«- Mais toi aussi tu as des défauts, toi aussi ! Tu t’es regardé ? Et moi, au lieu d’te gifler, je préfère en rigoler ! Moi aussi je pourrai t’en dire des vertes et des pas mûres !» lance une Ruth furieuse en se massant une joue rosie par la claque phénoménale que son frère vient de lui mettre à l’instant : elle rêve ou quoi ? Non, parce que sa joue, sa pauvre joue est toute chaude, toute rouge et qu’elle ressent des picotements. Son frère n’y est pas allé de main morte dans leur dispute. L’ambiance à la maison devient vraiment de moins en moins bien c’est le cas de le dire et le petit frère de Ruth supporte de moins en moins l’attention que cette dernière requiert – bien malgré elle – aux yeux de leur mère. Mais est-ce une raison pour la gifler comme ça ? La reine de beauté ne l’en aurait jamais crût capable, on peu dire qu’elle est surprise et d’ailleurs elle observe son frère d’un drôle d’air. Elle en a même les larmes aux yeux. La dernière fois qu’ils se sont disputés elle s’est consolée auprès de Ginerva mais ils n’étaient pas allés si loin. Là, la jeune femme se sent… incroyablement mal à son aise de ce qu’il se passe. Elle a besoin de sortir, d’aller prendre l’air. Furieuse, elle descend quatre à quatre les escaliers de sa demeure sans adresser un seul regard à Grant qui la regarde passer d’un air interloqué. Monica qui lisait au salon tranquillement regarde passer sa fille, se lève et l’appelle pour la retenir mais la brune son sac passé sur son épaule claque la porte. La brune ne s’énerve pas souvent… quoiqu’un peu trop ces derniers temps. La demoiselle si sage si parfaite commence à réaliser peut-être qu’elle doit prendre sa vie en main. Ou en tout cas qu’elle n’est pas toujours obligée, forcément, d’être une petite fille modèle, parfaite poupée de porcelaine. Elle a le droit de ruminer, de se laisser guider par ses pas, d’arriver devant le Gordon Coffee et d’y entrer. Elle a besoin d’un petit café pour repartir d’un bon pied, alors elle s’installe à une table et regarde la carte.

Arrivé devant chez lui, Jay chercha les clés de sa main dans ses poches mais impossible de mettre la main dessus. Il jura dans sa barbe et espéra qu'elles ne soient pas tombés dans la rue sinon il y avait de fortes chances que quelqu'un les aient prises. Le dernier endroit où il s'était posé était Gordon Coffee aussi Jay revint il sur ses pas, en vérifiant tout de même par terre si il ne voyait pas ces foutues clés. Mais rien ne brillait à l'horizon.
Il arriva au Gordon Coffee et à la table qu'il avait quitté se trouvait déjà quelqu'un. Il s'approcha de la demoiselle qui était en train de regarder la carte.

- Excuse moi, tu aurais pas vu des clés par hasard ?

C'était en fait une adolescente, du moins elle ne devait pas avoir plus de vingt ans et Jay l'avait déjà vue plusieurs fois mais rien de plus. Il espérait en tout les cas qu'elle pourrait l'aider sinon il était bien dans la merde et il n'osait pas aller déranger Shawn.

Installée à sa table la demoiselle commence à lire la carte en se demandant ce qu'elle pourrait bien boire. C'est ce moment que choisit un jeune homme pour venir la rejoindre et demander si par hasard elle n'aurait pas vu des clés en venant s'asseoir. Non elle ne croit pas. Alors elle jette un coup d'oeil par terre au cas où. Son instinct et le bon. Là à deux pas de la chaussure droite du jeune homme. Avec un sourire elle se redresse donc et pose son regard sur son interlocuteur de telle manière qu'elle puisse rassurer l'homme sur la retrouvaille de ses clés.

"- Je suppose que quelqu'un les a faites tombés parce qu'elles sont juste là, par terre, à côté de votre pied droit." indique la demoiselle avec un sourire alors qu'un serveur arrive pour prendre sa commande. Portant alors son attention sur lui, elle prend la parole. "Un café Viennois s'il vous plaît, avec un supplément de crème fouetté et... Que voudriez-vous boire monsieur ?" demande-t-elle en regardant de nouveau Jay.

