Avant, il y avait dans le regard de Calvin cette pointe de fierté et d’humour propre aux petits héros, aux sportifs aimés et reconnus, à ceux qui ont tout pour eux et qui vivent comme des princes aux yeux des autres, sa petite gloire au lycée et ses réussites l’encourageant à se montrer toujours plus fier de lui-même sans  vraiment devenir arrogant. L’homme idéal ou presque, c’était ce qu’il était, c’est ce qu’il aimerait toujours être, mais la réalité est tout autre, bien qu’il reste ce garçon charmant et aimable qu’il a toujours été, l’adolescence sans peur et sans reproche est bien loin maintenant. Toujours dans son monde, faisant mine de ne se soucier de rien d’autres que de ses petites habitudes, Calvin reste un cas, parfois un peu niais ou simplement négligeant avec ce qui l’entoure, il n’en est pas pourtant une mauvaise personne car au fond il est quelqu’un de profondément chaleureux et gentil. Feignant et parfois distrait il reste toujours sportif, car il aime prendre soin de son corps afin de rester un bel homme, pas forcément coquet il aime malgré tout savoir qu’il ne perd rien de sa beauté qu’on flattait tant à une époque.
Si Calvin n’a jamais réussis à se construire l’avenir qu’il aurait pu espérer plus jeune, il n’en est pas rancunier envers la vie, comme pour beaucoup d’autres choses, il fait « comme si de rien était » et cela lui suffit, mais il ne peut s’empêcher de penser à toutes ces années ou pas un nuage ne venait assombrir son ciel, ou il était un soleil. Un soleil bien ternis par les années, mais qui reste dans une forme olympique en attendant de pouvoir se retourner, du moins si il en a la motivation car pour le moment peu de choses hormis son footing matinal peuvent le sortir de son canapé ou de sa petite routine bien médiocre comparée à ses grandes années.

Cal aime profondément sa famille, certainement car ils sont aujourd’hui tout ce qui lui reste. Il est fier d’être un Greggson, bien qu’ils ne soient pas les personnes les riches ni les plus populaire au sein de Magnolia Cresent ils sont respecté et cela est déjà une bonne chose.
Trevor, le père de Calvin est comme un modèle pour lui, ils n’échangent pas forcément beaucoup, mais l’aîné de la fratrie sait bien qu’il devrait se montrer plus actif à ses yeux, pour le rassurer, mais il sait aussi qu’il l’aime comme il est, comme il aime tous ses enfants. Calvin est fier d’avoir un père qui ait réussit à assumer d’élever ses trois enfants seul, et malgré ce qu’on peut dire de Trevor Greggson, lui il le trouve très courageux.
Mais si Calvin est fier de son père, il n’en est pourtant pas haineux envers sa mère malgré le fait qu’elle les ais laissés seuls. Au fond Cal n’a jamais vraiment chercher à comprendre le pourquoi du comment, peut-être parce qu’à l’époque il était trop concentré sur sa petite personne déjà, enfin quoi qu’il en fut, il reste content de la retrouver de temps en temps, bien qu’il ne sache pas vraiment qui elle est à ses yeux, il continu de l’appeler « maman ».
Matt et Ellie sont les personnes de qui il se sent le plus proche, depuis qu’ils sont tout petits les trois Greggson sont proches, ils s’admirent et se respectent mutuellement, et bien qu’il entretienne des relations bien différente avec les deux, en tant que grand-frère il est fier de les avoir à ses côtés. Et si parfois une pointe d’envie se profile à l’horizon de son côté il sait très bien que sa sœur et son frère sont aussi exaspérer de son manque de motivation ou de cet air nostalgique qu’il affiche certains après-midi, enfin, personne n’est parfait et même dans une famille unie tout ne peut pas être rose n’est-ce pas ?

Comment j'ai volé le chien de Superman ... !

Tout le monde connait Cheyenne, la chienne des Greggson, une brave bête qui ne ferait pas de mal à une mouche et qui se fait même un peu martyriser par les chats du quartier, ce que les gens savent moins, c’est comment l’animal est entré dans la vie de la petite famille.
