrière. M'enfin là, il eut l'intelligence –oh miracle-- de ne pas le faire, car on sait bien que qui pisse au vent se rince les dents. Et les dents de Carl allaient bien, merci. Finalement, au bout de cinq longues minutes de libération, Carl poussa un gros « Aaaaaah. » tout en fermant sa braguette et remontant son pantalon qui glissait le long de ses fesses. Et oui, la mode de la ceinture qui ne tient rien.

Carl décida alors de retourner faire la fête, puisque maintenant plus rien ne l'en empêchait. Il s'étira donc un bon coup en fermant les yeux, mais quand il les ouvrit, stupeur et tremblements. Un être de taille moyenne aux yeux menaçants venait d'apparaître devant le visage de Carl. Ce dernier hurla, terrifié, se remettant en position de Jedi. Puis il scruta l'individu. « Mais qui es-tu toi, personne que je ne connait point ? » demanda-t-il à la façon d'Hercule Poirot (ou Hadès Brocoli d'ailleurs). Enfin, le Spencer remarqua le badge que l'homme portait à la ceinture. Son regard fit des allers-retours. Visage, badge. Badge, visage. Et un grand O se forma avec la bouche du brun bourré qui se remit en position -soi-disant- normale. Oups.

Il était un petit homme, pirouetteuh cacahuèteuh.. Carl avec cette chansonnette dans la tête, et ça l'énervait. Il ne savait pas d'où il avait pu l'entendre, n'ayant pas de proximité avec les petites choses qui écoutent ça -oui Carl n'aimait pas les bébés-, et il finit par se dire qu'il l'avait inventée. C'était quand même drôle l'histoire d'une homme qui se viande d'un escalier en papier non ? Et puis bon, quand on est bourré, c'est vrai qu'on redécouvre certaines choses..intéressantes. Une fois, lors d'une des soirées chez lui avec des amis, ils étaient partis dans un trip tellement immense que le Spencer s'était retrouvé à l'âge de trois ans en train de lancer des spaghettis au plafond. Habillé d'une salopette en jean et d'une bavette déjà salie, il s'était vu lui-même. Il s'était vu LUI-MÊME à trois ans en train de jeter de la nourriture et de refaire le crépit de la salle à manger. Il avait commencé à délirer avec ses potes en se demandant quel genre de gamin ferait ça, mais plus tard il apprit par sa mère qu'il faisait vraiment ça. Carl avait donc été choqué qu'il ait remonté si loin dans sa mémoire pour un souvenir aussi débile. Enfin.. comme quoi, tout peut arriver.

Bon, c'est pas tout, mais Carl avait vraiment envie de pisser et de faire une connerie, et il combina donc les deux pour uriner sur une voiture de flic qui était garée dans le coin. Ah oui, très intelligent. Surtout quand le policier en question se trouvait face à lui, matraque à la main. Oh-Oh. Le Spencer, qui en plus était resté dans son trip d'extra-terrestre, n'avait pas reconnu le policier et avait donc sorti une phrase provenant tout droit de son univers de bourré. Bien sûr, l'officier ne pouvait pas nier l'ivresse du jeune homme, qui espérait faire majeur tout de même, sinon ce serait le comble. Carl ne savait plus où se foutre. Il aurait bien creusé un trou pour y enfoncer sa tête comme les autruches -oui il avait vu ça sur Animal Planet-, mais bon, cela ne ferait qu'aggraver l'état du jeune homme. Il fronça les sourcils, en proie à une intense réflexion. Le policier ne disait toujours rien, se contentant d'observer Carl et surtout de bien se foutre de sa gueule. Le Spencer se racla donc la gorge, et tenta de garder l'équilibre tout en croisant ses mains derrière son dos. Ceci eu pour effet de le faire vaciller dangereusement, mais il réussit à ne pas tomber pour faire face à ce monsieur en uniforme dont il allait devoir expliquer certaines choses. Carl se demandait encore comment il allait pouvoir se sortir de là quand le policier prit enfin la parole. Ca allait barder.

