Aujourd’hui Shelby ne se sentait pas trop mal, ce qui était plus que rare ces temps-cis et à souligner vu à quel point tout était en train de partir en cacahuète dans sa vie. Des copines absentes, la guerre avec son frère, une envie toujours de plus en plus forte de repartir à Londres, de retrouver cette vie qu’elle avait pourtant quitté il y a plusieurs années. Elle continuait à vivre, à bien se saper, à tout faire pour rester populaire comme elle l’avait toujours été, mais rien n’avait plus la même saveur. Elle se surprenait à perdre son temps perdue dans ses pensées, à avoir envie de rester enfermée de chez elle ou encore à errer dans les rues sans but précis. Chose qu’elle trouvait jusqu’à présent terriblement inutile.

Aujourd'hui Shelby perdait donc son temps à se promener en ville, faute d’aller y retrouver des copines, lorsqu’au bout de la rue elle sembla soudain reconnaître une silhouette qu’elle connaissait. Plus la silhouette approchait plus Shelby se redressa, pour montrer qu’elle était toujours fière et digne, elle passa sa main sur sa jupe pour bien la tendre et ajusta sa frange. Elle voulait bien présenter car il était hors de question que cette fille s’avançant vers elle puisse avoir un aperçu négatif de la Seavers. Car celle qu’elle allait croiser dans quelques secondes n’était autre qu’Hanna Danielson. Cette fille vulgaire, sans style, que Shel n’avait absolument pas envie de se farcir aujourd’hui. Elle prenait Hanna pour rien d’autre qu’un troll qui ferait tout pour la faire chier sans aucune raison. Cette fille qui avait osé affronter Shelby, avec qui elle avait fini par se battre. La scène avait été affligeante, les deux blondes en étaient venues aux mains sur le lieu de travail de Benjamin et il avait passé un savon à sa sœur comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Autant dire que la Seavers en voulait à celle qu’elle considérait comme sa rivale.

Les deux filles se croisèrent. Elles se reconnurent parfaitement, Shelby ne lâcha pas Hanna des yeux, la moutarde lui montait au nez, elle était prête à lui sauter dessus au moindre mot de travers, prête à lui imprimer le motif de sa bague sur la figure. De son côté Hanna fixait également Shelby, toutes les deux se défiaient du regard, se toisant de haut en bas. Finalement aucune n’ouvrit la bouche donc il n’y eut pas de bain de sang, elles passèrent leurs chemins sans s’adresser la parole. Une fois dépassées elles se retournèrent l’une, puis l’autre, pour regarder celle qu’elle venait de croiser.

Quelle belle journée. Ruth en profite pour refaire sa garde-robe. Seule depuis qu'elle a faussé compagnie à sa mère dans une boutique de la ville. Enfin tout du moins dans ses rêves. Monica est simplement à l'intérieur d'une boutique à se chercher une robe et sa fille est sortie prendre l'air. Aujourd'hui madame Danielson-Dickens souhaite que sa fille investisse dans une nouvelle garde-robe à la mode de cet hiver comme les créateurs viennent d'achever les défilés automne-hiver de la fashion week. Naturellement pour une modeuse comme l'est Monica sa fille doit se mettre à la page. Ainsi la moutarde commence à monter au nez de la brunette. Parce que faire du shopping avec Monica est loin d'être quelque chose de très agréable loin de là. Un bonbon arlequin dans la bouche la demoiselle se calme et prend le temps de humer un peu l'air pour calmer ses nerfs. Cela ne peut pas lui faire de mal de profiter un peu de l'air pur et cela lui évite de courir le risque de passer par les cases médecin et ordonnance pour surmenage. Cz ne serait pas le moment car les plus gros concours commencent en cette période et la lunette ne peut donc pas y échapper. Elle n'a pas le droit de faire ça à sa mère. Cette dernière ne le lui pardonnera surement pas en plus.

Comme la demoiselle est sur une rue pas mal fréquentée c'est avec beaucoup de chance qu’elle peut discerner dans cette foule le visage de sa sœur, enfin demi-sœur. Enfin, chance, c’est beaucoup dire. Mais quoi qu’il en soit son regard suit le parcourt de cette fille et remarque alors le regard qu’elle semble échanger avec une blonde totalement inconnue aux yeux de la reine de beauté. Les deux filles ne sont qu’à quelques pas de la brunette et cette dernière peut alors voir comme elles se retournent l’une vers l’autre pour un dernier regard. Un sourire aux lèvres, curieuse de savoir ce qui unie ces deux filles même si elle s’en doute un peu, la demoiselle rentre dans la boutique pour dire à sa mère qu’elle a repéré une amie de classe et qu’elle va la voir. Mensonge, mais sa mère ne le saura pas. La demoiselle sort donc et marche en direction de la blonde, se demandant comment elle peut bien entrer en contact et finalement, un jeune qui la bouscule en passant la fait percuter le dos de l’inconnu qu’elle manque de faire tomber. Une fois sa stabilité retrouvé la brunette est donc rouge mais au moins elle a eut ce qu’elle voulait.

«- Pardon, je suis désolé… je ne vous ai pas fait mal au moins ?»