La demoiselle cherche, deux paires valent mieux qu'une. Mais Jay n'a même pas besoin de regarder de son côté qu'elle l'informe que les clés se trouve à côté de sa chaussure. Le chanteur se baisse aussitôt pour s'en saisir, soulagé de les avoir retrouvés. Finalement son idée de revenir ici n'était pas si mauvaise.

- Merci tu m'a sauvé la vie !

C'est un peu exagéré mais ça aurait été vraiment embêtant pour lui si il ne les avaient pas retrouvés. Son interlocutrice commande et lui demande ce qu'il désire.

- Oh non pas monsieur s'il te plaît ! Appelle-moi Jay

Il a horreur qu'on le nomme ainsi, il a l'impression de se retrouver avec cinquante années sur les épaules alors que Jay n'en a 24. Il commande un simple café avant de s'installer en face de la jeune fille après s'être assuré que les clés étaient bien dans la poche de son jean.

- Laisse moi t'inviter pour te remercier

Déclara t-il avec un sourire. Il lui devait bien ça et même si Jay ne croulait pas sous l'argent, deux verres n'allaient pas le ruiner.

Comme la demoiselle appelle l'homme monsieur, ne connaissant pas de prénom pour ce dernier, l'homme prend peur et proteste, demandant à ce que la jeune femme l'appelle Jay. D'accord, ce sera donc Jay. Elle sait bien que les jeunes gens ont assez de mal à accepter de se faire vouvoyer, elle-même n'aime pas trop ça. C'est vrai que tout de suite, on se sent bien plus vieux qu'on ne l'est en réalité. Christina Cordula dirait que c'est un peu mémérisant. Et même, ça l'est vachement. Avec un sourire un peu désolé sur les lèvres la jeune femme observe l'homme qui prend place en exprimant le souhait de lui offrir ce café pour la remercier, comme elle lui a d'après lui, sauvé la vie. Peut-être pas à ce point non plus mais il est certain que perdre les clés de chez soit, ou de son véhicule, ou de n'importe quoi d'autre à vrai dire, est toujours quelque part pour le moins dérangeant.

"- J'accepte volontiers, Jay. Je me présente, je m'appelle Ruth Danielson-Dikens et je suis absolument enchantée de faire ta connaissance." dit poliment et sincèrement la brunette.

Pas vraiment radin, Jay avait proposé à son interlocutrice de l'inviter cette fois ci pour le café. Il lui devait bien ça, même si elle devait penser qu'il exagérait. La demoiselle accepta et se présenta elle aussi. Son nom lui disait quelque chose mais le chanteur n'arrivait pas à se dire où. Cela allait le turlupiner toute la journée c'était certains.

- Enchanté !

Elle n'était pas installé dans le quartier depuis longtemps c'était déjà sur sinon son ancien lui l'aurait repéré. Peut être pas approché vu qu'elle avait l'air bien jeune et qu'il n'avait jamais fait dans la pédophilie.
C'est lorsque le serveur leur apporta leur commande que Jay se rappela où il avait entendu ce nom.

- Ah mais c'est toi la jeune fille qui décroche tous les concours de beauté !

Ce n'était pas vraiment son truc mais étant sur les réseaux sociaux il voyait parfois des choses sur son mur qui n'avait rien de masculin. Cela dit Jay comprenait pourquoi elle remportait le trophée à chaque fois. Ruth était loin d'être désagréable à regarder et devait faire tourner la tête des garçons de son lycée ou de son université.

