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Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara

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MessageSujet: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeSam 22 Fév - 12:38




" Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-toi de l'avoir connue. "
Jean-Louis Trintignant

Accompagné de ma femme, bras dessus bras dessous, nous descendions la rue Justice Street sous la pluie, protégés par un simple parapluie que je tenais. Nous ne faisions pas ça sans raison, même si cela aurait pu l'être pour simplement visiter cette rue, mais c'est surtout que l'on avait un but et aussi une destination : Le cabinet Melrose. Depuis que nous avons perdu notre fille, notre relation avec Prudence avait changée. Bien que je m'efforçais à m'occuper d'elle jusqu'à en être collant, à chaque fois qu'il se passait quelque chose qui lui faisait penser au passé, elle déprimait et se renfermait sur elle-même. Je vous avouerai que je ne savais plus quoi faire... Je l'aimais plus que tout au monde, c'était inconditionnel, mais notre duo a tellement été ébranlé par la malédiction de la vie que nous peinions à nous en sortir ensemble. Parfois même, je pouvais paraître sans émotion quand il était sujet de ma fille, mais je ne pouvais pas montrer mes sentiments à mon entourage, je devais rester fort pour soutenir Prudence, même si au final, j'avais faillit à ma tâche... Car oui, si on allait au cabinet Melrose, ce n'était pas pour une consultation habituelle de Prudence, c'était pour nous deux, pour notre couple. Nous avions eu cette idée tout les deux en discutant de notre futur, nous rendant compte que depuis presque un an, nous avions du mal à vivre comme un vrai couple, mais plutôt comme meilleurs amis colocataires. Mais ce qu'elle semblait oublier, c'est que j'ai besoin d'elle autant qu'elle a besoin de moi et c'était donc pour cela que nous avions besoin de cette thérapie.

Nous nous avancions donc dans la rue, arrivant lentement jusqu'à notre destination. Sous les larmes de nuages battantes, nous restions devant la porte, regardant la petite plaque prouvant la capacité d'exercer de la Melrose. Tout d'abord sans un mot, je baissais mon regard sur la femme de ma vie, toujours aussi belle malgré son visage démolit de sourire. " Si tu ne veux plus y aller, on peut rentrer chérie. "  disais-je lentement pour lui montrer que j'étais compréhensif de sa situation et que j'étais prêt à tout pour elle. J'attendais donc sa réponse en silence, écoutant simplement le clapotis de la pluie tombant sur le parapluie. Je ne savais pas ce que ce rendez-vous nous réservait, mais je savais une chose : On en avait cruellement besoin.

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Wayne Donovan
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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeSam 22 Fév - 20:15




I can take the rain on the roof of this empty house
That don’t bother me

Nous devrions le faire}C'était idiot de ne pas être capable de laisser Théodore entrer complètement dans ma vie. Si quelqu'un pouvait bien comprendre comment je me sentais depuis pratiquement un an, c'était bien lui. Il avait connu Olivia autant que je l'avais connu. Il s'était senti aussi ému que moi face à toutes les premières fois : le premier sourire, le premier mot, le premier pas, la première rentrée à la garderie, la première rentrée à l'école... Il avait été un papa exceptionnel. Je savais que je n'avais pas à lui tenir rigueur pour la maladie de notre petite princesse. Mais une partie de moi était incapable. Il avait donne la moitié de l'ADN de cette petite. Elle avait hérité de ses yeux. J'avais aussi donné et je m'en voulais pratiquement plus que j'étais capable de lui en vouloir. Nous l'avions faite ensemble, cette petite. C'était ce qui faisait à mes yeux que l'équipe qu'un jour nous avions été était rendu aussi bas. J'étais incapable de le regarder sans penser à ce petit corps que je voulais tant serrer contre moi, à l'odeur de ses cheveux, à cette habitude qu'elle avait de se lancer sur son papa dans ses bons jours. Pourtant, il était essentiel que Théo et moi formions à nouveau une équipe. Un jour, nous avions pu nous comprendre sans parler. J'en doutais parfois. Survivre à son enfant, c'était compliqué. C'était ce que le docteur Melrose me faisait peu à peu comprendre. Je ne savais pas, si c'était parce que j'étais une femme que j'avais tant de difficulté à survivre à ma fille. Bientôt, il y aurait un an qu'elle était partie... Par moment, la douleur m'était aussi vive qu'au tout premier jour. C'était pour cette raison qu'en ce matin gris et pluvieux, nous nous étions habillés et nous nous étions collés l'un contre l'autre sous un parapluie. Nous voulions tellement que ça fonctionne entre nous, tellement que nous retrouvions cette complicité qui nous menait à compléter les phrases de l'autre, que nous avions choisi d'essayer la thérapie de couple. Nous nous dirigions donc vers le cabinet Melrose. Sur le pas de la porte, nous restames tout deux figes un court moment. Je savais tout comme la première fois ou j'avais poussé la porte, près d'un mois et demi plutôt que j'avais besoin d'aide, mais soudainement, je voulus me dégonfler, comme un immense ballon. Je voulus retourner à la maison. Théodore me regarda doucement. Dans ses yeux, il y avait encore tellement d'amour. Tellement de douceur. Tellement de compréhension. Je n'aurais jamais eu toute la patience qu'il avait eu pour moi. Comme s'il lisait dans mon esprit, il me proposait l'échappatoire dont j'avais besoin. J'avais encore dans ma main, la chaleur de la sienne. Mon pouce pouvait sentir la délicate pression de la peau de l'homme avec qui j'avais partagé la moitié de ma vie et avec qui je voulais encore passer le restant de mes jours sur ma peau. Je soutiens son regard pendant un instant. Ses yeux étaient sans doute la raison pour laquelle je m'étais entichée de lui des années plutôt. Doucement, je fis une petite pression sur ses doigts. « Non... Tu as raison, il faut le faire. » Je rassemblais ce qu'il me restait de courage pour tendre la main et toquer à la porte.