Shelby venait de croiser Hanna et était encore totalement perdue dans ses pensées. Elle repensait à ce fameux jour au bowling. La façon dont son frère s’était énervé l’avait tellement surprise… Elle ne s’attendait absolument pas à ça. Mais finalement il avait vu la tristesse de sa sœur et avait fini par venir lui demander pardon (le monde à l’envers). Depuis malheureusement tout ne se passait pas aussi bien. Depuis leur grande dispute Benjamin n’était pas encore venu s’excuser. Pire, il en voulait toujours à sa sœur et Shelby ne le supportait pas.

La petite blonde était donc totalement perdue dans ses pensées, lorsqu’elle sentit un gros coup dans le dos. Déstabilisée elle faillit se casser la figure et se rattrapa in extremis non sans faire vaciller sa cheville haut perchée. Elle se retourna d’un geste vif pour faire face à celle qui l’avait bousculé et s’apprêta à lui dire ce qu’elle avait sur le cœur, à savoir des choses pas très polie. Mais elle se retrouva devant une jeune fille brune qui se confondit en excuse. N’ayant pas le cœur à incendier la jeune fille qui semblait honteuse et s’excusait déjà Shelby se retint. Quoi qu’il en soit elle n’avait aucune envie de rentrer en conflit avec quelqu’un maintenant. Elle venait d’éviter de le faire avec Hanna ce n’était pas pour se prendre la tête 5 minutes après.

Shelby épousseta à nouveau sa robe de sa main. « ça va. Et vous ? » Si le coup avait été violent pour Shel il avait dû l’être pour elle aussi. « On vous est rentré dedans non ? » Un garçon était passé tout près d’elles et était sans doute responsable de tout ça.

Même si évidemment Ruth ne le montre pas de manière à ne pas griller sa couverture, la demoiselle est fière de son coup et elle peut l'être dans la mesure où elle avait réussit à entrer en contact avec la jeune inconnue aux cheveux blond qui, par un grand coup de chance, ne l'incendie même pas pour la collision qu'elles ont eut à subir. Il est vrai que cela aurait été assez désagréable, surtout que la demoiselle a pour but de se rapprocher de cette fille pour essayer d'en apprendre un peu plus, la faire fuir n'était donc pas du tout dans ses plans. Heureusement tout s'est passé exactement comme la reine de beauté l'avait prévu, ce qui n'est pas pour déplaire à cette dernière qui adopte donc pour le moment un air très désolé - d'autant plus qu'elle l'est, navrée de déranger la demoiselle - et qui montre bien comme la brunette vient de subir elle-même le sort de la jeune femme.

"- Oui je vais aussi bien, j'ai réussi à éviter de me casser la figure. Oui on m'est effectivement rentré dedans, un jeune homme je crois, ça y ressemblait en tout cas mais c'est passé si vite. J'ai eut peur d'un voleur mais je crois que rien n'a disparu, ni collier ni bracelet alors je présume que ce n'est rien de plus qu'un jeune... imbécile de nos rues..." explique la demoiselle en gardant un air désolé. "Mais je m'en serai voulu si je vous avais fait tomber, je suis heureuse de voir que vous allez bien heureusement. Un peu plus et... Enfin, le principal naturellement est qu'il ne vous soit rien arrivé..."

Trouver un moyen de rester avec cette fille, voilà ce que Ruth doit faire, alors elle réfléchit à toute vitesse pour trouver quelque chose. Finalement, elle est peu satisfaite du résultat mais soit.

"- Est-ce que je peut vous offrir quelque chose à boire pour me faire pardonner ?"

La jeune fille qui lui est rentré dedans confirma que le garçon l’avait bousculé et se confondit en excuses une fois de plus. Elle se mit à parler, parler sans s’arrêter. Shelby la regardait, un peu perplexe du comportement de la demoiselle alors qu’elle s’attendait à un simple « pardon » avant qu’elle reprenne sa route. Mais Ruth alla plus loin encore, en lui proposant d’aller boire un coup ensemble. C’était assez original étant donné que les deux filles ne se connaissaient pas du tout. Mais Shelby se sentait tellement seule en ce moment qu’enfin aller boire un verre avec, pourquoi pas, une potentielle nouvelle amie n’était pas quelque chose qu’elle avait envie de refuser. Sans compter qu’elle n’avait rien à faire à ce moment là, si ce n’est errer dans les rues. Ruth n’avait pas du tout l’air du genre de « cas soc » que ne pouvait pas supporter Shelby. Elle était plutôt jolie, bien sapée, elle avait l’air de faire attention à elle et d’être attentive à la mode, ce qui lui faisait déjà un point commun avec la petite blonde.

« Euh… Ben pourquoi pas. » Elle lui sourit. « Le Gordon Coffee ? Il est à quelques rues d’ici ! »

Shelby commença à se diriger vers le café en compagnie de cette fille qu’elle avait rencontré d’une bien drôle de manière. "On peut se tutoyer ?" La Seavers n'avait pas pour habitude de vouvoyer les gens de son âge, ça ne lui venait pas naturellement, encore moins pour une fille avec qui elle allait passer un moment autour d'un café. « Et tu t’appelles comment ?? Moi c’est Shelby. T’habites ici non, à Magnolia ? » Quant à être ensemble, autant en profiter pour discuter et mieux se connaitre et ça ce n’était pas quelque chose qui faisait peur à Shel, elle avait tendance à souvent être particulièrement bavarde.