Aoutch, voilà qui fait mal, quelque part. Comme la demoiselle se présente, l’homme se dit enchanté avant d’avoir une illumination, quelques instants plus tard quand le serveur leur apporte les boissons. Soudainement le dénomme Jay lance que la demoiselle est celle qui remporte tout les concours de beauté. Oui c’est exactement ça. Enfin, presque tout les concours de beauté mais pas tous non plus. Par exemple, elle a à son actif une défaite contre l’assistante du procureur, Scarlett Spencer. Une défaite qu’elle ne digère toujours pas à ce jour malgré le temps qui a passé, l’eau qui a coulé sous les ponts. En attendant ce garçon la reconnait pour sa gloire aux concours de beauté, charmant. Bien sûr, certains diraient «au moins il te connait.» Sauf que la demoiselle aimerait tellement mieux être connue, reconnue pour son talent d’auteur, si seulement un jour on pouvait lui dire quelque chose comme « Ah mais vous êtes l’auteur de… » Oh oui, elle aimerait tellement vivre un moment pareil, elle serait sûrement très fière d’elle pour le coup.

«- Oui en effet c’est bien de moi qu’il s’agit mais… Je crois que… Je ne me résume pas qu’à cela… » fait remarquer la brunette avec un sourire pour son interlocuteur.

En parlant ainsi de Ruth, Jay ne pensait pas la froisser. Même si en y pensant il est vrai que quelque part ce n'était pas toujours sympathique d'être rattaché à quelque chose. Le chanteur pouvait bien entendre souvent qu'il est le mec du groupe qui a chanté au bar la dernière fois. Jay pensait alors qu'il avait un nom et surtout une identité. Il n'était pas juste un chanteur. Alors il pouvait comprendre Ruth.

- Désolé...Mais ça me turlupinait où j'avais entendu ton nom

S'excusa t-il d'un sourire. Le serveur vint leur apporter leur commande et Jay apprécia le goût du café avant de reprendre.

- Et donc à part défiler qu'est ce que tu fais d'autres ?

Jay était curieux et puis il voulait en savoir plus sur la demoiselle qui lui avait "sauvé" la vie. Il se rappela alors qu'il connaissait le frère de Ruth, voilà là aussi où il avait entendu ce nom de famille. Mais bon, elle n'apprécierait sans doute pas que l'on se mette à parler de Desmond. De ce que ce dernier lui avait dit ce n'était pas le grand amour fraternel en ce moment.

Jay comprenait parfaitement les paroles de Ruth et hocha la tête avec un petit sourire. Ca devait être dur aussi à son âge de devoir supporter tout ça. Jay avait bientôt 25 ans et il lui avait fallut du temps à s’habituer à cette effervescence autour du petit groupe de rock qu'il formait avec ses colocataires. Au début c'était seulement les demoiselles en chaleur qu'il récoltait à la fin des concerts au bar qui peuplait le public mais petit à petit d'autres assistances venaient les voir. Et surtout le chanteur avait laissé tomber cette manie de tirer son coup avec n'importe qui.

- Peut être que tu devrais faire une pause, ça fait du bien de temps en temps

Proposa t-il avec un sourire. Elle devait avoir d'autres occupations dans sa vie et Ruth lui confessa qu'elle était en train d'écrire un livre. Un titre très intriguant mais manifestement sa mère était une ombre à ses envies.

- Et qu'est ce que tu risques à la confronter ? Tu es jeune tu devrais en profiter et foncer pour présenter ton livre à une maison d'édition !

Jay but une gorgée de son café avant de reprendre, en regardant son interlocutrice le plus sérieusement du monde.

- Mais d'abord explique moi pourquoi il pleure trois fois ton loup

Pour Jay qui avait vécu son adolescence sans ses parents, il lui était difficile de comprendre pourquoi Ruth ne pouvait pas laisser de côté sa carrière de Miss beauté le temps de se consacrer à son œuvre. Bien sur il avait été éduqué avant, et jamais il n'aurait souhaité décevoir son père et sa mère. Mais il avait terminé son éducation tout seul, avec seulement ses médicaments et les médecins pour le structurer.

- Si ton livre a un succès énorme je ne pense pas qu'elle t'en voudra longtemps

Le chanteur se demandait de quoi parlait le bouquin de Ruth, au titre assez intriguant. Elle lui répliqua qu'il n'avait qu'à le lire pour le savoir. Elle plaisantait en disant ça et tenta de lui expliquer les faits. Une histoire qui n'était pas des plus joyeuses et Jay ne lirait pas ce livre à sa fille.

