Et on fait quoi quand on sort de partiels de médecine ? Qu'une seule chose : un week-end de pure beuverie. Et Carl comptait bien ne pas échapper à la règle ! Il avait mis sa vie sociale en pause depuis longtemps, trop longtemps, et il fallait que cela cesse ! A quoi servirait son surnom de badass s'il ne pouvait pas s'exhiber ? En parlant de badass, il aurait bien voulu qu'Elias fasse la fête avec lui. Mais dommage, il avait prévu un truc avec Scarlett, du genre à la repas de couple à l'eau de rose, le genre de truc que Carl n'avait jamais fait et ne ferait sans doute jamais. Enfin, vaut mieux ne pas parler trop vite, sait-on jamais.

L'étudiant était alors en direction du bar de Magnolia avec quelques amis, bien décidé à se prendre la cuite du siècle, et peut-être se dégoter une jolie fille pour la soirée. Ah oui, parce que Carl savait qu'il était beau, sexy, avec un regard de félin (péché d'orgueil coucou), donc il ne pouvait pas faire autrement que de faire fondre au moins une demoiselle. Il en était même persuadé. Il restait juste à choisir sa cible !

Arrivés au bar, le groupe de mecs se fit bien évidemment remarquer, s'installant que une grande table, criant à tout va, faisant toutes les têtes se retourner. Sauf une. Une petite tête blonde qui intrigua le Spencer. Une jeune fille qui paraissait assez jeune, mais très belle, tout du moins de dos. Lançant un sourire à ses potes, Carl se leva, bien décidé à aborder cette belle inconnue.

« On a pas l'air de te déranger, tu as l'habitude de venir dans le coin peut-être ? » demanda-t-il en s'asseyant à côté d'elle, un sourire aguicheur aux lèvres. Mais oh, surprise, la jeune blonde ne bougea pas d'un poil. Les amis de Carl, qui bien sûr le regardaient, dirent tous un « ouh », comme si Carl venait de se prendre un gros vent. Vexé, le Spencer reprit la parole. « Tu comptes rester assise sans bouger toute la soirée ? » Mais toujours rien. L'étudiant se sentait un peu con. Tellement con, et touché dans son orgueil qu'il se leva de sa chaise, tapota l'épaule de la jeune fille en haussant la voix. « Non mais ça va, un peu de courtoisie non ? T'aurais au moins la gentillesse de répondre quand on te parle ! Arrête de faire ta sourde là, j'y crois pas deux minutes ! »

Et c'est quoi qu'on dit déjà ? Faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ? Décidément quelque choque que Carl n'a jamais appris à faire..

« Lorsque nous sommes arrivés ici à Magnolia Cresent, je pris la décision de me prendre en main. Je ne voulais plus être la même. Je ne voulais plus que l'on me prenne de haut. Je ne voulais plus que l'on me considère comme la pauvre petite handicapée. Je ne supportais plus cette idée que les gens avaient de moi, vous savez la pauvre handicapée vulnérable qui ne sait pas se débrouiller toute seule... Ce fut donc pour cela qu'à mon arrivée ici, je pris sur moi pour montrer au monde que la mort de mes parents, que le fait de me trouver loin de mon habitat naturel ne me touchait pas et que malgré tout je suis une battante.

Seulement voilà... Chassons le naturel, chassons les vieilles blessures, celles-ci reviennent au galop. D'ailleurs, durant cette période de l'année, je ne pouvais que me sentir aussi mal. En même temps, c'était durant les fêtes de fin d'années que je perdis la vue, ce fut durant ces fêtes que nous avions réellement passé du temps ensemble tous les cinq après quoi nous ne les voyons que très rarement. Je ne pouvais m'empêcher de penser que j'étais la cause de tout cela. Ainsi, ces derniers jours j'avais passé seul, sans compagnie. Je refusais la présence de tout le monde et surtout celle de ma famille. C'est donc pour cela que Claire me conseilla que j'essaie de m'occuper l'esprit. Je ne savais pas quoi faire pour cela, jusqu'au moment où l'on me conseilla de me rendre au bar de la ville.

Je n'étais jamais entrée dans un bar et cela pour deux raisons : j'ai toujours été une fille sage, respectant les règles que l'on me fixait, de ce fait je n'ai jamais bu une goutte d'alcool et la deuxième est très simple, que ferais une sourde dans un bar ? Pour pouvoir m'échapper de la surveillance de Rory et de Leeroy, je leur avais dit que je partais chez les Johnson car je devais passer la soirée avec Em.

