|
|
| Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen | |
| Auteur | Message |
---|
| Sujet: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Dim 17 Nov - 21:33 | |
| Francis Scott Fitzgerald a écrit : ❝ Montrez moi un héros, et je vous écrirais une tragédie. ❞ Juin 2010 « I just died in your arms tonight. » Les larmes coulaient en silence. La mort comme une ombre dans cette maison faisait grincer les parquets et les portes. Un accident avait emporté une petite fille, à peine sortie de l'enfance. Un drame imprévisible qui déchirait la famille Hamilton depuis sept mois déjà. De sa fenêtre, Charles ne pouvait que constater les dégâts qu'une telle horreur pouvait provoquer. Les rires fluets des mômes de cette famille s'étaient tus. Les colères parentales aussi, comme si l'hiver avait emporté le semblant de vie que la mort de Tessa ne leur avait pas ôté. La joie glacée dans un souvenir, celui de son visage et de son sourire. Il se sentait triste et impuissant, de ne pouvoir soulager ces gens qui souffraient le martyr si près de chez lui. Et pourtant, dieu sait comme il aurait aimé pouvoir changer les choses. Ce jour-là, il ne travaillait pas. Judith avait préféré s'exiler aux côtés des autres conseillers municipaux et les enfants squattaient les bancs de l'école. Assis au comptoir de la cuisine, un café brûlant à portée de main, son journal quotidien étendu devant lui, il se sentit comme embourbé. Les deux pieds plongés dans la boue, jusqu'au genou. Et sa descente dans cette matière gluante et visqueuse ne faisait alors que commencer. La routine. Ce jour-là, il se refusa à s'en contenter. Il avait envie de rendre son existence meilleure. Et en voyant son voisin, Nolan Hamilton, quitter le domicile d'un pas ferme et démarrer la voiture en trombe, l'évidence lui apparut clairement. Il vida la tasse de café, se hâta de passer devant le miroir et se glissa dehors. La chaleur lui lécha la joue mais il ne se laissa pas décontenancer. Sa détermination resterait de marbre. Il traversa son allée, fit vingt mètres à tout casser et dévia à la perpendiculaire pour trouver le chemin de la demeure Hamilton. Devant la porte, il ne prit même pas la peine d'hésiter. Il frappa d'un son clair plusieurs fois. Il connaissait Maureen depuis toujours ou presque. Ils avaient eu l'occasion de partager quelques barbecues officiels sous le courroux de Judith. Mais malgré ce carcan oppressant, Charles avait ressenti de bonnes ondes provenant de ce couple. Etrangement, ils semblaient tous deux sincèrement heureux. Jusqu'à ce qu'on leur arrache la chair de leur chair. Il ne pouvait se résoudre à ne rien faire. Le temps de la nonchalance et de la fainéantise était révolu : il se devait d'agir. La porte s'ouvrit devant lui, la femme éprouvée par les longs mois qui venaient de passer lui faisait face.
-Je... Charles Livingstone, vous vous souvenez de moi ? Le voisin de droite, ou de gauche, ça dépend d'où on se place.
Dernière édition par Charles Livingstone le Mar 19 Nov - 16:55, édité 2 fois |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Lun 18 Nov - 21:03 | |
| Un jour de plus en Enfer. Aujourd'hui était de ces jours où on aurait préféré ne pas se lever. Maureen s'était pourtant levée, difficilement. Elle avait alors affronté l'humeur morose de Nolan, les cachotteries de sa fille, l'humeur massacrante de son fils. Elle avait néanmoins préparé le petit déjeuner, avait été aux petits soins, comme à son habitude. Ses enfants étaient partis, ne laissant plus que Nolan avec elle. Maureen avait alors tenté de lancer la conversation, sans succès. Nolan n'avait répondu que par des marmonnements. Maureen voyait, semaine après semaine, son mari se renfermer dans un monde de noirceur auquel lui seul avait accès. Elle tenta encore une fois, avec toute la douceur du monde. Puis n'y tint plus.
"Tu pourrais au moins faire semblant de vivre. Sourire. Pour moi."
