On m'a toujours dit que l'amour c'était facile, que ça arrivait d'un coup et que la seule difficulté était de ne pas se tromper en y cédant. On m'a toujours dit qu'on voyait clair dans les sentiments de l'autre, qu'on savait toujours où aller à partir du moment où on aimait vraiment. Ces choses m'ont été dites par ma mère, pour me faire dormir le soir, moi enfant curieuse ayant soif de savoir. Je posais des questions sans arrêt et ma mère y répondait par ce qui lui passait par la tête, afin de me faire taire. J'y ai cru longtemps à ces choses là, j'y ai cru jusqu'à mes treize ans, lorsque j'ai su que Zain et Ginny s'étaient mis ensembles. Par la suite, j'ai tenté de donner raison à ma mère, mais ce n'est qu'après son départ que j'ai compris que cela n'était qu'un tissu de mensonge. Dans un sens, ma relation avec Clyde était simple, car elle n'avait pas commencé par une rencontre organisée par quelqu'un d'autre mais on s'est juste mis ensembles car cela nous paraissait naturel. Ce qui est compliqué dans notre relation c'est nos attentes à chacun, notre passé respectif, nos blessures. J'attendais une relation stable et facile, mais lorsque je l'ai embrassé la première fois, j'ai su que ce ne serait pas le cas et que ce n'est pas ce genre de relation qui allait me satisfaire. Mais je n'avais pas réfléchit aux conséquences. Clyde était une boule de complexité, dure à comprendre, dure à cerner. Et malgré tout, j'en étais une aussi. Je me trouvais sur son lit, à demi nue, pleurant, criant, insultant. Que pouvais-je faire d'autre? Me taire et laisser les choses se faire, comme avec Cody? Je devais me battre pour cette relation, pour ce garçon si compliqué, mais que j'aimais tant. Il me prit dans ses bras, et je le repoussais. Je ne voulais pas céder sous l'étreinte de ses bras réconforte, je voulais qu'il m'écoute, qu'il me comprenne.

“Sauf que maintenant tu m'as moi, Clyde.” Comment lui dire que dès l'instant où j'avais vu cette fille, cette pétasse brune aux gros seins et aux hanches délicieuses, papillonner des yeux et afficher une rangée de dents blanches magnifiques sur sa peau mate, comment dire que mon coeur s'était brisé en des milliers de morceaux? Comment dire que j'aurai pu lui exploser sa tête de poupée de plage sur le carrelage de son bar? Comment lui dire que je l'ai imaginé le crâne fracassé, en sang, voir explosé contre le sol à cause d'une bouteille en verre? Comment dire à Clyde ce que je ressentais vraiment à son égard, et que si j'en avais la possibilité, je passerais chaque instant avec lui, mon nez fourré dans son cou, à caresser ses beaux cheveux tirant sur le roux et plonger mon regard dans ses beaux yeux. Je sentais mon coeur se briser une nouvelle fois tandis que je le regardais. Il essaya de m'embrasser, sûrement pensait-il que l'affaire était réglée, mais il se fourrait les doigts dans le nez. Je n'étais plus le genre de fille à tout accepter, à dire oui, oui et encore oui juste pour conserver un amour, pas toujours vrai. Je préférais être la chieuse plutôt que la faible, et il devait le comprendre. Désormais, aucun homme ne pourrait prendre le dessus sur moi, aucun.

Cette seconde gifle le décontenança. Il me regardait, sans comprendre, et moi, je ne pouvais canaliser ma colère, j'en débordais. Je le regardais et sa question suivant me refroidit alors. Il l'avait crié, il avait perdu son calme, enfin, je voyais que ça le touchait, enfin il me montrait qu'il me voulait. On peut tous dire qu'on se veut, sans forcément le penser. C'est facile de dire "je veux être avec toi" alors qu'on ne le pense pas vraiment. Mais se mettre en colère, montrer ses véritables émotions, celles qu'on ne contrôle pas, révèle le véritable amour. Je le regardais alors, je ne savais pas quoi répondre. Enfin si, mais comment lui dire... Je bégayais, incapable de formuler un phrase, voir un mot au complet. Tous les deux haletant, l'un en face de l'autre, on se regardait, sans se comprendre, sans comprendre ce qui se passait. Je soutins son regard puis baissais les yeux, laissant des larmes couler sur mes joues. Je murmurais comme à moi-même : “Je ne peux pas lui dire...” Je ne savais plus quoi faire, tout simplement parce que ces trois petits mots coinçaient dans ma gorge, tout simplement parce que je ne pouvais pas lui dire.

