"- Je les écris, mais je n'ai pas trop de temps et puis j'ai finis mon livre mais je ne me sens pas de... de le défendre, de le proposer à une maison d'édition. Je n'ai rien à perdre je le sais bien mais j'ai peur du retour, de ce que m'en dira ma mère, je sais très bien qu'elle ne le prendra pas au mieux, elle le prendra plutôt comme une attaque personnelle je la connais bien. Elle me reprochera de ne pas avoir suivie la voie qu'elle me traçait, elle ne le prendra absolument pas en souriant aussi je pense qu'elle m'empêcherai même d'aller jusqu'au bout alors pour le moment, j'ai mon livre sur clé usb, pc, en version papier caché pour qu'elle ne tombe pas dessus..." explique la demoiselle à son professeur sans regarder ce dernier puisque son regard se rive sur ses pieds, comme elle dessine un losange à l'aide d'un baton.

La brune a l'impression qu'au moindre faux pas, sa vie se dérobera sous ses pieds, qu'elle ne peut plus rien faire qu'elle est coincée, que sa vie est un véritable bordel, que tout part en vrille, elle ne se sent libre de rien, elle a l'impression que toute son existence est déjà tracée à l'avance, qu'elle ne peut pas être maitresse de son destin, qu'elle n'a pas le droit de vivre et de choisir sa voix, pas le droit d'exister ainsi qu'elle le voudrait.

La proposition du professeur ne les mènera pas loin la jeune femme le sait très bien et en prime elle le lui a déjà dit mais comme il insiste, la demoiselle finit par accepter la proposition de son professeur. S'il pouvait convaincre sa mère amoureuse des paillettes et du botox ce serait tellement le pied.

La demoiselle finit par capituler et apporter à son professeur toutes les informations et tout les propos dont ce dernier puisse avoir besoin même si elle ne peut pas s'empêcher de douter très largement de la capacité de son interlocuteur à arranger les problèmes qui sont les siens en ce moment vis à vis de sa maman. Non, une aurore boréale ne va pas tout à coup inonder sa vie de douceur. Non, elle ne croit pas que cet homme puisse y faire quelque chose mais en attendant, elle a très envie de le penser, de croire la chose possible. Sur le moment cela lui fait pas mal de bien, on verra plus tard pour la désillusion ou les "je le savais bien". Là elle a juste envie de se dire que oui, peut-être, ses problèmes ont une solution. Elle a juste envie de se dire que oui, ce professeur a le pouvoir de lui venir en aide.

"- Pourquoi pas." répond la jeune femme comme son interlocuteur mentionne son envie de lire ce qu'elle a écrit. Cela ne la dérange pas du moment que cela n'arrive pas jusqu'aux oreilles de sa mère bien entendu. Mais elle se demande un peu en quoi ce genre de chose peut intéresser son professeur de sport, même si elle ne le dit pas clairement à ce dernier. C'est un peu étrange à son goût, elle ne lui connait pas une passion particulière pour les textes. Mais qui peut se targuer de vraiment bien connaître son professeur dans le fond ? Personne. Alors pourquoi pas, si cela peut faire plaisir à ce dernier. Son mode de vie est aussi palpitant qu'un vibromasseur en mode off alors pourquoi pas ? C'est pas comme si elle avait la vie dorée et libre des stars de la télévision.

Gentil de faire confiance à l’homme, plus ou moins. On peut dire tout de même qu’à force de se montrer insistant l’homme a presque forcé la main de son étudiante qui n’a guère eut d’autre choix que celui de donner son accord. Son professeur n’a pas manqué de se montrer pour le moins convainquant, alors la brunette n’est pas certaine que l’on puisse dire que c’est gentil de sa part, elle a été plutôt forcée d’accepter qu’autre chose mais soit, elle ne fait pas la remarque à son professeur. Elle reste même muette pour ainsi dire, à lever le regard de manière à regarder ses camarades plus loin qui passent le temps à jouer au ballon. Elle n’entend presque plus son professeur pour ainsi dire, elle ne prend plus guère garde à ce que ce dernier lui dit, si bien qu’elle sursaute un peu quand l’homme lui pose une question, pour savoir quand est-ce qu’elle pourra lui ramener son manuscrit.

«- Euh… Rapidement professeur. » répond la jeune femme en continuant de regarder ses collègues de classes, alors que l’heure de cours est presque terminée.

Et si son livre plaît à son professeur, allé voir sa mère ? La jeune femme ne se sent pas rassurée, on peu dire qu’elle a peur d’affronter sa mère, peur de décevoir cette dernière. Peur de contrecarrer les projets de sa génitrice, d’aller contre cette dernière, peur de provoquer la déception de cette dernière, peur de s’attirer les foudres de celle-là. Mais pourquoi pas, peut-être… Elle peut toujours dire oui maintenant pour avoir la paix, et non plus tard si elle doit vraiment y aller, non ?

«- Euh… si le livre vous plaît oui, pourquoi pas, nous pourrions envisager d’aller parler de cela à ma mère mais je doute qu’elle le prenne très bien vous savez… »