Nolan lui avait adressé un regard, qui glaça le sang à sa femme. Puis, sans un mot, il avait pris son manteau à la volée et disparu du champ dans l'entrée. Maureen ferma les yeux en entendant la porte claquer, puis attendit, la boule au ventre, d'entendre le bruit du moteur. Qui ne tarda pas, avant que la voiture ne démarre en trombe. Maureen se retint quelques secondes, avant de fondre en larmes. Elle était fatiguée de devoir gérer son mari, ses enfants, son propre chagrin, de devoir donner le change, de voir toute sa vie se désintégrer petit à petit, de ne plus voir sa fille et de devoir accepter le fait qu'elle ne la reverrait plus. Elle éclata en sanglots rapidement, se laissant tomber assise au pied du frigo.
Pourtant une minute à peine après, la sonnette retentit. Maureen se releva, rapidement. Elle sécha ses larmes d'un revers de la main. C'était peut-être Nolan qui rentrait, elle l'espérait de toutes ses forces, alors elle se précipita vers la porte et l'ouvrit en un coup. Mais ce n'était pas Nolan. C'était le voisin, Charles Livingstone. Maureen ne put s'empêcher d'afficher un air surpris, avant de se reprendre. Et dire qu'on voyait qu'elle avait pleuré, elle ne devait pas ressembler à grand chose.
"Je... Charles Livingstone, vous vous souvenez de moi ? Le voisin de droite, ou de gauche, ça dépend d'où on se place".
Maureen sourit. Oui, elle se souvenait. Les Livingstone étaient des voisins de longue date, ils se voyaient régulièrement dans le cadre des évènements du voisinage. Maureen aimait bien Charles, beaucoup moins sa compagne.
-Oui oui, je me souviens. Comment allez-vous? Je peux faire quelque chose pour vous? |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Mar 19 Nov - 20:37 | |
| Francis Scott Fitzgerald a écrit : ❝ Montrez moi un héros, et je vous écrirais une tragédie. ❞ Maureen se tenait devant lui mais elle ressemblait à un fantôme. Sur ses joues, les traces humides des larmes qu'elle venait de verser dessinaient de tendres arabesques. Ses yeux rougis par les sanglots trahissait son désespoir. Et malgré tout, elle parvint à sourire. Charles en eut le souffle coupé. Que d'efforts fournis par cette mère dévastée, par cette épouse éplorée, pour réussir encore à affronter la réalité. Il se demandait s'il aurait été capable d'une telle prouesse. Elle lui demanda si elle pouvait faire quelque chose pour lui et il trouva sa réplique fort ironique. Non, elle ne pouvait rien faire. Il n'attendait rien d'elle.
-Non, mais moi oui. Je veux vous aider, Maureen.
Il trouva soudainement ses avances pathétiques. Il avait tout l'air d'un gourou motivé à faire venir la femme dans sa secte. Ou d'un détraqué. Il eut peur qu'elle refuse.
-Vous voulez sortir un peu ? Changer d'air ?