J'étais en pleine explosion, et lui pépère, s'allongea sur son lit, alluma sa télé et m'ignora. Je ne savais pas si je devais m'en aller, pleurer, crier, le frapper ou ne rien dire. Je restais donc là, à le regarder, me demandant comment il pouvait me montrer de l'intérêt, puis m'ignorer comme si de rien n'était. Sa réponse fut froide et agressive. Mais la phrase qui suivit fut plus douce. Côté changement d'humeur et explosivité, il était pire que moi. Ce qu'il me toucha, et lorsqu'il me tendit ses bras, je m'y jetais en pleurant comme une enfant. Je sanglotais dans son cou et répondis : “Parce que tu n'es pas le genre de mecs à changer pour une fille...” Et c'était ma plus grande crainte, qu'il fasse des promesses sincères sans pouvoir les tenir, car ce n'était juste pas sa nature. Je me blottis contre lui. Je sentais son coeur battre, cela aurait du me calmer, mais je n'arrivai pas à retrouver mon calme. En réalité, ces quelques mots me brûlaient les lèvres, et je devais lui dire.

Je séchais mes larmes, et embrassais sa joue, puis son cou, et enfin ses lèvres, avec douceur. Je blottis de nouveau mon visage dans son cou et murmurais : “Je t'aime...” Je restai en apnée. Soucieuse de sa réponse, de sa réaction. Je fermai les yeux, par peur de voir sa réaction, une mauvaise réaction ou un geste qui m'aurait prouvé que ce n'était pas réciproque.

Je n'avais pas l'habitude d'exprimer mes sentiments, de dire ce que je ressentais. J'étais plutôt le genre de personne à tout garder pour soi, à se montrer forte et ne jamais faiblir devant les gens. Mais l'amour m'avait rendu faible, vulnérable, et désormais, j'avais besoin de dire ce que je ressentais, besoin que ça sorte, besoin que les gens sachent. J'assumais entièrement mes sentiments, mais il était toujours difficile de faire le pas et de passer le cap et de laisser son coeur parler. D'un côté, il n'était pas étonnant que je sois si secrète, si fermée, étant donné que mes parents étaient toute ma vie et qu'ils m'ont abandonné en me laissant le plus gros fardeau qu'on peut avoir à dix huit ans. D'un certain côté, j'aime m'occuper d'Alistair et de Lynn, mais ce n'est pas la vie à laquelle je m'attendais.

Alors que nous partagions un moment de tendresse, Clyde eut envie de jouer. Il se mit à me chatouiller. Me tordant dans tous les sens comme un asticot, j'essayai de me débattre, mais je n'y arrivai pas, riant comme une enfant. Il fallait que je prenne le dessus, mais comment prendre le dessus alors que Clyde était bien plus fort que moi? J'essayai de me mettre sur lui lorsque je me rendis compte que mon genou tapa dans quelque chose de... Je baissais les yeux et me rendis compte que j'avais tapé là où ça faisait mal. Je m'éloignais alors et me mis à paniquer, il se tordait de douleur. Paniquée je criais presque : “Mon amour! Ca va? Ca va?!” Je fus alors surprise de ce que je venais de dire. Jusqu'alors, je n'avais jamais employé de surnoms affectifs pour appeler Clyde, mais c'était sortit naturellement. J'allais prendre sa tête entre mes mains lorsque je sentis un oreiller m'arriver en pleine figure. Je me mis à rire et le balançais en dehors du lit. Je m'avançais vers lui, me mis à califourchon sur Clyde et le coinçais avec mes jambes. Comme quoi j'avais de la force quand je le voulais. Je levais alors les mains et enlevais une bretelle de mon soutient-gorge en le regardant avec malice, puis une autre, car oui, j'étais toujours sans haut. Je vis son regard changer et ses yeux parcourir mon corps. Je m'arrêtai alors et passais mes mains sur son torse avec sensualité. J'approchais mon visage du sien, déposais un baiser sur ses lèvres et me mis à le chatouiller, à mon tour. Il se tordait de rire. Il reprit alors le dessus, et essoufflée, j'en profitais pour remettre mes bretelles en le regardant. J'approchais ma bouche de son oreille et murmurais : “J'ai bien eut peur de t'avoir fait mal... Imagine tu n'aurais plus été apte à faire l'amour, on aurait pas pu avoir les douze enfants que j'avais dans le projet d'avoir...” Je vis alors son visage se décomposer. Je me mis à rire, sans pouvoir m'arrêter. Et lui continuait de me regarder, son visage devenait blanc. Je lui caressais la joue et ajoutais : “Je rigole, j'ai déjà deux gosses à gérer, ça me suffit.” Je le regardais et l'embrassais tendrement, caressant son visage avec mes deux mains.