Parfait, tout marche vraiment comme sur des roulettes pour la jolie Ruth Danielson-Dickens qui mène son coup d’une belle main, d’une main de maître. Elle a réussit à créer l’occasion de rencontrer la demoiselle qui l’intéressait, d’entrer en contact avec cette dernière et de l’inviter ensuite, son plan a vraiment été parfait et elle en est naturellement très fière. Comment ne pas l’être alors qu’elle se sent prête à découvrir le petit secret de sa sœur, qu’elle soupçonne d’avoir caché à tout le monde à la maison l’existence d’une petite-amie. Avec ses mœurs légères, il est très probable qu’en effet Hanna fréquente actuellement une fille. Cette fille, en fait. Elle en est sûre et certaine mais elle veut un peu cuisiner cette inconnue, essayer tout du moins, pour savoir si ses soupçons sont vérités.

Le gordon coffee, parfait. Les deux jeunes femmes commencent donc à cheminer en direction de l’établissement et au cours de leur route l’interlocutrice de la brunette lui propose de la tutoyer. Ah oui, c’est vrai. Cette manie de la brunette peut en déranger certains elle en a parfaitement conscience. Alors elle propose à son interlocutrice de faire de même. Ce sera plus pratique et aussi plus discret parce que toutes les jeunes filles de la ville ne sont sûrement pas aussi polies que la brune, cela pourrait la trahir, on ne sait jamais. Sauf que la fille se présente et demande le nom de Ruth. Tant pis, ce n’est pas beau, mais un petit mensonge pourrait la sauver.

«- Je m’appelle Marilyn Spector.» prétend la jeune femme en essayant d’avoir u air assuré alors qu’elle ment effrontément à son interlocutrice, mais elle ne peut pas prendre le risque de la rendre méfiante en se dévoilant clairement comme étant la demi-sœur d’Hana. Mieux vaux jouer la carte de la prudence et c’est ce que fait Ruth en cet instant.

«- Je m’appelle Marilyn Spector.» « Enchantée » répondit Shelby, avant de reposer la question qu’avait évité cette nouvelle connaissance. « Vous êtes de Magnolia ? » redemanda-t-elle avant de pousser la porte du Gordon Coffee. Heureusement il était ouvert. Shelby avait plus d'une fois trouvé porte close en venant ici, ce qui était plutôt embêtant étant donné que le prochain café n'était pas à proximité.

A l’intérieur du café peu de monde, mais suffisamment pour donner à l’endroit une petite ambiance chaleureuse. Un groupe d’amis dans les grands fauteuils, un couple à une table, un homme lisant le journal à une autre… Par ci par là plusieurs personnes partageant un même espace mais pas du tout la même vie. Et au milieu de tout ça deux jolies filles qui venaient de franchir le seuil de la porte. En temps normal l’attention était souvent attirée par Ruth qui était mannequin et le portait sur elle. En temps normal l’attention était aussi souvent attirée par Shelby qui était jolie et savait s’habiller de façon à ce qu’on la remarque, pas de façon décalée, mais particulièrement à la mode. Alors les deux ensembles ne passaient pas inaperçues, surtout pas face au groupe de garçon qui se tenait dans un coin du café. A vrai dire ça ne dérangeait pas Shelby qui, au contraire, se tint encore plus droite que d’habitude, fière et sûre comme une amazone et se dirigea vers une table d’un pas décidé. « Là ça te vas Marilyn ? » demanda-t-elle en tirant sa chaise. C’était de toute façon la meilleure place. Pas trop près des autres personnes elle avait des chaises qui paraissaient confortables, elles n’étaient pas cachées dans un coin mais pas non plus en plein milieu du passage. Partant de ce constat la petite blonde n'aimerait pas que Ruth la contredise. Ruth qui était pour le moment pour elle Marilyn... Et il ne valait mieux pas que celle ci se fasse découvrir, car quand Shelby apprendrait que non seulement elle lui avait mentit sur son prénom et qu'en plus elle était la soeur d'Hanna elle péterait un câble et Ruth, ou Marilyn, quelqu'elle soit, risquait de passer un sale quart d'heure.

Shelby s’assit, se tourna vers la vendeuse pour lui faire comprendre qu’il fallait qu’elle se dépêche de venir servir les deux filles impatientes de consommer un bon café, puis regarda Ruth avec un sourire. « J’aime bien ce café. Il est sympa. » commenta-t-elle, attendant d’en savoir un peu plus sur celle qui était en face d’elle.

Sans vergogne, la jolie Ruth ment à son interlocutrice de manière à ne pas se trahir auprès de cette dernière qui ne doit pas savoir qu'elle n'est pas l'inconnue qu'elle laisse croire mais en réalité la sœur d'Hanna, avec qui cette jolie blondinette semble être en couple, d'après le regard qu'elles se sont lancés et que la demoiselle a surpris. Elle ne s'imagine pas une seule seconde pouvoir se tromper, pas le moins du monde. Dans sa tête tout lui semble très clair au sujet des amours de la demoiselle qui lui fait face. Même si en même temps, l'imaginer amoureuse d'Hanna n'est pas ce qu'il y a de plus plaisant pour la reine de beauté qui a un peu de mal à accepter que sa demi-soeur se laisse aller à fréquenter et aimer des femmes. La brunette n'est pas homophobe à cent pour-cent, mais il n'e reste pas moins qu'elle est dérangée par ce fait chez Hanna, qu'elle croyait avoir une attirance pour elle avec son joli minois.