Pour accompagner son idée, Charles tendit la main vers l'extérieur. Il imaginait Maureen cloîtrée dans sa maison comme dans son cœur, prête à ne faire aucun sacrifice, à n'avancer aucunement, tout cela pour ne jamais risquer d'oublier sa fille. Il pensait à elle comme à un oiseau dans une cage. Un oiseau dont les ailes flétries par le temps et le chagrin rendaient l'envol impossible. Un oiseau dont le plumage rare ne scintillait plus comme naguère. Un magnifique colibri qui ne rêvait plus qu'à une chose : retrouver la puissance du vent et la pureté des nuages. Dehors, le temps était au beau fixe. Les chaleurs saisonnières n'étaient pas étouffantes car encore accompagnées par un délicat mistral. Mais dans le cas où Maureen accepterait son invitation, Charles ne comptait pas rester là. Il voulait qu'elle voie autre chose que le quartier dans lequel sa fille avait grandi et dans lequel elle était morte. Il désirait qu'elle prenne un bain de soleil loin des murmures désobligeants. Il espérait qu'elle inspire à grands poumons le parfum sauvage des Glades, mélange subtil entre l'iode et la douceur des chênes blancs et des érables. Mais pour cela, fallait-il encore qu'elle daigne accepter. Sans quoi toutes ses belles idées couleraient à pic dans les profondeurs d'un océan que lui-même n'avait jamais osé sonder. Pour l'aider à se décider, Charles laissa transparaître un sourire sur son visage. Franc et sincère, loin des figures compatissantes des hypocrites bourgeois que Maureen devait perpétuellement rencontrer. « Tell them I was happy and my heart is broken, all my scars are open. »
Dernière édition par Charles Livingstone le Dim 24 Nov - 14:32, édité 1 fois |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Mer 20 Nov - 23:15 | |
| "Tell them all I hoped yould be impossible"
C'était la première fois en plusieurs mois qu'une personne voyait Maureen dans cet état, hormis sa famille. Elle le savait, car elle s'attachait à ne jamais apparaitre en larmes devant un étranger. Il y avait eu tellement de rumeurs sur la maison Hamilton à la mort de sa fille qu'elle avait verrouillé les apparences. Aux yeux des voisins, elle continuait la tête haute. Elle n'était pas cette femme qui pleurait tous les soirs depuis sept mois. Et pourtant, Charles Livingstone la voyait maintenant telle qu'elle était réellement : une femme brisée, désespérée. Et il ne semblait même pas afficher de la pitié.
"Non, mais moi oui. Je veux vous aider, Maureen."
L'intéressée afficha un air surpris. Elle était prise au dépourvu, et ne sut que répondre tout de suite. Son voisin venait de dire qu'il voulait l'aider. Qu'est-ce que ça voulait dire? Et pourquoi? Et qu'était-elle censée répondre à ça. Alors, ne trouvant pas de mots, elle se contenta de regarder Charles avec un air incompréhensif, jusqu'à ce qu'il continue. Elle l'entendit alors lui proposer de sortir, de changer d'air. Cet homme était soit fou, soit un ange gardien. Il venait sonner à la porte, proposait à Maureen de changer d'air, juste au moment où c'était ce qu'elle souhaitait. Changer d'air. Enfin, faire autre chose, voir autre chose, vivre autre chose que le malheur des Hamilton. C'était là une proposition surprenante venant d'un homme qu'elle connaissait à peine, et pourtant, c'était pile ce dont elle avait besoin, et Charles Livingstone venait, en quelque sorte, de sauver la vie de Maureen Hamilton. Elle afficha un sourire, malgré la surprise que causait encore cette intervention.
-Attendez-moi ici une minute.
Elle laissa la porte se refermer, enfila une paire de chaussures, saisit son blouson, ses clés, et rouvrit la porte. Elle faillit pousser un soupir de soulagement : il était encore là, ce n'était pas une hallucination. Elle sortit et referma la porte derrière elle, avant de reporter son attention sur Charles.
-Je suis prête maintenant. Où allons-nous?
Oui, elle était prête. Prête à faire un truc inattendu, à faire quelque chose pour elle seule, pour la première fois depuis des mois. Elle espérait simplement que Charles supporterait sa présence ou si tout cela n'était qu'un écran de fumée.
"Just because it burns doesn't mean you're gonna die. You gotta get up and try." |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Dim 24 Nov - 14:32 | |
| Francis Scott Fitzgerald a écrit : ❝ Montrez moi un héros, et je vous écrirais une tragédie. ❞ Le couperet allait tomber. Soit à côté soit sur la nuque de Charles. Maureen pouvait refuser sa proposition ou l'accepter, et bien qu'il espérait qu'elle choisisse la seconde alternative, il savait d'avance qu'il n'insisterait pas en cas de refus. Ce n'était pas convenable et il n'avait guère l'énergie pour cela. Si la femme éplorée voulait le rester, alors son initiative aura été vaine. Seulement, sur les lèvres de la brune, un sourire se dessina et elle lui demanda d'attendre quelques minutes. Un quelque chose vint réchauffer le cœur inquiet de Charles. Il hocha la tête en guise d'approbation et attendit derrière la porte close. Il n'eut pas à patienter longtemps car Madame Hamilton réapparut très vite. Elle avait chaussé des bottes, couvait précieusement son manteau sous le bras, faisait tinter un trousseau de clé. L'excitation de Charles s'emballa lorsqu'elle verrouilla la porte et lui fit face à nouveau. Elle acceptait, ni plus ni moins. Elle saisissait cette main franche que le père Livingstone lui tendait. Surpris, Charles ne sut quoi répondre lorsque Maureen l'interrogea sur leur destination. La réponse, il la connaissait mais il se demandait si c'était judicieux de la mettre au courant.