Dernière édition par Prudence MacDonalds le Jeu 27 Fév - 17:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeLun 24 Fév - 17:59

Assise à son bureau, la Melrose essayait de se concentrer sur ce qu'elle faisait. Ayant prit un peu de retard dans son boulot, elle essayait de réorganiser ses rendez-vous pour la semaine qui allait venir, bien sûr, elle aurait pu confier la tâche à son assistante, mais cette dernière était tellement tête en l'air qu'elle préférait s'occuper de ce genre de tâche ingrate elle-même. Son planning du jour n'avait pas été très chargé, elle n'avait eu que deux ou trois rendez-vous dans la journée et avait même pu caser un déjeuner avec son fils avant qu'il ne retourne à Philadelphie. Au moins elle ne pourrait pas lui en vouloir pour le coup parce qu'il avait tout de même prit de son temps pour pouvoir en passer avec sa pauvre mère qui ne demandait qu'un simple déjeuner par semaine en plus des week-ends furtifs qu'il venait passer à Magnolia. Mais bon, à partir du moment où les enfants grandissent ils commencent à oublier leurs parents et ne se souviennent d'eux que quand ils ont un appel de la banque parce que leur compte est à découvert.

Poussant un soupir, elle jeta un coup d'oeil au cadran de sa montre pour vérifier l'heure avant de se rendre compte que l'heure de son prochain rendez-vous n'allait pas tarder à arriver. C'était là son dernier rendez-vous de la journée et pas des plus simples. Thérapie de couple. Elle grimaça légèrement en voyant le nom du jeune couple affiché sur son agenda, pas que ça la dérangeait de les recevoir, bien au contraire, elle était payée et surtout formée pour ça. Le problème était que vu ce qui se passait dans son couple, elle ne se voyait pas donner conseils et régler des problèmes alors qu'elle avait déjà du mal à s'en sortir dans le sien. Le son d'un toc toc sur la porte interrompit le fil de ses pensées, pas de toute ça devait être les MacDonalds qui étaient déjà arrivés. Elle ne pouvait donc plus reculer, quoi que si, elle pourrait tout à fait prétexter une urgence dans sa famille ou même une urgence avec un autre patient, mais ça ne ferait que repousser la consultation et elle en serait au même point. De plus, ces personnes avaient besoin d'elle et de ses conseils, de son oreille attentive et de son analyse pour tenter de s'en sortir, elle ne pouvait pas se permettre de laisser ses problèmes personnels prendre le pas sur sa vie professionnel. En tant que psychologue digne de ce nom, elle devait réagir de façon plus mature et ne pas laisser ce genre de chose empiéter son boulot.

Se levant d'un bon, elle défroissa légèrement sa jupe en passant ses mains le tissus, puis se dirigea en direction de la porte pour l'ouvrir. « Bonjour. » Dit-elle avec un sourire aux lèvres qui se voulait chaleureux et bien accueillant. « Entrez et prenez place, je vous en prie. » Dit la Melrose en refermant la porte avant de leur indique le canapé du doigt. Contournant le siège une place qui lui était destinée, pendant que le jeune couple s'installait, Clara alla s'emparer d'un support, ainsi que de quoi écrire pour pouvoir noter tout ce qui se passerait au cours de cette séance.
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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeMer 26 Fév - 10:36



" Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-toi de l'avoir connue. "
Jean-Louis Trintignant

Collés l'un à l'autre comme nous étions, on aurait vraiment dit un petit couple tout mignon et heureux, mais c'était loin d'être le cas et la météo semblait exprimer pleinement le trouble qu'il y avait entre Prudence et moi. C'était donc sous cette pluie battante que j'attendais la réponse de ma compagne afin de savoir si elle était prête pour cette séance qui s'annonçait difficile certes, mais nécessaire. Sa douceur de sa peau sur ma main accompagna sa réponse, montrant qu'elle voulait nous sauver. C'était ce qu'il fallait penser, car nous n'avions rien pus faire, et nous ne pouvions rien faire pour sauver notre fille de son tragique destin, mais nous par contre, on pouvait sauver notre couple et notre vie qui ne faisait qu'une depuis plus de dix ans. Cest donc dans un petit élan que je toquais à la porte du cabinet, attendant quelques instant avant qu'une jeune femme blonde d'à peu près notre âge n'ouvre. Son visage chaleureux réchauffais la température affaiblit par le temps, je sentais tout de suite qu'on avait frapper à la bonne porte et que le côté amical de cette psychologue allait apaiser nos moeurs. " Bonjour. " répondais-je alors, laissant Prudence répondre en première à l'invitation d'entrer. Une fois seul dehors, je refermais précautionneusement le parapluie, le posant contre le mur de l'entrée avant de pénétrer à l'intérieur de la bâtisse.