"- Oui je suis de Magnolia en effet, je suis arrivée il y a de cela deux ans." explique la demoiselle avec un sourire pour son interlocutrice, sans trop se laisser aller toutefois à trop de confidences, ne souhaitant pas voir sa combine manquer.

Quand les deux filles entrent dans le bar tout les regards de ces messieurs et parfois même de ces demoiselles, se tournent vers l'entrée. Ruth emboîte le pas à Shelby et accepte de prendre place à la table qu'elle lui propose, sans grand mal à vrai dire. Il faut dire que celle-ci est particulièrement bien placée dans cette assemblée et en prime, de là, elles peuvent bien voir le groupe de garçon installé près du bar et que n'ont pas détourné leurs regards d'elle.

Rapidement une serveuse arrive près d'elle comme Shelby dit aimer cet endroit et c'est par un sourire que Ruth lui accorde une réponse. Puis elle se tourne vers la serveuse quoi qu'elle laisse à son interlocutrice le soin de choisir la première, avant de faire de même.

"- Je me laisserais volontiers tenter par un Viennois, s'il vous plaît..." demande la demoiselle avant de laisser la femme s'en aller vers les cuisines, préparer leurs commandes. "Tu es en ville depuis longtemps toi ?" demande alors Ruth pour converser.

« Marilyn » lui confirma être de Magnolia depuis deux ans déjà. Il était fou de se dire que malgré la petitesse de la ville et la rapidité à laquelle tournaient les ragots ici qu’il y avait encore des gens avec qui on n’avait jamais eu l’occasion de parler. Que l’on connaissait de vue mais dont on ne savait pas grand-chose de plus.

« Un café long s’il vous plait. » demanda-t-elle à la serveuse sans même la regarder. Elle restait polie quoi qu’il arrive mais en réalité ne faisait pas cas des autres. Elle était là pour servir alors voila tout. Shel pouvait passer pour quelqu’un de grincheux en fait elle était juste orgueilleuse. La petite blonde avait hésité à demander une gaufre avec son café, mais en ce moment rien n’allait dans sa vie, il ne manquait plus qu’elle se retrouve avec des kilos en trop et ce serait la fin ! Ruth demandé à son tour un viennois avant de demander à Shelby si elle était en ville depuis longtemps.

« Depuis quatre ans maintenant. » Quatre ans que Shelby avait quitté Londres et sa vie là bas. Ses amis, sa famille… Elle ne voyait plus personne depuis toutes ses années et le manque commençait à réellement à se faire sentir. Surtout en ce moment où tout n’allait pas spécialement bien pour elle. Elle n’était qu’une enfant quand elle s’était laissée embrigader par ses actuels collocs pour venir ici. Elle avait quitté ses parents, et malgré tout ce qu’elle pouvait dire, et malgré tout ce qu’il s’était passé autrefois, elle avait envie de les revoir.

Shelby savait qu’elle devait être discrète sur ses origines, mais l’envie d’en parler était plus forte que toutes les précautions du monde. Puis après tout, son accent british devait l’avoir trahi depuis longtemps déjà. Ici, tout le monde savait qu’elle venait d’Europe. « En fait je suis Londonienne. » dit-elle en souriant. « Je suis née là bas et j’y vivais avant de venir ici. Est-ce que tu connais ? » Elle était fière de sa ville, que tout américain devrait selon elle connaitre. « Et tu fais quoi dans la vie ? » Les sujets de discussion les plus bateaux étaient abordés, les jeunes filles faisant connaissance. Shelby était à mille lieux de se douter qu’en fait son interlocutrice était là pour un sujet de discussion qu’elle n’avait pas encore abordée. Elle était à mille lieux de se douter qu’elle était face à une fille qui s’appelait en fait Ruth et qui croyait qu’elle avait une relation gay avec sa propre sœur.

HJ : Désolée pour le retard

Ce n'est peut-être pas très beau de mentir mais il s'avère que quelque fois c'est une chose nécessaire, par laquelle on est obligé de passer pour avancer. Pour découvrir la vérité, démêler le vrai du faux. C'est ce que se dit Ruth en cet instant plus pour se donner bonne conscience qu'autre chose en vérité. La demoiselle en effet est bien décidé à comprendre ce qu'il se trame entre cette ravissante blonde et sa sœur. Enfin, sa demi-sœur ou plutôt, sœur par alliance. Oui, elle est curieuse c'est le cas de le dire mais elle ne peu pas s'en empêcher, elle a besoin de savoir si elle a raison ou si elle fait complètement fausse route avec de telles pensées.