C'est fou comment la nature était bien faite. Le corps humain, particulièrement. C'est une des raisons pourquoi Carl faisait médecine. Cela le fascinait. Une corps toujours à 37°, le sang qui se renouvelle, un cœur qui bat. La nourriture qui se broie, la boisson qui s'écoule. Ce que l'homme acquérit au fil du temps qui le fait se retenir, ce qui le fait choisir de manger à tel moment parce que son ventre lui indique. La nature dirige nos actions, et personne ne semble s'en soucier. Et on ne se rend pas compte qu'on la détruit progressivement. Toujours plus vite, toujours plus fort. Et l'on rasait des forêts, et l'on délogeait des populations indigènes, et on appauvrissait les villes. Tout ça pour quoi ? Pour que l'élite réalise ses rêves, pour qu'elle soit plus confortable, que le monde soit fait sa manière. Mais mon pote, ne sais-tu pas que si tu continues, tu détruiras la nature et le monde avec ? Malgré tout, on ne pouvait rien y faire. Malgré ce que Carl pouvait penser, il participait à cette mondialisation qui détruisait l'oeuvre de mère Nature. Ouais, il était un peu hippie dans le fond parfois. Il pensait aussi à la domination des martiens et des animaux, ou que la nature allait se rebeller un jour, comme la Révolution des fourmis de Werber. Si le livre parlait vraiment de ça il en savait rien, il n'e était qu'au début. Bref. Et là, il partait dans un délire n'ayant rien à voir avec son action initiale : uriner. Seulement, le personnage qu'il vit apparaître en face de lui n'avait rien d'extraterrestre ou de particulier. Ah, si. Oh, c'était juste un policier. Et le Spencer, encore embrumé fit une série d'actions compromettantes qui s'ajoutaient au fait de s'être soulagé sur la voiture d'un flic. Puis finalement il s'en rendit compte, ou tout simplement n'avait plus d'idées et se figea en face du policier, ne sachant plus vraiment quoi faire. L'officier lui, avait une expression qui se mélangeait entre amusement et sérieux. Ses paroles en furent d'autant plus étranges, Carl ne sachant pas vraiment comment les prendre. Il « rangea son oiseau » comme le demandait l'homme, ce que Carl eut un peu de mal à faire, puisque sa braguette se cassa en chemin. « Ah bah..ouuuups.. » fit-elle en faisant la moue en regardant sa braguette puis le policier. « C'est cassé.. » Heureusement, il était quand même en caleçon, et réussit donc à s'arranger pour que tout rentre dans l'ordre. Quand il eut fini, il afficha un grand sourire satisfait et reporta son attention sur monsieur Officier Farnsworth, d'après le petit badge. « Dis donc, vottre nom est difficile à prononcer hein. Farnwo...Fasworth.. Farnsth.. » Et le voilà parti à tenter de prononcer correctement le nom du policier, qui n'était pourtant pas si inprononçable que ça , tout en déchiffrant de près le nom inscrit sur le côté droit de sa chemise. N'y arrivant pas, Carl fit mine de bouder. « Bon, j'y arrive pas. J'vais vous appeler.. Farwest ! » s'exclama-t-il après un moment de réflexion. Le policier, trouvant sûrement que le Spencer envahissait trop son espace vital, repoussa Carl à une distance raisonnable avant de reprendre la parole, un peu exaspéré. Il blablata sur des choses étranges et répétitives que le Spencer ne prit pas la peine de comprendre, se concentrant seulement sur l'idée globale qui était de se demander comme il était arrivé à avoir l'idée de pisser sur la voiture d'un flic. Carl afficha un air content. Raaconter une histoire, ça il pouvait faire. « Alors en faaait.. » commença-t-il, posant sa main sur le bras de Farwest -qui le repoussa de nouveau-. « J'étais avec mes amis là, pépére mémère en train de m'amuser quoi, normal. Mais bon, mère Nature a décidé de me donner envie de me soulager. » L'air de Farwest le fit reprendre d'une voix plus basse, comme un secret. « Oui, elle nous dirige, elle est toujours là, à guetter nos mouvements. Chut ! Elle nous écoute ! Vous n'entendez pas ? Moi je vous dit, elle prépare un mauvais tour.. » Puis il reprit normalement son histoire. « Donc du coup je quitte mes amis pour aller aux toilettes quoi, normal, et puis j'attends dans une file mais je réalise après que ce n'était pas une file -non non je suis en parfait état de sobriété ne vous enf aites pas- et du coup bon, je trouvais pas les toilettes. Ben alors j'ai vu la sortie de secours et je me suis dit que je pourrais uriner dehors, comme pour rendre à la nature ce qu'elle m'a donné -goutte pour goutte quoi, sisi-. Et puis je sais pas, votre voiture m'a poussée vers elle, comme si elle m'appelait, comme une plante en manque d'eau, m'voyez ? J'allais pas refuser l'appel d'une Mercedes t'sais ! » raconta-t-il en faisant des grand gestes et en souriant d'un air niais. « Et donc, j-... » *BADABOUM. Carl sursauta tant il était à fond dans son histoire. Un grand bruit sourd venait de résonner derrière lui. « Ah mon dieu c'est quoi ? » demanda-t-il, poussant Farwest devant lui, comme pour l'amener à aller voir ce qui se passait. Han et si..Et si c'était les martiens ?:o Carl ouvrit grand les yeux un instant, puis courut en direction du bruit. « E.T., viens à moiiiiiii ! » Puis il trouva une benne à ordure. Tiens. Serait-ce un portal menant vers un autre univers ? Les yeux de Carl brillèrent. Ses rêves se réaliseraient. Il pencha donc la tête au dessus de la poubelle, et hurla de peur. C'était un homme ! Mais que foutait-il là ? Oh, était-ce une des expériences comme dans Kyle XY ? Genre le mec apparaît dans la poubelle sans nombril et découvre qui a été crée génétiquement et tout (a) Pour vérifier, le Spencer se pencha par dessus et souleva le t-shirt du débile de la poubelle. Rho, il avait un nombril. Zut alors. Farwest arriva alors à ce moment-là, projetant sa lampe de poche en direction de l'homme, qui les salua. Coucou le perturbé hein.