Tandis que notre hôte fermait la porte, j'aidais ma compagne à enlever son manteau, délicatement. " Donne chérie. " lui disais-je tendrement avant de poser nos deux vêtements sur le bord du canapé. J'étais assez anxieux de savoir comment allait se passer cette séance, mais aussi assez déterminé pour me raisonné que c'était la meilleur solution à faire. J'analysais un peu les lieux afin de connaître un peu la vie de celle qui nous accueillait, mais malheureusement, rien ne laissait présager quoi que ce soit. Etant un cabinet de psychologue, la pièce était assez sobre sans décoration extravagante afin de permettre à tout le monde de s'identifier en ce lieu. Une fois la jeune femme assise, je posais ma main sur celle de Prudence, prêt à répondre à toutes les questions de la spécialiste. Si nous étions ici aujourd'hui, c'était pour retrouver cette complicité qu'on avait toujours eu qui était des plus cruciale en ce moment. Puis, l'ancienne Prudence joyeuse et heureuse me manquait cruellement...

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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeJeu 27 Fév - 17:27




I can take a few tears now and then and just let them out
I’m not afraid to cry every once in a while

c'était pour notre bien}Dès que mes doigts avaient frôlés la porte, cette envie de fuir m’était revenue encore. Plus vive qu’avant. Une espèce de panique m’envahissait. Nous nous étions mariés pour le meilleur et pour le pire. Nous avions connu ensemble la lune et le miel. Nous connaissions présentement une longue nuit. Une horrible année qui n’en finissait pas de mourir. Je voulais tellement que l’on survive et je savais que nous étions capables de nous relever. Il fallait que je commence par me donner un bon coup de pied dans le derrière. Que je tourne la page sur notre petite Olivia. C’était tellement difficile. Mais j’en avais les capacités. C’était idiot. Dans toutes les pensées qui me venaient quotidiennement en tête, celle qui revenait le plus souvent c’était l’ennui. Je m’ennuyais d’être une mère. Je m’ennuyais de savoir qu’un être humain pouvait dépendre de moi. Mais voilà une autre idée que je ne trouvais pas la force de partager avec mon mari. Mon couple me semblait si dysfonctionnel que l’idée de rajouter un enfant dans ce contexte me semblait d’une absurdité telle. Mais je ne pouvais m’empêcher de fusiller du regard chaque femme avec un ventre arrondi que je croisais. Et il m’était déjà très rapidement passé en tête de voler un enfant laissé seul sur un trottoir. Je fermais doucement les yeux en faisant le pas pour entrer. La docteur fut la première à dire bonjour et nous inviter à nous assoir. Théodore suivit ave un bonjour en fermant le parapluie sur le bord de la porte. D’une voix douce à mon tour je dis un simple : « Bonjour » tout léger. J’entrepris de déboutonner les boutons de mon imperméable avec un petit sourire triste. Je savais que je mettais beaucoup d’espoir en le docteur Melrose. Je pliais doucement mon imperméable en deux. La voix de mon cher Théodore me dit de lui donner mon imper. Instinctivement, je répondis doucement : « Merci beaucoup, Sweetie. ». Nous n’avions sérieusement pas l’air d’un couple qui avait à faire dans le milieu d’un local de psychologue pour une thérapie de couple. C’était des mots encore amoureux. Savions-nous peut-être simplement comment paraitre au meilleur de notre forme? Non. Les choses avaient changés. Nous n’étions plus un couple comme avant. Au début, avant Olivia, un baiser tout léger aurait été échangé après de tel mot. Mais mon regard à la place trouvait plutôt le moyen de fuir comme la peste le regard de mon mari. Est-ce que je l’aimais encore? Oui, définitivement. Si je ne l’aimais plus, tout aurait été plus simple pour nous deux. Si nous ne savions pas tous les deux que dans mes silences il y avait encore de l’amour qui se cachait sous cette peur de tout éclater. Je ne me sentais pas capable d’admettre ma douleur à mon mari. Je ne trouvais pas les mots pour lui expliquer ce qui tournait en boucle dans ma tête. Je me laissais doucement tombé sur la chaise avec un petit sourire triste. Il allait prendre place assis sur l’autre bout de ce sofa. Si près et si loin de moi à la fois. Dans la même pièce et à la fois dans un autre univers. Je plantais mon regard sur les souliers de la psychologue. De beaux talons hauts. Il y avait longtemps que je ne m’en étais pas acheté une paire comme ça. « Bien… voilà… attaquons. » dis-je en trouvant la force de sembler prête à me mettre à nue devant une psychologue dans un fond de tiroir.

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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeVen 28 Fév - 22:45


