Il se faisait tard, la lune était postée à la fenêtre de ta chambre et aucun nuage ne venait briser ce magnifique panorama, les étoiles étaient déjà là et tu souriais en les regardant illuminer le ciel telle une enfant qui les découvrait. Tu te retournas pour observer ta chambre et écouter les bruits qui se produisaient dans ta maison désespérément vide mais aucun son ne venait troubler tes fines oreilles. C'était calme, trop calme même pour une fois. Tes parents s'étaient absentés toutes la soirée et ta soeur demeurait introuvable mais d'un côté, cela ne te dérangeait pas. Cette traînée pouvait bien être n'importe où, du moment qu'elle ne se trouvait pas dans tes parages, d'ailleurs personne ne s'y trouvait aujourd'hui et cela te faisait du bien. Personne pour t'insulter, te respecter ou t'aimer, personne à séduire ou à détester, tu étais seule et cela te faisait peur.

Cette atmosphère, cette ambiance, tu tremblais et essayais de te rassurer comme tu pouvais en te répétant que la solitude n'était pas dangereuse. Tu allumas ta radio afin de soulager ta phobie puis écoutas attentivement les chansons avant de danser sur l'une d'elles, certains t'auraient prise pour une folle à danser ainsi mais tu savais que tu étais seule et le rythme de la musique te transportait sans que tu ne veuilles aller en contraire, tes pas s'allongèrent, tes bras ondulèrent puis la chanson se termina et tu t'allongeas, essoufflée, sur ton lit. Tu respiras profondément puis fermas les yeux en réfléchissant, un gargouillement se faisait entendre et tu obéissais immédiatement à la parole de ton estomac vide, descendant une à une les marches pour finir dans la cuisine. Tu saisissais une part de gâteau au chocolat qu'il restait sur la table puis partis la manger sur le canapé en regardant tranquillement la télévision.

Le film n'était pas passionnant, il était seulement triste, assez pour que tu verses une larme sur la fin en te demandant "Et si quelqu'un me voyait comme ça, qu'est-ce qu'il penserait?" car après tout, pour tout le monde tu n'étais qu'une peste pourrie gâtée alors te voir laisser couler une gouttelette sur tes fines joues après avoir regardé  une simple fiction pourrait casser ton image que tu avais forgé avec le temps au sein de cette famille.

Quand tout à coup un bruit te fit sursauter, tu écarquillas les yeux et pris peur que ce soit un voleur tu te levas craintivement et saisit un élément pointu de la cheminée : " Qui est-là ? "

Dans ces moments là, quiconque se trouverait ridicule et c'était d'ailleurs ton sentiment. La honte t'envahissait et tes joues rougissaient, tu allas reposer l'élément de la cheminé et t'installas dans le canapé. Tu avais eu peur pour rien et c'était humiliant pour toi que l'on te voit dans cette position de frayeur, surtout quand cette personne se trouvait être ton oncle que tu n'appréciais pas plus que ça, il t'énervait à toujours prendre la défense de ta conne de soeur et à te rabaisser d'une vulgaire manière. Après tout tu n'y étais pour rien si c'était toi qui récoltait tout l'amour de ta mère à la place de ton aînée qui, quant à elle, avait le droit aux multiples reproches de tes parents. Mais ce qui t'énervait encore plus c'était que tous te considéraient comme une princesse sauf lui, pourtant tu avais tout fait pour qu'il soit à tes pieds comme tous les autres mais rien n'y faisait, cet homme t'ignorait et te méprisait.

Tu croisais les bras, confortablement installé dans le canapé et répondis à ton cher oncle fraîchement rentré : "Non, j'ai préféré rester ici pour une fois, ça me fait du bien d'avoir un peu de calme." Tu étiras ensuite tes bras en poussant un petit gémissement avant de le regarder et de lui demander innocemment : " Et toi ? Tu devais pas passer toute la nuit avec ta petite femme chérie ? Je suis étonnée de te voir rentrer si tôt, vous vous êtes disputés c'est ça ? " Tu lui avais posé beaucoup de questions et tu espérais bien qu'il allait te répondre car en réalité tu souhaitais connaître tous les détails pour savoir quand est-ce qu'il allait partir emménager avec sa copine pour ne plus mettre les pieds ici, ou du moins, pas aussi régulièrement. Ta soeur allait donc se trouver toute seule face à toi et ta mère et rien que l'idée de la voir se lamenter et hurler de colère te plaisait.

Tu te levas un instant, un petit sourire sur les lèvres et tu te dirigeas vers la cuisine pour prendre un petit verre de vin avant de le boire goulûment. Ta tenue ne te gênait pas, tu n'étais pas pudique après tout donc te retrouver en nuisette dans la maison devant ton oncle n'était pas une honte pour toi, c'était même une fierté. Ton corps ou en général ton physique te plaisait et plaisait, n'importe qui pouvait te dire que tu étais belle, tu lui répondrais juste : Je sais. Tu t'asseyais sur la table de la cuisine en t'adressant une nouvelle fois à ton oncle : " Si tu voulais voir Mya à ma place, je suis désolée de te dire qu'elle n'est pas là. Elle se trouve peut être sur un trottoir en train de vendre son corps ou dans la chambre d'un homme. " Ton petit côté peste venait de ressortir, ton sourire restait intact et tu pensais bien qu'il allait réagir à ces remarques sur ta soeur chérie.