Qu'ils avaient l'air intelligents, à regarder ce pauvre mec dans la poubelle. Et le mec avait l'air encore plus con, d'ailleurs. Carl avait perdu de son entrain, trop déçu que ce ne soit pas un être supernaturel venu de la planète Sansnombril. Il croisa les bras et ft la moue, tandis que Farwest éclairait le débile de la poubelle. Qu'il connaissait. Ah bah tiens, policier pas si blanc que ça hein ! D'où il connaissait un vieux pervers harceleur qui se cachait dans les poubelles. « Ah bah c'est du propre .. ! » fit-il en roulant des yeux. Puis Carl ferma les yeux et commença à chantonner une chansonnette en se balançant d'un pied à l'autre. Le temps que Farwest deale avec ce perturbé, Carl pouvait bien se reposer un peu la tête. A travers ses pensées de petit monde enchanté où les elfes vivaient en harmonie avec les loups-garous à pois jaunes, le Spencer entendait des paroles étranges, comme si un mage enchanteur déclarait un psaume pour faire revivre les forces du mal. Crétin qui pue le phoque à la confiture d'abricot, cela sonnait très profond, philosophique, magique. Une si belle expression. Mais un clung, venu des profondeurs de l'abîme résonna dans ses oreilles et Carl ouvrit les yeux paniqué. En face de lui il y avait toujours Farwest penché au dessus de la benne, sûrement en train de raconter comment il avait tué Lucky Luke chevauchant Jolly Jumper en rentrant chez lui au coucher de soleil. Bref, rien de plus normal. Le jeune étudiant allait alors refermer les yeux et retourner à ses occupations internet lorsqu'une tête surgit de nulle part -enfin, du fond de la benne quoi-, tel Scrat à l'affut de son gland, un écureil à l'affût de sa noisette. Carl poussa un cri horrifié. « aaaaaaaaarh ! » Sans compter son bond d'un mètre en arrière, portant sa main au cœur, tout chamboulé. « Mais c'est quoi ça ! » Il mit cinq minutes à se rendre compte que c'était le même individu avec nombril de quelques minutes auparavant, et soupira. Faut dire que le mec avait des cheveux ébouriffés comme un chat passé dans une machine à laver, et puait la mort, le moisi, et tiens, le chorizo. Sûrement une pizza qui devait traîner dans le coin. Farwest se tourna alors vers lui, une paire de menottes à la main. Oh oh. Non non non, ça yen était pas du bon ça ! Bouche grande ouverte, Carl n'eut pas la présence d'esprit de fuir, restant clouée sur place pendant que de la ferrailles lui liait les mains. « Naan, pas mon oiseau dans une cage, par pitié ! » implora-t-il, faussement larmoyant. Mais Farwest le colla contre la voiture violemment, sans bien sûr désserrer les menottes. « Aie. » fit-il, boudeur. Puis il bailla en faisant du bruit, essayant de s'étirer -mais faut dire qu'avec les menottes c'était paas facile-, ce qui, de l'extérieur, donnait l'impression qu'il se collait contre la voiture en grognant. Ouuii, spécial. Mais pourtant cette fois, ce n'était pas intentionnel. Tout à coup, Carl reçut une chose molle en pleine tête, et cria. « Wooooooh, qui c'est qui me tape là ? » Et il aperçut par-terre une peau de banane, puis le dénommé Shawn qui souriait. « Hé toi, le mec dégueu' pas drôle qui a un nombril là, tu te trouves drôle hein ? J'vais te faire la peau moi, t'vas voir comment tu vas ressembler à la banane ! » s'exclama-t-il, en se dépatouillant avec les menottes qui l'empêchaient de se mouvoir comme il le voulait. Le pire c'est que Shawn ne parut pas effrayé le moins du monde et demanda au policier s'il savait qui il était. Carl se calma tout de suite et s'adressa en panique à Farwest. « Non, non ! Ne lui dites pas mon nom ! Sinon il a venir me retrouver chez moi et me narguer avec son nombril et il va retrouver son corps d'extra-terrestre et me manger ! Lui dites pas ! » Mais après il se rendit compte que Farwest non plus ne connaissait pas son nom, donc il marqua une pause et commença à rigoler. « Haaa mais vous ne savez pas mon nom, vous ne pouvez rien contre moi ! Muahaha ! » ricana-t-il. Et il tourna le dos aux deux hommes et marcha en direction du bar, où il comptait retourner boire. Ah bah oui, il était menotté, mais les shots versés direct dans la bouche, ça existait !