La Melrose parcourut les quelques pas qui la séparaient de son bureau avant d'aller s'asseoir dans le fauteuil qui lui était destiné pour qu'ils puissent commencer la séance. La première impression qu'elle eut en voyant le jeune couple entrer fut cette sensation que d'un coup la pièce venait d'être envahit d'amour. Trop d'amour peut-être même, du moins à la surface. S'ils étaient venue voir la jeune blonde, ce n'était sûrement pas parce qu'ils s'aimaient trop, ou alors quelque chose ne tournait définitivement pas rond dans leur tête et ce n'était pas de son domaine, mais celui d'un psychiatre. Croisant ses jambes, comme à chaque nouvelle séance, la psychologue se préparait à prendre des notes à mesure qu'ils allaient parler, et commençait tout d'abord par écrire la date ainsi que le nom du jeune couple assis en face d'elle. « Bien, je pense que nous allons pouvoir commencer. » Dit-elle avec un petit sourire qui accompagnait ses paroles. Les thérapies n'avaient jamais été une partie de plaisir pour personne et la moindre des choses que pouvait faire la jeune femme quand elle recevait des patients, était de toujours se montrer patiente et compréhensive, même avec les cas les plus difficiles. Elle ne compte même plus le nombre de fois où elle a dû refaire entièrement la décoration de son bureau parce qu'un patient, suite à un accès de rage avait détruit presque tout le mobilier rien qu'avec l'aide de ses mains. Avec les MacDonalds elle ne risquait rien, du moins,  pas à première vue. « Alors dites moi, qu'est-ce qui vous amènes ici ? » Demanda-t-elle suite au 'feu vert' de la jeune patiente pour commencer la séance. Ce dont elle était sûre, au ton de la voix de cette dernière, était que cette séance n'allait pas être de tout repos pour elle, et donc, non plus pour Clara qui ne se sentait pas aussi à son aise que d'habitude. Elle sentait cette espèce de sensation qui faisait qu'à la moindre chose qu'ils allaient dire, en plus de les analyser et de les commenter avant de rendre un diagnostic, elle n'allait pas pouvoir s'empêcher de laisser une part de sa subjectivité prendre le pas sur cette thérapie. La Melrose avait déjà eu affaire à des cas beaucoup plus importants et beaucoup plus violents qu'une simple thérapie de couple, et pourtant, alors que rien n'avait encore commencé, elle avait cet agacement profond qu'elle ne saurait expliquer, alors qu'elle passe son temps à mettre des mots sur des émotions et à trouver des solutions pour démêler les pensées des autres, elle avait l'impression de ne pas – ou de ne plus – arriver à le faire pour elle-même. Le temps que les jeunes gens ne décident à se mettre à parler, comme si elle était à leur place, elle prit une profonde respiration avant de noter quelque chose sur ses feuilles. Ils étaient tous les deux à l'opposé l'un de l'autre. Elle était assise à une extrémité et lui à une autre, troubles in paradise ? A ce qu'elle voyait, il n'était même pas nécessaire pour eux de parler, de son œil aiguisé et entraîné pour discerner ce genre de chose, elle avait peut-être comprit le problème. Le couple devait sûrement être dans cette période où ils ne comprenaient pas ce qui se passe et où ils avaient beau s'aimer, aucun d'eux ne comprenait pourquoi cette prise de distance et surtout cette sensation d'être seul quand on est accompagné. Oui, Clara aussi avait connu ça et continuait de le connaître, sentiment que même ses enfants n'arrivaient pas à combler et rien que cette pensée lui donnait envie de fondre en larmes. Mais elle n'y ferait rien, pas devant eux, elle attendrait qu'ils partent pour se lâcher si elle le voulait, pour le moment elle devait être forte et faire son boulot comme toute personne professionnelle le ferait.  
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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeLun 3 Mar - 13:31



" Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-toi de l'avoir connue. "
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Une fois que nous étions enfin installés sur le canapé, la Melrose alla s'asseoir sur son fauteuil, se préparant à récolter les informations qu'on allait lui donné. Conscient du mal être et de la difficulté de Prudence pour parler du décès d'Olivia. J'entrai rapidement dans le vif du sujet, répondant à la question que nous posait la psychologue. " Alors tout d'abord... Cela fait maintenant douze ans que l'on est mariés. " commençais-je avant de jeter un oeil à ma compagne à l'autre bout du canapé. " Nous avons eu une petite fille, Olivia, née diagnostiquée atteinte de la mucoviscidose. " Tout expliquant, mes mains bougeaient toute seules, c'était un réflexe chez moi, impossible de ne pas modéliser le sentiment que ce que je disais impactait sur moi. Je sentais que le moment délicat allait être pour bientôt, du coup je cherchais un peu mes mots pour ne pas faire fondre en larme la mère de mon enfant. " Malgré cela, nous étions heureux, combattant la maladie de notre fille dans un duo indestructible et habile. Je crois que nous n'aurions jamais pu être autant heureux. " continuais-je, laissant mon regard demander la validation de celle qui partage ma vie, des fois qu'elle est des choses à rajouter... " Puis... Hum... " tentais-je de commencer, en levant le nez vers la blonde en face de nous. " Comment dire... ". Je n'arrivais pas à trouver les mots qui pourraient faire comprendre à notre médecin qu'Olivia était décédée sans faire lâcher des nuées de larmes sur le visage de Prudence. Une énième fois, je la regardais pour lui demander confirmation, mais je sentais que je devrais faire sans... " Olivia nous a quitté il y a tout juste un an. " Une bombe, voilà ce que je venais de lâcher. Mon esprit me torturait en me disant que j'avais été trop fort dans mes mots, m'en voulant de ce que je venais de dire. Mais il fallait que je continue, vite, pour ne pas se laisser emporter par ce moment de faiblesse. " Depuis... Rien ne va à la maison... On est plus que tout les deux et... La vie est devenue monotone... Puis... Si on est là... C'est car je sens le besoin de ma femme de parler mais... J'ai du mal à trouver les réponses... " finissais-je, baissant la tête, un peu honteux de ne pas réussir à sortir Prudence de son état dépressif et fragile... Je plaçais tout mes espoirs dans cette femme qui nous étudiait, et même si je serai toujours là pour ma femme, je n'arrivais plus à subir tout ce qu'on vivait depuis la mort d'Olivia...