Voilà quatre ans que la demoiselle habite en ville et comme Hanna est là depuis deux ans cela rend une potentielle histoire d'amour entre ces deux femmes totalement possible, Ruth a encore plus envie de savoir. Le sentier est tout tracé dans son esprit, elle a un foetus d'idée. Peut-être parce qu'elle se dit qu'une fois qu'elle saura, elle se sentira rassurée, elle qui pense qu'Hanna est attirée par elle alors qu'elle-même ne souhaite pas avoir à faire à une histoire dans ce genre d'autant plus qu'elle est tout ce qu'il y a de plus hétérosexuelle. Pas homophobe; même si savoir sa sœur attirée par les filles a un petit quelque chose d'assez drôle. Ou pas en vérité.

"- Oh je ne suis jamais allée à Londres encore mais il se dit que c'est très joli... Est-ce que c'est réellement le pays du shopping ? J'entend dire par tout le monde que c'est la capitale des bonnes affaires même si tout le monde dit aussi que le meilleur c'est la mode Parisienne. Enfin, quel est ton ressentit à toi, en tant qu'ancienne habitante de la ville de Big Ben ?"

Que fait-elle dans la vie ? Bizarrement Ruth n'a pas l'intention de parler de concours. Parce qu'elle a peur que cela la tyrahisse autant que son prénom, on ne sait jamais puisqu'elle ignore ce que Hanna a put dire au sujet de sa famille à cette petite blonde. Aura-t-elle dit que Ruth fait des études en littérature ? Peut-être mais au pire c'est assez commun alors peut-être que cela ne craint rien.

"- Je suis étudiante en littérature..." répond donc la demoiselle avec un sourire. "Me permet-tu de te renvoyer la question ?" demande-t-elle en souriant.

Lentement mais sûrement la belle Ruth tente de se rapprocher de son but.

Shelby parlait de choses banales avec cette nouvelle connaissance, lorsque celle-ci aborda le meilleur sujet du monde. Elle lui demanda si Londres était réellement le pays du shopping. Les deux mots préférés de Shelby venaient d’être prononcés dans une seule et même phrase. Londres. Shopping. Sa ville, sa passion.

« Haaaaan » s’exclama-t-elle avant qu’un grand sourire se dessine sur son visage. « Tu n’imagines pas à quel point Londres est magique pour le shopping ! » Dans son esprit défilait ses boutiques préférées. Elle se mit à débiter un monologue à 100 mots à la seconde, s’emballant. « Il y a toutes les boutiques de luxes que tu veux ! Pas autant qu’à Paris c’est vrai, mais à Londres il y a aussi tout un tas de petites boutiques magnifiques, de petits créateurs. Il y a les boutiques dans le centre, mais aussi des trucs plus alternatifs, il y a Cambden Town, le quartier punk, tu trouves tout ce que tu veux, des petits trucs un peu rock, mais qui passent super bien. » Elle aurait pu parler de shopping dans Londres toute la nuit. « Enfin bref, si un jour tu y vas surtout demande moi je te file toutes les bonnes adresses ! » à défaut de pouvoir y retourner elle…

« Ah, littérature, ok. » dit Shelby, assez peu emballée. La littérature était pour elle assez proche du journalisme, mais c’était le versant ennuyant. « Je passe en quatrième année de journalisme. » répondit-t-elle. Elle était plutôt fière de ce qu'elle faisait, en tous cas elle adorait ça.

La serveuse apporta les boissons aux filles. Shelby ne la calcula même pas et une fois celle-ci partit elle leva son café vers Ruth avant d’en boire une gorgée. « Ben écoute aux nouvelles connaissances ! » dit-elle en souriant.

A peine sa tasse reposée son téléphone annonça un texto. "Excuse moi" dit-elle en prenant son téléphone. C’était un message de Claire qui la remerciait pour l’attention qu’elle lui avait porté alors qu’elle n’allait pas bien. Un sourire tendre s’afficha sur les lèvres de Shelby. Elle referma rapidement son téléphone et le reposa sur la table.

Shopping, voilà un bon moyen, un bon sujet de conversation, pour rapprocher deux femmes et permettre à l'une de se rapprocher de l'autre de manière assez peu flagrante. En parlant ainsi d'un sujet très intéressant, Ruth se disait qu'elle allait rapidement pouvoir en découvrir un peu plus au sujet de cette fille et de sa demi-sœur par alliance, elle s'en réjouissait à l'avance. En tout cas le sujet qu'elle vient de lancer semble plus que bien convenir à Shelby qui ne tarie pas d'éloge sur sa ville natale et sur le shopping apparemment meeeeeeeerveilleux que l'on peu y faire. Bien. La première partie du plan de la jeune femme semble être bien mise en place et il n'y a plus qu'à attendre. Plus qu'à parler et attendre que la délicieuse Shelby se fasse prendre, emprisonner dans les tortueux plans de cette inconnue au faux nom.

"- Ah oui j'avais entendu parler des petits créateurs qui font le charme du shopping à Londres mais ne l'ayant jamais vu, je ne savais pas trop. J'ai en tout cas maintenant bien hâte et bien espoir d'aller un jour voir ta ville, tu en parle d'une manière qui donne vraiment envie d'aller y dépenser son argent, mieux qu'une campagne publicitaire !" complimente la brunette avant que la conversation ne dérive sur les études respectives de chacune.