-Vous verrez, c'est à une petite heure de route.
Le ton de sa voix venait de s'éclaircir. Il n'hésitait plus et savait exactement quoi et comment le faire. Il invita Maureen à le suivre, et il lui intima d'attendre près de sa voiture, une Buick Enclave dont il était devenu le propriétaire une paire d'années plus tôt. D'un pas rapide, il s'éclipsa à son tour dans sa maison, pour récupérer deux trois affaires qu'il fourra dans un sac à dos, et ses clefs. Il ferma à son tour et monta dans son carrosse. Maureen s'installa à côté de lui. Direction son île déserte, son havre de paix, son bonheur absolu. Il fallait mettre des kilomètres entre Magnolia et son extase, entre tous ces mutants avides de pouvoir et d'ambition et la nature sensible et honnête dont Charles était épris. La voiture vrombit et ils quittèrent Magnolia Street. Charles se demandait ce que dirait Judith en rentrant : il ne serait certainement pas à la maison, chose rare, ni même à sa boutique, chose encore plus incroyable. S'inquiéterait-elle ? Il en doutait. Mais l'heure n'était pas aux réflexions intenses sur son couple qui battait de l'aile. Il avait dans sa voiture une invitée de choix et il n'avait pas le droit de la laisser poireauter en silence. Du moins, c'était ainsi qu'il concevait la situation. Il alluma la radio sur une station qu'il adorait écouter, où pop et rock de toutes les années confondues venaient s'entrechoquer. « Don't stop me now, I having such a good time, I'm having a ball. Don't stop me now, if you wanna have a good time, just give me a call ! »
-Oh mon dieu, j'adore j'adore !
Charles sautilla sur son fauteuil en chantonnant la chanson. Qu'ils passent pour des demeurés, il s'en fichait. Il se sentait plus libre et vivant lorsqu'il chantait, et il espérait communiquer cette sensation avec Maureen. Ils venaient d'emprunter la nationale 55 en direction de New Port.
Dernière édition par Charles Livingstone le Jeu 5 Déc - 11:33, édité 1 fois |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Mar 26 Nov - 20:00 | |
| "Vous verrez, c'est à une petite heure de route."
Maureen afficha un air surprise, une fois de plus. Lorsque Charles lui avait parlé de changer d'air, elle n'aurait pas pensé que ce serait à ce point. Mais il n'était plus question de reculer, après tout, la distance n'était pas plus mal, cela lui ferait peut-être du bien de partir très loin. A moins que Charles Livingstone soit en fait un psychopathe et qu'elle soit sa prochaine victime, auquel cas c'était la pire décision de sa vie. Mais admettons que cette dernière hypothèse était peu probable. Maureen suivit donc Charles jusqu'à sa voiture et s'installa côté passager. La voiture était propre comme un sou neuf à l'intérieur, comme si on l'avait rangée pour l'occasion. Ils démarrèrent en silence, Maureen ne sachant pas comment entamer une conversation dans un contexte si étrange. Ils n'allaient tout de même pas parler de la météo ou du dernier programme télé. Demander le pourquoi du comment n'était pas non plus approprié pour l'instant. Alors elle se tut, perdue dans ses pensées.
Charles alluma la radio et Queen retentit. Cela eut un effet...euphorisant sur le conducteur, qui de toute évidence était un fan de Freddie. Son exclamation, suivi de ses trémoussements sur le fauteuil eut raison du sérieux de Maureen, qui éclata d'un rire franc.
-Vous alors, vous êtes un sacré personnage!
