La tête dans les étoiles, plus belle et plus gracieuse que jamais, elle s’apprêtait saluer chaleureusement tous ces gens venus pour la voir danser ce jour. Elle prit une grande inspiration, et s’avança d’un pas. Ses pieds lui faisaient mal, et son corset l’oppressait terriblement, mais  elle s’en fichait. Quel bonheur immense d’apercevoir tous ces visages, tous ces yeux brillants qui l’observaient. Ils étaient là pour elle, et elle avait tenu le pari. Ce soir, elle avait incarné la perfection, et elle était fière. Les cheveux tirés en un chignon, un sourire ravissant aux lèvres et les yeux plein de larmes elle fit la révérence. Un moment parfait quand tout à coup…
 
« L’hippopotame nain est un très bon nageur…  cependant il préfère la terre ferme… »
 
Elle se redressa, un peu confuse, les visages présents dans la salle la regardait maintenant avec de grands yeux ronds. Que se passait-il ? Qu’est-ce que c’était que cette voix ? Elle se trouvait à présent dans un état second, complètement désorientée… La voix était de plus en plus forte.
 
Elle se réveilla en sursaut. Son cœur résonnait dans sa poitrine. Son frangin. Encore et toujours. Décidément il faisait tout pour lui pourrir la vie. Le réveil affichait 7h30. Elle s’enfouit d’abord la tête dans l’oreiller, mais elle comprit bien vite qu’il lui serait impossible de se rendormir avec la télé aussi forte. Et surtout elle savait qu’il ne baisserait pas le son tant qu’elle ne serait pas levée. Elle sauta hors de son lit. Elle passa rapidement sa main dans ses cheveux pour ne pas avoir l’air d’une sorcière et entra dans le salon, en nuisette, sans aucune pudeur. Elle se planta devant l’écran TV et lança d’un ton agacé :
 
« Je peux savoir jusqu’où tu es prêt à aller pour me foutre hors de chez toi ? »

Les premiers rayons du matin commençaient à rentrer par la fenêtre du salon, elle y jeta un coup d’œil ne préférant pas  regarder Sam pendant que monsieur faisait son cinéma et jouait l’indifférence. Elle ne voulait pas lui donner trop d’importance. Puisque que lui, avait décidé de faire comme si de rien n’était, elle allait essayer de faire de même. La différence avec elle, c’est quelle n’est pas posée et calme comme son frère. Sienna est impulsive, franche, et quand elle a quelque chose derrière la tête il faut que ça sorte. Surtout à 7h30 du matin. Le fait de ne pas avoir d’emploie la jolie blonde avait pris ses aises et l’habitude de se lever tard. Habituellement Sam partait au travail et la maison était libre quand elle se levait avec Neil. Finalement c’était un peu comme si ils étaient seuls ici, et c’était surement pour cela que la vie lui était si facile et agréable depuis sa venue dans le quartier. Enfin ça c’était avant que son frangin ne s’emmêle. Depuis quelque temps il faisait crasse sur crasse, et là c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Elle sentait, elle allait exploser.
 
« Un crime ? Tu te fiches de moi ! Ca fait une semaine que tu fais tout pour nous faire fuir ! Pour une fois que je pouvais dormir parce que tu n’étais pas en train de fricoter bruyamment avec « ton mec », enfin je ne sais pas trop si on peut dire que c’est ton mec d’ailleurs, tu fais tout pour nous réveiller !
 
Elle reposa son regard sur lui, un regard bien noir. Elle commençait à bouillonner à l’intérieur, elle n’était qu’une bombe à retardement. Une gorgée de café ne lui ferait pas de mal tiens. Un joli sourire immotivé aux lèvres, elle s’avança vers lui d’un pas décidé, saisi la tasse de café qu’il avait entre les mains, en bu une gorgée, et la reposa devant lui.
 
