Jevane

C’était décidé, la Damenez partait. Il était temps pour elle de naviguer vers de nouveaux horizons et un plus particulièrement : New-York. Evane était bel et bien décidée à s’en aller et laisser Magnolia derrière elle. Peut-être pas pour de bon, mais au moins le temps d’y voir plus clair. La jeune femme ne pouvait pas continuer de vivre ainsi. Elle n’allait pas bien et avait besoin de changer d’air. Rester ici ne ferait que la déprimer davantage. Il fallait qu’elle fasse définitivement une croix sur lui et ce n’était pas en restant là que ça changerait. Et puis il fallait bien que la brunette pense à sa carrière. La Grosse Pomme ne serait que bénéfique pour elle. Et en plus, grâce au stage qu’elle avait fait l’année passée, la jeune femme avait gardé des contacts. Broadway lui tendait les bras. D’ailleurs, il fallait qu’Evane rappelle se cher Steve. Il lui avait proposé d’auditionner il y a quelques temps de ça, mais comme elle était à Los Angeles avec Heath, elle avait décliné l’offre. Peut-être aurait-il une autre offre ? C’était ce qu’elle espérait en tout cas.

En se réveillant ce matin, la Damenez s’était décidée à faire ses cartons. Chose qu’elle exécuta aussitôt. Sa mère en passant devant sa porte lui demanda ce qu’elle trafiquait et forcément, des explications s’en suivirent. Ce n’était pas comme si Esperanza ne s’en doutait pas, mais elle devait espérer au fond d’elle que sa fille repousse le plus longtemps possible ce moment. Cela faisait de la peine à Evane de laisser sa mère ici. C’est vrai, lorsqu’elle déménageait, c’était toujours avec la mama. Et pour la première fois, elle allait faire ça en solo. Ce n’était facile pour aucune des deux et pourtant, Evane ne laissait rien paraître. Sinon les adieux seraient encore plus durs.. Alors elle refusa son aide. Il fallait qu’elle le fasse seule. L’espagnole commença par étiqueter  les affaires qu’elle prenait, ceux qu’elle laissait et bien sûr ceux dont-elle se débarrassait. Et après plusieurs heures de tries, Evane commença les cartons.

« Chérie ? Je suis rentré ? C'est ton homme et j'ai très envie de faire l'amour. » Au son de sa voix, la brunette releva la tête et sourit. Il n’y en avait pas mille qui pouvait se permettre de  lui sortir ce genre de phrase. D’ailleurs, Evane réalisa qu’une fois partie, elle n’entendrait plus ses idioties. C’était ça qu’elle détestait le plus dans les déménagements : s’éloigner des personnes qu’elle aimait. Et Jesse en faisait partie. Enfin, même si elle partait, la Damenez savait très bien que rien ne changerait entre eux. Ils étaient trop importants dans la vie de l’autre pour que leur relation puisse s’effondrer. De toute façon, Evane ne le permettrait pas. A sa réflexion, Evane s’arrêta. De quoi parlait-il ? Elle vint à sa rencontre et lui prit le prospectus des mains après avoir déposé un baiser sur sa joue. « Ah non ! Ça, ça vient à New-York avec moi ! » Elle regarda l’affiche de Spring Awakening un instant, puis la reposa dans le carton. Il était hors de question qu’elle s’en sépare après tous les bons souvenirs que ça lui évoquait. « D’ailleurs qui sait, peut-être qu’une fois là-bas on me proposera le rôle de Wendla ! » Elle ne pourrait pas rêver mieux ! « Dommage que tu ne viennes pas, tu aurais pu être mon Melchior. » Ils connaissaient cette comédie musicale sur le bout des doigts. Alors ensemble, ils feraient un carton sur les planches. Et puis, vu l’alchimie qu’il y avait entre les deux, cela ne pourrait que marcher. Seul problème, Evane était la seule à partir à la conquête de son rêve.  

Jevane

A ses mots, la belle ne pouvait que sourire. Jesse avait toujours eu le don de la mettre en confiance et de la rassurer. Evane savait qu'il ne disait pas ça pour se moquer d'elle. Bien au contraire. « Usted está siempre brillando para mí también. » Lui répéta-t-elle dans sa langue natale. Si Evane voulait jouer Wendla, elle le ferait. A chaque fois que la brunette désirait quelque chose, elle l'avait. Du moins, professionnellement parlant. Lorsqu'elle était déterminée, rien ne pouvait l'arrêter.

Mais là, elle le voulait lui, Jesse, auprès d'elle. Ils pouvaient bien être deux à briller à New-York. Elle y songeait depuis un petit moment déjà et en avait déjà fait part à son ami. Alors oui, parfois elle devenait un peu trop lourde avec ses sous-entendus, mais la Damenez voulait qu'il sache qu'elle était sérieuse. Lui aussi voulait devenir acteur. New-York était donc la solution. Là-bas il y aura sans doute des hauts comme des bas, mais le plus important était qu'ils seraient là l'un pour l'autre, quoi qu'il puisse arriver. Alors en évoquant Spring Awakening, il fallait bien que la brunette en remette une couche. En même temps, elle ne voyait pas de meilleur Melchior que Jesse. Il seul la mettrait en confiance et la soutiendrait. Mais il y avait encore un léger problème. Et celui-ci s’appelait Duncan. Encore et toujours le même.. En les voyant rompre, l'espagnole était bien contente de ne plus entendre parler du fleuriste. Du moins au début.. Car depuis quelques temps, elle voyait que son ami pensait encore au garçon et qu'il n'avait décidément toujours pas tourné la page. Il tentait de se montrer fort, mais au fond, la brune voyait bien que son meilleur ami ne s'en était toujours pas remis. Au début elle pensait qu'il s'agissait simplement d'une histoire de fierté, mais au fil du temps, Evane se rendit compte que son Jesse tenait bien plus au fleuriste qu'il ne le laissait croire. Malheureusement. Oui, Evane n'aimait pas Duncan et ça, tout le monde le savait. Elle avait même manigancé un plan avec Sam pour que le couple Jesse/Duncan cesse. Oui c'était moche et elle s'en voulait encore aujourd'hui. Mais on ne pouvait lui en vouloir, après tout elle avait eu raison : le fleuriste ne savait pas se tenir. « Oui.. » Elle soupira. « Chose que je n'arrive toujours pas à comprendre d'ailleurs. » Evane ne s'était jamais cachée devant le jeune Gallagher. Il le savait très bien qu'elle ne portait pas Duncan dans son cœur et encore moins depuis qu'il l'avait trompé. Mais elle devait faire avec. Voir Jesse heureux, s'était tout ce qui lui importait au fond. Et tant pis si pour l'être il devait se réconcilier avec l'autre idiot. « Tu lui as reparlé depuis ? » Les deux amis ne se parlaient pas tellement de leurs déboires amoureux, mais cela intriguait la jeune femme. Elle voulait savoir s'il avait revu son fleuriste et éventuellement, qu'elle tournure cela avait prit.

La Damenez continua à ranger ses vêtements dans ses cartons, quand elle vit un tee-shirt. Son tee-shirt, à lui. Elle qui pensait avoir fait complètement le tri, s'était trompée. Evane le regarda un instant, sentant une boule se former dans son estomac. Elle détestait avoir ce genre de surprise, surtout lorsqu'elle n'était pas seule. Il fallait qu'elle fasse bonne figure, ne pas montrer qu'en voyant ce vieux tee-shirt appartenant à Heathcliff, elle avait envie de s'enfermer pour pleurer. « Ça par contre, c'est poubelle. » Dit-elle le plus naturellement possible.