Il y a six ans, alors qu’il sortait d’un entrainement intensif de tennis sur les cours du club de la ville, Calvin a entendu un jappement plaintif, quelque chose d’étouffé et de triste qui le mit en alerte. A quatre patte, entre les fourrés ce trouvait une chienne de 6 mois, sale et puante, comment une chienne de race pourrait se retrouver ainsi perdu au milieu d’une rue ? Quelqu’un l’aurait-il égaré, ce serait-elle perdu ? Calvin appela, fit des aller et retour dans la rue pour trouver qui avait bien pu laisser un pareil animal comme ça, seul et sans défense. C’est alors qu’il est apparu un môme de douze ans, avec un t-shirt Superman et une bonne plâtré de boue dans la main.
« JOLY VIENT UN PEU LA ! »
Comprenant rapidement de quoi découlait la situation, Calvin plaçât l’animal sous son t-shirt, une discrétion absolue, les jappements incessants de l’animal et l’énorme bosse qu’il avait au niveau de la poitrine ne firent qu’attirer un peu plus l’attention du jeune garçon qui cherchait sa cible.
Longeant les haies Cal serra un peu plus la bête contre lui ce qui la calma.
« HE TOI L’IDIOT LAISSE MON CHIEN ! »
Le Greggson fit volte-face, ses sourcils se fronçant au-dessus de ses yeux clairs, un air hautain et fier sur le visage, comme s’il était lui-même devenu un des super héros qu’il admirait tant.
« Tu ne continueras pas à faire du mal à cet animal ! »
Et sur ces mots Calvin se mit à courir, slalomant entre les buissons, les petites haies blanches, son sac de sport sur le dos et le chien lui mordant la peau. Une fois la porte de sa maison passée Calvin se laissa tomber contre la porte, le chien sortant sa truffe par le col de son t-shirt et léchant le menton de son nouveau maître, car oui, elle était à lui, il n’avait pas eu à réfléchir, il se devait de continuer de la protéger, maintenant il fallait qu’il réussisse à la faire accepter par tout le monde, auprès de Ellie et Matt cela passerait certainement facilement, mais auprès de son père se serait une autre affaire. Résultat : Cheyenne a 7 ans, elle est en pleine forme, c’est la chienne de Calvin, mais son tempérament docile et câline fait qu’elle s’entend bien avec tous les membres de la famille Greggson, Cal a dressé sa petite perle pour ramasser les balles de tennis et ouvrir les portes lorsqu’il est trop occupé pour le faire lui-même, et cette brave bête aime son maître autant qu’il l’aime.

« - Bonjour Madame Farnsworth. »
Toujours le même sourire qui aurait pu être utilisé dans une publicité pour un dentifrice, toujours le même regard bien heureux, toujours la même foulée sur le même trottoir, la même tête haute, et cette même voix. Les habitants de Magnolia Cresend, auraient pu régler leur montre sur le passage de Calvin Greggson devant leur maison. Depuis qu'il avait 15 ans, c'était sa petite habitude à lui, tous les matins à 8h30, il lassait ses baskets, il traversait son jardin et courait à travers le quartier, toujours le même trajet, et pourtant bien des choses avaient changées ici.
Si il c’était retourné, Calvin aurait peut-être vu que derrière les sourires de façades et les salutations qu’on lui offrait qu'il y avait quelque chose, quelque chose de sombre d’enfoui, une forme de rancœur ou de désarrois sur son passage. On avait fini par s’y habituer au fond, mais l’aîné des Greggson restait un simplet sur beaucoup de choses, comme si il était le dernier homme sur la planète à ne pas s’être rendu compte de la souffrance de ses voisins, de l’étrangeté des relations qui s’établissait le long de ces ruelles parfaitement entretenu, que derrière le simple fait de promener son chien il y avait une manœuvre presque politique pour continuer de bien ce faire voir au yeux du monde.
Enfin pour Calvin tout cela n’était pas vraiment son problème, il avait peut-être tendance à voir un peu trop le bien en chacun, une sorte de grand dadais un peu utopiste qui restait dans son monde.