« Je n’ai pas l’intention de partir, désolée de te l’apprendre » lui lança t-elle sur un ton provocateur. « Tu sais très bien que je n’ai nulle part où aller »

Elle le regardait, amusée. Sa petite provocation n’avait pas été vaine. Sienna savait que si elle évoquait Duncan, elle allait le faire réagir, et a vrai dire, c’était exactement ce qu’elle voulait, le faire réagir. Sam avait toujours été un jeune homme un peu intrigant, qui aimait faire les choses à sa manière, mais là, son ignorance l’agaçait. Pourquoi est-ce qu’il ne la confrontait pas directement une bonne fois pour toute ? Elle n’aimait pas trop ce petit côté mielleux que prenait son frère, ça ne lui ressemblait pas. Il avait échafaudé un plan qui consistait à les pousser à bout afin qu’ils partent tous de leur plein gré. Enfin qu’elle parte, et qu’elle amène tout ce petit monde envahissant avec elle. Comment ce faisait-il que Sam était aussi naïf ? Il la connaissait par cœur et il savait très bien qu’il lui en fallait beaucoup plus que ça pour fuir !
Sam avait éteint le son. Bien, au moins il ne réveillerait pas les autres avec ces hippopotames a la c** ! Le soucis c’est que c’était leur dispute que Neil et son frère allaient entendre maintenant, et elle ne voulait pas Neil soit au courant de ça. Sienna devait donc prendre sur elle et essayée de se canaliser. Elle s’avança en silence avec un sourire provocateur sans quitter les yeux de Sam, puis s’asseyant à ses côtés, lui dit tout bas :
 
« Trouves moi de l’argent et je trouverais l’appart… si tu ne nous avais pas lâchement abandonné pour ta boutique de fleurs, peut être que j’aurais les moyens de m’offrir un appart a l’heure qu’il est, et Neil aussi … on formait une si bonne équipe..»
 
A l’ instant où ces mots effleurèrent ses lèvres, elle sut qu’elle était allée un peu loin dans ses propos et que c’était un sujet à ne pas aborder. Elle soupira et se leva brusquement, se dirigeant vers la cafetière. Puis ce qu’il n’avait pas l’air de vouloir partager sa tasse, elle allait se servir elle-même.

« Et puisque tu abordes le sujet, Neil est très doué. D’ailleurs cet endroit où tu as posé tes jolies petites fesses mon frère, a été le lieu long… éprouvant… et délicieux orgasme hier, lorsque tu étais occupé avec tes petites fleurs ! Dommage que tu aies loupé ça ! »
 
Elle espérait l’irriter d’avantage.

Elle ne voulait pas s’étendre sur le sujet cependant les paroles de son frère, pour la première fois, la blessait quelque peu.

« Tu ne vas pas me dire que tu ne regrettes pas cette époque où nous étions si proches tous les 3 avec Neil ? On a passé de bons moments quand même. »

Sienna était presque vexée par les paroles de son frère. Ok, tout ne s’était pas toujours bien passé, mais elle ne s’était jamais sentie aussi proche de son frère et de Neil qu’à cette époque. Ils formaient une équipe et c’était un peu, a la vie à la mort ! Mais tout ça, c’était bel et bien terminé visiblement. Peut-être que Sienna espérait en fait secrètement que leur venue chez lui allait raviver la flamme et qu’il lâcherait ses vulgaires fleurs pour les rejoindre a nouveaux. A cet instant ces espoirs tombaient à l’eau. Depuis que Sam était parti, il avait bien changé, et depuis ce jour leurs rapports étaient froids, comme si le lien s’était brisé. En fait, son frère lui manquait.
La belle essayait de cacher ses émotions. Elle ne voulait pas que son frère comprenne qu’il venait de lui faire du mal. Elle remplit sa tasse de café, puis la saisit pour revenir vers lui, avec un petit air pincé. Elle était dans ses pensées, et ce qu’il venait de dire à propos des meubles souillés de sa maison et même de son lit, était entré par une oreille et ressorti bien vite par l’autre.

« Je m’en fiche pas mal en fait. Tu peux bien b**** là où tu veux ce n’est pas mon problème. Après tout, comme tu me le fais souvent remarquer, tu es ici chez toi. »

Elle but une gorgée de café tout en observant son frère. Comment est-ce qu’ils en étaient arrivés là ? Eux qui étaient comme les deux doigts de la main il y a quelques années ? Elle grimaça. Le café était tout simplement infâme. Qu’avait-il encore fait avec le café ?? Bizarrement il était imbuvable alors que celui qu’elle avait gouté dans sa tasse était parfait. Il avait surement fait exprès de le faire dégueulasse pour le moment ou Neil, Elle et le frère de Neil se lèveraient. Elle posa violemment la tasse sur la table, en en renversant un peu partout.

« Décidément sam, tu me gonfles. Tu vas bientôt nous empoisonner je présume ? Quant au boulot, figures toi que je cherche. Seulement ce n’est pas facile quand on ne sait rien faire part danser. »