La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine. La nuit je mens, effrontément. J'ai dans les bottes des montagnes de questions, où subsiste encore ton écho.
Joy & Dean
Comment dormir, alors que les seules images qui te viennent en tête ne sont que sang, solitude, obscurité. Sentir ses côtes se briser, sa tête taper contre le sol froid, et ne rien pouvoir faire. On t'arrache tes vêtements, tes affaires, et même ta dignité. C'est comme si l'on t'arrachait le coeur, et qu'on le regardait se briser dans les mains de quelqu'un d'autre, car personne. Non personne n'est là pour t'aider, pour te sortir de l'enfer dans lequel tu t'es fourré. Tu es seul. Seul face à tous. Seul face à ton propre destin. Seul face à ta propre mort. Car oui, c'est comme si tu te regardais mourir, lentement, et que tu ne pouvais rien faire à part sentir ton corps se briser, ton sang couler sur tes vêtements et recouvrir le sol froid et glacial, ce sol sur lequel tu mourras, et sur lequel tu seras abandonné, laissé pour mort, dans un pays qui n'est pas le tien. Sans obsèques. Sans au revoir. Un inconnu parmi tant d'autres. Un oubli parmi ceux que tu aimes. Tu t'attends à mourir, à tout perdre d'un coup, à te perdre. Et puis tout s'arrête. Tu n'entends plus tes membres douleureux craquer, se briser. Mais tu continues de pleurer, car tu sens toutes tes parties de ton corps comme si on te les arrachait une à une. Tu pleures, tu pleures, tu craches du sang, tu cris, et tu continues de pleurer. Puis le néant. Tu oublies tout. Comme s'il fallait tout oublier, comme s'il fallait oublier ces personnes qui t'ont détruite, lentement, comme pour savourer ta douleur, comme pour l'amplifier. Alors tu oublies, parce que tu penses que c'est la meilleure chose à faire car la vérité te tuera. Pendant des mois, tu ère à la recherche de la vérité, et un jour tout te revient. D'un coup. C'est une évidence, mais elle te détruit. Et tu pète les plombs. Tu pètes tout autour de toi. Tu exploses, tu exprimes ce que tu ressens, tu cris, tu hurles, tu tape, tu t'en lacère les poignets, tu en taches tes affaires. La douleur, tu la ressens comme auparavant, mais tu ne peux pas revenir en arrière, tu ne peux pas changer les événements du passé et te venger. Tu ne peux pas frapper, détruire, blesser comme ils t'ont fait. Tu ne peux rien faire. Tu ne peux qu'oublier, et avancer. Et lorsque tu essaies, tu te rends compte que cela te suit. Encore et toujours. Tu ne veux plus regarder derrière toi, mais dès que tu fermes les yeux, tu vois. Oui, tu vois ton propre reflet, ta triste vérité, ta triste histoire. Et tu pleures, et tu frappes, et tu saignes, encore et encore. Mais surtout, tu ne dors plus.
J'ouvre mes yeux. Je pleure encore. D'un geste vif, j'essuie mes larmes et regarde autour de moi. Il fait nuit. Je prends mon portable et regarde l'heure. 1h30. Je n'ai dormis que vingts minutes. Je suis en sueur. Je soupire et je me lève. Je prends des affaires propres et me dirige vers la salle de bain. J'entre dans la cabine de douche et laisse l'eau glacer couler sur ma peau bronzée. Cela fait plusieurs mois que j'ai retrouvé la mémoire, mais aussi plusieurs mois que je ne dors plus correctement. Mes membres restent endoloris. A chaque fois que je tente de faire du sport, je me sens lourd, comme si je traînais un fardeau derrière moi, et c'est le cas. Je sors de la douche, et m'essuie. J'enfile un caleçon un jean et un gros pull en laine. En faisant attention de ne réveiller personne, je sors de la maison, mon portable dans ma poche, mes chaussures aux pieds. Dehors, l'air est frais, voir glacial sur ma peau encore gelée après la douche. Je regarde autour de moi et me mets à marcher, mais je ne sais où. Je ne réfléchis pas et regarde les maisons défiler sous mes yeux, comme si c'était la plus belle chose que je n'avais jamais vu. J'aime cette solitude, et cette obscurité propice à la réflexion. Il n'y a pas un bruit, pas une voiture, pas une voix plus forte que l'autre. Comme si tout allait bien dans ce quartier du New Jersey, cet horrible quartier où tout se passe toujours de travers. J'enfonçais mes mains dans mes poches et marchais la tête baissée. Si les choses s'étaient passées différemment, je ne serai jamais revenu, je n'aurai jamais pu me balader de nuit dans ce quartier, le corps glacé, et le coeur tout autant. Et peut-être aurait-ce été mieux ainsi. La vie n'est que souffrance, contrairement à la mort, qui n'est que néant. J'aurai préféré mourir heureux que vivre ainsi, quoique l'idée de mourir seul ne m’enchantait guère. Alors j'aurai du mourir à l'hôpital, en tenant la main de Joy. Tout abandonner et me laisser aller. Au lieu de laisser la vie m'arracher mes bons côtés et m'obliger à vivre dans le mensonge, dans l'oubli. Je touchais mes poignets. La nuit. La nuit, j'étais un tout autre homme. Je devenais étrange, violent avec moi même, comme pour ressentir cette même douleur, la douleur qui te prouve que tu es bel et bien vivant, et que la plus intense douleur est de te sentir t'effacer, alors que tu en es encore conscient. Je soupirais. Comme si c'était une solution.