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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeMar 4 Mar - 5:34




Going on with you gone still upsets me
There are days every now and again I pretend I'm okay

Alors POURQUOI ça faisait aussi mal?}Je connaissais notre histoire. Je connaissais chacune des épreuves que nous avions traversé. J’avais quinze ans quand j’avais commencé à sortir avec Théodore. Je m’étais mariée avec lui pour mes dix-huit ans. D’un point de vue totalement objectif, j’avais passé plus de la moitié de ma vie avec mon mari. D’un point de vue plus subjectif, j’avais toujours su que je finirais avec lui. Il avait été le premier homme sur qui mon regard s’était posé. Enfant à peine j’avais su. Que je voulais une vie avec lui. Il était mignon et presque toujours fourré avec Philippe – ce fils parfait. Pourtant, je savais que dans les prochaines secondes, notre histoire allait être étalée auprès du docteur Melrose. Je n’étais pas pour être celle qui allait parler. J’aurais sans aucun doute raconté des tas et des tas de sornettes. Je ne voulais absolument pas que cette psychologue entre dans notre passé. Le passé était passé. Tiens. Mon premier mensonge du moment. C’était faux de dire que ça n’avait absolument influence. Si j’étais capable d’être une adulte et de mettre justement ma vie avec ma fille de côté pour considérer une vie après sa perte, nous ne serions pas ici. C’était ma faute, en partie. Parce que je n’étais pas capable de retrouver le rythme. Parce que je n’étais pas capable d’aller me blottir dans ses bras.

Je le vis de l’autre côté du sofa. Bouger doucement ses mains. Doucement. Il allait parler. J’avais remarqué qu’il faisait ça depuis la maternelle probablement. Son langage non-verbal était toujours aussi transparent. Il était exactement ce que chacun des gestes disaient. C’était un homme ouvert. Il commença par préciser que nous étions mariés depuis douze ans. J’éclaircis doucement ma gorge avant de murmurer d’une voix blanche : « et nous sommes ensemble depuis près de quinze ans. ». Ma voix me semblait si loin. Si distante. J’avais détaché mes yeux des mains de Théodore. Mon regard s’était fixé sur la psychologue et son calepin. Et puis Théodore mentionna notre fille. Notre petite Olivia. Ma voix à peine audible rajouta doucement un petit « non! N’en parle pas… s’il te plait. » Alors que je sentis mon corps doucement se crisper. Juste la mention de la maladie de notre princesse tordait mon cœur. Je ne voulais pas que nous nous aventurions sur ce terrain glissant. Je ne voulais pas parler de notre fille. Je ne voulais pas parler de la vie et de la mort, de cette limite si mince entre ce qui était et ce qui avait été. Il mentionna d’abord combien nous avions été une équipe fantastique tout au long de la maladie de notre fille. Mais après viens la partie du récit qui était la plus difficile. Celle dont mon silence faisait mention en tout temps. Je sentis le regard de Théodore qui cherchait comment le mettre sans broyer mon cœur. Il les lança d’une manière qui me semblait si froide. Je fermais doucement les yeux en mordillant ma lèvre inférieure. J’aurais voulu répété que je voulais qu’il arrête. Mais aucun mot ne trouva la force de franchir mes lèvres.

Il continua en précisant que nous avions de la misère à nous remettre de cette disparition trop soudaine. Et ce nous… ce nous, c’était d’abord et avant tout moi. Moi qui m’étais définie d’abord et avant tout comme une mère depuis ma sortie de l’adolescence, je n’arrivais pas à ma redéfinir. J’hésitais un instant. Nous en avions besoin. C’était nécessaire. J’eus une petite pensée rapide pour notre cohabitation. Nous avions déjà été un couple. Même avec un enfant malade, nous avions toujours trouvé le moyen de nous retrouver… sans se rendre jusqu’au bout plusieurs fois par jour, nous étions aussi des amants. Et voilà que dans le bureau de cette psychologue, une brève pensée me revient en tête. Je n’arrivais même pas à me rappeler du temps qui s’était écoulé depuis que nous avions gouté à la chair de l'autre. Ravalant mes larmes, je finis par murmurer doucement : « Je crois aussi que ce que Théodore tente de dire c’est que nous cohabitons tous les deux d’abord et avant tout comme des amis plutôt que comme un couple… Je ne vais que parler pour moi mais j’aimerais que l’on retrouve cette complicité… et être… capable… de le regarder… sans voir ma fille. » Les derniers mots m’arrachèrent un sanglot. C’était la première fois que je réussissais à mettre un semblant de raison qui expliquait pourquoi je mettais une telle distance entre lui et moi.