Son monde, cela faisait longtemps qu’il l’idéalisait, et ses petites habitudes n’étaient là que pour le conforter dans ses choix de vie, une vie qui aurait pu être tout autre si il avait fait les bons choix, mais tout le problème était là certainement, faire des choix, il n’avait jamais su faire. Préférant depuis tout jeune se laisser porter par la vague, lorsqu’elle était favorable c’était tant mieux, il avait été le chouchou de son école, puis du lycée, véritable petite star, admiré, aimé, couvé malgré l'absence terrible d'une mère, il était un grand frère aimant et charmant qui restait le model de ses cadets en toutes circonstances. Beaucoup de médailles et de trophées dans la maison portent ses initiales, le tennis, cela avait été son sport, champion junior, champion régional, pressentit pour une carrière professionnel, et puis « pouf » plus rien, quasiment du jour au lendemain, personne n’avait compris ce qui se passait, quand à Calvin il avait appelé ça naïvement « le destin », il était resté à Magnolia Cresend.
Aujourd’hui sa vit tournait en rond, comme lui tournait autour des maisons chaque matin, tout le monde le connais, il connait tout le monde, on l’apprécie sans l’aimer plus que cela, on ne l’invite plus vraiment aux soirées, d’une car la plus part de ses amis sont partis vivre ailleurs et de deux, car ceux qui sont resté en ont ras le bol d’entendre toujours les mêmes histoire concernant le passé de grand sportif du Greggson qui ne semble pas comprendre qu’il n’a plus 18 ans mais 30 et que vivre chez papa n’est pas une fin en soi.
« - Une heure et quinze minute ! Pile à temps pour le repas. »
Un nouveau sourire plein d’assurance en abaissant le bras sur lequel était attaché sa montre quartz sportive, tandis qu’il franchissait en sueur le pas de la porte de la maison, faisant un signe de main à sa sœur affalée dans le canapé, son grand sourire le rendant à la fois charmant et idiot. Puis il se dirigeât vers la douche, une bonne douche bien chaude après avoir entretenu son corps, un corps qu’il avait du mal à regarder dans le miroir au fond, il avait vu ses rides se creuser, mais cela ne lui avait pas plus, il préférait faire comme si de rien était, c’était certainement ce en quoi il était le meilleur « n’avoir l’air de rien », être un bon gras, sympa et toujours séduisant malgré les années, car il le savait bien au fond qu’il était pas mal du tout, mais ce pas mal du tout commençait à devenir bien éloigné de son ancien « super canon » qui le caractérisait, et cela lui manquait un peu. Ses cheveux c’étaient ternis, sa peau brunie, ses épaules étaient plus larges et ses hanches aussi, il était un homme à présent, et plus un jeune homme, et cette infime différence arrivait parfois à lui enlever ce sourire bêta qui lui collait au visage.
Un bruit de pas se fit entendre au-dessus de lui, Matt était de retour à la maison, c’était une bonne nouvelle, le garçon devait être en train de réviser encore, un nouveau sourire se dessina sur le visage de Calvin, il aimait avoir sa petite famille à la maison, ils étaient soudés et unis, c’était du moins son avis, il aimait tous les visages qui se trouvaient autour de lui, il les aimaient un peu plus chaque jours, malgré les chamailleries, les grognements et les soupirs. Il aimait embêter Ellie et la taquiner, il aimait son père qui était un homme bien qui avait réussi à élever seul trois enfants, un homme qui méritait son admiration, et son frère Matthew, un gars intelligent, et mignon comme tout pour qui parfois Calvin ressentait tout de même une pointe de jalousie voyant bien que son petit frère voyait beaucoup mieux dans l’avenir que lui … mais enfin il les aimait tout de même.
Une bonne douche, et bientôt ils seraient tous réunis autour de la table, il serait une heure et demi, chacun viendra s’asseoir à sa place, on se servira, on se parlera, la vie sera simple, mais au fond une vie simple c’était pas plus mal non ?!