Je levais la tête. J'arrivai au parc. Je m'approchais et me rendis compte que quelqu'un dormait sur un banc. Une autre âme perdue, incapable de dormir. Je m'avançais et posais ma main sur ce corps fin que je ne reconnaissais pas. Mais quelle fut ma réaction lorsque deux grands yeux bleus s'ouvrirent, et que je reconnus Joy. Je fronçais les sourcils et la laissais se réveiller. Elle s'assit et je m'asseyais à côté d'elle. Je regardais autour de moi et murmurais : “Coeur brisé, âme en peine, esprit dérangé, tourbillon de questions?” J'attendis quelques secondes et tournais la tête vers Joy, avec tristesse. La vie n'avait rien de simple, et nous étions deux personnes capables de le prouver. Elle avait perdu sa mère, et je m'étais perdu moi-même, laissé quelque part au fin fond de l'Italie. Oublié le gentil Dean, doux et stable. Bienvenue le torturé et incertain jeune homme, rêveur, nostalgique. Je soupirais de nouveau et baissais les yeux vers le sol.
Sujet: Re: La nuit je mens - Joy Jeu 1 Mai - 23:34
La nuit je mens sometimes I think that it's better to never ask why
Combien de nuits s'étaient-elles doucement écoulées dans l'ombre d'une pensée, d'une faute encore commise, d'un regret à rajouter à ceux déjà nombreux ? Combien d'heures Joy avait-elle perdues à danser sur une piste comme si elle était seule au monde, dans un cocon que seule elle pouvait entrer ? Combien d'heures à prétendre une chose qui n'était pas vraie ? A esquisser de faux sourires dans l'espoir qu'un jour tout se passe comme elle l'aurait désiré ? Combien de temps encore attendra-t-elle que sa vie suive enfin un long fleuve tranquille et non une marre de sang ? Déjà quatre ans que les silhouettes se faisaient plus lentes, plus éloignées encore. Elle était devenue qu'une vulgaire coquille vide attendant de se remplir de moments de bonheur mais rien de tel n'allait arriver. Elle était détruite, cette coquille était déjà fissurée. Déjà quatre ans qu’elle ne croyait plus au moindre oubli. Quelle amertume était pire que celle d’une habitude froissée ? Quelle blessure pouvait se faire plus vive que celle d’une culpabilité dont on est à jamais gravé ? Car oui, elle se sentait coupable de tout ce qu'il lui arrivait, de toute cette douleur et de tout cet enfer dont était ravagée la famille King, un réveil brutal qui les avait ramené à la dure réalité qu'était la vie ; la mort de leur précieux pilier, Alicia King. Car oui, quand le plus gros pilier s'effondre, les autres le suivent.
