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Breathless.

La fureur des regards. La rudesse des contacts. L'animalité des échanges. Les soubresauts des muscles qui se contractent, se raidissent sous l'effort. Les crampes qui mûrissait aux creux de nos entrailles. Les os qui claquent, les chaires qui s'entrechoquent. Et puis les plaquages aussi. Les paumes qui s'écorchent, les genoux qui s'entaillent, les ecchymoses qui se tuméfient. L'odeur de la terre, l'odeur du vrai. Les corps qui se vautrent dans la boue. Les chutes. Surtout les chutes. La rage au bide qui le prenait, lorsque quelqu'un le renversait. Cette fébrilité bouillonnante, qui frémissait dans ses veines, à en faire trembler tout le reste. C'était cette fureur aveuglante qui le faisait avancer. C'était elle qui l'aider à se relever après chaque chutes, chaque plaquage, chaque défaite. C'était elle qui soutenait ses pas quand ses jambes ne le portait plus. C'était elle qui démultipliait ses forces, lorsqu'il se mettait à courir au devant de l'équipe adverse. C'était elle encore, la voix à son oreille qui lui intimait de continuait encore et toujours. Cette voix qui, si on tendait bien l'oreille, avait les mêmes sonorités suaves que celle de son voisin, Aaron.
Pourtant aujourd'hui, la voix s'était tue. A la manière d'un cours d'eau, elle s'était tarie de plus en plus, jusqu'à se noyer complètement en eaux troubles. Elle avait disparue sous les courant violents qui agitaient William, sous ses interrogations, ses angoisses, sous ses doutes. Elle avait disparue, et avait laissé le jeune homme seul et désarmé face à ce cet univers brutal.
Il avait pourtant senti, qu'aujourd'hui ne serait pas un bon jour. Mais plutôt que de renoncer, il avait trainé son corps malmené jusqu'au terrain de football américain. Pour y faire quoi ? Courir comme une fillette ? Grogner au moindre coups ? Rater toutes les passes qu'on daignait lui lancer ? Non, décidément, William aurait mieux fait de rester chez lui, à ruminer au fond de son lit, en se goinfrant de beignets de consolation, made in le boulanger.
Le chuitement du sifflet vient confirmer ses dires. William soupira, avant de se retourner. Derrière lui, le visage crispé de Monsieur Richardson, ou Coach, comme il se plaisait à l'appeler se déformait sous les traits de l'agacement. Sa bouche ne s'était pas encore ouverte, mais William aurait pourtant put jurer prédire ce qu'il l'attendait. Le cartons, les reproches, le banc de touche. Comme une litanie qui dont il ne se lassait pas.