Mine de rien, la bonne humeur de son voisin était la bienvenue, et Maureen se sentait plus légère, en venant presque à oublier l'évènement de ce matin. Elle regarda par la vitre, pendant que Charles chantait Freddie Mercury. Pas très bien, avouons-le, mais il avait au moins le mérite de tenter. Elle-même se surprit à chantonner en choeur, un sourire aux lèvres. C'était bien de faire quelque chose d'inattendu, de se laisser aller. Cela faisait longtemps que Maureen ne s'y était pas autorisée, trop tiraillée entre sa volonté et son devoir. Mais ici, dans cette voiture, elle pouvait laisser ses nombreux problèmes de côté et profiter d'une journée en compagnon d'un homme charmant, qui semblait avoir la pêche.
Elle reconnut la 55, et détacha son regard de la vitre pour le porter sur Charles. De toute évidence, il savait où il allait. Mais il avait volontairement caché la destination à Maureen. La 55 menait à New-York. Mais ce n'était pas une destination secrète, donc ils ne se dirigeaient pas là. Où donc voulait-il emmener Maureen? Et pourquoi? Cet homme débarquait comme ça, au moment où elle en avait besoin, et l'emmenait faire un tour, dans un endroit lointain mystérieux. Ca ressemblait au début d'un film à l'eau de rose, les violons et les plans séquences en moins. Qui était donc Charles Livingstone, au fond? On pensait le connaitre, parce qu'il était un voisin, parce qu'on discutait avec lui au barbecue du dernier match de football, parce qu'il riait facilement. Mais au final, Maureen ne connaissait pas son voisin, car jamais elle n'aurait pensé le voir débarquer au pas de sa porte un matin. Elle était certes réservée, mais elle était aussi curieuse, et au bout de quelques minutes sur la 55 elle n'y tint plus.
-Pourquoi, Charles?
Elle fixait désormais son sauveur du regard. Il fallait qu'elle sache. Les Livingstone et les Hamilton n'étaient pas spécialement proches, Maureen et Charles ne se voyaient jamais en dehors des éternels "salut voisin!" le matin en allant chercher le courrier, rien ne justifiait qu'elle se trouvât [mate le subjonctif!] dans sa voiture.
-Pourquoi vous faites ça?
"Won't you take me by the hand, take me somewhere new? I d'ont know who you are, but I'm with you." |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Jeu 5 Déc - 12:01 | |
| Francis Scott Fitzgerald a écrit : ❝ Montrez moi un héros, et je vous écrirais une tragédie. ❞ La musique dans la peau, le rythme en tempo, Charles chantonnait gaiement sans se préoccuper des notes qu'il martyrisait un peu ou des paroles qui parfois lui échappaient. Il aimait vivre et la musique de Mercury était un exutoire comme il en avait connu peu dans sa vie. S'il avait été possible de mettre le véhicule en conduite automatique comme la Batmobile, Charles n'aurait pas hésité. Il aurait ainsi pu enchaîner quelques mouvements de danse ou quelques étirements de bras qui faisaient très disco. Mais non, ce n'était pas possible ; néanmoins, cela suffit à rendre à Maureen son sourire. Prise d'un fou-rire qu'elle ne voulut pas dissimuler, elle lâcha une petite phrase que le Livingstone apprécia. Un sacré personnage. Si seulement ses enfants pouvaient eux aussi le voir comme ça ! Lancés, ils entamèrent quelques autres chansons des années folles en marmonnant des paroles parfois incompréhensibles, mais qui rendaient leurs deux cœurs un peu plus légers. Ils roulaient tranquillement sur la nationale 55. Etrangement, il n'y avait pas un chat, et le moteur ronronnait doucement. Charles préférait de loin l'agitation des grandes villes, où il pouvait appuyer sur la pédale d'accélérateur et sentir l'adrénaline se diffuser dans tout son corps. Enfin, il était un peu comme tous les autres garçons, jeunes et vieux : il aimait sa voiture, et adorait qu'on découvre avec hébétement sa puissance. Seulement, Maureen n'aurait pas cette joie-là, puisqu'ils avançaient à quatre-vingt-dix kilomètres par heures sans avoir ni à freiner ni à doubler. La quiétude absolue. La petite voix de la mère dans la voiture tira Charles de ses considérations automobiles. Elle l'interrogeait, mais sans comprendre premièrement, il se tut. En guise de réponse, un sourcil arqué vint exprimer la confusion au-dessus de son œil droit. Elle poursuivit pour clarifier ses propos et il soupira un « Aaah ! » de satisfaction. Il ne savait pas encore quoi répliquer mais comprendre était une sensation divine. Pourquoi faisait-il ça. Il aurait pu disserter sur le sujet. Ou monter un film. Mais budgétairement, Judith l'aurait supplié d'abandonner son grand projet.