Les yeux cernés de trop de nuits passées à fuir dans la débauche d'une nouvelle soirée, de trop de verres ingurgités, de trop d'erreurs faites, la benjamine des King arpentait les rues de Magnolia Cresent comme une âme en peine cherchant à trouver le réconfort dans un avenir meilleur, dans une chaleur qui pouvait lui faire oublier la douleur qui irradiait son cœur chaque jour de l'année, chaque seconde d'une journée.. Ses collants déchirés, sa marche peu assurée, elle errait. Une nouvelle fois elle avait pleuré, les traces rouges sur ses joues et son maquillage qui avait coulé pouvaient le prouver sans aucun problème. Une fête, un verre de trop, et tout avait dérapé encore une fois. Un garçon trop entreprenant essayant de la draguer, et le coup était partie tout seul. Elle l'avait giflé, cela ne l'avait pas arrêté pour autant, il avait caressé ses cuisses avant de remonter vers sa poitrine jusqu'à même souiller ses lèvres des siennes. Prise de dégoût, trop ivre pour bien se protéger, elle lui mordilla sa lèvre jusqu'au sang, réussissant cet exploit avec le peu de force qui lui restait. Et elle était partie en courant, sanglotant à s'en brûler les joues. Ses lèvres trembler, sa voix se briser, et elle trouva un peu de repos au parc où elle s'y allongea. Ses pleurs redoublèrent, ses problèmes revinrent, et le sommeil la prit. Elle était trop fatiguée, ses pleurs et sa course l'avait complètement lessivée.
Mais son sommeil fut de courte durée, une main vint se poser sur son corps frêle et elle ouvrit difficilement ses yeux. Il faisait encore nuit, mais elle reconnaissait une silhouette dans la pénombre. Elle cligna des yeux, et reconnut tout de suite la voix de l'inconnu. Dean. Son premier amour. Le premier qu'elle avait trahi. Un de ces premiers regrets. Elle se redressa, et n'osa pas croiser son regard. « C'est un bon résumé de l'épave que je suis devenue. Et toi ? » Se risqua-t-elle à demander.
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Sujet: Re: La nuit je mens - Joy Ven 2 Mai - 18:21
La nuit je mens
La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine. La nuit je mens, effrontément. J'ai dans les bottes des montagnes de questions, où subsiste encore ton écho.
Joy & Dean
Au début, on a rien. Puis quelque chose nous fait nous sentir heureux, comblé; et nous donne l'illusion que tout va bien, et que tout ira bien encore longtemps. Lorsque je suis arrivé à Magnolia Cresent, je n'avais rien, rien hormis ma mère. Rien après le désir et l'inquiétude que je pouvais ressentir face à la rencontre de mon père. Et puis Clyde s'est intéressé à moi, m'a ouvert au quartier, m'a fait rencontré ses amis, m'a donné une chance de m'intégrer. Tout allait bien. J'avais enfin cette présence paternelle que je recherchai tant, et j'avais des amis. Puis elle m'est apparut. Douce petite chose fragile, perdue, brisée parmi tant d'autres jeunes de son âge. Ses cheveux bruns en bataille ondulaient sur son visage triste, sauvage. Et ses yeux gris bleus, tels deux saphirs bruts dans le noir, fixant le pauvre petit adolescent que j'étais, m'appelaient comme s'ils étaient des aimants, voulant attirer jusqu'à eux le petit bout de métal que j'étais. Mon coeur s'en était emballé, battant à un rythme irrégulier, et mon courage m'avait amené jusqu'à elle. La soirée avait passé, et mes lèvres s'étaient délectées de la saveur des siennes. J'étais amoureux, et je savais que je ne pourrai l'oublier. Mais je savais qui elle était, je savais ce qu'elle représentait pour Clyde. Elle était le fruit défendu, la pomme du paradis d'Eden. On voulait tout deux pouvoir y goûter, laisser notre peau toucher la sienne rien qu'un instant, s'abandonner à son regard de braise et son sourire en coin. Mais je ne pouvais pas. Car elle ne m'appartenait pas, elle ne m'était pas destiné. Et puis le destin avait fini par nous réunir, pour ensuite nous détruire. Alors que je pensais mourir dans cette ruelle froide, elle faisait semblant de m'aimer encore, semblant que je comptais encore pour elle, tournant, virevoltant, s'amusant avec Claire, alors que moi, je me sentais sombrer.