- C'est pas niais, c'est un moyen comme un autre de ne pas finir dingue...Beaucoup d'enfants se confie à leur peluche

Personnellement, il aurait tué ce sale fils de pute pour avoir osé poser ces salles pattes sur sa demi-sœur. Et dire que ce genre de chose arrivait malheureusement dans la vraie vie. Ce monde était tellement pourrie jusqu'à la moelle.Jay soupira et termina son café avant de proposer à son interlocutrice :

- En tout cas si tu as besoin d'un avis, n'hésites pas je serai heureux de t'aider

Non en effet Jay ne connaissait pas sa mère et vu comment elle avait l'air méga chiante il ne préférait pas faire sa connaissance. On avait pas idée de priver ses enfants de leur rêve. Jamais le chanteur n'obligerait sa petite Hope à faire quelque chose dont elle ne voudrait pas. Si plus tard elle voulait faire infirmière, caissière ou professeur il l'encouragerait.
Jay avait sans doute seulement vu de loin la mère de Ruth, le quartier était si petit mais il ne lui avait en tout les cas jamais adressé la parole.

- Elle a toujours été aussi fermé ?

Demanda t-il par curiosité. Un évènement avait pu changer la jeune femme mais bon, si Ruth ne souhaitait pas s'étendre sur le sujet il n'insisterait pas.
Parler du livre semblait être une meilleure discussion et Jay se propose pour être son premier lecteur pour donner son avis sur la chose. Il n'était pas vraiment un amateur mais il avait une dette envers la demoiselle. Celle ci accepta et lui demanda de lui donner son numéro de portable pour pouvoir le joindre.

- C'est pas bête !

Il lui donna donc son numéro.

Hé bah quelle mère elle devait être, pensa Jay. La sienne n'avait pas du tout été comme ça et il était navré pour Ruth qu'elle ait à subir le nombrilisme de sa mère. Le chanteur comprenait maintenant aussi pourquoi Desmond était aussi étrange, avec une mère qui ne s'intéressait qu'à elle et aux défilés de mode. On ne pouvait pas tout faire ce que l'on souhaitait dans sa vie mais manifestement madame Danielson avait mis ses enfants en second plan. Il n'était cependant pas juge et se garda bien des remarques là dessus. Peu importe comment se comportait nos parent on les aimaient quand même.

- Ca doit être dur mais tu as des amis qui te soutiennent j'en suis sur

En tout les cas Jay la soutiendrait pour son bouquin, même si ils n'étaient pas vraiment ce que l'on peut appeler des amis. Il venait juste de faire connaissance. D'ailleurs en parlant d'amis il ferait mieux de rentrer avant Shawn, il avait pas rangé le bordel dans la maison après que Zoë soit venu récupérer Hope.

- Bon il faut je te laisse j'ai du rangement à faire !

Ca ne l'enchantait pas des masses mais c'était mieux que de se faire étrangler.

Finalement perdre ses clés dans ce café n'avait pas été si malchanceux, Jay avait ainsi fait la connaissance d'une jolie demoiselle. Ca pouvait toujours servir un nom de plus dans un agenda. Il doutait que Ruth l'appelle concernant son bouquin, ils ne se connaissaient à vrai dire pas énormément et quand elle saura qu'elle venait juste de papoter avec un assassin elle jettera tout de suite son numéro à la poubelle. Mais bon, le chanteur n'allait pas la convaincre de ne pas écouter ce que les gens disant, elle était assez grande.

Il était temps pour Jay de prendre congé et annonça son départ à son interlocutrice. Bien que cela ne l'enchantait guère de se mettre en mode rangement chez lui tellement il avait la flemme.

- On se recroisera c'est un tout petit quartier enfin de compte

Dit-il avec un sourire avant de lui faire la bise, remarquant son geste d’avancement. Il lui fit un signe de la main et sortie du Gordon Coffee en rangeant soigneusement ses clés dans la poche de son pantalon. Il ne manquerait plus qu'il les perde à nouveau.