-Faut-il vraiment avoir une raison ? Demanda-t-il espérant pouvoir éluder la question avant de se raviser. Disons que je ne sais pas ce que vous vivez, Maureen. Je ne veux même pas l'imaginer. Mais je vous vois tenir le taureau par les cornes, lui montrer que vous allez continuer à vivre malgré tout, que vous protégerez vos enfants coûte que coûte. (Il raconte tout cela avec un air un peu théâtral, un bras tendu vers l'avant comme pour imager ses propos.) Et je vous vois aussi chercher du soutien auprès de Nolan qui préfère fuir la maison et vous laisser seule affronter le taureau. Si vous ne prenez pas le temps de respirer Maureen, il va vous écraser ! Le taureau, pas Nolan hein !
C'était une drôle de métaphore pour parler du tragique décès d'un enfant. Mais Charles espérait qu'elle comprenne qu'il zieutait parfois à travers sa fenêtre – ou pas – et qu'il savait comme se sentir pris au piège dans sa propre maison était insupportable. Il calma ses ardeurs et se reconcentra sur la route. L'heure passa plus vite que prévu, certainement parce que la circulation leur était favorable. Ils quittèrent la grande nationale en arrivant à Millville, qu'ils traversèrent. Les citoyens étaient de sortie dans les rues et ils progressèrent un peu moins vite. Mais ils parvinrent à sortir de l'agglomération en se glissant sur la 555. « I put you high up in the sky and now you're not coming down »
|
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Sam 14 Déc - 19:39 | |
| "Faut-il vraiment avoir une raison ?"
Eh bien, oui. Non? Maureen fut d'abord prise au dépourvu par cette question. Elle pensait qu'il fallait une raison pour venir comme ça, emmener sa voisine au bout de Dieu-savait-quoi. Elle aurait eu besoin d'une raison pour le faire. Et Charles devait bien en avoir une aussi. Il ne tarda pas à lui donner raison, et lui fit une métaphore sur un taureau, qu'il finit sur une petite touche d'humour. Maureen eut un petit rire; Il était bien évident que Nolan n'allait pas écraser sa femme. Mais derrière ce petit rire se cachait beaucoup de sentiments. Elle voyait très bien où Charles voulait en venir. Ainsi donc il voyait ce qui se passait. Et avec ces mots, Maureen eut l'impression qu'il comprenait ce qu'elle vivait. Elle avait envie de le prendre dans ses bras, de pleurer sur son épaule, de lui parler des heures de Tessa, de Nolan, de cette douleur sourde au fond d'elle, les trois à la fois même! Elle ferma les yeux et laissa une unique larme rouler sur sa joue, qu'elle essuya bien vite.
"J'espère que vous ne connaitrez jamais ce que c'est que de perdre un enfant. On pense tous que ça n'arrive qu'aux autres, et puis..."
Et puis la police vient nous annoncer que notre fille a perdu la vie dans un accident de voiture. Personne ne devrait avoir à vivre ça.
"Nolan est un homme merveilleux, mais il le vit plutôt mal. Et moi, je dois bien soutenir ma famille, non? Je n'ai pas trop le temps de...m'éloigner du taureau, si on veut. Je pensais que personne ne remarquerait le désordre dans la famille Hamilton."
Elle eut un petit sourire. Donner le change, c'était le principal, ne pas montrer les faiblesses. De toute façon, les gens avaient tellement à faire avec leur petite vie, ils ne cherchaient pas à voir au delà des apparences. Sauf Charles Livingstone, de toute évidence.