Elle a été là à mon réveil, elle m'a soutenu. Mais je ne pouvais changer le passé et lui pardonner la pire trahison qu'on pouvait me faire. On ne s'était jamais retrouvé, jamais expliqué, jamais pardonné. Et puis maintenant, on se retrouvait réunis à nouveau. Sur le même banc. Dans le même parc. Dans le même état d'esprit et dans une même douleur de solitude. Je regardais autour de moi et soupirais. Je ne pouvais me lamenter sur mon sort, car elle n'avait pas eut une ville bien plus facile. Je regardais autour de moi, cherchant les bons mots pour exprimer mon tourment. Mais rien ne semblait assez fort pour exprimer la tempête Dean, celle qui retournait mes entrailles, mes pensées, mes sentiments et mes émotions. “On peut dire ça oui. J'ai changé.” Je tournais la tête vers elle et caressais ses cheveux avec bienveillance. Même si elle m'avait brisé le coeur, elle n'en restait pas moins mon premier amour, la première fille à avoir fait chaviré mon coeur, me tiraillant, me balançant comme un bateau sur une mer agitée. Je l'attirais à moi. Non pour renouer un contact intime avec elle, ou raviver la flamme d'autre fois. Cette flamme s'était éteinte, recouvert par la vague de déception et de désespoir qui avait suivit cette incompréhension que j'avais ressentis lorsque j'avais apprit la vérité. Non. J'espérai tout simplement que cette étreinte puisse réunir deux êtres détruits en une personne forte, capable de se confier, de se pardonner. De s'en sortir pendant une nuit et de penser que tout ira bien. Au moins d'y croire un instant. D'une voix douce, je demandais : “Quelles sont les dernières nouvelles? Dis moi tout.” Malgré tout, je ne ressentais aucun dégoût pour Joy, ni aucun amour. Une grande affection, certes, mais aucun sentiment ambiguë. Je voulais la protéger comme je l'avais toujours fait.
Sujet: Re: La nuit je mens - Joy Mer 21 Mai - 15:41
La nuit je mens sometimes I think that it's better to never ask why
Dans une abîme, il n'y a jamais de lumière. C'est un trou béant, comme celui présent depuis si longtemps dans le cœur de la jeune fille. Petite, elle se demandait souvent comment c'était de tomber amoureuse et d'être libérée par un preux chevalier accompagné de son fidèle destrier. Elle l'avait rencontré son chevalier. Oui, Maxim avait réussi à faire sécher ses larmes, et cela avait été le début de leur si grande amitié mais Dean avait fait bien plus. Il avait réussi à recoudre son cœur éparpillé en milliers de petits morceaux. Il l'avait rendu heureuse, il avait été sa lumière qui avait chassé l'obscurité. Même s'il y avait Clyde. Il l'aimait, et ils étaient amis, ces trois-là et elle avait tout gâché. Elle avait ruiné cette si belle amitié, elle avait brisé son remède. Elle avait eu si peur, c'était sûrement pour ça qu'elle avait tout détruit, avant de se détruire elle-même. Elle avait peur de se brûler les ailes à trop vouloir goûter le bonheur. Et cet amour envers le si doux et protecteur Brown l'avait complètement changé, elle l'avait aimé à en avoir mal. Alors, peut-être qu'elle n'était pas faite pour aimer ou être aimé. La raison pour que tous ceux qui osent l'approcher partent était sûrement Joy King. On se brûlait les ailes à vouloir l'aider mais elle se souvenait de Dean, elle se souvenait de la meilleure dont elle respirait à ses côtés, le goût sucré de ses fines lèvres et le parfum fruité qu'il dégageait. Ce sourire en coin qui le rendait plus enfantin qu'il ne l'était déjà, elle se rappelait également de son cœur qui s'emballait dès qu'elle l'approchait et le désir ardent qui les consumaient dès qu'ils s'embrassaient... Elle avait été une belle histoire d'amour : épique, une histoire comme dans les films.. Ou du moins jusqu'à ce qu'elle fasse encore des erreurs, jusqu'à ce que tout se termine sans qu'ils ne s'expliquent, sans un pardon ou un au revoir. Deux silhouettes si proches... Et maintenant si lointaines l'une de l'autre.