Alors que Carl croyait son heure perdue, destiné à passer une nuit dans une vielle cellule mal-odorante et pleine de je ne sais combien de malfrats qui lui ferait la peau, l'inconnu à la banane au cul commença à plaider sa cause auprès de Farwest. Bah alors ? Carl avait-il un don pour charmer les hommes ? Une sorte d'aura maléfique qui donnait aux autres l'envie de l'aider. Mais dont les policiers avaient une antidote, apparemment. Etrange tout cela. Banana-man raconta alors combien ce serait ennuyant si jamais il vomissait dans la cellule, sans compter toute la paperasse à faire, alors qu'il n'avait qu'à le ramener chez lui et tout serait oublié. En parlant de vomir, Carl eut soudainement une sorte de remontée, comme si le flot n'était pas loin. Heureusement qu'il n'avait pas pris ces shots, au final. Banana se mit alors à genoux et Carl eut un hoquet de surprise. Sérieusement ? Son aura magique fonctionnait si bien que ça ? Wow. Impressionnant. Et le pire dans l'histoire c'est qu'il n'avait rien fait pour que ça arrive ! Mais pourquoi diable ce mec l'aidait à s'en sortir ? Alors qu'en plus il n'avait pas forcément été particulièrement gentil avec lui. Carl fronça les sourcils tout en tentant de rassembler toute la concentration qu'il pouvait. Puis il abandonna, poussa un soupir et glissa à terre. Il était trop fatigué. Sa période fatigue était arrivé. Ouais, il avait toujours ses trois fameuses passes, après avoir bu. La phase de conneries, la phase de fatigue, et puis souvent, quand il ne s'endormait pas, ça remontait à une phase d'excitement des plus complet. Valait même mieux qu'il dorme, dans ces cas-là. Bref.