"Merci, en tout cas. De vous occuper de moi. C'est mieux quand on est deux : un pour chaque corne", ajouta-t-elle dans un demi-sourire.
Maureen jeta un coup d'oeil par la fenêtre: ils sortaient de Milville par la 555. Mais où l'emmenait-il? Au bout du monde? Nolan allait se demander où elle était passée si il revenait plus tôt.
"Don't leave me now, all alone on this darkest night, felling old and cold and grey" |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Ven 27 Déc - 4:24 | |
| Francis Scott Fitzgerald a écrit : ❝ Montrez moi un héros, et je vous écrirais une tragédie. ❞ Une fois Millville passée, le paysage n'attendit pas pour changer. Les forêts denses de feuillus s'espacèrent pour laisser libre court aux lacs et marais des Glades. Charles regardait à travers le plexiglas l'eau qui s'étendait jusqu'à l'horizon, pour se confondre avec le soleil. Il n'osait ouvrir sa fenêtre, préférant sa climatisation à la température de l'été, mais imaginait d'avance les senteurs boisées et fleuries, les relents de vase et la nature dans son plus bel appareil. Les autres pourraient bien parler, le père Livingstone n'en démordrait pas. La vérité était là, à quelques kilomètres de la voiture qui glissait sur le bitume brûlant : loin des parcs citadins, loin des jardins entretenus, loin des platanes décoratifs. C'était la nature sauvage, la liberté à l'état pur, que Charles et Maureen s'apprêtaient à retrouver. La passagère du disquaire se permit de rebondir sur la métaphore assez particulière de son voisin. Elle pria pour qu'il parte avant ses enfants, et il en fit de même, silencieusement. La brune exprima aussi sa surprise, de voir que ses efforts pour cacher la misère Hamilton aux yeux du monde étaient vains. Charles secoua la tête : s'il avait été un brin plus occupé, il n'aurait jamais pu prétendre à découvrir cela. S'il avait vécu deux maisons plus loin, même chose.
-Je suis certain d'être le seul à avoir remarqué, si ça peut vous rassurer. Vos efforts paient bien plus que vous ne l'espérez.
Il voulait soulager Maureen. Nolan vivait mal la perte de sa fille, et Charles comprenait son sentiment. Mais il fallait qu'il reprenne courage pour aider son épouse à affronter cela. Qu'il s'échappe ne ferait aucunement avancer le problème. Mais pour l'heure, elle ne savait pas où Nolan était allé se réfugier, et Charles était le seul qui pouvait prétendre à aider la malheureuse. Il ne comptait pas remplacer le père Hamilton, mais il ne savait pas quoi faire de sa deuxième épaule, alors... Elle le remercia de se donner la peine de l'aider, et il soupira en secouant la main. Il ne fallait pas qu'elle s'en fasse pour ça : ce n'était vraiment, vraiment pas un effort pour lui.
-J'ai un peu menti, toute à l'heure. En acceptant de venir, vous avez fait quelque chose pour moi. Je... j'avais besoin de sortir aussi, de quitter ce quartier.
L'homme dirigeait son véhicule de mémoire : il était déjà venu ici. Avec sa femme, avec ses enfants. Aucun de ces quatre-là n'avaient ressenti le moindre picotement. Ils étaient restés sur la berge, avec l'envie pressante de quitter cet univers alternatif. Charles ne concevait pas qu'on renie à ce point la nature. Ils firent un dernier kilomètre sur un petit chemin terreux avant de trouver une petite clairière de sable où se garer. Charles tut son moteur avant de lâcher, l'air désespéré :
-Je peux vous tutoyer ? On vient de faire une heure de route ensemble, on est amis maintenant !