On riait, on s'amusait, calmant le jeu entre quelques baisers. On chahutait comme des enfants et j'eus alors une pensée pour Rebecca, qui devait se demander ce qui pouvait bien se passer dans la chambre de son fils... Un coup des cris, des pleurs, des bruits de claque, puis le lit qui bouge, les rires, les cris et le silence. C'était une tempête, un cyclone de sentiments, d'émotions, d'amour. Essoufflés, et sûrement fatigués à cette heure tardive, voir matinale, on arrêta de jouer et il me prit dans ses bras. M'offrant une clope, il me demanda ce que je voulais regarder à la télé. A trois heures du matin, il devait y avoir des vieux films, ou bien des films pornos, ou des chaînes musicales. Je me penchais en avant, attrapais mon haut et le remis. Sentant le regard surpris et mécontent de Clyde, j'ajoutais : “J'ai l'habitude de toujours me brûler la poitrine avec ma cendre...” Je regardais alors autour de moi, à la recherche d'un cendrier, ou de quelque chose qui pourrait en faire l'office. Je remarquais alors une canette au coin de la fenêtre. Je me levais et attrapais la canette avant de revenir dans les bras de Clyde. Je pris le briquet que Clyde avait posé sur ses abdominaux et allumais ma clope.

Je tirais une taffe et attrapais la télécommande. Je commençais à zapper et tombais alors un vieux film de 1942. Je criais presque : “Ooooooh c'est To be or not to be!!” Je m'installais confortablement et me concentrai sur le film. Je riais toujours autant lorsque Jozef Tura se faisait passer pour le colonel Erhnardt. Je me rendis alors compte que Clyde s'endormait. Je le regardais, éteignais alors la télé et le regardais. Je me blottis contre lui et lui dis : “Qu'est-ce que tu veux faire?” On aurait pu dormir, mais je ne voulais pas perdre mon temps à dormir alors que je me trouvais avec lui.

ENFIN! Enfin Clyde avait compris le message et serrait enfin dans ses bras mon corps à demi nu. Il avait fallu que je lui mette l'artillerie sous le nez pour qu'il comprenne que deux amoureux dans un lit ne faisaient pas que regarder la télé, bouffer du chocolat et s'endormir en bon niais. Clyde était devenu plus gentil durant ce dernier moment, et tout cela grâce à notre relation. Mais ce n'était pas pour autant qu'il devait perdre de sa sauvagerie et de son goût pour le sexe. Il passa donc ses mains dans mon dos et m'embrassa dans le cou. Sans plus attendre - car non, je ne comptais pas laisser les choses durer, cela devait bien faire vingt minutes que je me remuais les méninges pour trouver un moyen d'exciter mon copain - je me mis sur lui, le chevauchant, et l'embrassais langoureusement. Mes mains caressaient son torse doucement. Enfin je retrouvais le contact de sa peau contre la mienne, sa peau chaude et douce. Je souriais, car ces instants m'avaient manqués.

Mais je sentais que quelque chose avait changé, dans la manière dont nous nous embrassions, dont nous nous regardions. La première fois que l'on avait couché ensembles, on ne se connaissait pas, on éprouvait tout simplement une grande attirance l'un pour l'autre, mais aujourd'hui, il y avait plus que ça. Pour ma part, il y avait l'amour, pour lui, sûrement une grande affection, ou peut-être plus, peut-être des sentiments qu'il n'acceptait pas encore. Je le regardais dans les yeux et embrassais son torse avec douceur, car oui, je voulais faire l'amour, et non "baiser". Je sentais ses mains chaudes se balader sur mon coeur, me procurant des frissons et me réchauffant le corps, refroidit par la température ambiante de la chambre. Je me tournais et attrapais sa couette, puis je la mis sur nous avant d'embrasser le cou de Clyde.