Il laissa donc les deux hommes se battre pour lui, car après tout c'était ce qu'ils étaient en train de faire, chacun voulant ramener Carl avec lui. Ahlala, il était bien désiré (a). Il s'assit donc par-terre et bailla bruyamment avant de reposer sa tête contre la portière de la voiture, ce qui fit un lèger bruit. Ses paupières se fermaient doucement puis se rouvraient, comme s'il était dans une sorte de transe. Il réalisa alors combien sa tête était lourde. Pourquoi ? Il savait qu'il avait beaucoup de cerveau et de neurones certes, mais pourquoi tout à coup s'alourdir ? Les effets de l'alcool, bien évidemment. Il se surprit plusieurs fois à moitié tombé sur le côté, mais à chaque fois il se reprenait, comme réveillé par une force étrange. Hm.. intéressante chose à étudier. Bref, Carlos finit par relever la tête et trouver la force de parler encore une fois. « Bon ça va, vous avez fini de vous battre ? J'peux rentrer chez moi maintenant ? » dit-il à l'attention de Farwest et Bananaman. Il croisa les bras et se mit à bouder. Il en avait marre. Il avait juste voulu s'amuser et le voilà qui se retrouvait avec deux pecnos qui comprenait rien à ses délires. Tss, les gens étaient cons.

Carl fit la moue et soupira. Il était trop crevé pour répliquer une nouvelle fois, et ça le soûlait de ne pas continuer à faire la fête. Et puis l'autre débile qui ne savait même pas le défendre ! Pff. Tant mieux, il se faisait prendre aussi. Il se dégagea de Farwest qui le poussait dans la voiture et s'y installa tout seul en maugréant. Au point où il en était, il ne risquait pas de s'en sortir facilement, alors autant jouer au malin et obéir aux ordres, quitte à mentir pour éviter d'être fiché. Il croisa les bras et fit un sourire moqueur quand il vit Banana-man rentrer lui aussi à ses côtés. Puis il posa la tête contre la vitre, sa tête tournait atrocement, et s'il ne fermait pas les yeux il allait vomir dans la voiture. Il aurait pu, remarque, mais il était déjà assez dans la merde comme ça. Sa tête devenant de plus en plus lourde et ses paupières se fermant, il finit par s'endormir, sa tête adossée entre la vitre et l'appuie-tête.

Il ne sut pas pendant combien de temps il resta endormi, mais une secousse de la voiture le réveilla brusquement, et il grogna de stupeur. Levant la tête, il se frotta les yeux avant se se faire tirer hors de la voiture. Il retint une injure mal placée, et suivit Farwest dans l'établissement. Carl Spencer en prison. Putain. Il passa une main contre sa tête, qui cognait comme pas deux. Il n'aurait pas du dormir.. On l'emmena dans une cellule vide où il se retrouva avec Banana-man. Carl soupira de nouveau et s'assit comme une masse sur le petit banc de fer. Puis il s'étira en faisant la grimace du mal-réveillé après une cuite. Il entendit Farwest parler avec des gens mais n'y prêta pas attention. Ne pas se faire remarquer, c'était l'astuce. Après un moment, Carl finit par regarder son voisin de cellule. Il avait une tête rigolote, aussi Carl se décida de faire la conversation, vu qu'il s'ennuyait à mort et qu'il n'avait rien d'autre à faire puisqu'il ne voulait pas dormir. « Et donc c'quoi ton nom à toi ? J'veux bien t'appeler Banana-man à vie mais bon. »