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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeMar 11 Mar - 13:23


Ce fût d'abord le jeune homme qui prit la parole pour expliquer la raison de leur venue dans le cabinet de la psychologue. Elle avait l'impression qu'il peinait un peu à trouver ses mots, mais surtout, qu'il réfléchissait beaucoup à la moindre tournure de phrase qu'il employait, au moindre mot, qu'il calculait même les pauses qu'il faisait entre chaque mot avant de l'employer. En parallèle, la jeune blonde n'était pas non plus en reste dans la conversation, bien que moins présente. Ce qu'elle disait ne faisait que compléter ce que disait son époux, elle ne rajoutait que les informations qu'elle pensait importantes et qui se devaient être mentionnés. A les écouter, bien que la jeune femme donnait un peu moins de voix que son mari, on aurait dit un vieux couple qui terminait les phrases de l'autre et qui pouvait même anticiper ce qu'allait dire l'autre avant qu'il ne prenne la parole. Les sourcils froncés, concentrée sur les notes qu'elle prenait, elle ne hochait la tête que très rarement en signe d'acquiescement pour leur montrer qu'elle comprenait ce qu'ils étaient en train de lui dire. En effet,la situation était bien délicate, mais elle remarqua surtout que les deux personnes présentes dans le cabinet étaient là pour deux raisons bien distinctes et à la fois commune. Leur objectif commun était de retrouver cette vie de couple qu'ils avaient semble-t-il, enterré au même moment où ils durent enterrer leur enfant et ça, sans qu'ils ne s'en rendent compte. Elle ne pouvait que trop bien comprendre ce genre de situation bien qu'elle n'était jamais passée par là, elle avait vu des familles se dissoudre complètement suite à la perte d'un être cher comme un enfant, pour la simple et bonne raison que pendant toute la période où l'enfant est encore en vie, elles se battent pour une cause et unissent leur force pour combattre la saleté qu'est la maladie ; au moment où l'enfant meurt, ils se rendent compte qu'ils ont beau s'aimer aussi fort qu'ils le prétendent, leur vie de couple qui ne tournait qu'autour des médicaments, des examens et des hôpitaux, a du mal à revenir à la normale une fois tout ça d'achever. Cependant, deux autres raison bien propre à chacun d'entre eux, avaient poussées de jeune couple à venir voir la Melrose, Théodore avait besoin d'avoir des réponses sans forcément parler et Prudence elle, elle était bloquée et avait du mal à avancer. Tendant son bras à côté d'elle, la jeune blonde prit une boîte de mouchoir qu'elle gardait toujours à côté d'elle, et le déposa non loin sur la petite table basse au milieu des canapés, pour qu'ils puissent être à proximité et à disposition de la jeune femme si besoin est. «  Tenez. » Dit-elle avec un petit sourire compatissant, avant de s'enfoncer de nouveau sur son siège. «  A ce que j'ai cru comprendre, il y a quand même un manque de communication entre vous, non ? Du moins, c'est l'impression que j'ai en vous écoutant tous les deux parler. » Reprit-elle en s'adressant à la fois au jeune homme mais également à la jeune femme. «  Dites moi Prudence... » Poursuivit-elle doucement, essayant elle aussi de peser ses mots à cause de la question qu'elle s'apprêtait à poser. «  Est-ce que vous... est-ce que vous ressentez une certaine colère envers vous-même, suite à la perte de votre enfant ? Ou même envers votre mari, que sais-je ? » Elle se pinça légèrement les lèvres suite à cette question, essayant d'être la plus délicate possible, le but n'étant pas de blâmer qui que ce soit pour ce qui est arrivé parce que vu la cause du décès, mis à part le ciel lui-même, ils ne pouvaient blâmer personne pour cette perte, elle voulait simplement creuser un peu en profondeur pour essayer de cerner le problème sous tous les angles. Après peut-être qu'elle se trompait, qu'il y avait chez elle aucune culpabilité ou même colère envers qui que ce soit,mais au moins ce serait déjà quelque chose de mis au clair.  
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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeSam 22 Mar - 17:39



" Ne pleure pas celle que tu as perdue. Au contraire, réjouis-toi de l'avoir connue. "
Jean-Louis Trintignant

Je me sentais nul d'oublier les détails de notre vie et que Prudence me corrige en rajoutant d'autres informations, comme le fait qu'on était ensemble depuis 15 ans. Quel mari je faisais... Je continuais donc mes explications pour aider la psychologue afin qu'elle le fasse en retour, malgré les regards désapprobateurs de ma femme quand j'attaquais le sujet Olivia. Je savais que cela l'affecterait et notre médecin le sentit aussi apparemment vu qu'elle approcha de la boite de mouchoirs près d'elle. Ce fut donc après avoir finit mon speech que j'attendais la réaction de la blonde en face du canapé, et elle ne se fit pas attendre. J'appréhendais les mots qu'elle allait utiliser, car même si elle côtoyait de nombreuses personnes dépressives ou autre personnes ayant besoin d'aide, certains termes risquaient tant bien que mal de toucher profondément Prud qui ne finirait sûrement par se refermer sur elle-même.

La première analyse de la psychologue me sembla cohérente, on avait du mal à parler ensemble, on se parlait étroitement, on ne vivait comme deux amis qui mangeaient, habitaient et dormaient ensemble. J'acquiesçais donc silencieusement, jetant un regard triste vers Prudence, attentif à ce qu'elle allait répondre à cela. " Je crois que c'est bien cela docteur... " lâchais-je tout bas, obligé d'accepter la réalité. Mais bon, cela ne m'étonnerai pas qu'elle répondre affirmativement sachant que c'était quelque chose de flagrant. Toujours en silence, mes yeux retournèrent sur la Melrose qui posa une question assez précise et plein de mots puissants qui me surpris. Non pas que j'avais peur de la réaction, mais c'était que je ne voyais pas du tout où voulait en venir le médecin, pourquoi m'en voudrait-elle ? Nous avons vécu cela ensemble, alors pourquoi ? Au final, je considérais que cette question était quand même très judicieuse et que ma curiosité était piquée. Je finis donc par regarder Prudence, les yeux remplis d'interrogation et de soif d'éclaircissement. Je n'osais pas non plus ouvrir la bouche, de peur de la brusquer et qu'elle se braque. Bref, j'assistais impuissant à l'interrogatoire de ma femme, conscient que quoi que je dise, cela n'arrangerait rien du tout à la situation...