Dans le fond les deux filles se ressemblent plutôt bien. Déjà elles ont des études assez similaires puisque l'une est en littérature et l'autre en journalisme. Ce point les rapproche plus ou moins et pour la demoiselle cela signifie surtout qu'elle mène plutôt bien son jeu, qu'elle a le temps et de la réserve pour devenir une amie de cette blondinette et avoir le fin mot de son histoire avec Hanna. Tout ça promettait d'être déjà tout à fait excitant. La brunette brûle d'envie de savoir. Mais pour l'heure le moment est quelque peu plus festif.

"- Oui, aux nouvelles connaissances !" sourit la demoiselle avant de laisser l'autre jeune femme lui répondre.

« Merci » dit-elle en rigolant. Vu son attachement à Londres, particulièrement en ce moment, il était clair que Shelby en était la meilleure publicité. Pour elle la suprématie de Londres sur les autres villes du globe n’était plus à démontrer. Si seulement elle pouvait y retourner ! Les filles parlèrent de leurs études, puis les cafés arrivèrent. Elles trinquèrent et Shelby but une gorgée. Il s’agissait de ne pas s’assécher le gosier à force de blablater.

« Au fait, tu es en quelle année de littérature ? J’ai une amie qui l’étudie. » Dit-elle en pensant à Claire. Mais finalement elle décida de ne pas citer son nom, si elle ne la connaissait pas c’était inutile, Claire n’avait pas eu très bonne presse ces temps ci avec les révélations de DS à son sujet. Shelby n’avait pas honte de ses amies et s’était battue pendant longtemps pour la jeune O’Conell, mais elle n’avait pour l’instant pas envie de s’associer à une image assez peu flamboyante.

« Et sinon, tu vie encore chez tes parents ? Ou alors tu es en couple ? » Shelby ne pouvait s’en empêcher. Même chez quelqu’un qu’elle connaissait à peine elle avait envie de connaitre les petits détails croustillants de sa vie. Ruth était belle, elle devait être en couple, peut-être même avec quelqu’un qu’elle connaissait qui sait...

Il est clair que si la brunette doit choisir entre deux capitales où faire un voyage, sa préférence ira à Paris, celle de la France, non pas à Londres. Mais cela semble tout de même être une bonne destination de voyage pour les modeuses, à ce que la demoiselle a entendu dire. Mais Paris, c'est aussi et surtout la garantie d'être au pays du style et de la mode. D'ailleurs les plus grands créateurs de ce monde sont tous Français. Dior, Chanel, Yves Saint-Laurent... Les plus célèbres maisons de haute-couture sont Parisiennes et du goût de la demoiselle, elles sont toutes bien meilleures que la très célèbre Alexander McQueen par laquelle les américaines jurent assez souvent.

"- Je suis en première année seulement." répond la demoiselle avec un sourire avant de se reprendre. "Mais bon, au mois de Septembre je rentrerai en seconde année." précise-t-elle pour que la blondinette ne s'imagine pas qu'elle s'apprête à entrer en première année, on ne sait jamais.

Tiens, voilà que la ravissante Shelby facilite les affaires de la jeune femme puisque c'est elle qui amène le sujet du couple sur le tapis. Au moins elle n'aura plus besoin de le faire, et elle pourra se soucier de l'état marital de Shelby sans créer de doute dans l'esprit de la demoiselle, elle l'espère. Voilà qui arrange plutôt pas mal ses affaires c'est le cas de le dire, du coup la demoiselle dessine un sourire sur ses lèvres.

"- Oui je suis en couple. Mais j'habite encore chez mes parents et toi tu as quelqu'un dans ta vie ?" interroge la brune avec un sourire d'archange.

Ruth lui répondit qu’elle était seulement en première année. Il y avait donc peu de chance qu’elle connaisse Claire personnellement. « Ah ok, bon courage pour ta deuxième année alors. Une fois qu’on s’est habitué au rythme de la fac ça va tout seul. » Dit-elle en souriant. Shelby avait eu plutôt du mal la première année, sortant tout le temps le fait de ne pas être aussi cadrée qu’au lycée avait faillit lui faire rater son année, mais elle avait réussit à se reprendre à temps et à finalement s’adapter au rythme très libre de l’université. Vivre avec son frère et ses amis avaient des avantages mais le fait de ne pas avoir de parents sur le dos avait presque réussit à perdre la petite blonde dans les méandres de la liberté. Maintenant tout ça était loin derrière elle, elle venait de réussir sa troisième année et avait compris qu’elle travaillait pour elle et pas pour qui que ce soit d’autre.

Aux questions indiscrètes de Shelby, « Marilyn » répondit qu’elle était en couple et qu’elle habitait chez ses parents. « Aaah, comment s’appelle ton copain ? Autant je le connais ? » Shelby pensait – à raison – que lorsque deux personnes venaient de Magnolia elles se connaissaient forcément et que si par hasard ce n’était pas le cas elles avaient forcément des tas de connaissances en commun. La ville était petite, le quartier encore plus, les gens ne cessaient de se croiser. Alors si Ruth ne connaissait finalement pas Claire, peut-être que Shelby connaissait le copain de la jeune fille. C’était fort probable.