Carl espérait qu'il sortirait vite de cette cellule. Il espérait que Farwest était en train d'expliquer la situation gentiment à un confrère, qui n 'allait pas le ficher. Mon dieu, non, pas de casier... ! Et tout ça pour quoi ? Avoir pissé trop près d'une voiture. Fallait le faire quand même. Carl haussa les épaules et soupira. « P'tain.. » Le mec en face de lui paraissait un peu outré, et boudeur, peut-être blâmant Carl de l'avoir embarquer là-dedans. Ah bah, ce n'était pas lui qui s'était foutu dans la poubelle ! Il s'y était foutu tout seul, alors qu'il vienne pas dire que c'était la faute du Spencer. Non mais oh.

Après être sorti du dépotoir qui était l'arrière cour du bar, Carl avait un mal de tête si puissant que même sept paracétamols ne pourraient même pas l'aider. Il s'endormit alors dans la voiture, et ne se réveilla qu'à l'arrivée au poste de police -plutôt brusquement d'ailleurs. On l'accompagna, lui et Banana-man, dans une cellule, et le Spencer soupira en se tenant la tête. La douleur avait un eu diminué, mais il avait encore l'impression que le marteau de Thor lui cognait les tempes. C'était la première fois que c'était aussi douloureux de se prendre une cuite. Autant par son mal de tête que de se retrouver en prison.. Et à cause de quoi ? D'une envie de pisser et d'un couillon sorti d'une poubelle. Quelle belle soirée n'est-ce-pas.

Carl décida alors de faire la conversation avec son voisin de cellule. Question banale, il lui demanda son nom. L'intéressé lui répondit que c'était Shawn Crawford. Le Spencer leva un sourcil. Shawn Crawford, comme dans Bones & Skins ? Il écarquilla les yeux. « C'toi le mec de Bones & Skins ? » fit-il, étonné. « Bah putain, c'est bien ma veine. » Se retrouver en prison avec un mec connu, ce n'était pas un truc que l'on faisait tous les jours ! Carl changea un peu d'attitude, trouvant quand même étrange qu'un mec aussi connu se retrouve embarqué en prison après être sorti d'une poubelle sans même être bourré. Et le flic, ne l'avait-il pas reconnu ? Bizarre, bizarre. En tout cas, Carl décida de continuer la conversation. Parce qu'une conversation avec un mec aléatoire, c'était bof, alors qu'avec un célébrité, ça changeait tout. Faux-cul le Carl ? Pas du tout. (a). Il répondit alors à la question de Shawn. « Carl. Spencer. Enchanté. » fit-il avec un petit sourire. L'avoir déjà vu dans le quartier ? Carl en doutait. Mais bon, on ne peut pas toujours voir ceux qui nous voient, après tout. « Ah, peut-être. Ou alors t'as du voir la morgue. Business familial. » Oui, il était courant que les gens semblaient connaître Carl tout simplement car ils avaient déjà aperçu l'immense Spencer écrit en haut de la morgue. Et lui s'en foutait d'avouer que sa famille tenait une morgue. Cela en effrayait certains, peut-être, mais peu importait, lui était fier d'y avoir grandi. Valait mieux une bonne famille et un business étrange qu'un bon business mais une famille étrange. Peut-être que les Spencer étaient étranges dans les deux cas. Hm. Bref. Trop de réflexions pour une soirée en prison.

Le Crawford continua alors la conversation en demandant au bourré ce qu'il faisait un peu plus tôt dans la soirée. Carl ignora la remarque précédente, et répondit simplement à la question. « Bah je buvais quoi. Comme presque tous les soirs de la semaine. » Il n'allait pas changer de vocabulaire ou de vie tout simplement parce que Mr. Banane était connu. En y pensant, il avait fait fort d'appeler une célebrité Banana-man. Petite fierté de la soirée.

