dit-elle timidement.
-Toutes mes félicitations pour le bébé. Une fille c'est ça ?

Je devais sans l’ombre d’un doute avoir l’air cinglé depuis une semaine. Une semaine, c’était le temps qui s’était écoulé depuis que j’avais gaiement perdu mes eaux sur un banc d’église avant de donner naissance à Melina Lexie McDonald, une magnifique mais surtout très, très, très, petite minuscule fille. Mon obsession dépassait purement et simplement l’entêtement. J’avais peiné à aller prendre une douche par jour – pas parce que c’était un bébé difficile qui pleurait continuellement mais parce que je peinais à réaliser que j’avais vraiment donné naissance à la huitième merveille du monde. J’avais ramené ma fille à la maison cinq jours plutôt et j’inondais continuellement la boite de courriel de mon mari de photo de notre petit trésor. Tant pis si j’avais accouché seule. J’avais ce petit trésor qui avait besoin de moi. Ce tout petit bout d’être humain qui dormait très sagement dans son landau.

Entre deux boires, j’étais présentement en train de me livrer à une activité de la plus haute importance… je la regardais dormir. Mes yeux s’émerveillaient sur le soulèvement régulier de son petit ventre et j’hésitais à lui rajouter une épaisseur de couverture de peur qu’elle n’attrape froid – ce serait dommage qu’un aussi beau bébé soit brisé. Je me lève pour aller me chercher un sandwich comme l’heure du midi s’annonce et surprise… à moins de manger un sandwich à l’eau constitué à 110% d’eau… j’étais pour ne pas manger. J’ai donc pris doucement ma fille et je l’ai glissé à l’intérieur de sa coquille après l’avoir recouverte. Et hop! La coquille passa à la poussette adaptable pour laquelle j’avais craqué. Doucement, j’entrepris de pousser ma fille vers la porte après avoir enfiler un coupe-vent. J’ouvris la porte d’entrée pour y découvrir quelqu’un. Tiens! Curieux phénomène presque incroyable. « Oh... Euh... Bonjour Prudence! Toutes mes félicitations pour le bébé. Une fille c'est ça ? »

Le plus étonnant, c’est que je ne suis même pas certain de l’identité de la jeune femme. Mais peut-être ce sont les hormones qui font le coup ou juste le fait que ma fille respire – ce dont je ne me remetterais probablement jamais, mais je sens des larmes me monter aux yeux : « Bonjour… Aria… c’est ça? Merci… oui. C’est une petite fille. » et je ne laisserais absolument rien lui arriver. Mon regard se détourne assez rapidement de la jeune femme pour revenir se porter sur ma petite princesse.