« Ben… Je ne sais pas trop. » Dit-elle songeuse. « C’est un peu compliqué en fait. On ne peut pas dire que je sois ‘vraiment’ en couple officiellement, mais… disons qu’il y a un truc. » Elle-même ne savait pas vraiment où elle en était dans ses histoires. Il y avait ce flirt avec Dean, mais il y avait surtout Maximiano qui ne quittait pas son esprit ! « Tu sais, c’est compliqué parfois. » Dit-elle en riant, sans trop s’attarder sur le sujet.

Comme la demoiselle révèle l'existence dans sa vie d'un petit ami, son interlocutrice se montre soudainement très intéressée, alors que depuis la fête de la musique la relation de couple des deux tourtereaux bat de l'aile. Une histoire de chanson qui n'est pas passé, quelque chose comme ça. Au point même que la ravissante Ruth manque un instant de répondre par un probablement un peu trop sec et virulent "non" catégorique. Du coup l'espace d'une seconde elle songe à ne tout simplement pas apporter de réponse à l'interrogation de la jeune femme. Avant de se faire violence pour annoncer le nom du concerné et se rattraper à la dernière seconde en se rappelant qu'elle est sous couverture.

"- Oh il ne vit pas à Magnolia, c'est pour cela que notre relation est comment dire... Un peu compliqué. Nous ne nous voyons pas très souvent, ce que je regrette énormément." assure la demoiselle qui se désole davantage de rater un concours que d'avoir une vie amoureuse chaotique.

La réponse de la blondinette à la question que lui renvoie Ruth est en revanche très énigmatique et ne manque pas de créer le doute dans l'esprit de la demoiselle qui se figure déjà avoir raison sur toute la ligne en ce qui concerne l'histoire d'amour de son interlocutrice avec sa sœur d'adoption. Pour que cette dernière dise que c'est compliqué de cette façon là, c'est qu'il y a un truc. Pas besoin d'user d'un pare-soleil pour y voir plus clair, la demoiselle se réjouie déjà de sa découverte.

"- Oh oui je comprend, je comprend très bien puisque comme je te le disais un peu plus tôt, je suis moi-même dans une relation amoureuse relativement compliquée... En quoi la tienne l'est-elle si ce n'est pas trop indiscret ?" demande la brunette sans se laisser assécher par le fait que son interlocutrice manifeste de toute évidence une envie de réserve.

Ruth répondit à sa curiosité mais Shelby fut un peu déçue en apprenant qu’il ne vivait pas à Magnolia et qu’il y avait donc peu de chance qu’elle le connaisse. « Oh je vois. Effectivement ça doit être compliqué de ne pas se voir autant qu’on le veut. »

Lorsque Shelby parla de son histoire de cœur, son interlocutrice sembla particulièrement intéressée et la questionna encore sur la complexité qu’elle venait d’évoquer. « Oh, moi ce n’est pas pareil. Cette personne dont je te parle je peux la voir tous les jours si je veux, mais justement je ne sais pas si c'est si bien que ça. » Shelby ne savait pas qu’en parlant de Maxi en terme général elle devait mettre le doute dans l’esprit de la jeune fille qui devait essayer de savoir si elle parlait d’une fille ou d’un garçon. Mais ça la blonde n’en avait aucune idée et elle n’imaginait pas une seconde ce qu’il se tramait dans l’esprit de sa ‘nouvelle amie’.

« Ben… Disons qu’on a des caractères forts et quand on est deux dans ce cas là c’est pas toujours facile de s’entendre. Puis je crois qu’on est trop indépendants pour réussir à former un couple stable. C’est triste à dire mais on se trompait mutuellement et notre couple a fini par exploser une première fois. Du coup maintenant on y va avec des pincettes mais on ne sait pas trop sur quel pied danser. Je crois qu’on s’aime au fond mais qu’on est trop indépendants pour vivre quelque chose qui marche. On finissait par se déchirer » Elle plongea son regard dans son café. Parler de Maxi finissait toujours par lui retourner l’estomac. Comment pouvait-on s’aimer autant tout en arrivant si peu à s’entendre lorsqu’ils étaient en couple. Le comble restait quand même qu’ils arrivaient à être amis et passer de super moment mais que tout ça partait en live dès qu’ils essayaient d’être plus que ça. Leur orgueil les perdra, c’était triste mais sans doute qu’ils ne pourraient jamais être ensemble juste à cause de ça. « Enfin bref, voilà quoi, l’Amour c’est compliqué. On verra bien ou ça nous mène, je ne baisse pas les bras. Cette histoire n'est pas finit ! » Shelby lança un grand sourire à ‘Mailyn’.

La demoiselle est heureuse car son petit jeu marche plutôt bien c'est le moins que l'on puisse dire et en tout cas son interlocutrice ne semble pas sa douter de la véritable identité de la reine de beauté, elle semble encore penser que cette dernière s'appelle effectivement Marilyn comme elle le lui a dit un peu plus tôt, et qu'elle entretient une histoire d'amour à distance avec un homme qui n'habite pas dans les environs de magnolia. Tout marche comme sur des roulettes pour la demoiselle. C'est la réflexion qu'elle se fait et si elle n'avait pas besoin de tant jouer la comédie, elle se laisserait aller à un petit sourire innocent, ou pas. Mais vu les circonstances elle ne peut pas le faire sans éveiller quelques doutes dans l'esprit de la jeune Shelby. Alors elle se retient violemment de le faire.