Bon, les présentations étaient faites. Et Carl venait d'appeler un bassiste connu d'un sunom ridicule. Comment se faire remarquer... Enfin, bref. Il était trop bourré pour en tenir compte de toute manière. Demain, le mec l'aura sûrement oublié. Carl vit que Shawn eut une expression étrange lorsqu'il annonça qu'il tenait la morgue, mais il y était habitué. Faut croire que tout le monde pensait que tenir une morgue c'était glauque. N'importe quoi ! Carl soupira avant de s'adosser contre le mur derrière lui en fronçant les sourcils. Il avat mal aux tempes, une vilaine migraine lui prenait. Il ferma alors les yeux pour essayer de voir si ça se calmerait. Il se sentait horrible, maisça avait un point positif, ça montrait qu'il débourrait. La gueule de bois quoi.

Carl entendit la voix de Shawn s'élever, mais il n'ouvrit pas les yeux. Des soucis avec la justice ? Si les morts ça le dégoûte ? Qu'il devrait arrêter de boire ? Carl ouvrit les yeux. Sérieusement ? Le mec était sérieusement en train de lui faire la morale ? Il hallucinait. Il se prenait pour qui ? C'était pas parce qu'il était connu qu'il avait tous les droits. Carl prit son air d'arrogant et lui répondit sèchement. « J'ai pas besoin de toi pour me dire ce que je dois faire. J'me débrouille assez bien tout seul. Et ça te regarde pas. » Non mais sérieux.

Heureusement pour lui, un son de clés résonna à sa droite. Il se retourna et vit Gabriel, les clés à la main, posé devant les barreaux de la cellule. A les regarder. Carl se leva à son tour, et tenta de savoir quand allait-il les laisser partir. « Je peux partir, c'est bon ? Je vous assure, je vais mieux. Je peux marcher jusque chez moi. » Si cela allait marcher ? Il en savait rien. Mais ça valait le coup d'essayer, et rester un instant de plus avec ce curieux ne lui plaisait pas.

T'en as marre d'être dans cette cellule. Tout ce que tu veux c'est rentrer chez toi, te déshabiller et dormir. Dormir pendant trois semaines ou trois heures, on s'en fout, mais dormir, dormir pour enlever ce foutu mal de crâne, fermer les yeux pour ne plus voir tous ces crétins. Mais tu peux pas sortir, tu peux pas tant que cet autre crétin de flic ne te laisse pas. C'était quoi le problème de pisser dehors ? Sérieusement. Tu comprends pas ce monde à la con, tu le comprends plus. Société de merde où les uns dirigent les autres, où on se se sent plus libres. Tu sais malgré tout que t'as tort, que tu buvais et t'es encore mineur, que le barman devait avoir la berlue, mais t'espères seulement que tu vas trouver un moyen de sortir sans appeler quelqu'un. Sortir de là et oublier.

Ton pote de cellule te parle, tu le regarde avec cet air qui te va si bien, cet air moqueur qui s'affiche toujours sur ton visage. Et il a fait tout ça pour toi ? La blague. Certes c'est un mec connu, et t'as fait une bêtise en le traitant comme ça, p'tet ouais. Et alors. Les gens connus restent humains après tout, tu ne comprends pas cette fascination débile autour des célébrités. Han machin a touché ma main je veux pas la laver.. Haaan il m'a dit bonjour il m'aime ! Haan ..- bref, des loosers. Tu soupires, tu t'adosses contre le mur, et tu regardes le Crawford s'avancer vers toi. Suspect, tu recules, t'as pas trop envie qu'il t'embrasse .. Puis il te chuchote comme quoi tu ferait bien de faire semblant de l'écouter pour sortir plus rapidement. Tu hausses un sourcil, mais tu te dis qu'il ne te reste plus que ça à faire, alors t'obéis. Tu le regardes, il ne dit rien, donc tu décides de parler. « Ok ok, je t'écoutes. Tu veux me dire quoi ? Enfin, sauf si t'as une brillante idée de conversation, je vois pas trop ce que tu pourrais dire pour que l'autre poulet nous fasse sortir. » tu déclares en jetant un coup d'oeil à Farwest. Tu fais pas trop confiance à ce mec, tu le trouve un peu chelou. Mais bon, c'est ta seule chance, alors tu hausses les épaules et tu te décides à écouter ce qu'il a à dire.