Il offrit un large sourire à son invitée, priant pour qu'elle ne rechigne pas le changement de ton. Charles était un homme sociable, qui n'utilisait le vouvoiement qu'à des fins séductrices. Or, il serait bientôt l'homme le plus sauvage des kilomètres à la ronde. Les bonnes manières, il préférait les laisser dans la voiture. Il ôta sa ceinture et quitta l'habitacle. Le vent chaut vint mordre son visage, amenant avec lui tous les sentiments enfouis de Charles. Il déboutonna ses manchettes et remonta sa chemise jusqu'aux coudes. Il inspira à plein poumons avant de lâcher :
-Liberté chérie, je suis de retour.
« I’ve been waiting to smile, ‘ay, been holding it in for a while, ‘ay, take you with me if I can, been dreaming of this since a child. I’m on top of the world. »
- Spoiler:
Nous sommes, Charles et Maureen, actuellement aux alentours de Laurel Lake NJ, au sud de Millville NJ. Si tu as le courage, comme je l'ai eu à 4h du mat' , tu peux regarder sur Google Map, t'as plein de lacs et tout, bah ils se sont faufilés jusqu'aux berges de l'un d'eux. LA SSECLA QUOI. http://pics4.city-data.com/cpicc/cfiles28581.jpg
- Spoiler:
Désolée pour l'attente et la longueur. Je suis en pleines révisions donc c'est un peu tendu mais bon. :/
|
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen Mar 7 Jan - 20:03 | |
| Charles était un homme à qui l'on sentait que l'on pouvait se confier. En tout cas, Maureen le sentait. Ca ne lui était pas arrivé souvent. Mais passé la surprise, venait le bon côté : elle pouvait parler librement. Charles la rassura en lui affirmant qu'il était probablement le seul à avoir vu ce qu'il avait vu. Peut-être, en tout cas il était le seul à avoir agi en conséquence. La réputation des Hamilton allait peut-être être préservée après tout.
Puis ce fut au tour du conducteur de se livrer, un peu, en quelques mots. Lui aussi avait besoin d'air. Maureen tourna un regard surpris vers lui. Pourtant il ne semblait pas étouffer. Quoique, madame Livingstone ne devait pas être des plus faciles à vivre, mais de là à être étouffante. Les voisins paraissaient heureux, une famille sympathique, sans problèmes. La déclaration de Charles était un peu déroutante. Et puis, avec deux secondes de réflexion, Maureen se rendit compte qu'elle n'était peut-être pas la seule à être douée pour cacher les problèmes de la maison. Charles aussi était peut-être comme elle, à prier pour que quelqu'un, quelque part, vienne l'aider, le sauver.
La voiture s'arrêta et Charles demanda le tutoiement. Accepté. Avec plaisir même! Maureen lui sourit, et déjà il était sorti de la voiture, remontait sa chemise et respirait l'air frais à pleins poumons. Elle le rejoint, se plaça à côté de lui, admira le paysage. Elle en avait plein la vue, cet endroit était magnifique. Elle n'avait jamais rien vu de pareil. Pourquoi n'était-elle jamais venue? Pourquoi personne ne lui avait parlé de tout ça? Ce devrait être reconnu d'utilité publique, car au premier coup d'oeil, à la première inspiration, Maureen se sentit tout à coup sereine et...libre. Libre dans cet espace immense.
-C'est magique. Tu es un génie!
Elle sourit, un vrai sourire de bonheur, comme elle n'en avait plus eu depuis un bout de temps. Puis elle se tourna vers Charles et vit qu'il ressentait un bonheur similaire. Il avait une attitude toute différente. Il y avait quelque chose de charmant chez cet homme, et étrangement d'assez enfantin sur son visage. Un peu comme si Peter Pan avait pris Trente-cinq ans. Il devait vivre quelque chose de grave pour venir avec une voisine à plus d'une heure de chez lui.
-Permet moi d'être indiscrète, assez parlé de moi. Raconte-moi ce qui t'amène ici, toi.
Oui, les deux voisins se connaissaient à peine, mais il avait bien fait fi des convenances, elle pouvait bien faire de même. Et puis, elle se devait de l'aider, comme lui l'aidait. C'était son côté maternel, sûrement. Elle ne supportait pas de voir les gens souffrir. |
| | |
| Sujet: Re: Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen | |
| |
| | | | Just give me that smile, oh baby come on ! - Maureen | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|