Les propos de la demoiselle sont de plus en plus énigmatiques, de moins en moins clairs mais dans l'esprit de la jeune Ruth ils ont tout leur sens et au fur et à mesure que Shelby parle, la demoiselle se figure que la jeune femme est donc bien en couple ou amoureuse de sa sœur adoptive. Aussi clair qu'un trait de feutre sur une ardoise. Elle est persuadée que toutes les réponses de son interlocutrices vont en ce sens et elle se réjouit d'avoir compris si vite le petit secret de sa soeur. Elle ne remarque pas que c'est trop facile, presque autant que de prendre la feuille du jour d'un éphéméride ces calendriers chouchoux des enfants.

"- Ah oui je comprend, ce n'est pas évident à vivre..." répond la belle Ruth d'un ton conciliant, comme elle trouve que le portrait décrit par Shelby est tout à fait le portrait de la femme caractérielle qu'est sa soeur. Ainsi donc elles n'en sont pas à leur première histoire d'amour, tout cela est très intéressant, elle a l'impression d'en avoir beaucoup apprit aujourd'hui sur les histoires de coeur de sa frangine, des informations plus ou moins utiles, elle verra bien avec le temps, ce que cela lui apportera de plus. "Oui il faut rester positive c'est le principal !" lance-t-elle d'un air enjoué.

Ruth approuva les propos de la petite blonde, disant qu’elle comprenait, que ce n’était pas évident et qu’il fallait rester positif. Shelby sourit, c’était une belle conclusion. « Bon, tu as raison. Peut-être qu’un jour on sera bien, peut-être qu’un jour tu nous croiseras ensemble ! Magnolia est un monde minuscule. » Elle ne doutait pas qu’elle recroiserait cette fille, on recroisait tout le monde ici. Elle aurait, qui sait, l’occasion de lui présenter Maximiano. Celui qui occupait tout son esprit.

Shelby, juste pas reflexe, regarda son téléphone, et s’aperçu de l’heure qu’il était. « Han, il est super tard ! » Elle avait perdue près d’une heure. Elle n’avait rien de spécial à faire mais si elle voulait sortir ce soir il lui fallait le temps de se préparer, et Dieu sait que la gamine était longue à se mettre sur son 31. Rien que ses cheveux lui prenaient une heure, les passer au shampooing, au démêlant, au peigne, au sèche-cheveux et enfin au soin réparateur… Sans compter qu’ensuite elle devait se trouver une tenue, faire ses ongles… Elle n’était pas prête d’avoir fini.

Elle se leva donc, « Désolée, je vais y aller. » Elle sortit de son sac son porte-monnaie pour déposer quelques pièces sur la table pour payer son café, laissant quelques centimes en plus. « Je te passe mon num’ s’tu veux. » Elle prit une vieille note et y marqua son téléphone. Elle lui tendit le papier.

Elle avait bien sympathisé avec cette fille qui semblait être du même monde qu’elle, avoir les mêmes centres d’intérêt. Ce qu’elle ne savait pas c’est que tout était faux, qu’elle se trompait sur elle sur toute la ligne, qu’elle n’avait fait que lui mentir, se jouer d’elle pour essayer d’en apprendre plus. En fait cette fille avait encore plus en commun avec la Seavers, mais celle-ci ne supportait pas que l’on se joue d’elle. Si un jour elle l’apprenait, elle ne donnerait pas chère de Ruth, elle réduirait cette fille en bouillie, ferait tout pour lui ruiner sa vie. Et c’était bien connu, Magnolia était un monde minuscule…

Ruth Danielson-Dikens joue probablement avec le feu, elle le reconnait bien volontiers et la ville de Magnolia est si petite que ce n'est pas bien prudent de se jouer ainsi de son interlocutrice, elle en a parfaitement conscience. Mais d'un autre côté découvrir la vérité est tellement tentant que la jolie demoiselle en oublie toutes les règles de prudence que dans sa situation elle ne devrait pourtant pas perdre de vue. Parce que quand on est une star, on a plutôt intérêt à se faire davantage oublier que voir, si l'on souhaite se cacher. Un précepte que la jeune femme ne semble en l'occurrence pas avoir compris, mais cela ne fait rien. Pour ce moment tout ce qui lui importe est de découvrir les secrets d'Hanna et le moins que l'on puisse en dire c'est que la brunette n'est pas déçue de sa pêche aux information même si malheureusement pour elle, Shelby finit par couper leur conversation comme elle doit quitter les lieux, remarquant un peu comme l'heure est drôlement avancé même si ce n'est pas encore trop tardif. Reste que la jeune femme doit prendre la poudre d'escampette à la plus grande déception de la demoiselle en sa compagnie. Mais soit. Acceptant les coordonnées de la jeune femme, la brunette se lève à son tour pour quitter les lieux avec un sourire pour la blondinette en compagnie de laquelle elle a passé un sacré long moment.

"- Bon et bien.... Bonne soirée ! Et merci pour ta compagnie !" lance la brunette avant de prendre la poudre d'escampette pour disparaitre et reprendre le court de son après-midi perdu dans les dédales de magasins, de petites boutiques sympathiques et autres lieux bien enchanteurs pour une jeune femme comme elle qui même en n'aimant pas les concours de beauté, aime tout de même se faire jolie.