Ainsi, je me fis déposé devant chez elle et j'ai continué la route jusqu'au bar. Lorsque je mis les pieds à l'intérieur, je vis le regard que me lançaient certains des clients du bar. Je ne leur prêtais pas attention, en même temps je ne pouvais pas voir ce qu'ils me disaient puisqu'ils se trouvaient tous dans l'ombre. Je ne savais pas quoi faire, alors je décidai de faire ce que je me rappelai de ce que j'avais vu dans les films. Je m'avançais donc vers le bar et je fis signe à un serveur pour qu'il vienne prendre ma commande. Une fois celle -i prise, il me sourit et me servit mon verre. J'ai lu sur ses lèvres qu'il essayait de me draguer, seulement voilà, la lumière n'était pas top, je ne me sentais pas à mon aise et puis il était bien trop vieux pour moi. Je répondis à son sourire et je payais mon verre. Je pris place au comptoir et tout en sirotant mon verre, je sortis le roman que j'avais commencé plus tôt dans la journée. Je me commençais à me mettre dans l'ambiance, souriant avec le charmant serveur lorsque je sentis une pression sur mon épaule et vis un jeune homme dont le visage me disait quelque chose. Il me parlait, mais comme il avait l'air d'être un peu touché par l'alcool, je ne voyais pas bien ce qu'il me disait, tout ce dont je compris c'était qu'il était question de courtoisie. Je me sentais mal, ce n'était pas dans mon habitude de ne pas répondre aux gens lorsqu'ils me parlaient. « Je suis désolée, je ne savais pas que tu me parlais... je m'en veux beaucoup... Désolée, désolée... » Je sentais que le rouge me montaient aux joues. Je repris une respiration normale avant de dire « Je suis vraiment désolée, mais en même temps, je peux pas vous entendre... »

J'arrêtais là ma pensée. Je ne voulais pas qu'il prenne pitié de moi... »

Carl se sentait un peu frustré. C'était bien la première fois qu'une fille l'ignorait si royalement ! Depuis qu'il était en âge de draguer -assez tôt pour lui d'ailleurs-, jamais une fille ne l'avait envoyé paître, ou alors c'est qu'il y avait une très bonne raison. Mais ce soir, il n'en voyait pas. Il était bien habillé, avait arboré son sourire le plus charmant et son regard de félin. Qui aurait pu lui résister ? En entrant, il avait vu des têtes se tourner sur son passage, et il avait esquissé un petit sourire, content de voir qu'il était toujours aussi désirant. Ah, quel orgueil. Mais Carl l'assumait totalement. Il se savait beau, alors pourquoi pas ne l'admettre ?

Ceci dit, avec cette blonde, c'est peut-être la première fois où Carl remit en question son plan drague. Peut-être qu'il aurait du réévaluer sa cible, peut-être qu'elle n'était pas une habituée, comme les autres. Son regard se posa alors sur le livre qu'elle tenait entre les mains, et il haussa les sourcils. Un livre dans un bar ? Quelle drôle d'idée. Déjà que les livres que Carl avait lu dans sa vie se comptait sur les doigts d'une main, jamais il aurait eu l'idée de venir bouquiner dans un bar.. En plissant le nez, Carl pensa alors que c'était le genre un fille coincé que ses amies avaient du mettre là, comme un agneau au milieu des loups, pour la dévergonder. Malsain, mais une plutôt bonne idée, ceci dit. Jetant un coup d'oeil aux alentours, l'étudiant chercha un groupe de filles de son âge qui seraient en train de les regarder en riant, mais il ne vit rien. Que ses amis qui se foutaient encore de sa gueule, des vieux tatoués dégueulasses, quelques prostituées par -ci par-là ou d'autres jeunes adultes en quête d'amusement. Bref, tout sauf ce qu'il cherchait. Et cela frustra encore plus Carl. Sa tactique de drague était-elle dépassée de mode ? Pourtant la semaine dernière il se rappelait très bien avoir utilisé les exactes mêmes paroles auprès d'une jolie brune, qui s'était tout de suite jetée dans ses filets. Pourquoi diable celle-ci ne bougeait-elle donc pas ? Mystère et boule de gomme.

Le Spencer haussa alors la voix et lui tapota sur l'épaule, dans l'espoir qu'elle se retourne pour au moins avoir la gentillesse de s'expliquer. Mais ce qu'elle répondit le rendit coït. Désolée ? Elle était désolée ? La colère de Carl s'effaça alors, pour laisser place à une grande curiosité. Elle rajouta alors qu'elle ne pouvait pas l'entendre. Carl fit alors un grand sourire. « Ah pardon, c'est vrai qu'il y a beaucoup de bruit ici ! Si tu veux on va dans un endroit plus calme pour discuter ? » lança-t-il assez fort. C'est vrai que le bar devenait bruyant, et on ne s'entendait même plus penser.