Étrangement, ils s'étaient retrouvés par hasard. Deux âmes en peine essayant de trouver un peu de réconfort. Tous deux avaient vécus des choses très dures, tous deux n'avaient pas bien survécus aux secousses qui avaient attaqué leur fragile petit organe vitale, il était maintenant fissuré, abîmé.. Et aucun d'eux n'avait envie de se plaindre, ou commencer une discussion banale. Mais Dean réussit à deviner sans problème ce qui décrivait Joy. Et elle lui retourna la question. Elle n'était pas assez imaginative. « Comme tout le monde, à vrai dire. La plupart du temps en mal. » Comme elle. Sa personnalité s'était dégradée. Légèrement surprise par le contact des doigts de son ex-petit-ami sur ses cheveux, elle le laissa tout de même faire. Des frissons lui parcoururent même l'échine et elle posa sa tête sur l'épaule de son premier amour, cherchant la chaleur de ses bras protecteurs. Leur contact n'avait rien de langoureux, il était fraternel, même si elle ne pouvait l'oublier, elle ne l'aimait plus comme avant. C'était son premier amour, il aura toujours la place la plus importante dans son cœur mais leur relation ne pouvait plus jamais changer pour redevenir comme avant. La question du brun ne surpris guère l'étudiante en journalisme, après tout, tout ce qu'il pouvait dire ou demander ne pouvait plus la surprendre. « J'ai découvert le tueur de ma mère. » Sa voix n'avait pas été si sûre qu'elle l'aurait espéré, elle restait tremblante malgré qu'elle sache intérieurement cette vérité depuis quatre ans. Mais c'était toujours intense, ce flot d'émotion qui la tirailler dès qu'elle osait y penser, dès qu'elle osait en parler.. « Et les tiennes, de dernières nouvelles ? »
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Sujet: Re: La nuit je mens - Joy Dim 10 Aoû - 16:30
La nuit je mens
La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine. La nuit je mens, effrontément. J'ai dans les bottes des montagnes de questions, où subsiste encore ton écho.
Joy & Dean
Sortir de nuit était un moyen pour moi de me changer les idées, de penser à autre chose et de me détendre. Puisque ce n'était apparemment pas possible lorsque je me trouvais seul dans mon lit à devoir dormir. Je n'étais pas sorti pour rencontrer quelqu'un, j'étais même très surpris de voir que je n'étais pas le seul oiseau de nuit. D'autant plus que la personne en question n'était autre que mon ex. Retrouver Joy, c'était comme revenir en arrière, faire un tour dans le passé pour une soirée et rétablir un semblant de lien que nous avions avant. Je regardais Joy et je me rendis alors compte qu'aucun de nous deux n'avait avancé dans sa vie. Sa vie sentimentale et sociale avait sûrement changé, évolué, mais au fond, avait-elle changé? Je soupirais. Nous étions trop jeunes pour vivre de telles difficultés. Malgré tous ses côtés agaçants, j'aimais ma mère et je savais que de la perdre serait la pire des douleurs. Je ne m'imaginais pas annoncer la nouvelle à notre famille, organiser ses funérailles et me rendre toutes les semaines sur sa tombe pour lui parler et lui raconter les dernières nouvelle, avec le stupide espoir qu'elle m'écoute et m'entende. Puis déposer un bouquet de fleur et la quitter le coeur lourd. Non, je ne m'imaginais pas vivre ça. Et pourtant, Joy l'avait vécu. Il ne fallait pas s'étonner qu'elle soit destinée à faire tant de conneries, à errer plus qu'à vivre. Certes, elle m'avait trompé, elle avait fait des erreurs et celle là en avait été une grosse, mais moi aussi j'en avais fait. Et tout le monde en faisait. J'aurai pu passer ma vie à la blâmer ou bien à lui reprocher cette mauvaise action. Mais la vie ne valait pas la peine d'être vécue pour passer sa vie à faire des reproches, et à en recevoir. Puis malgré tout cela, je l'avais aimé, et inversement. Elle ne méritait pas tout cela. Mais je me figeais alors et fronçais les sourcils : “Et tu attends quoi pour aller prévenir la police?”. Je ne comprenais pas comment elle pouvait se trouver là, à dormir sur un banc en sachant qui lui avait retiré sa mère. Mais peut-être avait-elle de bonnes raisons, et peut-être voulait elle régler ça toute seule. Qu'importe son choix, je ne la jugerai pas, car tuer quelqu'un pour venger une personne qu'on aimait me semble un bon mobile. Je passe la main dans mes cheveux noirs de jais et regarde autour de nous avant de répliquer en soupirant : “Toujours les mêmes cauchemars qui m'empêchent de dormir...” Je ne voulais pas qu'on me prenne en pitié, mais je ne savais pas mentir, alors autant dire les choses telles qu'elles se présentaient à moi.