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Wayne Donovan
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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeLun 31 Mar - 20:46




But it's not what it means
What hurts the most...

C'était idiot...}Il y a des choses que l’on fait pour notre bien que l’on préférerait ne pas faire. Pendant longtemps, j’avais refusé d’aller chercher de l’aide. Aussi mal que je pouvais me sentir, je ne me sentais pas prête à parler de comment je me sentais. La mort de ma fille avait écrit en moi des tas de choses. Des tas d’associations qui avait été faites et qui ne pouvaient pas être défaites. Je fermais doucement les yeux dans le bureau de la psychologue. Je ne me sentais toujours pas prête à parler. Quelqu’un de célèbre avait un jour dit que les blessures ne s’effacent jamais complètement et que l’esprit pour se protéger les recouvre de tissus cicatrisants, mais les blessures sont toujours-là… présente hurlante de vérités. On ne peut pas les nier. J’ai doucement ouvert les yeux alors que la psychologue me tendait la boîte de mouchoir d’une main compatissante. Avant même qu’elle ouvre la bouche, je me surprenais à la détester… elle allait avoir raison. Les psychologues avaient toujours terriblement raison. Et ici… il n’était pas question de tenter de relustrer notre blason : « Tenez. » dit-elle. Je saisis la boîte de mouchoir d’un geste froid. Je ne voulais pas parler. Je ne voulais plus. Je voulais retourner dans notre maison et faire comme si rien de tout cela n’était vrai. Pouvais-je prétendre avoir oublié un Savarin au four et m’enfuir en courant? Au diable la classe. Je n’étais pas d’humeur à en avoir. Je n’étais plus d’humeur. « A ce que j'ai cru comprendre, il y a quand même un manque de communication entre vous, non ? Du moins, c'est l'impression que j'ai en vous écoutant tous les deux parler. » dit-elle. Elle était trop calme. Trop zen pour être celle qui parlait. Il y avait une tempête qui détruisait tout ce qui pouvait se passer dans ma tête au courant des derniers mois. Théodore répondit qu’elle visait juste. J’avais en fait plus l’impression de cohabiter avec un ami que de vivre dans une saine relation de couple. Je fermais doucement les yeux encore une fois sans rien articuler.

Elle nota mon silence. N’avais-je pas appris de mes années de lycée? Les silencieux étaient ceux sur qui les adultes s’acharnaient. « Dites-moi Prudence... » je ne pus me retenir. [b]Soupirant[b], je lui fis sentir que je n’avais pas envie de parler. C’était plus fort que moi. Je me trouvais tellement mal à l’aise de parler. J’aurais aimé pouvoir jeter l’éponge et prétendre que nous n’étions plus un couple. Mais nous avions besoin de former une équipe pour des raisons qui ne concernait que nous. « Est-ce que vous... est-ce que vous ressentez une certaine colère envers vous-même, suite à la perte de votre enfant ? » Juste à ses mots, je savais qu’elle n’avait pas connue cette épreuve. De la colère… j’en étais pleine. De rage. De tristesse. De vide. Je ne voulais pas en parler. Je ne voulais pas l’admettre. « Ou même envers votre mari, que sais-je ? » Je lançais un petit regard en biais à Théodore de son côté du sofa.

Nous avions à peine pensé à l’avortement lorsque j’étais tombée enceinte. Nous étions tous les deux au début de notre carrière. Et grâce à l’aide de ma famille et de la sienne, nous avions bien viré. Nous avions réussi là ou d’autres couples se seraient effondrer. J’ai doucement passé ma langue sur mes lèvres. D’une voix pleine de tension, je murmurais : « Je regrette de… l’avoir mené à terme. » c’était tellement horrible comme phrase. C’était comme si j’oubliais tout le bien que ma fille nous avait amené. Elle m’avait appris la patience, l’amour et la délicatesse. Elle m’avait tant appris. « Je suis tellement en colère… parce qu’elle a tellement souffert toute sa vie… et que j’ai l’impression que c’est parce que… que j’ai… échouée. Je n’ai pas été assez bonne… j’ai été trop égoïste… » Je lançais un regard à Théo mais je ne fus pas capable de le fixer longtemps… « On a été trop égoïste… » Je sentis une larme silencieuse roulée le long de ma joue. C’était un blâme qui était partagé. Si nous n’avions pas fait ce bébé-là, nous n’aurions pas été là. Notre vie aurait sans doute été aussi idyllique que celle de mon frère, Philippe. Je fermais doucement les yeux. « On a besoin de redevenir un couple… mais je suis pas capable de te regarder sans voir Olivia… et me sentir coupable et lésée dans mon rôle de maman. », ma voix trembla sous l’impact de ces mots-là. Pour une rare fois, mon regard fut porté directement sur mon Théodore.

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MessageSujet: Re: Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara Icon_minitimeMar 22 Avr - 4:37


Le couple était délicat. Cette thérapie était délicate. Ce moment était délicat. La question qui venait d’être posée était délicate. Un silence gênant s’était installé dans la pièce en l’attente d’une réponse de la part de Prudence, qui de toute évidence était agacée. Du moins elle semblait l’être, de part sa façon de répondre, que celle de s’asseoir, et même les petits coups d’œil qu’elle jetait à son époux, qui était à l’autre bout du canapé, montrait bien qu’elle était agacée et aurait préféré être n’importe où, sauf ici. Bien qu’à l’œil nu rien ne se passait réellement, Clara continuait tout de même de noter tout un tas de chose sur son petit bloc de feuille qu’elle avait sur ses genoux, à commencer par le regard interrogatif et à la fois effrayé de Théodore qui ne s’attendait pas non seulement à cette question, mais qui ne s’était surtout jamais demandé si sa femme pouvait lui en vouloir pour quoi que ce soit, ou non. Ensuite, la jeune blonde ne manqua pas de noter le temps de réaction de la jeune femme qui eut pour premier réflexe de se tourner vers son mari au lieu de répondre du tac au tac, si oui ou non elle lui en voulait. Tout était passé au crible et chaque détail, même le plus anodin, était inscrit à l’encre noir sur la feuille de Clara, que ce soit leur façon de s’asseoir en passant par leur respiration régulière ou pas, les regards furtifs qu’ils se jetaient à tel ou tel moment. Tout. Lorsque la jeune patiente reprit la parole pour répondre à la question de la Melrose, elle s’arrêta un instant avant de réaliser que le mal être que ressentait la jeune MacDonalds était tellement plus profond qu’un simple refus d’accepter la mort de son enfant. Ce dont elle avait du mal à accepter était le fait que son plus gros échec a été de donner la vie, ce que Clara ne pouvait que très bien comprendre en tant que femme, mais surtout en tant que maman. Bien que cela ne semble pas être le cas aux premiers abords, être une maman n’est pas donné à tout le monde et ça, Clara en avait bien conscience au vu des cas qui défilaient chaque jours dans son bureau, et en avait d’ailleurs la preuve sous les yeux avec les MacDonalds. Elle ne disait pas que la situation était plus difficile pour Prudence que pour Théodore, mais pour une femme, l’un des plus beaux cadeaux qu’on puisse recevoir est une grossesse et le plus beau cadeau qu’on puisse donner est la vie ; pour certaines femmes d’ailleurs, la seule chose à laquelle elles aspirent est de donner la vie, de pouvoir materner, mais si même ça s’avère être un échec, alors à quoi sert-on sur cette terre ? Reprenant son écriture, elle écrivait par la même occasion ses propres réflexions, tout en continuant d’observer, mais s’arrêta de nouveau d’écrire, surprise par ce que venait de dire Prudence, ou plutôt, sur la locution verbale qu’elle avait employé. « Besoin ? » Elle fronça légèrement les sourcils tout en fixant la jeune blonde. « Pardonnez-moi mais, je  ne suis pas certaine de comprendre ce que vous dites car il y a là une énorme contradiction dans votre phrase. Arrêtez moi si je me trompe, mais vous êtes bien venus ici tous les deux pour que je vous aide à reconnecter votre couple, n’est-ce pas ? » Dit-elle en s’adressant cette fois, non seulement à Prudence mais également à Théodore. « Donc, si j’ai bien compris, vous êtes venus ici pour que je vous aide avec votre couple, vous Prudence, vous voyez ça plus comme un besoin que comme une volonté, et encore une fois, arrêtez moi si je me trompe, mais, au-delà de ce besoin d’être à nouveau un couple, vous faites également comprendre que vous n’arrivez plus à regarder votre mari. Sans oublier que cette colère et cette culpabilité qui ne cesse d’augmenter en vous à mesure que vous avancez, a fait que vous avez mit des barrières entre vous et votre époux, ce qui n’a fait que vous séparer un peu plus chaque jour. Vous comprenez  où se trouve la contradiction ? » Si la jeune femme n’avait pas été dans le cabinet de la Melrose, cette dernière l’aurait sûrement envoyé consulter un psychologue pour qu’elle l’aide à résoudre ses problèmes. Ce que Clara essayait de faire, bien que cela ressemble plus à des accusations qu’à un coup de main, était de faire comprendre à Prudence là où cela ne fonctionnait pas, là où elle se contredisait et qu’à cause de ça, elle faisait un pas en avant et deux en arrière. « Et vous Théodore, qu’est-ce que vous pensez de ce qu’elle vient de dire ? Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous avez envie de lui dire quand elle dit que vous autant qu’elle, avait été égoïste de vouloir mener cette grossesse à terme ? Est-ce que tout comme elle vous ressentez cette culpabilité, vous pensez que vous êtes tous les deux fautifs de ce qui est arrivé à la petite Olivia ou… c’est la vie, ça arrive ? » Poursuivit-elle en se tournant cette fois-ci vers le principal intéressé parce que autant elle voulait connaître les positions de Prudence sur la question, autant elle voulait également connaître l’avis du jeune homme concernant tout ce que venait de dire sa jeune épouse.  

Hj : con que je suis, j'avais pas vu que c'était à mon tour de répondre, je suis désolée, mais pour me faire pardonner, je vous offre 900 mots tout chaud Quand rien ne va, certains ont pour métier de nous aider | Prudence & Clara 309181304
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